Les mystères d'Eldarya

Chapitre 9 : Chapitre 8: Les trois piliers

2600 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 03/12/2016 21:00


Il était tard, et le ciel avait troqué sa veste bleuté pour sa robe nocturne. Après que Nevra sois parti, je me dirigeais vers ma chambre l'esprit chamboulé par sa déclaration . Je n'ai jamais connu quelqu'un d'aussi tendre. Mais sa personnalité me rendait perplexe, comme pouvait-il me montrer deux images de lui-même totalement opposées? D'un côté, il jouait les dom juan et accumulait les conquêtes, et en même temps il jouait le sentimental regrettant son comportement... Que devais-je conclure de ce paradoxe? Pourquoi ne pouvait-il pas simplement être lui-même?! Mais je n'oubliais pas que dans l'adversité, c'est lui qui était venu m'aider... Grace à lui j'ai senti un lourd fardeau s'enlever de mes épaules... et c'est aussi lui qui a prêté un serment, me promettant qu'il n'allait jamais me laisser tomber. C'est lui également qui est venu me sauver lors de mon enlèvement. Je me rendis compte qu'il avait été présent dans ma vie plus que je ne me l'imaginais. Peut être même plus qu'Ezarel. Au fond qu'est-ce qu'Ezarel a fait pour moi au juste? Pas grand chose... mais alors pourquoi m'entêtais-je à l'aimer? Tout m'attirait chez lui... ses cheveux bleus, son corps, ses mains, son humour, ses yeux, son odeur...

En passant par la salle des portes, mon regard fut attiré par l'infirmerie. Mon elfe était surement là, son corps luttant contre la toxicité de ce liquide parfumé. C'était paradoxal qu'un liquide si pur soit source d'autant de malheurs. Je me promets d'apprendre le faery, et de me renseigner sur toutes les espèces, pour ainsi mieux connaitre ce nouveau monde et éviter ce genre de situation. Je vais tout faire pour réussir. Et sachez que lorsque je me fixe un objectif, j'y mets corps et âme. Je vais réussir à organiser ma vie! Plus jamais je ne souhaite vivre une situation du même genre. Je m'excuse mon petit elfe...

Mes paupières étaient lourdes, j'avais envie de dormir, mais je voulais vérifier l'état d'Ezarel. Je montais donc jusqu'à l'infirmerie, et ouvrit doucement la porte pour qu'elle évite de grincer. Je vis Ezarel couché sur le lit de l'infirmerie, la peau plus pâle qu'à son habitude, le front perlé de sueur. Quand je le vis ainsi, aussi faible, aussi fatigué, mon coeur se brisa en mille morceaux. Mais qu'avais-je fait? Je pris un tissu et je lui tamponnais le front. Ensuite je me posais au pied de son lit, et lui caressait doucement les cheveux, comme la nuit dernière. Il ouvrit les yeux doucement. D'une voix faible il me dit:

_ Tu te rappelles, le jour où l'on s'est rencontrés, c'était toi qui étais endormie sur ce lit, et je te protégeais. Aujourd'hui, les rôles s'inversent...

Emue, je répondis:

_ Je suis désolée Ezarel... je ne savais vraiment pas pour l'eau de rose. Repose toi maintenant il faut que tu reprennes des forces.

Je m'apprêtais à partir pour ne pas le déranger quand il cria:

_ Attends!

Il toussa.

_ Reste avec moi.

N'osant pas décliner sa demande, je m'exécutais.

_ Sélia, il faut que tu saches que je tiens vraiment à toi même si tu es la cause de ma mort, dit-il d'un air sérieux.

Mon teint se fit livide.

_ Ne dis pas ça Ezarel, tu vas t'en sortir! Ne dis plus jamais ça! dis-je en sentant les larmes me monter aux yeux pour la deuxième fois de la journée.

Soudain, il éclata de rire, et reprit sa moue sarcastique habituelle.

_ Petite idiote! Tu penses vraiment qu'un peu d'eau parfumée peut m'achever MOI, Ezarel?? Je suis le chef de la garde Absythe je te signale!

Je lui lançais un regard de réprimande, mais j'étais tellement heureuse qu'il ait repris son attitude habituelle! Il me prit la main et me murmura:

_ Caresse moi les cheveux, c'est ma dernière volonté.

Je fondis intérieurement.  Les caresses que je lui offris étaient à bénéfice mutuel... Je posais donc ma main sur sa chevelure bleutée et laissait mes doigts s'emmêler sur ces mèches azurées. Le contact était juste magique... je le sentis frissonner.

_ Je t'aime petit disciple... tu es le soleil de ma vie.

Je pense qu'il est encore sous l'effet de la potion en fait... Je ne dis rien et observais ce visage si calme se reposer. Sans même m'en rendre compte, je m'endormis au pied du lit à ses côtés.

***

- Hé Sélia!

Je n'eus même pas besoin de me retourner pour reconnaitre la personne qui m'avait apostrophée. Le parfum sophistiqué de Nevra était reconnaissable entre milles, si particulier, si difficile à décrire. Lorsque je fis face à lui, je fus surprise de constater qu'il arborait un sourire radieux. Je m'étais attendue à ce qu'il m'en veuille de ne pas avoir accepté sa demande d'hier, mais apparemment ça ne l'avais pas si froissé que cela... Hier après être parti, il paraissait tellement déçu, voir presque en colère, alors que maintenant il avait repris son attitude habituelle.

- Oui? dis-je

- Ca te dirais de venir manger avec Ez, Valkyon et moi-même à midi? Pour décompresser un peu après toute cette période stressante.

- Période stressante?

Il écarquilla les yeux.

- Tu ne trouves pas que ces temps cis on étais tous sur les nerfs?

- J'avoue que ce n'étais pas si facile, admettais-je, mais on ne vous a pas attribués de missions trop lourdes ce dernier mois, je me trompe?

- Non pas vraiment, mais n'empêche je me sens éreinté... j'ai vraiment envie d'un bain brûlant... ça te dis de m'accompagner?

Mon teint vira au rouge.

-Nevra!

Il rit d'un rire guttural en me dévoilant ses incisives de vampire.

- Tu sais pas ce que tu rates! Et n'oublis pas de venir à midi! me dit-il en se dirigeant vers sa chambre.

Je calmais les battements de mon cœur, puis trainais un peu en attendant que midi sonne. Je me baladais sans réelle but, sans réelle motivation. Le temps s'écoulait lentement, tel du miel que l'on retourne. Je ne sentais pas que j'étais importante dans la garde, je n'avais rien à faire et je me sentais inutile. Peut être que je dramatisais un peu mais quand même... Tout le monde faisait quelque chose sauf moi, Valkyon entrainait les membres de sa garde, Nevra faisait des choses "obscures" et Ezarel était allé récolter des plantes rares qui ne pouvaient pas être saisies par des familiers. Car oui Ezarel avait récupéré en moins de deux jours... Je m'ennuyais à mourir. Quand enfin midi arriva et abrégea mes souffrances, je me rendis à la cantine où j'y trouvais les trois chefs de garde.

Lorsqu'ils me virent ils me sourirent. Ils étaient tous attablés autour d'un rôti de siffleur, une sorte de volaille d'Eldarya, ils n'attendaient que moi. La discussion se fit naturellement, comme si l'on se connaissait depuis toujours.

- ... et c'est comme ça que j'ai failli devenir l'esclave de ces deux femmes, je vous assure j'ai vu ma vie basculer, dit Nevra entre deux bouchées alors qu'on s'esclaffait devant la situation.

- Tu n'aurais jamais du t'enfuir, peut être qu'elles sont toujours à ta recherche! dit Valykon

- De toute façon elles n'auraient jamais réussi à me retenir avec elles! Elles ont autant de force que Sélia, imagine ça...

- Mais j'ai de la force!

Tout le monde me regarda, et ils se mirent tous à rire à l'unisson.

- TOI? Avoir de la force? s'exclama Ezarel les larmes au yeux. Tu as autant de force qu'une plante n'ayant pas fait de photosynthèse depuis un siècle.

Piquée dans mon honneur, je répondis:

- N'importe quoi! Tu n'as aucune preuve, tu te bases sur rien.

- Ah oui tu crois? N'oublis pas la fois où tu as failli mourir en ramenant de la sève liquide...

- ....la fois où tu t'es fait enlever, ajouta Valkyon

-.... la fois où tu t'es évanouie, compléta Ezarel

Devant tant d'acharnement je ne dis rien. J'attendais simplement que la tempête cesse.

- Tu n'as aucune force, conclut Ezarel.

Je ne dis rien. Je n'allais pas m'apitoyer sur mon sort maintenant. Je me levais calmement de table et dit simplement:

- Bon appétit.

Ils se regardèrent tous étonnés. Lorsque je ne partis, Nevra s'exclama:

- Vous êtes des bourreaux sans tact!

Il partit également.

***

Je ne me sens pas très bien... J'ai l'étrange sentiment de ne pas être maîtresse de mon destin. Je n'arrive pas à me créer une place dans la garde. Tous le monde à un rôle nécessaire au bon fonctionnement d'Eldarya. Mais j'ai vraiment la sensation d'être useless. J'ai l'impression de ne pas être performante vu que ma garde ne me corresponds pas du tout. La seule chose que je sais faire c'est un baume antidouleur avec un temps d'action d'une minute... je me suis écorchée comme une débile en ramenant de la sève liquide, je me suis fait kidnapper, et puis quoi encore?! Et dire qu'en plus de cela j'ai failli empoisonner Ezarel avec une potion d'amour... Avachie sur mon lit, je ressassais ces pensées noires. Et la cerise sur le gâteau: maintenant on me traite de larve dépourvue de toute force. Je me levais de mon lit et me mit face à mon miroir. Ce que je vis ne me plut pas. Mon corps en aurait fait jalouser plus d'une sur terre, j'étais mince, avec des formes, une taille fine, des os fins... Mais tout cela était inutile ici. Ici ce qui prônait c'était la force! Il n'y a qu'à voir Valkyon pour s'en assurer. Cette montagne de muscle en impressionnait plus d'un... Ici il faut savoir se protéger des ennemis, savoir se défendre, et pour cela il faut être fort. Mais qu'est-ce que je suis moi? Un tas flasque... Je suis une proie facile... J'en ai marre d'être spectatrice de ma vie!!!Il faut que je prenne des décisions! Je vais changer!

La chose la plus urgente à faire.... JE SAIS!!

Je pris une plume, de l'encre, une feuille, et inscrivit en grandes lettres mes trois objectifs:

1) DEVENIR PLUS FORTE

2) ME CULTIVER

3) CONQUERIR L'AMOUR DE MA VIE

Sentant un élan d'espoir et de motivation secouer mon cœur, je me levai de mon lit en sautillant. Je sais ce que je vais faire! Je sais ce que je vais faire!!! Je vais devenir maîtresse de mon destin. Et maintenant! J'espère qu'il va accepter...

Je sortis comme une furie de ma chambre, à le recherche de Valkyon. Ou était-il?! Je le cherchais à la forge, mais comme par hasard il n'était pas là. Il n'était pas à la salle d'alchimie, ni à la bibliothèque, ni à l'infirmerie, ni au corridor des gardes. Un peu désespérée, je m'assis au milieu de la salle des portes le temps de reprendre mon souffle. Je vis Ykhar passer devant moi, et je l'apostrophais à temps avant qu'elle ne m'échappe.

_ Ykhar!! Tu n'aurais pas vu Valkyon?

_ Je ne l'ai pas vu, répondit en souriant la jeune lapine. Mais je pense que tu peux le trouver vers les jardins.

_ Merci je vais aller voir, répondis-je heureuse

Je courais de suite vers les jardins, laissant Ykhar pantoise. Pour une fois qu'une personne gigotait plus qu'elle. Je passais par le refuge, puis reconnaissant de loin la silhouette que je cherchais, je criais:

_ Valkyon!!

Le jeune homme se retourna, et du haut de ses eux mètres regarda la petite chose que j'étais. Impressionnée, je restais muette. Je n'avais même pas pensé à la formulation de ma demande. Je sentais que j'allais perdre tous mes moyens... Courage Sélia. Tu vas y arriver.

_ Oui? me demanda-t-il de son air placide.

_ J'aurais une faveur à te demander, dis-je d'un air faussement assuré.

Il sourit en me voyant arborer fièrement mon mètre cinquante.

_ Pourquoi tu souris? demandais-je légèrement agacée.

_ Tu es toute mignonne, ça m'a fait sourire, répondit-il simplement.

Je pétais un câble.

Littéralement.

_ Valykon!! Si j'ai besoin de toi, c'est justement pour qu'on arrête de me voir de cette manière! Je veux que tu fasses de moi une bête de guerre. J'ai envie que tu m'entraines, j'en ai marre d'être tout le temps vue comme une chose fragile. Fais de moi un soldat! dis-je de ma voix qui portait si peu qu'elle vira aux octaves plus hautes.

Le chef de la garde Obsidienne écarquilla les yeux. Je sentais qu'il était partagé entre les rires ou son sérieux habituel. J'avais peur qu'il réagisse comme à la cantine. Je voyais bien qu'il réfléchissais. Il posa son regard sur mon corps fin, j'avais l'impression que son regard voyait tout à travers mes vêtements tellement il était perçant. Il me toisait pour voir ce qu'il pourrait bien faire de mon corps fragile. Avec crainte, j'attendis son verdict. Etais-je un cas désespéré? Je réalisai soudain que je voulais vraiment devenir plus forte. Plus puissante. Plus imposante. J'en avais marre d'être la petite inconnue fragile qui suscitait la pitié des autres. Je veux être physiquement plus forte! Je voulais faire un travail de fond sur mon corps. Tout à coup, sans aucune note de moquerie il me dit:

_ J'accepte ta demande.

J'allais lui sautes au cou quand je me retins au dernier moment. Avant que je ne puisse dire quoi que ce soit il me mit en garde:

_ Mais je te dis tout de suite: tu t'engages sur le long terme. Ce ne sera pas facile. Alors si tu souhaites te désister sur le champ je ne broncherais pas. Mais si tu acceptes, sache que je serais intransigeant.

J'étais consciente que j'allais souffrir. Je savais que Valkyon ne rigolait pas. Mais je n'étais pas inquiète. Je voulais atteindre mon premier objectif. C'est donc avec une vraie assurance que je lui répondis:

_ Je m'engage.

Il sourit, un sourire que je ne lui connaissais pas. Un sourire un peu flippant, je crois qu'il sentait qu'il allait bien s'amuser...

_ Une précision alors: vu que tu n'es pas membre de ma garde, il va falloir que nos entrainements ne s'effectuent pas aux mêmes horaires que tes cours d'alchimie. Je sais qu'Ezarel n'est pas très matinal...

_ Mais on se lève à 5h du matin en général pour les cours, glissais-je

_ C'est bien ce que je disais: il n'est pas matinal.

Je déglutis avec pleine. Je sentais que ça allait être très, très, fatiguant...

_ On pourra en profiter pour s'entrainer vers trois heures, me dit-il. J'imagine que notre emploi du temps sera assez flexible, alors ne t'inquiètes pas pour les horaires. Mais pour l'instant, je te veux présente demain matin, en salle d'entrainement, avec une tenue appropriée.

_ En salle d'entrainement?!

_ Forge, première porte à droite, tu te débrouilleras pour la suite.

Sur ce il tourna les talons, je le vis s'éloigner de moi, quand je me rappelais que je ne l'avais pas remercié.

Il se retourna, et je le sentis esquisser un sourire.

J'avais hâte de commencer ma nouvelle vie.

Quand je me rendis compte que...

Il me manquait quelque chose.

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