Le Temple d'Ôrin

Chapitre 5 : Chapitre spécial: Les disciples de Kame Sennin

Catégorie: T

Dernière mise à jour 15/03/2012 07:57

Kulilin boutonnait son pyjama bleu marine, près à aller se coucher après une dure journée d'entraînement. Il n'avait jamais connu un entraînement aussi dur. Non, en fait, "dur" ne rendait pas justice à la torture que lui et son compagnon d'infortune avaient subi. Leur maître, Muten Roshi ou Kame Sennin comme il aimait à se surnommer lui-même était parti aux toilettes. Le garçon en pyjama regarda son condisciple, Son Gokû, qui se préparait aussi à dormir dans son caleçon et son marcel blancs. Il avait abandonné l'idée de dormir avec leur locataire, la belle Lunch, car même lui ne souhaitait pas affronter sa rage, lorsqu'elle éternuait et se transformait en furie qui tire sur tout ce qui bouge. Quelle fille étrange. En fait étrange, n'était pas le terme qui convenait pour la décrire. Elle était franchement pas normale. Cependant, Gokû non plus ne l'était pas. S'il avait renoncé à dormir avec la douce furie, ce n'était pas qu'il craignait pour sa vie, mais juste qu'il n'aimait pas avoir mal, quand les balles du revolver ricochaient sur sa peau. Oui, "ricochaient", car elles ne semblaient pas pouvoir pénétrer sa peau. Et ce n'était pas la seule chose d'anormale chez ce garçon aux cheveux ébènes pleins d'épis qui faisaient partir de nombreuses mèches dans des directions improbables. Il semblait totalement imperméable aux comportements sociaux normaux, comme s'il n'avait jamais vécu en société. Il ne savait même pas différencier les hommes des femmes. Et il ne s'intéressait d'ailleurs absolument pas aux filles. À son âge, quatorze ans avait-il dit, la plupart des garçons s'y intéressaient pourtant déjà. D'où pouvait-il bien venir?

« Dis-moi, Gokû, d'où tu viens?
- Hein? Ben, des toilettes, tu as vu pourtant, non? »
Le bonze s'écroula par terre de stupeur, devant la réponse totalement inappropriée d'un Gokû qui visiblement n'avait pas compris sa question.
« Non, je voulais dire, où est-ce que tu as grandi et où tu vivais avant de venir ici?
- Ah! Eh bien, je vivais à la montagne. D'abord, je vivais avec mon grand-père, mais il est mort, il y a quelques années, et j'ai vécu tout seul après ça, jusqu'à ce que je rencontre Bulma. »
Kulilin ne savait pas qui était cette Bulma, mais une autre question lui semblait plus intrigante:
« Tout seul? Et tes parents? »
Son interlocuteur haussa les épaules:
« Je sais pas. Bulma dit que j'ai dû être abandonné à cause de ma queue de singe.
- Hein? Ta queue de sin...
- Et toi, tu as été abandonné parce que tu es chauve?
- Non! Je t'ai déjà dit que je me rasais! Et je n'ai pas été abandonné!
- Ah?
- Dans mon village, tous les garçons devaient partir au temple à partir de quatre ans, pour apprendre les arts martiaux et y suivre l'école. Et on devait tous se raser la tête, car c'est ce que font les experts en arts martiaux. Je vivais avec mes parents avant ça. Et après, je les voyais tous les week-end. Mais ils sont morts, il y a environ un an.
- Ah? Tu étais dans un temple des arts martiaux, avant?
- Eh oui! J'ai déjà beaucoup d'expérience, tu sais! C'est un des meilleurs temples d'arts martiaux! »
Kulilin prit un air orgueilleux.
« Mais alors pourquoi tu es venu chez Kame Sennin, puisque tu étais déjà dans un temple d'arts martiaux?
- Tu plaisantes?! Muten Roshi-sensei, c'est le dieu des arts martiaux! Tout le monde rêverait d'être son disciple!
- C'est vrai qu'il est très fort! Mais alors pourquoi il n'y a que toi qui est là et les autres élèves du temple ne sont pas venus?
- Hein? Ben, c'est parce que Roshi-sensei ne peut pas prendre tout le monde comme disciple! Et si c'est moi qui suis venu, c'est parce que... euh... ben, parce que seuls les meilleurs du temple peuvent venir! Eh oui! J'étais le meilleur au Temple d'Ôrin! Tout le monde m'admirait et les maîtres pensaient qu'ils ne pouvaient plus me faire progresser et ils m'ont dit de venir voir Maître Roshi!
- Ah bon?
- Hmm! Hmm! »
Kulilin mentait effrontément, car non seulement il ne voulait pas révéler à ce garçon étrange, la vie misérable qu'il vivait chez lui, mais il voulait instaurer une certaine admiration chez son interlucoteur.
« Pourtant t'es pas terrible...
- Tais-toi! Tu n'imagines même pas ce que j'ai dû traverser pour venir ici! C'était un sacré voyage et seul un expert en arts martiaux ou un véritable aventurier aurait pu l'accomplir! J'ai accompli un périple de sept mois durant des milliers de kilomètre sur terre et sur mer! J'ai dû traverser des montagnes, des forêts et des mers furieuses! » Kulilin essayait de prendre une intonation qu'il espérait impressionnante. « J'ai affronté de terribles tempêtes et des ouragans! » Des averses, en fait. « J'ai dû me battre contre des bandits de montagnes! » Il avait fait un grand détour pour les éviter, quand il avait appris leur existence. « Je me suis retrouvé face à de terribles bêtes sauvages! Notamment un énorme tigre! » Il avait pris ses jambes à son coup. « Les flots se sont plusieurs fois déchaînés durant mon voyage en mer! » Il avait été re-pêché in extremis par un navire qui passait par là. Il avait bien cru que son voyage était fini, car il avait perdu son bateau, mais il l'avait heureusement retrouvé échoué sur une plage de l'île où il avait été amené. « Mais le pire, c'était la grande ville! Il y avait de nombreux gangs et criminels! » Qu'il n'avait jamais rencontrés. « Et je suis finalement arrivé sur ce petit îlot. » Kulilin avait les bras croisés avec un air fier.

« Tu l'as mangé, le tigre?
- C'est quoi cette question!?
- Parce qu'un tigre, c'est délicieux!
- T'en as déjà mangé?!
- Bien sûr! Quand je vivais à la montagne, j'en mangeais souvent! Les tigres et les ours étaient mes plats favoris!
- ...
- Tu sais, moi aussi avant de venir ici, j'ai fait un grand voyage de deux semaines.
- Pff... C'est rien, comparé à sept mois...
- C'est après que j'aie rencontré Bulma. Elle est venue près de chez moi. Au début, je l'ai attaquée, parce que je croyais que c'était un monstre, mais en fait, elle était juste dans une voiture.
- T'es débile ou quoi...?
- Elle m'a ensuite dit que la boule qui restait de mon grand-père était en fait une boule magique et elle m'en a montré deux autres. Il y en a sept dispersées à travers le monde, elles s'appellent dragon balls et quand elles sont réunies, on peut appeler un dragon nommé Shenron, qui peut réaliser n'importe lequel de tes voeux!
- C'est n'importe quoi! Tu crois quand même pas que je vais croire tes bêtises!
- Mais c'est vrai! D'ailleurs, Shenron est énoooorme!
- Arrête avec tes comtes de fée! Et puis, d'abord comment vous auriez pu trouver les dragon balls, si elles sont dispersées à travers le monde!?
- Bulma avait un détecteur qu'elle avait créé. Bulma est très intelligente, mais elle a sale caractère et elle est pas très forte. J'ai même dû la sauver d'un ptéranodon au début de notre voyage.
- Comme si tu aurais pu la sauver d'un ptéranodon!
- Mais c'est vrai! »
Gokû avait l'air contrarié que le bonze ne le croit pas.
« Je l'ai assommé avec mon Nyoibô! C'est un bâton qui peut grandir! Regarde! »
Son interlocuteur ne l'écoutait plus, jugeant qu'il disait des sottises et se demandait plutôt pourquoi leur maître mettait autant de temps à revenir des toilettes. Mais l'enfant sauvage prit son bâton et sous les yeux exorbités de son camarade, le fit grandir un peu.
« Tu vois? »
Kulilin s'assit, n'en revenant pas. Il regarda le garçon à côté de lui. Force lui était de reconnaître qu'il n'était pas normal. Il résistait aux balles, avait un nuage qui volait et un bâton qui grandissait. Sans parler de ses connaissances sociales assez limitées, qui rendraient étrange qu'il pût mentir.
« C'était la première fois que je pilotais une moto! C'était génial! J'ai sauté par dessus une falaise pour assommer le ptéranodon! »

« Et ensuite, vous avez fait quoi...? »
Maintenant que Gokû était lancé, Kulilin était curieux de savoir la suite.
« Eh ben, ensuite, on a rencontré la Tortue de Kame Sennin. J'ai voulu la ramener, mais un homme-ours géant a voulu la voler pour la manger. Je lui ai demandé si elle était comestible, mais elle a dit non, alors je l'ai ramenée au bord de la mer. Elle a ramené Kame Sennin sur son dos et c'est là qu'il m'a donné mon Kintoun. Et il nous a aussi donné une dragon ball. Après, on est allé dans un village où Oolong kidnappait des filles. Comme une vieille femme avait une dragon ball – je sais que c'était une femme parce que je lui ai fait pan-pan – Bulma lui a demandé de nous la donner, si on attrapait Oolong. Alors, elle m'a forcé à me déguiser en fille, pour le piéger. » Il prit un air contrarié à l'évocation de ce souvenir. « Mais finalement, Oolong était nul et il pouvait juste se transformer en ce qu'il voulait sans devenir plus fort, alors je l'ai battu facilement. On a retrouvé les filles et la vieille femme nous a donné la dragon ball. Après, Bulma a forcé Oolong à venir avec nous. Il a voulu s'enfuir, mais on l'a attrapé. Et ensuite, Bulma lui a fait manger un bonbon qui donne envie de faire caca quand on siffle. Ha! Ha! Ha! C'était marrant! J'ai essayé et ça marchait vraiment! Après, on est arrivé dans un désert et on a rencontré Yamcha et Pu-Ehr. Au début, ils étaient méchants, mais ensuite, ils ont été très sympas et comme on n'avait plus de voiture, il nous en ont donné une nouvelle pour se faire pardonner d'avoir détruit la dernière. Après, on est arrivé au Mont Frypan. Il y avait du feu partout et il faisait super chaud! La dragon ball était dans un château au-dessus de la montagne, mais il faisait trop chaud pour que j'y aille avec le nuage. C'est là qu'on a rencontré Gyûmaô, qui était un ami de mon grand-père! Alors il m'a demandé d'aller chercher sa fille, Chichi et Kame Sennin pour qu'il éteigne le feu avec un truc dont j'ai oublié le nom. Je les ai trouvés, mais Kame Sennin n'avait plus le truc pour éteindre le feu, alors il est venu avec nous. Et pour éteindre le feu, il a fait quelque chose d'incroyable!! Il a fait un énorme rayon d'énergie et c'était tellement fort que cela rasé la montagne! »
Il faisait de grands gestes pour démontrer à quel point c'était impressionnant.
« Attends tu as pu voir le Kamehameha?!?
- Hmm! Hmm! C'était super!
- Quelle chance tu as!!!
- Ouais! Après, on a trouvé la dragon ball et Gyûmaô nous a donné une nouvelle voiture. Ensuite, nous sommes arrivés dans un village et des sales types ont transformé Bulma en carotte! Mais Yamcha est arrivé et il nous a aidé. On a battu les méchants, ils ont retransformé Bulma et je les ai amenés sur la Lune grâce à mon Nyoibô, pour qu'ils n'embêtent plus personne. Après, Yamcha a disparu. On a continué notre route, mais on a été attaqué par un drôle de type en métal, qui nous volé les dragon balls, sauf la mienne. Je l'ai trouvé, mais il était tellement faible, que je l'ai tué sans même le vouloir. Mais on n'a pas trouvé les dragon balls. Alors, Yamcha et Pu-Ehr sont encore arrivés et ils nous ont emmenés. Nous sommes arrivés dans un château bizarre, en suivant le détecteur de Bulma. Mais on a été piégés. Un sale type qui voulait devenir maître du monde, nous a parlé par une fenêtre pour nous demander notre dragon ball. Je voulais casser la fenêtre pour sortir, mais Yamcha a dit que c'était pas possible. On a quand même refusé de donner ma dragon ball. Mais pendant qu'on était endormi, ils nous l'ont volée. Quand on s'est réveillé et qu'on s'est rendu compte qu'il avait pris ma dragon ball, on a tout fait pour sortir pour l'empêcher de réaliser son voeu. Mais j'ai juste réussi à faire un petit trou dans le mur. À travers le trou, on a vu que Shenron était apparu et il était géant! » Gokû rythmait encore son récit par des grands gestes. « Oolong et Pu-Ehr se sont transformés en chauves-souris et sont passés à travers le trou. Alors Oolong a demandé une culotte à Shenron et a empêché le sale type de devenir maître du monde. Après, les dragon balls se sont éparpillées dans le ciel! » Gokû prit un air embêté. « Après ça, Oolong et Pu-Ehr ont encore été capturés et je sais pas pourquoi, on s'est de nouveau endormis. Quand on s'est réveillé, on était enfermé dans une autre salle. Le plafond était en verre, mais je n'arrivais pas à le casser. Et le sale type nous a dit qu'il allait nous tuer par la chaleur. J'ai pas très bien compris, d'aulleurs. En tout cas, on arrivait pas à sortir. Mais je sais pas comment, mes amis ont dû trouver comment sortir, parce qu'après, je me suis réveillé dehors, le château était détruit et il n'y avait plus le sale type. Après, comme Kame Sennin me l'a demandé, je suis venu le voir pour m'entrainer et mes amis sont partis de leur côté. »

Kulilin le regarda un moment, se demandant comment il pourrait croire une telle histoire. Mais ce garçon avait l'air tellement sincère, que c'était difficile de l'imaginer mentir. À moins qu'il ne fût fou... Mais il résistait aux balles, avait un bâton qui grandissait et un nuage qu'il chevauchait. Et puis, ils vivaient avec une fille qui changeait de personnalité en éternuant. Tout était possible. Le bonze souffla de déception en constatant toute l'avance que son condisciple avait sur lui.
« Mais comment t'es devenu aussi fort, toi? Qui t'a entraîné...?
- C'est mon grand-père qui m'a tout appris! Il était très fort! Il me disait que les arts martiaux sont un moyen de se surpasser soi-même. Je comprends pas très bien, mais je crois que cela veut dire qu'on doit toujours essayer de devenir plus fort. Et puis, c'était toujours amusant de se battre contre lui, même s'il était beaucoup plus fort que moi. Il me battait toujours. Après, il est mort, alors j'ai dû continuer à m'entraîner tout seul. »
L'expression de Gokû ne se départait pas de son sourire naïf.
« Tu en parles comme si de rien n'était. Mais il ne te manque pas ton grand-père? »
Le condisciple du bonze se tourna vers ce dernier. Il avait une expression plus figée. Il souriait toujours, mais il y manquait sa naïveté et sa jovialité habituelles. Puis, Gokû baissa le regard. Pendant un court moment qui sembla une éternité au bonze, le silence régna, mais finalement, un petit chuchotement sortit de la bouche du garçon chevelu.
« Si... »
La voix était monotone et faible. Le garçon au crâne rasé regretta soudain sa question. Évidemment que son grand-père lui manquait. Il venait juste de comprendre que ce gamin étrange n'était tout simplement pas du genre à se laisser morfondre dans le chagrin ou dans le passé. Ce dernier leva de nouveau la tête.
« Mais mon grand-père m'a appris à garder courage et espoir, même quand les choses vont mal. Quoi qu'il arrive, on doit faire face et toujours espérer. C'est ce qu'il disait. »
Le bonze regarda son condisciple. Il y avait une telle force de conviction et une telle sincérité dans ce sourire.

« Et puis, il avait raison, j'ai fini par trouver des amis. Bulma est venue et m'a fait connaître une aventure incroyable. C'est grâce à elle, que j'ai découvert tellement de choses et que je suis maintenant ici, pour devenir encore plus fort. Et Oolong, Yamcha et Pu-Ehr... On a vécu tellement d'aventures ensembles! Je n'aurais jamais cru que le monde était aussi vaste! Je ne me suis jamais autant amusé et je ne suis plus seul. J'espère que je vais les revoir bientôt! Et je veux encore découvrir plein de choses et devenir plus fort! »
Kulilin regarda encore cet enfant au sourire si sincère et si franc. Il eut une pincée d'admiration face à cette volonté. Il souffla.
« Moi aussi, j'ai un ami que je voudrais revoir. Il s'appelle Hêzekozô. C'était... mon seul ami au temple. Il n'arrêtait pas de m'encourager et de me dire qu'il ne fallait pas écouter les moqueries des autres disciples...
- Je croyais que tout le monde t'admirait? »
Le bonze se tendit, mais finit par relâcher ses muscles. Ce garçon semblait si honnête, que l'ancien disciple d'Ôrin décida que lui aussi serait sincère.
« Ce n'était pas... Ce n'était pas tout à fait vrai. En fait, j'étais... Je suis nul... Comme le disaient beaucoup, je n'ai pas de talent, contrairement à toi. Je faisais toujours de mon mieux. Mais je n'arrivais pas à progresser... Tout ce que j'entendais, c'étaient les moqueries des autres... Je n'arrivais jamais à me concentrer sur l'entraînement. Je n'ai jamais laissé tomber. Et c'est peut-être grâce à Hêzekozô. Il était toujours derrière moi. Il m'a dit un jour qu'il pensait que j'avais un talent caché, mais que j'écoutais trop les autres et les laissais me détourner de ce dont j'étais vraiment capable. Quand j'ai décidé de partir pour trouver Roshi-sensei, il a été le seul à m'encourager.
- Il a l'air sympa! Tu devrais aller le voir, quand on aura fini l'entraînement avec Kame Sennin! Après le championnat!
- J'aimerais bien. Mais il a déménagé... Il m'écrivait, mais la dernière fois que j'ai eu de ses nouvelles, il m'a dit qu'il déménageait encore, mais ne savait pas encore où et qu'il m'écrirait plus tard de là-bas... À ce moment-là, j'avais déjà prévu de partir et je ne voulais pas encore plus retarder mon voyage. Je ne sais même pas s'il a reçu ma dernière lettre...
- Ah... C'est dommage.
- C'est la vie... Mais c'est vrai que j'aimerais le revoir. Tu sais, il disait que j'étais comme son petit frère. Cela me faisait plaisir, car même mon vrai frère me rejettait. En fait, je ne suis pas sûr, mais je crois que j'étais une sorte de remplacement de son vrai petit frère, pour Hêzekozô. Je n'ai pas su les détails, mais il a eu un petit frère, mort de maladie très jeune. ... Mais ce n'est pas important. Il était là, pour moi, c'est ce qui compte. Contrairement à mon vrai grand frère, Kulishô. »
Kulilin prit un air blessé en prononçant son nom. Le déchirement qu'il y avait eu entre lui et son frère restait pour lui quelque chose de très douloureux. D'autant plus qu'il ne se rappelait pas les raisons, bien qu'il savait en revanche que son frère avait honte de lui.
« Enfin... Je ne sais pas trop... Il me repoussait et parfois me disait des choses affreuses, mais des fois, il me protégeait contre d'autres, en pensant que je ne le voyais pas. Je ne suis jamais arrivé à le comprendre. J'ai essayé de le faire venir avec moi, en espérant qu'on se réconcilie, mais il a refusé et il m'a même frappé. »
Le bonze fronça les sourcils en repensant à ce moment désagréable.

L'enfant rasé resta silencieux un moment. Il se demanda encore où était leur maître et regarda en direction de toilettes. Mais finalement, il reprit:
« En fait, je ne savais vraiment pas comment me comporter avec lui ou ce qu'il fallait faire pour qu'il ne soit plus aussi hostile contre moi. C'est en pensant à ce que m'avait dit Manda, sa petite-amie, que j'ai eu envie d'essayer de le convaincre de venir avec moi. Elle était gentille. Quand elle n'était pas avec mon frère, elle me parlait parfois. Elle m'a dit que même s'il ne voulait pas le montrer, il tenait à moi. Elle m'a aussi dit une fois que si je voulais, elle pouvait aller dire sa façon de penser à ceux qui m'embêtaient. Ha! Ha! Ha! Elle était marrante, cette fille. ... Mais elle est morte, en même temps que mes parents... »
Un autre silence s'installa.
« Mes parents... Eux aussi, ils avaient honte de moi... Surtout mon père... Je voulais tellement les rendre fiers... Mais je n'arrivais qu'à les décevoir... J'aurais tellement voulu... leur montrer de quoi j'étais capable... Finalement, je ne pourrais jamais leur montrer qu'ils avaient tort... Mais tu sais quoi? Je vais devenir fort, me trouver une petite-amie, l'épouser et avoir ma propre famille! »
Le garçon se frotta les yeux, car il commençait à pleurer. Après un petit moment, il se tourna vers son condisciple.
« Merci Gokû, je crois que j'avais besoin de par... ler... »
Il constata avec dépit que celui-ci s'était endormi.
« Merci... Ca fait plaisir de voir que tu écoutes... »
Déçu, il frappa son coussin et posa sa tête dessus. Soudainement, il entendit un hurlement:
« Qu'est-ce que tu fais dans ma chambre, le vieux?! »
Puis, des coups de feu se firent entendre.
« Eh ben... Ca explique qu'il ait mis autant de temps à revenir des toilettes...
- Lunch est encore en train de piquer une crise de colère? »
Kulilin regarda Gokû, mais se détourna vite en boudant.
« Kulilin! »
L'interpelé continua de regarder de l'autre côté.
« Devenons forts ensembles! Mon grand-père aussi est mort, mais je veux quand même devenir fort pour lui! Alors, toi aussi! D'accord? On va devenir forts tous les deux et l'un de nous gagnera le championnat! »
Finalement, le bonze, interoloqué, redonna son attention à l'enfant sauvage. Il sourit.
« D'accord! »
Il leva la main et tapa sur celle de son ami.
« Mais je te préviens, c'est moi qui vais gagner le championnat!
- Hi! Hi Hi! Tu peux toujours courir! »
Kame Sennin déboula soudainement dans la pièce, tacheté de sang. Prenant un air comiquement colérique, il dit:
« Qu'est-ce que vous faites encore debout?! Aller! Vous devez vous lever tôt, demain matin! Dormez! »
Les deux enfants rirent ensembles, et lancèrent ensemble un "oui", avant de se coucher.

Laisser un commentaire ?