Le Temple d'Ôrin

Chapitre 5 : Le Festival qui a tout changé

Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 05:24

La musique étouffée est encore audible à travers la forêt. Une lueur filtre à travers les arbres et les buissons. Je suis debout appuyé contre un arbre avec Manda à côté de moi. Je lève les yeux. Quelques étoiles sont visibles à travers les feuillages. J'entends le chant des grillons et quelques hululements de hiboux, par-dessus la musique. La nuit est fraîche, mais agréable. Les étoiles sont si brillantes. Ca me rappelle vaguement un souvenir oublié que je n'arrive pas à identifier. Une nuit agréable, des étoilent qui luisent au-dessus des arbres, une présence réconfortante à côté de moi. Une époque où j'étais encore excité par l'avenir. Un petit pincement au coeur. Je ne sais pas pourquoi. Et puis mon coeur se réchauffe de nouveau. Alors que je regarde la constellation du diplodocus, je sens une main douce et chaude se glisser dans la mienne. Je regarde Manda, je souris avant de détourner le regard, sentant mon visage rougir. Je lève ma bouteille de bière pour en boire une gorgée et je regarde de nouveau ma copine. Elle finit aussi de se désaltérer avec sa propre bière et me regarde, et elle sourit aussi timidement. Je sers sa main. Elle a de longs cheveux sombres contournant son visage et cascadant dans son dos, révélant de grands yeux noirs. Elle porte une chemise à boutonnière typique de la région, mais avec un jean qu'elle sûrement acheté dans une grande ville, au vu du logo de la Capsule Corporation sur une de ses cuisses. De quoi j'ai l'air avec mon crâne rasé et mes vêtements du Temple?

 

Je me penche pour l'embrasser, mais je m'arrête quand j'entends des bruits étranges. Manda me regarde d'un air curieux, ne comprenant pas pourquoi je me suis arrêté. Mais elle aussi semble finalement entendre ce que j'ai entendu. Je la regarde et en mettant mon index devant ma bouche, je lui fait comprendre qu'il faut rester silencieux. Elle hoche la tête et on avance dans les buissons. On tend l'oreille et on perçoit clairement des voix et des pas de plusieurs personnes. On réagit tout de suite, je vais ramasser le paquet de bières, pendant qu'elle court devant moi, je la rejoins et on continue de courir vers la clairière où a lieu la fête, la musique devenant plus forte à mesure qu'on approche. On finit par y arriver. Plusieurs feux sont allumés et il y a plusieurs sacs pleins de boissons ou de nourriture, également en partie dispersées sur des nappes. Alors que certains couples sont au bord de la clairière en train de se bécoter... et plus. Il y a plusieurs garçons et filles qui dansent pendant que des musiciens et des chanteurs des deux sexes, mais surtout des filles, prennent à tour de rôle place pour jouer du tambour, du violon, de la guitare, de la harpe, de la flûte, du triangle et beaucoup d'autres instruments. Les garçons qui jouent sont sans doute ceux ayant pris la musique comme option artistique au temple. Avant que je ne me rende compte de l'inutilité de ces pensées, ma copine crie :

« Les maîtres du temple arrivent! Il faut dégager! »

Elle se tourne vers moi, me prend par la main et se met à courir, me traînant derrière elle. Je finis par reprendre mes esprits et je me joins à ses cris pour avertir tout le monde que la fête est finie.

« Les maîtres du temple arrivent! »

 

Tous les jeunes réunis pour la fête commencent à ramasser les couverture et le matériel. Certains éteignent les flammes. D'autres ramassent leurs amis et amies trop imbibés d'alcool pour bien réagir. Manda et moi passons près de nos affaires et les ramassons rapidement toujours en courant. Je vois Monsô en train lui-même de dégager avec une fille. Quand il me regarde, je lève ma bouteille en lui souriant et lui, me lève son pouce en me rendant mon sourire. Et plus loin, je vois que Tachiobô, qui était entouré de plein de filles, est aussi en train de partir, mais sans s'intéresser à ce que font ces filles. Sale con... Il y a également Kuruhei qui ramasse Rakkayama qui a l'air totalement comateux. Je n'ai pas le temps de m'intéresser pour longtemps à qui est dans le camp et qui fait quoi, car Manda m'a déjà tiré par la main hors de la clairière.

 

Nous continuons à courir, essoufflés, la lumière derrière nous s'éteint et on entend des cris. On court encore plus vite. Au bout d'un moment, on ralentit, à bout de souffle, mais on ne s'arrête pas. On continue de se tenir par la main, mais en marchant cette fois. Je sais pas pourquoi, Manda commence à rire, je la regarde étonné.

« Quoi?

- Rien... Rien... C'est juste que... Je sais pas... Euh... Je crois que c'est l'excitation. Hem... On vous voit pas beaucoup les garçons, mais quand vous êtes là, on fait toujours ces fêtes et vos maîtres qui essaient toujours de vous traquer... J'ai l'impression de faire des trucs de dingue! Alors que c'est juste une fête, quoi! Quand vous êtes là, les choses deviennent toujours un peu plus... agitées et avec les vacances d'été qui sont là et puis, euh... le Festival Estival qui va bientôt arriver... Ouais, je sais, c'est cool, mais ça n'a rien de drôle... Mais... Oh! Et puis, merde! Je peux rire si je veux non? »

Elle dit ça en me regardant tout d'un coup, en me jetant un regard boudeur cachant mal son amusement.

« Absolument! Tu peux rire si tu veux! »

Je dis en levant une main au ciel. Mais elle me rétorque.

« En fait, c'est sûrement juste l'alcool.

- Clair! »

Je la regarde et elle est en train de porter sa bouteille de bière à la bouche. Je me mets à rigoler, elle réajuste son sac, se tourne vers moi et me rejoint dans mon rire.

 

 

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Je noue mon obi noir pour fermer mon yukata bleu marine avec des kanji noirs comme motifs, ceux-ci signifient "bûdo", c'est le symbole du Championnat du Monde et paraît-il celui de Maître Mutaito. J'aime bien ce kanji. Je sors de ma chambre et je me dirige vers le salon. J'entends la télé allumée qui annonce que les actions de la Capsule Corp. sont encore montées. J'entre et je vois ma mère avec sa meilleure amie et voisine, qui se trouve aussi être la mère de Manda. Madame Nua apporte la dernière touche au yukata de ma mère, en nouant dans son dos l'épaisse ceinture verte sur la robe jaune à fleurs blanches. La mère de ma copine porte quant à elle un yukata bleu avec des fleurs rouges et une ceinture rouge.

« Bonjour, Madame Nua! Comment allez-vous? » je lui demande avec mon sourire le plus poli.

- Ah! Bonjour Kulishô! Eh bien, il me reste encore beaucoup de choses à préparer pour le Festival Estival, mais sinon, tout va bien. J'aide ta mère à compléter ses vêtements de fête. Et toi, comment vas-tu?

- Je vais bien! J'allais passer chez vous justement, pour aller chercher Manda. Maman, tu as besoin de moi pour quelque chose ?

- Non, ça ira, merci, Kulishô. Va voir ta petite-copine. »

Les deux femmes adultes se mettent à rire. Je ne comprends pas très bien ce qu'elles trouvent d'amusant à ce que Manda et moi sortions ensembles, mais je ne cherche. Je sors donc et devant la maison, je vois Kulilin, en train de mettre ses geta. Il a un yukata bleu avec des espèces de feux d'artifices assortis à sa ceinture blanche. Il me regarde et fronce les sourcils. Il se retourne et s'en va. Il m'en veut encore de ne pas l'avoir emmené avec moi, à la fête d'hier. Mais il n'avait qu'à y aller avec Hêzekozô, puisqu'ils s'entendent si bien. Je sais même pas pourquoi Hêzekozô n'est pas venu. Ce gars, il fait rien comme les autres. Toujours à traîner avec mon gamin de frère et il ne fait jamais rien avec les gens de son âge. Quel nul! Aussi nul que Kulilin. Ces deux-là sont bien fourrés. En plus, il vient jamais me parler et tout d'un coup, il veut que je l'emmène! Et puis quoi encore! Bon, j'avoue que je lui parle pas non plus... Je ne suis plus sûr pourquoi, d'ailleurs... De toute façon, à son âge, il n'avait rien à faire à cette fête!

 

Une fois que j'arrive chez Manda, je la vois attendre au milieu du jardin zen devant chez elle. Elle est incroyablement mignonne. Elle porte un yukata blanc comme neige, avec un motif de branche de cerisier en fleurs partant de la taille, puis s'épanouissant en pétales de plus en plus espacés comme s'ils volaient au vent. Et son épais obi est de couleur bleu ciel avec des motifs de nuages. Ses longs cheveux sont attachés en une espèce de tresse nouée en chignon, légèrement sur le côté et parcourue de fausses fleurs de cerisier. Quand elle me voit, son visage s'illumine dans un magnifique sourire. Oulah! J'ai un peu chaud. Est-ce que je rougis? Elle court vers moi, comme elle peut, vu que son yukata la gêne.

« Shô-chan! Ca va?

- Salut! Hum... Bien et toi?

- Maintenant que tu es là, bien! Je suis contente que tu sois là! Ton père est là et il discutait avec le mien et celui de Hêzekozô de ce qu'ils allaient faire pour les feux d'artifice de ce soir! Ils commençaient sérieusement à m'ennuyer! Bleh! J'ai préféré sortir et t'attendre dans le jardin! Je sais même pas comment fait Hêzekozô pour rester avec eux. Enfin, je suppose que c'est parce que son père veut qu'il l'aide. Si tu veux mon avis, tout ça, c'est soporifique! »

Pendant qu'elle parle, elle fait des gestes avec les bras et des drôles de mimiques avec son visage. C'est vraiment une fille très expressive. Hé! Hé! Elle est vraiment marrante. Me voyant retenir un rire, elle me demande:

« Qu'est-ce qu'il y a de drôle?

- Oh! Rien, c'est juste que je te trouve rigolote.

- Eeeh! Arrête de te moquer de moi! » dit-elle avec un air faussement boudeur et en me mettant une petite claque à revers sur le bras. Ce qui me fait encore plus rire. Mais elle me rejoint dans mon ricanement. Elle me prend alors la main.

« Viens! On va aux stands aux bordures du village! »

Elle me prend par la main et me tire un peu jusqu'à ce que je prenne le pas au même rythme qu'elle.

« Et alors? Tu ne m'as pas dit comment tu me trouvais... »

Pris de cours par ce qu'elle vient de dire, je regarde par terre et bredouille:

« Ah... Heum... Tu es très belle! » Puis je la regarde en face et insiste: « Vraiment. »

Elle me regarde d'abord de manière neutre avant de me sourire à pleines dents.

« Merci! Toi aussi t'es pas mal dans ton genre! »

 

Nous nous dirigeons donc vers le centre de la fête. Les stands ont été rapidement installés, vu que la plupart des gens les avaient rangés dans des Capsules Hoipoi, l'année précédente. Il suffit donc simplement de les ressortir. Ceux qui vendent des produits non périssables peuvent aussi les sortir d'autres capsules. Seuls ceux vendant de la nourriture et des boissons ont dû prendre un peu plus de temps à arranger leurs stands. Nous en passons plusieurs, achetons quelques yakitori de poisson géant et des boissons. Nous passons aussi un peu de temps sur quelques stands où on doit renverser des canettes en lançant des balles, d'autres où il faut tirer sur des cibles et quelques autres stands de jeu. Je gagne plusieurs fois aux lancers de balles, mais c'est Manda qui gagne plusieurs prix aux stands de tir. On se promène donc avec plusieurs sacs où on garde ce qu'on a gagné. Pendant ce temps, Manda et moi parlons de tout et de rien et on rigole bien. J'adore cette fille! À un moment, on croise Monsô qui a à son bras la fille d'hier. Il me fait signe et je lui réponds, on se fait des sourires entendus. Je me demande qui est cette fille. Elle a des cheveux lavande, plutôt courts et aujourd'hui, elle porte un yukata rose à fleurs jaunes avec un obi rouge. Je ne me rappelle pas l'avoir vue au village. Mais ce n'est pas comme si nous étions totalement isolés. On entretient quelques relations avec les villages avoisinants. Après tout, ce Festival Estival est organisé dans plusieurs d'entre eux, chacun son jour et à son tour. C'est le nôtre qui a commencé, cette année. Nous avons la particularité d'avoir beaucoup de stands et de spectacles liés aux arts martiaux, contrairement aux autres villages. Mais d'habitude, les gens du voisinage viennent plus tard, dans une masse de sky-cars. Mais bon, je ne vois que ça pour expliquer que je ne la connaisse pas.

« Il faudra qu'il nous la présente et nous en parle! Elle est mignonne! »

Je me retourne vers ma copine, qui vient de dire ça. Je souris et je hoche la tête. Il faut définitivement qu'il nous la présente. Surtout qu'elle est venue à notre petite fête d'hier, alors que ce n'était normalement que les jeunes du village qui y participaient.

« Allons danser!

- Maintenant? Mais il n'y a pratiquement encore personne? Je ne suis même pas sûr qu'il y ait de la musique sur la piste. »

Elle hausse les épaules.

« Et alors? On y va, et on verra bien. Et s'il y a de la musique, mais qu'on est les seuls à danser, on s'en fiche! »

Je souris et finalement je lui réponds que je suis d'accord. Après tout, pourquoi pas?

 

On se dirige donc vers la piste. Mais alors qu'on marche vers cette direction, Manda m'arrête.

« Eh! Regarde! C'est pas ton petit frère, là-bas? »

Je me tourne vers où elle pointe et effectivement, c'est Kulilin. Il ne regarde pas par ici et semble concentré sur quelque chose.

« Moui, c'est lui. »

Alors que je m'apprête à partir, elle ne bouge pas et pense à haute voix.

« Je me demande ce qu'il fixe comme ça. »

Pourquoi elle s'intéresse au nain? Je roule des yeux et soudainement, elle laisse un des sacs tomber par terre et me tire par le bras en essayant d'attirer mon attention sur quelque chose. Elle a un grand sourire au visage.

« Regarde! C'est elle qu'il fixe comme ça! C'est la petite Cajou! Il a bon goût! Elle est mignonne, cette petite! Hi! Hi! Tu trouves pas mignon que ton petit frère ait sa première histoire d'amour. Allez! Viens! »

C'est vrai que pour une gamine, elle est plutôt jolie. Avec ses longs cheveux bleus avec un chignon sur le côté tenu par des épingles de fleurs, ses grands yeux ambres et un yukata jaune avec des roses et un obi vert aux motifs de feuilles.

 

Manda me tire encore et me traine vers Kulilin. Mais je m'en fiche de ses histoires de coeur, moi! Kulilin tourne la tête et nous voit enfin. Il fronce les sourcils, mais salue quand même Manda, sans me regarder. Moi aussi je détourne la tête.

« Salut Lin-kun! Alors, dis-moi, qu'est-ce que tu fais là?

- Ben, comme tout le monde, je profite du festival. J'attends que le père de Hêzekozô le laisse venir s'amuser aussi.

- Vraiment? Mais dis-moi, t'avais l'air vachement concentré quand on est arrivé... Tu... regardais quoi...? »

Elle a une voix un peu taquineuse. Je me tourne brièvement vers mon frère et il rougit.

« Je... Hum... Rien... Je... J'essayais... enfin... de voir... euh... où sont tous les stands...

- Ah oui...? T'étais pas plutôt en train de regarder la jolie petite Cajou...? »

Elle se penche vers lui, en disant ça.

« C'est vrai qu'elle est mignonne... Elle te plaît...? »

À chacune de ses paroles, mon petit frère rougit de plus en plus. Ce serait mignon, si ce n'en était pas ridicule. Ma copine prend un air taquin.

« Tu devrais aller lui parler...

- Mais non... Je...

- Tu ne penses pas, Shô-chan? »

Je me tourne vers eux, hésitant un peu, mais finalement je croise les bras et je regarde ailleurs.

« Bah! Comme s'il avait la moindre chance! Il ferait mieux de l'oublier! »

Après deux secondes de silence, je sens le nain s'approcher de moi. Quand il est juste en face de moi, je sens une vive douleur au tibia! Mais! Ce sale gamin vient de me donner un coup de pied! Je prends mon mollet en mains, une larme à l'oeil, mais je me reprends vite quand je le vois fuir.

 

Il va me payer! Il m'a humilié devant ma copine!

« Attends voir! Sale gosse! Je vais te... »

Je m'interromps quand je vois l'air désapprobateur de Manda.

« Pourquoi as-tu été méchant avec ton petit frère?

- P... Mais... Je le fais toujours. Et tu... Je... C'est parce que c'est qu'un idiot! Et je déteste l'avoir comme frère! C'est trop la honte!

- Tu mens. »

Hein? Pourquoi elle est aussi catégorique?

« Enfin... Tu as peut-être honte, je sais pas... Mais tu ne le détestes pas.

- Et qu'est-ce qui te fait croire ça ?

- Kulishô... Je ne peux pas voir comment vous êtes au temple. Mais je sais voir quand vous êtes là. C'est vrai que tu lui dis souvent des vacheries et tu laisses les autres le maltraiter... Mais jamais trop. Dès que quelqu'un va trop loin, sans te faire remarquer, tu le protèges ou tu le venges...

- Quoi? Mais non... Je... »

Elle sourit moqueusement, mais pas méchamment.

« Si. Et lui, c'est pareil. Il te fait toujours la gueule et t'ignores tout le temps... Mais je sais pas comment dire... On dirait qu'il cherche à te rendre fier. Je le vois parfois te regarder. Parfois, même quand il est avec Hêzekozô. »

Ca commence un peu à m'énerver là.

« Tu ne sais pas de quoi tu parles! De toute façon, Kulilin et Hêzekozô se considèrent comme frères! Je... Ecoute, si on arrêtait de parler de mon frère ? D'accord? »

Elle soupire et accepte. Elle retourne en arrière pour ramasser le sac qu'elle avait laissé tomber et on continue notre chemin vers où on voulait aller tout à l'heure.

 

Finalement, les musiciens sont en train de jouer. Mais il y a effectivement peu de monde et à part un couple composé d'un homme-loup et d'une femme-girafe, ainsi qu'un garçon au teint bleuâtre, il n'y a pas grand monde sur la piste et beaucoup se contentent de rester au bord de celle-ci, en discutant. Mais Manda et moi commençons aussi à danser après avoir posé nos sacs et après qu'elle a enlevé ses tega, qui la gênent pour danser. On s'éclate vraiment. Il commence peu à peu à y avoir un peu plus de monde. Au bout d'un moment, je vois Tachiobô arriver avec quatre filles qui se vautrent presque devant lui. Je roule des yeux.

« Aucune dignité. »

Je me tourne vers ma copine. Elle a raison. Je n'arrive pas à comprendre que toutes ces filles tournent autour de lui, alors qu'il n'en a clairement rien à faire d'elles. À ce moment, Monsô et sa petite-amie arrivent aussi. Mon meilleur ami nous voit et vient vers nous. Je souris. On se salue et il fait alors les présentations. La fille s'appelle Sabiwa et elle vient effectivement d'un village voisin. On commence à discuter de choses sans importance et à rigoler, puis on se met à remuer tous les quatre sur la piste de danse sous la musique entraînante, bien que très traditionnelle. Les filles ont un peu de mal avec leur yukata, mais elles ne se laissent pas arrêter. Il y a de plus en plus de monde, y compris des gens des autres villages. Au bout d'un moment, Monsô et Sabiwa s'en vont, et au moment de partir, mon meilleur ami me fait un clin d'oeil et regarde en suite Sabiwa. Ehhh?? Ils en sont déjà là? Je suis avec Manda depuis quelques mois et on ne l'a pas encore fait. Bah! C'est pas grave. Cela finira par arriver. Je suis pas pressé. Je réponds à son clin d'oeil. Au moment où ils ne nous entendent plus, Manda commente:

« Il y en a qui vont se faire plaisir, aujourd'hui. »

Je rigole et je hoche la tête pour dire oui. Elle a apparemment remarqué le petit signe de Monsô. Elle me sourit et me fait un petit bisou sur la joue.

 

Nous achetons à boire dans un stand qui borde la piste, allons tous les deux nous asseoir un peu. Une fois installés, on remarque que Rakkayama et Kuruhei sont là. Rakkayama apostrophe une fille, probablement d'un autre village.

« Eh mignonne! Ca te dirait de te trémousser avec moi? »

Il y ajoute un geste vulgaire. Elle a la même réaction que Manda et moi, elle roule des yeux. Mais nous restons, alors qu'elle s'en va.

« Snobinarde... » maugrée Rakkayama.

Gros lourd, oui.

« Tu crois que l'autre crapaud a eu plus de chance avec la petite Cajou ?

- Ha! Ha! Ha! Tu plaisantes ? Bien sûr que non! C'est la fille de mon voisin. Je l'ai entendue parler de lui à ses copines, mais c'était après que l'une d'elle se soit fâchée avec Cajou et lui a dit d'aller bécoter Kulilin. Et cette petite a répondu qu'elle le trouvait laid et idiot.

- Ha! Ha! Ha! Pourtant, tu lui as dit qu'il avait ses chances!

- Hé! Hé! Hé! Ca lui apprendra la vie. C'est tellement évident qu'il bave devant elle. C'était trop tentant. Elle va lui en mettre plein la gueule. T'as vu comment il a réagi quand je lui ai dit que je l'avais entendue dire à ses copines qu'elle l'aimait bien? Hi! Hi! Hi! Il faisait comme s'il s'en fichait et ne me croyait pas, mais vu comme il a couru après, je suis sûr qu'il allait essayer de la trouver. »

Les deux se mettent à rire comme les deux grands abrutis qu'ils sont! Ils m'énervent! Mais leur rire est arrêté par un tega chacun dans le crâne.

« Bande de cons!!!! »

Oulah! Je savais pas que Manda pouvait hurler comme ça. Elle fait peur!

« Non mais ça va pas, non!? Ah... C'est vous... Pfff... Tu viens, Kuruhei? Ca sent mauvais, ici. »

Ces deux "cons" comme les a si justement appelés Manda s'en vont. Ma copine se tourne vers moi.

« Va trouver ton frère.

- Pourquoi faire? Ca ne me regarde pas. Et il avait qu'à ne pas être aussi naïf! »

Mais quand je me tourne et que je vois son regard, je me lève.

« J'y vais! »

 

Je me lève donc, mais je n'ai pas besoin d'aller très loin car je vois mon imbécile de frère tout près de l'entrée de l'espace de danse. Je vois qu'il est en train de regarder Cajou. Idiot. Je cours vers lui et je l'attrape avant qu'il avance. Il se tourne avec un air étonné, qui devient vite renfrogné.

« Qu'est-ce que tu me veux? »

Non mais c'est quoi cette attitude?? Je viens pour l'aider et ce petit con me parle comme ça... Il faut que je me calme.

« N'y va pas.

- Hein ? Aller où?

- Parler à cette pimbêche!

- Hein? Comment tu... ? Et puis, c'est pas une pimbêche!

- Oh! Je t'en prie! T'es totalement abruti ou quoi?? Tu crois qu'une fille comme elle voudrait d'un nain comme toi qui sait pas mettre son pied droit devant son pied gauche?? »

Après un petit silence, il me répond:

« Va te faire voir! »

Et il court vers la petite pimbêche. Je croise les bras et je m'apprête à partir! Tant pis pour lui! J'aurais essayé. Mais je me reçois un coup sur la tête. Qui c'est qui a fait ça? Hein? Manda? Et elle a pas l'air contente. Mais... C'est la première fois qu'elle me frappe !

« Va l'aider, idiot. »

C'est la première fois qu'elle m'insulte aussi! Mais là, elle va trop loin.

« Eh! J'ai essayé, et cela n'a rien donné!

- Tu l'as insulté! Évidemment qu'il allait pas t'écouter!

- Mais... Tu comprends pas! C'est toujours comme ça avec lui! Il ne m'écoute jamais ! Il ne fait jamais ce que je lui dis ! Il ne me traite jamais comme son grand frère et il ne sait que m'embarrasser!

- C'est parce que tu ne te comportes pas en grand frère! T'es toujours plus préoccupé par ce que les autres vont penser de toi! »

Je reste silencieux. Mais de quoi elle parle? C'est quand même pas ma faute, s'il se met toujours dans des situations pas possibles et fait toujours l'idiot! Je vais répondre, mais tout d'un coup j'entends de l'agitation derrière, moi. Je me retourne et je vois Kulilin assis par terre, regardant d'un air effaré Cajou, qui, elle, le regarde plutôt furieusement. Il y a plein de monde et ils observent tous la scène.

« Ne m'approche plus jamais, sale crapaud! T'as pas à m'aimer! »

Et elle s'en va, venant dans notre direction. Eh ben... Je ne m'étais jamais rendu compte que cette gamine était aussi cruelle... Au moment où elle passe à côté de nous, son visage plein d'une orgueilleuse colère se reçoit soudainement un liquide brunâtre sur le visage. C'est Manda qui vient de lui envoyer son cola en pleine figure.

« Aaaah! Mais ça va pas, la guenon!

- Toi, la pouffiasse junior, tu ferais mieux de te tirer, avant que je ne te fasse avaler tes belles épingles à cheveux! »

Euh... J'avais jamais vu ce côté violent de ma copine. Cajou avec des yeux ronds, puis effrayés, se met soudainement à courir en pleurant.

 

Après, le mode furie, l'amour de ma vie se tourne vers moi avec un ton plus calme.

« Va voir Kulilin. »

Je ne proteste même pas. Je me dirige vers ce petit idiot qui est toujours par terre, mais fixe-à maintenant le sol. Je me penche et pose la main sur son épaule. Il tressaute un peu.

« Ha! Ha! Ha! Ha! Qu'est-ce que tu croyais? Les filles ne veulent pas d'un petit faiblard comme toi! Quel naïf! T'es vraiment nul! »

Je me tourne vers Rakkayama, qui est en train de ricaner avec Kuruhei. Soudainement, Kulilin s'arrache brusquement à moi, se lève et s'en va en courant. Les deux connards continuent de rire. J'en ai assez, je me lève et je vais leur faire leur fête. Ou du moins, je voudrais. Je lance le premier coup de poing vers la figure de Rakkayama, mais il esquive, me prend le bras et me jette par terre.

« Qu'est-ce que tu crois, sale con? T'as peut-être progressé ces derniers mois, mais on reste bien meilleurs que toi! »

Rakkayama me donne un coup de pied dans le ventre et ils s'en vont. Manda accourt vers moi.

« Ca va?

- Oui, oui. Ne t'inquiète pas. »

C'est humiliant qu'elle ait pu voir ça...

« Aller, va chercher ton frère. »

Je soupire, me lève et sans protester, vais chercher ce crétin. Je le cherche durant un bon moment et finalement je le retrouve. Il est avec Hêzekozô, qui le console. Décidément, ces deux-là sont toujours fourrés ensembles. Oh! Et puis, Kulilin n'a pas besoin de grand frère, il a déjà Hêzekozô. Je m'en vais sans qu'ils me voient et je retourne près de Manda.

« Tu as retrouvé ton frère?

- Oui, oui. Il était déjà avec Hêzekozô. J'ai pas eu envie de les déranger. »

Elle me regarde durant un moment, mais je n'arrive pas à deviner ce qu'elle pense.

« Quoi??

- Tu serais pas jaloux de Hêzekozô, toi?

- Hein?? Pas du tout! Ne dis pas des trucs bizarres! »

Elle me regarde encore un peu, puis me prend par le bras en soupirant.

 

C'est bientôt l'heure des spectacles, organisés par le village, mais surtout par le Temple. Des gens des villages voisins viennent de plus en plus nombreux. Le premier spectacle est représenté par les plus jeunes disciples du village. Je me souviens que j'avais également participé à ça, étant plus petit et j'étais extrêmement gêné de parler devant tant de monde. Mais à l'époque, je ne me rendais pas compte à quel point ces costumes étaient ridicules. Encore une fois, la petite pièce de théâtre représentait la période où le Roi Démon Piccolo semait la terreur, comment il avait fait abdiquer le pouvoir humain, et ses armées, avant d'être arrêté par Maître Mutaito, aidé de ses deux disciples Maîtres Muten Roshi et Tao Zihuang.

« Ils sont mignons ! » dit Manda.

 

Après ça, il y a eu un petit spectacle de danse des petites filles du village. Et là, ça va être mon tour et à celui de quelques disciples du Temple. Les meilleurs de chaque niveau doivent faire chaque niveau à son tour, une démonstration des exercices que l'on fait au temple. Puis les deux meilleurs de chaque niveau doivent simuler un duel. Je vais donc dans les coulisses, après avoir donné un bisou à ma copine. Kulilin se trouve aussi dans les coulisses, en train de s'occuper des taches secondaires, comme le lever et le fermer des rideaux. J'entends Kuruhei se moquer.

« Alors, le crapaud, ça va, tu te remets de ta déception amoureuse ?

- Elle a du caractère, la petite Cajou en tout cas. Mais elle s'y connaît. Elle ne voudrait jamais d'un gamin sans talent comme toi. »

Et Rakkayama en rajoute une couche. Les deux ricanent, mais se taisent quand Pîbosan-sensei apparaît. Quels idiots. J'attends patiemment notre tour. Et quand c'est le cas, je monte sur scène et avec les autres disciples, dont Rakkayama, Kuruhei et Tachiobô, nous entamons nos mouvements d'entraînement. Après dix minutes, nous laissons place au sixième niveau. Comme je sais que je ne vais plus être utile, je retourne avec les spectateurs et auprès de Manda.

« Tu était génial, Shô-chan ! » me dit-elle avec un petit bisou.

 

Les démonstrations de duels commencent. Les quatre premiers niveaux se déroulent bien. Mais quand arrive le cinquième où Rakkayama et Kuruhei ont été choisis pour ça, au bout de quelques échanges, soudainement, le plancher cède sous leurs pieds et dans des cris sur-aigus, ils tombent alors sous la scène. Il y a un petit silence. Je suis un peu sidéré et soudainement, j'éclate de rire ! Bien fait pour ces idiots ! Je vois Manda qui est aussi en train de pouffer en se tenant les cotes.

 

Après, quelques minutes, où les deux abrutis avec des mines totalement déconfites, ont réussi à se dépêtrer de sous la scène et sont retournés derrière les coulisses, et où je remarque que Rakkayama boite, Kashusan-sensei annonce au public qu'il va falloir patienter quelques minutes avant la démonstration des sixième niveau. Puis, tout d'un coup, je vois Pîbosan-sensei qui traîne Kulilin par l'oreille de derrière les coulisses. Le maître a l'air furieux. Mon frère le supplie de le lâcher. Manda et moi nous levons pour suivre ce qu'il se passe. Le maître arrive devant mes parents et leur dit quelque chose que je ne comprends pas, mais je les vois en train de rougir de colère. Quand j'arrive près d'eux, Sensei part et j'entends mon père hurler.

« Tu nous fais honte ! Tu es déjà un incapable et un bon-à-rien au Temple ! Un poids et une honte pour la famille ! Et tu en rajoutes en gâchant le spectacle et en nous humiliant devant tout le monde !

- Mais... Papa, ils se sont moqués de moi, et...

- Je ne veux pas le savoir ! Tu vas tout de suite retourner à la maison et ne plus en sortir ! Si j'apprends que tu es sorti, tu auras de mes nouvelles ! Je déciderai de ta punition quand je serai rentré ! »

Puis, il se tourne vers moi et crie :

« Et toi ?? Pourquoi tu n'étais pas derrière la scène en train de surveiller ton idiot de frère ?? »

J'écarquille les yeux et je suis tellement soufflé que je dis seulement, en baissant les yeux :

« Désolé, papa... »

 

Ayant fini sa scène, mon père tourne les talons, sûrement pour fuir les regards des spectateurs dont il vient de se rendre compte. Quant à ma mère, elle accompagne Kulilin à la maison. Quand ils sont partis, Manda s'exclame :

« Eh ben ! Sympa ton père ! Comme si t'y étais pour quoi que ce soit ! Et puis, c'était inutile d'être aussi dur avec ton petit frère.

- C'est de sa faute ! Tu vois que c'est un crétin ! Il ne m'apporte que des ennuis.

- Kulishô... C'est ton père qui a été injuste... »

Je ne réponds rien.

« Et puis, viens pas me dire que tu n'as pas bien ri en voyant ces deux crétins se taper la honte comme ça. »

Un grand sourire espiègle lui traverse le visage. Je ne peux empêcher un léger rire de m'échapper. C'est vrai que c'était marrant. Elle me sourit et me prend par la main, pour me rediriger vers la dernière partie du spectacle avant la pose.

 

 

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Le reste de la journée s'est plutôt très bien passé. Manda et moi nous sommes beaucoup amusés, parfois avec Monsô et Sabiwa. Nous avons ramenés nos prix chez moi. Nous assistons tous les deux au dernier spectacle. Il s'agit d'une danseuse dans une robe magnifique avec des coutures complexes, de très nombreux motifs et couleurs. Elle fait voltiger un long foulard translucide et de différentes couleurs et motifs, pendant que des chanteuses psalmodient des paroles dans une langue inconnue, peut-être inventée, donnant une impression antique, pendant que des musiciennes jouent de différents instruments à la fois traditionnels et modernes. Cela donne un spectacle absolument fascinant et beau, que ma copine et moi apprécions, blottis l'un contre l'autre. Ajoutons à ça, la nuit noire et les feux d'artifices et on passe une soirée avec une ambiance géniale!

 

Alors que nous profitons du spectacle, Monsô arrive tout d'un coup derrière moi. C'est tellement soudain que je sursaute.

« Monsô...? Tu m'as fait peur !

- Il faut que tu... Il faut... Peuf... »

Il a l'air essoufflé.

« Quoi? Qu'est-ce qu'il y a?

- C'est Kulilin... »

Je fronce les sourcils. Qu'est-ce qu'il a encore fait, celui-là?

« Il faut que tu ailles au fleuve... Il... Il a volé un bateau de pêche. Il a failli se noyer, il est tombé dans la cascade. »

Quoi? Comment ça, il est tombé dans la cascade? Je reste un petit moment à digérer l'information. Les bruits de fond semblent s'évanouir. Mais je me sens soudainement tiré par la main. Je lève les yeux et je vois que c'est Manda qui s'est levée et m'a pris par la main, tentant de me tirer.

« On y va! »

Le son redevient normal, je hoche la tête et je me lève.

 

Manda et moi courons donc à travers la forêt. Qu'est-ce que cet idiot faisait près cascade? Nous finissons par arriver. Et je vois que mes parents, Pîbosan-sensei, Âmonsu-sensei et quelques autres adultes sont aussi là. Mon frère tout mouillé, dit d'un air assuré et rebelle.

« Je veux partir d'ici! De toute façon, je ne fais aucun progrès au Temple! Alors que je suis sûr que Maître Roshi serait capable de me faire progresser, même moi! Je veux devenir fort! Et c'est pas en restant ici, que je vais y arriver! De toute façon, je manquerais à personne! »

Et là, mon père lui donne une claque monumentale. Le choc! Notre père est très dur et d'après certains, même méchant, mais jamais il ne nous a frappés. Mon frère a l'air aussi stupéfié que moi.

« Tais-toi! Je ne veux plus entendre tes bêtises! Même si tu arrivais à trouver Maître Roshi, il ne voudrait pas de toi comme disciple! Et ne refais plus jamais ça! Suis-je clair?! Tu te rends compte de ce qu'il aurait pu t'arriver?! Tu as failli te noyer! Je... ... Ne refais plus jamais ça! »

Après un moment de silence où il regarde Kulilin, qui, lui, fixe le sol, mon père se retourne et s'en va. Ma mère s'approche du petit idiot avec un air de remontrance, mais son visage s'adoucit et elle l'enveloppe dans une couverture. Manda, à côté de moi, sert ma main. Je la regarde. Cette fille est vraiment géniale. C'est peut-être un peu tôt pour penser à ça, mais je me dis que j'aimerais bien qu'elle devienne ma femme. Dès que je sors du Temple, je la demande en mariage.

 

 

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« Alors, Kulilin, comment ça avance, ton plan de devenir le disciple de Muten Roshi? Tu lui as écrit une lettre et il t'a donné le secret du Kamehameha? Je suis sûr que tu feras encore mieux que lui, et que tu l'apprendras dix fois plus vite que lui! T'es tellement doué! »

Rakkayama rit à ses propres moqueries. Cela commence à devenir lassant. Kulilin l'ignore et continue ses mouvements d'entraînement. Toutes les vacances et durant le Festival Estival, tout le monde s'est moqué de lui sur le sujet. Et maintenant que nous sommes rentrés au Temple depuis hier, cela continue. Et cet idiot de Kulilin n'en démord pas! Il insiste qu'il deviendra un jour son disciple. Quel imbécile! Mais le pire c'est que les gens ont recommencé à se moquer de moi aussi, à cause de mon frère. Enfin... Pas tous, mais Rakkayama a poussé pas mal de monde à le faire. Enfin... Je m'en fiche. Je termine mon dernier mouvement et je vais me diriger vers la dortoir. Le ciel n'est plus aussi noir que ce matin. Je me demande bien pourquoi il était comme ça, d'ailleurs. Il n'y avait que des nuages blancs, mais à l'ouest, il y avait quelques étranges volutes noires. Tout d'un coup, j'entends qu'on m'appelle. Je me retourne et je vois Âmonsu-sensei qui se dirige vers moi. Il a un air étrange, comme s'il appréhendait quelque chose.

« Kulishô, pourrais-tu venir avec moi, s'il te plaît? »

Je vois que Rakashu est déjà avec lui. Et j'entends encore le maître appeler.

« Kulilin? S'il te plaît, pourrais-tu m'accompagner à mon bureau? »

Mon frère se retourne avec un air intrigué et il vient avec nous. Je me demande ce qu'il se passe.

 

Une fois arrivés dans son bureau, le maître nous demande à tous de nous asseoir. Il souffle et reste un moment silencieux, comme s'il cherchait ses mots. Je commence à m'inquiéter.

« Les enfants... Je... Je ne sais pas comment vous le dire... Hier soir, au village, il y a eu un incendie. Il semblerait que des feux d'artifice du Festival Estival en auraient été la cause. On ne sait pas encore comment ils ont pris feu. Mais cela a commencé chez M. Maronze et Mme Nua. » Les parents de Manda ? Je sens mon souffle se couper. « L'incendie s'est propagé aux quatre maisons adjacentes. Je suis désolé de vous l'annoncer... Mais... Vos parents n'y ont pas survécu... Ta sœur bien que blessée, a survécu, cependant Rakashu. Et les médecins sont confiants sur son état. Je... Mes condoléances... »

Non ? C'est pas possible... Mes parents, morts ? Nous restons là, tous les trois assis, sans vraiment réaliser. Je demande tout de même faiblement, au bout d'un moment.

« Et M. Maronze, Mme Nua et leur fille... ? »

Âmonsu-sensei me regarde curieusement, puis semblant réaliser quelque chose prend un air triste et fait non de la tête. Je sens comme une espèce de brume m'envahir.

« Rakashu, tu as déjà une tante qui s'est proposée de vous adopter ta sœur et toi. Meguzô-sensei t'attend dehors pour t'emmener voir ta sœur. Bien entendu, tu es dispensé de cours et d'entraînement durant un temps indéterminé. Kulishô et Kulilin, vous n'avez pas d'autre famille, mais ne vous inquiétez de rien. Le Temple, représenté, eh bien par moi, s'est déjà porté garant pour s'occuper de vous. Je ne vais bien entendu pas vous obliger à suivre les cours et entraînements durant quelques temps. Je... Je vous ai mis une salle à disposition, pour que vous puissiez avoir un peu de tranquillité. Il y a des lits. Pîbosan-sensei va vous y conduire. Je vous préviendrai quand un jour sera décidé pour les funérailles. »

Encore assommés par la nouvelle, nous sortons du bureau. Meguzô-sensei conduit Rakashu dans une direction, tandis que Pîbosan-sensei nous guide vers notre nouvelle chambre provisoire en nous prenant délicatement par l'épaule. Je jette un regard à Rakashu qui lui aussi nous regarde. Puis je me retourne. Une fois arrivé dans notre chambre, Pîbosan-sensei nous caresse la joue et nous dit :

« Courage... »

Il sort et ferme la porte. Je reste un instant debout sans rien faire ni dire. Kulilin va contre un mur de la chambre. Il s'assied par terre. Je l'observe. Il est recroquevillé. Il ne me regarde pas et reste silencieux. Je réalise. Il est ma seule famille. Ce qu'il me reste. Je me dirige vers lui, m'assois à côté de lui, contre le mur et je passe un bras autour de son cou, le ramenant contre moi. Je le sens commencer à trembler et puis, j'entends des petits gémissements. Je sens une larme couler sur ma joue, puis une deuxième. Nous sommes orphelins.

 

 

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J'ouvre les yeux doucement. Ils sont encore enflés d'avoir pleuré. Je commence peu à peu à sortir des vapes. Je sens un petit corps chaud contre moi. C'est Kulilin, que j'ai serré dans mes bras toute la nuit. Lui aussi commence à se réveiller. On se lève tous les deux, sans rien dire. J'essaie quand même de lui sourire pour le rassurer. Il me sourit également, probablement de façon aussi triste que moi. On ne sait pas trop quoi faire... D'habitude, à cette heure-ci, les maîtres nous auraient déjà réveillé pour qu'on aille prendre le petit-déjeuner. Mais là, nous sommes déjà à l'heure de la fin de l'entraînement matinal. Nous restons un petit moment dans la chambre, silencieux. Tout ça semble si irréel... Je voudrais dire quelque chose à Kulilin, mais quoi ? Je crois qu'il est comme moi. On se regarde de temps en temps, chacun sur un bout du lit, mais on ne dit rien. Ne sachant que faire, après nous être préparés, nous nous dirigeons malgré tout vers la cours où s'entraînent les disciples. Quand nous arrivons, nous voyons que les disciples à partir du quatrième niveau ont fini l'entraînement et sont en train de partir pour leurs premiers cours. Quand ils nous voient, il y a un certain silence, puis des chuchotements et des regards pleins de pitié. J'ai horreur de ça. Nous croisons Rakkayama et Kuruhei aussi, mais après un bref regard en notre direction, ils ne disent rien et poursuivent leur chemin. Génial ! Même eux ont pitié !

 

Pîbosan-sensei nous voit et nous arrête.

« Attendez les enfants. Hum... Vous n'êtes pas obligés de suivre les cours et entraînements d'aujourd'hui, vous savez ?

- Mais qu'est-ce qu'on peut faire, Pîbosan-sensei ?

- Eh bien, Kulishô, vous pouvez bien entendu suivre les cours si vous le voulez, personne ne va vous en empêcher. Mais on comprendra parfaitement que vous préféreriez faire autre chose. Vous pouvez rester tous les deux à la bibliothèque, je suis sûr que vous y trouverez des livres qui ne soient pas académiques ou même des films, même si je ne suis pas sûr de ce que l'on a. Mais si vous voulez, je peux aussi demander à des amis à vous de vous tenir compagnie. »

Alors que je vais lui dire que mon frère et moi allons rester tous les deux à la bibliothèque, Kulilin demande :

« Est-ce que je pourrais voir Hêzekozô, s'il vous plaît ? »

Je tourne rapidement ma tête vers Kulilin. Même dans cette situation, il préfère être avec Hêzekozô ?? Il n'y a plus que nous deux dans la famille et il veut être avec Hêzekozô !! Je suis estomaqué. J'ai l'impression de recevoir un coup d'enclume. Je me rends soudainement compte que Pîbosan-sensei me parle.

« Et toi, Kulishô ? Quelqu'un ?

- Euh... Hum... Monsô, s'il vous plaît... »

Sensei part alors, en nous demandant d'attendre à la bibliothèque.

 

Nous y allons et nous installons pour lire quelque chose. Je fulmine intérieurement. Pourquoi ? Pourquoi il veut me laisser tomber dans une situation pareille ?? Je suis sa dernière famille et il préfère être avec un étranger ! Je ne comprends vraiment pas. Il me déteste à ce point ? Et puis, pourquoi il me colle, là ? Depuis que Pîbosan-sensei est parti aller chercher Hêzekozô et Monsô, Kulilin reste tout près de moi et il s'assied tellement près, à la bibliothèque, que nos bras se touchent. En plus, il me fixe. S'il veut tant que ça passer du temps avec Hêzekozô, plutôt qu'avec moi, je vois pas pourquoi il est aussi pot de colle, tout d'un coup !

« Quoi ?? »

Il sursaute.

« Euh... Rien... Je... Je me demandais ce que tu lisais... »

Qu'est-ce que cela peut faire ce que je lis ?? Il m'énerve ! Je sais même pas ce que je lis, d'ailleurs ! J'arrive pas à me concentrer. Alors que je vais lui répondre, je vois Hêzekozô et Monsô arriver. Ils nous regardent tristement.

« Salut les amis ! On a appris ce qu'il s'est passé. Sincèrement désolé. »

Je détourne les yeux à ces mots du garçon-tigre. Mais Monsô ajoute.

« Ouais. C'est vraiment horrible. Mes condoléances. Si on peut faire quoi que ce soit. »

Je me lève.

« Tu viens, Monsô ? On va se trouver un coin tranquille...

- Hein ? Mais...

- Viens ! »

Il sursaute. Kulilin me regarde, interloqué.

« Pourquoi tu pars Kulishô ? »

Comment ça, pourquoi je pars ?? Il a qu'à rester seul avec Hêzekozô, puisqu'il veut tellement être avec lui. Je pars sans répondre.

 

 

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Je suis seul dans notre nouvelle chambre. Monsô est parti depuis un moment, en voyant mon mutisme. J'ai vraiment pas envie de parler, même à mon meilleur ami. J'ai perdu mes parents et la fille que j'imaginais déjà devenir mon épouse. Et mon petit frère m'a remplacé par un autre. Plus tard, je l'ai en plus croisé en train de pleurer dans les bras de Hêzekozô. Il m'énerve ! Je sens les larmes recommencer à couler sur mes joues. Mais à la tristesse s'ajoute de la colère. J'essuie mes larmes rageusement. Je crois que je n'ai jamais senti un tel bouillonnement. Il y a tellement des sentiments forts. Je n'arrive pas à imaginer ce que je dois faire pour que ça cesse. Je m'en sens physiquement mal.

 

J'entends la porte qui s'ouvre, puis claque en se fermant. Je me lève et je vois que c'est Kulilin. Je fronce les sourcils, puis regardent ailleurs.

« Kulishô ? Où tu étais ? Hêzekozô et moi t'avons cherché, et tu n'étais pas là-bas quand on est venu. »

C'est ça, comme si cela l'intéressait ! Il préférait rester avec l'autre tigre, là... Kulilin a une voix triste. Mais je m'en fiche ! Comme je dis rien, il poursuit, avec une voix qui montre clairement qu'il se retient de pleurer.

« Hêzekozô a appris que ses parents voulaient déménager. Je crois que c'est à cause de l'incendie aussi... Comme ils se sont aussi occupés des feux d'artifice, ils se sentent mal à l'aise de rester. Ils l'emmènent avec eux. Qu'est-ce que je vais faire ? Sans lui, je n'aurais plus d'amis... »

Il ne se soucie vraiment que de Hêzekozô. Je sens une boule à l'estomac. Et je me sens près à pleurer. Mais je ne veux pas. Alors qu'il vient vers mon lit pour se mettre contre moi. Je le repousse et il tombe par terre et je lui dis avec une voix que j'espère être pleine de colère :

« Va dormir sur l'autre lit ! »

Il me regarde d'un air étonné puis blessé. Je me retourne. Après quelques secondes, je l'entends grimper sur son lit.

 

 

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Le temps est rapidement passé. Cela fait maintenant cinq mois que mes parents sont morts. J'ai repris mes activités normales au Temple. Hêzekozô est parti pour de bon le vendredi de la semaine suivant le décès de mes parents et de Manda. Durant tout ce temps, Kulilin est resté avec lui. Il a essayé de me parler de temps en temps, mais j'ai pas besoin d'un frère traître, qui me laisse tomber et se fiche complètement de moi. J'ai préféré rester avec Monsô, mais je ne parlais pas beaucoup et je crois qu'il commençait à en avoir marre. Quand le tigre n'a plus été plus là, Kulilin a encore essayé de venir vers moi, plus fois. Mais hors de question que je serve de bouche-trou ! Il n'a qu'à aller se faire voir ! La cérémonie de mes parents, de ceux de Rakashu, ainsi que Manda et ses parents a été très simple. Tout le village était là. Leurs cendres ont été enterrées dans le cimetière commun du village. Kulilin a beaucoup pleuré durant les funérailles. Je crois que c'est durant celles-ci que j'ai vraiment réalisé. Ma vie a été totalement chamboulée. J'ai perdu mes parents, mes racines. Et Manda, mon avenir. Mais je n'ai pas pleuré. Je n'ai plus pleuré, je me le suis interdit. Je crois que je suis maintenant plus en colère que triste. Ma vie, c'est de la merde. Elle est devenue merdique depuis que Kulilin est venu au temple ! Je me rappelle maintenant pourquoi on s'est disputé ! Il n'a cessé de faire le con dès qu'il est arrivé et est devenu détesté par tout le monde ! Et tout le monde s'est mis à se moquer de moi aussi ! Et j'ai arrêté d'être aussi bon qu'avant. Et ensuite, j'ai perdu mes amis, et à part Monsô, je n'ai eu plus personne. Et maintenant, j'ai plus de parents, ni de fiancée ! Ca, c'est pas la faute de Kulilin, je le sais très bien. Mais il m'a laissé tomber durant cette période ! Au moment où on avait le plus besoin l'un de l'autre, il préférait être avec Hêzekozô. Je m'en fiche ! Je préfère être tout seul. Je ne veux plus de petit frère, je ne veux pas d'autre fiancée que Manda, car aucune ne pourra être aussi bien qu'elle et je ne veux plus d'ami non plus ! Monsô me laissera aussi tomber, de toute façon. Quant à Kulilin, il n'a qu'à aller se faire voir. Au début, les autres élèves le laissaient tranquille, après la mort de nos parents. Mais après le départ de Hêzekozô et quand il a commencé à comprendre que je ne voulais pas son attention hypocrite, il a recommencé à délirer sur Muten Roshi, ce con ! Et au bout d'un moment, les moqueries ont recommencé.

 

Je me retourne dans mon lit. Tout d'un coup, je sens quelqu'un me secouer. Je me retourne et je vois que c'est Kulilin. Je fronce les sourcils et chuchote :

« Qu'est-ce que tu veux ??

- Kulishô, viens avec moi, il faut que je te dise quelque chose.

- Pas question ! Je m'en fiche de ce que tu as à dire. »

Il me regarde en plissant les yeux, avec un air agacé et revêche. Et soudainement, alors que je ne m'y attends pas. Il me met un poing dans la figure et se met à courir. Mais... ?? Il va me le payer ! Je me lève et je lui cours après, en essayant de faire le moins de bruit possible. Pas la peine de me faire punir, juste parce que j'aurais fait trop de bruit en donnant une raclée à ce sale gosse.

 

Je finis par le rattraper. Je l'attrape et je lui donne un coup de poing sur le crâne, puis un autre. Il tombe par terre.

« Ca t'apprendra ! Et j'ai pas fini avec toi !

- Attends ! Je suis désolé ! Je suis désolé ! D'accord ? C'était le seul moyen pour que tu me suives ! »

Ses explications ne m'intéressent pas. Je n'apprécie pas d'être frappé à peine réveillé. Enfin, je suis quand même un peu curieux... Surtout quand je le vois ramasser une baluchon, qui a l'air de contenir des vêtements.

« Mais... Qu'est-ce que tu comptes faire ? C'est quoi ce baluchon ?

- C'est aujourd'hui... Je pars voir Maître Muten Roshi.

- Quoi ??? Tu me réveilles en me frappant pour encore me dire ces bêtises !?

- Ce ne sont pas des bêtises ! Je vais vraiment partir ! »

Mais c'est qu'il a l'air sérieux, en plus, cet idiot !

« Non mais ça va pas ?! Tu te rappelles de ce qui est arrivé la dernière fois ? Tu as failli te noyer !

- Cela n'arrivera plus. J'ai passé ces derniers mois à m'entraîner à naviguer avec le bateau de pêche que j'ai pris la dernière fois. Ils n'ont pas pris la peine de le rechercher et moi, je l'ai trouvé. Il était encore en bon état. J'ai aussi étudié la navigation à la bibliothèque et j'ai observé les pêcheurs durant les week-ends, j'allais même parfois avec eux. Ils croyaient que je voulais juste de l'argent de poche, mais cet argent me servira durant le voyage. »

J'ignorais qu'il faisait ça... Faut dire que je ne me suis pas spécialement soucié de ce qu'il faisait, ces derniers mois. Il poursuit :

« Je sais que la mer, c'est différent d'une rivière, mais je saurais me débrouiller avec tout ce que j'ai lu sur le sujet.

- Non... Mais... T'es vraiment sérieux ! Tu crois franchement que Maître Roshi va te prendre comme élève ?!

- Au moins, j'aurais essayé.

- Pfff ! Tu sais même pas où il est. Personne ne le sait.

- Si, j'ai son adresse ! Regarde, je l'ai sur ce papier. »

Je vois effectivement une adresse écrite sur le papier qu'il me montre et je roule des yeux.

« Mais oui... Et comment tu as trouvé son adresse ? Dans l'annuaire, peut-être ?

- Eh bien, oui. »

Je tombe à la renverse. Il est vraiment idiot ou quoi ?!

« C'est impossible ! Tu crois franchement qu'il serait dans l'annuaire tout bêtement ?? C'est un ermite qui se cache du monde ! C'est pas aussi simple ! Ce doit être un autre Muten Roshi !

- Ermite ou pas, c'est aussi un citoyen. Et je vois pas qui d'autre pourrait s'appeler par un nom aussi vieillot.

- Mais... Je rêve... Et puis, même si c'est lui, il ne te prendra jamais comme disciple...

- Je peux toujours essayer de lui donner des magazines cochons en cadeau.

- Ca va pas, non?? Tu parles du légendaire Maître des Tortues, pas d'un vieux pervers!

- Pourtant, c'est écrit dans cette revue datant de mai 578, qu'il avait répondu à un journaliste tentant de l'interviewer qu'il n'accepterait l'interview qu'en échange d'un magazine cochon.

- Il a dit ça pour se débarrasser du journaliste!

- Il dit aussi qu'il aime les femmes dodues...

- Ca suffit!!! Tais-toi!!! »

Je pince alors la base de mon nez entre mon pouce et mon index. Il commence à me donner mal à la tête.

« Mais c'est pas pour ça que je t'ai réveillé. Kulishô, viens avec moi ! »

Hein !? Je me tourne rapidement vers lui. Je le regarde. Fini le regard revêche qu'il a quasiment en permanence depuis des années. Ses yeux reflètent une grande sincérité.

« Tu es fou !

- Non, Kulishô ! Je sais que tu ne me détestes pas autant que tu veux le dire ! Tu crois que je sais pas que tu m'as protégé plusieurs fois ? »

Quoi ? Il sait... ?

« Si... Si tu savais, pourquoi tu n'as jamais rien dit ? »

Il hausse les épaules.

« Je ne sais pas... Tu avais l'air de vouloir que je ne le sache pas et rester distant avec moi. Je suppose que tu avais honte de moi. Je voulais pas te forcer. Mais Kulishô, si tu viens avec moi et qu'on devient élèves de Muten Rôshi, on deviendra super forts ! Et plus personne ne se moquera plis de nous ! Et on aura du succès auprès des filles ! »

Je le fixe un moment, incrédule. Il veut vraiment que je vienne... ? Mais du succès auprès des filles... ? Je ne veux personne d'autre que Manda... Et puis, qu'est-ce qu'il croit... ? Il croit vraiment qu'un simple annuaire va lui indiquer où trouver le dieu des arts martiaux... !? N'importe quoi ! Et même si on le trouve, il voudra pas de nous ! Et surtout pas de Kulilin ! Kulilin gâche toujours tout de toute façon ! On va quitter le temple et on va se retrouver dans la merde ! Seuls ! Sans personne pour nous soutenir ! Il va encore plus me gâcher la vie ! Et il me laissera tomber et me décevra encore ! Je sens la rage monter en moi. Je lui donne un coup de pied au ventre et il tombe par terre. Je lui donne encore un coup de pied, puis un autre et encore un autre ! Je me retiens de crier.

« Va-t-en ! Je ne veux plus jamais te voir ! Tout ce que tu sais faire, c'est me gâcher la vie ! Je ne vais pas te suivre pour finir dieu sait où et ne plus pouvoir revenir au Temple, sans savoir quoi faire ! T'es trop nul ! Tu vaudras jamais rien ! Va-t-en ! Va-t-en ! Vas-y ! Et ne reparais plus jamais devant moi ! »

Après avoir fini de le frapper, je souffle encore ma rage. Mon frère se lève en se tenant le ventre. Il ramasse son sac, me regarde une dernière fois avec une telle déception dans les yeux, que je préfère tourner la tête. Finalement, après un peu de temps où il me fixe sans bouger et sans que je fasse attention à lui, il s'en va en boitant.

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