Cube And Pentacle

Chapitre 15 : Bousculée

4231 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 28/06/2021 17:22

XV. Bousculée

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C'était déjà l'effervescence dans l'appartement des Cornell en ce vingt-quatre décembre. Étrangement, la plus stressée n'était pas la mère de famille qui préparait le repas ou encore le père de famille qui tentait d'occuper ses parents mais bien Alice. Son excitation n'était pas due à l'approche des cadeaux, ou encore à la future arrivée du Père Noël auquel elle ne croyait plus depuis très longtemps mais bien à l'arrivée prochaine de son petit ami. En plus, elle était très fatiguée car elle avait peu dormi. Ce n'était nullement par le fait d'avoir laissé sa chambre à ses grands-parents pour partager celle de son frère mais surtout parce qu'elle s'inquiétait de la réaction de ses grands parents face à son petit ami et sa sœur.

" J'espère qu'ils ne seront pas trop désobligeants..."

Alice s'inquiétait beaucoup du comportement très particulier de ses grands-parents paternels. Sa grand-mère Martha était très à cheval sur les principes ancestraux et serait même capable de l'obliger à avoir un chaperon quand elle sortait avec Noah. Son grand-père, Robert, en tant qu'ancien général de brigade avait également un côté très réactionnaire. Alice soupira alors en préparant les assiettes.

- Tu sais que tu es très belle dans cette robe de Noël ? fit sa mère.

- Merci Maman, répondit Alice en observant sa tenue.

La classique robe rouge avec duvet blanc, style mère Noël. La sienne était tout de même courte, à mi-cuisses, mais également légèrement décolletée même si le dit décolleté était dissimulé par le duvet blanc. Elle portait en plus des hauts talons qui lui permettraient sans doute de gagner quelques centimètres sur son petit ami bien plus grand.

" Avec des talons, la différence de taille avec Noah sera réduite, mes grands-parents ne reèlveront peut-être pas qu'il a presque dix-huit ans... Du moins, je l'espère."

- Vas y, emmène les amuse-gueules dans le salon, fit sa mère.

Alice inspira et prit le plateau avec les petits canapés pour l'emmener dans le salon qui heureusement n'était pas à cent cinquante mètres, une petite dizaine tout au plus. Elle posa le plateau sur la table basse, sous le regard de l'inquisitrice qui lui servait de grand-mère, une vraie Madame Bennett des temps modernes, sans le côté marieuse.

- Merci ma chérie, fit la vieille dame.

- Sers-toi Grand-mère, Maman n'a pas mis d'épices.

- J'espère bien, il lui arrive d'oublier que je ne supporte pas cela et à mon âge...

" Toujours en train de critiquer" pensa Alice déjà lassée.

- Tu t'es mise sur ton trente-et-un, fit son grand-père.

- J'avais... envie de marquer le coup, fit Alice en prenant un canapé avant de s'installer et de regarder l'horloge.

- C'est pour son mec, fit Dylan son petit frère.

- La ferme moucheron, fit directement Alice.

Elle regarda alors ses grands-parents qui la fixaient du regard comme si c'était surprenant, limite vexant d'ailleurs.

- Tu es en couple ? demanda son grand-père quelque peu surpris.

- Oui... Et ta surprise est quelque peu vexante tu sais, répondit Alice.

- Et tu la laisses faire? demanda sa grand-mère à son père.

- Son petit ami est assez gentil et serviable, fit son père.

- Et d'ailleurs il vient ce soir, fit sa mère qui apportait les boissons sur un grand plateau de métal.

- Avec nous? répondit sa grand-mère sous le choc

- Évidemment Maman, répondit le père d'Alice.

- Et c'est sérieux au moins? ajouta la grand-mère vexée.

- Cela fait déjà un peu de temps oui, répondit Alice.

- Ha... fit le grand-père.

Alice regarda son grand-père consternée et essaya de garder son calme.

- Vous pensiez que je ne trouverai jamais de garçon ? fit-elle consternée.

Alice sentit la main de sa mère sur son genou pour la calmer et inspira également profondément.

- Non... Mais tu n'es pas un peu jeune ? demanda sa grand-mère.

- J'ai quinze ans Grand-mère...

- Et forcément, je suppose que toi tu n'y vois pas de problème, fit méchamment la grand-mère à la mère d'Alice.

- Martha, ma fille grandit, c'est une adolescente, c'est normal qu'elle soit attirée par les garçons. Et personnellement je préfère le savoir qu'elle ne le voit en cachette.

- Mais à son âge, les garçons ne pensent qu'à une seule chose.

- Maman, fit le père d'Alice. Ce genre de choses ne regarde qu'elle, je suppose qu'elle en parlerait à sa mère mais c'est tout.

- Et il vient? Quelle folie, fit la grand-mère.

- Maman, ne commence pas, tenta le père d'Alice.

- Et j'aimerais vous le présenter correctement alors soyez gentils... s'il-vous-plait.

- Pour qui nous prends tu ? demanda son grand-père.

- Vous pourriez vouloir me protéger, ce que j'apprécie d'ailleurs mais essayez de le mettre à l'aise.

- Et comment il s'appelle ? demanda ma grand-mère.

- Noah, répondit Alice avec fierté. Et il est très gentil.

Alice ignora alors le léger bruit consterné de sa grand-mère et regarda l'horloge. Soudain, la sonnerie de l'appartement retentit et elle se rua sur l'interphone ignorant la remarque acerbe de son grand-père sur son empressement. Alice appuya sur le bouton.

- Oui? fit-elle.

- C'est le père Noël, fit une voix féminine.

- J'ouvre, à tout de suite, fit Alice en ouvrant la porte inquiète.

Du couloir, elle entendit sa grand-mère.

- C'était une voix de fille? fit-elle horrifiée.

- Cela devait être la sœur de Noah, fit sa mère lassée.

- Et bien, c'est honteux de s'incruster de sa part.

- Maman, on les a invité alors arrête un peu.

" J'ai eu une idée stupide..."

Elle vit alors débouler dans le couloir Noah, vêtu d'un pantalon noir et d'un veston de la même couleur sur une chemise blanche. Elle le trouvait très mignon comme ça et fondit dessus pour l'embrasser.

- Et ben, moi je me contenterai de la joue, fit Eva en riant.

Alice remarqua que celle-ci portait un plateau qui dissimulait sa robe à longues manches, sans doute pour rester dans son personnage. Elle remarqua alors enfin que Noah portait deux bouquets de fleurs et un sac à bouteille.

- Celui-ci est pour toi, fit-il avec un sourire.

Alice prit le bouquet de cinq roses et le sentit, aux anges d'ailleurs, avant de regarder Noah avec un peu de gêne.

- Tu n'aimes pas les roses? demanda Noah inquiet. J'ai mal choisi ?

- Non, il est très beau mais ma grand-mère est déjà en mode acariâtre...

Elle vit le regard des deux sorciers et comprit qu'ils avaient déjà envie de prendre la fuite. Elle leur fit signe de la suivre et ils entrèrent en saluant les parents. Noah portait une bouteille de vin qu'il donna au père de famille qui le remercia, sa mère fut très heureuse de son bouquet et fut étonnée d'Eva.

- Je me suis permise de préparer un dessert, une bûche pâtissière... J'ai fait assez simple, vanille et chocolat.

- Merci Evangeline, mais il ne fallait pas voyons, fit la mère de famille.

Alice saisit la main de son petit ami qui tapota la tête du petit frère, avant de lui tendre un comics.

- Wahou cool, merci, fit le petit frère.

- C'est pas ton cadeau de Noël, c'est pour l'invitation, la bouteille de schnaps aurait été une mauvaise idée, fit Noah en riant.

Alice le regarda consternée, sachant qu'il devait être déjà épié par les grands-parents. Elle le mena jusqu'au canapé et vit le regard de sa grand-mère.

" Elle est en train d'enlever les centimètres de mes talons pour comparer nos tailles... Elle a compris qu'il est plus âgé...."

- Noah, voici Robert et Martha mes grands-parents.

- Enchanté, fit-il en tendant la main. Si vous me permettez Madame, je comprends la beauté de votre petite fille.

Sa grand-mère le regarda surpris et elle sourit malgré tout du compliment.

- Et quel est votre nom de famille ? demanda le grand-père en saluant également la sœur.

- Kielmann, Monsieur, fit Eva. Enchantée.

- Cela vient d'où ? demanda son grand-père.

- Grand-père... marmonna Alice.

- Je m'intéresse voyons...

- D'Allemagne, Monsieur.

- Mon père, qui était également militaire s'est battu en Allemagne durant la seconde guerre mondiale.

- D'accord... fit Noah.

- J'espère que les mentalités ont changé, fit le grand-père.

- Ça dépend des gens, fit Noah. Comme ici, après les discriminations raciales.

Alice le gratifia d'un coup de coude pour la peine, il fallait éviter la provocation. Elle s'assit à côté de lui et supporta en silence l'interrogatoire de son petit ami sous le regard en état de choc d'Eva.

" Belle impression... Ils me font honte..."

- Et vous avez quel âge ? demanda la grand-mère.

- Dix-sept ans Madame.

- Ha... fit celle-ci en regardant méchamment la mère d'Alice qui étonnement ne remarqua rien ou l'ignora volontairement.

- Servez vous les jeunes, fit d'ailleurs la mère.

- C'est tout ce que tu as à dire? demanda la grand-mère.

- Quel est le problème ? demanda Alice énervée.

- Vous devez savoir qu'ici en Amérique, elle est trop jeune pour vous.

- Pardon? fit Noah sous la surprise.

- Vous pourriez être condamné.

- Au bûcher sans doute, fit Noah amusé.

Alice faillit s'étouffer avec son verre d'eau minérale et regarda Noah méchamment.

" Tu te crois drôle ? "

- Alice n'a que quinze ans, fit le grand-père.

- J'étais à son anniversaire donc je le sais, répondit Noah.

- J'espère que vous vous tenez correctement, fit la grand-mère.

Alice avait envie de se cacher et ne pas ressortir avant le Noël suivant tant elle avait honte. Elle se leva alors et tira son petit ami par la main.

- Viens, je dois te parler.

- Tu peux parler ici, fit sa grand-mère.

- Je veux lui parler en privé.

- Je vois...

Alice vit le regard de son petit ami changer et fixer le verre de vin dans la main de sa grand-mère et elle tira sur sa main pour le guider dans le couloir sous les critiques de sa grand-mère auprès de sa mère. Elle referma rapidement la porte de la chambre de son petit frère évitant son duvet au sol. Immédiatement elle brandit son index devant le visage de son petit ami.

- Je te l'interdis, fit-elle sèchement.

- Quoi donc?

- Tu voulais renverser son verre sur elle, je te connais, quand tu t'es vengé en classe tu avais le même regard.

- Cela serait amusant...

- Noah putain... Je ne plaisante pas, fit Alice consternée.

- Je me tiendrai bien, promis, fit-il avant de l'embrasser.

Elle passa les bras autour de son cou et l'embrassa plus passionnément.

- Très sexy cette robe, dit-il alors.

- C'est vrai? Ça te plaît ? fit-elle en souriant.

- Dommage qu'il y ait du monde, fit-il avec son sourire en coin.

- Noah...

- Désolé, fit-il amusé.

- On se rattrapera... Désolée pour ma grand-mère.

- C'est rien...

- Quoi?

Elle le vit alors prendre quelque chose dans sa poche, une petite boîte emballée.

- C'est...

- Oui, ton cadeau, je voulais te le donner pour que tu en profites...

- C'est gentil, fit-elle en l'embrassant.

Alice ouvrit alors l'emballage, puis la boîte et découvrit un médaillon constitué de trois cercles plus ovoïdes que rond s'unissant en un point central.

- C'est un triskèle. Un symbole celtique de la magie.

- C'est comme le symbole dans la série Charmed, fit Alice en souriant.

- La série s'est inspirée de ce symbole, fit Noah.

- Tu veux bien me le mettre... le collier, précisa Alice.

- J'aurai dû comprendre autre chose ? fit-il amusé.

Lentement elle se tourna ignorant sa propre honte et elle sentit les doigts de Noah sur son cou. Cette sensation lui donna de petits frissons surtout quand Noah déposa quelques baisers dans le creux de sa nuque.

- Je te donnerai ton cadeau tout à l'heure, je l'ai mis déjà sous le sapin, fit Alice.

- Aucun problème, même si j'ai déjà un joli cadeau.

Alice sourit et l'emmena alors vers le salon avant de s'approcher immédiatement de sa mère, très fière de son collier.

- Regarde le cadeau de Noah, fit-elle toute fière du cadeau de son petit ami.

- C'est joli en effet, fit sa mère et typique de la régie, ajouta-t-elle avec un sourire.

- Je l'adore déjà, fit Alice en se retournant pour montrer son cadeau à son père.

Elle remarqua qu'Eva bousculait son frère en riant, visiblement il avait dû être quelque peu stressé de son cadeau. Par contre, Alice entendit sa grand-mère.

- Il semble très pressé, trop à mon goût, glissa la grand-mère à son mari.

**********


La soirée se prolongeait et ils étaient tranquillement assis à table, sa mère tentant par tous les moyens d'éviter de mettre mal à l'aise les invités, contrairement à la grand-mère d'Alice qui semblait avoir fait de son devoir de réaliser le contraire. Elle, elle avait gratifié ses réseaux sociaux de selfie qui mettaient en valeur son cadeau et les messages amusés de Becca et Jenny la mirent quelque peu mal à l'aise.

[ BECCA ]

Je sais ce que tu peux lui offrir.

[ MOI ]

J'ai déjà un cadeau pour lui.


[ BECCA ]

Ha ha!

[ MOI ]

Quoi?


[ BECCA ]

C'est toi le cadeau je le savais.

[ MOI ]

Hein???


[ BECCA ]

une buche dans la cheminée, le petit Jésus dans la crèche.

[ MOI ]

Non, ma virginité n'est pas son cadeau, je te signale qu'il y a du monde.


[ BECCA ]

C'est clair que te faire décapsuler dans la salle de bain éveillerait les soupçons.

[ MOI ]

Décapsuler ? T'as rien de plus vulgaire ? Ha on va dîner... Bye, bon réveillon.


Alice reposa alors son téléphone sur la table.

- Les jeunes et leurs téléphones, fit son grand-père. De mon temps, on discutait à table.

- Papa... marmonna le père d'Alice.

- Je souhaitais un bon réveillon à mes amies, fit Alice le rouge aux joues.

- De mon temps on envoyait des cartes postales.

Alice regarda Noah extrêmement gênée de la situation et caressa sa jambe de son pied. Il sourit amusé mais resta discret. Soudain, Alice sursauta, elle venait de sentir la main de son petit ami sur la cuisse.

" Il est complètement fou..."

Alice remarqua alors le regard de sa mère, assez sévère il faut dire, et avec toute la discrétion possible, enleva la main de ce dernier qui gardait son sourire en coin de sa réaction.

- Je n'allais pas monter plus haut, fit-il tout bas à son oreille.

- J'espère bien..., fais pas ça, il y a mes grands-parents.

D'ailleurs, après un petit peu de repos bien mérité entre deux critiques, la grand-mère d'Alice reprit la parole.

- Et vos parents ne sont pas gênés de votre absence ? fit-elle soudainement.

- Martha, s'il-vous-plait... fit la mère d'Alice.

- Quoi? C'est vrai non, des parents qui laissent leurs enfants partir un réveillon de Noël, ce ne sont pas de bons parents, Noël est une fête que l'on passe normalement en famille.

- Grand-mère arrête, fit Alice en la suppliant du regard.

Sa grand-mère ne comprenait pas trop et Eva se lança alors dans son spectacle habituel, et avec une interprétation magistrale qu'elle maîtrisait depuis longtemps.

- Nous ne sommes que deux Madame, fit Eva tristement. Nos parents sont... humm... décédés dans un accident de voiture.

- Ho...

- Oui, j'ai la garde de mon frère jusque ses dix-huit ans... Pardon, fit-elle en laissant des larmes couler. Nous vivons chez une tante de Salem, la seule famille qu'il nous reste mais elle travaille dans un restaurant... Excusez moi, fit-elle en sortant désormais un mouchoir.

Alice voyait le regard d'Eva et aurait pû sourire.

" Impressionnant..."

- Veuillez accepter mes condoléances, fit la grand-mère d'Alice.

- Merci à vous, fit Eva qui sursauta en sentant la main de la mère d'Alice dans son dos.

" Maman a toujours eu beaucoup de sollicitude, c'est normal."

- Vous êtes très courageuse Mademoiselle, ajouta le grand-père.

Alice, qui savait la vérité, regardait sa grand-mère plutôt méchamment pour avoir insisté sur ce thème. Heureusement, sa mère désamorça la situation en apportant le dîner.

- Vous voulez dire le bénédicité ? demanda la mère d'Alice à la grand-mère.

Celle-ci en fut honorée, même si elle ne pouvait critiquer, et saisit la main de son mari et de son fils. Alice prit celle de son frère et tendit l'autre vers Noah. Elle le regarda car il ne réagit pas.

- Vous ne pratiquez pas cela en Europe ? demanda alors le grand-père.

- Nous ne sommes pas croyants, fit alors Eva.

Alice ferma les yeux, c'était ce qu'il ne fallait pas dire en présence de ses grands-parents. Elle-même et ses parents ne l'étaient pas non plus mais avaient appris à faire comme si en leur présence.

- Les Européens... marmonna le grand-père.

Alice prit la main de Noah et attendit la suite

- Seigneur, commença la grand-mère, bénis donc ce repas préparé avec attention, je suppose, par ma belle-fille. Bénis également tes enfants et leurs invités si loin du bon chemin qui est le Tien. Guide tes brebis égarées vers toi et bénis cette famille... Amen.

" Si tu savais que ta propre petite fille est une sorcière..."

Alice ouvrit les yeux assez énervée et croisa le regard de sa mère qui était visiblement assez exaspérée également.

- Servez vous les enfants, fit sa mère.

Elle entendit le bruit du bouchon de la bouteille de vin offerte plus tôt et après avoir servi ses parents, son père s'approcha d'Eva.

- Je sais qu'il n'est pas rare en Europe que des jeunes boivent un peu de vin... Vous en voulez ?

- Pourquoi pas... Et vous pouvez en servir également à Noah.

Alice regarda son père faire et tendit son verre espérant un peu de vin.

- Non toi, tu es encore un peu jeune, fit son père.

- Voilà ce qui arrive quand une enfant veut se montrer plus vieille, fit la grand-mère.

Alice tourna da tête brutalement vers sa grand-mère et préféra se retenir de lui dire ses quatre vérités.

- Vous comptez faire quoi de vos vacances ? demanda la mère d'Alice.

- Des ballades, peut-être un cinéma... fit simplement Noah.

- Intéressant... Et tu vas retourner dormir chez eux?

Alice s'étouffa avec son verre d'eau sous le choc et regarda sa mère.

" Elle fait quoi? "

- Comment ça chez eux? fit alors la grand-mère choquée.

- Ben oui, fit la mère avec provocation. Ce n'est pas clair ?

- Tu laisses ta fille se dévergonder.

- Grand-mère, je ne suis pas dévergondée !

" Sauf à Halloween... Bref"

- Tu dors chez un garçon... Enfin dormir, vu son âge, vous ne devez pas dormir énormément.

- Grand-mère ! s'énerva Alice.

Sous la colère, le verre d'eau qu'Alice tenait en main explosa brutalement. Ce fut un petit moment de panique.

" Merde... C'était de la magie... J'ai complétement perdu le contrôle... Comment ça se fait?"

Alice n'était pas rassurée mais Noah passa sa main dans son dos.

- Calme toi, fit Noah.

- Pourquoi ça... chuchota Alice.

- Parce que désormais Amélia a levé tes barrières, désormais tu dois garder le contrôle.

Alice finit d'éponger la table aidée d'Eva et de sa mère, elle était consternée.

- Maman, j'aimerais que tu arrêtes ce genre de commentaires, nous avons confiance en Alice et Noah sait très bien ce que je pense et ce qu'il risque alors, laisse la vivre sa jeunesse et c'est tout.

- Mais...

- C'est Noël, alors arrête...

Le repas continua tranquillement, beaucoup plus tranquillement au point qu'Alice, bien après le repas, se blottit contre Noah en laissant la main de ce dernier sur sa jambe. Ils regardaient la télévision tous ensemble et ses grands-parents avaient enfin cessés leurs commentaires.

- Ça par contre en Europe, c'est pareil, Noël c'est le moment des bêtisiers, fit Noah.

- C'est même lassant, fit Alice.

- Vous retournerez en Europe à votre majorité ? demanda alors le grand-père.

Alice regarda méchamment son grand-père avant de réaliser que cela n'était qu'un simple intérêt reel.

- Je ne sais pas trop, fit Noah.

Alice le regarda alors surprise et étonnée de sa réponse. Elle ne voulait pas le voir partir sachant que sa majorité arriverait assez vite.

- Je crois que j'aurais dû éviter cette question, fit le grand-père.

- On n'a plus vraiment d'attache en Allemagne, fit Noah en regardant Eva. Mais je pense y retourner un jour.

- Tu...

- Quoi? demanda alors Noah.

- Tu crois que je pourrais voir l'Europe avec toi ? demanda Alice.

Il y eut comme un silence pesant dans la pièce et Alice tourna la tête vers ses parents qui s'étaient figés en l'observant.

- Quoi? demanda Alice.

- Tu ne crois pas qu'envisager de voir l'Europe est trop hâtif... Tu es jeune et même si tout va bien avec Noah, je ne dais pas si c'est vraiment une bonne idée... fit sa mère.

Alice ne saisit pas vraiment immédiatement le sens de la phrase et soudain, après avoir écarquillé les yeux de compréhension, elle se mit à rire.

- Non mais je voulais dire après l'Université, et avec lui si jamais... Voilà quoi... J'ai le temps...

Nouveau silence gênant et un petit sourire mesquin d'Eva.

" Ho... Je dois avoir l'air d'une pauvre crétine folle d'amour, complètement futile... Et maintenant Noah me regarde comme si je venais de l'emmener de force devant un prêtre."

Après ce moment extrêmement gênant pour elle, sa mère plaça sur le tapis des sujets bien plus habituels comme les études ou la musique. Alice n'osait plus réellement regarder son petit ami dans les yeux vu ses propos gênant.

" Non mais c'est pas vrai, la honte, tout le monde va se dire que je suis complètement folle d'avoir dit ça... C'est la première fois que je suis en couple, c'est évident qu'il ne doit pas forcément imaginer que ce soit le grand amour... Quelle cruche... Et maintenant, avec mon cadeau... Qu'est-ce qu'il va croire ?"

Et malheureusement, le fameux moment d'échanger les cadeaux fut venu. Elle s'était dirigée vers le sapin pour prendre le cadeau de Noah qu'elle n'osait désormais plus donner. Elle le regarda et vit son sourire alors, elle lui apporta.

- J'espère que cela te plaira, fit Alice gênée.

Elle le regarda ouvrir la boîte et il en sortit son cadeau. Alice avait fait un choix, peut-être idiot, mais elle lui avait offert une gourmette. Cette gourmette métallique portait une gravure "A + N " dans un cœur et gravé dans de magnifiques lettrines.

" Il va croire que je suis folle..."

Elle le vit au contraire attacher immédiatement ce  bijou à son poignet et l'embrasser en la remerciant.

- J'ai senti ce qu'il y a de l'autre côté, fit-il amusé.

- C'est correct? murmura Alice. J'ai vérifié sur internet mais...

- Oui c'est extrêmement correct comme toujours.

Derrière la gourmette, gravée en rune, figurait la phrase : " En souvenir du jour où ton entrée dans ma vie a bouleversé la mienne". C'était idiot, peut-être mais c'était ça, ce garçon avait tellement bouleversé sa vie, que désormais la magie coulait dans ses veines et elle était officiellement une sorcière.

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