Regarder l'avenir.
Chapitre 15 : Leçon 1: les dragons détestent les anguilles et qu’on touche à leur queue.
2801 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 10/11/2016 01:14
De retour à la clairière, on voit Harold s'approcher du dragon qui était officiellement appelé Krokmou. Il déposa un grand panier en déclarant qu'il lui avait apporté le petit déjeuner. Il portait quelque chose sous le bras. L'aileron.
« J'espère que t'as faim. »
Harold reversa le panier comme la furie nocturne se tournait vers lui, révélant que son contenu était une grande quantité de poissons.
De nombreux adultes levèrent les sourcils en découvrant la quantité de produits et Morvik s'exclama :
« Comment tu as payé pour tous ces poissons ? »
Harold le fixa, surpris, pendant un moment avant de secouer.
« T'es dingue. Je ne les ais pas acheté. Je les ais péchés moi-même. »
Les regards surpris et admiratifs s'accentuèrent parmi les vikings et Harold vit clairement le regard fier de son père. Ce qui le fit rougir.
Les dragons, eux, lancèrent des regards envieux vers Krokmou pour cet excellent repas facile.
« Ok… Tout ça est dégoûtant. »
Les dragons lancèrent un regard à Harold qui dévoilaient combien ils le trouvaient fou d'avoir émis cette opinion. Les vikings faisaient de leur mieux pour ne pas rire.
La furie fit le tour du tas de poisson alors qu'Harold énumérait les spécimens du tas.
« Alors, on a un peu de saumon, de la belle morue d'Islande et une anguille fumée entière. »
Krokmou qui avait commencé à fouiner dans le tas de poissons se recula brusquement en grognant et en montrant les dents.
Les vikings se redressèrent un peu inquiète pas l'agitation soudaine du dragon noir et les dragons regardèrent leur congénère intrigué.
Celui-ci, à l'heure actuelle, montrait aussi les dents en souvenir de l'affame chose. Harold, pour sa part, faisait de son mieux pour cacher son sourire amusé.
Harold se pencha sur le tas de poissons et souleva l'anguille fumée du bout des doigts. La réaction de Krokmou s'intensifia immédiatement.
Dans la salle, tous les humains sursautèrent lorsque, l'ensemble des dragons, sans exception, eurent la même réaction de rejet.
Harold toussa pour masquer son rire.
Certains vikings haussèrent les sourcils si les dragons étaient tant rebutés par ce poisson, ils seraient si faciles de les tenir à l'écart du village.
Gueulfor sourit. Il avait peut être découvert comment cette anguille avait fait son apparition dans le boxe du dragon.
« Oh, non, non, non… D'accord. »
Harold jeta rapidement la nourriture incriminée loin de Krokmou et continua pour l'apaiser.
« J'aime pas trop l'anguille non plus alors. »
Le jeune viking profite de l'inattention du dragon qui se replonge dans son repas pour se diriger vers l'arrière train de ce dernier.
« Ok, voilà… Fait comme si j'étais pas là. Je vais juste m'installer ici derrière. Faire mais petite affaire »
Harold ria légèrement en voyant combien il était nerveux alors. Krokmou et lui se connaissaient mal, alors… et il craignait encore ce grand et mystérieux dragon.
Harold posa l'aileron replié par terre et tenta de l'approcher de la queue de l'animal pour l'y accrocher. Malheureusement, comme un fait exprès, Krokmou agita celle-ci loin de lui.
Il retenta l'expérience à plusieurs reprises à pour perte. Tout à son contentement, le dragon agitait sa queue avec enthousiasme.
« Ca va, ca va. » Fit Harold.
Il finit par s'accrocher au bout de la queue pour tenter (sans résultat, bien sûr) de l'immobiliser.
Dragons et vikings rirent sans regret des efforts du maigrelet. Un homme robuste aurait sans doute déjà eu du mal… Alors, Harold !
Harold soupira faussement énervé… Bien qu'un sourire sur son visage montrait ses véritables sentiments envers la situation passée.
Harold, tout à son travail, ne remarqua pas que Krokmou a déjà fini son repas. Comme le dragon s'avançait une fois encore, l'empêchant d'installer l'aileron, Harold décida de prendre les grandes mesures. Il s'installa à califourchon sur la queue.
« Mauvais idée… » Souffla Stoïck, un peu inquiet pour son fils.
Le reste de l'assemblée ne dit rien mais ils avaient tous le même sentiment.
Harold boucla l'aileron à la queue. Krokmou abandonna soudain sa recherche de résidus de poissons et se figea. De toute évidence, il avait senti ce que faisait Harold. Le jeune viking, tout à son travail, ne remarqua pas que le dragon déployait ses ailes avec lenteur.
Les vikings grimacèrent en présentant ce qui allait se passer. Les dragons s'agitèrent, avec enthousiasme, ravi de voir le dragon noir montrer qui était le chef au viking.
Bref, pensait que ce qui allait se passer allait être désastreux pour Harold… Aussi ne comprenaient ils pas le sourire qu'affichait ce dernier.
Ayant fini d'attacher la prothèse, Harold déploya l'aileron artificiel et l'examina, satisfait son travail.
« C'est bien, ça marche. »
Les vikings qui regardaient les images grimacèrent en voyant le dragon prendre une position d'envole.
Les dragons se tendirent en avant d'anticipation.
Harold soupira au souvenir de cette première expérience de vol…Même si elle était courte.
La furie s'envola soudainement, faisant hurler Harold. Krokmou se dirigea, avec détermination, vers la sortie de cette espèce de cuve… Mais sans l'aileron de sa queue, c'est sans espoir… Comme ils chutaient, Harold s'empressa de déployer sa construction.
Immédiatement, Krokmou retrouva son équilibre et reprit son vol. Il monta plus haut cette fois. Mais, tout à sa joie que son invention
« Ouai, ça marche ! »
Il inclina l'aileron sur le côté et permit à Krokmou de pivoter sur la droite.
Les vikings qui admiraient la réussite d'Harold eurent soudain un aperçu inhabituelle de leur île qui les fascinèrent. Une vue qui fut bien trop brève.
Krokmou revint à la clairière et plana au dessus de la retenue d'eau.
« Oui ! Oui ! J'ai réussi. »
Son exclamation attira l'attention du dragon qu'il chevauchait qui, d'un coup de queue, l'évacua hors de celle-ci, l'envoyant plongé dans l'eau.
L'assemblée au complet rit du malheur du jeune homme. Seuls Stoïck et Gueulfor furent momentanément inquiet. Mais un regard sur Harold qui se faisait câliner par son dragon les rassura.
Malheureusement pour Krokmou, sans Harold pour manœuvrer l'aileron, il ne put continuer longtemps son vol. Déséquilibré, il s'effondra, à son tour, dans l'eau.
On entendit, alors, l'exclamation ravie du fils du chef.
« Oui ! »
De retour dans l'arène pour un nouveau cours, on entendit Gueulfor annoncer « Aujourd'hui, travail d'équipe. » alors que la porte du box explosait et qu'un nuage de fumée envahit l'arène.
Les élèves étaient regroupés par deux et se déplaçaient, inquiétés par la fumée épaisse qui les entoura.
« Alors, une tête de dragon mouillée ne peut pas allumer son feu. Le pouilleux hideux est ultra difficile. Une tête exhale le gaz, l'autre tête l'allume. »
Les dragons concernés se redressèrent fier d'eux.
L'accent est mis sur Astrid qui faisait équipe avec Kognedur.
Puis sur Harold qui se trouvait avec Bâtonnet.
« Le boulot, c'est de trouver laquelle est laquelle. »
« Dents aussi affutées que des lames de rasoirs. Jette du venin pour une prédigestion, préfère les embuscades, écrase ses victimes. »
« Tu veux bien arrêté, un peu. »
Harold coupa Bâtonnet en un chuchotement véhément.
« Ca ne m'aidait pas à me détendre. » Marmonna intelligiblement Harold.
Bâtonnet eut un sourire penaud alors que l'ensemble de la classe lui lançait un regard mi narquois, mi énervé.
Les images revinrent sur le duo Astrid-Kognedur qui se tenait aux aguets. Il y eut un grognement proche annonçant le dragon…
La vision montra le duo Morvik-Kranedur.
« Si ce dragon montre une seule de ses vilaines têtes, je vais… »
Morvik commençait à se vanter avant de repérer une silhouette floue à travers la fumée.
Astrid et quelques autres levèrent les yeux à l'attitude typique du garçon qui était assommante, parfois.
« Là ! » S'exclama-t-il en attirant l'attention de son collègue sur la silhouette.
Ils lancèrent aussitôt les seaux vers elle… Pour récolter des protestations féminines. La fumée se dispersa un peu, dévoilant que leur victime était, en fait, Kognedur et Astrid.
Les adultes rirent de bon cœur alors que le quatuor rougissait d'un bon ensemble.
« Eh, c'est nous… Crétins ! » Souffla Kognedur.
Les garçons dépités répliquèrent immédiatement. Kranedur prit la parole.
« C'est vos fesses qui sont plus larges. On vous a prise pour un dragon. »
« C'est pas que ce soit pas jolie une silhouette draconienne. »
La réaction des filles fut immédiate. Astrid frappa Morvik d'un bon crochet du droit tandis que Kognedur aspergeait son frère de l'eau de son seau.
Celui tomba à terre sur le sol… Pour être immédiatement attiré en arrière par le dragon, de toute évidence.
Les élèves de la classe grimacèrent de concert. Un nouvel échec allait être dévoilé aux adultes… Enfin pour eux tous sauf Harold.
Krokmou suivait la scène avec un mélange d'inquiétude et d'enthousiasme. Harold lui avait raconté sa lutte, il était ravi de la voir de ses propres yeux.
Le chef ressentait les mêmes sentiments que le dragon noir. Il n'aimait pas du tout savoir son fils en danger. Harold était tout ce qui lui restait. Il ne savait pas s'il survivrait à la perte de ce dernier.
Astrid empêcha Kognedur, inquiète, d'aller aider son frère qui hurlait. La queue du dragon leur balaya les jambes, les privant de leur dernier saut d'eau pour se défendre.
Kranedur sortit de la fumée, piétinant sa sœur dans sa fuite.
« Je suis blessé, je suis énormément blessé. »
Il croisa Harold et Bâtonnet, les deux derniers adolescents encore dans la course.
« Nos chances de survie diminuent vers les nombres à un chiffre. Qu'est-ce qu'il fera maintenant. » Constata le massif garçon d'une voix effrayée.
Une tête du dragon sortit de l'épaisse fumée, son attention orientée vers Bâtonnet uniquement.
« Pas de chance. » Marmonna quelqu'un.
Mais trop pris dans l'action, personne ne répondit.
Bâtonnet lança son eau à la tête du dragon qui laissa, quelques secondes plus tard, échapper du gaz.
« Erreur de tête. » Déclara-t-il avec neutralité
« Bâtonnet ! » Clama Gueulfor alors que le jeune homme avant de fuir avec un cri.
Le dragon, les deux réunies, reporta son attention sur le dernier combattant. Harold.
« Vas-y, Harold. » Ordonna Gueulfor avec une touche d'urgence dans la voix.
Harold jeta l'eau vers la tête qui lançait des étincelles mais celle-ci était trop haute… L'eau retomba sur lui.
« Oh, c'est pas vrai… »
Stoïck se tendit, les élèves et Gueulfor se penchèrent en avant curieux de voir comment Harold avait vraiment fait son tour de force… Et les autres spectateurs étaient aussi dans l'expectative.
Le dragon avança ses têtes, hostile. Harold tomba et rampa en arrière. Gueulfor s'avança, terrifié, en criant le nom de son protégé.
« Tu avais raison, Stoïck. On n'aurait jamais dû mettre le garçon dans ce programme. » Chuchota le professeur.
« Mais tu as dit qu'il était le plus fort de la promotion… » Souffla le chef, plus inquiet à la déclaration de son ami.
« Oui, oui… Mais, le voir en danger comme ça, c'est pas bon pour mes nerfs. »
Stoïck hocha la tête. Il comprenait tout à fait ce que ressentait le forgeron.
Mais, l'unijambiste se figea presque aussitôt lorsqu'il vit Harold se lever et le dragon reculer loin des mains tendues de celui-ci.
« Recule, recule… Recule ! »
Les quatre autres adolescents, regroupés, regardèrent stupéfait l'action jeune, habituellement maladroit.
« Et, je ne le répèterais pas deux fois. Ouai, c'est ça. Tu retourne dans la cage. Va réfléchir un peu à ce que tu as fait. »
Les images montrèrent alors Goti qui regardait Harold rentrer le dragon avec ses mains seules.
Du moins en apparence car une fois hors de vue, il tira une anguille fumée de sous sa veste et la jeta dans la cage pour tenir le dragon éloigné.
Des grands « Ha ! » surgirent de toute part à la dévoilassions de la tactique d'Harold.
Harold ferma la lourde porte et se retourna pour découvrir que l'ensemble de la classe, élèves et professeur, le regardait, figé de stupeur.
« Ok… Alors, ce sera tout ? C'est juste qu'il y a des petites choses qui faudrait que je… Hein… Bonsoir et à demain. »
Harold fila sans plus attendre, ses camarades le suivant des yeux, toujours stupéfaits.
Silencieusement, Stoïck remercia le ciel qu'Harold ait rencontré la furie et se soit lié d'amitié avec elle. Sans cela, il n'aurait jamais découvert toutes ces choses improbables sur les dragons qui lui avait, sans doute, sauvé la vie.
Car, Stoïck en était certain, la répulsion des dragons pour l'anguille jaune à rayure n'était pas la seule chose qu'Harold avait découverte sur les dragons qui leur était inconnue jusqu'à présent.
Autours de lui la discussion était tout autre. La question tournait autours du fait de savoir si, oui ou non, Harold avait triché.
Bientôt, il fut décidé que non. Harold avait simplement découvert un nouveau moyen, plus pacifique, de combattre les dragons.