Les archives de Wastelanders

Chapitre 4 : Archive numéro quatre

817 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a environ 1 mois

Merde... Qu’est-ce que je suis venu faire dans cette galère? Je suis trop vieux pour ces conneries!


69 ans... Cela fait 69 putain d’années que je traîne ma carcasse dans ce monde dévasté et en proie au chaos. 69 piges qu’envers et contre tout je parviens à survivre. Et voilà que je me retrouve dans une équipe de bras cassés, en train de suivre une formation militaire pour intégrer une bande de fous furieux esclavagistes. Sérieusement, qu’est-ce qui m’a pris? Et qu’est-ce qui leur a pris aux raiders de m’accepter dans leurs recrues? Sont-ils à ce point en manque de soldats?


Enfin quoi? Du haut de mes 69 printemps, je dois être le plus vieux de la bande (parmi les humains du moins). Je suis plus lourd, plus lent, moins souple que les autres. Il me reste une certaine aisance avec les flingues et les explosifs, unique raison pour laquelle ils me tolèrent dans leurs rangs, probablement, mais à part ça... Chaque jour est un supplice pour mon corps, mes os, mes muscles. Il me faut constamment redoubler d’efforts, serrer les dents afin de ne pas craquer. Lors de notre enrôlement, ils nous avaient promis l’enfer. Ils n’ont pas menti. Mais je tiendrai bon. Je ne veux pas finir en larbins parmi eux. Pas ici. Pas maintenant. Et pourtant, quelque chose me dit que cela n’ira pas en s’arrangeant, car quand l’entraînement sera terminé, commenceront les vraies missions et je doute sincèrement qu’elles soient plus faciles. Sans parler de la mission qui nous a conduit à intégrer les rangs des raiders et qui nous enverra droit à la fosse commune si ces derniers en avaient connaissance. Je suis inquiet, l’avenir m’apparaît bien sombre...


Sans compter que les membres de mon équipe n’arrangent rien... Oh bien sur, il y a Draelia, ma petite protégée. C’est une goule, elle est beaucoup plus âgée que moi mais, allez savoir pourquoi, je la considère comme ma fille. Sa présence m’apporte un peu de joie et d’espoir, mais récemment elle s’est attirée des problèmes en voulant protéger une enfant goule des mauvais traitements que lui réservait un instructeur goulophobe et violent. Désormais ce salaud l’a en ligne de mire et il n’y a rien que je puisse faire pour l’aider. Je suis pieds et poings liés.

Puis, il y a la « Doc ». Que dire d’elle? On ne l’entend jamais. Impossible de savoir ce qu’elle pense ou comment elle pense. De quel côté est-elle? Sa science médicale m’a déjà sauvé la vie mais pourrons-nous toujours compter sur elle dans les coups durs? Mystère. J’apprécie les gens silencieux mais avec elle, c’est trop. Je ne peux m’empêcher de penser qu’elle nous cache des choses. Il m’est impossible de lui accorder ma confiance.

Enfin, il y a Bobby. Celui-là, je me demande si je ne devrais pas le finir à coup de pelle et balancer son cadavre aux charognards. Entre son insolence, son insubordination et ses tentatives foireuses de négociations, il est une source d’ennuis et de tracas à lui seul. Moi qui l’ai toujours jouée discrète afin de ne pas trop attiré l’attention -on ne survit pas 69 foutues longues années dans ces terres désolées en se faisant remarquer sans cesse et en défiant l’autorité- me voilà affublé d’un inconscient qui attire tous les regard en se prenant pour une cible ambulante. Peut-être serait-il moins dangereux pour notre groupe, s'il était mort?


Cela dit, tout n’est pas noir. Malgré tout ces soucis et les journées harassantes, j’ai trouvé le moyen de m’évader et de me ressourcer. Il se trouve que Willie, le gars qui nous sert nos repas -enfin, la tambouille qui remplit nos estomacs- est une sorte de vétéran, un survivant un peu comme moi. Nous avons sympathisé en échangeant nos souvenirs. De plus, il possède de vieilles guitares, devenues très rares -comme à peu près tout- alors le soir, nous jouons de la musique en compagnie de Conway, une autre recrue, qui s’est fabriqué une batterie avec les moyens du bord. De temps en temps, Emmylou, une raider confirmée, vient nous prêter sa voix angélique. Ensemble, nous revisitons les standards du jazz ou du blues, ça fait un bien fou. Aah! Louis Armstrong, «a kiss to build a dream on», à chaque fois que nous la jouons je me sens revivre...


Oui l’avenir m’apparaît sombre. Heureusement il y a des éclaircies et tant que cela sera le cas, je survivrai.


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