Regarder l'avenir.
Chapitre 9 : La compréhension passe par l’observation… facile à dire.
2920 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 09/11/2016 18:26
« Alors, pourquoi tu ne l'as pas fait, toi ? »
Dans les bois, Harold ramassa l'arme qui lui avait permis de capturer la furie nocturne et leva les yeux vers la crevasse rocheuse.
Krokmou se ragaillardit. Il revenait dans l'histoire ! Harold pouffa à l'attitude de son dragon, comme les congénères de celui-ci. Et, certains vikings ne furent pas loin de faire de même.
Le garçon se dirigea vers le lieu où le dragon avait atterri. L'endroit est paisible. Seuls les sons caractéristiques de la forêt se font entendre. Il n'y aucune trace de la furie nocturne.
« Ca c'était trop bête. » Souffla Harold, désolé, en baissant les yeux.
Remarquant des écailles noires à ses pieds, il s'agenouilla et en examina une avec attention.
Soudain, la furie nocturne frôle la falaise… Pile où se trouvait Harold qui surpris et effrayé, sursauta et tomba en arrière.
Dans la salle, beaucoup sursautèrent aussi. Personne (à part les protagonistes) ne s'était attendu à l'apparition soudaine du dragon… Tout était si calme.
« Merci pour mon grand. C'est très agréable de se faire surprendre comme ça. »
Pour toute réponse, Krokmou ricana, amusé.
Harold se releva rapidement et s'avança pour voir, près de lui, la furie nocturne qui tente d'escalader la paroi.
« Pourquoi elle ne s'envole pas ? » S'interrogea Astrid à voix haute en lançant un regard vers le dragon qui tenait compagnie au viking incompris.
Harold cligna des yeux, croyant entendre comme une note de préoccupation de la voix de la jeune fille… Mais sans doute se faisait-il des idées.
La furie tente désespérément et brutalement de gravir la paroi pour arriver au sommet… Mais finalement retombe et survole, bancalement, l'étang de la vallée.
Harold frissonna et sentit, une fois encore, le remord l'envahir. C'était sa faute.
Sa culpabilité s'allia à la peur lorsqu'il remarqua les regards de colère que lui envoyaient les dragons de l'assemblée qui, bien sûr, avaient compris que le problème de vol de Krokmou était dû à une blessure.
Cependant, il se sentit soudain mieux et en sécurité. La raison était Krokmou, bien entendu. Son ami l'avait enveloppé de son aile. Rappelant à tous qu'Harold était sous sa protection.
Harold réalisa, vite, que le dragon est coincé. Il regarda autours de lui à la recherche d'un passage ou d'un poste d'observation sécuritaire. Il descendit habilement et s'installa juste en face du dragon qui, de l'autre côté l'étang, crapahute sur la rive.
Le dragon tenta alors une nouvelle fois de voler pour atterrir, encore une fois, lourdement sous le poste d'observation d'Harold.
Harold soupire en voyant les difficultés de son ami mais lui sourit doucement pour le rassurer. Cela, il ne pouvait rien y changer, après tout. Autant ne pas trop si attarder… Surtout que le principal concerné ne semblait pas lui en vouloir plus que cela.
Harold regarda, fasciné, la splendide créature et s'empressa de sortir son carnet à dessin et son stylo pour la dessiner alors qu'elle multipliait les essais pour fuir les lieux.
« Pourquoi est-ce que tu ne prends pas ton envole ? »
En contre bas, la furie lance un jet de plasma, furieuse et frustrée. Harold, quant à lui, corrigea son dessin en retirant un aileron.
Les dragons de l'assemblée fusillèrent le responsable du regard en dépit de l'avertissement silencieux de la furie.
Les vikings hochèrent simplement la tête lorsqu'ils comprirent enfin la raison de l'immobilisation du dragon. C'était certain. Sans Harold, cette bête serait morte… Car tout le monde avait compris, maintenant, que la furie nocturne des images et celle dans cette salle était la même.
La furie tenta, encore, de voler puis s'écraser durement au sol avec un gémissement. Un poisson sautant hors de l'eau attira, alors, son attention et il s'approcha de l'eau. Avant de tenter d'en attraper un sans succès.
Le garçon laissa, alors, accidentellement, tomber son crayon qui tomba avec vacarme dans cet environnement silencieux.
La furie se redressa lentement et axa, sans la moindre hésitation, son regard sur Harold qui se figea aussitôt.
Harold pencha un peu la tête sur le côté et vit, fasciné, le dragon limité.
Les vikings regardèrent l'échange avec une légère fascination. Au aucun moment la furie ne s'était montré hostile. Voir un dragon ainsi était fascinant.
Les images du passé continuèrent à défiler. Il faisait maintenant nuit et on voyait la grande porte de la grande salle.
« Où Astrid s'est-elle trompée dans l'arène aujourd'hui ? »
La voix de Gueulfor se fit entendre alors qu'Harold pénétrait discrètement de la demeure commune.
« J'ai mal calculé mon saut périlleux. Il était bâclé. Ca a déséquilibré ma culbute arrière. »
Astrid hocha la tête, toujours en accord avec son auto-évaluation. Les adultes semblèrent impressionnés par la jeune viking. Après tout, c'était toujours difficile et délicat de s'évaluer soi même. Plus courageux aussi. C'était toujours plus facile de critiquer les autres.
Les autres élèves et Gueulfor sont déjà rassemblés à une table, près d'un brasier.
« Ouai, on a remarqué. » Déclara un des jumeaux.
« Non, t'étais génial. T'es trop Astrid. »
« Non, elle a raison. Il faut toujours être exigeant avec soi même. »
Harold s'empara d'une assiette et s'éloigna tandis que Gueulfor demandait ce qu'il avait fait de mal. Bien entendu, les remarques narquoises commencèrent à filer.
Harold soupira et croisa les bras, plus blessé qu'il ne voulait l'admettre.
Stoïck se crispa alors qu'une nouvelle preuve de la non intégration de son fils lui apparaissait. Pire que tout, on le rejetait mais l'insultait, parfois à mots couvert, en plus.
« Il est venu en cours peut être. » Railla Kognedur.
« Pas comme si je voulais venir à l'origine. » Se défendit Harold.
Sans réagir, du moins extérieurement, Harold s'empara d'un autre objet sur la table principale et continua son chemin.
« Il s'est pas fait bouffé. » Renchéri Kranedur.
« Il est jamais au bon endroit. »
A la réponse d'Astrid, Harold se détendit. Même si Astrid ne l'aimait pas, elle n'avait jamais eu de réels mots méchants à son égard. En fait, elle restait plutôt neutre en sa présence.
L'Harold des images ne se tourna pas à l'intervention d'Astrid et s'installa à une table à l'écart.
« Merci, Astrid. » Fit Gueulfor, visiblement soulagé.
Il se dirigea vers la table d'Harold et frappa les jumeaux au passage.
« Note à moi-même, ne plus embêter Harold devant Gueulfor. » Souffla Kognedur.
Son jumeau hocha la tête, totalement en accord.
Maintenant qu'ils voyaient, tous, les choses d'un point de vue extérieur, ils remarquaient que l'homme était très protecteur envers le fils du chef.
« Vous allez en respirer, en manger. Tous les jours. Le manuel du dragon. »
Gueulfor repoussa assiette et chope sur la table principale et jeta le dit manuel sur la table.
« Tout ce que nous savons sur tous les dragons que nous ayons jamais vu. »
Gueulfor leva les yeux au ciel alors que l'orage grondait dehors.
« Pas d'attaques, ce soir. Etudiez. » Ordonna-t-il en s'éloignant.
Tous les vikings éclatèrent de rires à l'expression horrifiée et catastrophée des jeunes.
« Quoi ? Vous voulez lire ? » Fit Kranedur d'un ton dégoûté.
« Pendant qu'on est encore en vie ? » Ajouta sa sœur.
« Pourquoi lire des mots quand il suffit de tuer les affaires sur lesquelles les mots nous raconte des affaires. » S'énerva Morvik.
Son père lui jeta un regard et déclara d'un ton docte qu'au vu de son vocabulaire, il avait besoin de lire, justement.
Châtié, Morvik rougit sans répliquer alors qu'Harold dissimulait son rire derrière une fausse toux.
Bâtonnet s'enthousiasma immédiatement et se mit à parler du fameux livre.
« Oh, je l'ai lu au moins sept fois au moins. Il vous dise qu'il y a un dragon d'eau qui vous crache de l'eau bouillante à la figure… Et, et, il y en a un autre qui s'enterre pendant une semaine…
« Ouai… Ca à l'air super. Il y avait peut-être une chance pour que je lise ce truc… » Grogna Kranedur.
« … Mais maintenant, je ne sais plus. » Termina Kognedur pour lui.
« Les autres, lisez. Moi, je vais tuer les affaires. » Déclara Morvik en se levant de table suivit par les jumeaux et Bâtonnet.
« Oh, il en un avec une épine dorsale… »
« T'arrête donc jamais. » Grommela Gueulfor en lorgnant Bâtonnet qui sourit simplement.
« Vous auriez dû rester. Apprendre ainsi les différentes espèces de dragons est une importante phase de l'apprentissage. Si vous ne savez pas comment bien réagir face à un dragon, vous ne vous mettez pas seulement en danger… Vous mettez en danger tout le village. »
La remarque de Stoïck jeta un froid parmi les adolescents qui n'avaient jamais jeté un regard au livre des dragons. Ils fixèrent les images, mal à l'aise, face aux regards désapprobateurs de leur chef.
Les dragons, eux, semblaient intéressés par ce que ce livre pouvait dire sur eux.
La voix de Bâtonnet s'éteignit comme ils partaient. Restaient plus qu'Astrid et Harold qui s'approcha, hésitant, de la jeune fille qui terminait sa chope.
« Ah…On est ensemble, je crois. »
« Lis le toi. » Classa la blonde en poussant, dédaigneusement, le manuel vers Harold et en quittant la table à son tour.
« Ah, oui… il est tout à moi, alors… Alors, Ok. Alors, on se voit… demain, alors. »
Le claquement de la porte se fit entendre, indiquant qu'il était le seul élève restant.
Astrid prit une profonde inspiration puis se tourna vers le fils du chef.
« Je suis désolé, Harold, pour mon attitude toutes ces années. »
« Oh… Euh d'accord. » Couina Harold, ne s'attendant pas à des excuses.
Astrid haussa un sourcil, surprise de la rapidité avec laquelle Harold avait donné son pardon… Non pas qu'elle se plaignait.
« Moi aussi, je suis désolé. »
Encore une fois prit au dépourvu par la déclaration de Bâtonnet, Harold se contenta d'opiner.
Stoïck sourit, soulagé de voir que les choses pouvaient s'arranger pour son fils avec les gens de son âge.
Les heures passèrent et, bientôt, il fit totalement sombre de la demeure en commune en dehors de la lueur de la chandelle d'Harold.
Les villageois soupirèrent tandis que les dragons se refrognaient en réalisant combien Harold était solitaire… Surtout lorsque son père n'était pas là.
Harold s'installa et ouvrit le livre à la page de garde.
« Dragons, la classification. Groupe tonnerre, variétés terreurs, espèces mystères. »
Le garçon ouvrit le livre sur une page représentant un dragon avec une énorme gueule.
« L'orage tambour. Ce dragon vit dans les grottes marines et les grottes sombres en marée basse. Quand il est surpris, l'orage tambour produit un son brutal et profond qui peut tuer un homme à courte distance. »
Les quelques dragons représentant de l'espèce poussèrent leur fameux hurlement sonique qui fit grimacer autant les vikings que les dragons.
« Extrêmement dangereux, tuer à vue. »
Harold tourna la page et tomba sur un grand dragon.
« Le bûcheron, cette créature gigantesque à des ailes aiguisées comme des rasoirs qui peuvent lui scier un chemin à travers des arbres matures. »
Les dragons de l'espèce étendirent leurs ailes, fièrement.
« Extrèmement dangereux, tuer à vue. »
Harold passa à la suite.
« Le brouillard. Asperge sa victime d'eau bouillante »
Les brouillards émirent un léger clapotis qui sembla mettre mal à l'aise la plupart des êtres qui se trouvaient à proximité d'eux.
« Extrêmement dangereux. Tuer à vue. »
La grande porte s'ouvrit en un claquement qui fit sursauter le jeune solitaire. Après un moment, cependant, Harold revint au livre pour découvrir un nouveau dragon.
« Le variel. Même à peine éclot, ce dragon peut aspergé d'acide. »
Les dragons nommés émirent un ricanement mauvais comme les vikings et les autres dragons se tournaient vers eux.
« Extrêmement dangereux. Tuer à vue. »
« Le Gronk… Le pouilleux… »
Après quoi, Harold passa plusieurs pages rapidement.
« Casse membres… Mort furtive… Brûle ses victimes… Enfouit ses victimes… Etouffe ses victimes… Retourne ses victimes comme un gant…
A chaque annonce de manière de tuer, les vikings qui n'avaient pas lu le livre avaient pâli… Un peu plus à chaque fois.
Les dragons… et bien, les dragons avaient eut l'air plutôt fier d'eux.
« Extrêmement dangereux… Extrêmement dangereux… Tuer à vue… Tuer à vue… Tuer à vue. »
Puis, finalement, le garçon tomba sur un page presque blanche… avec seulement quelques annotations.
« La furie nocturne. »
L'ensemble des convives se penchèrent en avant, intéressé. Particulièrement un certain dragon.
« Vitesse inconnue… Taille inconnue… »
« Et bien, c'est décevant. » Commenta Morvik.
Bâtonnet, cependant, se tourna vers Harold qui se retrouva vite débordé par le nombre de questions qui pleuvaient alors sur lui.
« Bâtonnet, Bâtonnet… Calmes toi. Je suis sûr que tu auras tes réponses avec les images des dieux. J'ai passé beaucoup de temps avec Krokmou. »
« Krokmou… Pourquoi Krokmou ? Il me semble avoir beaucoup de dents. » Le questionna son père.
Harold rit et déclara, encore une fois, que les images des divinités répondront aussi à cette question, sans doute.
« Le rejeton effroyable de la foudre et du trépas même. Ne jamais affronter ce dragon. Votre seul espoir, vous cacher et prier pour qu'il ne vous trouve pas. »
A la fin de la description, les têtes se tournèrent vers le dragon noir qui pencha innocemment la tête sur le côté, la langue pendante. Il ne donnait vraiment pas l'impression d'être dangereux… Au contraire, il était attachant.
Harold sortit son carnet à dessin et le déposa sur le livre des dragons, ouvert à la page de son croquis de la furie nocturne.