Fairy Big 4 : La légende des quatre saisons
- Hu-hu-hu, les imbéciles. Ils auraient mieux fait d’être plus rusé. Comme moi. Ils n’écoutent même pas leur propre précepte. « Le plus fort gagne le pouvoir». Je ne vois pas pourquoi je devrais le LUI donner. Il est à moi et moi seule. Je me fiche bien de savoir qu’IL m’a créé, je n’ai plus besoin de lui de toute façon.
Devant son miroir poli, Gothel bouffa ses beaux cheveux de jais et s’admira sous toutes les coutures. L’Essence du Soleil brillait dans le collier céruléen à son cou, la rendant plus belle que la plus envoûtante des fleurs. Son regard glacé, ses boucles ordonnées et son visage poupin rosé lui donnait l’air d’un ange. Mais sous le masque, un autre faciès sordide s’y cachait toujours, le plus égoïste de tous.
D’un pas voluptueux, Gothel se leva et chantonna en dansant. La cygne qu’elle était se déplaça vers son lit de soie bordeau en bois sombre avant de s’y asseoir pour se mettre du pigment à la cire, couleur sang, sur les ongles. Un embellissement qu’elle adorait tout comme le « maquillage » reproduit d’après les humains en les observants. Cela la changeait un peu de la confection de potions ou de sortilèges.
Elle en était à la moitié de son travail quand ses yeux remarquèrent une magnifique brosse en argent sur son lit. Elle ne se souvenait pas l’avoir dans sa collection ? Surprise, elle s’en empara en la scrutant de tous les côtés. Une belle pièce ! Elle la testa aussitôt, faisant onduler sa chevelure. Sur sa table de chevet elle attrapa son miroir de poche et se contempla. Ils brillaient encore plus qu’avant !
- Une vraie beauté, sans pareille ! La plus belle Fée du monde entier ! Je t’embrasserais toi hi, hi, hi.
Des miroirs, elle en possédait une bonne centaine dans son antre, de toutes tailles, toutes formes. Quel que fut l’angle où se posait ses yeux de cristal elle pouvait se noyer dans son propre reflet. Elle reprit alors la confection de ses ongles, se grattant la tête à deux reprises. A la troisième, Gothel s’immobilisa. Elle avait chaud… ça… démangeait… Prise d’un spasme, la Ténébreuse se releva et se frotta les cheveux avec vigueur, d’un cri douloureux. Plus les secondes passaient plus la brûlure sur son crâne était insoutenable ! Elle ne comprenait pas ce qu’il se passait mais la démangeaison était si intense qu’elle s’arrachait compulsivement des touffes de cheveux.
- AHHHHHH !!!
Elle se roula sur le sol, incapable de chanter la chanson de la guérison tant sa voix était cassée par ses cris. Il y eu alors un flash aveuglant comme un éclair, qui la força à fermer les yeux.
- Fleuuuuuur…. aux pééétalllllllles…. d’oooooorrrrrrrrrrrrrrrr !!! Hurla-t-elle de manière saccadée. Répppp….ands…. ta magiiiiiiiiiiiie….
- Inutile. Cela ne fonctionnera pas.
Sous la souffrance de sa peau dévorée, Gothel rouvrit les yeux de stupeur. La pulsation sous son crâne la rendit aveugle, elle dût s’y reprendre en plusieurs fois pour fixer la silhouette en face d’elle. Ses pupilles se dilatèrent devant la lumière qui luisait dans la main de son vis-à-vis… Elle toucha son cou… nu… Puis hurla.
- C’est ça que tu cherches ? Déclara Raiponce en agitant le collier avec une grande froideur.
Elle le déposa au sol devant Gothel qui se contorsionna dans tous les sens pour aller récupérer son collier magique. Raiponce la vit racler le sol avec ses ongles dans une grimace répugnante, se déplaçant comme un ver. Une répulsion prit la Lumineuse qui savoura sa vengeance en la toisant de haut. Le vrai visage de la Fée Noire Gothel, exposé au grand jour.
Elle lui laissa croire à ses chances de réussir. Elle lui laissa espérer comme les Noires le faisaient si bien avec eux depuis toujours. Puis, au moment où la disgracieuse Fée allait attraper son bien, Raiponce abattit sa masse dessus avec toute la force et la magie qui lui restait.
- NOOOOOOOOOONNNNNNN, ARGGGGGGGG!!! Ahhhhhhh, Ahhhhhhhhh…. !!!
Une lumière vive accompagna sa plainte, puissante, qui explosa devant les deux fées. Gothel sentit sa main se disloquer sous la masse en fonte tandis qu’une partie de sa peau s’enflamma au contact de la Lumière-Divine. Raiponce ne bougea pas, les bras tendus vers sa magie innée. Celle-ci se rattacha à son corps comme cherchant de nouveau à se compléter. Ses cheveux bruns luirent comme un soleil tandis qu’ils se mirent à repousser en une longue touffe de cheveux dorés.
« Pouvoir du Soleil,
Libère moi de la nuit.
Brille dans les Ténèbres,
Guérit notre vue assombrie !
Fais ce lever l’Aube
Toi qui resplendit !
Met fin au conflit,
QUE MON ESPOIR SCINTILLE,
QUE MON ESPOIR SCINTILLE ! »
A travers tous le Volcan, une lumière intense flasha, illuminant la montagne comme en plein jour. Dehors, les sirènes virent l’éclat resplendirent de toutes les ouvertures du cratère, comme si le soleil était à l’intérieur !
Raiponce était suspendue dans les airs, les yeux disparus dans un gouffre de lumière, les cheveux volants autour d’elle comme des serpents protecteurs. Gothel essaya de s’échapper, rampant vers le nid de l’Oiseau de feu qui s’était réveillé et hurlait sa fureur, faisant exploser la lave.
C’était comme un éveil après une très longue nuit. Raiponce ne fit plus qu’un avec ses pouvoirs, si soulagée qu’un poids énorme venait de s’envoler de son corps.
- C’est impossible !! Ma magiiiie !!!! MA MAGIIIIE !!! Beugla Gothel en suppliant la blonde de la lui rendre alors qu’elle se sentait flétrir.
Celle-ci la regarda comme on regarde un insecte sans intérêt puis se détourna.
- La vanité t’a perdue. Tu en es sa personnification même. Mais, au bout du compte, cela ne t’a rien apporté sinon un vide éternel dans ton cœur. Je te libère de ta souffrance.
Le bras tendu vers elle, Raiponce enveloppa la Fée boursouflée de brûlure d’un voile d’or. Gothel se flétrit de plus en plus comme si la blonde aspirait sa lumière et purifiait son corps poussiéreux. Elle se tortilla, chercha tous les moyens de s’en sortir, supplia, hurla, puis disparut en un tas de cendre. Sa forme originelle.
La grotte trembla, menaçante et furieuse. Raiponce sut qu’elle n’avait plus beaucoup de temps avant d’épuiser le reste de son pouvoir. Elle continua de flotter dans les airs, reprenant le sens inverse du chemin. Elle dut livrer un ballet aérien des plus précaires devant l’Oiseau de Feu qui cherchait à la dévorer et à la noyer dans la lave. Scintillante et aveuglante, elle joua sur les ombres et les jeux de lumière pour passer entre les rafales de laves puis fonça vers l’intérieur du cratère.
Elle se souvenait du parcourt, suivant les traces de son propre sang sur le sol. L’Oiseau répandit sa colère de lave à travers les boyaux à la suite de la blonde qui accéléra autant qu’elle le put. Elle se sentit rattrapée par la chaleur, sentant le magma empester comme les lacs acides.
A droite, à gauche, à gauche, tout droit puis l’antichambre apparue ! Elle devançait le magma de peu qui se répandit sur la glace en créant un gigantesque souffle de fumée brûlante qui remonta jusqu’à la chambre principale.
Raiponce fredonnait pour soigner les brûlures de sa peau en contact avec la brume et les rejets de laves tandis qu’elle pénétra dans la pièce centrale à vive allure. Elle alla s’y vite qu’elle loupa son virage et du repartir en arrière. Le magma explosa partout dans la salle de Drûun qui fit craqueler la magie de Jack.
De ses cheveux en lasso, Raiponce attrapa son bien aimé et s’envola vers les hauteurs. Sa magie commençait à vaciller… Elle avait peur de ne pas réussir à sortir de la cheminée à temps ! En dessous, elle entendit des hurlements d’une rare profondeur qui fit trembler toute la terre. Drûun, Pitch et Grimmel étaient réveillés ! Elle les imaginait mal mourir sous la lave, immunisés par leur nature cendrée. Le Phoenix furieux ne devait pas être loin car le couloir vertical fut illuminé par le brûlant de sa lave qui jaillit comme un geyser !
Jack papillonna. Il sentait son corps craquelé se raviver sans comprendre ce qu’il se passait. Son dernier souvenir : Le regard fou furieux de Pitch quand il activa son pouvoir divin avant de se sacrifier. Avait-il échoué ? Pourquoi était-il toujours en vie ?
Ses yeux s’agrandirent. Il était poursuivit par une coulée de lave sous pression, transporté vers le haut et entouré de cheveux blonds qui le ramenait dans le présent. Sa tête lui tourna. Il se dévissa le coup pour regarder Raiponce lutter de toute son âme, encore et encore, tout en volant… Sans ailes ?! Il pensa avoir perdu la raison !
Puis, comme un bouchon qui éclate sous la pression, la lave explosa en dehors du Volcan, provoquant une éruption gigantesque sous des énormes nuages de fumées cendrées ! Les sirènes présentes crièrent de surprise et rassemblèrent aussitôt leurs troupes.
La magie lâcha prise peu à peu… Raiponce sentait ses forces la quitter et elle sombra comme une pierre vers l’eau réchauffée et fumante. Elle eut à peine le temps de prendre une dernière respiration et d’allumer sa chevelure pour amortir la chute. Les fées s’enfoncèrent sous l’eau avec rapidité, prises dans les torrents chauds du magma rencontrant l’Océan. La Printanière lutta contre des forces qui la dépassèrent. La fatigue lui fit perdre connaissance tandis qu’elle s’enfonçait sombrement vers les limbes, les cheveux attirés par les reflux des bas-fonds en colère.
Tout lui sembla obscur, elle n’avait plus d’air dans ses poumons et battait vainement des bras et des jambes. Une main vers le Soleil qu’elle rêvait de revoir au moins une fois… mais… ce fut une ombre qui l’accueillie. Une ombre qui l’agrippa fermement tout en l’attirant à elle. Les yeux mi-clos, la lumière diffusée par ses crins s’éteignirent lentement mais elle eut le temps de les voir. Les deux perles glacées qui la regardait d’Amour.
Puis, une percée. De l’air ! Raiponce cracha tout son soûle, vomissant de l’eau salé par le nez. Une main dans son dos l’aida à regonfler ses poumons et à reprendre ses esprits. Elle était fraîche, douce… Son regard se posa sur Jack, bien vivant et aussi perdu qu’elle. Les larmes montèrent avant qu’elle ne tombe dans ses bras. Il la serra tendrement et passionnément tout en caressant ses très longs cheveux.
- J’ai cru… que tu les avais… perdu, s’exprima-t-il d’une voix éraillée.
Elle secoua la tête en riant, évacuant sa nervosité et sa peur.
- Ils l’étaient mais ils sont revenus.
- Cela… aurait été dommage… De si beaux cheveux…
Elle sourit en s’enfonçant dans son cou. Une chaleur douce remonta dans tout son être.
- Je t’ai retrouvé… Toi et mes pouvoirs… Je suis de nouveau complète.
Il la serra plus fort en baisant son front. Puis il la fixa dans les yeux, se plongeant dans ce regard qu’il aimait tant.
- Te revoir est le plus beau cadeau que je pouvais demander à Mère-Nature.
- Je t’ai cru mort, Jack !! J’ai eu si mal… si mal…
- Pardonne-moi… Je n’avais plus d’autres choix. Je voulais sauver Mérida et stopper ses fous… Je n’imaginais pas avoir le droit à une seconde chance…
- Tu pensais vraiment que je ne trouverais pas un moyen de te ramener ?!
- Ha, Ha, il est vrai que… au fond de moi… Je l’espérais.
Elle lui sourit avec affection et ils s’embrassèrent, crépitant l’air alentour sur leur petit îlot de glace. Jack les avait remonté à la surface en invoquant un iceberg. Il savait pertinemment que la glace était plus légère que l’eau, ce qui, inévitablement, les avait ramené sans effort.
De son côté, Raiponce était fière d’avoir enfin réussi à en finir avec Gothel. Elle en parla aussitôt à Jack devant le questionnement du retour de sa magie que Pitch lui avait pourtant montré perdu. Il fit mouver la glace sur l’eau pendant leur conversation pour atteindre le rivage le plus proche.
La blonde lui conta, dans les grandes lignes, qu’elle avait retourné la faiblesse de Gothel contre elle. La brosse en argent qu’elle avait dans son sac depuis son premier voyage chez les humains lui avait servi pour lui tendre un piège.
Tout d’abord, elle s’était glissée dans la grotte, esquivant le reflet de tous les miroirs pour s’approcher du lit. Par chance, la vanité de Gothel l’avait trop concentré pour remarquer la présence de l’intruse. Elle avait ensuite enduit la dite brosse avec de la sève de Mancellinier- création de Drûun, un arbre hautement toxique qui pullulait depuis qu’IL avait pris les commandes du Monde. C’était un arbre dont les feuilles, les branches, la sève, les racines, et même l’écorce était un poison ! Rien que la pluie se déversant sur l’arbre puis sur la peau d’une créature vivante pouvait brûler vif la peau ! A avaler, cela vous tuait en faisant gonfler votre gorge et vos poumons en quelques minutes.
Harold avait découvert cette plante pendant leur voyage vers le Volcan et prélevé des échantillons pour en faire des armes dévastatrices. Raiponce en avait un peu dans son sac… Elle avait alors mit son piège en place.
- Ingénieux ! Tu me surprendras toujours.
- On fais avec les moyens du bord, sourit-elle. J’aimerai moi aussi savoir ce qui s’est passé pendant ta captivité… Ton…sacrifice…
- Seulement si tu me racontes ce qu’il s’est passé pendant mon absence.
- Je…
Une gigantesque explosion les coupa court. Alors qu’ils descendaient sur la berge un immense coup de vent les balaya plus loin. Main dans la main, ils atterrirent douloureusement sur de la roche tout en regardant l’origine de ce remue-ménage. Derrière eux, une autre détonation, le Phoenix hurla et sortit de sa lave au-dessus du Volcan, prêt à tout détruire sur son passage. Drûun n’était pas loin, sa fumée éclatant sous la créature.
- Ça… Ça a marché...
Jack était fixé sur l’Oiseau avant de tourner ses yeux sur Raiponce qui les avait agrandit. Puis il observa dans sa direction et fut abasourdi par ce qu’il voyait. Il se frotta les yeux, mais non, il ne rêvait pas…
Un grand îlot venait d’apparaître fait de roches d’un bleu abyssal teintés de touche de violet améthyste et de plantes multicolores. Au centre de ce bout de terre collé à l’île du Volcan, un arbre brillait.
Troisième déflagration. Démentielle! Les deux fées se relevèrent à la hâte tandis qu’ils virent le ciel se recouvrir d’ombres en pagailles.
***
Plus tôt.
Eclair mena Harold, Mérida et Krokmou vers le Nid. Une détonation lumineuse les fit se coucher pour éviter les pluies de pierre qui chutaient sur chaque secousse.
- Qu’est-ce qu’il se passe ?! Beugla la rousse.
La terre trembla sans discontinuer et la chaleur monta d’un cran. Eclair et Krokmou accélérèrent le pas en grognant. Ils coururent à leur suite, essoufflés. Krokmou voulut les porter mais Harold refusait à cause de ses blessures. Mérida profita de leur parcours pour enchanter un objet qu’Harold lui avait confier quelques minutes plus tôt.
Une fois arrivé devant la prison odorante, Harold expliqua son plan. Il était simple…
- Sérieusement ?! Tu crois que… c’est faisable ?
- C’est à lui de décider. Alors ?
Krokmou hésita. Tous les yeux étaient braqués sur lui. Il fixa Harold profondément puis se tourna vers Mérida pour répondre. Elle opina.
- Il est prêt. Mais il veut que tu sois avec lui. Il refuse d’y aller sans toi. Parce que tu es son meilleur ami.
Emu, Harold cacha son visage que Krokmou vint lécher. L’Estivale rit de bon cœur tout en le serrant contre lui.
- D’accord, faisons-le ensemble. Je sais que nous pouvons le faire.
Le Dragon opina.
- Restez-là les filles. On s’occupe de tout !
Mérida et Eclair se regardèrent avec ce même sourire désabusé par la réplique des deux « mâles ». Car Krokmou avait pensé pareil.
Harold monta sur son dos comme le voulait son ami qui grimaça en retenant un cri. Puis, les deux se jetèrent dans le Nid à tires d’ailes en appelant tout le monde à les écouter. Les immenses têtes des créatures se levèrent en grognant à tour de rôle tout en préparant flammes et poisons. Il n’y eut aucun avant-propos, les attaques fusèrent de part en part autour du duo qui dût manœuvrer de concert avec dextérité pour esquiver les tirs.
Ils essayèrent de communiquer avec les dragons et les salamandres en leur demandant une oreille attentive et du calme. Beaucoup s’envolèrent, toutes griffes sorties tandis qu’Harold testa son appeau à dragons de sa confection. C’était une flûte ressemblant à un ocarina, quelque peu semblable à celle de Grimmel mais dont le son fût bien plus mélodieux. Mérida l’avait enchantée à la hâte peu avant, emplit de magie Animalière aimante. Pour Krokmou et les autres, ce fut comme entendre leur mère leur chanter une berceuse et les rassurer au creux de ses ailes chaudes et de son ventre maternelle.
Ils furent soudain moins virulent. Certains se stoppèrent, d’autres secouèrent la tête. L’Enchantement de Grimmel s’effaça lentement. A la place d’un cri sans fin de rage dans leur tête ils se laissèrent bercer par la musique aux notes enchanteresses. Les chaînes invisibles autour d’eux se détendirent, les laissant respirer et reprendre leurs esprits. Ce faisant, l’Alpha se leva aussitôt, voulant reprendre l’ascendant sur ses troupes. Il était toujours contrôlé par la haine, celle de Grimmel mais la sienne aussi.
Il poussa un puissant rugissement enflammé, forçant ses sujets à fuir dans les recoins, tremblants. Eux aussi détestaient les humains et voulaient la guerre, mais surtout, ils étaient encore plus en colère contre les Fées : Celles qui les avaient assujettit et celles qui les avaient abandonné depuis des lustres ! Une rage sans nom dévora leur visage de même que celui de l’Alpha, les dents claquant vers le duo. Toutes les créatures se hurlèrent d’un même ensemble derrière leur chef qui s’avança avec prestance. Ils allaient se décharger sur eux.
L’Estivale cessa sa musique, se cramponnant à son fidèle compagnon qui se posa devant le leader, les ailes bien ouverte en l’air, en signe de défi. Mérida se rongeait les sang, tremblante. Eclair n’en menait pas large, se posant à ses côtés tout en se collant à elle. La rousse se sentit privilégié par ce geste et y glissa sa main sur ses écailles. Elles se regardèrent sans rien dire puis reposèrent leur yeux sur la scène.
Les coups de pattes et de queues s’élevèrent sous la chappe de pierres volcaniques dans un écho terrifiant. Krokmou commençait à se sentir mal. Harold lui caressa la nuque tout en lui souriant.
- Tu peux le faire, j’ai confiance en toi. Je te protègerai. Donne tout ce que tu as !! Mon meilleur ami !
Le dragon noir, plus petit que ses congénères, gratta ses pattes sur le sol en opinant avant de faire face à l’Alpha. Celui-ci utilisa ses ondes depuis ses oreilles pour essayer de prendre son contrôle. La lutte mentale dura quelques minutes dans le brouhaha ambiant. Krokmou ne se laissa pas faire, il secoua la tête plusieurs fois tout en envoyant ses propres ondes emplit de conviction qui perturbèrent le géant gris aux défenses gigantesques et à la queue torsadée pointue. Le chef perdait sa prise. Malgré son aura, il n’arrivait pas à faire plier le petit noir dont la Fée sur son dos le caressait et l’épaulait de sa magie pure.
Autour d’eux, le vacarme s’amplifia, les secousses, la chaleur, les explosions… Rien ne déconcentra ce duel entre l’Alpha et son nouveau rival en titre. Mérida priait de tout son cœur, ballottée par les tremblements de la Terre. Eclair la protégea d’une chute de pierre. Son geste instinctif la prit elle-même au dépourvu tandis que la rousse la remercia en ce collant contre la dragonne blanche.
Furieux, l’Alpha lâcha prise et se recula au vu de la force de son adversaire. Il utilisa alors ses flammes rugissantes pour attaquer le premier.
« Brouuuum – Scratchhhh – Craccccc- BRRRRRRRRROUM »
La panique envahit la scène quand explosa de la lave par différentes fissures qui éclatèrent sur les dragons. Bien que résistants, ils furent prit au dépourvu et s’envolèrent comme des oiseaux après un coup de feu. Au centre, rien de perturbait la lutte. Harold protégea son ami des flammes voraces avec son bouclier enchanté tandis que Krokmou préparait sa riposte. Surprit, l’Estivale vit le dos de Korkmou s’arrondir en faisant ressortir ses piques dorsales tandis que son corps s’illumina d’une lueur bleutée envoûtante.
- C’est bien Krokmou ! Vas-y ! Montre lui qui est le patron ici !!
Lorsque les flammes cessèrent, Krokmou chargea une sphère de feu bleu d’une température bien supérieur à la lave elle-même. Il tira sa salve sur l’immense dragon qui hurla de surprise en reculant. Les pattes dans la lave il s’embourba, entourné par ses sujets en panique qui s’accrochèrent aux hauteurs entre des stalactites de pierres.
Tous furent attentifs à la suite où Krokmou tira, encore et encore, sur son rival qui n’arrivait plus à répondre. Ses flammes se perdaient dans sa gorge et ses forces mentales le quittait. Il se sentit submergé et prit peur lorsque Krokmou beugla sur lui avec une ferveur de lion.
Harold cria avec lui tel le leader qu’il était devenu. L’Alpha essaya de se rapprocher mais la nouvelle attaque lui explosa dessus en brisant une de ses défenses. Il perdit sa prestance pour se recroqueviller sur le mur du fond entre la lave qui dégoulinait sur lui. Krokmou s’avança en volant avec allure. Il se posa sur un îlot de pierre qui flottait, continuant à intimider la créature gigantesque.
Celui-ci observa ses sujets qui ne bougeaient presque plus puis fit la révérence devant le nouvel Alpha : Krokmou. Chacun en fit de même, pour ceux qui le purent, acceptant le nouveau Chef sans discuter. Krokmou les défia pour être sur d’asseoir son autorité sur le Nid, tournant sur lui-même en feulant et en crachant ses flammes bleus. Harold se tenait sur son dos, lui offrant une caresse de fierté.
Un cri les ramena sur terre. La lave arrivait derrière Mérida qui était coincée. Éclair n’hésita pas une seconde et l’invita à monter sur son dos. Bien que surprise, l’Automnale ne se fit pas prier pour grimper, offrant un regard de remerciement à la dragonne. Celle-ci prit son envole pour rejoindre le nouvel Alpha, montrant qu’elle était à ses côtés et qu’elle n’hésiteraient pas à rejoindre la bataille pour prendre sa place de seconde.
- On doit partir ! VITE ! Brailla Harold.
Krokmou opina et donna ordre à ses nouvelles troupes de le suivre hors du Volcan. On ne discutait jamais les ordres de l’Alpha même si la peur de Grimmel les fit hésiter. Harold les rassura en reprenant son ocarina pour éclipser les reste de l’hypnose qui les retenaient.
- Faites-nous confiance ! Cria Mérida entre les vapeurs brûlantes qui lui martyrisait la peau. Nous sommes là pour vous aider !! RÉELLEMENT vous aider !! Suivez notre voie, suivez votre Alpha !! Nous serons tous LIBRES !
Le message résonna en eux comme un chant patriote. Ils s’envolèrent d’un même ensemble, se rassemblant devant la paroi la plus fragile pour tirer des boules enflammées. L’ancien chef les rejoignit, baissant la queue en passant devant Krokmou, tirant une salve démentielle qui détruisit la roche en une longue fissure. La roche explosa en mille morceaux dans un chambardement des diables.
Krokmou et Éclair s’envolèrent en prenant la tête du cortège, ouvrant la voie avec leurs attaques de flammes et de foudre sur le flanc gauche du Volcan. Celui-ci s’effondra dans la lave en une pluie de pierre que les Dragons esquivèrent aisément avant de prendre la fuite à l’air libre.
Accompagné par leur chef et son second, ils retrouvèrent l’air frais du dehors en une masse de silhouette indisciplinée dans les cieux de plombs couvert de cendres.
Harold vit que le Volcan était entré en éruption et que l’Oiseau de Feu crachait sa colère au sommet. Mais il n’en avait pas encore fini avec la montagne du mal… Il fit demi-tour avec son ami pour aller chercher les prisonniers. Éclair les rejoignit sans hésiter ainsi qu’une bonne dizaine de volontaires qui voyaient en Krokmou et ses alliés à la magie pure leur nouvel espoir.
Ils parcoururent plusieurs dédales enlisés par le magma ardent qui fit s’embraser le corps des deux fées refusant d’abandonner leurs amis de la Cour des Miracles. Éclair les aida à parcourir le labyrinthe qu’elle connaissait par cœur.
Apparut bientôt les geôles où la fumée volcanique était étouffante et où le magma suintait par les murs. Dans les cellules, les captifs étaient au sol, inconscients et marqués par les brûlures.
Harold, Mérida, Krokmou, Eclair et leurs alliés ailés utilisèrent leur magie à pleine puissance pour défoncer les parois et entrer dans les geôles. La lave arrivait à leur niveau, ils jouèrent serrés, se précipitant tous vers une fée pour l’attraper par leurs pattes crochues et s’envoler vers la sortie la plus proche. Krokmou agrippa Bruno tandis qu’Eclair s’empara de justesse de Pocahontas.
Le Volcan se délitait. Grondant sa fureur et sa douleur. Les créatures slalomèrent entre les éboulements et les écoulements de magma, démontrant toute leur agilité et leur aisance de vol malgré les conditions précaires. Il y eut quelques pertes depuis leur déboire au Nid mais la grosse majorité des nobles créatures s’en sortirent.
Les Prodiges regardèrent si tous étaient bien là, voyant enfin le bout du tunnel en une lumière grisâtre.
Quasimodo toussa à s’en décrocher la gorge quand, enfin, il retrouva l’extérieur. Il inspira et expira de toutes ses forces, se remplissant d’air. Il chercha Sable des yeux qui se tenait à quelques mètres, lui aussi entre les griffes… d’un dragon ?! La panique le submergea mais il comprit rapidement que les créatures ne leur voulaient aucun mal car ils prenaient de grandes précautions pour ne pas les blesser tout en les protégeant contre leur ventre.
Dès qu’elle fut dehors Vaneloppé hurla de bonheur tout en remerciant son sauveur d’une caresse à la patte. Derrière elle, Aurore reprit conscience avec surprise en s’agrippant à son support volant tandis que John reprenait des couleurs en cherchant Pocahontas des yeux. Il ne la vit pas, inquiet, puis observa derrière lui.
Dans le trou béant et fumant d’où il venait, un cri résonna en écho.
Mérida roula sur le sol ardent en hurlant tandis qu’une masse sombre la plaqua en lui cognant à la tête. Harold fit aussitôt demi-tour sur Krokmou qui vit Éclair chouiner avec une de ses ailes tordues. Harold sauta en vol sur la masse en lui plantant sa relique brûlante dans le cuir, s’enfonçant loin dans la chair.
La Chose hurla sans bouger, décontenançant Harold qui se fit éjecter après une cabriole. Mérida se débattit tandis que des Ombres Noires émergèrent autour d’eux. Sans se démonter, l’Estivale, privé de sa relique, attrapa son bouclier et une hache pour empêcher les animaux de poussières d’attaquer Mérida. Celle-ci se débattit comme une lionne envers la poigne ferme de Mordu qui bavait sur elle de fureur, toujours sanglant et amoindri.
- Mais tu vas finir par me lâcher un jour !! Grogna-t-elle.
Harold abattit son arme une énième fois, la sueur et la fumée pénétrant ses yeux et l’empêchant de bien voir. Il se figea en voyant du sang perler sur le sol à grosse goutte. Il venait de frapper Elinor transformée en Ourse au lieu d’un monstre. Il se recula, choqué, quand un Loup lui mordit la nuque.
Un violent coup de crocs baveux se planta dans l’épaule de l’Automnale, beuglant de douleur, qui en profita pour attraper une de ses flèches et la lui planter dans son dernier œil valide. Mordu cracha du sang, gardant prise sur sa proie qui prit une autre pointe pour lui massacrer la patte. Un court relâchement lui permit de se glisser entre les griffes avant de brandir son arc pour frapper les loups noirs qui s’acharnait sur son aimé.
Harold put se relever en une grimace, voyant Krokmou faire le ménage avec ses flammes, suivit d’une Éclair furibonde qui fit éclater sa magie. Les Prodiges se retournèrent vers l’ennemi principal qui ne voyait plus rien et qui se frappait contre les murs en couinant. Mérida sortie alors son collier et invita Harold à la suivre.
- On doit le purifier de la malédiction ! Mère-Nature et les Noires l’ont assez fait souffrir. Je pense qu’il mérite enfin le repos.
- Son âme est… Commença Harold avant de se taire.
- Oui, brisée en milliers de morceaux par son châtiment.
La rousse inspira, dit quelques acrobaties puis sauta sur le dos de l’animal pour récupérer la relique de son ami. Harold fut impressionné, elle put utiliser son arme – pourtant unique à son porteur- pour frapper sous la gorge, sur son point faible. Mordu s’immobilisa, une plainte sortant de ses babines retroussées. Il suppliait en boucle qu’on l’achève, que seule Mérida entendait.
Elle posa le collier autour du cou de la chose sanglante, Harold suivant son geste. Puis ils invoquèrent leur Prisme Arc-en-Ciel pour l’envelopper d’une magie pure. Les colliers s’animèrent à leur tour, entraînant une réaction en chaîne qui fit s’illuminer l’Ours maudit.
Krokmou et Éclair virent la Chose reprendre une forme de Fée avant de sourire d’un air béat.
- Merci… Infiniment… Je…
Il attrapa le poignet de Mérida.
- Je n’oublierai jamais votre geste. Je regrette qui j’ai été… Grâce à vous, j’ai l’opportunité de me repentir … Merci… Du fond du cœur… Je vous offre mon pouvoir.
Mérida le vit lâcher une larme puis s’effriter en poussière. Elle se demanda si une graine allait sortir de son être et fut surprise de voir que oui. Une petite graine de châtaignier qu’elle ramassa.
- Il aura le droit à une seconde chance…, commenta la rousse.
- Mère-Nature est clémente même si elle n’est plus. Elle lui a laissé une chance de se repentir le jour venu.
Ils n’eurent pas le temps de disserter d’avantage. Le magma coulait dangereusement jusqu’à eux. Les Dragons les embarquèrent rapidement avec Elinor blessée, malgré la maladresse de vol de la dragonne à l’aile tordue. Bruno et Pocahontas restèrent interdit devant ce qui venait de se passer, trop faible pour parler.
Les derniers survivants sortirent enfin de la prison de lave mortelle qui explosa de tous côtés.