Balafrée, Tome 1 : Stochasis
Un mois entier passe dans une routine simple : centre, pouvoirs, repas, travail, repas, dodo. Bien que nos exploits mentaux ne dépasse guère le stade d'un simple mouvement, nous étions fières à chaque fois. Je le faisais avec plus d'aisance que Chari mais nous ne le faisions pas remarquer. Je voyais de moins en moins Skoteinos, désormais, je ne le croisais plus que dans la rue et le conversation se limitait souvent à un simple bonjour. A chaque fois, il semblait stressé et partait rapidement. Chari et moi ne faisions plus de recherches sur les Stochastis.
Je sors du centre d'entrainement avec Chari à mes cotés lorsque Skoteinos, que nous n'avons pas vu depuis des jours, apparait devant nous. Son visage affiche un air inquiet et désolé. Il dit d'une voix rapide :
– Mon père va le faire ! Il va te dénoncer, il faut que tu partes !
– Tu n'as pas pu le convaincre ? dis-je en me mordant la lèvre inférieure.
– Non, il n'est pas sur que tu ne sois pas une... chose, enfin tu vois, je t'en avais parlé.
– Et moi dans tout ça ? questionna Chari.
– Tu viens avec moi, non ? T'avais dis que t'étais d'accord, dis-je.
– Elle sait que tu fais... des recherches ? me demanda Skoteinos.
– Oui, elle m'aide de temps en temps.
– Et elle est au courant de ce qu'elle risque ?!
– Oui, je sais bien que ce n'est pas sans danger de chercher sur ce sujet, lui répond mon amie.
– Il vaudrait mieux aller dans un endroit plus discret pour parler de ce genre de choses, dis-je car je ne veux pas que l'on nous entende. Si des gens se méfient de nous, il vaut mieux ne pas aggraver notre cas, me dis-je en pensant au livre disparu de la bibliothèque.
Chari nous emmène dans la ruelle où elle a réussi pour la première fois à utiliser ses pouvoirs. C'est toujours la même odeur de déchets, d'excréments et de sueur qui emplie cette partie de la ville. Je commence :
– Elle sait tout, Skoteinos, nous ne nous cachons rien Chari et moi.
– Et si elle n'est pas une personne de confiance ? dit-il, tu ne la connais que depuis un mois et demi.
– Toi aussi, je ne te connais que depuis un mois et demi. En plus, je sais que je peux lui faire confiance, elle me l'a prouvé, Skoteinos !
– Vous pouvez arrêter de parler de moi comme si je n'était pas là ! s'exclama Chari.
– Ok, mais, on fuit, ça me va, mais on va où ? fis-je.
– On va commencer par prendre les petits chemins que nous avons emprunté pour aller à la bibliothèque.
– Oui, c'est une bonne idée, nous n'avions croisé personne, lui répondis-je.
– Et moi, je fais quoi, dans tout ça ? demanda Skoteinos.
– Quoi, toi dans tout ça ? le questionnais-je.
– Je veux venir avec vous ! s'exclama le jeune homme.
– Mais pourquoi ? lui demanda Chari.
– J'en ai marre, plus que marre, de vivre ici !
– Qu'est ce qui te déplait ?
– Il ne se passe jamais rien ! Mais moi, j'ai envie de vivre de l'aventure !
– Ok dit Chari en haussant les épaules, on doit quand même partir au plus vite.
– On se retrouve se soir, à 5h du matin devant le centre, choisis-je
– Ça me va, n'oubliez pas de prendre des vêtements, de la nourriture et des allagis, même si vous devez les voler, dit Chari.
Nous n'ajoutons rien. Nous partons en silence vers notre maison. Quand j'arrive, il est 11h. Gykos s'étonne de me voir ici si tôt :
– Tu ne reste pas avec ton amie, habituellement ?
– Si, mais... sa sœur lui a demandé de... rentrer, mentis-je avec hésitation.
– D'accord, acquiesce Gykos, l'air tout de même peu convaincue.
Je monte dans ma chambre pour lire un peu. Quand ma tutrice m'appelle pour manger, j'ai l'impression qu'il ne s'est passé que quelques minutes. A la fin du repas, je l'aide à ranger. En passant devant l'entrée, je vois son sac ouvert. Je me décide à lui voler son argent. Ça me brise le cœur, je suis bien obligée de voler si je veux survivre. Je réussis à voler 75 allagis, ce qui est beaucoup. Je cache les pièces et les billets dans un sac à dos. Je commence à faire ma valise : je prends un grand sac que Gykos m'a acheté quand je suis arrivée ici. J'y met des affaires pour 4 ou 5 jours. Quand j'entends les escaliers grincer, je sors de ma chambre : c'est le signe que Gykos va faire la sieste. Je prends une grande gourde, de la nourriture pour quelques jours et je remonte. Je travaille tout l'après midi. Quand l'heure du repas arrive, je trouve que le temps à filé encore plus vite que ce matin. Je mange en silence avec Gykos et je remonte dans ma chambre une fois que j'ai terminé et débarrassé. Je me couche immédiatement, bien qu'il ne soit que 19h30 : je vais devoir me lever pour 5h du matin. Je règle mon réveil 30 minutes avant l'heure dite. J'ai l'impression que je viens juste de me coucher quand celui ci sonne. Je me lève dans un état second, comme si j'étais encore sous l'emprise du pouvoir de Chari. 5 minutes avant 5h du matin, je sors dans la rue et marche rapidement jusqu'au centre d'entrainement. Quand j'arrive, Skoteinos est déjà là : il est assis sur les marches qui mènent à la porte d'entrée. Je m'assois à coté de lui en silence, je ne veux pas parler. Bien que je ne connaisse pas très bien mes parents adoptifs, je les aime beaucoup et partir me rend malheureuse. Leur voler de l'argent est important mais je suis dégoutée par cet acte. Chari nous rejoint peu après que je me sois assise. Quand je la vois arriver au coin de la rue, je me lève et Skoteinos fait de même quand elle arrive devant nous. Chari nous guide à travers diverses petites ruelles. Quand nous arrivons enfin sur le chemin, à peine un quart d'heure s'est écoulé mais j’ai l'impression que ça fais des heures que je marche.
Nous marchons, nous ne parlons pas. Pas par peur qu'on nous entendent parce-que nous n'avons rien à nous dire. Enfin à pars que Chari et moi sommes des Stochasis. Mais vu comme Skoteinos à parlé de nous chez moi, sans nous concerter, Chari et moi avons décidé de ne rien lui révéler. Il ne manquerait plus qu'il nous dénonce dans la prochaine ville. Chari et moi serions surement encore plus recherchées. Nous marchons donc, dans le silence. bien que nous n'aillions pas pris de décisions, nous nous dirigeons vers la ville Est. Agacée par le silence pesant, je demande :
— Quand est-ce qu'on s’arrête ? Et où ?
— Aucune idée Ouli mais il vaut mieux que ce soit grand comme ville, pour que nous nous mélangions à la foule, me répond Skoteinos
— Oui, je suis d'accord, les fylakes nous reconnaitrons si nous sommes trop près de la ville Ouest ou que la ville est trop petite, acquiesce Chari.
— Et pour répondre à ton autre question, je pense qu'il vaut mieux faire une pause quand le soleil sera levé, enfin si on est pas arrivé dans une ville d'ici là.
Je jette un coup d’œil à ma gauche : on peut à peine voir le soleil pointer à l'horizon. Le silence reprend, désormais coupé de temps à autre par des cris d'oiseaux. Bientôt nous arrivons sur une route plus praticable. Le soleil monte dans le ciel à une vitesse que je trouve bien trop lente à mon gout. J'ai envie de m’arrêter et de réfléchir à ce qui se passe dans ma vie. J'ai beaucoup de mal à croire qu'un mois et demi plus tôt, j'étais une personne relativement normale. Je trouve le silence encore plus pesant que quand nous sommes partis de la ville. Nous marchons bien plus lentement que quand Chari et moi avons fait le voyage. Si bien que nous mettons bien 2h30 avant d'arriver devant l'entrée de la ville et le miteux panneau indiquant en lettres rouges "Ville Est". Le peu d'animation de la ville réside dans le fait que les gens se lève pour se préparer à aller travailler. Dans une heure, je parie que nous pourrons voir une foule de gens se rendant au travail. Pour le moment les rue sont quasiment vides. Je chuchote pour mes deux amis :
— Je pense qu'il vaut mieux ne pas se montrer pour le moment : les rue sont vides, les gens nous remarqueront encore plus.
— Mais on fait quoi ? me questionne Skoteinos.
— Je pense qu'on devrait rebrousser chemin et prendre une pause dans une des maisons abandonnée. Chari qu'en penses-tu ?
— Je ahhhh suis d'accord avec toi, me répond-elle dans un bâillement.
Nous reprenons donc le chemin en sens inverse, jusqu'à une des maisons, celle qui me semble être la plus solide et en bon état. Nous entrons tout de même prudemment. Il y a de vieux lit en état. Au lieu de dormir chacun dans une chambre, nous réunissons les matelas dans le salon et nous nous couchons, tout les trois fatigué. Je suis la première à me réveiller. je consulte ma montre : j'ai dormi 2h. Il est donc maintenant 9h16. Je m'empresse de réveiller mes deux compagnons. Nous devons profiter de la foule des gens qui vont travailler pour traverser la ville. Skoteinos est bien plus réactif que Chari qui, elle, met un quart d'heure à émerger totalement. Quand nous sommes tous prêt -y comprit la dormeuse-râleuse- et que nous avons mangé un peu, nous sortons et rentrons dans la ville en baissant la tête pour ne pas être reconnus. Heureusement, il y a effectivement une tonne de gens et notre traversée passe inaperçue. Quand nous sortons enfin de la ville, trois heures heure plus tard. Je vais m’assoir sur le bord de la route et pose une question très importante :
— Où est-ce que nous allons ?
— Je sais pas, moi je m'en fiche, me répond Skoteinos.
— J'en ai aucune idée non plus. On n'a pas d'objectif.
— Waouh, j'étais pas au courant, m'exclamais-je sarcastiquement.
Nous restons bien 5 minutes, assis sur le bord de la route à réfléchir à ce que pourrais être notre objectif. Quand je lance :
— Depuis des années, je veux savoir à quoi ressemble la plus grande ville du Grand Quartier, vous êtes d'accord pour venir la visiter avec moi ?
— Oui, moi aussi je veux voyager, me répond le brun.
— Je présume que je n'ai pas le choix, dit Chari en souriant.
Et nous éclatons tous de rire. J'ai l'impression que quelque chose nous uni les uns aux autre. Pourtant je sais bien que Skoteinos n'est même pas de la même espèce que nous.
Comme nous n'avons pas de carte. Chari retourne en ville pour en acheter une. C'est elle qui y va car elle est la moins atypique de nous tous et qu'elle est déjà allée dans la ville. Pendant son absence, Skoteinos et moi ne parlons pas. La seule chose qu'il a fait est s'assoir plus près de moi. Quand notre amie reviens. Elle a une carte dans la main et nous propose quelque chose pour ne pas être reconnus :
— Il nous faut des faux noms.
— Je suis d'accord, lui répondis-je, mais quoi ?
— J'ai pensé à Mavros (noir) pour toi, Ouranos (ciel) pour Skoteinos et Kastano (marron) pour moi.
— Pourquoi Ouranos pour moi ? demanda le garçon
— Parce que tu as les yeux bleu clair et que je ne voulais pas que nous aillons tous des noms de couleurs.
— Ça me va, dis-je, vous en dites quoi ?
— C'est bon pour moi, répond Skoteinos.
Chari nous montre la carte, où nous sommes et le chemin que nous avons parcouru. Nous comprenons alors que la plus grande ville du Grand Quartier est la plus loin : c'est la ville Nord. Cela ne nous décourage pas. Nous profitons de l’examen de la carte pour manger un peu. Nous marchons ensuite toute la journée. Vers 20h30, nous faisons une pause. Nous mangeons encore et nous nous couchons immédiatement après. quand je suis sure que Skoteinos dort, je réveille Chari qui grogne et je l'entraine un peu à l'écart de là où nous dormons. Je commence à parler :
— Chari, je veux aller dans la Ville Nord du Grand Quartier car je suis sure que c'est là que vivent les Sages.
— Oui, c'est bien ce que je me disais.
— Es-tu vraiment d'accord avec l'idée ?
— Oui, en fait il y a aussi une autre raison.
— Ah bon ? C'est quoi ?
— C'était là où j'habitais avant. J'adorerais revoir ma petite sœur.
— Elle ne croit pas que tu es morte ?
— Si, mais pas forcément besoin de lui parler. Je veux juste vérifier qu'elle est en sécurité.
— Pourquoi ?
— Elle va commencer dans quelques mois le programme d'entrainement et je veux savoir comment ça va se passer.
— Oh, je vois. Tu penses que nous allons mettre combien de temps pour rallier la Ville Nord ?
— Je dirais un peu moins d'un mois.
— C'est quand même un peu long, non ?
— Oui, d'ailleurs, en parlant de voyage. On fait quoi de ton copain ?
— Je sais pas. Il reste, non ?
— Ouais mais il fait rien pour nous et comme c'est un peu notre objectif principal. Je pense qu'il vaut mieux qu'il parte au bout d'un moment.
— Hum... Pourquoi pas. Mais pas tout de suite.
— OK.
Et nous retournons nous coucher.