Regarder l'avenir.

Chapitre 8 : Premier cours, Gronk et boucliers.

3600 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/11/2016 22:02

La nouvelle scène commença en montrant Gueulfor ouvrant une herse de bois afin d'entrer dans une arène entièrement close.

« Bienvenu aux cours de dragons. »

« Aux joies ! »Marmonna Harold alors que tout le village semblait s'égayer. En particulier les vikings qui avaient participé aux raids et qui n'avaient pas pu venir prêter un regard sur les actions des jeunes.

Le groupe des cinq jeunes combattants suivirent Gueulfor avec des expressions mitigées. Sérieuse pour Astrid et émerveillé et amusé pour le reste du groupe.

« Ca y est, c'est parti. »

Les adolescents entrent finalement dans l'arène en regardant autours d'eux, impressionnés.

Une vue de l'arène vue du ciel fit murmuré presque tout le village. Ils n'avaient pas réellement l'habitude de telles vues… Sauf lorsqu'ils étaient au sommet d'une grande montagne… Mais là c'était différent.

Harold soupira. Le vol lui manquait. Il en était devenu accro depuis que Krokmou et lui s'étaient familiarisés avec la selle et son fonctionnement. Depuis qu'ils avaient développé une assez bonne confiance l'un envers l'autre, aussi.

Les adolescents et Stoïck furent intrigués par son expression mais ne firent aucuns commentaires. Ils avaient réalisé, avec un certain regret mêlé de culpabilité, qu'ils ne savaient rien du garçon. Ce qui était une perte d'après ce qu'ils avaient découvert jusqu'à présent.

« J'espère que je vais me faire de sérieuses brûlures. »

« Moi, j'espère de bonnes lacérations. Genre dans le bas du dos, sur les épaules. »

Aux commentaires des jumeaux, les adultes (en particuliers leurs parents) semblèrent mitigés. Ce genre de blessures de dragons offrait un certain prestige à son propriétaire et sa famille mais personne n'appréciait de voir leurs enfants souffrir.

Les dragons, quant à eux, s'agitèrent, mal à l'aise. Ils ne comprenaient décidément pas les humains. Les tâches des ainés étaient de protéger les jeunes. Or, les vikings mettaient leurs jeunes face à ceux qu'ils considéraient comme de très dangereux ennemis. C'était incompréhensible.

« Ouai, il faut une cicatrice ou deux… Sinon, c'est pas cool. »

« Oui… Totalement, hein ? Avoir mal, j'aime trop. »

Les villageois rirent alors que les adolescents (autres qu'Harold) soupiraient une nouvelles fois.

« Je ne crois pas que contredire tes camarades soient une bonne façon de t'en faire des amis, mon gars. » Fit quelqu'un de l'insistance.

Harold rougit mais ne répliqua. Au contraire même, il se redressa. Il avait décidé, depuis que Krokmou était devenu son ami, qu'il ne changerait pas sa façon d'être. Même si cela signifiait perdre son père et son village.

« Oh, génial ? Qui l'a laissé passer ? » Maugréa Kranedur.

A l'expression blessé qui s'afficha sur le visage du Harold passé (et du Harold présent), Kranedur et ses amis eurent l'air mortifié et plus coupable encore.

Gueulfor choisit ce moment pour commencer le cours. Volontairement ou non, lui seul le sait.

« Alors commençons. Allons… La recrue qui fera le mieux aura l'honneur de tuer son premier dragon devant le village au complet. »

Alors que le visage d'Harold exprimait le choc et un peu de dégoût, les autres semblèrent impatients et émerveillés.

Puis les railleries commencèrent.

« Harold a déjà tué une furie nocturne. Alors… Ca le disqualifie ou bien… »

Les jumeaux éclatèrent de rires à la fausse préoccupation de Morvik… Vite suivit par les autres qui se détournèrent.

Les adolescents se ratatinèrent face aux regards que leur adressa Stoïck et aux grognements que le dragon noir aux yeux verts lançaient après eux.

« T'en fait pas. T'es petit et t'es fragile, tu te feras moins repérer par les dragons. Ils te croiront rachitique ou cinglé, ils se jetteront plutôt sur les ados plus vikings. »

Harold fit la moue, encore une fois, alors que chacun riait dans la salle… Y comprit les dragons. Riaient de la tentative de Gueulfor à réconforter Harold mais aussi de véracités de ses propos, en fin de compte.

Les dragons étaient, en effet, d'accord avec le viking estropié. Ils n'auraient pas assimilé le fils du chef de clan à « danger ». Ils auraient accordé davantage leurs attentions sur les autres adolescents qui semblaient plus dangereux. En apparence du moins. Car le viking que tout le monde sous estimait était très intelligent. Ce qui, en définitivement, faisait de lui le plus dangereux. Après tout, il était le seul à avoir vaincu une furie.

Harold et Gueulfor, qui avait drapé son bras sur les épaules de celui-ci, arrivèrent à hauteur des autres élèves. Gueulfor poussa Harold, sans douceur, vers la ligne qu'ils formaient… Ce qui l'obligea à les bousculer… Ce qui lui valu, bien entendu, des regards noirs. Gueulfor, lui, continua son chemin en avant.

« Bien. Derrière ces portes, quelques unes des espèces que vous apprendrez à combattre. Le lézardus métal. »

« Vitesse 8, armure 16. »

« Ensuite, le pouilleux hideux. » Déclara Bâtonnet

« Furtif, 11 doublement. »

« Le cauchemar monstrueux. » Enchaina le même adolescent, plus enthousiaste, encore.

« 15 pour la puissance de feu. »

« La terrible terreur. »

« Attaque 8, venin +13. »

« Arrête, tu m'énerve ! »

Stoïck et Harold explosèrent de rires au même instant. Entrainant le reste de l'assemblée… moins Gueulfor qui fusilla un Bâtonnet, penaud, du regard.

Les images ne reprirent que lorsque dragons et humains se furent ressaisis.

« Et… Le Gronk. »

Bâtonnet, incapable de se retenir, souffla « mâchoire 8 » à Harold. Morvik, lui, s'affola lorsque Gueulfor posa la main sur le levier qui commandait l'ouverture de la porte du fameux Gronk.

« Oh, oh… Vous ne nous enseignez pas avant qu'on les affronte. »

« Je suis pour l'apprentissage sur le tas. »

Quelques uns des vikings hochèrent la tête en accord avec le forgeron tandis que les autres, comme les adolescents, grimacèrent. Stoïck soupira et se frotta le front, inquiet pour son fils.

Il était peut être bon maintenant dans l'arène mais ce ne devait pas être le cas au début. Stoïck était sûr que l'amitié qui avait développé avec la furie nocturne n'était pas sans rapport avec ses nouvelles compétences.

Gueulfor ouvrit le porte et le dragon court mais massif vola immédiatement hors de sa cellule faisant se disperser les adolescents.

« Aujourd'hui, il va s'agir de survie. Si vous formez, vous êtes prêts à tout.

Le Gronk se fracassa contre le mur mais reprit son vol, aussitôt, pour partir à la poursuite des adolescents.

« Et la première chose qui va vous falloir, vite. »

« Un docteur ? »

L'auditoire rit, tombant, encore une fois, sous le charme de l'humour du garçon… Même s'ils savaient que, cette fois, le garçon était en partie sérieux.

« Vitesse +5 »

Encore de nouveaux rires à la réponse de Bâtonnet malgré la tension qui s'installait… Surtout chez les parents. Ce n'était jamais une partie de plaisir pour eux de voir leurs gamins en danger.

« Un bouclier. » Répondit Astrid, sur le qui vive, à demi fléchi.

« Bouclier. Ok. » Clama Gueulfor en accord avec la jeune fille.

Les élèves réagirent aussitôt et filèrent aux abords de l'arène pour s'emparer de la dite protection.

« Votre équipement la plus important est votre bouclier. »

On revient sur Harold pour le trouver en difficulté pour s'emparer et tenir son bouclier.

Les regards se tournèrent aussitôt vers le chef de clan qui était responsable de la méconnaissance de l'adolescent. Certes, le chef avait beaucoup de responsabilités mais il devrait avoir fait en sorte de trouver du temps pour son fils unique… Surtout pour lui apprendre à se défendre.

Stoïck baissa les yeux. De plus en plus d'erreurs qu'il avait faite à propos d'Harold lui sautait aux yeux. Et, celle-ci n'était pas des moindres. Harold n'était pas faible. Il avait prouvé qu'il était très courageux… Et fort puisqu'il pouvait soulever des armes destinées à un homme d'âge mûr.

Gueulfor arriva à proximité et l'aida rapidement à tenir son bouclier convenablement.

« Si vous devez choisir entre une épée ou un bouclier, choisissez le bouclier. Déclara l'homme en poussant joyeusement Harold dans la mêlé.

Les images passèrent sur les actions des autres adolescents. C'était la débandade. Les jumeaux se disputaient un bouclier tandis qu'à l'arrière plan, Bâtonnet fuyait le Gronk, les deux bras en l'air.

Soudain, le dragon changea de cible

« Y'a des fleurs sur celui-ci, les filles aiment les fleurs, non ? » Argumenta Kranedur.

L'ensemble des vikings qui connaissait bien les jumeaux grimaça à cela.

La réaction de la sœur du viking ne tarda pas à arriver. Elle arracha le bouclier des mains de son jumeau et lui frappa la tête avec.

« Oups, maintenant celui là est plein de sang, maintenant. » Se désola faussement Kognedur.

Les deux jeunes étaient tellement pris dans leur dispute qu'aucun d'eux ne vit le dragon arriver en piquer sur eux…

Astrid secoua la tête et murmura une insulte à leur adresse.

Et pulvérisa le bouclier des jumeaux.

Les dragons réagirent aussitôt en félicitant chaleureusement le Gronk qui se redressa fièrement.

Harold étouffa un rire… Ce qu'il ne vit pas, c'est qu'Astrid et Bâtonnet faisait de même et que quelques adultes (dont son père) avaient souri. Krokmou, quant à lui, l'avait remarqué et en était soulagé. Si les vikings proches de son ami étaient d'accord avec son espèce alors, son ami irait bien… Et, c'est tout ce qui comptait pour lui.

Les jumeaux pincèrent les lèvres et échangèrent un regard avec le reste du groupe alors que divers commentaires s'élevaient dans la salle à propos de leur travail. Commentaires parfois accompagnés de suggestion.

Soudain, les adolescents trouvaient la situation beaucoup moins drôle. Ils commençaient à réaliser pleinement ce que subissait Harold depuis le début… Et, c'était loin d'être agréable.

« Kognedur, Kranedur, sur la touche. » Les informa Gueulfor.

« Quoi ? » / « Quoi ? »

« Ces boucliers servent aussi à autre chose. Du bruit. Faite beaucoup de bruits pour déranger le dragon quand il vise. »

Les jeunes, alors rassemblés, mirent aussitôt cette information en application.

Les dragons dans la salle grimacèrent et les vikings sourirent satisfaits. Le Gronk qui s'était fièrement redressé sembla se dégonfler alors que, sur l'écran, on voyait que son ancien lui était désarçonné.

« Tous les dragons ont un nombre de limité de coups. Combien un Gronk en a-t-il ? »

Les jeunes encerclèrent le Gronk sans cesser de frapper leur bouclier de leur arme.

« Cinq ? » Jugera Morvik.

« Non, six. » Corrigea Bâtonnet.

« Exacte, six. Un coup pour chacun de vous. »

Sa phrase fut ponctuée par un autre coup de feu qui élimina le bouclier du savant de la classe.

« Bâtonnet, sur la touche. »

Les adolescents rirent en voyant leur camarade courir loin du Gronk en hurlant.

« Harold, allez avance. »

L'interpellé sortit prudemment de son abri… Seulement pour être frôlé par un nouveau coup qui l'incita à revenir se planquer.

Krokmou laissa échapper un léger grognement. Le Gronk frissonna, la dernière chose qu'il souhaitait, c'était attirer de la furie sur lui. Heureusement pour lui, il ne s'était pas obstiné sur le petit humain.

Et, en effet, les images passées montraient qu'il se dirigeait, assez nonchalamment vers les deux autres adolescents restants. Astrid et Morvik.

« Faudra que je déménages dans la cave de mes parents… Tu devras passer t'entrainer. Tu as l'air d'une fille qui s'entraine. »

Entièrement occupé à flirter avec Astrid (qui ne semblait pas l'écouter), Mörik ne vit pas le Gronk arriver vers eux… et ne réagit pas lorsque la jeune fille roula loin de la ligne de visée… Si bien qu'il fut percuté par le projectile du reptile volant.

Morvik rougit violement lorsque les regards se tournèrent vers lui… et baissa les yeux lorsqu'il rencontra le regard exaspéré et déçu de son géniteur.

Harold, voyant cela, hésita mais tendit la main devant lui et se pencha jusqu'à pouvoir donner un tape amicale et encourageante à son cousin… Qui, pourtant, n'était pas le dernier à le rabaisser.

Morvik redressa la tête vers lui puis, après quelques instants, il adressa un léger sourire à Harold qui reprit rapidement sa place. Il croisa alors le regard de son ami dragon et marmonna, gêné :

« Qu'est-ce que tu regard ? »

Stoïck souffla et se demanda s'il arriverait, un jour, à comprendre réellement son fils… Il reporta son attention sur les images des dieux. Il n'arrivait toujours pas à croire que son fils, alors inexpérimenté et sans presque rien savoir sur les dragons (que ce soit d'après les vikings ou son ami le dragon), avait réussi à arriver à ce stade sans se faire éliminer. Avant dernier, au nom d'Odin.

La roulade d'Astrid l'amena après d'Harold qui se tenait toujours sur ses gardes… Cette fois loin des abris.

« Morvik, sur la touche. » Commenta simplement Gueulfor alors qu'Astrid se relevait près d'Harold.

« Alors, je crois qu'il reste que toi et moi, hein ? » Déclara Harold en tentant de se sociabiliser.

« Non que toi. » Le corrigea Astrid en courant, une fois encore, loin de la trajectoire du dragon.

Harold se projeta, de justesse, de l'impact de feu qui fit voler, loin de lui, le bouclier qu'il tenait.

« Il lui reste un coup. » Les renseigna l'enseignant.

Harold courut après son bouclier, attirant l'attention du Gronk sur lui en raison de sa vulnérabilité.

Stoïck serra les poings inquiet et Krokmou se tendit, lui aussi, gémissant. Harold, indifférent aux regards surpris ou réprobateurs qu'on lui donnait, donna une caresse à son ami qui se détendit aussitôt… Ce qui eut le mérite d'attirer sur lui de tous autres regards. Ceux-ci, cette fois, étaient stupéfaits et intéressé.

« Harold ! » Clama Gueulfor, inquiet comme il est devenu que le garçon ne pourrait pas rattraper son bouclier et qu'il se retrouverait, en plus, acculé.

« Je ne crois pas que j'ai eu aussi peur de ma vie. » Confia l'homme au père du gamin.

Celui-ci, les yeux exorbités, se contenta d'approuver d'un signe de tête. Une chose était certaine, s'il avait été présent au village à ce moment : Harold n'aurait jamais vu le second cours.

Et, en effet, Harold abandonna l'idée de rattraper sa protection qui alla rouler dans un sens alors qu'il fut violement adossé contre la paroi de l'arène. Coincé.

Stoïck se crispa un peu plus et se retint de se précipiter vers son fils en dépit du fait qu'il sache que celui-ci se portait très bien.

Le Gronk renifla le jeune combattant pour, ensuite, prendre du recule pour un dernier projectile. Un crochet inséré dans sa mâchoire fit, heureusement, défier le projectile. Gueulfor amena le dragon loin d'Harold.

« Merci, mon ami. » Souffla Stoïck.

Gueulfor hocha simplement la tête. Il n'y avait pas besoin de remerciements. Harold comptait autant pour lui que pour Stoïck. Harold était comme un fils, ou un neveu, pour lui. Ce qu'il était en quelque sorte.

Stoïck se tourna ensuite vers son fils et lui déclara qu'il était fier de lui.

Harold cligna des yeux surpris puis s'étonna :

« Papa, je me suis presque fait carboniser. Il n'y a pas de quoi être fier. »

« Mon fils, tu es le second à être resté debout. Le dernier à avoir été éliminé. C'est une très bonne chose. »

Harold adressa un sourire timide à son père. Il appréciait cette marque de reconnaissance. D'autant que c'était très rare (mais alors vraiment très rare) qu'il en reçoive.

Il remerciait les dieux pour cette chance de pouvoir changer les choses… Car, même s'ils décidaient de ne pas changer les choses, c'était une bonne expérience. Elle lui montrait que les choses pouvaient changer… Que son père pouvait l'accepter tel qu'il était… Que le village pouvait l'accepter tel qu'il était.

« Ca fait six. Retourne dormir, saucisson frais. ». Fit le professeur en faisant tournoyer le dragon pour le précipiter dans sa cage qu'il referma.

« Vous aurez une autre chance, vous inquiétez pas. »

Le groupe de casse cou se regroupa, montrant, tous sauf Astrid, des degrés divers d'épuisement.

« N'oubliez pas. Un dragon cherchera toujours, toujours, le coup mortel. » Déclara Gueulfor en se penchant sur Harold.

Sur ses mots, Gueulfor hissa, un peu brusquement, le jeune homme sur ses pieds et s'éloigna sans plus un mot. Harold fixa la marque de brûlure encore fumante derrière lui, d'un air être surpris et interrogateur.

« Pourquoi la furie n'a pas cherché à tuer Harold, alors ? » Déclara Astrid, clairement ironique.

Harold lui décocha un regard surpris. Astrid avait toujours été une farouche guerrière… Une passionnée de la « chasse » aux dragons. Il avait pensé, jusqu'à cet instant, qu'elle ferait partie des plus réfractaires à l'idée que les dragons pouvaient être des amis… Des animaux non dangereux… Mais, apparemment, il se trompait.

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