Le dernier mouvement de la danseuse perdue [ Ezarel ]

Lazuli expira lentement.

Elle savait qu’elle allait s’attirer les foudres de Miiko.

Venir avec un retard aussi conséquent à une convocation apparemment urgente allait rendre la kitsune extrêmement désagréable. Heureusement, elle n’était pas seule. Ezarel, à ses côtés, allait être sermonné de la même manière à sa plus grande joie. Après ce qui s’était passé à la colline, elle décida de faire comme si de rien n’était, et enfouir le souvenir de ce baiser au plus profond d’elle-même, pour ne le déterrer que le soir, et pouvoir l’admirer en paix sans jugement aucun.

-Ouvre en premier ! chuchota Ezarel

-Depuis quand tu me donnes des ordres ? pesta Lazuli. De toute façon c’est toi qui va justifier notre retard.

-Quoi ?!

Ezarel réussit l’exploit de crier en chuchotant.

Soudain, le sceau verrouillant la salle des portes se désactiva, et Leiftan leur fit face.

-Je vois que vous avez finis par venir, dit-il posément.

-On a eu un empêchement, expliqua Ezarel

Leiftan nous indiqua de rentrer, et c’est à ce moment-là qu’Ezarel et Lazuli aperçurent Miiko, qui les foudroyait du retard.

-J’ai des choses urgentes à vous transmettre, dit-elle simplement. Votre retard est inadmissible, mais je m’occuperai de cela plus tard.

Ezarel sentait la colère mal dissimulée dans le ton de Miiko, et savoir qu’elle reporterait la sanction n’était pas bon signe. Elle aurait sûrement plus d’idées de tortures avec le temps. Lazuli quant à elle fut déçue que Valkyon ne les ait pas couverts.

- Je souhaitais regrouper les chefs de quatre gardes, mais visiblement c’était trop demandé. Nevra et Valkyon étaient là, et je leur ai déjà fait part du problème.

A cela Miiko ajouta un regard cinglant, dirigé vers Lazuli. La jeune elfe pinça ses lèvres pour s’empêcher de répondre à cette provocation. Ses poings se tordirent jusqu’à blanchir ses phalanges. Elle haïssait tout chez cette femme. Soudain, une main vint se poser calmement sur la sienne, et sans même s’en rendre compte des ronces commencèrent à s’éveiller sous terre. Lazuli retira brutalement sa main de celle d’Ezarel, et le foudroya du regard. Heureusement, Miiko ne s’était aperçue de rien.

-Quel est le problème ? demanda Lazuli.

-Aujourd’hui, pendant que nous supervisions la sélection des membres de l’Azuréenne, la bibliothèque a été saccagée. De précieux parchemins ont été volés…

-Quelle classification ? demanda sur un ton sérieux Ezarel.

-La Bêta… Celles des rapports guerre.

Ezarel me regarda avec gravité.

-Qui est l’auteur de ce vol ? demanda Lazuli

-Nous avons bien peur que ce soit l’œuvre des Hüns, expliqua Leiftan

Le cœur de Lazuli se mit à battre fort. Elle se demanda comment c’était possible qu’un Hün se soit infiltré au sein du QG d’Eel…

-Vous êtes sûrs que ce soit l’œuvre des Hüns ? Il est difficile de concevoir que l’un d’eux ait réussi à passer la grande porte.

Ezarel fronçait les sourcils avec intensité. Miiko poursuivit :

-Ils ont trouvé un moyen de nous voler ces parchemins. Le seul moyen qu’ils avaient c’était de nous envoyer…

-Le Faucon, compléta Lazuli.

-Exact, confirma Miiko. En voici la preuve.

Elle brandit une plume noire aux jointures dorées, à la taille étrangement démesurée.

-Mais comment as-t-il fait ? demanda la jeune elfe avec colère. Il avait un alibi, il était avec nous lors de la séléction ! Il avait pris la forme d’un jeune homme blond.

-Le Faucon est malin, dit Ezarel, il a sûrement dû vérifier les horaires durant lesquels Ykhar et Kero n’étaient pas à la bibliothèque pour pouvoir s’y infiltrer, juste avant de participer à la séléction. Et on n’a rien vu venir !

-Mais il n’était pas assez malin visiblement, sinon il n’aurait pas laissé trainer une plume aussi énorme au milieu de la bibliothèque.

-Nevra pense que c’est une provocation, expliqua Leiftan.

Lazuli et Ezarel se regardèrent avec intensité. Ils savaient tous deux que l’heure était grave.

-Lazuli… commença Miiko.

La jeune elfe s’attendait au pire. Lorsque Miiko parlait doucement, c’est qu’elle avait à dire des choses pas très plaisantes à entendre. C’était bien la marque de la diplomatie.

- Si j’ai tenu tant à te voir, poursuivit-elle, c’est que nous ne pourrons pas te donner les deux mois nécessaires à la formation de l’Azuréenne.

Lazuli recula d’un pas, tant c’était un choc pour elle.

-Mais deux mois c’est trop peu Miiko. Combien de jour me lègues-tu, donc ?!

Miiko resta silencieuse, puis dit d’un ton calme :

-Vingt. Car dans vingt jours, nous affronterons les Hüns sur l’île Kappa.

-Mais c’est de la folie ! tempêta Ezarel. Vingt jours, sérieusement ? Pourquoi est-ce que tu avances tant l’échéance ?!

Lazuli fut surprise de voir Ezarel prendre sa défense. Elle n’en demandait pas autant, mais n’allait nullement le remercier pour ça.

-Ces parchemins volés vont leur permettre de nous cerner si rapidement que si on n’attaque pas, c’est eux qui viendront à nous, expliqua Miiko. Ça ne m’amuse pas plus que ça de voir tous nos plans être percés à jour.

Lazuli se dit que cette situation était dure à vivre, mais elle était déterminée à s’en sortir.

-Tu as d’autres choses à nous dire, Miiko ?

-Oui, je veux que vous reveniez me voir dans trois jours, après avoir pensé à un plan d’attaque permettant de lier efficacement le rôle des quatre gardes. Chacun présentera ses idées à ce moment-là.

-Pourquoi dans trois jours ? demanda Ezarel avec incompréhension.

-Pour donner le temps à Lazuli de se rendre compte des qualités et des failles de sa garde.

Lazuli vira instantanément au rouge. Son moi intérieur lui rugissait de s’emparer de Miiko et de la tuer.

-Pas besoin de trois jours pour ça ! rugit-elle. Demain, après le test de personnalité, j’aurais déjà la lucidité nécessaire.

Elle ficha ses grands yeux bleus sur ceux, colériques, de Miiko. Sans plus attendre, Lazuli se retourna brusquement, et fouetta le visage de Miiko à l’aide de ses longs cheveux. Avant que Miiko ne dise quoi que ce soit, Lazuli était dehors. On l’entendit pester :

-Vingt jours ! To-ta-le-ment accessible !

Miiko grommela quelques phrases inintelligibles, pendant qu’Ezarel retenait un rire. « Cette fille a décidemment de l’audace… » pensa-t-il avec un sourire malicieux sur les lèvres, « et j’aime ça. »

***

Se dressant telle une statue de marbre en haut du rocher surplombant la forêt, Lazuli cria à la foule :

-Bienvenue à vous, enfants d’Eldarya ! Si vous vous dressez aujourd’hui face à moi, c’est que vous m’avez prouvé votre maniement des armes et votre technicité lors de la première épreuve. Hier, vous avez été cinq cent vingt à être sélectionnés. Remercier les piètres archers qui se sont fait éliminer d’office en laissant le Hün s’échapper. Avant de dérouler les règles de la seconde épreuve, je tiens à vous avertir : si un tel échec venait à se reproduire, je ne vous laisserai pas mourir honorablement au combat. Je vous tuerai de mes propres mains. Compris ?

Lazuli tenta de croiser le regard d’un maximum de membres, pour qu’ils prennent la menace personnellement. La foule, pétrifiée devant l’attitude intransigeante de Lazuli, cria :

-Oui, chef !

L’écho ténébreux de l’approbation raisonna pendant de longues secondes dans la forêt. Lazuli sourit d’un air diabolique.

-Bien, fit-elle satisfaite. Passons à la seconde épreuve !

Tous les membres de la foule crièrent leur détermination en brandissant leurs différentes armes. La chef de la garde Azuréenne eut un regard posé, meurtrier. La détermination se lisait sur son visage de porcelaine.

-C’est la dernière occasion pour vous de me prouver que vous méritez votre place. Car il n’y aura pas de troisième épreuve.

La foule aurait dû se manifester pour crier son mécontentement, mais personne n’osa bouger d’un millimètre. L’attitude féroce, sauvage et féline de Lazuli les dissuadaient de toute remarque.

-L’épreuve que vous allez passer est celle de personnalité. Vous devrez, un par un, répondre aux trois questions suivantes : Quelles sont vos forces et vos faiblesses ? Pourquoi avoir choisi l’Azuréenne ? Et finalement…l'indépendance définit-elle la liberté ? Je vous laisse trente minutes, et pas une de plus, pour réfléchir à vos réponses. Des questions ou objections ?

Lazuli avait vu des yeux s’écarquiller de surprise. Elle se dit que personne ne s’attendait vraiment à cela. Un silence de plomb s’installa… quand une petite main décida de se lever. Lazuli hocha la tête pour signifier à la personne qu’elle pouvait parler.

-Comment est-ce que vous pouvez nous sélectionner à partir de deux épreuves, alors que la devise regroupe trois idées générales ?

Tous les visages se tournèrent vers cette femme. La foule fut surprise par son audace. Même de loin, Lazuli réussit à la détailler. C’était une jeune femme, aux yeux d’un vert émeraude, et aux cheveux bicolores : ses mèches droites étaient pourpres, les autres noires. Elle se rappela l’avoir vue manier l’épée, et l’avait repérée pour sa maîtrise impeccable. C’était une vampire, Lazuli avait réussi à distinguer ses incisives pointues. La chef sourit, saluant son courage. Elle aimait ça.

-Comment t’appelles-tu ? demanda-t-elle.

-Karenn, dit-elle fermement. 

-Alors, Karenn, posa-t-elle, ta question est bien posée. Mais j’aurais souhaité que tu te rendes compte de la réponse par toi-même. Je t’expliquerais ce que tu crois être un paradoxe à la fin de l’épreuve, pour te laisser le temps d’y réfléchir, toi et les autres.

La foule s’exclama « oui chef ! » avec déterminisme. La jeune Karenn hocha la tête. Lazuli apprécia son audace. Mais resta méfiante envers cette vampire. Les vampires étaient discrets, malins, et elle s’était peut-être infiltrée dans le QG pour écouter aux portes. Elle espéra qu’elle n’était pas au courant qu’elle n’avait plus que vingt jours pour les former. Peut-être avait-elle voulue retourner les gens contre elle ? Lazuli fut tirée de ses réflexions lorsqu’elle repéra, contre toute attente, une seconde main se lever timidement.

-Vas-y, autorisa-t-elle.

La jeune femme était très différente de Karenn. Elle avait l’air timide et calme. Son corps était rond, voluptueux, pas très pratique pour le combat. Ses cheveux étaient d’un bleu très clair, à l’image de ses cheveux. Son teint rappelait les terres du Sud.

-Vous pouvez… répéter les questions ? bafouilla-t-elle.

Lazuli leva les yeux au ciel puis soupira bruyamment. Du doigt, elle commença à écrire dans le vide. La foule ne comprit pas ce qu’elle faisait, quand des lianes virent s’accrocher entre elle, et former les questions de la deuxième épreuve. Les phrases restèrent suspendues en hauteur, et il suffisait aux personnes de lever la tête pour voir se dresser face à eux des lianes tordues par Lazuli. Ces lianes filtraient les rayons du soleil et donnaient à la clairière une ambiance tamisée.

-Qu’on ne me dérange plus avec cela ! soupira-t-elle en descendant du rocher. Ton nom ?

-Alajéa, murmura la jeune femme.

Lazuli marcha jusqu’à elle, et une fois face à elle, la regarda longuement. Alajéa tremblait de tous ses membres. Lazuli plissa les yeux.

- Ah oui je me rappelle de toi, dit-elle simplement. La sirène.

Elle se retourna puis partit, alors qu’Alajéa était à deux doigts de tomber dans les pommes. Karenn vint la soutenir. Lazuli se dit qu’elles devaient être proches. Soudain, ses yeux repérèrent une silhouette familière. Surprise, Lazuli courut vers Ezarel.

-Qu’est-ce que tu fais ici ? demanda-t-elle les yeux ronds.

-Pour des questions de sécurité, j’ai été envoyé ici à la place de Miiko et Leiftan pour superviser la séléction.

-Tu n’étais pas obligée de venir…

-Ne fais pas attention à moi alors, dit-il en lui jetant un clin d’œil.

Son cœur se mit à battre plus fort. Ce clin d’œil…

-Je vais finir ma ronde, dit-elle en lui tournant le dos précipitamment.

Après quelques minutes supplémentaires, Lazuli expliqua que le temps s’était écoulé. Elle était descendue de son rocher pour être encore plus proche de ses futures recrues, pour pouvoir mieux les toiser.

-Chacun se présentera à tour de rôle. Surtout ne vous précipitez pas, dit-elle ironiquement.

Voyant que personne ne venait se présenter, elle allait tempêter une remarque cinglante quand… un yokai s’avança. Il était majestueux, même Lazuli avait du mal à ne pas ployer devant sa beauté. C’était un homme grand, aux cheveux nacrés aussi longs que les siens. Ses yeux étaient d’un gris ardoise, relevant le blanc de son corps. Des oreilles de renard dépassaient de sa chevelure chatoyante, et jamais une attitude n’avait été aussi gracieuse et respectueuse. Un kimono noir couplé d’un bleu nuit renforçait son aura que l’on sentait divine. C’était un être empreint d’une finesse royale. D’un sérieux sans pareille, il s’avança vers Lazuli.

Quand il parla, ce fut d’une voix aussi douce que du velours.

- Je me nomme Aijirō. Je suis venu des Terres Chijap, pour le plaisir de vous rencontrer, Lapis Lazuli d’Elefia.

Lazuli grimaça. Pourquoi fallait-il qu’on l’appelle toujours de cette manière ?

-Appelez-moi chef, répondit-elle froidement.

La foule autour d’elle s’étrangla de surprise. Une femme s’exclama : « comment ose-t-elle parler de la sorte à un démon ? ». Lazuli la repéra du regard et l’élimina de sa garde. Si les hommes et femmes ici présents ne pouvaient comprendre qui elle était, et que peu importe leur statut, c’était elle qui commandait, alors elle n’avait pas besoin d’eux.

Le yokai sourit, dévoilant ses dents blanches, puis fit une révérence. Lazuli ne l’en empêcha pas, ce qui tira un cri de surprise venant de la foule.

- Quelles sont vos forces et vos faiblesses, Aijirō ?

-Je suis maître de l’eau, de la terre et du feu. Les éléments faeliens me sont propres, et ils ploient toujours sous ma force. Le temps est mon allié, que ce soit le passé, le futur, ou le présent. Mon unique faiblesse, c’est de ne pas être immortel.

Lazuli hocha la tête. Elle avait là un élément intéressant.

- Pourquoi avoir choisi l’Azuréenne ?

Le yokai rit.

-Pour la devise. Et pour tes beaux yeux.

Lazuli s’empourpra. Elle siffla :

-Surveillez votre langage, ami yokai. Répondez à cette dernière question : l'indépendance définit-elle la liberté ?

En fixant Lazuli, le sourire aux lèvres, il dit malicieusement :

-L’indépendance ne peut définir par elle seule la liberté. Car la liberté, syntaxiquement, se suffit à elle-même. Nous pouvons être dépendants, mais libres malgré tout. Sinon je ne souhaiterais m’engager auprès de vous. Un yokai n’aura jamais personne sous sa domination, chef. Les démons sont des êtres dépendants, mais jamais d’une institution. Nous ne sommes dépendants que de nos désirs. Et je désire rejoindre l’Azuréenne. Personne ne peut s’opposer à mes choix ou mes désirs, les éléments à l’origine même de la vie étant mes serviteurs. C’est pour ça que je suis libre.

Sa dernière phrase mourut dans l’espace dans un silence de plomb. Soudainement, le yokai se rua vers Lazuli, pour lui murmurer à l’oreille :

-Méfie-toi, ta devise est dangereuse.

Ezarel ne vit que leurs corps à quelques millimètres l’un de l’autre. Il grinça des dents. Le yokai se mit à rire, puis scinda la foule qui s’écarta pour lui, et disparut dans la forêt. Lazuli, en colère de s’être fait manquer de respect par ce démon, hurla :

-Au suivant !

Avec joie, elle vit Karenn s’avancer vers elle.

-Alors Karenn, quelles sont vos forces et vos faiblesses ?

-Je suis discrète, téméraire, et aie une ouïe développée. Je manie bien l’épée et le glaive. Mes faiblesses, c’est d’être attachée à trop de personnes.

-Pourquoi avoir choisi l’Azuréenne ?

-Pour mieux exprimer ma personnalité.

- L'indépendance définit-elle la liberté ?

-Oui. Car quand je suis libre, je fais ce que je veux. Et c’est ça, l’indépendance.

Lazuli hocha la tête sans laisser transparaitre ses sentiments.

Des heures passèrent, alors qu’elle posait ces trois mêmes questions à chaque personne. Les kappas, les vampires les ogres, les fées… tout le monde. Elle allait s’en arracher les cheveux ! Puis vint le tour de la dernière personne : Alajéa. Lazuli avait hâte d’entendre ses réponses et d’en finir au plus vite.

-Alajéa, quelles sont vos forces et vos faiblesses ?

-Je… je suis gentille. Et je sais bien m’occuper des animaux. Et je ne me mêle jamais de ce qui ne me regarde pas. Mais par contre, je suis un peu faible car je suis dépendante d’un sérum qui évite que je ne me re-métamorphose en sirène.

Lazuli soupira longuement en se demandant comment elle avait fait pour la faire passer au second tour…

- L 'indépendance définit-elle la liberté ?

-D’après moi, oui. Car si j’étais indépendante, je n’aurais pas besoin d’un sérum pour vivre comme je veux. Or là j’en ai besoin, et ça m’ôte ma liberté.

-Merci à toi.

Lazuli se leva, monta le grand rocher et leur dit :

-Merci à tous ! Demain, je nommerais les membres de la garde ! Je vous attendrais aux aurores. Mais avant cela, je tenais à répondre à la question de Karenn. La devise est la suivante : Diversité, Indépendance, et Puissance, j’espère que je ne vous apprends rien. La première épreuve m’a permis de repérer la diversité des techniques, mais également des visages, des ethnies. Ce premier point a donc été validé. Cette seconde épreuve m’a permis de voir si vous avez compris le lien qu’il y a entre l’indépendance, la puissance, mais également l’unité. Car il n’y a pas d’unité sans indépendance. Mais cela me permet également d’apprendre sur vous, car c’est vous, qui serez à l’origine de la perte des Hüns. Si vous avez compris cela, ne soyez pas surpris d’être nommés demain.

Des visages apeurés se dessinèrent, signe qu’ils n’avaient rien compris de l’examen… En moins de quelques minutes, il n’y avait plus personne dans la forêt, et Lazuli en fut soulagée. Il n’y avait presque plus personne, se dit-elle intérieurement. En effet, un elfe qu’elle connaissait trop bien l’attendait.

-Tu as été géniale aujourd’hui ! dit-il en lui assénant une petite tape sur le dos.

-Ezarel, combien de fois il faut que je te dise que tu empiètes sur mon espace vital ?! s’exclama-t-elle en dégageant sa main d’un coup d’épaule.

Il recula d’un pas et rit maladroitement.

-Pourquoi m’as-tu attendue ? demanda-t-elle, méfiante

-C’est plus sympa de rentrer ensemble non ? Après tout on a la même destination et les mêmes horaires…

Lazuli ne dit rien et commença à marcher. Ezarel lui emboîta le pas.

-Hé… pour la dernière fois, tenta-t-il de dire.

-Ne me parle pas de ce qui ne mérite pas d’être abordé ! dit-elle en le prenant par le col de sa chemise.

Ezarel rougit et s’empressa de d’acquiescer. Ces lèvres si proches des siennes le fit frémir. Ils marchèrent dans le silence le plus total, jusqu’à arriver à la salle des portes. Là, la chef de la garde Azuréenne lui indiqua qu’elle avait besoin de travailler à la bibliothèque.

-Pourquoi cela ? demanda Ezarel

-Le rapport pour Miiko.

-Mais tu as trois jours devant toi ! s’exclama Ezarel.

-J’ai promis de remettre ça pour ce soir. Ne m’attends pas Ezarel.

Elle grimpa les marches de l’escalier, laissant voler ses longues mèches noires autour d’elle. Ezarel la regarda intensément, jusqu’à ce qu’elle claque la porte avec férocité…