Regarder l'avenir.
Chapitre 29 : Amis à la vie à la mort, mon grand.
2479 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 09/11/2016 18:34
Astrid regarda vers le duo et devint plus enthousiaste.
« Il est en vol. »
Les jumeaux et Astrid se regroupèrent et la jeune fille prit naturellement les commandes.
« Sortez Morvik de là ! »
« Je m'en charge. » Répondirent-ils de concert.
« J'm'en charge avant toi. » S'énerva Kranedure
« Laisses moi conduire ! » Répliqua sa sœur.
« Les gars ! » Râla Harold.
Les jumeaux esquissèrent un sourire penaud. Ils savaient le pourquoi de la remarque de leur compagnon. Une bataille comme celle là n'était pas le moment pour une dispute.
« Il ne faut pas que vous vous disputiez comme ça. Surtout pas en vol. Votre dragon réagit à votre humeur. Le votre le fera d'autant plus qu'il a deux têtes. Elles se disputeront aussi. »
La dispute continua comme ils s'approchaient du sommet du crâne de leur adversaire. Morvik sauta rapidement et atterrit avec succès sur le dragon à deux têtes.
Les adolescents regardaient avec merveille leur vol. Époustouflés de voir combien ils travaillaient en harmonie ensemble mais aussi avec les dragons.
Ils n'étaient, d'ailleurs, pas les seuls. Les dragons et les autres vikings étaient aussi surpris qu'eux de voir combien l'entente avait été rapide.
Astrid qui survolait la scène lorsqu'elle se retrouva en difficulté. Le reptile géant tourna la tête vers elle et prit une profonde inspiration. Malheureusement, celle-ci était trop puissante pour le pauvre dragon vipère qui commença à être entraîné.
Les parents de la jeune fille et ses amis lui coulèrent un regard nerveux. Tous craignaient pour sa vie.
Astrid effleura, d'une main tremblante, le bec de son dragon. Elle ne pouvait plus voir ce dragon bleuté comme autre chose que le sien. Surtout pas après s'être vu en vol avec elle. Elle craignait autant pour sa vie que pour la sienne.
La blonde pratiquement dans la gueule de la créature lorsque la furie poussa un cri et arriva sur le champ de bataille.
« Une furie nocturne ! » Hurla un viking, provoquant un mouvement de panique.
Krokmou ricana, ravi de provoquer encore un peu de peur parmi les hommes. Mais, à vrai dire, il préférait les regards de confiance et d'admiration que ceux-ci lui donnaient maintenant… En particulier les jeunes.
Les vikings plus jeunes que son Harold n'avaient cessé de lui jeter des regards et des sourires depuis qu'ils avaient découvert qu'il était son ami.
« Couchez vous ! » Ordonna Gueulfor alors que Harold et Krokmou se précipitait droit devant le monstre.
Astrid et son dragon s'acharnait toujours à échapper à la gueule du géant lorsque Krokmou le frappa d'un jet de plasma à la mâchoire inférieure.
L'action du duo fut récompensée par une slave d'applaudissement, d'une tape de Stoïck sur l'épaule de son fils et d'un rapide baiser d'Astrid sur le joue de son futur sauveur.
Harold rougit à l'attention tandis que Krokmou gonflait le torse, satisfait des éloges.
L'explosion, cependant, désarçonna Astrid qui tomba hors de sa monture vers le sol à une vitesse impressionnante.
Krokmou monta en chandelle et replongea avec rapidité… Et rattrapa la jeune fille au cours de sa descente.
Les spectateurs poussèrent divers sons d'appréciation face à la figure. Harold et Krokmou, eux, se contentèrent de sourire, heureux de bien travailler ensembles, et d'analyser leur vol pour l'améliorer.
« Tu l'as eu ? » Demanda Harold.
Krokmou pencha la tête en bas pour regarder Astrid qu'il tenait, la tête en bas avec ses pattes. La jeune fille était indemne. Elle adressa même un sourire à la furie qui lui répondit de son sourire tordu et d'un léger chantonnement.
Krokmou déposa la jeune fille en sécurité sur le sol à mi-course et continua son vol vers le dragon dominant.
« Vas y. » Souffla Astrid pour elle-même, acceptant volontiers Harold comme héros.
« Cette chose a des ailes. Ok, voyons si elle sait s'en servir. »
« Non ! Harold ! Tu es fou, tu ne peux pas combattre cette chose seul. » S'exclama Stoïck, effrayé pour son enfant.
« Je suis sûr que j'ai un plan. »
Harold le rassura de son mieux. Il était certain que c'était vraiment le cas. Il avait, lui-même, une idée de ce que ce plan impliquait.
Harold fila en piqué, avec son ami, sur le dragon qu'ils combattaient et abattit une boule de plasma pour l'attirer à eux.
La puissance du jet fut si puissante que la bête s'effondra sur le côté. Pas pour longtemps mais assez longtemps pour assurer la réussite de cette partie du plan.
Le dragon géant souleva avec lenteur ses ailes.
Harold déglutit, inquiet pour la suite. Un dragon géant énervé qui les poursuit n'était pas ce qui caractérisait une bonne journée.
« Tu crois que ça a suffis. » Questionna Harold en regardant en arrière.
Il eut, très vite, sa réponse. Leur adversaire les suivit dans les ailes, battant avec lenteur et puissance de ses ailes.
« Oui, il sait voler. »
Harold incita son ami à voler au milieu des colonnes de pierre dans la mer. Il misait sur la rapidité et la petite taille de Krokmou pour gagner avantage d'un tel terrain sur le géant.
Harold hocha la tête satisfait mais grimaça rapidement à l'image qui suivit son vol réussit entre ses colonne.
La tactique aurait pu être bonne, en effet, mais le reptile volant géant était si imposant qu'il se contenta de réduire en miette (ou presque) les grandes colonnes naturelles.
Les vikings qui regardaient son vol depuis la plage l'encouragèrent à grand renfort de cris qui s'interrompirent brutalement lorsque le monstre vola à travers un monceau de falaise sans même un arrêt.
L'inquiétude parmi les vikings et dragons monta d'un crains. A la fois dans les images et dans la réalité.
Harold leva les yeux vers les nuages noirs au dessus de leurs têtes, voyant là un nouvel avantage pour leur duo.
« Ok, Krokmou… C'est le moment de disparaitre ! On monte mon grand !»
Le dominant les suivit dans l'instant et se prépara à les enflammer.
« Attention, il approche ! »
Le duo pivota sur la gauche et disparurent dans les épais nuages avec le monstre derrière eux. Bientôt, la créature les perdit de vue.
Au bas, sur la plage, le silence régnait. Tout le monde guettait, inquiets, le ciel où les combattants étaient, à présent, invisibles.
Stoïck prit une profonde inspiration stabilisatrice. Il était reconnaissant de la présence de son fils à ses côtés et de la main que Gueulfor avait posée sur son bras en guise de soutien. Il voulait, plus que jamais, prendre son fils dans ses bras… Mais il ne le fit pas. Par respect. Son enfant avait tout d'un homme maintenant.
Dans le ciel, en sécurité précaire parmi les nuages, Krokmou tourna autour du tourmenteur des dragons. Les nuages les cachaient si bien, Harold et lui, que leur adversaire fut pris au dépourvu, à plusieurs reprises, par un jet de plasma.
Dans bas, les vikings ne virent que les éclairs violetés des jets de plasma de la furie qui dévoilait, quelques secondes, la silhouette gargantuesque de l'ennemi.
Bientôt lassé par la douleur et le jeu de cache-cache, celui-ci jeta un long et vigoureux jet de flammes autour de lui…
« Attention ! »
A l'horreur des personnes dans la salle, les flammes touchèrent l'appendice artificiel de Krokmou.
Harold poussa un juron et Krokmou fit un mouvement violent de la tête, montrant la même inquiétude et la même exaspération que celui qui le chevauchait.
« Ok, c'est le moment ou jamais. » Affirma l'apprenti cavalier au regard de l'aileron qui s'enflammait. « Voyons si ça va marcher. »
Encore une fois, ils piquèrent droit sur leur adversaire et le poussèrent à plonger en piquer derrière eux.
« Allez ! Tu ne peux pas faire mieux.» Nargua Harold.
Harold poussa un peu plus son ami accompagné d'encouragement.
« Lâche pas, mon grand. On y est ! Tu dois tenir bon encore un peu. »
Tout le monde s'avança. Impatients de découvrir le plan du fils du chef et d'en connaitre le résultat terrifié qu'il lui arrive quelque chose de grave.
« Garde cet angle ! » Coordonna Harold en observant les actions de leur poursuivant. « Ok ! »
Krokmou, à l'ordre de son ami, fit une pirouette de façon à être à demi retourné en lança une boule de plasma dans la gueule ouverte de leur ennemi alors que celui-ci s'apprêtait à faire feu.
De grands « oh » retentirent. Émis par ceux qui avaient le souvenir de l'action de Krokmou avec un plus petit dragon.
Les adolescents, le chef, Gueulfor et quelques autres vikings se souvenaient que les dragons ne semblaient pas très ignifugés à l'intérieur d'eux-mêmes.
L'énorme dragon commença à montrer, tout de suite des difficultés… Et, à cet instant, le sol fut en vue. Le grand dragon tenta une remontée mais ses ailes, fragilisées par les coups de plasma de Krokmou, commencèrent à se déchirer.
Krokmou se redressa et remonta avec vivacité alors même que son adversaire s'écrasait en une immense explosion à proximité des vikings.
Il y eut un moment de silence puis ce fut le désordre. Tout le monde était en liesse. Vikings et dragons. Tout le monde acclamait les deux héros qui avaient amené la paix.
Puis la voix de Stoïck retentit forte et âpre.
« Silence ! Ils sont peut-être pris dans l'explosion ! »
Le silence revint plus épais que jamais. Harold et Krokmou qui avaient été conscients de cette éventualité échangèrent un regard. Ils savaient qu'il n'y avait pas beaucoup de choix. Soit ils survivaient tous les deux, soit ils mourraient tous les deux. Car aucun d'eux n'abandonnerait l'autre.
Les images montrèrent Harold et Krokmou remonter en l'air en rasant le corps en feu de leur adversaire. Harold appuyait avec insistance sur sa pédale… Mais, l'aileron artificiel de la queue avait totalement flambé, la rendant inutile.
Personne n'émit un son. Ils étaient tous trop pris par l'histoire. Ils craignaient trop le sort des deux héros pour retarder le défilement des images de l'avenir.
Ils virent trop tard la queue de l'animal… et la heurtèrent de plein fouet. Ils furent séparés et tombèrent, tous les deux droits dans le brasier sous eux.
Les larmes vinrent même aux yeux des guerriers les plus endurcis. Il était impossible que ces deux là survivent à cet enfer.
Stoïck sentit son cœur sombrer et il agrippa le bras de son fils, presque douloureusement. Il se sentait incapable de respirer. Comment pourrait-il survivre à la perte de son enfant ?
Harold trembla un peu plus mais reprit un peu de contrôle lorsque son père agrippa son bras et que Krokmou passa sa queue autour de sa taille. Ce n'était pas encore arrivé, de toute façon… Ils pouvaient encore choisir de changer cet avenir que les dieux lors dévoilaient.
Krokmou se contorsionna dans les airs pour ne pas perdre son ami des yeux… et, en le voyant tomber, inconscient, il battit furieusement des ailes pour se diriger vers lui, pour le rattraper… indifférent à l'enfer dans lequel il plongeait.
Un silence choqué perdura alors que la scène s'achevait et qu'une nouvelle courte pause se faisait. Ils n'arrivaient pas y croire, il n'y avait pas de rebondissement. Malgré les efforts de la furie nocturne, elle était encore loin du garçon à la fin de cette scène. Il n'y avait pas moyen qu'il ait pu l'atteindre à temps.
Les sanglots retentirent alors. Forts ! Les enfants se précipitèrent dans les bras de leurs parents et ceux-ci firent de leur mieux pour retenir leur propre chagrin.
Harold leva les yeux en percevant le tremblement de son père et remarqua que celui-ci était figé, abattu.
« Papa… Je suis encore là… Quoi qu'il arrive, on peut le changer. Les dieux nous ont accordé cette chance. »
Stoïck baissa les yeux sur son fils et hocha très faiblement la tête, la main se resserrant sur le bras de son fils.
Krokmou ferma les yeux aux paroles de son ami. Il ne pouvait pas croire qu'il avait échoué à le sauver. Il n'imaginait plus sa vie sans lui.