Regarder l'avenir.
Chapitre 26 : Un plan totalement dingue…
3227 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 08/11/2016 19:18
La scène passa sur les vikings qui se préparant au raide. Les guerriers chargeaient les armes sur les bateaux. Il fut bientôt évident que presque tout le village se tenait prêt à partir pour l'île des dragons. En effet, plus d'une vingtaine de navires étaient déjà prêts au départ.
La tension dans la salle augmenta encore. Ils savaient tous, vikings et dragons, dans quoi ils se lançaient. Ils savaient, aussi, qu'isolé, aucun de leur deux peuples ne pouvaient être libéré de la guerre… du dragon mère.
Les diverses armes furent lancées, pèles mêles sur le pont, dans leur hâte de larguer les amarres.
La scène montra, ensuite, Krokmou solidement harnaché sur les quais. Le corps et tête efficacement immobilisés à l'aide d'un équipement de bois et de chaines.
Harold caresse distraitement Krokmou, autant pour rassurer sur ami que pour se rassurer lui-même. Krokmou laissa échapper un ronronnement et donna un coup de tête amical au jeune viking, lui renvoyant son réconfort.
Personne ne prit la parole, encore une fois. Il n'y avait rien à dire.
Comme les villageois qui restaient se rassemblaient pour dire au revoir à ceux qui partaient, on souleva Krokmou sur l'un des navires.
Les images montrèrent, alors, Harold qui regardait toute la scène depuis le sommet de la falaise, désespéré.
Stoïck se hissa dans le même bateau de Krokmou et ordonna le départ d'un « Hissez les voiles ! Cap sur Helheim's Gate»
Sur ses mots (dont le ton montrait que le chef était toujours furieux), le chef leva les yeux et repéra, tout de suite, son fils. Il se détourna, toutefois, rapidement et, en passant devant Krokmou, déclara :
« Conduis-nous chez toi, démon. »
Harold serra les dents pour s'empêcher de riposter. Il devait se rappeler que ces gestes, ces mots n'avaient pas encore dis ou fais. De plus, en cet instant, son père ne pensait pas cela de Krokmou… Comme la plupart des vikings, il avait vu au-delà des apparences durant le visionnage des images divines.
Harold regarda, les poings serrés, plus de la moitié du village partir, avec son père et son meilleur ami, vers une mort certaine.
Il resta à la même place, même lorsque les navires eurent disparu à l'horizon. Il fut alors rejoint par Astrid qui arborait une expression inhabituellement douce.
« C'est un désastre ! T'es sûrement mal dans ta peau. T'as vraiment tout perdu. Ton père, plus ton village, plus ton meilleur ami. »
Tous les regards, y compris celui d'Harold, se tournèrent vers la future émettrice de ces paroles, estomaqués par sa dureté. Elle était censée être une amie d'Harold à ce stade de l'histoire. Or, une amie n'était pas censée enfoncer le moral déjà bas d'un camarade.
Astrid rougit… Bien qu'elle devine les plans de son futur soi. En effet, elle devinait qu'elle tentait de pousser Harold à passer à l'action.
« Merci pour ce très bon résumé. »
« Pourquoi est-ce que je n'ai pas pu tuer ce dragon qu'en je suis tombé sur lui. » Reprit Harold après un instant de silence.
Tout le monde fut surpris par ses paroles mais ne prirent pas le risque de commenter lorsqu'ils remarquèrent la culpabilité du garçon et les gémissements de la furie.
« Chut, Krokmou. Je ne le pense pas vraiment. »
« Cela aurait été bien mieux. Pour tout le monde ! »
« Ouai ! Nous l'aurions fait. Nous tous. Alors pourquoi tu ne l'as pas fait ? »
Astrid se tourna vers Harold et répété sa question lorsqu'il devint évident que celui-ci ne briserait pas le silence qui l'avait suivi.
« J'en sais rien… J'pouvais pas. » Maugréa l'adolescent en se détournant.
« C'est pas une réponse. »
« Pourquoi est ce que c'est si important, tout d'un coup, pour toi ? »
« Parce que je veux essayer de me rappeler ce que tu vas dire, maintenant ! »
« Oh, pour l'amour du… J'avais la trouille ! J'étais un dégonflé ! Je me refusais à tuer un dragon. »
Des murmures s'élevèrent aussitôt. Le changement de verbe, non sans importance, n'avait échappé à personne.
Il n'échappa pas, non plus, à la future Astrid.
« T'as dit ''je me refusais'' cette fois. »
« Ok, peu importe ! Je me refusais. Trois cents ans et je suis le premier viking qui se refusait à tuer un dragon. » Déclara, finalement, Harold en se détournant encore.
« Le premier à en chevaucher un, toutefois. » Répliqua la blonde.
Astrid sourit et opina, en accord avec son future elle… Et d'accord avec sa façon de procédé. Elle croisa le regard d'Harold qui lui donna un sourire de remerciement pour ses actions futures.
Les adolescents sentirent la jalousie les envahir. C'était vrai. Harold serait toujours le premier… Et, sans doute, le meilleur chevaucheur de dragon.
« Alors… »
« J'ai refusé de le tuer parce qu'il avait l'air d'avoir aussi effrayé que moi. J'ai regardé cette bête et c'est moi que j'ai vu. »
Les vikings et les dragons se tendirent à ces mots. Si l'on acceptait d'essayer de changer de point de vue… De voir au-delà des apparences, c'est fou ce que les choses changeaient… Et, en trois cents ans, les premiers à le faire avaient été ce jeune viking et cette furie nocturne. En trois cents ans, seuls deux êtres s'étaient arrêtés sur les ressemblances plutôt que sur les différences. Et, cet acte changeait tout.
« J'imagine qu'il a vraiment peur à l'heure qu'il est. Qu'est ce que tu vas faire pour ça ? » Demanda Astrid, un brin provocante.
« Probablement une bêtise. » Répondit Harold avec un soupire et un haussement d'épaule.
« Bon… Mais tu as déjà fait ça. »
Les rires retentirent parmi les deux espèces. Mais, cette fois, Harold n'en prit pas ombrage. Ce n'était pas des rires malveillants. C'était des rires joyeux et émus qui le faisait sentir comme faisant parti du village.
« Alors peut-être une folie ! » Se corrigea Harold en courant loin d'Astrid.
« Ca s'est mieux, déjà. » Déclara Astrid avec un sourire avant de courir à sa suite.
Les visions du futur montrèrent, alors, les navires vikings passant le mur de brume qui symbolisait l'entrée du territoire des dragons.
La tension revint dans la salle. Les vikings se firent plus sérieux et les dragons se recroquevillèrent sur eux-mêmes de peur. Même en image, le dragon mère les terrifiait.
Harold caressa son ami écailleux pour le rassurer et vit, du coin de l'œil, les autres adolescents faire de même avec les dragons qui s'étaient installés, d'eux-mêmes à leur côté.
Harold espéra que tout allait bien se passer. Il voulait perdre, ni son père, ni Krokmou… ni Gueulfor.
« Signalez vos positions. Restez à porter de voix. » Ordonna Stoïck en tentant de percer la brume.
« Ecoutes, Stoïck… Je viens d'entendre parler quelques hommes, y'a un pe'tit moment… »
Les vikings coulèrent un regard vers le forgeron qui rougit un peu. Le mensonge était évident, c'est sûr. Même certains enfants l'avaient décelé.
« …Et, il y en a qui aimerait savoir ce qu'on est venu manigancer ici. Pas moi, bien sûr. Je sais que tu as toujours été un homme avec un plan… Mais il y a des hommes – pas moi ! – qui se demande si, en fait, il y a vraiment un plan. »
Harold, les autres adolescents et les enfants rirent ouvertement tandis que les adultes tâchaient de se faire plus discrets.
« La prochaine fois, n'insiste pas autant sur ta non implication si tu veux que je te crois. » Déclara Stoïck avec un sourire à son meilleur ami.
Le forgeron eut un sourire penaud et reporta son attention sur les images des dieux.
« Et ce que ça peut bien être… »
« Trouver leur nid et le détruire. » Répondit Stoïck toujours aussi furieux.
« Ahhh ! Bien sûr ! Les disperser, la vieille technique de replis viking… Oui, faisons ça. »
Stoïck qui s'était tourné vers Krokmou ordonna le silence à son ami lorsqu'il remarqua l'attitude étrange de la furie. Krokmou poussa de petit cri et bougeait les oreilles, interpellé par des sons encore inaudible pour les hommes.
Harold grimaça et jeta un coup d'œil à Krokmou qui se cacha le museau derrière sa queue… Puis il tourna son regard sur son père qui s'était tendu depuis que les navires étaient entrés dans la brume. Harold comprenait que c'était surtout parce que qu'il avait conscience qu'il allait mener plus de la moitié du village à sa perte.
Stoïck s'avança rapidement à l'arrière du navire pour prendre la barre.
Krokmou se redressa et se tourna vers la droite. Stoïck barra immédiatement dans cette direction. Il reproduit, ainsi, à quelques reprises le mouvement, suivant la direction qu'indiquait, sans le vouloir, Krokmou.
« Barre à bâbord. » Ordonna le chef.
Son ordre fut répété, à plusieurs reprises, et immédiatement suivi.
Les images revinrent sur Harold qui se tenait devant la porte de l'enclos des dragons, dans l'arène. La voix d'un adolescent l'interpela, soudain.
« Si tu as envi de te faire dévorer, c'est encore le Gronk le meilleur choix. »
Le groupe d'adolescents était au complet, à la grande surprise d'Harold. Astrid les avait clairement rassemblés après son entrevue avec Harold.
Kranedur s'avança vivement en avant, bousculant durement sa sœur au passage.
La jeune fille le fusilla du regard et fit son possible pour ne pas le frapper.
« T'as bien fait de venir demander l'aide de l'arme la plus mortelle au monde. C'est moi ! » Déclara Kranedur en parlant, évidement de lui.
Morvik frappa son ami pour prendre sa place et se posta devant Harold en déclarant :
« Il est génial ton plan ! »
Harold haussa un sourcil de surprise mais il se sentit ému de découvrir que les adolescents seraient prêts à l'aider… même après tout ce qui s'était passé… Et même si leur relation n'était pas très profonde.
L'ensemble de spectateurs attendaient, avec une certaine impatience, de découvrir quel était le plan pour provoquer un tel enthousiasme chez le groupe.
Ce fut au tour de Kognedur de bousculer son prédécesseur. Elle le fit, d'ailleurs, de façon à ce que Morvik se donne lui-même un coup de poing en visage.
Elle accosta, ensuite, Harold de façon assez abrupte.
« T'es cinglé… J'adore ça. »
Harold écarquilla les yeux à ces mots. Il lança un rapide regard vers l'adolescente et à son rougissement sut que son interprétation était juste. C'était un début de flirt !
Harold détourna bien vite son regard lorsqu'il croisa celui du jumeau qui, apparemment, n'appréciait pas l'attention.
Astrid souffla mais ne dit rien. Elle se doutait que l'attention de Kognedur n'était pas sérieuse. Harold n'était pas le genre de garçon susceptible d'attirer son amie. C'était certainement le plan (sans doute dangereusement fou) d'Harold qui l'attirait plus que le garçon.
Astrid tira, alors, son amie en arrière par le casque pour se placer près d'Harold.
« Alors, c'est quoi ce plan ? »
Harold regarda par-dessus l'épaule d'Astrid et sourit, reconnaissant de l'aide et de la marque d'appartenance que le groupe lui donnait.
De retour dans la brume, territoire des dragons, les navigateurs passèrent devant les restes de bateaux chavirés.
« Ben… C'est pas très encourageant. » Murmura un viking.
« Oh ! Je me demandais où il était passé. » Déclara Gueulfor.
Krokmou pencha la tête vers la droite et les navires reproduisirent son mouvement.
Les vikings déglutirent en voyant le dragon d'Harold s'agiter à l'écran. Sur place, les reptiles volants se firent aussi plus nerveux. Ce fut évident pour tout le monde dans la salle. Les navires étaient proches de l'île. L'heure de vérité allait sonner.
« Protégez-vous ! Et préparez vos armes ! »
Alors que Stoïck disait ces mots, le navire toucha terre. Ils étaient arrivés sur l'île. Stoïck s'avança à l'avant du bateau, regardant le boue de la queue d'un dragon le sur la falaise.
« On y est ! » Statua Stoïck en sautant hors du vaisseau.
Les murmures caractéristiques des dragons s'interrompirent sitôt qu'il eut touché le sol mais cela n'arrêta pas le chef.
Les regards des dieux revinrent sur Harold et les adolescents en montrant la main tendue d'Harold à main d'un centimètre du museau d'un dragon. L'adolescent reculait en douceur, poussant le dragon à le suivre. Et ça marchait ! Le grand cauchemar monstrueux le suivait à l'émerveillement et à l'enthousiasme des autres adolescents. Seul Morvik semblait craintif. Il céda à sa crainte et se pencha pour ramasser une arme.
« Non ! » S'exclama Harold, renfrogné.
Il ne voulait pas qu'un évènement tel que celui du concours se reproduise, merci bien !
Morvik eut l'air penaud mais toujours aussi apeuré d'être en présence d'un cauchemar monstrueux sans arme.
Astrid lui donna une tape sur le bras pour le reprendre à l'ordre et, heureusement, il reposa l'arme.
Harold qui marchait toujours à reculons avec le dragon qui le suivait, s'arrêta enfin. Sans quitter le cauchemar monstrueux des yeux, il tendit son autre main en arrière et s'empara de celle de Morvik.
Harold rit presque en voyant son cousin grimacer d'inquiétude mais il était d'accord avec le choix de son futur lui. Le cauchemar monstrueux était le meilleur choix pour Morvik. Ils se correspondaient autant que Krokmou et lui se correspondaient.
« Attend… mais qu'est ce que… » Protesta l'adolescent en tirant sa main.
« Relax. T'en fait pas… Tout va bien. »
La voix était calme, rassurante tandis qu'il poussait Morvik à poser la main sur le museau du dragon rouge orangée.
Tout d'abord tendu, Morvik prit de courtes respirations… Puis, il se passa la même chose qu'entre Harold et Krokmou. Un lien se forma entre Morvik et le cauchemar monstrueux. Morvik relâcha sa respiration et laissa un rire heureux et émerveillé.
Harold, rassuré que les choses se passerait bien, s'éloigna.
« Eh, où tu vas comme ça ? »
Harold fouilla dans une caisse d'arme et en tira une corde.
« Il va falloir quelque chose sur quoi t'accrocher. »
Les adolescents écarquillèrent les yeux. Ce fut Astrid qui prit la parole avec de l'émerveillement dans la voix.
« On va voler ! On va voler sur nos propres dragons jusqu'à leur île ! »
Harold haussa une épaule et déclara que cela semblait être son plan.
Les adolescents qui l'avaient suivi du regard se retournèrent, brusquement, vers la porte de l'enclos aux grognements distinctifs des dragons. Ils étaient tous sortis d'eux-mêmes et s'avançaient sans plus de crainte vers les vikings.
Astrid ne put s'en empêcher. Elle claqua des mains, enthousiaste et heureuse. Tout ce qu'elle espérait, c'était qu'elle formerait encore le lien avec le dragon vipère !
Morvik regarda avec encore de l'hésitation le puissant dragon qui serrait le sien dans le futur. Et, il était prêt à croire que ce serait la meilleur chose survenue dans sa vie.
Les jumeaux et Bâtonnet qui avaient leur préférence espéraient bien que leur espoir se réaliserait.
Les adultes, eux, étaient à la fois fier et inquiet des exploits qu'allaient accomplir les adolescents. Gueufor et Stoïck se montraient plus inquiets que les autres, en se demandant jusqu'où irait Harold, avec l'entêtement qu'il avait, pour sauver ses proches et le reste du village.