Et les étoiles brillaient...
— Luisa ! Les ânes se sont encore échappés ! S’écria le Señor Ramirez, avec le même air penaud et contrit qu’ordinaire.
Luisa réprima un soupir, toute en se relevant du muret, sur lequel elle s’était assise pour manger les arepas, que sa mère lui avait glissé entre deux ‘patients’.
— J’y… Commença-t-elle, avant de sentir qu’on la tirait en arrière, par la ceinture de sa jupe violette.
Surprise, elle se laissa choir à nouveau sur la brique chauffée par le soleil, son visage encore teinté de confusion. Se dressa alors devant elle, la silhouette élancée et familière de Luciana, dans un élan de bouclier humain. Ses poings sur ses hanches et attaché dans son dos, le tout jeune Antonio qui babillait en regardant sa gigantesque cousine.
— Elle n’ira nulle part ! Tonna la plus âgée, sa voix claquant dans l’air tel un coup de fouet ; l’homme en face se raidit. Vous ne voyez pas qu’elle est en train de manger ?
Ses yeux verts lançaient des éclairs et le propriétaire des ânes se tassa sur lui-même. Soufflée, la jeune Madrigal ne pipa mot, mais rougit alors d’inconfort, tout en jouant nerveusement avec ses doigts. Elle n’aimait guère être une source d’ennuis potentiels.
— Comment est-il Dieu possible, que vos ânes s’échappent tous les jours ? Vous oubliez de fermer la porte ? Sinon, comment n’avez-vous pas encore réhaussé les clôtures ? Vociféra la demoiselle Guzmàn en gesticulant. Hors de ma vue ! Elle s’en occupera peut-être, quand elle aura déjeuné ! Sur ces mots, Luciana s’empara des longes et licols des animaux, que le Señor Ramirez avait apporté. OUST !
Le villageois bâtit alors en retraite, aussi vite qu’il lui était possible, tandis que le bambin riait aux éclats en battant des mains ; faisant sourire sa cousine. Luciana, elle, maugréait encore contre l’incompétence du Señor Ramirez, avant de se calmer en soupirant longuement.
— Merci. Lança Luisa dans son dos. Même si, tu n’aurais pas dû faire ça. Abuela ne sera pas contente.
La fille cadette de Julieta craignait, en effet, plus de lire la déception dans les yeux de sa grand-mère, que la colère du villageois. Il n’y avait rien de pire, que l’air sévère et réprobateur d’Alma Madrigal. La culpabilité l’envahissait alors, s’attendant à tout instant à la réprimande. Mais pire que tout, ce qui venait alors, c’était la déception sur le visage aimé de la matriarche.
— Mange, donc. Répondit la jeune femme tout en s’asseyant à ses côtés et soulageant son dos du poids d’Antonio. Je t’aiderai ensuite à les ramener, ces ânes.
Son attention était désormais exclusivement portée sur l’enfant dans ses bras, qui s’extasiait du monde autour de lui, avec les yeux de l’innocence. Un papillon passa non loin de lui, le faisant rire en tentant de l’attraper. Sur le visage de Luciana, un sourire aimable se dessina ; en adoration devant cette candeur juvénile.
— Tu nous auras tous, ou presque, gardé. Fit remarquer Luisa, avec une pointe d’amertume dans la voix, tout en continuant de se sustenter.
— Oui. Répondit la plus âgée, en ne lâchant pas le bambin du regard. Mais Antonio est, de loin, le plus mignon d’entre vous. Un sourire malicieux se dessina sur ses lèvres, alors qu’elle regardait l’adolescente. Je pense qu’il va même devenir mon préféré. Ne vous en déplaise.
À ces mots, les oreilles de Luisa se mirent à rougir et son corps tout entier se raidit, mais sa bouche étant pleine, elle ne pouvait pas répliquer. Luciana, elle, éclata alors d’un rire sonore.
— Jalouse ? La taquinerie était évidente et révélait la plaisanterie ; plaisanterie qui n’était guère au goût de l’autre fille. La jeune Guzmàn glissa alors son bras sous celui de son amie et conclu. Tu es et tu resteras, ma préférée, Luisa. Tu n’étais pas née, que je t’aimais déjà. Personne, jamais, ne rivalisera avec ça, hermanita. À ces mots, elle claqua une bise sonore sur la joue rougie de sa cadette. Je te rejoins plus tard. Je vais ramener Antonio à Pepa. Bon appétit, Luisita !
En silence, rouge jusqu’aux tréfonds de son être, Luisa regarda la demoiselle partir. Aux coins de ses grands yeux noisette naquirent des larmes douces, amères. Douces, car elle était heureuse de savoir quelle estime et quelle place, elle avait dans le cœur de Luciana. Amères, parce qu'elle était triste également, de constater que cela ne changerait jamais. En vérité, elle aspirait à plus, sans vraiment savoir pourquoi ; ou tout du moins s’interdisait-elle de formuler la raison. Elle aurait tant aimé, qu’elle cesse de la voir comme une petite sœur et qu’elle ouvre enfin les yeux sur son gain de maturité. Elle était une jeune fille, désormais, avec des rêves et des émotions complexes, qu’elle maîtrisait bien mal parfois.
Hermanita. Dit avec cette tendresse enfantine, ce mot la blessait, malgré elle ; cela ne devrait pourtant pas. Luisa devrait être heureuse, au contraire, de toujours compter autant pour Luciana, malgré le temps qui passait ; malgré le destin qui jouait, contre elles ; bien que tout semblait vouloir les séparer.
La fille cadette de Julieta broya alors dans sa main, la serviette à carreaux qui entourait précédemment ses arepas, avant de se lever. L’esprit en vrac et le cœur à l’envers, elle parcourut les rues de l’Encanto de façon machinale. De ci, de là, les gens l’assommaient de demandes d’aide, comme si elle fut la seule à pouvoir les secourir. Elle ne paraissait jamais s’en émouvoir de quelques manières que ce fût ; elle acquiesçait simplement, en notant cela dans son esprit pour plus tard.
Sa force, son don magique, elle en était fière. Son utilité pour le village était primordiale et la fatigue, qu’elle soit physique ou psychique, ne pouvait en aucun cas interférer dans son devoir. Travailler l’empêchait également de trop penser et, surtout, de chercher du sens à ses émotions ou à ses sentiments, qui depuis quelque temps la tourmentaient ; depuis qu’elle avait entendu Luciana chanter, elles étaient à fleurs de peau.
La jeune Madrigal retourna sur la place, s’assurant ainsi que sa mère n’avait pas besoin de son aide dans l’immédiat et lui offrit un sourire. La famille d’abord, toujours. Comme s’ils ne formaient qu’une seule et même entité, aux mêmes désirs et devoirs ; une seule et même vie. Cela ne pouvait être autrement. Ils devaient tous respects et services à la communauté, grâce à leur cadeau exceptionnel.
Rassurée, elle partit à la recherche des ânes fugitifs, l’air déterminé et ne souffrant pas qu’on la dérange dans sa tâche. C’était sans doute cette attitude fermée, qui faisait que les gens ne l’abordaient que pour lui demander un service, en plus de redouter sa force herculéenne. Luisa possédait cette aura particulière, comme tous les Madrigals, mais renforcée par la puissance qui émanait d’elle. Invincible ; indestructible ; intouchable en somme. C’était un poids, qu’elle partageait avec son aînée, Isabela.
Parfaite princesse ; belle, parmi les belles ; fleur splendide, que l’on n’osait pas approcher, de peur qu’elle se fana. La cadette avait beau y songer, nuls autres qu’elles deux ne paraissaient aussi inapprochables. Et pourtant, Luisa avait essayé de nombreuses fois, de partager les jeux des autres enfants ; de s’intégrer dans un groupe, afin de se faire des amis, autres que ses cousins et cousines. En vain. Par crainte d’abord, lorsque les ballons finissaient en charpies. Par moquerie ensuite, car son physique devenait de plus en plus atypique pour une fille. Les remontrances de sa sœur, de sa cousine et même de Luciana aux autres enfants, n’avaient jamais amélioré les choses. Au contraire, elles avaient empiré et, ils se moquaient alors de son incapacité à se défendre seule. Sans savoir, que sa retenue leur était salutaire.
Alors, la sœur d’Isabela était devenue plus solitaire et plus renfermée à mesure que le temps passait ; rompant souvent le dialogue et repoussant les rares qui voulaient l’aider ; qui voulaient l’aimer ; comme Luciana. Toutefois, elle n’avait jamais prévu, que la demoiselle Guzmàn fût dotée d’un caractère aussi tenace, qui la poussait à revenir systématiquement vers elle ; pour toujours lui pardonner. Que ce soit à elle ou même à Isabela. Peut-être même que Dolores n’était étrangère à cela, ou encore Mirabel. Souvent, la cadette de Julieta enviait la simplicité des relations entre Luciana, sa petite-sœur et leur cousine ; les jalousaient même. Mais pouvait-elle réellement leur en vouloir ? Il n’y avait après tout pas vraiment de responsable à trouver dans cette situation, si ce n’était la vie elle-même. Il était probablement, temps pour elle, de simplement laisser le temps faire son œuvre et de cesser de tout vouloir retenir à tout prix. Il y avait des choses, qu’il valait mieux laisser s’effondrer. Sa force, toute magique qu’elle fût, ne peut pas tout retenir.
Au détour d’une rue, Luisa s’engagea sur le chemin de terre, qui menait à l’extérieur du village, ne trouvant aucune trace de Luciana. La jeune Madrigal soupira et continua son chemin, sans sembler s’en émouvoir plus que cela, et se mit à chercher les ânes ; sa mission principale. Mais, ce fût bien autre chose, qu’elle découvrit…
Un frisson lui parcourait l’échine, froid, glaçant et désagréable ; comme une douche glacée non désirée. Ses muscles imposants se raidirent, l’empêchant de bouger de nouveau ; l’empêchant presque de respirer. Même si elle avait voulu détourner le regard, elle en était incapable. Tout en elle était désormais figée de surprise et de stupeur. Son cœur sembla mourir dans sa poitrine, pris alors dans un étau givré et implacable. L'air, qui refusait désormais d’entrer dans ses poumons, la forçait à vivre en apnée. Puis vient la douleur, sourde et déchirante, comme si son corps et son esprit se brisaient de concert en mille morceaux ; comme si quelqu’un les écartelait. Et lorsque enfin, l’air salvateur lui parvient à nouveau dans les bronches, elle dût étouffé un sanglot ; un cri d’effroi.
À quelques mètres d’elle, deux jeunes femmes se tenaient enlacées, dans une embrassade laissant paraître le feu de la passion et, d’une affection loin d’être platonique. Cachées du monde, pour ne pas être jugées ; inconscientes d’être pourtant vues. Et la douleur irradiait l’adolescente, spectatrice involontaire, bien trop consciente de l’identité de l’une d’elles.
Luisa s’arracha enfin à cette vision, honteuse, déboussolée et pétrie de chagrin. Elle battit en retraite, faisant comme si elle n’avait rien vu, alors que des larmes acides ravageaient son visage mûrissant. Sa main sur sa poitrine ; les dents serrées sur sa lèvre inférieure, elle trouva refuge sur un arbre couché près de la rivière. Depuis des mois, elle s’interrogeait sur ce qu’elle ressentait pour Luciana ; se flagellant l’esprit lorsqu’elle s’imaginait à ses côtés, autrement qu’en simple amie. Deux femmes ne peuvent pas… Pourtant, si. Elle en avait la preuve aujourd’hui. Comment était-elle passée à côté de ça ? Luciana ne lui avait jamais paru encline à pareille déviance. Tout le monde, elle y comprit, imaginait la jeune fille parfaite et future de mère de famille. Sa dévotion envers les Madrigals avait sans doute aidé dans la création de cette vision unique et inaltérable.
Luisa avait réprimé ses sentiments avec une telle férocité, pour ne pas incommoder la jeune femme. Si elle avait sû alors, que la personne la plus à même de la comprendre et de l’aider, c’était elle, justement. La jeune Madrigal renifla bruyamment, chassant ses larmes de son visage rougît, qui pâli soudain ; lorsqu’elle se demanda, qui diable, était l’autre jeune femme ; qui était celle, qui avait le privilège d’occuper une telle place dans la vie de son amie.
La jalouse naquît soudainement en son être ; un dévorant poison qui se déversa dans ses veines, tout en empoisonnant son cœur encore innocent. Secouant son énorme chignon, elle tenta de chasser cela de son esprit. Elle n’avait aucunement le droit d’éprouver cela ; c’était mal. Comme c’était également mal de simplement penser possible d’être amoureuse d’une autre fille ! Ses poings se serrèrent durement et ses muscles saillants se raidirent à l’extrême. Son âme cherchait un exutoire, ce qui se manifesta par une envie de destruction pure et simple. Elle haïssait l’inconnue qui embrassait Luciana ; elle haïssait cette dernière de ne jamais la voir que comme une petite sœur ; elle se haïssait de cette faiblesse. Elle n’était pas faible ; elle ne pouvait pas être faible ! Et elle écraserait cela, comme elle pouvait écraser tout ce qu’elle touchait de ses mains.
— Luisa ?
La fille de Julieta sursauta soudain, tombant de la souche dans un bruit mat. Un instant plus tard, Luciana était penchée près d’elle, le regard plus interrogateur, qu’inquiet et un sourire amusé jouant sur ses lèvres.
— Deviendrais-tu maladroite, Luisita ? Se moqua-t-elle gentiment.
L’adolescente au sol fixait du regard ses lèvres, tandis qu’une étrange chaleur lui torturait les entrailles ; une envie profonde et assassine pour son innocence ; ce désir irraisonné de saisir l’opportunité de voler un baiser à la jeune femme ; de ravir ce privilège à celle qu’elle voyait désormais comme une rivale. La jeune Madrigal se fit violence pour réprimer cela et détourna le regard, honteuse.
— Oh. T’ai-je vexé ? Luciana était à des lieues de se douter des combats intérieurs de la jeune fille ; elle tentait le dialogue, en cherchant le regard de cette dernière ; ses si beaux yeux noisettes. Tu vas bien ?
— Oui, je vais parfaitement bien. Trancha la plus jeune, en se relevant d’un mouvement souple et en époussetant sa jupe à la hâte. Pourquoi ça irait mal ?
Elle se força à sourire, avant de remonter sur le chemin, tout en sentant sa paupière trembler ; tout en fracassant ses sentiments. Dans son dos, son amie haussa ses épaules en soupirant, avant de la rejoindre, afin de récupérer les ânes.
Le silence se fit pesant et une distance désagréable s’était de nouveau installée, entre elles. Elles s’observaient à la dérober, lorsque chacune tournait le dos à l’autre. Pourtant, aucune ne pipait mot, accomplissant le travail donné à Luisa, sans bronche, ni se plaindre. Luisa chargea un grand nombre d’ânes sur son dos et Luciana en tenait six en longe, lorsqu’elles les ramenèrent dans leur grange, toujours sans la moindre communication.
— Bon. Vous allez vous tenir tranquille, j’espère ? Lança la demoiselle Guzmàn aux équidés, en lui retirant leurs licols et en leur flattant néanmoins l’encolure. Ce n’est pas qu’on ne vous aime pas, mais Luisa a le droit de se reposer de temps en temps. Je sais que vous adorez, qu’elle vous porte, mais elle a d’autres choses à faire.
Oui, Luciana était presque persuadée qu’ils le faisaient exprès, et c'en était aussi amusant, qu’étrange. Un dernier câlin et la jeune femme tourna les talons, afin de quitter les lieux, sans un merci du propriétaire des ânes. Ce qui avait le don de lui faire bouillir les sangs.
Sur le chemin du retour, la jeune femme sortit un biscuit de la poche de sa robe. En silence, elle le rompit en deux, avant d’offrir une partie à Luisa. L’adolescente s’en saisi avant de regarder sa camarade qui, elle, commençait à manger son morceau. Alors, elle s’arrêta net.
— Comment est-ce que tu fais ? Demanda-t-elle à brûle-pourpoint ; une onde de colère intestine dans la voix.
— Comment je fais quoi ? Répondit l’autre fille, la bouche à demi pleine et arrêtée à son tour.
— Pour être aussi parfaite, en toutes circonstances ? Le feu de la colère brûlait désormais dans ses mires noisette. Tu ne t’offusques jamais de rien. Tout te paraît égal. Tu es rarement contraire. C’est parfaitement insupportable ! La voix de Luisa venait ainsi de montée d’un cran et sa paupière vrilla comme rarement.
Face à elle, Luciana ne bougea pas ; ne cilla pas. Lentement, elle termina son biscuit et se frotta les mains pour en chasser les miettes. Ce fût si lent, que la jeune Madrigal cru, qu’elle allait devenir folle et exploser de rage. Sans quitter l’immensité noisette des yeux de Luisa, Luciana rompit enfin le silence.
— Tu te trompes. Je ne suis pas parfaite. Un frisson d’appréhension parcouru l’échine de l’adolescente. Jamais encore, elle n’avait entendu un ton aussi déçu de la part de son amie. Personne ne l’est. Luciana se rapprocha de l’autre fille, levant le menton pour mieux la regarder ; comme si elle la toisait.
— Est-ce cela qui justifie, que tu me fais la tête depuis près de deux heures ? Ou bien as-tu autre chose à me reprocher, Luisa ? La fille de Julieta déglutit alors et se tassa quelque peu sur elle-même. Préférerais-tu, que je passe mon temps à faire des reproches ; à te faire des reproches ? Luisa détourna alors son regard. Toi, dis-moi. Comment fais-tu pour ne jamais te plaindre ; pour ne jamais dire non ? Comment peux-tu supporter que jamais on ne te dise merci, pour tout ce que tu fais ? Comment n’es-tu pas capable de penser parfois à toi ? Regarde-moi !
Lentement, forcée et contrainte par cette voix impérieuse, Luisa releva ses yeux sur son amie. Ils étaient honteux et tristes, mais bravement, ils affrontaient le regard incendiaire de la jeune Guzmàn.
— De nous deux, je ne sais pas qui est la plus insupportable, ou ce qui est le plus insupportable. Cependant, une chose est certaine. Même si je t’aime énormément, Luisita, je ne serais pas toujours là. Ni pour t’aider, ni pour prendre ta défense et encore moins pour supporter tes crises d’amertume. Un jour viendra, où je ne pourrais plus faire comme si tout cela ne m’atteignait pas ; où je ne pourrais plus supporter de te voir te détruire, sans broncher ! Enfin, elle soupira, tout en rompant le contact visuel avec sa cadette. Mais tout ce que je viens de te dire, n’a pas d’importance, pas vrai ?
Et devant le silence meurtri de Luisa, devant ce constat implacable, Luciana bâtit en retraite, pour cacher ses larmes amères ; abandonnant là sa petite sœur de cœur. Dès lors, elle ne put entendre la jeune fille répondre avant de fondre en larmes :
— Si, ça en a…
Pourquoi avait-elle fait cela ? Quelque chose venait de se briser, entre elles ; de se briser, en elles. Quelque chose qu’elle ne pouvait pas réparer. En regardant Luciana s’en aller, Luisa eut l’impression que le rideau de fin tombait sur leur relation. Et son cœur se brisa.