Regarder l'avenir.
Chapitre 30 : La vie n’est pas juste mais elle vaut la peine d’être vécue.
2969 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 10/11/2016 06:25
Les images de l'avenir reprirent sur un ciel d'où tombait de la cendre et sur Stoïck qui appelait son fils.
« Harold ! »
Les gorges se nouèrent à la détresse parfaitement audible de la voix de l'homme habituellement si farouche.
Stoïck ne détacha pas les yeux des images et pria, en silence, les dieux que son fils soit en vie.
« Harold ! » Cria le chef en regardant autour de lui avec fureur.
« Fils ! »
Puis son regard se posa sur la silhouette maintenant familière de la furie nocturne.
« Non, non, non… » Souffla Harold devant l'immobilité de son ami.
« Harold. » Murmura Stoïck.
Il se précipita, apeuré, vers le dragon qui portait son fils plus tôt. Pour se figer lorsqu'il vit la selle vide. Krokmou gémissait, la respiration laborieuse.
Les larmes s'échappèrent des yeux de tous les spectateurs lorsqu'ils réalisèrent que le garçon qui avait tout changé en mieux était tombé. C'était d'autant plus difficile que la culpabilité s'ajoutait à la tristesse. S'ils avaient écouté le garçon, les choses se seraient sans doute mieux passées.
Mais Harold ne se préoccupait pas de son sort. Il n'avait qu'une seule préoccupation. La santé de Krokmou.
Krokmou, pour sa part, regardait, avec horreur, l'absence saisissante de son ami près de lui. Harold n'était plus. C'était la seule explication. Sinon, il serait à ses côtés. Harold ne l'aurait pas laissé seul dans un moment comme celui-ci.
Krokmou se tourna sur le côté avec un gémissement. Le regard de Stoïck se tourna vers la queue de l'animal et eut le premier véritable regard sur l'appareil de son fils dont il ne restait plus que quelques barres de fer tordues.
Abattu, Stoïck tomba à genoux près de l'ami de son fils.
« Oh, fils… C'est de ma faute. »
Les vikings se rassemblèrent en silence derrière leur chef. Eux aussi infligés par la tragédie. Astrid et Gueulfor, les plus proches d'Harold en dehors de son père, se frayèrent un chemin à travers eux et se figèrent rapidement alors qu'ils découvraient la scène.
Les dragons qui avaient été chevauchés s'approchèrent sans qu'on n'en soit perturbé… Sans qu'on ne les remarque même tant al tristesse était intense.
Dans la salle, l'émotion était aussi palpable qu'à travers les images. Personne ne prenait la peine de cacher son chagrin à la mort d'un garçon prêt à tout sacrifier pour son dragon puis pour son village.
La queue de Krokmou se serra plus encore autour de la taille de son ami et il glissa le museau de son cou. Il aurait aimé le prendre plus encore contre lui mais il ne pouvait pas. Son parent avait besoin d'un contact avec Harold, lui aussi.
Krokmou redressa la tête et ouvrit les yeux avec un gémissement et axa son attention sur Stoïck.
Harold sourit. Au moins, son ami allait bien. Apparemment, du moins.
Le dragon et le chef des vikings échangèrent un long regard avant que le chef ne présente ses excuses à la furie… Alors, doucement, Krokmou relava une aile et abaissa l'autre… Dévoilant Harold, niché, en sécurité, entre ses pattes.
Les quatre êtres les plus proches d'Harold haletèrent bruyamment et tout le monde sentit l'espoir renaître. Était-il possible que…
« Harold ! »
Stoïck se déplaça rapidement et souleva avec vivacité l'adolescent. Il affleura à plusieurs reprises le front de son fils puis, après avoir jeté son casque à terre, posa l'oreille contre la poitrine de l'inconscient.
Dans les bras de Stoïck, inconscient : le garçon fluet et habituellement très animé semblait plus petit encore, comme une poupée de chiffon.
Tout le monde était dans l'attente. Dans l'attente de savoir si le garçon était mort ou en vie. Le mince espoir perdurait.
Au bout de quelques instants, Stoïck lâcha un soupir haletant de joie.
« Il est en vie ! Tu nous l'as ramené en vie ! »
Les cris de joie retentirent dans toute la salle. Cependant, Harold eut à peine l'occasion de réaliser qu'en fin de compte il vivrait. Son père, dans son soulagement, l'avait tiré dans une étreinte à couper le souffle. Littéralement.
« Papa… Je ne peux plus respirer. » Souffla Harold à grand peine.
« Ouai, ouai… Bien sûr. Désolé. » Glissa Stoïck en relâchant l'adolescent sur ses pieds.
Il tapota l'épaule de son fils (et manqua de le mettre à terre à l'occasion) et s'éloigna un peu pour laisser place à ceux qui voulaient saluer le garçon.
Au bout de quelques minutes, tout le monde avait repris sa place. Impatients de savoir ce qui se passerait par la suite.
Les vikings (comme les dragons) exprimèrent sans restriction leur joie de découvrir que le premier chevaucheur de dragon était en vie.
Stoïck posa, alors, avec douceur et respect, la main sur la tête de Kokmou.
« Je te dis merci d'avoir sauvé mon fils. »
« Ben euh… Je veux dire presque en entier. » Temporisa Gueulfor en arrivant près d'eux.
Harold déglutit à cette phrase. Il jeta un regard un peu apeuré à son père qui posa une main réconfortante sur son épaule.
« Quoi qu'il se passe, tu ne feras pas fasse seul, mon fils. Je serais là pour t'aider. »
Sa déclaration fut suivie par bien d'autre et par un coup de tête doux de son meilleur ami. Harold eut un sourire tremblant. Il se sentait pleinement accepté, cette fois.
La scène changea pour dévoiler Harold étendu sur son lit. Puis, soudain, la tête apparut dans le champ de vision. Il souffla au visage de l'inconscient puis se redressa avec de légers sons impatients pour réveiller son ami.
Harold gémit et ouvrit les yeux. Krokmou donna de légers coups de tête pour saluer son ami depuis trop longtemps inconscient.
« Salut, Krokmou. »
A la salutation d'Harold, la furie nocturne se fait un peu plus brusque dans ses démonstrations d'affection… Jusqu'à ce qu'il posa une patte sur le ventre de l'adolescent, le forçant à se redresser.
« Super réveil ! » Grommela Harold sous les rires de l'assemblée.
Mais un sourire affectueux sur ses lèvres montraient qu'il n'en voulait pas à son ami volant.
Harold eut alors un regard autour de lui et réalisa enfin où il se trouvait.
« Je suis chez moi… »
Son regard revint sur Krokmou qui trépignait sur place.
« Tu es chez moi aussi. »
Krokmou céda à son impatience et fila à travers la pièce… Beaucoup trop petite pour lui, ce qui impliqua beaucoup de choses renversées.
Stoïck marmonna que c'était peut-être une erreur d'avoir laissé un dragon s'installer dans la maison.
« Si ça peut te rassurer, papa. Je ne crois pas que Krokmou t'aura laissé le choix. »
Stoïck orienta son attention sur Krokmou qui alternait les regards entre les images et Harold sur qui il veillait scrupuleusement. Oui, il n'aurait sans doute pas eu le choix en la matière. Le dragon n'aurait pas quitté l'entourage de son fils de lui-même.
« Est-ce que mon père sait que tu es ici ? »
Krokmou se calma et s'approcha de son meilleur ami pour le lécher et le pousser à se lever.
« Ok, ok… »
Krokmou s'excita de nouveau, évidemment heureux de savoir son ami en forme, et alla se percher sur une poutre de la maison.
« Krokmou, non. Krokmou ! »
A l'appel de Harold, la furie nocturne tourna un regard innocent vers l'adolescent.
« Oh, s'il te plait ! » Râla Harold en se redressant un peu plus.
Le jeune homme se figea, toutefois, brusquement et prit une inspiration choqué avant de soulever sa couverture.
Harold déglutit. Il avait donc perdu au moins un membre inférieur. Les étreintes de Krokmou et de son père se renforcèrent, encourageantes.
Krokmou revint sur le planché de la maison et regarda Harold avec attention.
Les épaules de l'adolescent s'abaissèrent dans la défaite.
Les images quittèrent le garçon pour faire un gros plan au niveau du sol. Bientôt, Harold posa le pied droit sur le sol et, après quelques instants, une prothèse de métal le rejoignit.
L'ensemble des visionneurs s'attendait à quelque chose de ce genre mais personne ne put s'empêcher de retenir son souffle sous le choc.
Stoïck et Gueulfor eurent les larmes aux yeux pour leur petit. Harold prit une profonde inspiration et tapota le bras de son père, mal à l'aise.
« Ca va aller, papa… Je suis bien avec ça. Je peux faire face. Je suis en vie après tout. C'est le plus important… Je savais que ça pourrait arriver lorsque je suis entré dans le combat. »
Stoïck souffla mais hocha la tête avec un sourire, plus fier de son fils que jamais.
Krokmou vint renifler la nouvelle « jambe » de son ami et la releva pour regarder Harold dans les yeux. Harold prit de profondes inspirations et trouva le courage de se redresser dans les yeux de Krokmou.
Harold fit un pas et s'effondra en avant. Il fut, néanmoins, rattrapé par Krokmou avant de toucher le sol.
« Je savais que je pouvais compter sur toi, mon vieux. On sera pareil, hein ? »
Krokmou roucoula et caressa la poitrine d'Harold de la tête.
Et, encore une fois, Stoïck remercia les dieux que le dragon soit entré dans la vie de son fils. Maintenant, il était certain que son fils ne serait plus jamais seul.
« Merci, mon grand » Souffla Harold comme Krokmou l'aida à se redresser.
Puis, utilisant Krokmou comme béquille temporaire, Harold se dirigea vers la sortie de la maison.
Il ouvrit la porte… révélant un cauchemar monstrueux !
Tout le monde tressaillit de surprise.
Harold claqua la porte avec vivacité puis après avoir ordonné à la furie nocturne de rester sur place (« Krokmou, reste là ! ») la rouvrit avec plus de prudence.
Il remarqua alors que le cauchemar monstrueux était monté par Morvik.
« Ok, tout le monde… On est prêt ? Tous derrière moi ! »
Morvik et son cauchemar furent suivi par Bâtonnet et son Gronk et les jumeaux et le pouilleux.
Harold, comme hypnotisé, s'avança et balaya le village du regard. Les dragons étaient partout mais il n'y avait pas de cris de frayeur et de haine… Seulement de joie.
Harold sourit. C'était la paix. Les dragons semblaient assez bien acceptés par les vikings… Il pourrait rester avec Krokmou !
« Merci, fils. Tu as apporté la paix sur l'île. »
« Je le savais, je suis mort… »
Le rire de Stoïck retentit alors que l'homme rejoignait son fils sur le pas de la porte.
« Non… Mais t'as bien essayé, pourtant. Alors qu'est-ce que tu en dis. »
La question de son père fut accompagnée par un geste ample sur le visage.
C'est alors qu'un viking s'exclama :
« Regardez, c'est Harold ! »
Et, aussitôt, des vikings enthousiastes accoururent pour le saluer.
« Tu parles d'un changement ! » S'étonna Harold.
« Tout compte fait, tout ce qu'il nous fallait, c'est un plus de ça. » Déclara Stoïck en désignant son fils longtemps incompris.
« Tu viens de me montrer au complet. » Répliqua Harold un brin perplexe.
Stoïck se contenta de hocher la tête en silence avec un sourire et un regard fier. Des signes de on amour aussi.
« Ah, presque au complet… C'est moi qui t'es fabriqué ça ! Avec une touche Harold pour la finition. Tu crois que ça va aller ? » Entonna Gueulfor
« Je vais peut-être la modifier légèrement. »
Et là où, autrefois il y aurait eu des soupires exaspérés et dédaigneux, les rires attendris retentirent. Cela soulagea l'adolescent bricoleur et lui fit pleinement comprendre qu'il avait une place dans le village.
C'est alors que Astrid arriva par derrière lui et le frappa au bras.
« Ca, c'est pour m'avoir fait peur ! »
« Quoi ! Quoi ! Ca va toujours se passer comme ça ? C'est juste que… »
Astrid interrompit l'adolescent en l'embrassant sur les lèvres.
Les adultes rirent alors que les deux protagonistes du baiser tournaient en vermillon mais ils semblaient étrangement satisfaits.
« Je vais m'y faire, sans doute. » Bafouilla un peu Harold, rêveur.
Astrid sourit heureuse.
Gueulfor interrompit la réunion en présentant à l'adolescent une selle. La dernière preuve qui dévoilait combien on l'acceptait pour ce qu'il était à présent.
« Bon retour chez toi. »
Comme sur un signal (et sans doute impatient), Krokmou sortit avec bruit de la maison.
« Une furie nocturne ! »Cria quelqu'un.
« Couchez vous ! »
Mais les cris étaient pour d'autres raisons comme le découvrit Harold. Krokmou s'avança vers lui en se déplaçant de viking en viking, de tête en tête.
Le plan suivant montra Harold qui maniait la pédale qui dirigeait l'aileron artificiel de Krokmou avec sa prothèse nouvellement acquise.
Le nouvel aileron rouge sang se déploya, révélant le symbole d'un crâne casqué.
« Tu es prêts ? »
Krokmou secoua la tête pour lui affirmer que c'était le cas. Harold balaya encore le village où les dragons et les vikings séjournaient ensembles.
« Voici, Beurk… Il neige neuf mois par année et les trois autres mois, il grêle! »
Harold et Astrid décollèrent et prirent, très vite, de la vitesse.
« Toute la nourriture qui pousse ici est coriace et sans goût. »
Les deux dragonniers, sans ralentir, volèrent un raz motte dans une allée du village.
« Et les gens qui grandissent ici le sont encore plus. »
Les spectateurs grognèrent mais ils ne pouvaient pas nier. C'était vrai.
Stoïck poussa un soupire… Il avait l'impression que ce discourt-ci d'Harold était moins amer que le premier.
Le quatuor survola la mer et les navires avec des cris enthousiaste et joyeux.
« Le seul bon côté, ce sont les animaux domestiques… »
Ils volèrent le long de la passerelle de bois le long de la falaise et croisèrent Bâtonnet qui les rejoignit dans la course.
« Les autres communautés ont des poneys ou des perroquets. »
Puis, alors qu'ils montaient plus haut dans les airs, ils furent rejoins par les jumeaux et Morvik.
« Nous, nous avons… des dragons ! »
Les vikings se laissèrent aller en arrière et les dragons se recroquevillèrent avec calme.
Maintenant, ils savaient ce qui allait arriver. Il était temps de choisir !