Les mystères d'Eldarya
Chapitre 10 : Chapitre 9: L'entrainement mortel
2030 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 10/12/2016 13:06
Mon réveil sonna.
Il était trois heures du matin.
L’heure de mon premier entrainement.
L’heure qui marquait le début de mon changement.
Je me dirigeais le cœur battant vers la forge, espérant ne pas perdre trop de temps à chercher la salle d’entrainement. « Forge, première porte à droite, tu te débrouilleras pour la suite. » avait-il dit de sa voix sombre. C’était vague comme indication. Mais heureusement je n’eus pas de mal à me repérer. Après avoir franchi la porte de la forge, j’en vis une nouvelle en acier. La porte faisait trois mètres de hauteur pour deux mètres de largeur…elle laissait deviner le gabarit des personnes qui s’entrainaient ici… Je me sentais petite face à cette porte qui faisait deux fois ma taille. Je déglutis péniblement. Je savais qu’en la traversant je ne pouvais plus faire machine arrière.
Mais j’étais prête.
Je pris une grande inspiration.
J’ouvris la porte. Ou plutôt crut ouvrir la porte. Elle ne grinça pas. Ne bougea pas d’un millimètre. Ne fléchit pas.
-Mais tu vas t’ouvrir oui ?! dis-je la voix tremblotante.
Je refusais cette constatation : la porte n’allait pas s’ouvrir. Une sueur froide perla sur mon front. Je posais mais deux mains sur la poignée de la porte, un pied sur le mur, et poussais de toutes mes forces en fronçant les sourcils. La porte s’ouvrir ! De quelques centimètres, certes, mais assez pour me faire passer en diagonale. Quand je me faufilais entièrement à l’intérieur, je fus prise de peur. Tout était sombre. En me concentrant je finis par apercevoir un escalier en colimaçon qui menait vers un sous-sol. En veillant bien à identifier les marches, j’empruntais cet escalier tortueux aux allures moyenâgeuses. Heureusement des torches éclairaient sommairement ma descente vers mon nouvel enfer…
Arrivée à la fin de cette épreuve, je pus admirer le décor de ce qui était vraisemblablement « une salle de torture », plus qu’une salle d’entrainement. Mais dans quoi est-ce que je me suis fourrée encore ?!
Des haltères énormes de plus de deux cent kilos longeaient le sol, des armes aux pics effrayants, des sabres, des machines à l’allure complexe qui ne présageaient rien de bon, et pour clôturer le tout : une piste d’escalade qui s’étalait jusqu’au ciel. Car oui, malgré le fait que l’on soit dans un sous-sol, le toit était perforé pour laisser la piste d’escalade atteindre les nuages. Cela dépassait l’entendement. L’ouverture sur le ciel rendait possible l’observation des constellations. J’étais tellement absorbée par l’endroit que je ne vis même pas Valkyon qui se dirigeait vers moi. Il sortait des vestiaires.
- Tiens enfile ça! s’exclama-t-il
Je rougis en me rendant compte que je n’avais pas de tenue appropriée, et que lui, avait pensé à tout.
- Merci, est-ce que tu pourrais m’indiquer les vestiaires ?
- Par là où tu m’as vu entrer, dit-il simplement.
- Je parle des vestiaires pour femmes… je ne suis pas encore un homme, fis-je en appuyant sur le mot encore.
Valkyon répondit d’un air sérieux.
- On n’a pas de vestiaires séparés. Un corps est un corps. Ne perdons pas de temps sur cela, on a beaucoup de choses à faire.
Je déglutis péniblement, n’osant pas rajouter le moindre mot. Très mal à l’aise, je me dirigeais vers les vestiaires. Tous les muscles de mon corps étaient tenus à l’extrême. De nature plutôt pudique, je ne supportais pas dévoiler mon corps. A mon grand soulagement, les vestiaires étaient vides à cette heure-là. Personne ne devrait s’entrainer à trois heures du matin… Je jetai un coup d’œil aux vêtements offerts par Valkyon : une combinaison moulante en cuir noir, dépourvue de manches. Malgré la simplicité apparente de la tenue, une fois portée, elle mettait superbement le corps en valeur. Je fus surprise par le raffinement de Valkyon, si c’était bien lui qui avait choisi la tenue. La texture du tissu était fluide, et on se déplaçait avec une légèreté sans pareilles : une tenue de combat.
Valykon m’attendait avec impatience. Lorsqu’il me vit, il m’ordonna de me dépêcher du regard.
- Aujourd’hui, je vais te tester. Voir ce dont tu es capable. Et à partir de là je serais capable de juger de l’intensité de l’entraînement nécessaire à ta progression.
Je hochais de la tête vigoureusement.
- Fais-moi dix tours de terrain !
Je souris.
Ouf.
Que dix tours de terrain. Un tour faisant environ cinq cent mètres. C’était jouable. Largement.
Je m’apprêtais à me lancer quand il me rattrapa.
- Tu as oublié ça Sélia.
Il prit ce qui semblait être une barre de traction, avec vingt kilos de chaque côté de la barre.
- Tu peux y aller maintenant.
Mes jambes fléchirent lorsqu’il posa les poids sur mes épaules. Sans réfléchir, je me lançais dans ma course folle. A peine après avoir achevé mon premier tour, je sentis mes cuisses en feu. Mes jambes brûlaient. Je me forçais à continuer en ignorant la douleur. Deux tours. Aller… Trois tours… Quatre tours ! Au cinquième tour je m’effondrais. La moitié du contrat était rempli.
- Lève-toi !m’ordonna Valkyon
Mon visage était devenu rouge sous l’effort, et je n’arrivais plus à parler tellement l’effort était intense. Tout tournait autour de moi
- Cet exercice est trop simple pour toi apparemment. Lève–toi, on va changer d’exercice.
Je me levais, ne sachant pas s’il changeait d’étape par pitié ou pour m’achever encore plus.
- Essaye de me frapper.
Je regardai la masse de muscles que formait Valkyon. Comment allais-je faire ?
- Oui bien non, rectifia-t-il. Essaye de me toucher.
« Aucun respect » murmurais-je intérieurement.
J’essayais de reproduire une garde de karaté que j’avais eu l’occasion de voir dans certains films. A la seconde même où mon coup fusait, Valkyon était déjà hors de mon axe. Insaisissable. Je tentais plusieurs coups mais aucun n’atteignait la cible. C’était sincèrement pathétique. Mes coups étaient faibles, lents, mal ciblés. Subitement, Valkyon passa à l’action. Il lui suffit d’un coup porté au côtes pour me projeter à terre. Mon corps n’était alors que douleur et que souffrance. Valkyon ne souriait pas. J’avais honte de moi-même. Il me tendit malgré tout la main pour me lever, geste auquel je ne m’attendais pas.
- Maintenant, grimpe.
Mon cœur manqua dix battements je crois.
Il parlait bien le la piste d’escalade de plus de… je ne sais combien de centaines de mètres de haut. C’était impensable ! Je ne pouvais pas le faire.
- Sans corde ?
Il me répondit d’un ton sérieux :
- Te baser sur une simple corde en cas de chute est impensable. Si tu tombes, tu en assumeras les responsabilités.
Je fronçais les sourcils, mon visage était imprégné d’incompréhension.
- Si je monte je tombe et je meurs Valkyon.
Il posa son regard ambré sur moi.
- Fais un choix.
Je ne pouvais pas le faire. Monter revenait à mourir ! J’étais épuisée, mes muscles étaient tendus comme un arc, et les prises de la piste étaient quasiment invisibles. Mes jambes me portèrent pourtant face à l’obstacle à gravir. Si je ne le faisais pas aujourd’hui, je n’allais jamais le faire. Et je veux vraiment être plus forte. Me surpasser. Prouver à la garde toute entière que je suis capable d’accomplir des choses. Prouver à Ezarel que je suis utile.
Je montais les premiers mètres sans réelle difficulté. Puis les prises se firent plus fines, plus discrètes. Sous le regard attentif de Valkyon, je montais sans trop me presser. Parfois je dus poser mes mains et ma jambe sur une même prise tant elles se faisaient rares. Je savais que j’allais tomber. Je le savais, je le sentais, mais je continuais à gravir cette piste de la mort. Les extrémités de mes doigts s’accrochaient aux fines aspérités du mur rêche. Elles saignaient. Me faisaient mal. Un courant d’air venu du ciel acheva ma montée. Je retins mon souffle. Etais déjà préparée à l’impact de mon corps contre le sol. J’étais prête à mourir de mes propres engagements. Je sentis l’air siffler entre mes oreilles. Mon cœur sans aucune volonté accepta son destin. Je fermai les yeux. Quand je m’écrasais totalement…
contre le corps de mon sauveur.
Valkyon me tenait dans ses bras, et m’évita une fin tragique au dernier moment.
- Je croyais que… personne ne viendrait me sauver, balbutais-je
- Je n’allais pas laisser mon élève mourir dès le premier jour, dit-il en souriant.
Il me posa à terre. La reconnexion avec le sol failli me tirer des larmes aux yeux.
J’ai massacré mon premier entrainement. Mais j’ai donné mon maximum. Je ne regrette rien. Je regardai les yeux ambrés de Valkyon, en y cherchant une once de sentiments, que ce soit de la deception, de la colere, ou de la surprise.
Rien.
Valykon restait de marbre, refusant de me faire part de ses impressions. Il me dit simplement :
-Demain, même heure, et n’oublis pas de ramener tes habits.
Malgré l’état d’épuisement intense que je vivais, j’ai failli atteindre le plafond de joie. J’allais continuer à m’entrainer ! Jusqu’à ce qu’Ezarel lui-meme ait peur de moi (:3).
Je sortis éreintée, et alors que je me demandais comment j’allais faire pour ouvrir cette foutue porte d’acier massif, elle s’ouvrit toute seule moi. Je tombais face a Nevra en tenue de sport aussi moulante que la mienne… je devinais qu’il allait commencer un entrainement. Lorsqu’il me vit avec la tête aussi écarlate qu’un fruit de la lune rouge, il ne put s’empêcher d’afficher un sourire de coin. Je transpirais, mes cheveux allaient dans tous les sens, et bien sûr il apparaissait comme par magie. Je devins encore plus rouge qu’avec l’entraînement.
-Très jolie tenue... me murmura-t-il
Avec un élan de pudeur je cachais des bras mon décolleté forcé.
-Tu n'as pas honte? fis-je en râlant
Il rit et je me joignit à son rire.
- Alors comme ca tu t entraines maintenant ? dit-il en changeant de sujet. Ca ne m’etonne pas de toi, dit-il a ma plus grande surprise
- Et moi ça m’étonne que ça ne te surprenne pas plus que ça, dis-je la mine boudeuse
- Haha, on cherche à m’impressionner alors ?
-Je…je… non pas du tout, ce n’est pas ce que je voulais dire, balbutiai-je
- La prochaine fois on viendra s’entrainer ensemble, on verra bien qui surprendra le plus l’autre. Je te laisse je dois m’entrainer pour espérer pouvoir faire face a un adversaire de ta carrure un jour
Je rêve, il se fout totalement de moi!… ok. Ne sachant plus s’il était ironique ou pas, je répondis sans me démonter :
- Très bonne idée. J’ai hâte de voir ce dont tu es capable.
Il sourit malicieusement. Il aimait jouer. Et il était bien décidé a continuer. Il m’approcha de lui en me tenant par la taille. Posa un baiser brulant sur mon cou, se balada vers mon oreille et murmura :
- J’aime te voir aussi déterminée. Ton corps est délicieux ainsi.
Je retins mon souffle. Il se dégagea lentement de moi et partit.
Sans oublier de fermer la porte.