Regarder l'avenir.
Chapitre 25 : Comment tout perdre en une journée. C’est facile, en fait.
5304 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 10/11/2016 04:42
Les images retrouvèrent l'ensemble du village regroupé autour de l'arène, hurlant avec enthousiasme.
Les dragons frémirent en devinant quel évènement ils entendaient avec impatience. Celui qui serait dans l'arène à l'avenir se roula en boule terrifié malgré le fait qu'il savait le viking vainqueur de leur côté.
Les visages des enfants et adolescents, en particulier celui Harold, s'assombrirent. L'héritier du chef craignait la réaction de son père et du reste du village. Car, une chose était certaine, il n'affronterait pas ce cauchemar monstrueux. Ce qui serait mal interprété par tout le monde.
Puis, les images vinrent s'arrêter sur Stoïck qui venait se placer entre deux statues de viking.
« Je peux enfin me montrer en public à nouveau. »
Harold grimaça aux paroles de son père. Il savait que quelque chose comme cela allait arriver. D'ailleurs, son père s'en doutait aussi. Ils en avaient parlé lorsque Stoïck avait remis son casque à son fils. Son père lui avait dit de ne pas écouter la moindre parole de ce que son futur pourrait dire après la découverte de son amitié improbable. Stoïck lui avait dit qu'il serait dans l'erreur et que là, maintenant, il était plus fier que jamais de ce qu'Harold avait accompli.
Harold avait été soulagé et réconforté par les paroles de son père. Il appréciait d'être enfin apprécié pour ce qu'il était.
Mais, tout de même les paroles des images étaient douloureuses à entendre.
« Si on n'avait voulu me dire, qu'en quelques petites semaines, Harold aurait cessé d'être Harold pour se placer premier au cours de dragons… Ben, je l'aurais ligoté au pied d'un mat et lancé en pleine de peur qu'il soit devenu marteau. Et, je l'aurais fait, vous le savez. »
Harold baissa les yeux, dans la douleur, mais les releva aussitôt lorsqu'il sentit une main lourde se poser sur son épaule. C'était Stoïck qui vivait aussi mal, ou presque, les paroles que son avenir disait.
Le village restait silencieux, prévoyant que le reste des évènements serait loin d'être agréable.
« Nous y voilà ! Et personne n'ait plus surpris ni plus fier que moi… »
La vision montra Harold qui attendait l'heure du combat dans l'ombre du passage qui conduisait à l'intérieur même de l'arène. Un mélange de choc et de tristesse sur son visage en réaction aux paroles de son père. Parce que cela faisait longtemps qu'il les attendait. Parce qu'il savait qu'il allait encore le décevoir.
« Aujourd'hui, mon fils devient un viking. » Fit Stoïck.
Harold baissa les yeux avec une nouvelle expression déterminée.
Stoïck, Gueulfor et les adolescents eurent un sourire. Harold était vraiment un viking ! Trop têtu pour son propre bien !
« Aujourd'hui, il fait enfin parti du village. »
Comme Harold regardait la réaction du village à la phrase du chef, il ne vit pas qu'il était rejoint par Astrid avant que la jeune fille ne parle.
Les deux adolescents virèrent au rouge comme quelques gloussements s'élevaient et que des adultes le donnaient des regards entendus.
Mais le sérieux revint rapidement dans la salle aux prochaines phrases des futurs des adolescents.
« Fait attention avec ce dragon. » Demanda Astrid.
« Ce n'est pas le dragon qui m'inquiète le plus. » Répliqua Harold, les yeux sur son père qui s'installait à sa place.
« Qu'est-ce que tu vas faire ? »
« Mettre un terme à ça. Je vais devoir essayer. Astrid… Si jamais, si ça tournait mal, empêches les de trouver Krokmou. »
Astrid eut les larmes aux yeux. Elle savait que Harold lui montrait une grande confiance avec cette requête. Krokmou avait été son seul et premier ami. Il était l'un des êtres les plus précieux aux yeux du garçon.
Krokmou laissa échapper un léger gémissement à la déclaration de son ami et lui donna un coup de museau… Comme pour lui dire de faire attention.
« Je te le promet… Et, toi, promets moi que ça ne finira pas mal. »
Harold ne put répondre. Gueulfor vint le chercher en lui annonçant que c'était l'heure.
« Tue moi ça. »
Après un dernier regard vers Astrid, Harold s'avança en soulevant son casque pour le placer sur sa tête.
Et, comme il pénétrait dans l'arène, les cris de joies et d'encouragements redoublèrent d'intensité. Il s'avança jusqu'aux armes mises à sa disposition et souleva un bouclier et un couteau.
Son geste fut commenté par son père par un « Non, j'aurais choisi la masse. ». Harold prit une profonde inspiration et annonça, enfin, qu'il était prêt.
Tout le monde se pencha en avant, impatient de voir ce qu'allait faire Harold. Ils savaient tous qu'il n'allait pas combattre le dragon. Ils savaient qu'ils voulaient leur faire voir qu'ils se trompaient sur les lézards volants… Mais comment allait-il procédé ? Et, allait-il réussir ?
La porte s'ouvrit en un grincement lugubre… Et, le cauchemar monstrueux fit une entrée fracassante, totalement enflammé. Visiblement énervé, il fila loin de sa cage et grimpa le long des murs de l'arène pour trouver une issue.
Ce faisait, il repéra Harold et descendit, plus calmement… Le corps éteint.
Alors… Comme le dragon s'avançait doucement vers lui et que les villageois l'enjoignaient à se battre : Harold écarta les bras et laissa tombé couteau et bouclier pour tendre, plutôt, les mains vers le dragon.
« Qu'est-ce qui fait ? » Se questionna Stoïck.
Le reste du village cessa ses encouragements et se penchèrent pour mieux observer les actions du jeune prodige… Ils étaient moins enthousiastes, soudain.
Harold grimaça franchement. Mais, il n'y avait pas surprise là. Il savait que ça se passerait comme ça. Lorsque les vikings ne comprenaient pas quelque chose, ils n'essayaient pas de la comprendre, ils la rejettaient. Il en était, lui-même, un bon exemple, n'est ce pas ?
Les villageois soufflèrent. Leur intuition était juste. La suite n'allait pas être joyeuse.
Astrid s'approcha de la grille qui l'empêchait d'entrer dans l'arène, mi inquiète, mi fascinée par ce que faisait Harold.
« Eh, ca va. Tout va bien. » Souffla Harold au dragon.
Harold porta les mains à son casque et le retira avant de le jeter loin de lui.
Tous les vikings grimacèrent à la portée de ce geste. Harold se démarquait du village de cette façon. Il les rejetait, tous, ni plus ni moins.
Maintenant, après avoir vu toutes ces images, ils comprenaient son geste… Et acceptaient qu'Harold, plus que quiconque ait le droit de faire cela après le traitement qu'il avait subi.
Mais, dans ces images, dans le futur, ils n'en étaient pas venus à cette compréhension. Donc, leurs réactions allaient être vives. Dans le mauvais sens…
« Je ne suis pas l'un d'entre eux. »
Les dragons dans la salle se redressèrent surpris. Krokmou y comprit. Ils n'avaient pas pensé que le garçon défierait ouvertement son peuple pour eux. Ils n'avaient pas pensé qu'il rejetterait son peuple pour eux et choisir, par conséquent, leur camp aux yeux des vikings.
Stoïck et Gueulfor s'avancèrent sous le choc du geste et des mots de leur protégé / fils.
Astrid regarda autours d'elle dans la panique quand les villageois poussèrent des cris de choc et de scandale.
« Interrompez le combat. » Ordonna Stoïck avec une fureur calme inquiétante.
« NON ! »
Vikings et dragons se haussèrent surpris par la réplique de Harold. Elle montrait combien il était déterminé… Combien il avait muri et grandi. Parce que, pour la première moi fois, il osait défier son père.
« Je veux que vous voyez, tous, ça. »
Sur ses mots, Harold tendit lentement et prudemment la main vers le dragon qui lui faisait face comme il l'avait fait tant de fois avec Krokmou.
Harold se pencha en avant. S'il réussissait à calmer le dragon, il pourrait convaincre le village qu'ils étaient tous bons. Cela changerait tout… Et Krokmou serait en sécurité !
Harold continua d'avancer la main, plus confiant.
« Il ne sont pas ce que nous pensons d'eux. Nous n'avions pas à tuer ces bêtes.»
Des exclamations de surprises répondirent à son annonce et les têtes se tournèrent vers le chef qui se redressa avec fureur en faisant tournoyer sa hache.
Le fracas de la masse sur les barreaux de la cage effraya, dans l'instant, le cauchemar qui avait, pourtant, fermé les yeux, confiant en Harold.
Stoïck serra l'épaule d'Harold à lui faire mal tout à sa frayeur. Il mesurait pleinement la portée de son geste.
Il avait effrayé un dragon alors que son fils était à quelques centimètres de son fils ! Etait il fou ?
Et c'était sans compter qu'il avait ruiné les chances d'Harold de leur montrer qu'une alliance entre dragons et vikings leur serait plus profitable et leur apporterait beaucoup comme le montrait l'amitié entre Krokmou et Harold.
Heureusement, Harold réagit rapidement au changement d'humeur du cauchemar monstrueux. Il courut loin de l'animal. Mais, seul et son arme, il était vulnérable.
En un cri, il évita de justesse un jet de flamme lancé vers lui.
A l'autre bout de l'île, Krokmou redressa vivement la tête après avoir perçu le cri de frayeur de son ami humain.
Harold écarquilla les yeux et secoua la tête comme les larmes lui vinrent aux yeux. Il essaya de se rassurer en se disant que la furie ne pouvait pas sortir… Mais Krokmou était déterminé…Il l'aimait. Harold ignorait jusqu'où la détermination de son ami le conduirait pour le sauver.
Astrid posa une main sur son poing serré pour lui montrer son soutien. Elle savait que si le village trouvait Krokmou à ce stade, il n'hésiterait pas à l'abattre.
Krokmou s'agitait, nerveux qu'il ne puisse pas aller aider Harold. Il ne pensait pas à lui. Son ami humain était en danger et il devait le sauver. C'était tout ce qui comptait.
Dans l'arène, Harold continuait de courir pour fuir le dragon furieux et effrayé.
Stoïck réagit rapidement et, ordonnant à ceux sur son chemin de se pousser, passa à l'action.
Astrid, de son côté, s'empara d'une hache et souleva la herse avec. Elle passa, ensuite, sans hésitation, à l'intérieur de l'arène pour aller prêter mains fortes au jeune homme.
Krokmou, lui, s'acharnait sur la paroi qui le maintenait prisonnier de la clairière… Tant et si bien qu'il réussit à sauter et à s'accrocher au sommet.
Harold frissonna en voyant cela. Non ! Il jeta un rapide regard vers son ami et vit que le dragon en question semblait, quant à lui, plutôt satisfait et rassuré par son exploit.
Stoïck se crispa. Il espérait qu'il n'en viendrait pas à faire du mal au dragon noir dans l'avenir… Et à son fils.
Dans l'arène, Harold parvint à s'emparer d'un bouclier juste avant que son support soit piétiné par le cauchemar monstrueux.
Puis, les visions revinrent sur Krokmou qui parcourait rapidement la forêt vers la forêt.
Stoïck arriva à une herse de l'arène et descendit, rapidement, dans l'antre.
Dans l'arène, Harold courrait toujours pour fuir le grand dragon.
« Harold ! » S'exclama Astrid.
Femme d'action, la jeune femme passa à l'action et attrapa une masse qu'elle lança à la tête du dragon qui porta son attention sur elle.
Tout le monde tressaillit lorsque le dragon fila sur la blonde. A présent, cela faisait deux enfants en danger et même les dragons étaient inquiets de voir deux jeunes chassés par un des plus féroces dragons.
Stoïck souleva la dernière barrière et fit signe à Astrid.
« Par ici. »
L'adolescente se précipita à l'abri des bras du chef mais Harold n'eut pas la chance de faire de même. Harold les rejoignit mais, pour échapper à un jet de flamme, il dû filer dans la direction opposée.
Le dragon le projeta au sol et le bloqua au sol de la patte.
Krokmou réagit sur le champ. Avant que quiconque puisse réagir à la scène, il avait éloigné son ami de tout le monde, même son propre père et l'avait caché derrière ses ailes. Grognant, montrant les dents, il fixait l'assemblée… Et un dragon en particulier.
« Krokmou ! Stop ! » S'exclama la voix étouffée d'Harold depuis derrière les ailes.
Le dragon noir, pour le soulagement de tout le monde, cessa de montrer les dents. Mais, ses oreilles plaquées et ses yeux attentifs montraient qu'il était toujours aussi agité.
« Krokmou ! »
Au ton plus ferme d'Harold, le dragon rouvrit les ailes mais ne lâcha pas l'adolescent rougissant.
Le grand dragon renifla. Il se préparait à cracher des flammes. Puis, il y eut un son bien reconnaissable d'une furie nocturne qui se prépare à lancer un jet de plasma.
Krokmou fracassa la barrière de fer et pénétra dans l'arène sans hésitation, profitant des flammes et de la fumée.
Les vikings se précipitèrent et purent discerner, à travers la fumée, le combat de dragon qui commençait.
« Que quelqu'un entre là dedans pour l'aider. »
L'intervention de Krokmou permit à Harold de se dégager.
« Une furie nocturne » Souffla Gueulfor en regardant le combat des deux animaux.
Pendant un moment, le cauchemar monstrueux eut le dessus mais la furie nocturne, malgré sa plus petite taille, était forte. Krokmou retrouva l'avantage et envoya son adversaire loin lui.
Krokmou poussa des rugissements intimidant en veillant à toujours se trouver entre Harold et le cauchemar monstrueux.
Harold tapota doucement les pattes de son grand ami qui avait sensiblement resserré son étreinte. Pourtant, à aucun moment, il n'eut peur de Krokmou. Il avait confiance en ce grand dragon. Et les images des dieux montraient bien que cette confiance était méritée.
Stoïck donna un long regard à la créature qui combattait si farouchement pour protéger son fils. Le chef de Beurk louait les dieux que ces deux là se soient rencontrés. Il avait l'intuition que le dragon noir sauverait la vie de son fils avant la fin. Oui, Harold avait de la chance de s'être lié d'amitié avec ce dragon mystérieux… Et Stoïck espérait, simplement, que son futur lui saurait voir et accepter cette vérité avant la fin… Avant qu'il ne soit trop tard.
Le cauchemar monstrueux, après plusieurs grognements d'intimidation de la furie, comprit qu'il ne gagnerait pas ce combat et s'éloigna en vitesse.
Les dragons hochèrent la tête. On ne combattait pas les furies nocturnes. Il y avait une raison pour laquelle elles étaient autant respectées. Tout d'abord, elles étaient très rares. Eux même ne connaissaient que celle qui se faisait maintenant appeler Krokmou. Mais, plus important encore, elles étaient de farouches et de puissantes combattantes.
Les vikings comprirent sans mal que les furies nocturnes étaient plus dangereuses qu'ils ne l'avaient réalisé. Pour qu'un dragon aussi puissant qu'un cauchemar monstrueux cesse le combat de son propre gré, il fallait que son adversaire soit bien redoutable. Aussi prirent-ils, tous, note de ne jamais provoquer Krokmou.
« C'est une furie nocturne ! »
Harold se précipita aussitôt sur Krokmou et le poussa pour l'enjoindre à quitter les lieux. Mais, Kokmou ne bougea pas à la recherche du prochain danger.
« Allons-y ! Sortons d'ici. »
Le premier viking à réagir fut le père de Morvik qui sauta dans l'arène, vite suivit d'autres.
Les adolescents et les enfants coulèrent des regards inquiets vers leurs parents. Inquiets pour eux… Mais aussi pour Krokmou et Harold. Il était évident que Krokmou réagirait au danger qu'ils représentaient. D'autant plus violement qu'il voudrait protéger Harold… Et la violence des vikings grimperaient par rapport à celle que le dragon manifesterait.
Harold déglutit. Son regard allant de son père à Krokmou qui avait blotti sa tête contre son cou.
Il ne voulait pas choisir. Il ne voulait, ni ne pouvait.
« Vas y, vas y ! » Ordonna Harold à son ami d'un ton pressant.
Stoïck, qui était resté un moment à observer, repartit en action en s'emparant de sa hache.
« Stoïck, non ! » S'exclama Astrid.
« Non, papa ! » Pria Harold. « Papa, il ne te fera rien du tout ! »
Mais Stoïck et Krokmou se précipitèrent l'un vers l'autre. Avec un même désire… protéger Harold avant tout.
Le dragon noir repoussa, sans mal, les vikings qui se jetait sur lui de ses ailes, sans même détourner les yeux son adversaire choisi. Malheureusement, Stoïck.
Les deux protagonistes échangèrent un regard. Ils savaient, tous les deux, que si l'un d'eux se retrouvait ne serait ce que blessé, Harold serait désespéré.
Et, par malheur, les choses ne semblaient pas bien parti pour que tout se passe bien entre eux.
Les deux protagonistes se jetèrent l'un sur l'autre et roulèrent quelques mètres plus loin.
« Arrêtes Krokmou ! »
Au lieu d'écouter, Krokmou recula la tête et se prépara à jeter un jet de plasma.
Harold frissonna. Krokmou roucoula contre lui, comme pour lui demander pardon. Gueulfor et Stoïck échangèrent un regard. Si cela avait été un autre que Krokmou, ils auraient été certain de son sort… Mais, encore une fois, il s'agissait, là, d'un dragon qui avait un lien particulier avec le fils du chef.
« Non ! Non ! »
A l'appel désespéré de son ami, Krokmou ravala ses flammes et lui lança un regard en coin. Il se radoucit et regarda Harold avec son calme et sa tendresse habituel.
Harold, lui, le regarda désespéré. Il savait qu'il avait condamné son ami.
Une arme vint heurter Krokmou à la tête. Puis, le père de Morvik l'agrippa à la tête et réussit à le tirer hors de Stoïck. Il le plaqua durement sur le sol et fut bientôt aider par d'autres villageois.
Les lèvres d'Harold tremblèrent un peu pour son ami. Il craignait le sort de son ami. Ce serait de sa faute.
Les villageois n'osaient pas regarder le duo. Ils avaient honte de leur attitude bornée et violente. Et leur honte s'accroissait comme les enfants et les adolescents regardaient les visions avec peur et tristesse.
« Ne lui faite pas mal ! Non ! » S'exclama Harold.
Il tenta de revenir vers Krokmou mais fut retenu par Astrid.
« Non, allez-y doucement. S'il vous plait, ne lui faite pas de mal. »
Stoïck se releva et regarda la furie nocturne qui se débattait encore sous les vikings qui la maintenaient au sol.
« Mettez-le avec les autres. »
Harold soupira de soulagement. Au moins, ils ne tuaient pas Krokmou. Pas tout de suite, du moins.
La scène changea. Harold fut pousser sans douceur
Harold grimaça en comprenant que le moment de sa confrontation avec son père était venu. Et après les évènements de l'arène, celle-ci ne serait pas aussi agréable que celle qu'il avait eue plus tôt en ce lieu magique.
Gueulfor et Stoïck se crispèrent à leur tour. Ils ne voulaient pas être témoins de cette confrontation. Cela ne ferait que blesser les personnes impliquées.
Stoïck referma la porte derrière lui alors que Harold se retournait pour lui faire face.
« J'aurais dû m'en douter. » Déclara Stoïck en passant devant son fils.
« J'aurais dû voir les signes. On avait une entente ! » Continua le chef.
« C'est même pas vrai… Vous l'avez même pas écouté ! » S'écria un petit viking de sept ans.
Toutes les têtes se tournèrent vers le garçon qui faisait parti d'un groupe d'enfants qui s'était installé au plus près de Krokmou et d'Harold. Le petit rougit de l'attention mais resta sur ses positions.
Krokmou fut le premier à réagir à la défense du jeune viking. Il avança la tête et donna un grand coup de langue au jeune viking.
Le garçon rit de bon cœur et regarda avec plus d'émerveillement encore le dragon.
Tout le monde reporta leur attention sur les images des dieux sans commenter l'intervention du garçon qui était, après tout, véridique.
« Je sais, je sais… C'était bien avant… C'est devenu compliqué… »
« Alors ce que tu faisais dans l'arène… un truc ! Un mensonge. »
Aussitôt, les réactions furent intenses. Les uns protestèrent en déclarant qu'Harold n'avait pas mentis. Les autres que c'était une autre technique, plus pacifique, de « combattre » les dragons.
Harold rougit, ravi et soulagé d'avoir autant de supporters. C'était agréable de se sentir accepter. Surtout par ceux de son âge ou à proximité.
« J'ai fait une bêtise… J'aurais dû te le dire bien plus tôt. Oui… J'ai… Ecoute, fâches toi contre moi, c'est moi le coupable… Mais, ne fait rien à Krokmou. »
Stoïck s'arrêta et se retourna avec une calme fureur qui ne laissa rien présager de bon.
« Le dragon ? C'est lui qui te préoccupe ? Aucun problème avec les gens que tu as presque tué. »
Stoïck grimaça et baissa un moment les yeux, attristé et prit de remord. Personne ne se risqua à commenter. Pas même les enfants. Tout le monde savait que tout commentaire ne rendrait les choses que plus difficiles pour les personnes concernées.
« Il voulait me protéger, papa. Il est inoffensif ! »
« Ils ont tué des centaines d'entre nous ! »
« Et nous avons tués des milliers d'entre eux ! » Répondit Harold.
Tout le monde put admirer le courage et la volonté de l'héritier du chef. Même les adultes. Surtout les adultes, en fait. Parce qu'ils savaient combien Stoïck pouvait être effrayant lorsqu'il était furieux.
« Ils se défendent, c'est tout. Ils font des raides chez nous parce qu'ils sont obligés. S'ils ne lui rapportent pas suffisamment de proies, ils vont se faire manger eux-mêmes ! il faut que je te parle d'autre chose. Sur leur île, papa… Il y un dragon… »
« Quoi leur île ? »
Harold soupira, désespéré. Son père ne l'écouterait plus. Il le savait. Son père trouverait un moyen d'aller sur cette maudite île… Et là… Harold ne savait pas comment il ferait s'il venait à perdre son père.
Les adultes de la salle et les dragons se tendirent. Si les vikings parvenaient aller à l'île se serait une catastrophe… Un massacre.
« T'as découvert leur nid ? »
« Quoi ? J'ai dit nid ? »
« Comment l'as-tu trouvé ? »
« Non, j'ai… J'ai rien trouvé ! C'est Krokmou… Y'a qu'un dragon qui peut trouver l'île. »
Harold grimaça. Surtout comme son père se redressa comme sous une révélation. Ca y était ! Il allait y aller ! Avec la plupart des villageois, certainement.
La réaction du reste de l'assemblée fut sensiblement la même que celle d'Harold. La consternation et la peur avaient envahi les esprits de tous les spectateurs.
« Non, non papa… S'il te plait, ce n'est pas ce que tu crois ! Tu ne sais pas dans quoi tu t'embarques ! Je te le dis, tu n'as jamais rien vu de tel !»
Les mots se précipitaient à travers la bouche d'Harold sous l'effet de l'urgence et de la panique mais Stoïck passa devant lui pour sortir sans l'écouter… Encore une fois.
« S'il te plait, papa ! Je te promets que tu ne gagneras pas cette fois-ci ! Papa, non ! »
Stoïck serra les dents en percevant le désespoir et la peur dans la voix d'Harold. Désespoir et peur que son futur avait choisi d'ignorer.
« Pour une fois dans ta vie, écoutes moi ! Arrêtes, s'il te plait. » Clama Harold en s'agrippant au bras de son père.
Stoïck le repoussa en arrière avec tant de violence que son fils fut projeté au sol, à quelques mètres de l'endroit où ils se trouvaient.
Krokmou grogna, les yeux sur le père de son ami, et déplaça sa queue jusqu'à ce qu'elle soit enroulée autour du garçon.
« Krokmou, arrêtes. S'il te plait. » Souffla Harold, peiné.
Par le geste avenir de son père et par les disputes incessantes. Il craignait aussi les prochaines paroles de son père.
« Tu as fait alliance avec ces bêtes. Tu n'es pas un viking ! T'es pas mon fils ! »
Harold haleta doucement sous la douleur du rejet. Personne ne put retenir un halètement de choc. Les mots du chef n'avaient qu'une seule et terrible implication. Stoïck avait, tout simplement, banni son propre fils.
Gueulfor tint sa langue prudemment. Mais le choc et la douleur étaient bien présents. Harold était plus qu'un protégé. Il était comme un neveu, sinon un fils. Harold était sa seule famille. Le perdre serait trop dur pour lui.
Stoïck vacilla sous le poids des mots de son futur lui. Comment pouvait-il même penser à faire cela ? Alors qu'Harold était tout ce qui lui restait. Le dernier lien avec sa défunte femme. Tout ce qui comptait vraiment dans sa vie.
Stoïck se détourna de son fils sans plus un mot, sans paraitre s'émouvoir de l'expression d'Harold.
« Parez à appareiller ! »
Stoïck ne montra pas combien le poids de ses paroles et leurs implications l'avaient infecté mais les images le montrèrent vacillant, quelques instants, alors qu'il sortait de la grande salle. Prouvant que les évènements l'avaient aussi infecté que son fils.
Personne ne parla attristé par ce qui allait arriver. Tout le monde voulait en finir et espérait que les choses allaient s'améliorer.