Regarder l'avenir.

Chapitre 3 : Echec et mat pour la furie nocturne.

2290 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 01:20

« Voilà, tu vois ! C'est exactement de ça que je te parle. »

« C'est juste une petite question de re-calibrage. »

« Oh, non, Harold ! Si tu veux un jour sortir affronter des dragons, il va falloir que tu te débarrasse de tout ça. » Déclara en désignant vaguement Harold.

« Et, attendez un peu… C'est tout moi que vous venez de montrer. » Objecta le garçon.

« Ouai, c'est ça… Arrête un peu d'être tout toi. »

Alors que l'ensemble de l'assemblée regardait prudemment à Harold, les deux protagonistes rirent de la scène. Harold savait que Gueulfor ne disait pas cela pour l'offenser. En fait, il était sûr que le forgeron l'appréciait tel qu'il était. Quoi qu'il en soit cette scène se répétait souvent dans l'atelier. C'était comme une blague entre eux.

« Ooooh. » Fit Harold.

« Ooooh, ouai » Reprit Gueulfor.

« Vous, monsieur, vous jouez à un jeu très dangereux. Je vous préviens. Empêcher cette belle vikinnerie brute de se manifester… Il y aura de graves conséquences. »

C'était encore un autre exemple de la confiance et de la proximité des deux. Et du caractère particulier d'Harold. Astrid baissa la tête pour masquer un sourire. Ce qu'elle découvrait lui plaisait. Harold s'exceptait, en grande partie, tel qu'il était. Sa capacité à rire de lui-même le prouvait. Et, Astrid devait se l'avouer, elle appréciait cela chez lui.

« Oui… Je vais prendre le risque. Epée, aiguisée. » Ordonna Gueulfor en donnant une épée d'adulte à Harold (sans douceur).

En voyant Harold porter, sans trop de difficulté, toutes les têtes se tournèrent vers lui. Harold, nerveux, leur lança un regard innocent, ne comprenant pas leur réaction.

« Quoi ? »

« Tu réussis à porter une épée d'adulte ? » S'exclama Astrid, d'un ton surpris.

« Euh… Oui… Il faut bien… Je travaille aux forges depuis que j'ai huit ans. »

« Mais Harold… Ces épées… On ne peut pas encore les porter nous même. Nous portons des épées adaptées ! »

Harold, qui ignorait cela, jeta un regard dans la direction de Gueulfor et son père. Gueulfor lui renvoya un regard innocent et son père lui adressa un regard où se lisait surprise et fierté. Harold profita de ce regard car elle n'allait pas perdurer bien longtemps.

« Un jour, je partirais combattre moi aussi. Parce que tuer un dragon, c'est tout ce qui compte par ici. »

« C'est nul. »

Harold avait marmonné assez bas pour que seuls les dragons puissent l'entendre. Des dragons se dressèrent un peu plus. Intrigués, ils se demandaient si c'était vrai que le viking était indisposé à tuer un dragon. Est-ce pour cela que la furie nocturne avait prit goût à lui ?

Les images défilèrent, montrant différents lieux du village et les dragons qui l'attaquaient. A chaque citation d'Harold, un aperçu du dit dragon était dévoilé avec son attaque principale.

« Une tête de vipère déjà me fera surement remarquer. »

Tous les dragons de cette espèce poussèrent, à la surprise de tous les vikings, un gémissement collectif.

« Un gronk. Plus difficile. En descendre un me garantirait, à coup sûr une copine. »

Cette fois, ce fut les dits gronk qui réagirent en reculant derrière les plus gros de leurs congénères. Harold pinça les lèvres, honteux de ses pensées passées.

« Un pouilleux… Exotique. Deux têtes, doubles prestiges. »

Les dragons de l'espèce poussèrent un soupire et se mirent à trembler, cachant leurs têtes sous leurs ailes.

Les images montrèrent maintenant un groupe de vikings, Stoïck y comprit au sommet d'une tour ou se trouvait une catapulte.

« Ils ont trouvé les troupeaux ! »

« Concentrez les tires sur le talus inférieur. »

« On se dépêche. Feu ! »

Les projectiles enflammés frappèrent un dragon en plein vol.

« Enfin… Il y a le cauchemar monstrueux. »

Les dragons se recroquevillèrent en boule, la tête cachée sous une aile.

« Seuls les meilleurs vikings se lancent à sa poursuite. »

Stoïck sourit fièrement et tourna la tête vers son fils qui détourna rapidement la tête. Stoïck fronça les sourcils au geste. Qu'est-ce que ça voulait dire ? »

« Il a cette détestable manie de s'incendier lui-même. »

Dragons et humains pouffèrent. Une nouvelle fois, l'humour d'Harold avait fait merveille. Harold faisait presque passer le dragon comme une bête inoffensive.

Le cauchemar monstrueux, tout en flamme, escalada la tour de la catapulte et arriva au sommet, face à Stoïck.

« Rechargez, Je vais m'occuper de cela. » Déclara Stoïck en frappant le dragon enflammé à coup de masse.

Soudain un son étrange survint, faisant réagir tout le monde.

« Mais la récompense ultime, c'est le dragon que personne n'a jamais vu. »

A cela Krokmou se redressa fièrement. Les dragons semblaient rassurés par l'arrivée de la furie tandis que les visages des vikings s'assombrissaient. Les plus courageux allèrent même jusqu'à décocher un regard furieux au reptile.

Stoïck cesse le combat et Harold lève les yeux de son travail.

« On l'appelle la… »

« Furie nocturne ! »

« Baissez vous. »

Sur la catapulte, le cauchemar monstrueux cesse le combat et file. Stoïck en entendant le son significatif de l'approche de la furie saute de la tour au moment où le dragon noir frappe sa cible (la catapulte) qui explose.

« Cette chose ne vole jamais de nourriture, ne se montre jamais et ne manque jamais sa cible. »

La furie nocturne bomba le torse avec orgueil et regarda autours de lui, recevant des regards hostiles des vikings et des regards envieux et respectueux des autres dragons.

La scène revint sur Harold penché à la fenêtre, une expression à la fois fascinée, enthousiaste et déterminée sur le visage.

« Personne n'a jamais tué une furie nocturne. C'est pour ça que c'est moi qui serais le premier. »

Krokmou gémit en se rappelant combien son ami avait été proche de le faire. Mais il ne l'avait pas fait et la furie solitaire avait gagné un ami. Un merveilleux ami. Krokmou ne changerait donc rien à ce qu'il s'était passé s'il en avait la possibilité.

Harold fit peu cas des reniflements dédaigneux de Morvik et des jumeaux… Et de la plupart des adultes… Après tout, c'était vrai, il avait été incapable de tuer le dragon. Pas qu'il le regrettait. Bien au contraire.

Gueulfor entra, de nouveau, en scène alors qu'il changeait son marteau pour une hache.

« Occupe toi de la forge, Harold, ils ont besoin de moi là bas. »

« Tu n'aurais pas du faire ça, Gueulfor. » Souffla Stoïck.

« A qui le dis tu. » Lui répondit son interlocuteur, presque joyeusement.

« Reste. Sagement. Là. Enfin t'a compris. »

« Je ne suis pas un chien, vous savez ! » Souffla Harold, énervé, en croisant les bras.

Sur ce, Gueulfor se rua dans la bataille avec un grand cri.

La scène suivante, quelques instants plus tard, dévoila Harold faisant son chemin à travers la bataille en poussant une charrette.

« C'est quoi dans la charrette ? » Demanda le père de Morvik.

« Une de mes machines. » Marmonna Harold, très sombre en songeant à ce qu'à fait cette machine à son ami reptilien.

« Harold, où vas-tu ? » le questionna un combattant.

« Oui… Non… Je sais. Je reviens tout de suite. »

« Où va-t-il encore ! Harold revient ici ! » Ordonna une combattant que le garçon croisa.

Dans un coin du village, des vipères avaient regroupé des moutons, prêtes à les capturer. Cependant, le chef de la tribu les stoppa dans leur élan en les capturant à l'aide d'un filet. Les hommes et Stoïck se précipitèrent aussitôt et les immobilisèrent en leur fermant les mâchoires de force.

Les images revinrent à Harold dans un coin tranquille et isolé du village, sur une falaise. Le jeune viking mettait rapidement en place sa machine qui se déplia rapidement pour former un archet mécanique.

« Woua ! Harold, ça m'a l'air brillant ! » S'exclama son père.

Harold ne put que fixer son père quelques secondes puis balbutie des remerciements, peu habitué à des louanges de sa part.

Stoïck souffla attristé de voir la réserve de son fils à son égard. Apparemment, il avait fait de terrible erreur à propos de son fils et remercia les dieux de lui permettre de les voir. Tout ce qu'il pouvait espérer, maintenant… C'était qu'il puisse rattraper les choses avec son fils. »

Sur l'écran, Harold scrutait le ciel à la recherche d'une cible. Puis, soudain, le cri d'une furie nocturne se fit entendre.

Dans la salle tout le monde se tendit. Dragons et humains. Les dragons parce qu'ils avaient peur pour leur congénère. Les vikings dans l'espoir que l'irréalisable se soit produit. Et Harold et Krokmou dans l'attente de l'évènement qui avait changé leur vie.

Puis soudain, tout se précipita. La furie fit exploser une autre tour, se rendant momentanément visible aux yeux d'Harold qui réagit rapidement en tirant. Les boulets jaillirent de l'arme et fendirent le ciel… Et fauchèrent la furie en plein vol.

Harold sursauta et grimaça au son de l'impact et au cri de son ami. Krokmou laissa échapper un fredonnement pour montrer du réconfort à son ami et lui montrer qu'il ne lui en veut pas. Ce qui marche, à sa grande joie, puisqu'Harold se redressa et lui adressa un léger sourire.

Les vikings restèrent choqués un moment puis les vivats et les applaudissements éclatèrent. Certains préparaient déjà l'expédition pour récupérer ce qui ne devait plus qu'être une carcasse maintenant.

« Bravo, mon gars ! »

« Et dire qu'on ne t'a pas cru. »

« Quelle prise. Une furie. Tu feras un fameux tueur de dragon. »

Personne ne se doutait que la furie présente est la même que celle que Harold avait frappé.

Sauf peut être un couple de personnes.

Gueulfor avait noté la réaction du gamin à la scène et gardait en mémoire les combats non violents du garçon dans l'arène.

De même qu'Astrid et Bâtonnet.

Et puis, il y avait Stoïck qui, bien sûr, avait vu la réaction de son fils… et qui se souvenait des mots que le garçon lui a dis avant son départ pour le raid. « Je ne peux pas tuer un dragon. ». De toute évidence, Harold le savait de sources sûres. Sans doute était-il déjà allé trouver cette furie… Et avait constaté qu'il ne pouvait pas la tuer.

Stoïck ignorait ce que les dieux attendaient exactement d'eux… Mais il était certain que cela concernait les dragons aussi… Les dragons qui avaient des comportements tous autres que ceux auxquels il s'attendait. Alors Stoïck attendait de voir ce qui les attendait dans l'avenir pour prendre une décision.

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