L'archipel du Zygon

Chapitre 3 : Chapitre 3 : La légion des Affamés

4339 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/11/2016 05:31

CHAPITRE III

En constatant que son ami était dans un état d'épuisement critique, le front du Docteur se plissa d'inquiétude. Il n'avait pas besoin de lire les mesures sur le scanner du tournevis sonique pour avoir la confirmation de ce qui était évident... Il sortit un petit flacon de sels de sa poche et l'odeur forte fit frémir les narines du Corsaire. Le vrai Corsaire cette fois ?

Afin de pouvoir lui parler quelques minutes, il lui administra également quelques gouttes d'un puissant cordial mais celles-ci n'eurent aucun effet immédiat, ce qui le laissa un peu décontenancé. En désespoir de cause, le Seigneur du Temps posa sa main sur la tempe du malade et entreprit de lire les tous derniers souvenirs qui s'y trouvaient. Il vit que son ami ne parvenait plus à rester éveillé que quelques minutes par jour, que la Caravelle était coincée là depuis des semaines et qu'elle souffrait également dans des proportions plus conséquentes car elle devait fournir des rations d'énergie sans égal.

— Je ne comprends pas pourquoi n'avez-vous pas cherché à vous débarrasser de ces parasites ? fit remarquer le Docteur à la femme brune qu'il était à deux doigts de rebaptiser Quinta.

— J'apprends aussi vite que je peux, répondit-elle, mais il n'a pas beaucoup de temps pour m'enseigner. Je ne sais pas bien faire fonctionner le vaisseau. Et quand nous avons cherché à fuir, le nuage nous a suivis partout…

— Mais il n'a pas encore dévoré mon Tardis pourtant… Qu'est-ce qui nous rend si peu intéressants pour lui ?

Elle ne répondit pas, secouant simplement la tête avec ignorance.

— En tous cas, il n'a plus beaucoup de temps à vivre. Il doit encore avoir trois régénérations devant lui si je ne m'abuse, mais il faut absolument pouvoir se débarrasser de ce plancton vicieux… Je dois parler à Clara. Elle doit avoir fini ses analyses maintenant.

— Non, il faut que vous restiez là ! le retint-elle, une main agrippée à son bras pour l'empêcher de partir.

— J'ai besoin de contacter mon amie pour avoir des informations utiles et trouver comment se débarrasser de ce parasite qui draine la vie du Corsaire et de son bâtiment… insista le Docteur d'un ton patient mais ferme. Et sans délai !

Les yeux de l'imitatrice zygon s'étaient agrandis sous l'effet d'une peur nettement perceptible qu'il ne comprenait pas encore bien.

— Non ! Ils arrivent, nous n'avons pas fait assez vite !

.°.

A l'extérieur de la grotte une sorte de feulement soyeux se fit entendre, un froissement de l'atmosphère qui le surprenait dans la mesure où le Docteur savait bien que la Caravelle devait réguler la météo artificielle qui régnait sur la « plage ».

Il sortit pour voir ce qui se passait et se trouva face à face avec une épaisse fumée rouge qui bouchait la vue et coupait les issues vers d'autres parties du vaisseau. Son développement expansif en sphères cotonneuses rappelait les fumées pyroclastiques d'un volcan en éruption et son mouvement glissait en une lente et implacable reptation vers la caverne à flanc de paroi.

La femme brune le tira vers l'intérieur de la caverne.

— Il n'y a plus rien à faire, ils sont là ! Préparez-vous !

— Attendez ! Pourquoi restent-ils sur la bande de sable ? observa le Docteur. Est-ce qu'ils n'aiment pas l'eau ?

— Je n'en sais rien ! hurla-t-elle alors que le nuage envahissait déjà toute la caverne.

N'écoutant que son instinct, le Docteur se dégagea de sa prise et courut vers l'étendue d'eau salée où il se jeta. En tenant le tournevis sonique de manière à faire ricocher et vibrer les molécules d'eau, il aspergeait de son mieux le plus possible de Brume rouge restée sur la plage. Celle-ci paraissant encore plus vivante, ondoyait en reculant comme pour éviter d'être touchée.

— Sortez et venez dans l'eau ! cria-t-il par-dessus la furie orageuse du bruit que faisait la Brume.

Comme il n'obtenait pas de réponse, il s'immergea totalement et puis remonta la plage en piquant un sprint vers la caverne. Peut-être le Corsaire était-il trop lourd pour qu'elle puisse le déplacer seule ? Il entra en trombe en essayant de ne pas respirer, comme sa physiologie l'y autorisait partiellement. Mais en arrivant, il s'étrangla de surprise.

La bonne nouvelle, c'était que le Corsaire était réveillé. La mauvaise c'était qu'il était un peu occupé. Il aurait préféré éviter de les surprendre ainsi rivés l'un à l'autre… à peine moins voraces que l'idée qu'il se faisait du banc de plancton plasmatique… Tous deux braquèrent un même regard aux pupilles rougeoyantes sur lui quand ils réalisèrent qu'il était entré, puis l'ignorèrent en recommençant à s'embrasser tandis que la Brume tourbillonnait rageusement autour d'eux, comme si elle cherchait à les encourager.

Protégé par l'eau salée où il s'était plongé, le Docteur tenta d'avancer vers eux mais il était repoussé par à-coups, une partie de la Brume rouge cherchant à l'isoler du couple au centre de la caverne. Comprenant qu'il fallait qu'il procède autrement, il rebroussa chemin en pensant que s'il pouvait trouver un seau, un petit tonneau ou ce qui aurait été bien mieux une lance à incendie, il aurait pu faire reculer le nuage.

Puisqu'il avançait cette fois dans la direction opposée à la caverne pour aller chercher du matériel, il rencontra moins de résistance et n'eut pas trop de mal à revenir dans la grande salle.Ce fut là que Clara le trouva, copieusement dégoulinant.

.°.

Elle se précipita vers lui.

— Mais vous êtes trempé comme si vous étiez passé par-dessus bord ! Que vous est-il arrivé ?

— Clara ! Vous tombez bien ! Ça fait déjà une heure ? Explications plus tard. Aidez-moi à trouver un récipient assez grand. Dans la cuisine : un seau, un tonnelet, une grande casserole, quelque chose… Euh vide, s'il vous plait.

Elle reprit immédiatement le couloir qu'elle avait vu emprunter au Corsaire tout à l'heure quand il était parti chercher quelque chose à manger et revint avec plusieurs antiques marmites à anses en cuivre.

— Ça ira, ça ? demanda-t-elle.

— Ça fera l'affaire, j'espère. Venez. Le plancton vorace est à côté et il n'a pas l'air de trop aimer l'eau. Nous devons essayer de le faire reculer car je crains qu'il ne soit en train de tuer le Corsaire en ce moment même. Vous avez vu Carcarax ?

— Non, pas depuis tout à l'heure.

— Bon tant pis, prenez cette porte et dès que vous serez sur la plage, courez vers la mer et mouillez-vous entièrement, ça a l'air d'être efficace… Puis remplissez vos deux marmites à ras bord, et attendez que je vous appelle, j'arrive tout de suite…

— La mer ?

— Allez-y, vous comprendrez quand vous y serez !

Clara se dirigea dans la direction qu'il lui indiquait et constata effectivement qu'il y avait un décor d'une beauté invraisemblable de l'autre côté de la porte, mais que toute l'atmosphère était épaissie par des particules très agitées, spécialement dans le fond où l'on n'y voyait goutte. Comme elle faisait quelques pas avec ses marmites pour les remplir, la Brume sembla prendre conscience de sa présence et commença à ramper insidieusement vers elle.

Elle regarda vers le bord de l'eau où elle voulut entrer, puis poussa bientôt un cri strident de saisissement en distinguant une grosse créature marine inconnue remonter de la mer et se diriger vers elle en mugissant. Prise entre deux feux, elle resta un moment interdite ne sachant quel danger était le pire. Cette petite hésitation donna le temps à la fumée compacte de la rattraper et de l'envelopper toute entière…

— Docteur ! cria-t-elle. Il y a une énorme bête !

Les particules s'acharnant sur elle, Clara se recroquevilla en essayant de respirer à travers le tissu de sa manche, les marmites déposées à ses pieds. Le Docteur arriva bientôt en trombe et trouva un Skarasen encore petit – mais tout de même de taille respectable – très énervé sur le bord de l'eau, la Brume rouge et puis Clara prise entre les deux. Il marcha jusqu'à elle d'un pas décidé et l'entraina à distance de la créature marine noire. Les yeux de Clara étaient devenus rouges eux aussi, comme ceux du Corsaire et du Zygon.

— Je me sens vraiment très bizarre, dit-elle lentement comme si elle était devenue indifférente à la situation extérieure.

— Je veux bien vous croire, répondit le Docteur en prenant une marmite pour la remplir.

Elle s'approcha de lui et aventura une main sur son revers de veste.

— Il y a quelque chose d'étrange, je commence à trouver que vous êtes presque aussi séduisant que vos autres vous… ou que le Capitaine Harkness…

— Ah oui en effet, ce n'est pas normal !…

Il sourit nerveusement en affermissant sa prise sur la marmite. Et aussitôt, il lui lança tout son contenu au visage ! Elle poussa un cri de surprise sous la douche brutale.

— Vous me remercierez plus tard ! affirma-t-il.

L'attrapant par la main pour la mener dans l'eau, il la poussa dedans pour qu'elle y tombe. Puis se retournant, il fit face au Skarasen trop collant en lui envoyant un ultrason désagréable à l'aide du tournevis, pour l'obliger à reculer loin d'eux.

— Cette pauvre bête est très énervée, la prévint-il comme il entendait derrière lui Clara se relever en toussant. Evitez de l'approcher.

— Et il n'y a pas qu'elle ! lança Clara en lui jetant des regards furieux. Mais je crains qu'il ne faille trouver une solution pour la calmer elle aussi car le Tardis m'a dit que ce qu'il appelle les « légions d'affamés » se nourrissent aussi de l'énergie de la colère.

— Bon, un problème à la fois ! Si vous voulez lui chanter une berceuse je ne vous retiens pas, mais si je ne sépare pas les deux autres là bas, je crois que le Corsaire va y rester… Et j'ai un peu peur de ce qui pourrait se passer si la Brume goûtait à l'énergie de la régénération… Dépêchons-nous !

.°.

Il remplit sa marmite et la tendit à Clara avant de s'occuper de la seconde, et puis courut sans attendre vers la caverne où l'épaisseur de la fumée écarlate lui fit la vie dure, en le giflant par bourrasques pour l'empêcher d'avancer. Clara le suivit dans la caverne et soudain, la phrase mystérieuse phrase du Tardis quant aux « forces psychiques primitives à l'œuvre » se fit un peu plus claire. « Pousser les uns contre les autres ? » Il y avait bien une autre signification…

Le Docteur avait jeté sa marmite d'eau salée sur le couple et tendait la main impatiemment pour que Clara lui donne son propre récipient. Quand il lui ordonna de retourner faire le plein, elle obtempéra sans discuter. Elle préférait cent fois se trouver dehors avec le monstre marin et la Brume vorace plutôt que de rester une seconde de plus dans cette caverne... face à deux aliens enthousiastes en train de s'embrasser à pleine bouche tout promenant leurs mains un peu partout...

Lorsqu'elle revint les bras chargés, elle vit que le couple dépenaillé était enfin séparé et qu'ils étaient immobiles ou inconscients à terre. Le Docteur était penché sur l'homme et murmurait : non, non, non…Hélas, le corps du Corsaire commençait à émettre les rubans lumineux caractéristiques de sa toute prochaine régénération. On le perdait.Clara vint près du Docteur et posa la marmite pleine d'eau.

— Est-ce qu'ils sont morts ? 

— Lui oui, elle non. Il est en train de se régénérer… Il faudrait trouver un moyen de nous accorder un répit pendant ce temps, car si les voraces découvrent cette nouvelle source d'énergie, ça va devenir critique.

— Critique comment ?

— Ils pourraient le tuer à répétition pour consommer toutes ses régénérations restantes.

— Et les vôtres ensuite ?

— Mhh, pour une raison que j'ignore, ils me laissent à peu près tranquille… mais pas vous. Vos yeux redeviennent rouges…

— Rouges ?…

Une idée fouetta les neurones de Clara. Le foulard que portait tout à l'heure le Zygon noué sur ses cheveux trainait à présent par terre et elle se leva d'un bond pour aller le ramasser.

— Oh, attendez, je pense à quelque chose !

Elle ne prit pas le temps de l'expliquer et le Docteur haussa un sourcil sarcastique en ayant l'air de penser qu'il fallait fêter ce digne événement... Se dirigeant vers la sortie, elle fendit la Brume qui produisait des volutes éparses et comme circonspectes autour du corps du Corsaire.

De l'intérieur, le Docteur l'entendit crier :

— Ohé, le scarasène ! Gros machin ! Arrive par ici !

Elle s'était avancée vers le bord de l'eau et elle agitait le morceau d'étoffe qu'elle avait pris avec elle. Elle fut heureuse de constater qu'agiter un tissu rouge devant un monstre furieux produisait toujours les mêmes effets où qu'on soit dans l'univers…

Le bestiau se propulsa maladroitement sur la plage avec ses grosses pattes et courut derrière elle, droit vers la caverne. Sa masse imposante, alors qu'il essayait vainement d'entrer par l'ouverture trop petite pour lui, boucha opportunément l'entrée, empêchant par là même la Brume de pénétrer davantage.

Le Skarasen, une fois encastré de la sorte, avait aperçu sa maîtresse par terre. Il tendait désespérément son long cou en criant bas et affreusement. Par un très heureux hasard, ou peut-être – qui sait – à dessein, il se mit à recracher de l'eau en pluie par son évent occipital, ce qui les arrosa en faisant reculer dans tous les interstices de la grotte la Brume qui cherchait manifestement à échapper à ce fléau salé.

.°.

Et il était plus que temps ! Le Corsaire était devenu hyperlumineux tandis que Clara le regardait de tous ses yeux, parce que c'était finalement assez différent de ce qu'elle avait constaté pour le Docteur. Ce dernier soutenait son ami qui venait de prendre un nouveau visage masculin : châtain, toujours aussi grand et athlétique, il avait un vague air de Kirk Douglas quand il était jeune…

La femme-zygon poussa un léger soupir et Clara alla voir si elle avait besoin d'aide. Comme elle paraissait revenir à elle, la jeune compagne du Docteur essaya de l'asseoir. Ce faisant, elle vit apparaître sur son avant-bras le fameux tatouage, prélude d'une mutation imminente qui lui fit reprendre en un instant la forme du neuvième Corsaire sous laquelle elle les avait accueillis tout d'abord. Clara le lâcha sous le coup de la surprise, et en tombant par terre, il ouvrit les yeux brusquement, revenant enfin à lui.

— Mais qu'est-ce que c'est que ce raffut ! maugréa-t-il en se frottant l'arrière de la tête.

Le Skarasen se fit entendre de plus belle et le Zygon aboya un ordre pour lui intimer le silence. Il se tourna vers le Docteur qui aidait le vrai nouveau Corsaire à se relever.

— Ça va ? demanda-t-il à la cantonade.

La nouvelle dixième incarnation du Corsaire opina et se tourna vers son compatriote qu'elle voyait pour la première fois depuis longtemps.

— Docteur ? C'est toi ? Tu as pu venir finalement ?

— Oui, mais on n'est pas tirés d'affaire…

Le Zygon s'était approché de son animal pour flatter son cou tandis que la bête émettait un grondement différent. Une sorte de petite excroissance y poussa, comme un genre de tétine, et le Zygon approcha sa tête pour y boire avec un assez grand plaisir.

— Oh mais c'est dégoûtant ! soupira Clara écœurée par le spectacle.

Le nouveau Corsaire une fois debout, s'épousseta un peu et essaya de se rendre plus présentable. Il hocha la tête.

— J'en conviens, reconnut-il sobrement, et pourtant sans lui, je serais mort beaucoup plus tôt. C'est une bonne idée d'utiliser le Skarasen pour bloquer l'entrée à la Brume, mais il ne va pas rester là toute la vie ! Tu as un plan, Docteur ?

— J'y réfléchis…

— Hum, plan B alors. Tu as toujours ton gadget ?

— Plait-il ?

— Le bâtonnet lumineux que tu trimballes partout…

— Mon tournevis n'est pas un « gadget » !

— Ton tournevis, c'est ça. Je voudrais ouvrir une issue avec.

— Sur un vaisseau tout en bois, n'y pensez même pas, prévint malicieusement Clara.

— Sûr qu'il nous faudrait plutôt un de ces blasters soniques qui font des trous carrés… Mais la Caravelle a juste l'air d'être en bois… On peut matérialiser une trappe qui va nous permettre d'aller en soute et de la soute, on peut aller partout.

Le Docteur sortit le sonique de sa poche mais semblait hésitant à le lui confier. Le nouveau Corsaire sourit face à cette hésitation d'enfant qui n'aimait pas prêter ses jouets.

— Je te le rends juste après, promit-il en l'empoignant.

— Qu'est-ce que tu vas utiliser comme réglage ? demanda l'autre, toujours inquiet.

— Le premier venu fera l'affaire, c'est juste pour que la Caravelle décode correctement que la demande émane bien d'un Seigneur du Temps.

Il s'agenouilla et dessina sur le sable du sol de la caverne une trappe carrée en n'oubliant pas la poignée. Puis en pressant sur un bouton du tournevis, il suivit le contour de son dessin, et effectivement une belle trappe apparut comme par magie. Il lança le tournevis au Docteur.

— Et voilà le travail ! fit-il en ouvrant la trappe pour jeter un coup d'œil en bas. La voie est libre.

Il incita le Docteur et Clara à descendre et appela le Zygon.

— Kelpie ! Laisse ton Skarasen maintenant ! On s'en va d'ici.

Le Zygon parut s'arracher difficilement à son repas et le quitta après une petite tape affectueuse à son animal. Il avança à grands pas puis prit la trappe à leur suite, en ayant soin de bien la refermer derrière lui. Le Corsaire accueillit son double avec une très brève accolade et quelques mots gentils pour s'assurer qu'il allait bien. Clara s'étonna de constater que le Docteur avait l'air bien plus scandalisé qu'il n'aurait dû étant donné la façon dont il l'avait déjà chapitrée sur les mœurs de Jack Harkness…

Puis en se tournant vers eux, le maître des lieux leur indiqua d'un geste de le suivre dans la pénombre de la soute où l'on apercevait des caisses de bois et des tonneaux plutôt bien rangés sur le côté. Clara se demanda si le Corsaire arraisonnait d'autres vaisseaux pour récupérer leur marchandise, comme son nom pouvait le laisser penser.

— Je propose que nous retournions en salle de commandes pour trouver un moyen de confiner la Brume.

— L'idéal serait la plage, proposa le Docteur. Ils n'aiment pas l'eau salée.

— Non, rétorqua le Zygon avec un certain bon sens. L'idéal ce serait qu'elle trouve de meilleures proies que nous ! Elle a juste faim !

— Juste faim, mais vous y laissez votre santé. Ce n'est pas ce que j'appelle une relation très saine, rétorqua Clara d'un ton sec et presque hargneux.

Le Zygon qui marchait devant eux tourna légèrement la tête et son torse de colosse pour la regarder en coulisse avec un peu de moquerie.

— J'ai vu dans la tête de ces deux-là que vous faites partie d'un peuple qui abat des animaux sans sourciller parce qu'il a juste faim lui aussi et en plus, estime normal de les sacrifier…

— Je pense que quand vous serez mort vidé de toute substance vitale par ces créatures, vous aurez tout le temps de me tancer sur mon mode d'alimentation ! Vous feriez moins le malin s'il arrivait quoi que ce soit à votre vache domestique…

Le Docteur toucha gentiment le bras de Clara pour attirer son attention.

— Ma chère, puis-je me permettre de vous signaler que vous êtes toujours sous influence de nos « passagers clandestins » que vous avez inhalés ? Souvenez-vous de ce que vous avez dit de la colère… Essayez de vous contrôler.

Clara cligna des yeux vers lui, surprise de son attention et de la gentillesse inhabituelle de son ton. Les deux autres avaient continué leur marche et l'équipage du Tardis n'avait plus qu'à presser le pas pour les rattraper. Elle hocha la tête bravement et dit juste pour lui, pas trop fort :

— Sans vouloir me montrer désobligeante envers quiconque, au niveau des effets indésirables, je préfère encore être en colère, si vous voyez ce que je veux dire…

Le Docteur lui lança un petit sourire amusé, assorti d'un regard compréhensif qui indiquait qu'il partageait son sentiment. Mais le Zygon qui avait l'ouïe fine, ne put retenir une remarque vexée :

— Oh, mais quelle affreuse petite snob vous avez là, Docteur ! Vous pourriez essayer ce que vous appelez à tort les « effets indésirables ». Une fois de temps en temps, ça ne vous ferait pas de mal !

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