Regarder l'avenir.
Chapitre 2 : Un village tous feux, tous flammes.
2701 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 10/11/2016 00:57
Les images commencèrent à défiler doucement. Une vue plongeante sur la mer.L’ensemble des vikings poussèrent des soupires qui pouvaient être des soupires d’émerveillement et de surprises face à cette vue inhabituelle pour eux… En dehors d’Harold qui, lui, échangea un rapide regard avec Krokmou, déjà nostalgique du vol. Les dragons agirent de même, surtout ceux qui avaient été enfermés par les humains.
« Voici Beurk. »A la voix, très reconnaissable d’Harold, tous les regards humains se tournèrent vers l’intéressé qui se recroquevilla sur lui-même, gêné par l’attention. D’autant plus que les dragons avaient suivi le regard de leur adversaire et regardaient, avec plus de curiosité encore, cet humain qui semblait être l’ami de la furie nocturne.
« Vous voulez rire ! Harold, béni des dieux. Les dieux doivent plaisanter. » S’exclama Morvik.
« Silence, jeune. Il est évident que le fils du chef a l’aval des dieux. Ne les met pas en colère. Une injustice semble avoir été faite au jeune Harold. Aussi, n’aggravez pas les choses en l’insultant dans la maison des dieux. »
Tous se détournèrent d’Harold aux paroles de Gothi mais Harold pouvait encore entendre les murmures étonnés et spéculatifs du clan. Il croisa le regard de son père et s’agita nerveusement avant de reporter son attention sur les images qui défilaient de nouveau. Apparemment, elles s’arrêtaient d’elles même lorsque de sérieux commentaires fusaient.
« Ca se trouve à douze jours au nord de ‘‘sans espoir’’ et à quelques degrés au sud de ‘‘mourir gelé’’. Cette île est solidement ancrée sur le méridien de la misère. »Harold grimaça franchement à ses commentaires. Elles dévoilaient sans l’ombre d’un doute ce qu’il pensait de Beurk. Le plus stupide pouvait deviner que ses commentaires et sa vision essentiellement négative de l’île signifiaient son mal être sur cette dite île. Son sentiment de non appartenance.
Si la plupart des villageois semblaient colériques à propos de la description désobligeante (mais pas moins vraie) de leur île, Stoïck et Gueulfor échangèrent un regard préoccupé.
« Mon village. En un mot robuste. Il a été fondé il y a sept générations… mais toutes les maisons sont neuves. Nous avons la pêche, la chasse et une vue imprenable sur de ravissants couchés de soleil. Le seul problème, ce sont les animaux nuisibles. »Les dragons échangèrent un regard et émirent leur version de rires. Ils étaient de plus en plus intrigués par ce viking chétif. Il devait être particulier pour qu’une furie nocturne l’ait pris d’affection.
Les jumeaux Kognedur et Kranedur ricanèrent à l’appellation d’Harold tandis que les autres adolescents sourire à l’humour sarcastique qui se dévoilait.
Même quelques adultes sourires. Personne n’avait soupçonné que le fils du chef puisse avoir la personnalité bien trempé que nécessitait l’emploi du sarcasme.
Stoïck haussa simplement un sourcil, surpris… et Gueulfor secoua simplement la tête, habitué à l’humour de son apprenti. Après tout, il était celui qui le connaissait le mieux. Sans doute le connaissait-il mieux que Stoïck. Harold se confiait souvent à lui, après tout. Surtout au sujet de son père. D’ailleurs… Gueulfor donna un regard nerveux vers Stoïck, se demandant comment il allait prendre les commentaires que son fils faisait à son propos. Quelques uns allaient certainement filtrer à travers ces images.
Harold aussi sentait sa nervosité croire lorsqu’il songeait à tout ce qui allait être dévoilé à son sujet… Mais, ce qui l’inquiétait le plus, c’était la réaction des autres lorsqu’ils découvrirent pour Krokmou. Car ils le prendraient tous pour une trahison. C’était certain. Cependant, il ne regrettait pas son geste. Il avait gagné le meilleur des amis en épargnant le dragon.
Des cris furieux de vikings s’élevèrent dans la salle cependant puisque les paroles d’Harold était accompagné d’une image d’un mouton se faisant emparer par une immense patte aux griffes acérés qui ne pouvaient qu’appartenir aux dragons.
Cependant, Gueulfor donna un coup de coude à son ami et désigna les dragons qui suivaient aussi attentivement qu’eux les images.
« Je trouve étrange qu’ils ne semblent pas plus fier. »
Stoïck fixa les reptiles un bon moment puis haussa les épaules, marmonnant que c’était des bêtes stupides. Aussitôt, certains dragons se redressèrent indignés et grognèrent à l’attention du chef viking qui fronça les sourcils en réponse.
« Ils me semblent pas si stupide à moi. »
Stoïck ne répondit pas. Ce n’était pas nécessaire, de toute façon. Ceux qui le connaissaient bien (Gueulfor et Harold, entre autres) savaient qu’il était d’accord avec l’unijambiste.
« Les autres ont des souris ou des moustiques. Nous, nous avons… des dragons. »Sur ces mots, la porte a claqué sur une scène d’incendie et de batailles, dévoilant un adolescent dégingandé aux cheveux bruns tirant sur le roux.Harold se refrogna un peu plus lorsqu’il se vit en image. Maintenant, il n’y avait plus aucun doute possible. C’était de lui qu’il s’agissait.
« Ce doit être la dernière attaque de dragons. » Estima Bâtonnet.
« On va, enfin, savoir si Harold a vraiment capturé une furie nocturne. » Se moqua Morvik.
Krokmou laissa échapper un grognement menaçant à la moquerie du jeune viking. Ce qui attira l’attention de tout le monde sur lui. Aussitôt, des réactions de peur et d’hostilité s’enclenchèrent.
« C’est une furie nocturne ! »
« Maman, j’ai peur… »
« Calmez-vous ! Le dragon ne peut rien nous faire ! » S’exclama Stoïck.
Mais lui-même n’était pas rassuré de découvrir que ce dragon était présent. Surtout qu’il réalisait que son fils était si près de la créature. Cependant, Harold n’avait pas fait un geste pour s’éloigner du dragon noir. Stoïck se demanda ce que cela signifiait.
Il reporta son attention sur le reste du village et entreprit de les rassurer.
« N’oubliez pas que les dieux on mit une barrière pour nous protéger. Et, je crois que ce n’est pas sans raison que les bêtes sont présentes, elles aussi. Alors, gardez cela à l’esprit. »
Les images reprennent vie, dévoilant une scène de bataille entre viking et dragon.« La plupart des gens déménageraient… »Un cauchemar monstrueux enflamma un pâturage, faisant fuir un troupeau de mouton.« Mais pas nous… »Un dragon vipère s’empara d’un mouton… auquel un viking s’accroche.« Nous sommes de viking… »Un gronk en vol qui se fait frappé par un viking à coup de masse.« Nous sommes des gens légèrement têtu. »Cette fois, les rires se firent plus francs aux paroles du garçon. Le garçon avait une manière d’énoncer la vérité qui était amusante.
Alors que les dragons et les vikings semblaient gagner par l’ambiance de la bataille reportée, Harold grimaça et lança un rapide coup d’œil à Krokmou qui, les oreilles rabattues, ne semblait pas, non plus, goûter à ce qu’il voyait.
Harold rouvrit la porte et sort de la maison du chef en flamme et s’en éloigne rapidement.« Je m’appelles Harold. »Là-dessus, un viking atterri près de lui, comme tombé du ciel… Ou plus sûrement projeté par quelque chose de très grand.Le dit viking grimaça au souvenir. Etre projeté dans les airs par un dragon n’était décidément pas un bon souvenir.
Stoïck se redressa, voyant là l’occasion de voir leur erreur d’un œil neuf et d’améliorer leur stratégie de défense et d’attaque… Car connaissant Harold, il aura traversé tout le champ de bataille.
La scène s’agrandit et on voit plusieurs viking courir en désordre.« Tout un nom, je sais… »Le fils du chef continue d’avancer alors que le viking projeté se relève en ramassant une hache qui vient de tomber dangereusement près de lui.« Mais il y en a des pires. Les parents pensent qu’un nom hideux fera peur aux lutins et aux trolls. »Harold se fit heurter à plusieurs reprise par des vikings et évita de justesse un dragon gronk et tomba à terre.« Comme si notre délicieux comportement viking ne suffisait pas. »Certains (Bâtonnet, Astrid, Stoïck et Gueulfor en particulier) notèrent la légère amertume derrière ses mots et s’en inquiétèrent. Les villageois commençaient à se rendre compte que quelque chose n’allait pas avec le garçon… Et que celui-ci était meilleur à cacher ses émotions qu’ils ne le croyaient.
Un viking accourut vers lui et fit un geste pour le frapper avec une hache en hurlant.Stoïck fusilla du regard le responsable qui se racla nerveusement la gorge en s’éloignant discrètement du père protecteur. Harold, lui, regarda pensivement son père qui montrait ouvertement son inquiétude. Il est vrai qu’Harold ne pensait pas que son père se préoccupait réellement de lui… Il lui arrivait même de douter que l’homme l’aime.
« Bonjour. » Déclara l’assaillant avant de reprendre rapidement le combat, comme si de rien n’était.La suite de la scène montra Harold faisant son chemin à travers la bataille… Se faisant interpeller par ceux qui croisaient son chemin et poussé à retourner se mettre à l’abri.Harold baissa la tête. Quelque peu blessé et honteux. Krokmou fredonna à son attention pour le réconforter, voulant s’approcher mais sachant que ce n’était pas prudent entourer par tous ces vikings hostiles. Stoïck fronça les sourcils en voyant combien son fils était blessé.
L’Harold-image se fit soudain saisir par le col et ramener en arrière par un puissant viking, évitant de peu le trajet d’un jet de flammes.« Bonne entrée, Stoïck. » S’exclama Spitelout, le père Morvik.
Le chef se contenta de hocher la tête. Il avait le cœur battant à mille à l’heure. Il ne s’était pas rendu compte, la première fois que son fils avait échappé avec autant de justesse aux flammes.
« Harold ? Qu’est-ce qu’il fait dehors encore ? »Harold sentit ses joues chauffées aux mots de son père qui le faisait sentir d’autant plus fort comme un fardeau. Comme un indésirable dont personne ne voulait se charger… Surtout pas son père. Ce qui le confortait souvent dans l’idée que l’homme ne l’aimait pas.
« Qu’est-ce que tu fais dehors. A la maison »Harold fit un bruit de dérision et marmonna ses doutes quant à son souci. Malheureusement, sans qu’il s’en doute, son père avait entendu ces mots et s’en trouvait attristé. Et blessé. Donnait-il vraiment l’impression à Harold qu’il ne se souciait pas ?
« Ca, c’est Stoïck, l’immense. Le chef de la tribu. »Stoïck scanna le ciel, attentif, et repèra un dragon.« On dit que quand il était bébé, il a fait sauté net la tête d’un dragon de sur ses épaules. »Les dragons émirent des grognements dégoûtés et s’ébrouèrent légèrement.
Stoïck rit de la rumeur qui ne faiblissait pas. Les plus jeunes poussèrent des « oh » et des « Ah » sous le regard attendri des adultes. Les adolescents, quant à eux, et Gueulfor étaient plus intrigués par le dégoût qui était apparu sur le visage du narrateur présent dans la salle.
Il s’empara d’une charrette et la lança vers le dragon, atteignant bien sûr sa cible en vol sans problème.Les vivats s’élevèrent immédiatement dans le camp des vikings tandis que, dans le camp des dragons, on compatissait à la douleur du dragon touché.
« Est-ce que j’y crois ? Tout à fait. »Stoïck ria légèrement, comme la plupart des autres adultes de la salle, entrainant Harold à rougir, gêné. Les adolescents rosirent légèrement à leur tour, chacun d’eux croyait au moins un peu à cette histoire, en vérité.
« On a quoi ? »« Des Gronks, des vipères, des pouilleux et Hoark a vu un cauchemar monstrueux. »
A chaque dragon cité, les vikings avaient grimacé (sauf Harold) et les dragons en eux même s’étaient redressés fièrement.