Romen Avanture
Lélio et moi rentrons dans le commissariat. Je demande à un policier assis derrière un grand bureau si nous pouvons signaler une disparition.
« Pour ce genre de demande, il faut être majeur ou accompagné d'un adulte.» dit-il.
« Nous avons dix-huit ans. » affirme Lélio.
« J'aurai besoin d'un papier d'identité s'il vous plaît. »
Je suis obligé de répondre que nous n'en avons pas sur nous.
« Revenez quand vous les aurez récupérés. Bonne journée. »
Je demande alors:
«Vous sauriez quelle ville se trouve à deux heures d'ici en direction du sud est? »
« Peut-être le village de Julianges... Pourquoi cette question ? »
« Celui que nous recherchons est sûrement là bas. » répond Lélio.
« D'accord. J'espère que vous réussirez à le retrouver, et n'oubliez pas que si vous êtes accompagnés d'un adulte, je pourrais accepter votre demande... Bon courage ! »
Nous sortons du commissariat. Je retrouve Blazey sagement en boule contre la devanture.
« Il faut aller dans ce village, Julianges, Barley n'est sûrement pas loin. »
« Déjà je propose qu'on aille boire quelque chose parce que je n'ai pas envie de mourir de soif ici, ce n'est vraiment pas héroïque. » suggère Lélio.
Nous remarquons alors un café à côté du commissariat. Nous demandons tous deux un verre d'eau et un bol rempli du même liquide à la serveuse. Heureusement, elle nous en sert gratuitement et nous pouvons étancher notre soif pour au moins un petit moment.
« Tu te rappelles du nom du village ?» demande Lélio.
« Julianges, je lui réponds, mais on ne pourra pas y aller à pied, ça prendrait beaucoup trop de temps... Il va falloir faire du stop. »
« Qu'est-ce que c'est que ça encore ? »
« On lève le pouce en l'air pour qu'une voiture s'arrête et nous amène là où on veut. Ma mère me disait de ne jamais en faire parce qu'on peut tomber sur n'importe qui. »
« Une voiture ? Hors de question que je remonte dans cet engin... »
«De toute façon, on n'a pas le choix, et puis si ça se trouve, ça ira mieux cette fois-ci. »
« Mouais... » grommelle Lélio.
Nous marchons donc sur des routes de campagne en direction du sud-est, tout en levant le pouce à l'approche d'une voiture. Plusieurs d'entre elles passent à côté de nous en ignorant. Au bout d'un moment, Lélio me demande:
« Tu vis avec ton frère ? »
« Oui et avec ma mère... »
« Et ton père ? »
« Il est mort quand j'étais bébé... »
« Ah, je suis désolé... »
« Ce n'est pas grave, mon frère a réussi à le revoir quelques secondes grâce à un sort du visiteur. »
« Et toi, tu n'aurais pas voulu le voir aussi ? »
« Si bien sûr, mais mon frère a quand même transmis ce que mon père voulait me dire... Et c'est déjà bien... Bien sûr, il me manque beaucoup... Et toi, tes parents sont toujours là ? »
Il sourit narquoisement:
« Je n'ai jamais connu mes parents, mais ceux qui m'ont élevé n'étaient pas ce qu'on peut appeler de bons parents d'adoption... ».
Une grosse voiture reluisante ralentit enfin et s'arrête. Un couple de personnes âgées nous demande gentiment :
« Bonjour les jeunes ? Où allez vous ?»
Lélio répond:
« Bonjour ! Dans un petit village au sud-est d'ici appelé Go... Jo... »
« Julianges. » Complété-je.
« Ah désolé on ne va pas du tout par là... J'espère que quelqu'un d'autre aura l'amabilité de vous y mener. »
Déçus, on les remercie tout de même et continue de marcher en espérant qu'une autre voiture s'arrête. Ce qui arrive au bout de quelques minutes: un camping car boueux freine à notre niveau. La conductrice, une jeune femme aux longs cheveux bruns nous demande avec un accent étrange:
« Jé vous déposé où les garrçonés ? »
Je répond:
« Vous pourriez nous déposer à 2h d'ici à Julianges ? »
« Jé né connais pas la ville, mais jé peux mettrre lé GPS. Montez ! Et pas dé soucis pourr lé chien, il est trop mignone... »
Elle descend sur la route et nous ouvre la porte de son camping car. Nous la remercions, et rentrons à l'intérieur. Lélio, en voyant l'équipement du camping car, me dit assez bas pour que notre conductrice ne nous entende pas:
« Je n'arrive pas à croire qu'il y en ait qui vivent dans ces trucs... »
« Asseyez vous sourr lé canapé. » nous demande la conductrice.
On s'exécute, et la jeune femme allume le moteur.
« ¡Vamos ! » dit-elle.
Sur le chemin, elle nous raconte qu'elle s'appelle Soraya, qu'elle vient d'Espage, sûrement un pays de ce monde, et qu'elle voyage avec son camping car où elle peut. Elle nous dit qu'elle aime l'aventure et se laisser porter par le vent de la vie. Elle allume alors la radio et une chanson joyeuse et rythmée dans une langue que nous ne connaissons pas se fait entendre. Au bout d'un moment, elle nous demande:
« Alorrs pourquoi allez vous dans cetté ville ? »
Je réponds:
« Mon frère a disparu, et on suppose qu'il est là bas. »
« ¡Por dios! Disparru ? Comment c'est arrivé ? »
« Et bien... » commencé-je embarrassé.
« On préfère ne pas répondre à cette question. » complète Lélio.
« Ah pardoné ! Jé souis trrop indiscrrète...»
«Non c'est pas grâve. » réponds-je.
« En tout cas si jé peux fairre quelquéchose pourr vous... »
J'ai alors une idée:
« Si ce n'est pas trop demander, vous pourriez déclarer un avis de recherche pour retrouver mon frère ?»
« Oui si vous voulez jé peux faire ça! »
Une fois arrivés à destination, Soraya s'arrête devant le commissariat. Nous laissons Blazey dans le camping car, et entrons à l'intérieur. La jeune femme explique alors notre situation et demande un avis de recherche.
« Comment s'appelle le disparu ? »
« Barley Lightfoot.» dis-je.
La policière fait une pause et reprend.
« À quoi ressemble-t-il ? »
C'est vrai ça, à quoi ressemble Barley dans ce monde ? Je décide alors de décrire ses habits:
« Il doit sûrement porter une veste en jean avec plein de patch et de pins dessus, un short kaki... »
« Attendez, je crois que je sais où il est... me dit la policière, suivez moi. » Nous la suivons alors jusqu'à une porte qu'elle ouvre:
« Monsieur Lightfoot, vous avez de la visite. »