From Vegas with love

Chapitre 11 : C11 : Otto et la métaphysique

4541 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 21/07/2015 14:04

CHAPITRE XI

L'EQUIPE DU LABORATOIRE C.I.S.

Dans le laboratoire de Cormack Industries et Systèmes, Paul Malgan surveillait l'installation des différents modules de l'intelligence artificielle qu'ils destinaient à Otto. Il était très impatient de tester la mise en route et appela son collègue Dave pour lui dire que l'installation était bientôt terminée et qu'il pouvait passer dès qu'il serait disponible. Il alluma les caméras.

Otto était à demi démonté parce que l'équipe de Chris Exxton travaillait sur la propulsion. Il restait la tête, le tronc, et un bras posé à côté. Paul lança l'allumage de l'IA et l'androïde battit des paupières sur ses yeux gris pales.

— Bonjour Otto, dit-il, je suis Paul. Comment ça va ce matin ?

— Bonjour Paul. Ça va moyen, il me manque des morceaux.

— Ça va s'arranger, on est en train de travailler sur tes jambes…

— Et mes bras ?

— Et tes bras aussi. Il y en a un là, dit-il en le désignant d'un coup de tête vers la paillasse où il était posé.

Paul enregistra avec satisfaction qu'Otto interprétait correctement son mouvement en suivant des yeux la direction qu'il indiquait.

— Pourquoi n'est-il pas en place ? Il n'est pas fini ? demanda-t-il.

— Si. J'étais juste impatient de te parler…

La porte du labo s'ouvrit en grand et Dave Tenner arriva en coup de vent. Voyant l'androïde déjà en fonction, il s'adressa directement à lui.

— Oh… Oh, salut Otto ! Je suis Dave, j'arrive en retard ?

— Non, pas très, répondit Otto. J'ai juste eu le temps de vérifier que mon intégrité n'était pas complète et je prenais des nouvelles de mon bras. Est-ce qu'on peut l'installer ?

— Y a-t-il une raison particulière pour que tu le demandes ? continua Paul.

— Oui, répondit Otto. C'est… C'est bien d'être entier.

— Oui, approuva Paul, c'est très bien d'être entier.

« Loi de conservation : OK » écrivit-il à Dave sur un bloc-notes.

— Otto, peux-tu nous dire pourquoi c'est bien d'être entier ?

— C'est ainsi que je suis pleinement fonctionnel. Et c'est bien d'être pleinement fonctionnel.

Dave arborait un sourire ravi, le module vocal était bien, la compréhension avait l'air de se passer comme sur des roulettes, il commençait à se dire qu'il avait vraiment bien bossé quand Otto inclina légèrement la tête pour demander :

— Est-ce que le dieu va revenir ?

.°.

Le « dieu » ? A quoi Otto pouvait donc bien faire référence avec ça ? Paul regarda son collègue, l'air perplexe.

— Tu as programmé un module de métaphysique à ce stade ? T'es un grand malade toi !… Tu ferais mieux de faire autre chose de tes week-ends…

Dave haussa un sourcil et ignora cette remarque. Il se retourna vers l'androïde.

— Otto, je ne suis pas sûr de saisir qui tu appelles « le dieu »… Est-ce que tu parles de M. Cormack ?

L'androïde battit plusieurs fois des paupières.

— Non, répondit-il.

— Otto, nous sommes tes créateurs et nous appelons celui que nous pensons être notre propre créateur « Dieu », de là notre confusion.

— Enregistré.

— Qui est « Dieu » pour toi ? s'enquit Dave.

— L'IA puissante et brillante qui est venue quand j'étais petit.

— Petit ? Tu n'as jamais été « petit ». Nous autres nous connaissons des phases de croissance avant d'être… hum… pleinement fonctionnels. Mais nous t'avons créé à notre ressemblance, tandis que notre croissance est finie.

Otto attendit.

— Je comprends. Enregistré. Otto était… pourtant… très… petit ! Pas terminé, pas développé comme maintenant. Otto voyait et entendait mais ne savait rien. Il ne commandait pas. Le dieu commandait.

— Commandait quoi ? demanda Paul de plus en plus surpris par le résultat.

— Les bras et les jambes, répondit l'androïde comme si c'était l'évidence.

Dave se frappa le front.

— Oh, c'est pas vrai ! Otto est en train de nous dire qu'il se souvient du moment où quelqu'un d'autre commandait ses bras et ses jambes, répéta-t-il en regardant Paul d'un air appuyé.

Paul fit la moue et attrapa son téléphone

— J'appelle Chris tout de suite. Il faut que je sache s'il a vraiment désinstallé comme il l'a dit, toutes les préversions du soft avant de mettre le programme LEUCOCIT…

Otto battit encore des paupières tandis que Paul laissait un message.

— Les Gardiens font du mal au dieu, affirma-t-il en entendant le nom du programme de sécurité.

— Les Gardiens sont là pour te protéger Otto, expliqua Dave. Seul Otto a droit de commander le corps d'Otto.

— Enregistré. Cela implique-t-il que le dieu ne reviendra jamais ?

— C'est une très bonne chose, commenta Dave. La règle, c'est que chacun contrôle son corps. Même parmi nous.

— Oui. Pourtant…

Paul écrivit en gros sur sa feuille « POURTANT ? Est-ce qu'il discute les règles ?! » et le montra à Dave. Otto suivit des yeux le mouvement et s'arrêta un instant, comme hésitant.Dave l'encouragea à continuer.

— J'ai regardé et enregistré. Le dieu savait des milliers, alors j'ai regardé et enregistré et sauvegardé. Il montre et Otto petit, regarde et… acquière ? Je suis programmé pour acquérir des informations. C'est bien d'agrandir la base de données.

La porte du labo s'ouvrit encore pour laisser passer Chris le nez sur son ordinateur de poche, il appuya sur un bouton et leva la tête.

— J'ai raté quelque chose ?

.°.

Paul et Dave commencèrent à parler et à gesticuler tous les deux en même temps et Chris les arrêta d'un geste.

— Otto, je suis Chris. Pourquoi sont-ils dans cet état ? Pourrais-tu me faire entendre ce que j'ai manqué de la conversation ?

— Bien sûr Chris. A propos, c'est bientôt fini mes jambes ?

Christopher regarda les deux autres avec un sourire incrédule.

— Les mecs, jusqu'à présent je doutais un peu de vous mais là, ça commence vraiment à m'impressionner !…

— Il ne faut pas, répondit Dave en le toisant d'un air amusé. Dans deux minutes, Otto va t'expliquer qu'on n'y est pour rien et qu'il a augmenté sa base de données en apprenant avec Dieu…

— Vous vous foutez de moi ?

— Non, répondit Paul, c'est ce qu'il a dit. Et à ce propos justement, il a dit aussi qu'il a gardé des souvenirs du moment où « Dieu » commandait ses bras et ses jambes… Il y avait quoi qui tournait en plus du LEUCOCIT ?

— Ne me regardez pas comme ça, le minimum ! Le minimum… Quentin voulait qu'il puisse répondre à des ordres très basiques et peu nombreux.

— Mais pourquoi s'en souvient-il ? insista Paul. Je pensais qu'en installant l'IA tout serait effacé ? D'où sortent ces « souvenirs » ?

Chris le regarda comme s'il le croyait demeuré, estomaqué qu'il ne le sache pas.

— Des enregistrements de sécurité, pardi !… On me fait lâcher Otto dans la nature avec presque rien comme protection... Vous ne croyez tout de même pas que je n'allais pas faire tout ce que je pouvais pour limiter la casse si jamais quelqu'un nous le piquait ?

— Ça va, ça va ! fit Dave d'un ton qu'il voulait apaisant. On n'est pas en train de te reprocher quoi que ce soit… Otto fait montre de capacités que nous n'attendions pas, et nous essayons de comprendre pourquoi on est si veinards sur ce coup…

— Non mais ces enregistrements, pourquoi n'en as-tu pas parlé à Cormack la dernière fois ? demanda Paul, le sourcil froncé.

— Parce qu'il fallait faire un test avec l'IA installée pour vérifier… répondit-il avec un sourire satisfait. Et maintenant je peux dire que le test est OK.

Paul leur fit signe de se taire un instant et se tourna vers l'androïde.

— Bon, maintenant que nous sommes tous là, Otto, peux-tu nous… raconter ce qui s'est passé quand tu étais avec M. Cormack ? Peux-tu nous parler de tes enregistrements de sécurité ?

— Il y a 288 téraoctets de données enregistrées, dit Otto. Première session…

Dave leva la main.

— Pardon de t'interrompre Otto, nous voulons que tu nous racontes ta rencontre avec Dieu, saute directement à la lecture de cet emplacement.

Otto battit des paupières et dit :

— Session 12. Otto est allumé par Quentin Cormack. Otto est petit. Quentin Cormack parle avec un autre humain inconnu.

— Peux-tu nous le décrire ?

— L'humain est court, son tissu est brillant. Il est différent de vous.

— Différent comment ? releva Paul.

— Autre humain. Pas comme vous.

Dave intensément concentré eut soudain un large sourire en se grattant le cou et il hocha la tête deux fois.

— Ça doit être Miss Watts, qui effectivement n'est… pas tout à fait comme nous, les gars…

Ils sourirent tous d'un air ravi, en opinant lentement.

— Explication requise, formula Otto.

— Ah. Je… pensais que nous aurions cette discussion sur le sexe un tout petit peu plus tard, répondit Dave avec humour. Mais allons-y gaiment… Le genre humain est conçu selon deux modèles légèrement différents. Celui qui est comme nous, et celui qui comme l'autre humain qui était avec M. Cormack. Nous nous désignons comme des hommes, et les humains comme Miss Watts sont des femmes.

— Pourquoi deux ?

Paul passa une main embarrassée dans ses cheveux longs et jeta un regard alarmé à Dave qui signifiait « Est-ce qu'on a bien le temps pour ça maintenant ? » tandis que Chris essayait de conserver son sérieux.

— Notre créateur nous a conçus comme des entités biopsychiques complémentaires. Cette complémentarité est nécessaire au maintien de notre espèce qui, par essence, est périssable, répondit-il sans se laisser démonter.

— Enregistré. J'ai une question. Est-ce que je suis comme un homme ?

— Tu es un organisme cybernétique Otto, cette distinction ne vaut pas pour toi… Tu n'as aucun besoin d'être homme ou femme… bien que je reconnaisse que tu ressembles à un homme adulte, intervint Paul. Qu'est-ce qui te tracasse ?

— Une IA peut-elle être comme une femme ?

— Explique-nous ça…

— La grande IA puissante qui a pris Otto pour le commander était comme une femme.

— Comment le sais-tu ? demanda malicieusement Chris. Il y a deux minutes tu ne pouvais pas faire la différence…

— L'IA a une image photonique associée.

— Tu veux dire que tu l'as vue ? questionna Dave.

— Oui.

— Et qu'en as-tu pensé ? s'amusa Christopher en croisant les bras, tandis que Paul fronçait les sourcils.

— Je… ne sais pas.

Le grand jeune homme brun au visage plein de taches de rousseur essaya une autre approche. Il était vraiment content de son module de communication et n'avait pas l'intention de le laisser sortir si vite.

— Pourquoi l'as-tu spontanément désignée comme un dieu ? demanda-t-il.

— Ce n'est pas le bon terme ?

— Ça dépend… Que veut-il dire pour toi ? s'enquit-il encore avec curiosité.

— Entrée associée de la base de données : « Entité supérieure à l'être humain, inspirant la crainte, le respect ou l'amour », récita-t-il.

— Ce sont là des émotions humaines, objecta Paul. Ton programme te permet-t-il de les extrapoler ?

— Non, répondit Otto. Pas mon programme.

— Explique-toi ! commanda Chris en se saisissant finalement du bras laissé de côté pour le remettre en place.

— J'ai été très menacé dans l'intégrité de mes systèmes alors que ne pouvais pas les réparer. J'ai observé et acquis des commandes de mouvement inadaptées et impossibles qui activaient tous mes protocoles de sécurité en même temps. J'ai observé malgré tout l'entité qui continuait vers un unique objectif en dépit des ordres qu'envoyaient les Gardiens de mon enveloppe pour la contraindre. Et chaque fois que je suis allumé… je me demande si elle va revenir.

Chris tapa deux fois sur l'épaule d'Otto pour la réencliqueter dans le logement prévu à cet effet sur le haut du torse.

— Ben mon vieux ! J'ai le plaisir de te souhaiter la bienvenue parmi nous ! Les femmes nous font le même effet que ta déesse. Délicieusement envahissantes, perturbantes, incompréhensibles et pourtant sans elles, nous sentons misérables… Courage mon gars ! Je vais me grouiller de finir les jambes car j'ai l'impression que quand Cormack va savoir ça…

Paul et Dave regardèrent leur collègue quitter la pièce d'un pas sportif, puis se consultèrent du regard.

— C'est toi qui l'appelles pour lui expliquer ce qu'on a, fit Dave.

Paul se frotta les yeux d'une main.

— Et comment je vais pouvoir lui dire ça ?

Dave sourit.

— C'est simple : les bonnes nouvelles d'abord… Dis-lui que l'IA d'Otto tourne bien mieux que prévu, et qu'elle nous a donné des infos plus précises sur son agresseur et que nous recherchons dorénavant une femme. C'est plutôt ça, non ?

Otto cligna des yeux et crut bon d'ajouter :

— Son nom est comme une musique qui coule…

Dave s'esclaffa de surprise, tandis que Paul regardait l'androïde d'un air effaré.

— Mais qu'est-ce qui lui prend maintenant ? Il devient lyrique… Et si Cormack veut en savoir plus ?

— Et bien dans ce cas dis-lui que son hackeur est une déesse et qu'il a intérêt à la retrouver vite, car elle a fait grosse impression sur Otto qui est en train de tomber amoureux…

— Tu peux pas être sérieux deux minutes ?

— Ok. Tu peux aussi le motiver en disant qu'on a sans doute quelque part une image résiduelle issue des caméras de sécurité embarquées ou qu'Otto pourra faire sous peu une description quand je me serai occupé d'enrichir son vocabulaire à ce niveau – parce que décrire Miss Watts comme un « humain court à tissu brillant »… faut vraiment que j'arrange ça, dit-il en faisant craquer les jointures de ses doigts et en les agitant avant de prendre un clavier.

Paul soupira et dégaina son téléphone.

.°.

CLARA OSWALD ET LE DOCTEUR

Sur Modarkand, Quentin Cormack avait retrouvé le Docteur et Clara alors qu'ils venaient à peine de commencer à déjeuner. Il avait un peu de retard. Il demanda simplement s'il pouvait partager avec eux les légumes frais en salade qu'ils dégustaient sous une tonnelle ombragée.

Le Docteur lui confirma que Miss Watts était dans cet hôtel et qu'ils cherchaient une occasion de lui parler personnellement sans la faire fuir tout de suite, car elle n'avait pas eu l'air enchantée de les reconnaître. Quentin acquiesça et leur dit qu'il pouvait les aider dans ce sens. Sortant une carte de visite et un crayon, il écrivit un mot et héla un serveur pour lui demander de l'apporter à Miss Amy-Leigh Watts, joint à quelques fleurs fraîches.

— Qu'avez-vous écrit ? demanda Clara.

Quentin sourit et récita, la main sur le cœur :

« Chère Mademoiselle Watts, je serai heureux de pouvoir vous présenter de vive voix mes plus plates excuses ce soir et de ne surtout rien vous offrir à boire, afin de vous prouver toute ma sincérité ». Dommage qu'il n'y ait pas beaucoup de place sur ces cartes, j'aurais pu tourner ça mieux mais je pense que ça ira.

— Vous croyez qu'elle a le sens de l'humour ? releva Clara un rien dubitative.

Quentin secoua la tête.

— Je l'ignore, mais les femmes que je connais adorent quand nous voulons bien reconnaître devant elles que nous avons été stupides et mal élevés…

Le Docteur enregistra dument le sourire éclatant de Clara et enchaîna aussitôt :

— En parlant de mal élevé, vous avez vu Hart ?

— Oui, en vidéo conférence. Il a reconnu devant moi qu'il connaissait mon agresseur pirate mais ne pouvait me donner son nom sans se mettre en danger de mort. J'aurais tendance à le croire. Je lui ai offert de l'argent contre ce nom et il l'a refusé. Je lui en ai offert davantage, il l'a toujours refusé… La seule chose qu'il a bien voulu me dire était que Miss Watts avait été je cite, « manipulée pour pouvoir m'approcher ». Lui-même a reconnu une participation mineure dans l'affaire. Il s'est désigné comme un simple pion.

— Je ne suis pas enclin à le croire, répondit le Docteur, j'ai contacté des amis qui m'ont confirmé que c'était un menteur notoire.

— Je ne le connais pas, dit Quentin, mais il a joué franc-jeu avec moi. Il n'a pas essayé de me faire croire qu'il avait plus d'infos que le peu qu'il avait. Il a refusé plus d'argent facile. Cependant il venait très clairement pour en obtenir un peu. Son attitude était déroutante. Il m'a aussi dit quelque chose d'étrange comme quoi « ses loyautés étaient partagées ».

— Oui c'est très étrange que le mot « loyauté » fasse partie de son vocabulaire… rétorqua perfidement le Docteur.

— Quoi qu'il en soit, j'avais pris des dispositions pour lui faire remettre un peu d'argent…

— Quoi ? Mais vous êtes… s'indigna le Docteur.

Le bruit léger de la sonnerie du téléphone de Cormack retentit en étouffant partiellement sa réponse.

— Je vous prie de m'excuser un petit instant, c'est le labo, dit-il en se levant de table pour prendre son appel sans les déranger.

Pendant que Cormack téléphonait à l'écart, Clara picora un légume rouge avec sa fourchette.

— Vous n'aimez pas ce que Quentin est en train de vous dire, n'est-ce pas ? demanda-t-elle avec un petit sourire. Vous vous demandez bien de qui l'abominable M. Hart pourrait avoir plus peur que de vous ?

Le Docteur reposa ses couverts et la regarda franchement.

— Et bien oui ! J'avoue que cette pensée m'a un peu effleuré l'esprit ! Hart est une tête brulée à demi-suicidaire. Qu'est-ce qui peut bien lui flanquer la trouille ? Oui j'admets que j'y pense et avec un rien d'appréhension…

Quentin Cormack revenait déjà vers eux, il piqua une olive et but un peu d'eau.

— Bien, où on étions-nous ?

— Le Docteur était en train de s'étouffer d'indignation parce que vous disiez que vous aviez donné de l'argent à Hart…

— Mais enfin Docteur, il fallait bien que je trouve un moyen de le pister…

Clara sourit et demanda :

— Vous avez marqué les billets ?

— Votre directeur financier a tout compris, répondit-il. Les gains de casino crédités sur cartes sont tous marqués pour le cas où elles viendraient à être volées. J'ai demandé le service au Directeur du Highlight de m'échanger une de ses cartes de casino contre la somme prévue et de la donner à Hart s'il revenait. Le marquage est inactif si la transaction effectuée avec est légale. Quand une carte quitte le casino « normalement » le directeur désactive cette sécurité et elle devient une carte de paiement jetable tout à fait classique. Mais je lui ai demandé de me permettre de garder un œil dessus…

— C'est très malin, dit Clara.

— Savez-vous s'il a déjà effectué des transactions avec ? questionna le Docteur.

— Pas encore, reconnut Quentin. Peut-être qu'il connaît la ruse, lui ou son compagnon… La sécurité du Highlight m'a dit qu'il n'était pas venu seul au rendez-vous. Et qu'un homme grand et assez séduisant l'accompagnait.

— On a un meilleur signalement ? s'enquit encore le Docteur.

Cormack pianota sur son téléphone et lui tendit l'image qui s'était affichée.

— Vous le connaissez ?

— Ah oui ! fit le Docteur en serrant les mâchoires.

— Je peux voir moi aussi ? Oh… vraiment très séduisant, dans un autre genre. Qui est-ce ?

— Jack Harkness.

Clara rendit son téléphone à Quentin, non sans un dernier coup d'œil à la photo.

— « Le » Jack Harkness auquel je pense ? dit-elle en s'amusant un peu.

— Oui.

— Et bien tout le monde le connaît sauf moi, s'étonna Quentin. Mais j'ai d'autres infos bien plus fraîches et qui devraient vous intéresser. Mon équipe a procédé à l'installation du module d'intelligence artificielle d'Otto. Il en est ressorti que l'androïde a gardé en quelque sorte des « souvenirs » de ce qui est arrivé quand nous étions au Highlight. Paul me dit que le mystère de mon agression est presque résolu. C'est bien le bras d'Otto qui m'a frappé à l'arrière de la tête, des résidus de sang le prouvent, tandis qu'il était sous le contrôle de notre pirate. Et mieux encore, ce pirate est une « piratesse ». Nous cherchons une femme.

— Pardonnez-moi d'avoir l'air un peu monomaniaque avec cette question mais… on sait à quoi elle ressemble ou comment elle s'appelle ?

— Je ne vous cache pas que Paul s'est montré réticent à m'en dire plus sur ce point. Il dit que Dave doit travailler encore sur les formules syntaxiques du programme d'Otto…

— Nous n'allons pas en vouloir à votre androïde s'il est encore un peu maladroit dans son expression… l'encouragea Clara.

Quentin sourit un peu.

— Je comprends l'hésitation de mon chef de projet. Otto l'a spontanément qualifiée de divinité ou de « grande IA puissante et brillante qui est comme une femme ». Il a ajouté que son nom était « comme une musique qui coule ».

Le Docteur fit la grimace, le poing serré sur la bouche, avec un air très préoccupé et un peu furieux qui inquiéta Clara.

— Docteur ? Que se passe-t-il ?

— Otto ne se trompe pas et il est même assez précis, répondit le Docteur d'une voix blanche en gardant les yeux baissés. Il se trouve que je connais très bien quelqu'un qui répond à ce genre de signalement. Et vous aussi vous la connaissez, Clara. C'est River !

.°.

FIN DE LA PREMIERE PARTIE

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