Les mystères d'Eldarya
Chapitre 11 : Chapitre 10: Le nouveau millénaire
1422 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 24/12/2016 11:49
Je ne m’attendais pas à ce qu’un maelstrom s’abatte sur moi avec autant de rapidité…Cela faisait une semaine que je travaillais pour modeler ma vie, une semaine que j‘ignorais les limites de mon corps. Cela faisait déjà une semaine que je m’entrainais quotidiennement d’arrache-pied auprès de Valkyon. Je ne sentais plus mes muscles… non, en fait je les sentais juste trop bien. Ils lancinaient, me suppliaient de prendre un peu de repos… mais même m’assoir était devenu un supplice ! Lorsqu’un rictus tordit mon visage alors que je m’apprêtais à poser mon postérieur sur une chaise, Valkyon ne peut s’empêcher de pouffer de rire.
En parlant de Valkyon, je remarquai qu’une étrange relation commençait à se tisser entre nous. Lorsqu’on se voyait en dehors des entrainements il était plus sociable, plus aimable, et osait même me taquiner de temps à autre. Ce qui n’était pas du tout le cas durant les entrainements. Il troquait son sourire pour un regard sévère, impassible. Et étrangement, ça ne me dérangeait pas plus que cela. Je savais qu’il faisait cela pour que je puisse progresser, (même s’il m’a dit ne pas croire aux miracles…) et son professionnalisme me surprit. Bref, tout ça pour dire que je me sentais bien. Vivante. Puissante. J’aimais ma nouvelle vie. Mon premier objectif était en marche, et cela me rendait heureuse ! Et j’ai même commencée à me pencher sur mon deuxième objectif : me cultiver. Cela sous-entendait tellement de choses. Et la première phase pour atteindre cet objectif c’était d’apprendre le faery. Ce que je faisais, tous les jours depuis une semaine, près de Kero ou Ykhar, dépendant de la disponibilité. Mon programme jadis creux devint chargé. Je commençais ma journée par un entrainement vers trois heures du matin, puis j’avais à peine le temps de prendre une douche et rejoindre Ezarel à la salle d’alchimie. Le cours d’Ezarel commençait vers cinq heures du matin et s’achevait vers huit heures du matin. Là, je pouvais enfin espérer manger un petit quelque chose, puis j’étais vite demandée pour une mission lambda, assez rapide en général. A midi, je rejoignais Ykhar ou Kero à la bibliothèque, qui m’enseignaient tous deux avec patience cette langue aux sonorités peu communes. Et je ne quittais la bibliothèque que le soir, après avoir lu assez de livres, après avoir amassé assez de savoir, après être sûre de dormir moins bête. Quel bonheur est celui de lire, de se cultiver, d’apprendre avec passion les mystères des civilisations passés, de l’histoire, des langues… Puis vint le temps de réfléchir à mon troisième objectif. Oui, c’est bien cela. Conquérir l’amour de ma vie. L’amour de ma vie…
Et c’est ainsi qu’allait ma vie de bon train depuis une semaine déjà. Et il suffit d’un seul évènement pour faire voler mes espoirs en éclats. Tout cela je pensais le faire pour moi… mais je me leurrais. Comment ai-je pu atteindre un tel degré de lucidité ? me demanderiez-vous.
Le bal, pardi.
Le bal.
…
***
(throwback)
-Sélia, attends !
Je reconnus Nevra avant même d’avoir été interpellée par le son de sa voix. Son parfum était si sophistiqué. J’aimerais bien savoir d’où il extrait ces senteurs particulières. Mais je n’avais pas de temps ! Ykhar m’attendait à la bibliothèque pour un cours de faery, et j’étais en retard.
- Nevra, excuse moi je n’ai pas le temps de te parler. On se voit tout à l’heure à la cantine ? dis-je tout en me dirigeant vers la bibliothèque
- Sélia, juste deux secondes, je … attends !
- Désolée !
- Mais…
Sa tentative de discussion s’évanouit.
- C’est important, murmura-t-il
Il se retrouva à parler à mon ombre.
Seul.
Une fois arrivée à la bibliothèque, Ykhar m’accueillit avec un grand sourire.
- Je t’en prie Sélia, met toi à l’aise. Aujourd’hui on attaque la grammaire ! Maintenant que l’alphabet et ses sonorités te sont familiers, on peut aspirer à plus grand. Tu vas voir, ce n’est pas très complexe. Mais je suis désolée, je ne peux pas rester plus d’une heure, ni Kero d’ailleurs.
- Oh et pourquoi cela ? demandais-je
- Tu le sauras bientôt, dit-elle en souriant.
J’avais envie d’insister pour avoir plus de détails mais je vis bien à ses yeux qu’elle n’allait rien dévoiler. Cette attitude mystérieuse m’intriguais.
L’heure se déroula à une vitesse ahurissante, et je me retrouvais bien vite seule à la bibliothèque, en train de dévorer des yeux des livres écrits en français sur tout ce qui concernait Eldarya. La fenêtre laissait transparaitre les rayons de la Lune. Déjà le soir était tombé. Plongée dans mon livre, tout semblait aller pour le mieux, pourtant quelque chose me gênait, et je n’arrivais pas à identifier la source de cette gêne. Je fermais mon livre, puis tendit l’oreille. J’ai l’impression que…MINCE ! J’ai oubliée d’aller voir Nevra ! Mince, mince, mince. Et dire qu’il avait quelque chose d’important à me dire.
Je filais à toute allure vers la cantine, mais bien sur je n’y trouvais personne. J’avais… oh ciel. Trois heures de retard. Evidemment ! Prise par un tourbillon d’angoisse et de culpabilité, je ne me rendis même pas compte de l’agitation inhabituelle au QG. La salle des portes grouillait d’individus, tout le monde se pressait. Mais qu’est-ce qui pouvait bien se passer ? Les paroles d'Ykhar raisonnèrent soudain dans mon esprit "Tu le sauras bientôt"...
Mais ce n’étais pas une priorité de connaitre l’origine de cette agitation. Je devais avant tout retrouver Nevra.
Soudain, je sentis deux mains froides se poser sur les yeux et m’obstruer la vue.
- Ezarel ? tentais-je
- Perdu !! s’exclama Alajéa en riant.
Un peu honteuse je sentis mes joues s’empourprer.
- Alors, tu es prête ? me demanda-t-elle en souriant.
- Prête ? Prête pour quoi ?
- Oh tu n’as pas encore de robe ?
- Une robe ? pour quoi faire ?
- Tu comptes porter quoi alors pour le soir ?
- Je ne comprends rien à ce que tu me racontes Alajéa.
- Oh, tu n’as pas encore de cavalier c’est ça ?
Tonnerre dans mon esprit. Robe, cavalier, soirée… Se pourrait-il que…
- Un cavalier ? murmurais-je
- Bah oui, pour le bal de fin de millénaire.
- IL Y A UN BAL ?
Le monde s’ébroua.
- Tu n’es pas au courant ? demanda-t-elle en formant un « o » parfait avec sa bouche d’enfant.
- Non… balbutais-je
- Ne t’inquiètes pas, on va te trouver une robe ! Tu vas voir les purrekos ont des pièces magnifiques ! Et oh ça ira super bien avec … teint… couleur… bleu ? rouge ? Cavalier… tu vois ?...Et…
Mon cœur ne faisait que bondir à l’intérieur de ma poitrine. Les paroles d’Alajéa s’évanouissaient autour de moi, m’entrainant dans un maelström de sentiments incompréhensibles. Je… je ne sais pas pourquoi tout cela me mettait dans un état second. Je… je crois que j’ai envie qu’Ezarel m’invite au bal. Je n’avais pas trop espoir, mais… je ne me voyais pas aller au bal avec qui que ce soit d’autre. Ce bal est le meilleur moyen de connaitre les sentiments qu’Ezarel porte envers moi. Je sais que je risque de vivre la plus grosse des désillusions si je m’agrippe à cet espoir, que je le transforme en certitude. Mais je tiens à vérifier si ce troisième objectif est réaliste… ou utopique. Je ne repris conscience que lorsque Alajéa me dit pour la dixième fois :
- Ezarel approche !