Cube And Pentacle

Chapitre 12 : XII. Bouleversée

5398 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 01/06/2021 17:16

XII. Bouleversée

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PROCÉDURE D'ADOPTION


Alice ne voyait que ces mots au centre de l'en-tête de ce document. Toutes ses certitudes, toute sa vie, tous ses souvenirs étaient basés sur des mensonges.

" C'est pas possible ! Ça ne se peut pas!!!"

Alice vit sa mère se lever et s'approcher doucement d'elle.

- Ma chérie, écoute moi.... la supplia sa mère.

- C'est... C'est... la vérité ? demanda Alice.

- S'il-te-plaît, pose ça et assieds-toi.

- NON! Pourquoi ? hurla-t-elle presque.

Sans doute alerté par ses cris, son père arriva presque au galop, paniqué et inquiet.

- Qu'est-ce-qu'il se passe ? demanda son père.

- Alice, elle est tombée sur les papiers, annonça da mère.

- Les papiers ? Quels papiers ? fit son père en se tournant vers d'elle avant de se figer.

Alice les regardait tous les deux en alternance. Elle n'arrivait pas à comprendre comment ils avaient pu lui cacher cela et rebaissa ses yeux vers le document. Elle devait savoir la vérité et elle chercha le nom de la femme qui lui avait donné la vie. Elle ne trouva cependant nulle trace du nom de sa mère et encore moins de son père, elle était née sous X.

- Ma chérie, nous voulions attendre que tu sois prête, annonça sa mère.

- Prête ? Comment ça prête ? Comment on peut être prête à ça ? fit Alice sous le choc.

- Plus âgée au moins et sûrement pas comme ça, fit sa mère.

- Mais mais... J'ai vu des photos de toi enceinte, fit alors Alice.

- C'est une longue histoire ma p...

- Réponds moi! fit Alice en reculant.

Alice l'ignorait mais le shérif était ressorti de l'appartement avec ses hommes quand il avait compris ce qu'il se passait, après tout, il était ami avec le père d'Alice depuis suffisamment longtemps, même si ce n'était pas l'amitié la plus forte qui existait, à peine des connaissances en réalité, mais il savait que leur fille avait été adoptée.

- Ces photos datent d'avant toi, j'avais eu une autre grossesse mais... Elle n'est pas arrivée à terme, fit sa mère au bord des larmes. Nous n'étions plus censés pouvoir en avoir... Alors nous t'avons adoptée...

- Je ne suis qu'un bouche trou alors? fit Alice bouleversée.

- Non ma chérie, fit sa mère en approchant.

- Ne me touche pas! fit Alice en reculant encore.

- Mais Alice, ça ne change rien...

- Si, je ne suis qu'un enfant de remplacement !

- Non, ne dis pas, fit sa mère soutenue par son mari.

- C'est vrai Alice, nous t'aimons autant que si tu avais été notre fille biologique, peut-être même encore plus, lui signifia son père.

- Mais vous avez eu Dylan, fit Alice.

- C'était une vraie surprise, mais cela ne change rien, tu es ma fille, fit sa mère.

- Non... Toute ma vie vous m'avez menti! Tout ça, fit-elle en montrant l'appartement, ce n'est que de la façade !!!

- Ma chérie, tu es ma fille, ma tendre fille, tu n'as pas mon sang mais tu es ma fille, fit sa mère en pleurant.

Elle eut l'impression qu'elle allait faire un malaise mais sentit les mains de Noah sur sed bras. Il était resté silencieux mais il écoutait la conversation dans son coin.

- Écoute les...

- Tais-toi ! fit Alice. Ils m'ont menti!

- Ma chérie, je t'en prie, fit sa mère.

- Mais Mam... fit Alice se rendant compte qu'elle allait l'appeler comme pour le mensonge de sa vie.

- Je suis toujours ta mère, ce n'est qu'un papier.

- Un papier qui indique que je ne suis pas ta fille ! Je ne sais même pas de qui d'ailleurs !

- La notre, fit son père. Tu es notre fille.

- Non!!!! Je ne suis visiblement la fille de personne.

Alice n'arrivait même plus à réfléchir à ce qu'elle disait. Elle parlait sans filtre ignorant à quel point elle pouvait à cet instant blesser ses parents.

- On ne sait rien sur ta génitrice ou très peu...

- Vous savez quoi? demanda alors Alice.

- Juste qu'elle était une adolescente... D'ici, de Salem... Enfin de Danvers mais tu es venue au monde à Salem.

- Une fille mère... marmonna Alice.

- Mais tu es notre fille, nous t'aimons, fit sa mère.

- Alors pourquoi ne jamais me l'avoir dit? Hein? Vous n'alliez jamais me le dire ?

- Si nous allions te le dire mais tu étais encore trop jeune.

- Trop jeune? fit Alice offusquée. Je risque de partir à l'Université à seize ans... Vous me l'auriez dit avant?

- On ne sait pas ma chérie... Nous pensions avoir le temps....

- Mais mais....

- Ma chérie, nous discuterons de cela à l'hôtel d'accord...

- L'hôtel ? répéta Alice choquée.

- Oui, nous n'allons pas dormir ici ce soir, ton frère est chez son ami et... Nous devons parler.

Alice les regarda alors et elle ne reconnaissait plus ceux qui étaient censés être ses parents, ils n'étaient plus que des menteurs.

- Je n'irai nulle part avec vous, fit alors Alice froidement.

- Quoi? Alice qu'est-ce que tu racontes ? demanda sa mère.

- Je ne vais pas avec vous à l'hôtel, vous allez encore me mentir comme vous faites depuis quinze ans.

- Mais Alice... Qu'est-ce qu'il te prend? fit sa mère choquée.

- Alice tu dois te poser, te calmer, fit son père.

- NON! Vous m'avez menti toute ma putain de vie!!!

- Alice ton langage, fit sa mère totalement ébahie.

- J'en ai plus rien à foutre!!! Pourquoi je dois être votre fille modèle ? Je ne suis même pas votre fille.

- Écoute je comprends que tu sois sous le choc, fit sa mère ébahie. Mais... Tu vas venir avec nous... On doit en parler... Dès demain matin, laisser passer la nuit... Discuter à froid.

- Je ne veux pas aller avec vous...

- Alice... Tu veux dormir chez quelqu'un cette nuit pour te poser et réfléchir ? demanda son père sachant sa façon d'être.

- Je... Je... Oui, je ne peux pas rester avec vous cette nuit, je vais tout vous reprocher... J'ai besoin d'espace...

Alice voyait le regard de sa mère perdu dans le vague, sans doute elle-même complètement perdue comme sa fille en réalité. Elle ferma les yeux et inspira profondément avant de répondre.

- Tu veux que je demande au shérif si tu peux dormir chez lui et Jenny? demanda sa mère.

- Non, elle est en train de s'amuser à la fête, je ne veux pas gâcher sa soirée avec mes problèmes.

- Mais tu veux aller où alors? Becca aussi fait la fête. Et tes autres amis aussi sans doute.

Alice tourna alors la tête vers son petit ami qui comprit et qui d'ailleurs écarquilla les yeux.

- Je vais chez Noah, fit Alice.

- Pardon? fit sa mère choquée.

- Euh, attends deux secondes, fit Noah mal à l'aise.

- On ne va pas te laisser dormir chez ton petit ami, tu n'as que quinze ans! fit son père à bout de nerfs.

- Je suis d'accord avec eux, fit Noah. Vous devez parler...

- Je dors chez Noah, redit alors Alice. C'est chez lui ou je me débrouille... Un centre pour ados ou la rue mais je ne dors pas avec vous!

- Alice, tu crois qu'on va te laisser dormir avec ton petit ami? reprit sa mère choquée. Tu as quinze ans!!!

- Noah ou rien...

Alice vit sa mère s'apprêter à hurler de colère quand elle fut saisie par son mari.

- Tu veux dormir chez lui? demanda son père en regardant Noah.

- Je préfère... Il ne me posera aucune question car il sait ce qu'il vient de se passer... Je ne veux aucune question, Becca ou Jenny voudront en parler et je ne veux pas... Je veux juste qu'on me foute la paix.

- Mais sûrement pas, fit sa mère.

- Attends, fit son père en calmant sa femme. Si, je dis bien si, nous te laissons dormir chez lui, demain, nous devons discuter... Calmement tous ensemble...

- D'accord, fit Alice. On discutera.

- Mais... mais... bafouilla sa mère. Avec son petit ami? fit-elle à son mari.

- Mais une chose, fit le père à Noah. Il arrive quelque chose à ma fille, une égratignure ou j'apprends que tu as profité de la situation je te le jure mon garçon que même le shérif Garrison ne te protégera pas. Je suis clair?

- Oui Monsieur Cornell, fit Noah mal à l'aise.

- Va préparer des affaires Alice... Mais ce ne sera qu'une nuit, fit son père. Nous allons discuter avec Noah.

Alice partit vers sa chambre comme déconnectée de la réalité et une fois dans celle-ci, elle referma la porte. D'un coup d'œil à sa chambre, elle se rendit totalement compte à quel point sa vie n'était qu'un mensonge et elle tomba à genoux pleurant toutes les larmes de son corps si frêle.

**********


Alice se trouvait devant la porte de l'appartement de Noah et Eva, tenant son sac en silence. Elle avait enlevé son costume d'Halloween mais son maquillage avait totalement coulé sur ses joues, elle avait bien tenté de le nettoyer mais elle pleurait toujours. Noah était totalement mal à l'aise de la situation et, si elle n'était pas aussi perturbée, elle aurait honte de son comportement. Elle ne lui avait plus rien dit depuis et ignorait même le contenu de la conversation que ce dernier avait dû avoir avec ses parents. Elle l'entendit à peine glisser sa clef dans la serrure quand la porte s'ouvrit brusquement sur Eva. Elle regarda alors Alice assez mal à l'aise.

- Alice, je suis désolée pour toi mais... commença Eva avant d'être interrompue.

Alice avait lâché son sac et s'était jetée dans les bras d'Eva pour pleurer. Elle ne se rendit pas réellement compte qu'Eva l'emmenait dans le canapé pour qu'elle puisse s'y asseoir, elle était à bout de nerfs.

- Alice... faisait juste Eva en la gardant dans ses bras.

- Pourquoi ils m'ont menti? Hein? Pourquoi ? faisait-elle entre deux sanglots.

- Ce n'est pas facile, tes parents t'aiment...

- Ce ne sont pas mes parents !

Alice restait fixée sur cette donnée, convaincue que cela changeait sa relation avec eux. Elle entendit alors la voix de Noah au téléphone.

- Madame Cornell, nous sommes arrivés... Oui, elle est complètement perturbée... Oui, aussi un peu perdue je pense... Quoi? Euh je vous la passe...

Alice releva la tête et vit Noah tendre le téléphone mais à sa sœur qui le prit surprise.

- Allô ? Oui bonsoir... Noah m'a prévenue vite fait... Oui, je comprends... Ne vous en faites pas, je vais m'assurer qu'il ne se passe rien mais de toute façon je ne pense pas qu'elle soit en état de penser à ce genre de chose... Oui bien sûr, je vais tout de même surveiller... Évidemment oui... Bien sûr... Tu veux lui parler? demanda alors Eva à Alice.

Alice regarda le téléphone et le prit.

- Allô ? fit-elle tout bas.

- Ma chérie, on t'aime sache le, tout ça c'est normal que ce soit perturbant et on le sait. Mais ce n'est qu'un papier, tu es notre fille et on t'aime...

- D'accord...

- Chérie, ne te ferme pas à nous, je t'en prie et sache qu'on te fait confiance... Je t'aime...

- Moi... moi aussi...

- Repasse moi Evangeline.

- Tiens, fit simplement Alice en tendant le téléphone.

- Oui? Oui bien-sûr... Même si je pense qu'elle n'aura pas vraiment d'appétit... Pardon? Non, pas besoin, cela ne va pas nous ruiner... Non ça ne me gêne pas, je n'avais pas prévu de réviser ce soir... Oui, si il y a un problème nous vous appellerons... Oui, l'Hotel Hawthorne... C'est au coin de Washington Square et Hawthorne Street c'est ça ? Si ça ne va pas on vous la ramène promis... Bonne soirée... Ça ira mieux demain oui... À vous aussi...

Alice vit Eva poser le téléphone sur la table basse et vit un mug juste à côté.

- Tiens c'est un thé, fit alors Noah.

- Merci, fit Alice en le prenant.

Elle buvait et réfléchissait à ses souvenirs.

" Elle disait que je tenais mon amour des livres d'elle, c'est faux. J'aime les fruits acides comme Papa, ça doit être génétique... Quelles conneries!"

- Stop, fit alors Eva en la regardant.

- Quoi? fit Alice choquée.

- Ne pense pas à tes souvenirs, tu vas te faire du mal.

- Ils m'ont menti pendant quinze ans!!!

- Je le sais mais ça ne sert à rien, tu vas penser à tous tes souvenirs en te disant qu'ils t'ont menti sur telle chose ou tel détail, ça ne sert à rien.

- Mais...

- Dormir ici ? Tu n'avais pas eu de meilleure idée ? fit Eva.

- Je... En fait je me demandais si le cambriolage pouvait être lié à vous...

- Comment ça à nous? fit Noah surpris.

- Oui... Par rapport à ce que vous êtes... Et HyperCube.

- T'as ouvert ta gueule toi! fit Eva consternée.

- Ho ça va... C'est peut-être juste lié à de l'espionnage industriel, fit Noah.

- D'accord... fit Alice mal à l'aise.

Elle resta alors assise se murant dans le silence et fixant son mug comme si c'était la plus belle œuvre d'art du monde. Elle restait perdue et déconnectée du monde. Eva avait mis la télévision en marche mais Alice ne prit nullement attention à la deuxième saison de Young Sheldon, série dérivée de The Big Bang Theory qu'elle adorait pourtant. Elle ne releva même pas la tête, mais appréciait qu'ils ne posent aucune question. Tout ce qu'elle fit réellement, ce fut de s'appuyer contre Noah sans vraiment regarder la télévision. Elle avait juste besoin d'être contre lui, sans forcément un geste plus tendre mais elle avait besoin de sa présence.

- Je n'avais pas grand-chose à manger, fit Eva en posant une barquette micro-ondable de maraconis au fromage.

- Je n'ai pas faim, fit Alice.

- Mange un peu... Juste un peu... Noah finira ne t'en fais pas.

Alice soupira et accepta de donner quelques coups de fourchette à la barquette avant de la pousser vers Noah pour qu'il finisse. Elle s'allongea de nouveau contre lui et ferma les yeux avant de pleurer de nouveau humidifiant le t-shirt de son petit ami qui passa la soirée à lui carresser les cheveux. Elle remarqua cependant qu'aucun des deux sorciers ne parlait, ils préféraient la laisser dans le calme. Cependant, elle finit par rompre le silence et s'adressa à Noah.

- Je voudrais bien aller me coucher... demanda-t-elle.

- D'accord, fit-il en la redressant et se levant.

- Bonne nuit, si tu veux quelque chose pour dormir appelle moi, fit Eva.

- D'accord mais je préfère ne rien prendre, fit Alice en marchant vers la chambre.

- Noah, fit Eva. Je peux te faire confiance ?

- Évidemment.

Et effectivement, elle pouvait faire confiance à son frère car il laissa même Alice se changer toute seule, en toute intimité. Elle enfila alors un pyjama aux jambes trois-quarts mais aux manches courtes, rose pâle et aux boutons noirs. Elle avait préféré prendre cela pour cette nuit, n'ayant pas la tête à faire quoique ce soit d'intime. Quand elle ouvrit la porte, elle fut d'ailleurs étonnée de le voir en pantalon de détente noir et marcel blanc. Elle le laissa entrer et le regarda ébahie.

- Qu'est-ce qu'il y a? fit-il en mettant son téléphone en charge.

- Tu dors comme ça ? fit-elle étonnée.

- D'habitude non... Mais les circonstances font que oui...

- Ho... merci, fit-elle alors rassurée.

Elle regarda le lit et se rendit alors compte que Noah posait un oreiller à côté du lit.

" Il va dormir par terre ? Mais pourquoi ?"

- Noah... Tu peux dormir avec moi tu sais, fit Alice.

- Tu es sûre ? demanda-t-il.

- Franchement... Je crois que ça me rassurerait.

En fait, pas vraiment, elle n'avait jamais dormi avec un garçon et se rendit surtout compte qu'elle avait créé une situation gênante.

- Tu veux dormir de quel côté ? demanda Noah.

- Je m'en fous, je ne sais même pas si je vais pouvoir dormir, avoua Alice.

Noah le regarda alors et sans doute parce qu'il vit da détresse, il s'approcha et la prit dans ses bras.

- Pourquoi hein? fit elle en appuyant sa tête contre son torse.

Elle sentit les mains de Noah dans son dos, la frottant pour qu'elle se laisse aller. Elle pleura contre lui longuement inondant une nouvelle fois le t-shirt du jeune homme. Elle finit enfin par se calmer et se détacha alors lentement de son petit ami, admirant le t-shirt trempé.

- Je suis désolée, fit-elle honteuse.

- C'est rien, fit-il en enlevant le t-shirt.

Alice n'osa pas regarder son petit ami et se dirigea vers le lit pour s'y allonger. Elle s'installa à la droite du lit, sur le dos, fixant le plafond. Quand elle sentit le poids de Noah à côté d'elle qui s'installait, elle ferma quelque peu les yeux.

- Tu veux que je dorme par terre ? Ça ne me gêne pas tu sais... annonça le jeune homme.

- Non, reste, fit-elle avant d'attraper sa main et la serrer.

Elle n'osait pas le regarder, au vu de la situation dans laquelle elle l'avait mis. Elle tourna cependant la tête quand elle le vit s'appuyer sur son coude pour maintenir sa tête en l'observant. Elle le regarda dans les yeux et fut un peu étonnée du sérieux de son regard et elle rougit.

- Pourquoi tu me regardes comme ça ? demanda Alice.

- J'ai envie de te dire quelque chose mais j'ai peur que tu ne le prennes mal, avoua Noah.

- Quoi donc? s'enquit Alice gênée en se tournant vers lui.

Il posa alors la main sur sa jambe et ne détacha pas ses yeux de ceux de la jeune fille.

- Je comprends que cela te perturbe, il y a de quoi l'être.

- Mais encore... fit Alice.

- Je me doute également que tu es très perdue en ce moment mais...

- Vas y, je t'écoute, fit-elle inquiète de la suite.

- Est-ce que cela change tant de choses que cela ? fit-il soudainement.

- Quoi? Mais oui! Ils m'ont menti!

- Alice, cela ne change rien au fait qu'ils t'aiment.

- Mais mais...

- C'est peut-être parce que j'ai grandi avec Eva qui n'est pas réellement ma sœur mais pour moi c'est tout comme...

- Qu'est-ce que tu insinues ? demanda alors Alice.

- Que tes parents t'aiment et que cela ne change rien, fit Noah.

- Mais je ne suis qu'un enfant de remplacement, de celui qu'ils ont perdu...

- Alice... Réfléchis à ce que je vais te dire...

- D'accord... fit-elle méfiante.

- Ce sont eux qui t'ont élevée, qui t'ont soignée quand tu étais malade, qui t'ont rassurée quand tu avais peut-être peur du noir... Ce sont eux qui t'ont amenée pour la première fois à l'école, qui s'inquiètent à l'idée que tu dormes avec moi...

- C'était ça votre conversation ? demanda alors Alice.

- Oui... Ils avaient peur que je ne profite de ta faiblesse. Mais ce n'était pas le plus important de la phrase.

- Mais je ne suis pas leur fille!

- Alice, le sang ne fait pas obligatoirement de bons parents, eux ils t'ont désirées et ils t'élèvent chaque jour depuis que tu es avec eux... Tu as vu des différences entre toi et ton frère ?

- Bien sûr que non...

- Pour eux, tu es juste leur petite Alice qui grandit... Ils t'aiment sincèrement et cela compte bien plus qu'un acte de naissance non? fit Noah en touchant sa joue.

- Sans doute... marmonna Alice.

" Il n'a pas totalement tort, ils ont toujours été là, j'ai toujours compté sur eux et ils m'aiment c'est évident..."

- Alors pourquoi ils ne me l'ont jamais dit? demanda Alice en le fixant du regard.

- Parce qu'ils avaient peur que tu ne les aimes plus.

- Mais c'est...

- Tu pourrais être obnubilée à l'idée de trouver ta véritable mère...

- Tu crois que...

- Que quoi ? demanda Noah.

- C'est possible de la trouver ? avoua Alice.

- Est-ce important ?

- J'aimerais savoir... Peut-être quand je serai adulte mais j'aimerais savoir un jour...

- C'est peut-être envisageable... Mais ce sera compliqué... Il faudrait déjà rassurer tes parents.

- Ils vont m'en vouloir tu crois? s'inquiéta Alice.

- Ils sont assez intelligents pour comprendre que tu es perturbée, qui ne le serait pas?

- Toi, t'as pas l'air plus perturbé que cela de ne pas être le frère biologique d'Eva.

- Je le sais depuis longtemps... Et cela n'a pas été toujours simple, crois moi.

Alice le regarda et s'avança pour déposer un baiser sur ses lèvres.

- Merci de me rassurer et de m'accueillir.

- Mon lit est assez grand, dit-il en riant.

Elle le regarda avec douceur et sourit de sa gentillesse. Elle l'embrassa alors de nouveau, profitant de l'instant. Elle craignait qu'il ne veuille aller beaucoup plus loin mais il n'était pas de ce genre là. Elle se retourna alors sur le côté et releva la tête.

- Tu peux me prendre dans tes bras? demanda-t-elle alors.

Elle sentit le bras l'encadrer et se poser sur son ventre. Elle sentit la respiration de Noah sur sa nuque et apprécia. Elle posa alors sa main sur celle de Noah.

- Au fait, j'ai beaucoup apprécié tout à l'heure... On n'a pas eu le temps d'en parler...

- Ce n'est rien, fit-il en embrassant sa nuque.

- Je devrais te rendre la pareille non? demanda Alice.

- On a le temps ma puce, fit-il en sentant ses cheveux.

- Bonne nuit Noah...

- Bonne nuit.

Elle essaya cependant de dormir, assez en vain en réalité. Elle ne trouvait pas le sommeil essayant de comprendre ses réactions face à ses parents et cherchant qui pouvait être sa mère, elle imaginait une adolescente qui ne s'était pas protégée, une famille noble qui voulait préserver son image, peut-être une sans domicile fixe tombée dans la drogue, une victime de viol et bien d'autres scénarios bien plus compliqué. Elle avait même attrapé son téléphone pour essayer de chercher si il existait un moyen de découvrir qui était sa mère mais les démarches semblaient complexes. Elle finit par entendre la respiration de Noah qui lui s'était endormi. Elle voulait aller dans le salon, elle n'arrivait pas à dormir.

- Gnnn, fit-elle en essayant de pousser le bras de Noah.

Il était trop lourd et elle bien trop frêle. Elle pinça alors sa main et il bougea le bras en marmonnant.

- Arrête Alice... Rrrrrflllll....

" Il rêve de moi? Sérieusement... C'est mignon..."

Elle regarda alors son visage et se rendit compte qu'il était impossible de savoir à quel point il pouvait être dangereux, on aurait dit un enfant. Elle posa ses lèvres sur celle de Noah et rougit de son comportement avant de se lever. Elle se dirigea alors à la lumière du flash de son téléphone, servant de lampe torche, vers la porte. Elle l'ouvrit aussi discrètement que possible, le plus doucement qu'elle pouvait. Elle sortit alors dans le couloir et avança avant de s'arrêter devant la porte de la chambre de la grande sœur de son petit ami. Elle réfléchit une demi-seconde et frappa doucement à la porte.

" Si elle dort ce n'est pas grave..."

- Oui? fit une voix douce.

- C'est Alice...

- Entre.

Alice pénétra dans une chambre à la décoration encore plus spartiate que celle de son petit ami. Là où ce dernier avait une collection gigantesque de livres, Eva possédait une véritable médiathèque de disques vinyles et de CD. Elle remarqua cependant pas mal de livre d'astronomie, sans doute était-ce le désir de carrière de la sorcière, en tout cas aux yeux d'Alice.

- Viens t'asseoir, fit Eva en short et débardeur qui tapait sur le lit.

Alice s'installa alors et regardait Eva mal à l'aise.

- Tout va bien? demanda Eva. Noah n'a pas...

- Non, bien sûr rassure toi... J'arrête pas de réfléchir, fit Alice.

- Tu t'imagines d'où tu viens je suppose ? fit Eva compréhensive.

- Oui...

- Princesse héritière ? demanda Eva en riant.

Alice la regarda consternée avant de sourire en remettant une mèche de ses cheveux.

- Non... Je pensais à quelque chose en fait...

- À quoi? demanda Eva surprise.

- Vous m'avez dit que j'étais une réceptive à cause de ma famille...

Eva changea de visage comprenant ce qu'il se passait dans la petite tête tourmentée d'Alice.

- Tu penses...

- Oui, peut-être que ma mère biologique est... ou était une sorcière... Enfin...

- Parce que tu es très douée ? demanda Eva.

- Oui, cela pourrait s'expliquer non? répondit Alice.

- Effectivement... Mais qu'est-ce qui te fais dire ce genre de chose ?

- J'émets juste la possibilité, fit Alice. Il existe un moyen d'obtenir l'information ? Un rituel par exemple ?

- Ça doit exister mais je n'en sais rien, je peux tenter de me renseigner, elle doit bien avoir des grimoires assez anciens...

- Qui ça elle? demanda alors Alice.

- Une personne qui nous aide... Si il y a bien un rituel, il devrait être compliqué et à ce moment là, peut-être vous rencontrerez vous, fit Eva avec politesse.

- Et il n'y a rien de plus rapide ?

- Bah donner un ordre à un protecteur, ordonne des choses à Noah, fit elle avec un clin d'œil.

" Ordonner... Une seconde... C'est vrai que je n'ai jamais vraiment besoin d'insister avec lui... Pour son secret... Pour m'initier à la magie... Pour Jenny... Ou alors il veut juste me faire plaisir... Je ne me vois pas en profiter ni essayer un ordre" réfléchit alors Alice.

- Je plaisantais Alice, fit Eva.

- C'est pas ça... Je trouve que ton frère a tendance à faire ce que je demande...

- Hin hin, fit Eva en riant.

- Non pas ce genre de chose, idiote va... fit Alice en riant. Pour votre secret... Je n'ai pas dû réellement insister tu sais...

- Ben en fait il ne m'en a pas trop parlé... Il a dit qu'il avait besoin de le dire... Si je voulais savoir j'avais qu'à lire Le journal d'un vampire.

Alice rit alors comprenant l'allusion idiote de Noah et elle remarqua l'air surpris d'Eva.

- C'est une blague entre moi et Noah, laisse tomber...

- Vous êtes mignons tous les deux.

- Merci, fit Alice toute rouge.

- J'espère qu'il n'agit pas comme un con, fit Eva.

- Non, non, il est très bien, dit alors Alice. Bon... Tu vas te renseigner ?

- Oui, mais pas à cette heure ci, fit Eva. Je suis moi-même un peu épuisée...

- Ho navrée, je t'empêche de dormir, fit Alice mal à l'aise en se levant. Je repars bonne nuit.

- Sois sage, fit Eva.

Alice referma la porte et rejoignit la chambre de Noah qui n'était pas du tout réveillé, dormant à poings fermés sur le dos. Elle s'allongea à côté de lui et posa la tête contre son torse et sa main sur le ventre de Noah. Il n'avait eu aucune réaction et elle se blottit contre lui avant de murmurer :

- J'aimerais vraiment être une sorcière, ça lierait nos destins.

**********


Alice ouvrit les yeux quand quelques rayons atteignirent son visage et elle se souvint d'où elle était. Elle s'étendit dans le lit avant de se rendre compte qu'elle était toute seule dans le lit.

" Il est où ?" pensa Alice inquiète.

Elle se redressa alors essayer de dompter ses cheveux hirsutes. Elle vit alors la forme caractéristique de son petit ami assis par terre dans la position du lotus. Plusieurs objets, tels des dés et des stylos à bille virevoltaint autour de lui, sans doute usait-il de son pouvoir. Alice le regarda pendant plusieurs minutes.

" Il est concentré... Et toujours aussi musclé... Alice... Reste calme. C'est amusant comme entraînement..."

Alice regardait toujours les objets qui se déplaçaient dans l'air et elle avait envie de tester quelque chose. Elle attrapa alors un autre stylo à bille sur la table de chevet et le lança doucement vers Noah. Ce fameux stylo à bille s'arrêta en l'air avant de se déplacer lentement avec les autres. Alice sourit alors en regardant son petit ami toujours concentré. Soudain, elle baissa les yeux quand elle sentit les boutons du haut de pyjama être défaits. Elle saisit les bords qui s'écartaient.

- Hey... Mais arrête !!!

- C'est le prix pour me déconcentrer, fit il amusé.

- C'est pas drôle... Hey....

Elle sentit cette fois la pression dans son dos qui l'obligeait à avancer vers lui. Il posa alors les mains sur ses hanches et l'attira à lui pour l'embrasser. Elle passa alors ses bras autour de son cou et lui rendit un baiser passionné.

- T'es mignon comme Jedi, fit Alice amusée.

- T'es mignonne sans artifice, sublime dès le matin, fit Noah

- Arrête, je ne suis pas coiffée, pas maquillée et je dois avoir les yeux d'un lapin sous myxomatose tant j'ai pleuré, fit Alice.

- Sublime honnêtement, j'apprécie cette image au réveil...

- Quelle image? demanda-t-elle.

- Celle d'une jeune fille toute recroquevillée dans un grand lit, fit-il avec un clin d'œil.

- T'es bête, fit-elle en le frappant sur le bras. N'empêche c'est impressionnant à voir ton entraînement tu sais.

- Ha oui?

- Et être attirée comme ça est plaisant, fit elle en déposant un baiser rapide.

- Tu as dormi suffisamment ? demanda-t-il ensuite.

- Je pense... Je suis un peu inquiète de retrouver mes parents au restaurant de l'hôtel mais ça va...

- Tu veux que je t'accompagne dans le restaurant ? demanda-t-il en voyant son stress.

- Si tu veux bien, fit Alice.

- Pas de problème, le reste par contre...

- Quel reste? s'inquiéta Alice.

- Je vais être obligé de te libérer et te laisser filer sous la douche...

- Ça oui, parce que une douche en couple, je ne serai pas capable, avoua Alice.

- Pas de problème...

Alice se leva et prit des affaires dans son sac avant de se retourner vers Noah.

- Au fait tu as raison, fit alors Alice.

- Sur quoi?

- Ce sont eux mes parents et personnes d'autres, ce n'est qu'un papier. Même si ce n'est pas facile à encaisser...

- C'est déjà bien de penser cela.

Alice espérait surtout que ses parents lui pardonneraient ses esclandes. Et elle espérait qu'Eva puisse trouver le fameux rituel. En attendant, il lui suffisait d'une bonne douche

**********


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