Cube And Pentacle

Chapitre 7 : Hésitante

9549 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/05/2021 09:23


VII. Hésitante

****************


Alice était assez impatiente en ce début de mercredi après-midi. Mais aussi incroyablement angoissée. C'était le jour où allait pouvoir se rendre chez les Kielmann et encore apprendre de nouvelles choses sur la magie mais en avoir parlé à sa mère n'avait pas eu l'air de l'enchanter et prévenir Noah avait été une obligation. Étrangement il ne lui avait adressé qu'un message assez énigmatique.[ NOAH ]

Eva va gérer la situation." Eva va gérer ? T'es un marrant toi, dès que ma mère va voir ta sœur, elle va aller chercher un crucifix pour exorciser le démon... Et lui jeter de l'eau bénite dans la bouche pour ses insanités" pensa Alice en regardant l'heure avec énormément de stress.

- Pourquoi tu ne veux pas ? insista encore Alice.

- C'est le garçon pour lequel tu nous as menti, fit sa mère en coupant des légumes. Je refuse que tu ailles chez lui pour un "devoir", ajouta-t-elle en mimant les guillemets.

- Mais c'est vrai! fit Alice lassée et appuyée sur la table.

- Peut-être, mais qu'est-ce qui me dit que vous ne ferez que ça ? demanda sa mère.

- Tu crois que j'y vais pour y perdre ma virginité ou quoi? demanda Alice blessée.

- Je parlais de sortir vous amuser, fit sa mère surprise.

- Ha ben non plus, fit alors Alice gênée. On va juste travailler.

- Je préfère que tu travailles seule, de toute manière, tu n'en as pas besoin de son aide, tu peux faire ton devoir seule, argumenta sa mère.

- Mais pas lui, c'est sur la guerre de sécession, il n'est pas américain, fit Alice cherchant un argument.

- Internet, c'est rempli d'information, contre-argumenta sa mère.

Alice soupira quand on sonna à la porte.

- Tu peux aller ouvrir, j'ai les mains sales, demanda sa mère.

- Oui, oui, j'y vais, fit Alice blessée du manque de confiance.

" Non mais qu'est-ce qu'elle peut imaginer... "

Alice ouvrit alors la porte et s'adressa à la personne venue interrompre la discussion.

- Bonjour, fit Alice.

Elle découvrit une jeune femme blonde aux cheveux en queue de cheval, vêtue d'une robe noire stricte descendant sous les genoux et agrémentée d'un col claudine blanc. Elle n'avait aucun maquillage et le seul accessoire qu'elle portait était une paire de lunettes aux verres grands et ronds.

- C'est pour une collecte ? demanda Alice à la visiteuse si impromptue.

- Tu ne me reconnais pas? fit la jeune fille en face d'elle.

- Eva? fit Alice complètement sous le choc.

- Je vais poireauter longtemps ? fit celle-ci.

- Non entre, fit Alice en la laissant passer.

Étrangement elle s'était attendue à la même chose que la première fois avec Noah mais il ne se passa rien et elle observait la lumière étonnée.

- Je me maîtrise mieux que lui, fit Eva. Bon c'est parti pour l'actor studio.

- Qui est-ce ? fit sa mère depuis la cuisine.

Alice avança alors avec Eva vers la cuisine s'attendant au pire.

- C'est la sœur de Noah, fit Alice inquiète.

Elle vit sa mère soupirer et se retourner vers Eva avant de se figer d'étonnement, elle n'avait pas dû s'attendre à ça, Alice non plus en fait.

- Veuillez m'excuser de passer chez vous sans m'être annoncée au préalable, fit alors Eva.

- Ho ce n'est rien, fit la mère d'Alice. Je m'appelle Emma.

- Enchantée Madame Cornell, je m'appelle Evangeline Kielmann. Vous êtes sûre que ma présence ne vous dérange pas, vous êtes occupée et je ne souhaite point être une gêne.

Alice regardait Eva les yeux écarquillés.

" Pas un juron? Pas un mot plus haut que l'autre ? C'est une menteuse pathologique ou quoi?"

- Mais asseyez vous, fit sa mère avec douceur.

Elle vit alors Eva lever doucement le tabouret pour ne pas le faire glisser au sol et lisser sa robe avant de grimper dessus.

- Merci à vous, fit Eva.

- Vous désirez boire quelque chose ? demanda la mère d'Alice.

- Si vous auriez un verre d'eau, il fait un peu chaud pour la saison, merci beaucoup, répondit Eva.

- Tenez, fit la mère en la servant. Puis je savoir ce qui vous amène ?

- Je sortais du secours populaire où je suis allée proposer mes services quand mon frère m'a envoyé un message signalant que vous refusiez que votre fille ne vienne chez nous pour l'aider pour son devoir.

- Et vous êtes venue me dire votre façon de penser? fit sa mère méfiante.

- Ho nullement chère Madame Cornell, techniquement parlant je suis même d'accord avec vous, répondit Eva.

" Hein????"

- Ha bon? fit la mère étonnée.

- Oui, personnellement, je suis contre le fait que des jeunes de leur âge se retrouvent seuls, surtout quand on sait qu'Alice est encore plus jeune. Malheureusement moi et mon frère sommes allemands, et il éprouve encore quelques difficultés à la lecture de l'anglais, fit alors Eva sérieusement.

- Vous n'êtes que tous les deux? demanda la mère d'Alice.

- Nous habitons chez notre tante mais elle est hôtesse de l'air donc souvent en déplacement. Je suis la tutrice de mon frère depuis la... hum... mort de notre père, fit elle en frottant son œil droit. Excusez moi, c'est encore assez récent.

- Mes condoléances Mademoiselle, je ne savais pas, fit la mère d'Alice mal à l'aise.

- Ce n'est rien, nous n'en parlons quasiment jamais, même entre nous... C'est pour ça que je voulais vous assurer que je serai là et je surveillerai, fit alors Eva.

- Je vois... Votre frère, je l'ai vu en voiture, est il un garçon sérieux ? demanda Emma Cornell sous le regard courroucé de sa fille.

- Oui, très bon élève, même si vu les circonstances ce n'est pas toujours simple. Et si vous pensez que la voiture est le symbole d'une mauvaise éducation, c'est parce que notre père était collectionneur de ce genre d'engin. En général c'est moi qui conduis la voiture, fit elle alors.

- D'accord... Et vous surveillerez comment? demanda alors la mère d'Alice.

- Maman... s'il-te-plaît, fit Alice pour qu'elle ne cesse son interrogatoire.

- Je réviserai pour mes études universitaires, fit alors Eva.

- Vous êtes à l'Université ? demanda Emma.

- J'aurais dû mais j'ai pensé qu'une année de lycée ici aux Etats Unis me mettrait au niveau.

- Vous envisagez quelles études ?

- Théologie, j'aimerais être pasteur, fit alors Eva avec un sourire.

" La vache, le mytho du siècle... "

- Ho c'est... particulier, fit alors la mère d'Alice.

- J'ai toujours eu la foi, et cette année difficile m'a encore plus conforté dans celle-ci. C'était dur mais Dieu a veillé sur nous. Désormais je veux faire pour les autres ce que Dieu a fait pour nous, les guider, veiller sur eux sur le chemin de la foi et de la vertu... Pardon je m'emporte toujours sur ce genre de sujet...

- Ce n'est rien, c'est beau d'être passionnée comme vous l'êtes, fit la mère d'Alice.

- Donc soyez assurée, même si mon frère n'a jamais eu de comportement déplacé avec les filles, que je veillerai à ce qu'il ne se passe rien d'inconvenant surtout sous mon toit, fit Eva avec un sourire rassurant.

- Ho... Je...

- Naturellement, si vous refusez je ne vous en tiendrai pas rigueur, fit Eva.

- Vous me semblez digne de confiance... Tu veux toujours faire tes devoirs chez ce garçon ?

- Oui, c'était pour cela de toute façon, fit Alice.

- Va chercher tes affaires alors, je dois continuer de parler à Evangeline.

Alice fila rapidement pour attraper son sac, même si le devoir était déjà fait en réalité. Elle n'arrivait pas à croire ce qui s'était déroulé sous ses yeux: une Eva transformée, catholique et sage... C'était tellement l'opposé de ce qu'elle savait d'elle qu'Alice trouvait cela drôle. Elle retourna alors dans la cuisine et trouva Eva en train d'aider sa mère avec les légumes en attendant son retour tout en discutant.

- Si jamais le devoir s'éternise, votre fille a-t-elle des allergies alimentaires, je ne la laisserai pas le ventre vide soyez en assurée, fit Eva en souriant.

- Non, en tout cas nous n'en avons jamais repérée, fit sa mère. Vous êtes très courageuse.

- Merci Madame Cornell, cela a resserré les liens avec mon frère, c'est un des seuls avantages dans cette situation. Il était assez renfermé mais votre fille a voulu essayer de l'aider à s'intégrer. Vous l'avez très bien élevée je suppose, fit Eva.

- Je vous remercie... Ho tu es prête, fit sa mère en la voyant.

- Oui, merci encore Maman.

- Je me méfiais peut-être un peu trop, fit elle embrassant sa fille.

- Ce n'est rien Madame, mieux vaut prévenir que guérir après tout, fit Eva. Votre fille est en sécurité, et Dieu vous bénisse, fit Eva en sortant.

- Ce fut un plaisir, fit sa mère sur le palier. Bonne journée.

Alice descendit alors les étages assez stupéfaite du talent d'actrice de la jeune fille venue la chercher grâce au mensonge de l'année. Elles sortirent ensemble de l'immeuble avant de se diriger vers la voiture, placée à l'abri des regards. Alice ne parlait pas mais observait Eva. Cette dernière lança ses chaussures dans la voiture en soupirant avant de monter. Alice s'était alors déjà attachée quand elle vit Eva défaire la queue de cheval et ouvrir son décolleté avant de récupérer une cigarette et de la fumer.

- Putain qu'est-ce-qu'il ne faut pas raconter comme conneries, fit elle en expirant la fumée.

- T'arrives à mentir comme ça ?

- Pff facile, ta mère s'attendait à des délinquants je lui ai offert ce qu'elle préférait, fit Eva en riant.

- Heureusement que tu ne t'es pas pointée avec ton look habituel, fit Alice.

- T'as quelque chose à redire la gamine? demanda Eva méchamment.

- Non non, fit alors Alice.

Celle-ci se laissa conduire en silence, cette dernière se faisant cependant prudemment. Eva maîtrisait réellement sa voiture et Alice vit défiler les pâtés de maisons les uns après les autres la menant peu à peu dans les quartiers les moins riches de Salem. Dans ce quartier, même HyperCube n'avait pas réellement investi.

- Bienvenue dans la zone, fit alors Eva.

- Je ne jugeais pas, avoue Alice.

- Mais bien sûr... Au fait, j'ai quand même pensé à la sécurité, c'est dans la boîte à gants, fit Eva.

Alice ne comprit pas l'allusion et ouvrit la boîte à gants étonnée. C'était un bordel sans nom et surtout qu'Alice ne savait pas trop ce qu'elle devait y trouver.

- La boîte, fit alors Eva en souriant.

Alice la regarda et attrapa la boîte avant de se figer celle-ci dans la main.

- Mais tu t'es fait un film ! hurla presque Alice, la boîte de préservatifs en main.

- Ha bon? Vous n'alliez pas coucher ensemble ? fit Eva surprise.

- Mais non! T'es complètement dingue ou quoi? s'offusqua Alice.

- Ho ben je pourrais rester alors.

- Tu comptais nous laisser seuls? demanda Alice surprise.

- Bien sûr, je n'ai pas envie de t'entendre couiner et hurler le prénom de mon frangin, fit celle-ci amusée.

- Euh... Eva... On n'est pas ensemble, fit Alice choquée.

- C'est pas ce que j'ai vu, fit-elle en se garant.

- On ne faisait rien... fit simplement Alice toujours sous le choc.

Eva ouvrit sa portière et Alice la suivit dans la rue puis à l'intérieur d'une barre d'immeubles légèrement défraîchie datant de bien avant l'arrivée de la société dans la ville. Alice qui marchait dans les couloirs, voyait à quel point la couleur des murs était passée depuis bien longtemps, et elle entendait clairement le bruit ambiant. Elle s'arrêtèrent devant l'appartement numéro neuf et Eva mit sa clef dans la serrure.

- Bienvenue, fit elle en laissant Alice entrer.

- M... Merci, fit Alice.

Elle pénétra dans l'appartement et tomba immédiatement dans un petit salon avec une télévision assez petite et un canapé quant à lui assez vieillot. Elle pouvait également voir la cuisine d'un autre âge, bien rangée cependant et même le bar qui la fermait semblait propre. Elle pouvait voir un couloir avec trois portes, sans doutes deux chambres et une salle de bain.

- C'est joli chez vous, fit Alice pour la forme.

- T'es pas obligée de mentir. Noah bouge tes couilles je t'ai ramené ta copine, fit elle un peu fort.

Alice resta debout dans le salon tandis qu'Eva fila dans le couloir et emprunta la porte de droite. Elle vit sortir Noah de la seconde porte de gauche, sans doute sa chambre en finissant d'enfiler un t-shirt.

- Salut, fit il. Assieds toi, tu ne risques rien.

- D'accord, fit celle-ci en s'exécutant.

Elle vit alors Noah ouvrir le frigo et sortir deux bouteilles de bière avant de s'approcher.

- Tu n'as pas un soda plutôt ? demanda Alice.

- Ben si tu préfères, fit il surpris avant de sortir un Pepsi.

- Merci Noah, fit Alice en ouvrant la canette.

Alice vit alors Eva sortir de sa chambre en minishort gris moulant et débardeur blanc sans soutien-gorge avant de s'asseoir près d'elle.

- Ha c'est mieux le naturel, fit elle en attrapant une bière.

- Vous n'êtes que deux? fit Alice surprise.

- Et ouais, la tante c'est une grosse bidonnade pour le public, fit Eva en riant. Tu peux enlever ta veste, on va rien te faire.

- Oui, évidemment, fit Alice en l'enlevant.

Alice restait les genoux joints en tenant sa canette dans ses mains, n'osant pas parler.

- Alors, tu t'es remise du pendule? fit Noah sans doute inquiet.

- Oui, j'étais réellement épuisée, fit elle alors.

- Normal, la première fois ça épuise, fit Eva en riant.

Alice la regarda et rougit bêtement en regardant sa canette comme si elle s'apprêtait à lui faire la conversation.

- Ho mon dieu, c'est consternant, fit Eva. Prenez cinq minutes et décrispe la un peu Noah.

- Arrête Eva, fit Noah sèchement. Fous lui la paix.

Alice releva la tête surprise de l'entendre prendre sa défense et lui sourit de sa gentillesse.

- Bon ok, j'arrête les vannes. Je suppose que t'as des questions, fit Eva.

- Plusieures en réalité, fit alors Alice. Vous n'êtes pas frère et sœur alors?

- Non, fit Eva. Noah est ma boniche, fit elle en riant.

- Je veille sur elle mais l'inverse aussi, on se protège l'un l'autre, dit il en regardant Eva.

- Vous vous êtes rencontrés comment ?

- Ma mère a fixé son âme, fit Eva. Je suppose que t'as compris le principe.

- Vaguement... Tu étais mort-né ? demanda Alice à Noah.

- Non, j'avais trois ans, méningite. Ma mère a demander à la mère d'Eva de me fixer, fit il simplement.

- Et c'est comme ça que tu es devenu sorcier? demanda Alice.

- Depuis je dois me le coltiner, fit Eva. Mais je l'adore.

- Et ta mère ? demanda Alice à Noah.

- Compliqué, fit Noah.

- Elle a payé le prix, fit Eva.

" Le prix? Quel prix?" se demanda Alice en les regardant.

- Merci Eva... Le prix, ce genre de rituel est puissant, extrêmement puissant et gourmand en magie... Trop, fit Noah tristement.

- C'est à dire? demanda Alice.

- Une vie pour vie, fit Eva.

- Ho mon dieu... Je suis désolée Noah, fit Alice en réalisant.

" Sa mère a donné sa vie pour que son fils vive? Mais quel sacrifice et surtout quelle tristesse."

- Et depuis, il est à ma disposition, fit Eva en riant. Comme protecteur, je suppose que tu vois le genre.

- Moui... Vous êtes ensemble ?

Alice, par cette question bizarre, choqua les deux jeunes devant elle qui la regardèrent étonnés.

- Tu crois que je couche avec mon frère ? Tu nous a pris pour les Lannister ou quoi? fit Eva.

- Non, mais vous n'êtes pas frère et sœur de sang... Et puis tu es plutôt... fit elle en regardant Eva.

- Merci, je sais je suis sublime, fit Eva sans aucune modestie. Non sérieusement, notre lien est fraternel.

- D'accord, fit alors Alice gênée d'avoir posé la question.

- Certaines sorcières profitent du protecteur mais pas moi, fit Eva.

- Elles les violent ? demanda Alice.

- Une sorcière de sang peut plus ou moins donner des ordres aux protecteurs. On peut lutter évidemment, mais dans des cas de proximité c'est plus difficile, fit alors Noah.

- J'ai dû mal à cerner le principe, fit Alice.

- Normal, en bref si il croise Machine demain, il peut résister à ses ordres, sauf si il ne veut pas. Moi, il peut résister si il ne désire pas vraiment y obéir mais c'est plus compliqué si je demande sérieusement, fit Eva.

- Plus sérieusement ? demanda Alice.

- Oui, normalement il n'est pas capable d'y résister longuement si j'implique de la magie dans l'ordre. C'est compliqué à expliquer pour quelqu'un d'extérieur. Mais si ça va contre ses opinions il pourra résister, fit Eva.

- Je ne veux pas une démonstration mais tu peux me donner un exemple ? demanda Alice.

- Simple, imaginons que je m'ennuie, je pourrais lui ordonner de me baiser pour m'occuper, fit Eva.

- Quoi? fit Alice choquée.

- Vive l'exemple, fit Noah.

- Mais comme il n'est pas attiré par moi à la base et me considère comme sa sœur, il pourra résister à l'ordre, fit Eva.

- Donc si une sorcière qui te plaît te l'ordonne, tu le ferais ? demanda Alice complètement ébahie.

- Vous avez vraiment aucune autre situation ? fit celui-ci en riant.

- Je crois qu'elle regrette de ne pas être sorcière de sang, fit Eva en riant.

Alice la regarda choquée et baissa les yeux de honte.

- Eva s'il-te-plaît, tu peux arrêter ? demanda Noah.

- Putain ce que t'es chiant aussi, fit Eva.

- Tu l'as mise mal à l'aise, fit alors Noah.

- Mets la à l'aise !

Alice vit alors le coussin près d'elle s'envoler et filer en pleine figure d'Eva et fut étonnée avant de voir rire celle-ci.

- Bon ok j'arrête, promis, fit celle-ci en jetant le coussin sur son frère.

- Merci Eva, fit Alice.

- Bon... T'as d'autres questions où on commence à s'amuser ?

- Juste une... Tu... déplaces les choses aussi? demanda Alice.

- Ha non, désolée. Moi c'est plus chaud comme pouvoir.

- Hein? fit Alice étonnée.

Elle vit alors une démonstration d'Eva: celle-ci attrapa une cigarette et plaça son index devant. Soudain une petite flamme apparût et elle alluma la cigarette.

- Tu crées du feu? C'est génial, fit Alice.

- Attention une pyromane à l'horizon, fit Eva en riant. Je ne peux en créer beaucoup, par contre je peux contrôler ce qui existe déjà.

- J'ai l'air naze avec mon pendule, fit Alice en le sortant de sa poche.

- Le pendule c'est la base, fit Noah.

- Enfin techniquement c'est l'aura, expliqua Eva.

- Donc on va travailler l'aura? demanda Alice.

- Ouais, fit Eva. On commence quand même par la préface quand on lit un livre. Bon mets toi à l'aise.

Alice vit alors Noah déplacer la table basse et s'installer au sol comme Eva, les deux enlevant leurs chaussures. Alice défit alors ses lacets et enleva ses baskets puis ses chaussettes, restant pieds nus.

- Faut tout enlever, fit Eva.

- Pardon? fit Alice choquée.

- Laisse tomber, la magie nue a disparu, fit Noah.

- Une seconde... Vous êtes sérieux là ? fit Alice.

- On t'a dit disparue, fit Eva. Maintenant ta gueule et écoute.

Alice allait rétorquer une réplique bien cinglante mais quand elle vit le regard d'Eva, elle préféra se faire violence et conserver le silence.

- Alors, petite définition, fit Eva. Pour faire simple, l'aura est l’énergie électromagnétique qui émane du corps humain. Bien entendu, notre corps vibre. Les animaux et les plantes vibrent aussi, car toute chose irradie une énergie : une chaise, une maison, un arbre, une fleur, un oiseau. Tout est vibration. Par conséquent, une aura émane de tout ce qui est.

- Quand Noah m'a touchée... la main, précisa Alice en voyant le sourire empli de mesquinerie d'Eva, j'ai ressenti un picotement. C'était ça ?

- Oui, fit Noah en regardant méchamment sa sœur.

- Quoi? J'ai rien dit ! fit Eva.

- Donc la magie est présente en toute chose? demanda Alice.

- Effectivement, mais pour la plupart des gens, c'est imperceptible. Les animaux sont plus réceptifs, t'as déjà dû voir les chats fixer le vide non? demanda Noah.

- Ils détectent la magie... D'accord... Et on s'entraine comment à user de l'aura ?

- Elle est impatiente, fit Eva. Je t'adore déjà. En fait il y a deux techniques pour maîtriser l'aura, toutes deux sont liées à la guérison.

- Guérison ? répéta Alice surprise.

- On ne fait pas repousser les membres, fit Noah. Il y a deux types, mais le second ne te sera pas accessible tout de suite.

- Trop compliqué je suppose, fit Alice.

- Oui, fit Eva. Commençons simplement. La guérison de base est la guérison aurique. Tu changes l'état d'une personne grâce aux couleurs.

- Aux couleurs ? fit Alice surprise. Comment ?

- C'est ce que nous visualisons pour guérir. Imaginer un fond de cette couleur. La couleur violette ou lavande pour obtenir un effet apaisant en traitant le système nerveux, comme les douleurs musculaires. Pour revigorer, le vert est parfait, il permet de remettre le corps en forme. Pour inspirer et permettre que l'on se sente bien , les jaunes et les orangés sont mieux.

- Violet pour les nerfs, vert pour remettre en forme, jaune pour le bien-être, répéta Alice en mémorisant.

- Promis tu n'auras pas d'examens, fit Eva. Pour traiter les problèmes sanguins et des organes, utilise des bleus tant clairs que foncés pour apaiser, du vert tendre pour revigorer, et du rouge vif pour stimuler.

- D'accord... C'est efficace ? Réellement? demanda Alice.

- Oui, mais c'est long, fit Noah.

- Ensuite, fit Eva lassée d'être interrompue. Pour traiter les cas de fièvre, d’hypertension artérielle ou d’hystérie, employe du bleu. En cas de refroidissement ou quand la chaleur corporelle est insuffisante, concentre toi sur le rouge.

- C'est vachement compliqué quand même, fit Alice.

- Fais lui une démonstration, fit alors Eva à son frère.

Alice vit alors Noah lui tendre la main et elle hésita avant de la prendre. Elle le vit alors fermer les yeux et se concentrer. Alice restait les yeux rivés sur la main de Noah qui tenait la sienne. Soudain, elle fut parcourue de frissons et elle prit peur arrachant sa main de celle de Noah inquiète.

- Calme toi, fit ce dernier posément.

- Qu'est-ce que tu faisais ? demanda Alice.

- Je visualisais du bleu, fit ce dernier.

- Le froid, contre la fièvre, comprit Alice. Tu m'as donné froid, fit elle en attrapant sa veste.

- Navré, fit ce dernier, tu veux un café ?

- Non merci... fit Alice inquiète.

- Si tu le sens comme ça, c'est parceque l'on maîtrise totalement la magie depuis longtemps, ce serait toi ce serait léger.

Alice ne se sentait pas bien du tout, malgré sa veste elle avait toujours froid et elle tremblait énormément.

- Merde Noah, tu lui as laissé un contrecoup, fit Eva en s'approchant d'Alice.

Alice se fit alors frotter le dos et les bras par Eva tandis qu'elle regardait Noah. Celui-ci semblait s'en vouloir énormément.

- C'est... c'est quoi cette histoire de contrecoup ? demanda Alice.

- Une magie extérieure qui influence la tienne, dans des cas extrêmes ça peut amener ton corps à mourir, expliqua alors Eva.

- Quoi? fit Alice en se relevant. Vous êtes malades !

- Calme toi, fit Noah en se levant.

- Me touche pas! fit Alice paniquée.

- J'aurai dû préciser pour les rituels extrêmes, là tu es juste refroidie, c'est comme si t'étais sortie sans veste en plein hiver, fit Eva. Noah ne te veut pas de mal, j'en suis certaine.

- Alice, je suis désolé...

- Tu... ne l'as pas fait exprès alors? demanda Alice.

- Bien sûr que non, lui confirma Noah.

- D'accord...

- Il faut savoir que les protecteurs ont un peu de mal à doser leurs puissances, fit Eva.

- C'est pour ça que le courant a déconné chez moi? demanda Alice.

- D'ailleurs je ne comprends pas la présence des runes sur ces constructions modernes, fit Eva. Un architecte qui connait ça, ça devait être un natif.

- C'est si rare ? demanda alors Alice étonnée.

- Plutôt oui, mais à Salem après tout... éluda Eva.

- Et la seconde variante de guérison ? demanda alors Alice.

- Il s'agit de la guérison pranique, fit Noah.

- Imaginons que je ne sache pas ce que c'est.

- Ok désolé...La guérison pranique se fait en envoyant du prana, euh... énergie vitale?

- Comme dans les mangas? demanda Alice pour avoir un meilleur exemple.

- On va dire ça, fit Eva. Les humains ont depuis longtemps interprété nos pouvoirs comme cela, dans la fiction etc. Bref.

- Donc tu envoies le prana de ton corps dans les régions malades ou affectées pour stimuler les cellules et les tissus afin qu’ils fonctionnent normalement, et permettre l’expulsion des déchets de l’organisme. Elle se caractérise par des gestes de balayage et d’imposition des mains.

- En bref, fit Eva. Le prana c'est la force vitale qui sous-tend toute action physique de l’organisme. Le prana est responsable de la circulation du sang, du mouvement des cellules et de toutes les opérations dont dépend la vie du corps physique.

- D'accord... fit Alice essayant de cerner.

- C'est la spécialité des protecteurs, fit alors Eva. Je vais te montrer.

Alice vit Eva aller chercher quelque chose dans la cuisine et la vit horrifiée revenir avec un couteau.

- Tu... vas faire quoi ? demanda Alice assez inquiète.

- Tu vas voir... Ho la vache, fit elle en se tallaidant le bras.

- Merde! fit Alice en panique.

Elle vit alors Eva tendre son bras meurtri à son frère et ce dernier posa sa main sur l'estalifade et ferma les yeux. Quelques secondes plus tard, il n'y avait plus aucune trace.

- C'est génial !!!! fit Alice.

- Si on veut, fit Eva.

- Pardon? demanda Alice.

- Le traitement des protecteurs à cause de ce don s'est souvent résumé à les considérer comme des boîtes à outils, fit Noah.

- Pourquoi...

- Oui?

- Pourquoi tu ne m'as pas soignée dans la ruelle? demanda alors Alice. Je saignais de la tête.

- Je sais, mais j'espérais que tu croies avoir rêvé de tout ça, fit il.

- D'ailleurs comment tu as capté la bizarrerie ? demanda Eva.

Alice réfléchit au signe le plus probant pour elle et hésita longuement.

- J'ai vu quelque chose dans ses yeux en classe... Comme une lueur, fit alors Alice craignant à une autre moquerie.

Étrangement, elle vit la surprise dans le regard d'Eva et un étonnement lié à la confirmation dans ceux de Noah.

- Tu as vu la lueur magique? fit Eva étonnée.

- Oui, je crois... Une lueur violette dans ses iris, confirma Alice.

- Surprenant... fit Eva.

- Comment ça surprenant, c'est logique non? La magie se manifeste chez vous je suppose, fit alors Alice.

- Je comprends qu'elle utilise aisément le pendule alors, fit Eva.

- Je me doutais qu'elle avait vu quelque chose mais...

- Hey ho je suis là ! Expliquez moi.

- Ok, tu dois être une réceptive, fit Eva.

- Et donc...

- Il existe des gens dans le monde, on les apparente souvent aux médiums, qui sont capables de sentir la magie, les petites fluctuations que nous créons.

- Je serai une réceptive alors? fit Alice surprise.

- La plupart des gens ne s'en rendent pas compte, tant qu'ils ne croisent pas quelqu'un comme nous, fit Noah.

- Et ça permet quelque chose ? À part faire joujou avec le pendule? demanda Alice.

- Disons que tu dois être liée aussi à un élément mais tu ne pourras pas en faire grand chose, fit Eva.

- Donc... Je ressens votre magie mais c'est tout?

- Navrée de ta déception, mais c'est souvent comme cela. La magie n'est quasiment portée que par les lignées, nous sommes les seuls à pouvoir en user réellement efficacement, expliqua Eva.

- Et vous pouvez m'apprendre à être réceptive ?

- Pourquoi tu veux apprendre cela? demanda Eva.

- Ça pourrait être utile non? fit Alice.

- Ce n'est pas si bête, fit Eva.

- Je ne suis pas partant pour ça, fit Noah.

Alice le regarda choquée, pourquoi ne voulait-il pas qu'elle apprenne quelque chose comme ça ?

- Tu m'en crois incapable ? demanda Alice.

- C'est pour ta sécurité, fit il. Être avec nous peut être assez dangereux.

" Dangereux... Sans doute... Mais je m'en moque, c'est tellement intéressant..."

- Bon, fit Eva. Noah tu vas essayer de lui apprendre à ressentir l'aura.

- Pourquoi pas toi? demanda Alice étonnée.

- Je dois aller voir quelqu'un, fit elle. Et je passe chercher à manger.

- Pourquoi tu nous laisses seuls? fit Alice inquiète.

- Secret défense, fit Eva. Crois moi tu n'as pas envie de savoir. Bon pizza ou KFC? demanda-t-elle.

- N'importe, fit Alice inquiète en la voyant se préparer à sortir.

- Allez j'en ai pour une ou deux heures... Soyez sage! fit elle en refermant la porte.

" Une ou deux heures? Seule avec Noah?" pensa Alice en le regardant gênée.

- Désolé de son comportement, fit Noah. Allez assieds toi.

Alice s'exécuta et le vit lui tendre les mains, elle les prit alors quelque peu gênée.

- Pense au bleu ou au rouge, en respirant profondément, fit Noah.

Alice inspira et visualisa du rouge, longtemps, très longtemps.

" Ça ne marche pas je suis sûre, je suis complètement nulle..."

Elle ouvrit les yeux doucement et vit que Noah l'observait fixement avant de baisser la tête comme pour éviter d'être repéré.

- Tu n'as pas un conseil ? demanda Alice.

- Euh... Imagine comme si l'air ondulait comme l'eau, fit il. Tu finiras peut-être par sentir quelque chose.

" En bref... démerde toi."

Alice inspira encore en cherchant à se concentrer, elle n'arrivait pas du tout à imaginer une couleur les yeux clos et préféra tenter de ressentir quelque chose. Ses yeux clos ne lui laissaient que les ténèbres, elle ne voyait rien. Elle voulait tellement voir quelque chose, montrer qu'ils avaient raison de prendre du temps pour elle.

" Allez... je veux voir..."

Soudain, elle crut percevoir quelque chose, elle n'en était pas sûre mais elle aurait juré avoir vu une lueur sur le côté.

- Je...

- Oui? fit Noah.

- Non rien... Ho...

Tout à coup, elle revit ce qu'elle croyait avoir vu, c'était comme une ondulation d'une goutte sur l'eau, la petite ondulation caractéristique mais c'était constitué de lumière.

- Ça ressemble à la surface de l'eau, fit Alice.

- C'est ça... C'est l'aura que tu ressens.

- Et je fais quoi ensuite ?

- Reste concentrée essaye de voir ceci...

Alice se demandait de quoi il parlait quand elle ressentit une légère chaleur dans ses mains. Les yeux clos, elle repéra là ou se trouvait ses mains une ondulation, c'était la magie de Noah qu'elle voyait.

- Je vois quelque chose près de mes mains.

- Ça te vient tout seul, tu dois vraiment être une réceptive.

- Et c'est quand-même bien? demanda-t-elle.

- Tu es douée, si c'est ce que tu veux savoir.

Alice ouvrit les yeux quand elle le sentit lâcher ses mains.

- Tu vas continuer à essayer de le ressentir, je vais aller chercher quelque chose qui va t'aider. Continue un peu toute seule.

Elle le vit se lever et se diriger vers sa chambre, alors elle enleva sa veste et tenta à nouveau de visualiser les choses autour d'elle mais à part quelque point lumineux, rien n'était aussi visible que les mains de Noah. Elle ouvrit alors les yeux en soupirant, Noah n'était toujours pas revenu. Elle décida alors de se lever et d'avancer dans l'appartement, ses pieds nus avançant discrètement sur le parquet. Elle entendait des bruits de cartons sur le sol et finit devant la porte de la chambre de Noah.

" Je vais y entrer? Ce n'est pas malsain ?"

Alice hésita un peu, poussant la porte du bout des doigts. Elle put alors voir Noah penché sur des caisses en train de chercher quelque chose visiblement, et assez nerveusement nota-t-elle. Elle l'observa un petit avant de frapper à la porte en fermant les yeux, de peur de le gêner.

- Vas y entre, fit il alors. Fais comme chez toi.

Alice sourit et passa alors la porte découvrant ainsi à quoi ressemblait une chambre de sorcier. Étrangement elle fut déçue, c'était une simple chambre d'adolescent, assez sommaire qui plus est. Étonnamment, elle ne fut pas surprise d'y trouver des posters de groupe de métal même au dessus du lit de ce dernier. La plupart des posters représentaient les grands noms de ce style: Metallica, ACDC, Korn, Slipknot et même Black Sabbath. Cependant, ce fut ce qui agrémentait la chambre qui la surpris le plus, une quantité gigantesque de livres, il y en avait tout simplement partout. Elle marcha tranquillement dans cette chambre qui s'apparentait presque à une librairie tant il y avait de livres en réalité.

- Tu es clairement un littéraire, fit Alice amusée.

- Tu comprends pourquoi chez toi, j'étais resté sur la bibliothèque, fit il en souriant.

- Je peux regarder ce qu'il y a? demanda-t-elle.

- Ne te gêne pas, bon c'est pas là... fit il en posant une boîte.

Alice fit le tour de la chambre découvrant des auteurs en tout genre, de Jane Austen à Arthur Conan Doyle, de Mary Higgins Clark à Agatha Christie, de Stephenie Meyer à JK Rowling en passant par Asimov, Ellroy, King, et bien d'autres. Alice avait une bibliothèque devant les yeux, c'était un fait. Elle regardait la quantité énorme de livres posés sur un meuble avant de remarquer le tiroir ouvert.

" Ho merde..." fit elle alors en refermant sans bruit le tiroir de boxers du jeune homme.

Alice espérait qu'il n'ait rien vu et visiblement, vu qu'il était toujours plongé dans sa recherche, il n'avait rien remarqué. Elle s'approcha alors de sa table de nuit et découvrit un livre plus usé que les autres, un exemplaire des Quatre filles du Docteur March par Louisa May Alcott et le prit en main.

- C'est ton livre de chevet ? demanda-t-elle surprise.

- Hein? Oui, c'était le livre préféré de ma mère.

- Ha... Désolée.

- Ce n'est rien, c'est comme ça qu'il est un peu devenu le mien, fit il.

- Par rapport à elle?

- Oui, elle l'adorait et donc moi aussi, fit il en posant une autre boîte en soupirant.

- Donc toi aussi? fit Alice surprise de la tournure de phrase.

- Euh... Ouais... Comment dire... C'est son âme qui ancre la mienne, j'ai donc pris des traits de sa personnalité.

- Ha... fit elle étonnée.

- Oui, c'est bizarre.

- Non, c'est un beau sacrifice, ça veut dire qu'elle tenait tellement à toi qu'elle a offert sa vie, fit Alice hésitante.

- Oui, "aussi longtemps que vous vivrez, je ne peux vous souhaiter un plus grand bonheur que celui-ci !"

- C'est une réplique de la mère non? fit alors Alice.

- Effectivement...

Alice préféra se taire et le regarder chercher, toujours debout et inquiète. Elle ne voulait pas se montrer envahissante et tenta un sujet de conversation.

- Tu as déjà fait le devoir d'histoire ? demanda-t-elle.

- Celui que tu étais censée venir m'aider à faire? dit il en riant.

- Oui, celui-là, dit Alice en riant.

- Dans le sac sous le lit, fit en la regardant. Tu peux t'installer et le lire si tu veux, fit il simplement.

Alice le regarda surprise et hésita longuement, puis elle s'assit sur le lit avant de s'allonger pour attraper le fameux devoir avant de se figer.

- Il n'y a rien de gênant sous ton lit?

- Ho juste deux ou trois cadavres de chats, fit il en riant de sa mauvaise blague. Non pourquoi ?

- Ho on dit toujours que vous les mecs cachez des trucs pas nets sous vos lits, fit elle en attrapant le devoir.

Elle s'installa en travers du lit, se plaçant dans le sens de la largeur, les jambes repliées pour lire le devoir, sortant son téléphone de sa poche et le posant à côté d'elle.

" Il est bien détaillé, précis... Pas mal, il est vraiment bon élève... Tout est là, plus résumé que le mien mais il va avoir une bonne note."

Alice tournait les pages du devoir quand elle entendit le bruit caractéristique d'un briquet et tourna la tête. Elle se rendit compte qu'il l'observait et surtout elle se rendit compte de la situation gênante dans laquelle elle venait de se mettre, elle était installée sur le lit d'un garçon, seule à seul avec lui dans une chambre, sans personne pour empêcher un dérapage.

- Une cigarette ? demanda-t-il alors en tendant le paquet.

Elle regarda le paquet et fut dubitative. Elle finit alors par en prendre une, désireuse de ne pas se montrer trop midinette et prit le briquet. Dès la première bouffée, la fumée passa sa gorge et elle s'étrangla en toussant.

- Ho la vache ! fit elle en toussant.

- Première cigarette ? fit il supris. Mauvaise idée, dit il en tendant la main.

- Tiens, fit elle en lui rendant. Beurk...

- Pourquoi en prendre une alors ? fit il amusé.

- Je ne sais pas, fit elle bêtement.

Elle regarda sur le côté vexée, elle avait voulu avoir l'air plus cool que l'image qu'elle avait et venait de le regretter amèrement. Elle se leva et se dirigea vers le poste de radio.

- Je peux? demanda-t-elle.

- Vas y... Haha! Trouvé !

Alice se retourna alors et le vit avec un petit ruban dans les mains, ainsi qu'un deuxième. Elle le regarda, lui tout à sa joie et elle complètement perdue. Elle le vit sortir un poinçon et s'affairer sur le ruban noir sans vraiment prendre attention à elle. Elle ne savait pas pourquoi mais cela la vexa.

" J'étais allongée sur le lit et il n'a même pas fait d'allusions bizarres... Je comprends son Joker, il ne voulait pas me blesser... Mais après tout, je m'en fous."

Elle appuya alors sur le bouton ON du poste de radio et de la musique résonna. Étonnement elle était réglée sur une station de musique rétro et c'était un musique assez datée qui retentit quelques secondes avant que le présentateur reprenait son animation.

- C'était Little Green Bag que vous connaissez sans doute pour sa présence sur la bande originale du célèbre film de Quentin Tarantino, Reservoir Dogs. Tout de suite nous reprenons avec une chanson de Marvin Gaye de soixante-neuf que le grand public connait surtout pour sa présence sur la publicité Levi's Cinq cent un de quatre-vingt-cinq. Marvin Gaye, I Heard It Through The Grapevine, à tout de suite.

Alice écouta le rythme de la chanson et c'était une réalité que les rythmes des plus anciennes se mémorisaient aisément. Elle bougea peu au départ, déplaçant à peine ses pieds nus sur le sol de la chambre avant de finir par se déhancher en profitant de la musique. Elle remuait la tête en rythme s'amusant toute seule vu qu'on ne lui prêtait pas de grand intérêt avant de remuer également du bassin sous la musique. Elle finit par tourner sur elle-même avant de se figer. Noah l'observait assez surpris et visiblement son regard avait dû la regarder se déhancher depuis un moment. Elle rougit en déglutissant, remettant une mèche de cheveux derrière son oreille.

- Désolée... Je me suis laissée aller, fit elle.

- Ne t'excuse pas, je ne suis pas de très agréable compagnie, j'étais... occupé, fit il mal à l'aise.

" Une seconde... Il me matait? Il m'a regardée danser? Ho merde, c'est encore plus gênant..."

- Tu as fini? demanda-t-elle pour éviter le moment gênant.

- Hein? fit il en la regardant visiblement toujours sous le choc. Euh oui...

Alice le regarda encore plus surprise, visiblement ce qu'il avait vu lui avait plus que plu. Elle le vit s'approcher et par pur réflexe se plaqua contre le meuble.

- Tu vas pouvoir enrouler ceci autour de tes doigts, fit il en tendant un ruban noir rempli de symbole.

- Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle par acquis de conscience.

- Cela permet d'apprendre à se concentrer sur une onde, attends.

Il lui prit la main et lui montra comment enrouler le ruban autour de ses doigts et elle fut gênée du contact.

- Maintenant tu pourras remarquer en te concentrant que tu verras les ondes du bracelet.

Alice ferma alors les yeux et se concentra et effectivement, il y avait bien cette petite onde autour de sa main.

- Ça marche! fit elle en ouvrant les yeux et souriant.

Elle se rendit compte que Noah tenait toujours sa main et elle déglutit, la situation en était revenue à ce qu'elle avait été dans la classe vide. Elle le fixait à nouveau du regard et cette fois, elle hésita moins. Alixe se hissa soudainement sur la pointe de ses pieds pieds nus et déposa un baiser rapide sur les lèvres de Noah, avant de se reculer en écarquillant les yeux.

- Je... Je suis désolée, je sais pas ce qui m'a prise, fit elle alors en bafouillant gênée et baissa les yeux.

Elle s'était attendue à un commentaire graveleux mais rien ne vint, elle releva les yeux vers lui et vit son regard gris sur elle. Il semblait essayer d'enregistrer ce qu'il venait de se passer. Lentement elle le vit s'approcher et elle se cala encore plus contre le meuble, ses fesses totalement dessus, tellement qu'elle aurait pû s'y asseoir.

- T'énerve pas, fit elle inquiète.

Elle sursauta quand elle sentit ses mains sur sa taille et elle les regarda avant de le regarder dans les yeux.

- Qu'est-ce que tu fous? fit elle soudainement.

Il s'était encore approché et elle était désormais collée à lui, ou plutôt lui à elle, elle paniquait littéralement. Puis elle le vit s'approcher plus lentement et déglutit une nouvelle fois. Le visage de Noah était extrêmement proche du sien et elle comprit ce qu'il allait faire. À cet instant, comme sous un accord tacite, ils approchèrent leurs lèvres l'un de l'autre. Avec douceur Noah posa ses lèvres contre les siennes, plusieures fois. Alice se laissa alors guider et, désireuse d'un véritable baiser, qui serait réellement le premier, elle entrouvrit légèrement les lèvres en livrant leur pulpe tendre à celles de Noah, elle offrit ses lèvres à un baiser plus impétueux tandis qu'ils partageaient leurs souffles, leurs vies dans un baiser qui les unissaient. Alice se surpris elle-même lorsqu'elle sentit le bonheur, le plaisir, voir le désir l'envahir tandis que leurs langues couraient l'une sur l'autre. Elle leva les bras et les passa autour du cou du protecteur des sorcières.

" Je suis complètement dingue ! Je suis en train de l'embrasser ! Et j'insiste en plus ! Mon premier baiser ! "

Lentement elle se sentit être appuyée sur le meuble, plus fortement, plus outrageusement même, tandis que les mains de Noah remontaient sous son t-shirt et elle paniqua, rompant le baiser et le repoussant.

- Arrête ! fit elle en le poussant.

- P... Pardon, je ne sais pas ce qui...

Par réflexe, elle lui administra une gifle retentissante, faisant tomber le ruban par la même occasion.

- Hey mais...

Alice écarquilla les yeux de son geste et fila vers le salon attrapant ses chaussures qu'elle remettait rapidement.

- Stop attends, fit il en saisissant son bras.

- Ça n'aurait pas dû se faire, j'ai cru... Je ne sais pas ce que j'ai cru mais il ne s'est rien passé.

- Alice, c'est pas un drame ce n'est qu'un baiser, fit alors Noah.

- Si, je n'aurai pas dû, dès que ta sœur sera revenue je rentre, fit alors Alice paniquée

- Mais attends, c'est pas dramatique...

- Si ça l'est ! fit elle en s'énervant. Je ne suis pas venue pour ça !

- Ok j'ai abusé mais je ne t'aurais pas forcée, fit il alors.

- Forcée ? Comment ça forcée ? fit elle surprise.

- Je...

- T'allais essayer de... Ho mon dieu, fit elle alors.

- Calme toi, s'il-te-plaît.

- T'allais me baiser? C'est pour ça que tu voulais que je vienne ? Me sauter? hurla-t-elle.

- Arrête d'hurler, bon sang.

- Réponds à cette question... Tu m'as fait venir pour quoi? demanda-t-elle.

- Pour t'enseigner des trucs.

- Quel genre de trucs? demanda-t-elle.

- Bon sang, tu m'as compris, je ne comptais pas profiter de toi, j'ai... J'ai cru que tu voulais que je t'embrasse, fit il.

- Ok, je t'ai smacké vite fait, je crois que c'était juste de la joie. D'avoir réussi, c'est tout!

Alice voulait rentrer et chercha son téléphone pour appeler un taxi quand elle se rendit compte que son téléphone était resté sur le lit de Noah et elle se figea.

- Qu'est-ce qu'il y a? demanda-t-il inquiet.

- J'ai oublié mon téléphone sur ton lit, fit elle gênée.

Elle le vit filer vers la chambre énervé et elle le suivit sans doute inquiète qu'il ne le jette mais elle le fit juste le ramasser et lui tendre.

- Tiens.

- Merci, fit elle en le prenant. Je... Je m'excuse.

- De quoi? fit il alors.

- La gifle... J'ai répondu à ton baiser, je n'aurai pas dû te gifler.

- C'est rien, j'ai... C'est moi, je n'aurai pas dû t'embrasser. En plus t'es amoureuse de l'autre crétin alors... Je m'excuse d'accord ?

- Quoi? Tu t'excuses?

- Oui, tu... Tu es perdue

- Je suis quoi ? fit elle énervée. Je suis une gamine stupide ? T'as cru te faire une petite conne? Tu crois que j'en avais pas envie ?

- T'avais envie que je t'embrasse ? fit il totalement étonné.

- Oui! Mais pas plus bon sang.

- J'ai abusé d'accord...

- Pourquoi tu m'as embrassée ? fit elle soudainement. Pour t'amuser ou parce que je te plais ?

- C'est pas le sujet.

- Réponds !

- Parce que tu m'obnubiles! T'es contente? Je crève d'envie de t'embrasser depuis un moment. C'est bon?

Alice ne savait plus quoi répondre et s'assit sur le lit sous le choc.

- C'est si improbable que ça te choque à ce point ? demanda-t-il.

- Je... Je ne plais à personne, fit elle alors. Aucun garçon ne m'a jamais draguée...

- Techniquement moi non plus, fit il alors.

- Tu te trouves drôle ? fit elle vexée.

- Désolé, je ne voulais pas...

- Quoi? fit elle en le regardant.

- Tu dis aucun garçon... Ça veut dire...

Alice comprit alors ce que réalisait Noah et soupira.

- C'était mon premier baiser, fit elle.

- Merde.

- Comment ça merde? fit elle choquée.

- Je t'ai gâché cela non? fit il alors en s'asseyant.

Alice mit immédiatement de l'espace entre eux deux, s'éloignant par sécurité. Elle vit son regard surpris et réalisa à quel point sa réaction était disproportionnée.

- Je devrai y aller, fit elle.

- Je vais te ramener, dit il en attrapant sa veste.

- Tu n'es pas obligé, je peux appeler un taxi ou un Uber, fit elle alors.

- Écoute, vu ce que je viens de faire c'est le minimum. Juste le temps de prévenir Eva, fit il en envoyant un texto.

Alice se rendit alors compte que la ramener signifiait à moto et cela l'angoissa un peu plus. Mais après tout, c'était une façon pour lui de s'excuser et elle le suivit jusqu'au garage de l'immeuble. Elle le vit sortir la moto et lui tendre un casque.

- C'est... la première fois que je vais monter sur une moto, tu peux me promettre de ne pas rouler trop vite? demanda-t-elle.

- Promis, je ferai attention à toi, fit il calmement en mettant son casque.

- Noah? l'interpella Alice.

- Oui? fit il en enlevant le casque.

- Tu... Tu n'as rien gâché, j'ai... apprécié.

- Je m'excuse, je n'aurai pas dû saisir l'occ...

- Je te plais vraiment ? demanda-t-elle en l'interrompant brusquement.

- Tu en doutes encore franchement ? Alors oui, j'aurai dû t'inviter quelque part, boire un café ou n'importe quoi d'autre que ce qu'il s'est passé mais...

- Et tu as apprécié ? demanda-t-elle.

" Je suis complètement cinglée... La seule chose qui m'intéresse est de savoir si le baiser lui a plu..."

- Tes lèvres sont très douces, fit il en souriant.

- Tu... Tu trouves ? fit elle en rougissant.

- Alice, ne manque pas de confiance en toi, même si c'est très plaisant de te voir gênée.

- D'accord... fit elle en enfilant le casque pour mettre fin à la conversation.

Elle le vit s'installer et lui faire signe de grimper. La Harley-Davidson crachait sa pollution par le pot d'échappement tandis qu'elle monta à califourchon dessus. Elle était complètement angoissée quand elle passa ses bras autour de lui et elle serra de toutes ses forces. Il démarra alors et elle ferma les yeux, ignorant quelles routes il prenait tant elle avait peur.

" Je vais mourir... C'est horrible, je sens les vibrations... Le vent, les voitures pas loin..."

Elle conserva les yeux fermés et se rendit compte qu'elle voyait une onde juste devant elle: Noah. Ce qu'il avait pris le temps de lui apprendre était désormais ancré en elle et voir cette lueur la rassura. Soudain, elle sentit une des mains de Noah sur la sienne et comprit qu'il voulait la rassurer.

" Sa présence... Je la vois par l'aura, c'est tellement étrange."

Elle sentit alors la moto ralentir et se déporter sur le côté, Noah se garant. Elle sursauta quand il s'arrêta et posa ses pieds au sol avant de placer la moto en équilibre. Elle descendit alors se frottant les jambes.

- Pas eu trop peur? demanda Noah après avoir enlevé son casque.

- Non, ça va, fit Alice en lui tendant le sien toujours gênée.

- Si tu veux que ce qui s'est passé reste sous un tapis, dis le, fit alors Noah.

Alice le regarda un peu surprise et elle comprit qu'il disait cela pour elle.

- Je ne sais pas trop, répondit elle.

- Qu'est-ce-qui te pose problème honnêtement ? fit il calmement.

- Je me pose trop de questions, je ne sais pas où j'en suis... Je voulais t'embrasser mais... Je ne sais pas vraiment ce que je ressens pour toi.

- Ok... fit il surpris.

- Désolée mais c'est tout ça, c'est nouveau ce dont on parle, dit elle en faisant attention. Eva aussi et ses insinuations... Tu comprends ce que je veux dire?

- Pas vraiment en réalité, dit il sincèrement.

- Mais...

- J'ignore ce que tu veux, prends le temps d'y réfléchir si tu as besoin. De toute façon demain, je risque de ne pas me pointer au lycée. Et je serai injoignable.

- Ha bon? fit elle étonnée. Ce n'est pas à cause de ça au moins?

- Non ne t'inquiètes pas, je ne suis pas borné à ce point.

- Et vendredi, tu viens? demanda-t-elle.

- C'est si important ? fit il surpris.

- Bah, il y a la collecte pour les chars... Désolée c'est stupide par rapport à toi, fit elle désolée de sa bêtise.

- C'est le truc carwash? fit il alors en réfléchissant.

- Oui, fit alors Alice.

- Dire que je pensais que c'était un délire des séries et des films, fit il encore surpris.

- J'aurais préféré également, fit Alice.

- Bon je serai là, et on pourra discuter si tu veux. Sauf si tu as déjà une idée de ce que tu veux?

- De ce que je veux? fit elle étonnée.

- Tu as très bien compris ce que je veux dire, fit il avec un sourire.

" Il veut sortir avec moi? Sérieusement ? Lui?"

- Tu... Une question avant, ce bracelet de protection, il influence les rêves ?

- Hein? Bien sur que non... Pourquoi ?

- Pour savoir, juste pour savoir.

" Donc le rêve n'était pas impliqué par le bracelet."

- Bon, fit il en se préparant à repartir. Passe une bonne soirée.

- A... Attends, fit elle en approchant de lui et lui touchant le bras.

- Quoi? fit il étonné.

- Sois prudent, fit elle en l'embrassant sur la joue.

Après le contact, il la regarda et elle avait envie de l'embrasser à nouveau mais elle était bien trop perturbée pour oser. Elle voulait réfléchir à la situation, peser les pour et les contre.

- Alice? fit Noah.

- Quoi? fit elle surprise.

- Je m'excuse, fit il alors.

- Arrête, ce n'était pas...

- Je parle de ceci, fit il en s'emparant doucement de ses lèvres.

Alice fut surprise mais ne le repoussa pas. Noah ne prolongea pas trop le baiser, n'insistant nullement.

- Tu...

- Je voulais recommencer, désolé, fit il en mettant son casque.

- Sois prudent, je t'en prie... Et je ne parle pas de moto, fit elle alors un peu inquiète.

- À vendredi.

- T'as intérêt d'être là, fit elle alors.

- T'as envie de me voir laver des voitures ? fit il amusé.

- J'ai... J'ai l'impression que ma réponse te plaira, fit elle alors.

Elle l'avait surpris, c'était elle qui avait eu le dernier mot. Et pourtant cette fois encore il l'avait embrassée et même si elle l'avait voulu également, elle n'appréciait nullement d'être prise au dépourvue. Il ne lui restait plus qu'à attendre le vendredi et surtout... à hésiter encore un peu.**********


Laisser un commentaire ?