Regarder l'avenir.
Chapitre 28 : Des guerriers d’un nouveau genre
3013 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 10/11/2016 08:50
Le grand dragon ne resta pas immobile bien longtemps. Il commença à avancer parmi la foule désordonnée de vikings… Mais, sur l'impulsion de leur chef, ils ne tardèrent pas réagir à l'apparition monstrueuse… De la seule façon qu'ils connaissaient. En attaquant frontalement.
« Les catapultes ! »
Harold gémit à l'ordre de son père. Cela ne pouvait pas bien finir. Les vikings, seuls, ne pouvaient pas vaincre. Ils n'étaient pas assez forts. Leurs armes étaient à peine assez puissantes pour combattre les dragons habituels… alors que dire de ce monstre !
Il ne fit aucun commentaire désobligeant néanmoins. C'était inutile. D'une part, cela ne s'était pas encore passé… et de l'autre, son père était déjà suffisamment accablé. Son visage tiré et terreux en était une preuve suffisante.
Les blocs de pierre qui lançaient étaient inutiles… Elles n'eurent que pour effet accroître la fureur du dragon inconnu. Celui-ci réduisit, sans effort, plusieurs catapultes en miette.
« Retournez aux bateaux ! » Hurla un viking.
« NON ! » Le contredit sur l'instant Stoïck.
Certains lancèrent un regard perplexe au chef alors que d'autres acceptaient ses paroles dans une réalisation horrifiée de ce qui pourrait arriver.
Les perplexes eurent une explication rapide au moyen des images des dieux.
Le dragon furieux lâcha un jet de flamme destructeur sur l'ensemble des bateaux. Un coup avait suffis pour détruire toute la flotte !
« Non ! » Hurla Harold en tremblant.
Il agrippa le harnais de son ami. Krokmou ne pouvait pas mourir. Surtout pas comme ça ! Attaché et seul !
Le dragon noir poussa un trémolo triste et donna un léger coup de tête à Harold pour tenter de le réconforter.
Tout le monde fut sensible à la détresse du couple d'amis… Les personnes proches de Harold plus que les autres.
Tout le monde dirigea rapidement leur regard sur les images de l'avenir, voulant vivement être rassuré à propos de l'avenir.
Les guerriers sur les bateaux sautèrent à l'eau pour tenter d'échapper au brasier.
Les images montrèrent, alors, Krokmou piégé au milieu de ce brasier, incapable de fuir.
Tout le corps du fils du chef fut pris de frisson et il se blottit plus à proximité de son ami volant. Il voulait se rassurer sur le bien être de celui-ci. Cela ne se passait pas. Pour le moment, son cher dragon se portait bien.
Les images revinrent sur Gueulfor et Stoïck.
« Un malin, celui là. »
« Ils le sont tous. » Commenta Astrid en effleurant le bec de son propre dragon avec sourire lorsque celui-ci répondit d'un doux roucoulement.
« J'ai été fou ! » Répliqua Stoïck à la déclaration de son ami.
Harold coula un regard vers son père à cette tranquille déclaration. Cela voulait dire beaucoup de la part de son père. Il était rare que l'homme se remette en question. Très rare. En fait, ce n'était jamais arrivé d'après les souvenirs de Harold.
« Emmenez les hommes de l'autre côté de l'île ! » Ordonna le chef à l'adresse du père de Morvik.
« D'accord. »
« Gueulfor, va avec les autres ! »
« Comme si ! » Marmonna Gueulfor.
Stoïck sourit à son meilleur ami. Il se doutait que l'homme ne l'aurait pas quitté. S'il y avait une personne sur qui il pouvait compter, c'était bien sur le têtu forgeron.
Pour sa part, Harold poussa un discret soupir de soulagement. Il y avait moins de risques qu'il se retrouve orphelin si Gueulfor restait avec son père.
« Je crois que je vais rester juste au cas où tu voudrais faire une bêtise quelconque. »
« Je devrais pouvoir leur donner un peu de temps en donnant à cette chose un gibier à chasser. »
Gueulfor retint son ami alors qu'il s'apprêtait à mettre son plan en exécution. Il serra fraternellement sa main et déclara les yeux dans ceux de son ami de toujours.
« A nous deux, on va doubler ce temps là ! »
Les deux hommes échangèrent un hochement de tête et Stoïck passa un bras autour des épaules de son enfant unique lorsqu'il perçut son inquiétude accrue.
« Ici ! » Hurla Stoïck à l'adresse de l'immense dragon.
« Oh, oh... Non ! Ici ! » Cria à son tour Le forgeron en prenant la direction opposé de son ami pour diviser l'attention de l'animal.
Stoïck s'empara d'un pieu et le lança droit sur la tête du dragon, attirant efficacement son attention.
Attention qui s'orienta bien vite ( et par « bonheur ») sur Gueulfor qui criait à son adresse.
« Bats toi avec moi ! »
« Non, moi ! »
La bête perdit évidemment patience car elle se redressa sur ses pattes arrière en prenant une profonde inspiration. Elle se préparait à lâcher un jet de flamme… lorsqu'elle fut frappée par jet de flammes à l'arrière de la tête.
Les adolescents se redressèrent aussitôt en comprenant qu'ils entraient encore une fois en scène. Harold soupira de soulagement et espéra qu'il n'était pas trop tard pour Kokmou. Les parents, eux, se tendirent à leur entrée dans la bataille.
Et, ils apparurent. Tous les six arrimés à des dragons. Harold, qui chevauchait avec Astrid le dragon vipère, donnait des ordres sans qu'aucun ne les conteste… Sous la stupeur et l'émerveillement de son père.
« Kogne, Krane, attention derrière ! Avance Bâtonnet ! »
« Regardez nous ! On est sur des dragons ! » Clamèrent les jumeaux assis sur le cou des pilleux.
« TROP COOL ! » Clamèrent les jumeaux en se cognant la tête, enthousiastes.
« On est sur des dragons ! » Reprit Morvik, à l'aise sur le cauchemar monstrueux alors qu'il s'agrippait à ses cornes.
« Tous ! » Appuya Bâtonnet depuis le Gronk.
Les guerriers en contrebas poussèrent des murmures où se mêlaient surprise et émerveillement.
« Harold ! »
« Allons y ! » Déclara le jeune viking.
« Tout ton portrait ! Un petit viking, têtu comme une horde de sangliers ! »
Harold rougit lorsque son père hocha la tête. A la fois sur les images et dans la réalité. C'était là la preuve qu'ils avaient une chance de construire une véritable relation. Son père l'acceptait tel qu'il était, enfin.
« Bâtonnet, analyse ! »
« Ok ! Crâne solidement charpenté et queue blindée pour cogner et écraser. Evitez les deux. Petits yeux, grandes narines. Se fit à son ouï et son odorat. »
Tous les adolescents sauf Harold se tournèrent vers le viking un peu costaud avec surprise. Harold, lui, n'était pas surpris. Il savait que Bâtonnet en savait plus sur les caractéristiques morphologiques de dragons que quiconque.
« Vik, Tonet… Tenez vous dans son angle mort. Faite du bruits, emmêlez le ! Krane, Kogne, voyez si vous ses minutions ont une limite. Faite lui perdre la tête ! »
« Ca, c'est ma spécialité ! » Déclara Kognedur.
« Tout le monde sait que je suis le plus énervant ! Regarde! » Contesta son frère en retournant sa tête de dragon de 90°.
« Faite ce que je vous ai dis, ok. Je n'en ai pas pour longtemps ! Je reviens très vite. » Les reprit Harold.
Harold réalisa alors que tout le monde le regardait. Il savait pourquoi. Lui-même était surpris que son futur lui soit aussi à l'aise et à sa place dans le rôle de leader. Bon sang, même les jumeaux l'écoutaient ! Ce n'était pas un mince exploit ça !
Harold croisa le regard de son père et rougit d'autant plus lorsque ce dernier déclara être fier de lui.
Harold regarda son meilleur ami qui s'était ragaillardi dans son retour dans l'action. Tout cela, c'était grâce à Krokmou. Jamais il ne pourrait assez le remercier !
Harold fit pivoter le dragon bleu et jaune et l'orienta vers la flotte en flamme.
« T'inquiète pas, on est sur le coup ! » Hurla Morvik alors que le groupe filait vers l'immense dragon.
Ils se positionnèrent tous de façon à obéir exactement aux ordres de celui qui était, peu de temps auparavant, leur souffre douleur.
Les jumeaux lancèrent des insultes au reptile géant, s'attirant un jet de flamme qui évitèrent en riant. Pendant ce temps, Morvik et Bâtonnet fracassaient leur arme contre leur bouclier.
« Cette chose n'a pas d'angle mort. » Constata avec crainte le viking joufflu en découvrant les nombreux yeux de la créature.
Les guerriers et les dragons dans la salle s'agitèrent inquiet. C'était une mauvaise nouvelle. L'angle mort procurait une sécurité non négligeable.
Harold observait la flotte en proie en flamme pour repérer Krokmou.
« Là ! »
Harold n'hésita pas. Il piqua vers le navire et sauta sur le pont.
Stoïck cligna des yeux et pâlit furieusement. Harold grimaça en sentant l'emprise de son père se resserrer sur son bras. Il ne dit rien. Son inquiétude était agréable.
Il grimaça lorsque Krokmou lui donna un coup de queue sur la tête. Pour manifester son mécontentement de voir son humain se mettre en danger.
« Va donner un coup de main aux autres. »
Astrid obéit sans s'attarder et Harold retira la muselière à Krokmou.
« Attend, Attend ! »
Après quoi, à l'aide d'une pelle, il essaya de briser les chaines qui le maintenaient.
Après du monstre géant, les garçons s'enthousiasmaient en remarquant que leurs actions fonctionnaient aussi sur leur adversaire.
« Ca marche ! »
« Ca marche, ouai, mais aussi sur vos dragons, mes gars. » Commenta Gueulfor en voyant le Gronk que chevauchait Bâtonnet secouer la tête. Comme c'était aussi le cas du cauchemar monstrueux.
Le cauchemar monstrueux finit par heurter le dominant et éjecta, à cette occasion, son cavalier sur la créature même qu'il combattait. Morvik glissa mais se rattrapa de justesse.
« Je n'ai plus de puissance sur le Gronk. Morvik, fait quelque chose ! »
Bâtonnet lança son arme à son camarade alors même que le Gronk tombait vers le sol. Le Gronk heurta le sol relativement doucement, entrainant Bâtonnet à rassurer tout le monde… Avant que le dragon se retourne sur lui-même et écrase le garçon sous son corps.
« Ca va moins. »
Les gens rirent affectueusement et Bâtonnet rougit avant de sourire lorsque le Gronk le lécha, comme pour se faire pardonner.
L'immense dragon souleva la patte. Malheureusement, Bâtonnet était si proche de celle-ci que le monstre l'aurait écrasé sans l'intervention de Morvik. Le jeune homme frappa les yeux du dragon.
« Qu'est-ce que t'as mon vieux ? T'as une poussière dans l'œil ? »
Le dragon poussa un hurlement de douleur.
Astrid revint sur les lieux à cet instant et complimenta le jeune guerrier.
« Ouai, c'est toi le meilleur, Morvik ? »
« Tu trouves, ma belle ? » La cajola Morvik.
Astrid soupira et leva les yeux au ciel. Elle ne prit pas la peine de lui répondre.
L'attention de Morvik fut détournée au mauvais moment. Le dragon secoua la tête, manquant de faire tomber le jeune homme par-dessus bord. Heureusement, il se rattrapa de justesse à une corne.
Le dragon donna, soudain, un coup de queue qui fracassa le mat du navire même où se trouvait Harold et Krokmou.
Stoïck ferma les yeux et frémit en voyant les dangers que courait son fils. L avait de plus en plus l'impression qu'il allait regretter le temps où Harold était « moins » viking.
Le dragon finit de démolir le navire en marchant sur celui-ci. Les deux amis coulèrent immédiatement sous l'eau. Krokmou hurla alors qu'il s'enfonçait dans la mer, toujours maintenu attaché.
Harold n'abandonna pas. Il nagea rapidement vers son ami et s'obstina à vouloir libérer la furie nocturne jusqu'à tomber dans une semi inconscience.
Les dragons et les vikings furent impressionnés par la fidélité du fils du chef.
Les vikings réalisaient combien ils s'étaient trompés sur le garçon. Harold était un véritable leader, comme son père. Et les évènements montraient qu'il faisait un meilleur viking qu'eux tous.
Les dragons étaient choqués et impressionnés que le garçon soit prêt à risquer sa vie pour un dragon qu'il considérait comme son ami.
Alors que Harold tombait dans cette semi inconscience, il fut tiré en arrière. Loin de Krokmou qui cria pour lui.
Stoïck déposa son fils sur la rive et replongea sans attendre.
Harold écarquilla les yeux, choqué. Certes, son père avait accepté ses erreurs. Il avait aussi reconnu que son fils n'était l'inutile garçon qu'il avait cru… Mais, Harold n'aurait jamais espéré que le farouche viking soit disposé à sauver un dragon… Surtout si tôt.
Il lança un regard vers son père qui sembla se détendre. Comme soulager que son futur lui prenne la décision évidente de sauver le dragon de son fils.
Sous l'eau, Krokmou se tenait immobile, la tête baissée, résigné à son sort. Il la redressa, méfiant, lorsque Stoïck se figea devant lui.
Les deux ex-adversaire échangèrent un long regard qui devait contenir beaucoup.
Stoïck s'approcha plus près de l'harnachement de Krokmou et le libéra sans effort.
Harold oublia tout à ce moment. L'indifférence de son père, leurs différents… Tout. Il se jeta au coup de l'homme et le remercia.
« Merci de sauver Krokmou, papa. »
« Ce n'est pas encore arrivé. » Souffla Stoïck un peu mal à l'aise.
« Mais je sais que tu le ferais, même maintenant. Alors merci ! »
Une fois libéré, Krokmou resta quelques instants immobiles puis il se précipita en avant, agrippa le père de son ami et le déposa sur la plage. Tout cela en quelques secondes.
Il alla ensuite se posa sur un rocher et fit signe à Harold. Le garçon comprit, sans mal, la furie nocturne et courut à lui.
« J'arrive mon grand. »
Harold sauta sur son dos et entreprit de s'attacher. Stoïck saisit sa chance et lui agrippa le bras.
« Harold… Je m'excuse. Pour tout. »
Harold regarda son futur lui fermé les yeux. Harold savait ce qui se passait dans l'esprit de son avenir. Les excuses de Stoïck signifiaient beaucoup. Cela signifiait surtout que Stoïck l'acceptait comme il était.
« Ouai, mon aussi. »
« T'es pas obligé de monter. »
« On est des vikings. Ce sont les risques professionnels. » Déclara Harold avec un sourire.
Stoïck resserra son étreinte autour de la main de son fils pour marquer la véracité de sa déclaration.
« Je suis vraiment fier que tu sois mon fils. »
« Merci, papa. »
Sur ce, Harold et Krokmou décollèrent.