Regarder l'avenir.

Chapitre 4 : Je pose ma marque sur le village… encore une fois.

2717 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 21:10

Harold fut surpris par l'absence réaction de son père. En fait, il donnait l'impression d'analyser tout ce qui se passait.

Harold avait noté les regards surpris et spéculatifs que lui et Gueulfor donnait aux dragons. C'était étrange. Si Harold ne les connaissait pas mieux, il aurait dit qu'ils changeaient leur opinion sur les dragons. Mais, ce ne pouvait qu'être faux. Après tout, ils faisaient parti des plus féroces combattants des dragons.

« Je l'ai eu. Oui ! Je l'ai descendu. Y a quelqu'un, pas loin, qui a vu ça… »

Des cris éclatèrent alors que l'on voyait un cauchemar monstrueux grimpé derrière Harold. Stoïck se crispa, lui aussi. Il avait beau savoir que cette partie de l'histoire était déjà du passé, il n'était pas à l'aise. Son fils était passé trop proche de la mort cette nuit là.

Le cauchemar monstrueux marcha sur la machine d'Harold, la détruisant. Ce qui fut heureux car cela averti le garçon de sa présence.

« Excepté toi. » Acheva Harold d'un ton ironiquement découragé.

Stoïck ne parvenait pas croire qu'il méconnaisse ainsi son fils. Rien qu'avec ses quelques images, il avait appris énormément de choses à son propos. Il avait un humour revigorant. Il était très intelligent. Il était plus fort qu'il n'y paraissait puisqu'il soulevait des armes d'adultes pour les réparer… Ou les fabriquer car, apparemment, c'était lui qui avait fabriqué la plupart des armes du village ces dernières années. Et, maintenant, Stoïck découvrait qu'il pouvait faire preuve d'un grand sas froid en cas de danger, comme tout bon chef. Qu'allait-il découvrir encore à propos de son fils.

Stoïck qui est maintenant en train d'harnacher les dragons vipères est interpellé par un cri familier. Harold est parfaitement visible sur la falaise, poursuivis par un cauchemar.

« C'est bien ma chance. De tous les dragons, un cauchemar monstrueux… et repérer par mon père. » Grommela Harold, les bras croisés sur sa maigre poitrine.

Stoïck ria simplement. C'était trop vrai. On ne pouvait pas dire qu'Harold avait la meilleure des chances.

« Mais tu m'as vraiment fais peur sur ce coup là. Evite de me refaire ça. » Râle le chef d'un ton bourru.

Harold cilla, surpris, par la révélation. Il était à la fois surpris d'entendre que son père s'était inquiété et ahuri de l'entendre l'admettre. Après tout, l'homme était un viking pur et dur. Et, un viking n'était pas censé montré de telles émotions.

Stoïck soupira profondément et s'éloigna des dragons vipères en recommandant aux vikings sur place de ne surtout pas les laisser s'échapper.

Sur la place, Harold évite, de justesse une explosion (certainement fatale) et fuit, à toutes jambes, le cauchemar monstrueux qui le suit de près. Harold finit par se cacher derrière l'un des derniers braseros debout, le seul abri disponible. Bien sûr, ce n'est pas suffisant et le cauchemar monstrueux lâcha un jet de flammes dans sa direction.

Krokmou n'y tint plus et grogna méchamment après le responsable de l'acte.

Les vikings échangèrent des regards nerveux lorsqu'ils perçurent l'énervement du dragon. Le cauchemar monstrueux, bien que surpris par la véhémence de la furie, lâche un gémissement de contrition. Contrition rapidement accepté par la furie. Après tout, les dragons ne sont pas rancuniers et Harold va bien.

Lorsque le jet de flammes prit fin, on pouvait voir Harold se pencher pour tenter de repérer le cauchemar. Par malheur, celui-ci l'avait contourné par derrière. Il fut évident que l'apprenti forgeron ne dû sa vie sauve qu'à son père qui sauta, avec brusquerie, sur l'animal.

Ils roulèrent, tous les deux, un peu plus loin. Le dragon rouge et noir tenta de lancer un jet de flammes sur son adversaire mais échoua... A cours de feu.

« T'as plus rien. » Déclara le chef en s'avançant, satisfait.

Le chef de clan frappa le dragon à plusieurs reprises. Ce qui signa la fuite du puissant dragon.

La voix d'Harold s'éleva alors que Stoïck se tournait, posément, vers le brasero qui se désagrégeait, derrière lequel se trouvait son fils.

« Oh, encore une petite chose qu'il faut que je vous dise. »

Le pilier se reversa et le panier de fer renfermant le feu roula sur le pont pour rebondir à plusieurs fois plus bas, hors de vue… Laissant derrière lui un chemin de feux et de cris.

L'ensemble des spectateurs ricanèrent ou rirent ouvertement des expressions passant sur le visage du jeune fautif. Les jumeaux, quant à eux, ravi de la destruction occasionnée par Harold, se frappèrent dans la main avec des cris ravis avant de s'interrompre brutalement au regard que leur donnèrent le chef et leurs parents.

« Désolé, papa. »

La cage de fer finit sa route du côté des dragons vipères qui libérés, s'enfuis avec le troupeau de moutons.

« Ok mais j'ai eu une furie nocturne. »

« Je suis désolé, fils, de ne pas t'avoir cru. »

« Oh… C'est ok, papa. »

Stoïck poussa un soupire soulagé. Il pouvait s'estimer heureux que la générosité fasse parti des qualités d'Harold et que le concept de rancune lui soit aussi inconnu.

Furieux, Stoïck attrapa son fils par la peau du cou et l'entraine, sans ménagement. Ignorant la plaidoirie de son fils et le demi-cercle qui commençait à se former autour d'eux.

« C'est pas du tout comme les autres fois, papa. Crois-moi. Je l'ai descendu, je te jure. Vous étiez occupé tous et je l'avais en plein dans la mire. Je l'ai vu s'écrase juste derrière la pointe aux corbeaux. »

Gueulfor se joignit au cercle de spectateurs, l'expression inquiète.

« J'espère que vous avez aimé le spectacle. » Déclara Harold humilié.

D'autant plus maintenant qu'il devait revivre cela. Certains de ceux qui s'étaient tenus dans le cercle eurent le bon goût de paraitre honteux au moins.

Son père baissa les yeux, le cœur lourd de remord en se rappelant les mots durs et certainement humiliant pour son fils. Des mots dits devant une grande partie du village.

« Il faut qu'on aille la capturer là bas avant que… »

Harold ne put achever sa phrase. Son père, perdant patience le coupa brutalement.

« Arrête moi ça. »

Cette fois, personne ne manqua l'expression blessée qui passa fugitivement sur le visage de l'adolescent. Le silence se fit dans la salle.

A l'écran, Harold regarda autour de lui et reporta rapidement son attention sur son père qui continuait ses remontrances publiques.

« Harold, écoute-moi. Toutes les fois où tu mets les pieds dehors, les catastrophes s'ensuivent. Tu ne vois pas qu'il y a des choses sérieuses dont il faut que je m'occupe. Avec l'hiver à nos portes, il va falloir que je nourrisse le village au complet. »

Les adolescents et les enfants de la salle grimacèrent tous au discours.

Aucun d'eux n'avait jamais réfléchi à la situation d'Harold. Etre le fils du chef devait être difficile. Tous les regards étaient sur lui… et de lourde attente pensaient sur ses épaules… Et ce que Stoïck lui disait n'était pas seulement un discours parentale (ce qui aurait bien suffisant, surtout en public) mais c'était aussi les remontrances d'un chef.

Oui, aucune d'eux n'aurait aimé être à la place d'Harold à ce stade.

« Et bien, entre toi et moi, le village pourrait un peu moins bouffer. Avoue, hein ? »

Des rires nerveux se firent entendre (seulement quelques uns). La blague d'Harold aurait pu être drôle hors de ce contexte… Mais là, la situation était trop grave et le chef trop en colère pour qu'elle soit accepté.

« Harold, c'est sérieux. Je ne ris pas. Pourquoi ne suis tu pas les ordres les plus simples ? »

« C'est que je ne peux pas m'en empêcher. Je vois un dragon et je ressens le besoin de le tuer. Tu vois. C'est moi ça, papa. »

« Tu es bien des choses, Harold, mais pas un tueur de dragon. Ca jamais. »

L'accablement fut parfaitement visible chez le jeune apprenti qui ne cherchait même pas à la cacher.

« Rentre à la maison. Vois à ce qu'il rentre toi. Faut que j'aille mettre de l'ordre dans sa pagaille.»

Harold serra les dents. C'était chaque fois pareil. A chaque fois, il avait l'impression que son père se débarrassait de lui. Le rejetait. Il ignora la tentative de son père de croiser son regard. Il était certain de ne pas tenir le coup sinon.

Gueulfor pousse le garçon en direction de la maison du chef. Ce qui les amène à passer devant le groupe de son âge qui ricana à son passage.

« Quel exploit remarquable. »

« J'avais jamais vu quelqu'un se planter comme ça. Utile ton numéro. » Déclara Morvik.

« Merci. Merci à vous, j'ai tout donné… Alors, euh… »

Stoïck fronça les sourcils en réalisant que son fils n'était pas du tout intégrer aux villages, en fait… Même parmi les gens de son âge.

Harold, pour sa part, n'accorda aucune attention à cela. Il venait de remarquer qu'Astrid était à l'écart du groupe et n'avait pas dit un mot désobligeant ce soir là. Il lui jeta un regard rapide, curieux, pour reporta son attention sur l'écran.

Harold et Gueulfor arrive à la maison du chef, isolée en haut d'une colline.

« J'en ai vraiment frappé un. » Insista Harold.

« Bien sûr, Harold. » Répondit son interlocuteur sans vraiment le croire.

« Il n'écoute jamais rien… Et quand il écoute, c'est avec une espèce d'air renfrogné et déçu… Comme si on avait lésiné sur la viande de son sandwich. »

Harold baissa la tête honteux que ses pensées soient ainsi dévoilées face à tout le villageois. S'il parlait à Gueulfor, c'est parce qu'il n'en soufflerait mot à personne… pas même à son père. Il sentit Krokmou poussé un ronronnement pour le rassurer, le réconforter. Et cela marcha… En partie.

D'ailleurs, l'ensemble du village comprenait que c'était des paroles très personnelles qui n'étaient pas destinées à être connues. Autre que Gueulfor. Aussi, personne ne commentait. Tout le monde voulait que le moment passe rapidement. Pour épargner le garçon.

Stoïck se sentait dévasté par les paroles de son fils. Harold, croyait-il vraiment cela ? Donnait-il vraiment l'impression de ne pas aimé son fils. Stoïck sentit la main de son ami se poser sur son épaule, réconfortante, et fit de son mieux pour reprendre le contrôle de lui-même.

Harold rougit lorsqu'il entendit son soi passé commencer une imitation de son père.

« Excusez-moi, mademoiselle. Vous m'avez servi la mauvaise progéniture, je pense. J'ai commandé un rejeton double avec bras musclés, supplément de cœur au ventre et gloire en extra. Ca là, c'est une arrête de poisson parlante. »

Stoïck se sentit plus bas encore. Surtout parce qu'il ne pouvait pas nier totalement. Il n'avait pas pu voir les qualités de son fils… Et avait beaucoup perdu en le faisant. Tout comme les autres.

« Non, non… Tu évalue mal la situation. Tu vois, il ne s'agit pas de ton extérieur. C'est ce que tu as en dedans dont il a horreur. »

Krokmou grogna, mécontent. La personnalité d'Harold était très bien. Il aimait de moins en moins ces vikings et aurait aimé pouvoir s'approcher de son ami pour le réconforter et le protéger… Mais c'était encore impossible. Trop dangereux. Ils auraient de mauvaises réactions et cela ferait souffrir Harold. Les regards se portèrent sur Gueulfor qui semblait gêné.

« Mauvais choix de mots. »

« Ca cela me console, merci infiniment. »

« Ecoute, ce que je veux dire, c'est ne fait pas tous ces efforts pour devenir quelqu'un d'autre. »

« Je veux juste être comme vous, les gars. »

Gueulfor soupire largement alors qu'Harold entre dans la maison avec tristesse. Le garçon, cependant, ressort, quelques secondes plus tard, par la porte de derrière. Et se précipite vers les bois.

Stoïck soupira profondément et secoue la tête… mais cette fois, il sourit légèrement face à l'obstination de son fils.

Tout le monde prit le temps de s'interroger sur ce qu'ils avaient découvert de Harold et sur leur action envers qui, ils l'admettaient étaient indignes.

Et ils s'interrogeaient aussi à propos de ces dragons et leurs comportements ici. Ils étaient étranges à leurs yeux. Surtout cette furie nocturne qui semblait presque protecteur envers Harold. Après tout, il avait grogné à chaque geste ou remarque désobligeante contre le garçon. Oui, ca aussi, c'était étrange. D'autant plus qu'Harold n'avait jamais réagis.

Les dragons ne comprenaient l'action des humains pour la progéniture. Un enfant devait être protégé et aimé. Ce qui n'était pas le cas ici. Au contraire. Nul ne méritait ce traitement. Surtout pas un enfant. Un enfant comme cet Harold.

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