Le dernier mouvement de la danseuse perdue [ Ezarel ]

Chapitre 9 : Chapitre 8: L'île anéantie

670 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 14/07/2017 03:16

Dans l’antre du démon, des yeux d’un noir profond observaient l’infini dégradé du ciel, virant du bleu nuit au noir.

Ces yeux guettaient le Faucon.

« Pourquoi tarde-t-il ? »rugit intérieurement l’homme.

Dans cette île, guetter était agaçant. Aucune altitude. Aucun relief. Que de la végétation à ne plus en finir et une plage ridiculement petite. Rien qui pouvait mettre un Hün à l’aise. Mais malgré cela, les Kappas ne purent tenir plus d’un jour. Ils tombèrent tous, un par un.

L’homme aux yeux sans fond s’accroupit pour passer sa main rêche dans les grains fins du sable. Ils glissèrent entre ses doigts telle la soie d’une femme. Insatisfait, il se retourna pour observer le feu crépiter, le bois se transformer en cendres, les flammes danser sous ses yeux…

Danser.

Elle dansait…

Et les barreaux de sa cellule disparaissaient le temps d’une danse. Elle n’était alors plus emprisonnée. Elle était libre. Libre de penser, de chanter, de se mouvoir. Aucune crasse de ce monde ne pouvait plus l’atteindre. Son corps ondulait au rythme effréné de la musique rustique, ses hanches guidant la danse. Elle dansait, dansait à ne plus en finir…

L’homme grimaça de dégoût.

Il détestait partir là où son esprit divaguait.


Au loin il aperçut le mouvement régulier d’ailes battant le ciel.

Le Faucon.

L’homme sourit, et on pouvait clairement distinguer des canines mortelles lui faire office d’incisives. Son visage se tordit d’une joie malsaine.

L’énorme rapace de plus de deux mètres de haut se posa avec une grâce majestueuse. Malgré ses deux mètres, il semblait frêle à côté de l’homme qui se dressait devant lui. Ses ailes noires et dorées aux jointures ne faisaient qu’accroitre sa beauté redoutable. Dans les yeux ambrés de l’oiseau se lisait une menace constante.

-Tu as tardé, Loki.

Le rapace lança un huissement aigu. Soudain, les ailes se tordirent pour laisser place à de la peau humaine, puis des bras. Les plumes disparurent à l’intérieur de son corps. Et en quelques secondes, ce n’était plus un rapace qui se dressait devant lui, mais un homme. Un homme à l’image de l’animal qu’il incarne. Grand, fin et musclé, aux cheveux noirs et aux yeux aussi jaunes qu’un saphir.

-Je m’excuse, mon seigneur, croassa ledit Loki

-Quelles bonnes nouvelles es-tu venu me conter, Faucon ?

L’homme-oiseau déglutit péniblement.

-Tout va comme vous l’avez prédit, ô grand Widar. Bientôt Eel sera en votre possession.

Widar grimaça.

-Cesse de me poser des évidences, qu’y as-t-il que je ne sais encore ?

Loki se recroquevilla sur lui-même, tel un oiseau pris de vertige alors qu’il s’apprête à voler pour la première fois.

-La princesse d’Elefia est à Eel.

Les sourcils de Widar d’Azgar se froncèrent à l’extrême. Il attrapa Loki par le cou de son poing énorme, qui faisait le tour de sa nuque sans difficultés.

-Ne t’avais-je pas demandé de l’exiler loin de tout, loin du monde ?!

-Je m’excuse, mon seigneur… essaya-t-il d’articuler

Brutalement, il jeta l’homme-oiseau à cinq mètres de là.

- Tu es une disgrâce ! Tu as failli à la plus simple des missions !

Le Faucon s’agenouilla, et rampa à ses pieds en pleurant.

- Laissez-moi me racheter, mon seigneur, laissez-moi la tuer.

Widar d’Azgar donna un coup de pied à l’homme-oiseau.

-Ne la touche pas, je ne veux pas que tu la tues. Je ne veux plus te voir, rugit-il de sa voix sombre.

-Mais maître…

-Pars, te dis-je ! Je réglerai ça moi-même.

Widar sourit.

- Je connais très bien son point faible.

Son regard se dirigea au loin vers son enfant aux yeux bleus.

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