Fairy Big 4 : La légende des quatre saisons

Chapitre 38 : Obstinations

5823 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 3 mois

A la faible lueur de sa microscopique orbe de lumière, Raiponce avançait en boitillant, longeant les murs crasseux de poussières, laissant derrière elle quelques traces de sang frais. Respiration grinçante et encombrée, la suie s’infiltrait dans tous les recoins de son être. Seul ce courant d’air frais lui offrit une caresse de douceur dans cette fournaise infâme. Elle le suivit désespérément, cherchant la moindre sortie du regard.

 

Pourquoi continuer ? Pourquoi avancer ? Elle était incapable de s’arrêter. Incapable de renoncer. Elle savait qu’elle n’était plus en état de se défendre de la moindre attaque… Elle savait qu’elle ne valait guère mieux qu’une petite fourmis à l’agonie dans cet univers gigantesque. Que Mérida et Harold étaient trop loin pour les rejoindre… Pourtant, elle refusait catégoriquement d’abandonner. C’était en elle. C’était ELLE. Les paroles de ses amis qui comptaient sur sa personne la poussait toujours plus. Son espoir d’un monde meilleur. Les attentes de la Grande Fée Bleue, des Ministres et de Mère-Nature. Chaque respirations haletantes, chaque pas sanglants leur étaient dédiés.

 

Une douleur inattendue lui octroya un cri. Elle fixa son pied noirci par l’acide qui venait de rencontrer un amas de gel craquelé. Ce froid l’avait mordu jusqu’au fond de ses os. Consternée elle reposa son membre sur la glace, provoquant une vague de douleur mais aussi un profond bien-être juste après. Ses yeux parcoururent le boyau sombre parsemé de glace et de neige. Elle fit glisser sa mini orbe pour découvrir des murs blancs congelés au fur et à mesure du chemin.

 

Surprise, elle profita de cette douce neige pour se rafraîchir, se nettoyer et apaiser ses plaies. Un soupir d’apaisement effleura ses lèvres, délivrée de la crasse et d’une partie de ses douleurs. Elle se régénéra l’esprit avant de reprendre sa route. Qui avait-il au bout de cette glace ? Pourquoi de la neige dans un volcan ? Tout cela n’avait aucun sens ! Mais son cœur lui, connaissait déjà la réponse. Elle frémit, terrifiée à l’idée de ce qu’elle allait trouver.

 

Le couloir s’agrandit de plus en plus. Tous les tunnels finirent par se rejoindre en une antichambre entièrement blanche. La Printanière expulsa de la buée par la bouche, se demandant si elle rêvait. C’était comme si elle était retournée à Ahtohallan, dans cette grotte recouverte de stalactique glacées. Le froid la mordait et la craquelait déjà mais elle s’en fichait royalement. Un volcan gelé… Pas une trace de lave ou de suie… Tout semblait irréel.

 

Elle n’eut plus besoin de son orbe qu’elle révoqua. Dans ce palais des glaces, elle aperçut une ouverture digne d’un géant et s’y aventura. Plus elle se rapprochait, plus il faisait un froid intense. Ses pas étaient lents et lourds, sa respiration et son cœur aussi. La température devait être si basse que l’eau et le sang contenus dans son corps auraient étrangement dût geler depuis longtemps…

 

Elle se figea. Elle était entrée dans la pièce principale du Volcan. Ses yeux s’étaient agrandit. Elle cessa de trembler et observa la scène chimérique devant elle.

 

Un gigantesque être noir parcourut de striures violettes était figé dans une expression indéchiffrable.

 

Drûun…

 

Sa « bouche » était grande ouverte, tordue et ses « yeux » écartés formaient deux trous abyssaux. Il couvrait l’intégralité du fond de la caverne, sous la gigantesque cheminée dont la fumée s’était tarie. Raiponce regarda plus en avant. Grimmel était présent, se cachant le visage inutilement tout en étant tourné dans une position de fuite. Son jumeau, le Roi Noir, était lui aussi figé dans le temps et dans la glace. Son expression était une pure représentation de la rage.

 

Puis, elle le vit. Son Jack, son ami, sa moitié ! Il était au centre de cette scène grotesque, la main sur le pied du Roi, un sourire malicieux au bord des lèvres. Il ne bougeait pas lui non plus, le corps entièrement gelé jusqu’à ses yeux azurins, suspendu dans le vide.

 

- J…Ja….c…k..

 

Elle ne pouvait pas parler avec ce froid. Elle s’avança simplement vers lui, incapable de courir tant elle était lente. Pourquoi elle pouvait bouger ? Pourquoi elle ne mourrait pas de froid ? Parce qu’IL la protégeait. Même ainsi. Elle le sentait auprès d’elle et ne put pleurer. L’eau de ses larmes ne sortaient pas de ses yeux émeraudes.

 

De tout son amour, elle se laissa choir devant lui et posa une main sur son visage de cristal. Il s’était sacrifié. Il avait utilisé le Zéro Absolu à son paroxysme pour figer le temps et ses ennemis avec lui. Pour l’éternité. C’était tout lui, songea-t-elle. Protecteur, malin, courageux. Et prêt à tout pour ses amis.

 

Grâce à toi, nous sommes en train de gagner un temps précieux, lui parla-t-elle par la pensée. Mais je refuse que tu restes ainsi pour toujours. Je vais te sortir de là, mon Amour. Tu vis encore. Oui, j’en suis sûre ! Ton cœur ne bat plus, ton âme est figée mais tu es toujours là ! Je comprends à présent ! Et je suis soulagée !! Si soulagée… ATTENDS MOI. Je reviens vite.

 

Une flamme vint s’allumer en son sein. Quelque chose qu’elle n’avait plus ressentit depuis longtemps malgré son optimisme permanent. Jack était encore en vie et sa mission en bonne voie sans le trio ennemi le plus puissant pour les stopper. Elle sourit en fixant Pitch, Drûun puis Grimmel, leur montrant qu’elle leur ferait payer avant de repartir, tel un escargot, vers l’antichambre.

 

Elle savait ce qu’il lui restait à faire !

 

***

 

Harold enlaça Mérida avec tous l’Amour qu’il le put, lâchant des larmes de joies. L’un comme l’autre étaient dans un état de salissures et de faiblesses déplorables mais cela leur passaient largement au-dessus de la tête. La rousse se détacha pour le contempler puis l’embrassa avec passion, annihilant sa souffrance passé par ce simple contact chaud et réconfortant. Harold la saisi contre lui, d’une main ferme, et prolongea leur baiser jusqu’à plus soif.

 

La magie et l’air se mirent à crépiter autour d’eux tandis qu’une gigantesque ombre noire vint s’écraser sur le duo. Harold sentit son cœur bondir quand une langue visqueuse lui lécha le visage. Il attrapa la tête de Krokmou et la serra contre lui en le caressant, apposant pleins de baisers. Le Dragon frétillait de bonheur.

 

Mérida se décala pour les laisser et fixa la dragonne blanche avec un air de « Je te l’avais dit » sur la visage. Celle-ci pencha la tête sur le côté, songeuse et perplexe. Elle s’assit et admira la scène.

 

Quand Harold se libéra de l’étreinte, il rejoignit la rousse pour lui prendre les mains et plonger son regard dans le sien.

- Je pensais… que plus jamais je ne te reverrais. Si tu savais… Comme tu m’as manqué. J’ai tout fait pour…

Elle posa un doigt sur ses lèvres et se lova à nouveau.

- Je sais. Je ressens la même chose. Pouvoir à nouveau te serrer contre moi, te parler, te sentir… C’est tout ce que je désirais.

- Je ne veux plus JAMAIS te perdre. Pitié…

Elle opina largement en inspirant la chaleur et le bonheur ultime de leur étreinte. Ils redevenaient complets. Une bulle d’Amour se forma où plus rien ne comptait hormis eux deux et les dragons observateurs.

 

La rousse essuya la plaie sur le visage de son aimé avec un linge puis se décala.

- J’ai un endroit où l’on sera en sécurité. Suis-moi. Tu as vraiment besoin d’une douche!

- Ah, ah… Je ne dis pas non…

Il la suivit, main dans la main, avant de se figer.

- Raiponce… On doit aller la chercher !

- Je l’ai sentie, approuva Mérida. Des… « Amis » à moi la cherche. Ne t’en fais pas, on ira la rejoindre dès qu’on sera sur pied. J’ai couru jusqu’à toi à m’en faire saigner les pieds…

 

 

L’Estivale approuva en regardant son état lamentable et se laissa guider à travers le Labyrinthe. Il ne comprenait pas comment Mérida s’y retrouvait. On aurait dit qu’elle avait toujours vécu ici ! La tête emplie de question, il se fit entraîner dans une caverne dissimulée par un rocher où l’air était plus respirable. Une fissure apportait un courant d’air venu de l’extérieur , plusieurs centaines de mètres au-dessus, ainsi que de la condensation venue de la chaleur des bas-fonds formant ainsi une petite marre d’eau.

 

Ils se débarbouillèrent, pansèrent leurs plaies piquantes grâce aux remèdes d’Harold, mangèrent et burent tout leur soûle pour décrasser leur corps. Ce n’était pas très désaltérant mais mieux que rien, car la gourde d’Harold était déjà vide.

 

Pendant tout le processus, Mérida conta son aventure sous les nombreuses questions que lui souleva sa moitié.

 

**

[Il y a plusieurs jours]

 

Jack s’était sacrifié avec sa magie… Mérida avait fui sans se retourner pour se retrouver dans les boyaux sombres du labyrinthe. Elle avait pleuré, beaucoup, mais avait surtout couru sans jamais s’arrêter. Perdre son Lien avec Jack lui avait brisé le cœur et elle s’était effondrée lorsque ses forces l’eurent quittées.

 

Les fantômes de Valka, Angus et Thaddeus étaient à ses côtés pendant qu’elle utilisait faiblement sa magie. Uniquement sous la forme de feux-follets, ils l’avaient guidés dans le dédale, lui évitant les Dévoreurs, les Dragons et Mordu. Grâce à eux elle savait le Volcan vide de ses ennemis partit en guerre, à l’extérieur.

 

Seule, Mérida avait tout fait pour survivre car elle sentait qu’Harold et Raiponce arrivaient. La perte de Jack la hantait mais son esprit combattif reprenait toujours le dessus. Elle avait passé du temps dans des cavernes, à l’abris. Elle n’avait rien mangé mais bu beaucoup d’eau des mini-sources par-ci par-là. Valka lui avait d’ailleurs sauvé la mise quand elle avait failli boire de l’eau acide des lacs souterrains ! Ceux-là étaient contaminés par les gaz toxiques, le sulfure naturel du Volcan… Maintenant, Mérida était capable de voir la différence, surtout au niveau de la couleur.

 

Puis, après avoir vaincus des monstres de poussières qui l’avait retrouvé et fui Mordu qui s’approchait de sa position, elle avait décidé de sauver ses amis enfermés. Thaddeus avait fait ses recherches avec Angus. Ils l’avaient alors guidé à travers les allées sombres où elle n’y voyait pas à deux pas devant elle…

 

Les yeux plissés bien qu’habitués désormais à la pénombre, elle était tombée sur une horde de Dévoreurs, au croisement avant la salle qu’elle cherchait. A nouveau elle avait dût fuir… Elle avait chuté, se blessant à la cheville puis était grimpée sur les murs pour passer dans une embouchure cachée. La plupart de ses poursuivants l’eurent raté sauf deux qui la suivirent en changeant de forme. A l’étage supérieur, elle se fit acculée dans un cul de sac après plusieurs détours dans le noir…

 

C’est la fin, avait-elle pensé.

 

Mais elle ne renonça pas pour autant. Elle avait pris des cailloux pour les balancer vainement sur les monstres vibrant de cirrus violets terrifiants dans ce noir intense. Tout cela ne servant à rien, ni même sa magie qui n’aurait pas eu pour effet que de les alimenter !

Les Feux-Follets hurlaient à côté d’elle avec impuissance quand les deux Choses foncèrent droit sur la rousse. C’est là qu’elle eut un déclic. Le seul moyen de les vaincre était la Purification des « Sans-Talents »… Et cette magie… Elle en avait sur elle !

 

D’un cri désespéré, Mérida attrapa son collier, l’enroula autour de sa main et invoqua la magie à pleine puissance. Le Mini-Drûun explosa sur son homologue tandis que Mérida couru sur lui pour lui assener trois coups de poings. Une partie de sa magie fut aspirée en même temps et ses amis disparurent. Mais elle avait réussi à survivre et se rengorgea de sa trouvaille.

 

Le plus dur à supporter fut la solitude qui s’ensuivit. Ses pouvoirs avaient presque disparut mais elle sut qu’en se reposant un peu elle pourrait récupérer des miettes d’énergies.

 

Déterminée, Mérida avait grimpé dans les failles, glissée dans les fentes puis rampée dans les renforts entre ses ennemis pour atteindre la prison. Thaddeus lui avait soufflé des conseils comme un murmure dans le vent. Une fois devant les portes scellées de magie noire, elle put parler avec ses amis fées, les rassurer et leur promettre de les sortir de là. Mais ses efforts furent totalement inefficaces… Elle promit de revenir au plus vite, retourna dans le labyrinthe et fonça vers son nouvel objectif : Retrouver sa relique bourrée de magie !

 

Elle ne fut pas si loin de la prison, dans une salle annexe qu’elle mit une heure à découvrir. Sauf que… L’attendait là une ennemie redoutable. Un craquement d’éclairs illumina les lieux puis l’atteignit en pleine face. Elle se tordit de douleur avant de s’effondrer, secouée d’électricité.

 

Sortant de l’ombre, la dragonne blanche était prête à la dévorer, faisant claquer sa langue d’éclairs.

 

- Non, pitié… Ne laisse pas la colère t’aveugler… Je ne suis pas ton ennemie !

 

Mérida infusa toute sa magie d’Animalière qui lui restait tout en levant les mains en l’air. La Dragonne hésita. Elle gratta le sol de sa patte avant de reprendre l’invocation de sa magie.

- Ta colère est légitime ! Hurla Mérida qui prit la dragonne de surprise. Franchement, à ta place, je serais aussi prête à tout détruire !!! Mais… Tu te rends compte que tu es le jouet des Fées Noires ?! Tu n’es pas plus libre qu’avant ! Tu n’es qu’un pantin.

D’un grognement sauvage, l’animal sauta sur elle, la plaqua au sol tout en hurlant. La Créature Blanche comme la neige comprenait ses mots et pouvait même communiquer, chose qu’elle se refusait catégoriquement.

 

- Ose me dire le contraire ! La défia Mérida sans se démonter. Tu es sous l’influence de Grimmel et de l’Alpha ! Pourquoi ? Hein ?! Pour rien !! Tu souffres toujours et le monde libre dont tu rêves ils ne te le donneront jamais. Au fond tu le sais ! Tu es intelligente, ça se voit. A quoi bon continuer ?! Valka m’a raconté le traitement des tiens dans le nid volcanique. Tu acceptes ça ? C’est ça que tu voulais pour ton peuple ?!

 

Nouveau hurlement de rage, la dragonne la relâcha en lui assenant un coup de patte sans griffe. Elle avait touché juste. La pauvre créature était perdue et seule dans ce vaste monde qui avait toujours été hostile à leur race. Les humains, les fées noires et blanches, les autres créatures, tous…. Ils étaient tous pareil. Personne ne voulait d’eux. Elle était si seule… Il n’y avait plus personne de son espèce… Sa famille et son clan tué par les hommes avides. Sa liberté par les Noires… L’ignorance par les Blanches…

 

Sa douleur parvint à Mérida qui se releva douloureusement pour s’approcher d’elle. La Dragonne-Salamandre la menaça de toutes ses dents sorties, ce qui n’impressionna guère l’Animalière aimante qu’elle était.

- Laisse-moi t’aider.

La dragonne envoya sa queue pour la repousser avec force. Mérida revint à la charge, comme un air de déjà vu avec Angus.

- J’ai mal pour toi. Harold, mon ami fée est un grand amoureux des Dragons. Tu sais, c’est un ami de Krokmou, celui que tu as probablement vu ici. Ils s’aiment comme des frères. Et je l’aime aussi ! J’aime toutes les créatures de ce monde !! Je ne fais aucune différence avec les prédateurs ou les êtres différents.

Elle s’arrêta à son niveau pour la fixer dans ses yeux Saphir. Elle lui sourit.

- Tu me rappelle Jack, dit-elle le cœur serré. Ta couleur, ta solitude… C’est un autre ami à moi. Mais il vient de se sacrifier pour me sauver et protéger les Fées. *soupir* Ne pas être seule, c’est ça qui fait toute la différence. C’est de la que vient le courage, la motivation et l’espoir.

 

La Dragonne secoua la tête, douloureusement. Elle ne pouvait plus faire confiance. Elle ne pouvait plus se faire avoir et souffrir de la perte d’être chers.

- Soyons amie !

Elle lui tendit sa petite main sale. La dragonne souffla et s’écarta en refusant l’alliance.

- Tu sais, je suis du genre tenace, rit Mérida malgré elle. Si je vois un animal souffrir, je ne le laisse jamais de côté. J’aurais tellement aimé de présenter Angus. Une buse d’une grande loyauté.

La queue bâtait, agacée mais aussi songeuse. Au moins n’était plus encline à la dévorer. Mérida revint à la charge plusieurs fois en lui tournant autour. La Créature fini par la plaquer au sol et la fixer de près.

 

- Si tu m’aides à sauver mes amis, je t’offrirai la liberté que tu désir tant. Pour toi et les tiens.

« Je ne te crois pas. Tes paroles ne valent rien »

- Ah ! Quelle jolie voix ! C’est dommage de me l’avoir caché. Mais si les mots ne vont pas alors laisse-moi te le montrer par des actes. Laisse-moi te prouver que je te veux du bien. Et à tout moment tu pourras me manger si je te trahis.

La dragonne plissa les yeux, la jaugeant. Elle finit par relâcher Mérida et s’assit.

« Je te laisse une chance. Mais vu ton état, je n’attends rien de toi, minuscule créature »

- C’est vrai je suis toute petite, opina Mérida. Mais ne me sous-estime pas. Tu verras, quand Harold sera là, tu comprendras tout de suite ce qu’est l’espoir pour votre avenir et l’amour inter-espèce. Lui et Krokmou ont un lien plus fort que tout. Nous ne sommes pas comme les Noires, nous ne dominons pas. Nous protégeons et aimons. Nous vivons en harmonie.

« Harold…IL en parle souvent. Cela m’intrigue, avoua-t-elle avec hésitation. Mais votre espèce nous a toujours craint et laissé pour compte. Ce que tu dis me semble chimérique. »

- Je ne sais pas pour le passé, c’est fort possible, déplora Mérida. Mais les choses vont changer. JE les ferais changer. Rien n’est immuable. Il suffit de se lancer. Alors… amie ?

« Non. »

- Hum, tu es retords. J’aime ça, sourit l’Automnale. Je sens qu’on va bien s’entendre toi et moi. On a un tempérament similaire.

 

La Dragonne ne répond pas mais ne fit plus de menace. Sa queue s’était calmée. Mérida se reposa quelques minutes puis revint vers elle peu après.

- Peux-tu me guider jusqu’à Krokmou ? S’il te plait. Je suis inquiète pour lui.

Elle pesa le pour et le contre puis opina. Mérida la remercia tout en attrapant sa relique avec ses flèches, accrochées à un mur comme un trophée de chasse. Il manquait toujours quatre flèches dans son carquois, fichés dans le corps de Mordu…

- Allez, ça va le faire. Harold, je compte sur toi pour venir nous chercher.

 

Précédée de la créature albâtre, Mérida la suivit un peu plus loin, dans une chambre magmatique. La chaleur lui fut insoutenable mais elle se força à avancer. Elle suait à grosses gouttes. Frustrée par la lenteur, la dragonne la prit dans sa gueule et l’emmena jusqu’à la prison du dragon noir. Elle la balança à terre sans ménagement avant de lui indiquer une cage métallique.

- Merci… Euh… Mince, c’est pas facile de t’appeler si tu n’as pas de nom. Hum… Je sais, je vais t’appeler Eclair ! Ça te vas bien.

Surprise, la dragonne haussa un sourcil. Elle observa Mérida foncer vers la cage pour caresser un Krokmou allongé et fiévreux.

 

- Sainte-Mère-Nature ! Que t’ont-ils fait ?!! Mon pauvre ami !!

« Grimmel l’a torturé et forcé à ce soumettre. Avec sa magie et avec l’Alpha. Mais… Il a résisté jusqu’au bout. Je n’avais jamais vu ça… »

Elle semblait regretter d’avoir assister à cela sans rien faire. Mérida opina lentement.

- Tu es fort Krokmou. Plus que moi… Ne t’en fais pas. Harold va venir nous chercher.

Un son plaintif mais heureux sortit du dragon. Il fut content de voir que le pouvoir de Mérida avait encore évolué car auparavant, communiquer avec lui de cette manière était impossible.

- Il faut le sortir de là. Tu peux m’aider ?

 

Eclair fit exploser sa magie sur la cage tandis que Mérida utilisa son pouvoir et son cristal pour briser le sceau des Ténèbres. Cela fonctionna au bout de trois essais. Mérida lui retira ses chaines après que son amie les ai faites fondre puis elle aida Krokmou à boiter en dehors de sa prison.

- Ça va aller. On ne te laissera jamais tomber.

« Je sais. »

Elle lui sourit et l’enlaça avec magie pour l’apaiser. Le nombre de plaies sur son corps étaient incalculables… Elle entreprit de las cautériser avec des pierres brûlantes, le faisant beugler. Elle fit ensuite glisser un peu d’eau de sa sacoche de fortune pour le nettoyer et le câlina comme une mère.

 

Eclair se sentit toute chose devant cette scène. Ils sortirent ensuite, retournant à la prison pour essayer d’ouvrir les cages. Le verrou résista à nouveau malgré la relique, les éclairs et le feu.  

- Merde !! Pourquoi rien ne marche ?! Beugla Mérida de rage.

- Il faut une magie plus puissante et plus pure, commenta Quasimodo.

- Mettons nous-y tous ensemble ! Avec ta Purification et nos pouvoirs combinés.

- Comment ? Questionna Aurore dans l’autre cellule. On a plus de magie. C’est terminé pour nous. Je suis vide.

Tous approuvèrent à ce constat. Seul Quasimodo avait encore son don actif.

 

Mérida jura puis reprit courage.

- Les jumeaux et Drûun sont coincés. Les autres sont tous partis. Vous ne risquez plus rien ici. Je vais chercher mes comparses Prodiges et utiliser le Prisme. Je vous promet de revenir vite !

- On le sait, sourit doucement Pocahontas. Va faire ton devoir. Nous ne serons pas loin avec toi.

Elle toucha son cœur.

- Ensemble vol les fées, sourit Mérida et tous les autres reprirent la phrase à leur tour.

 

**

 

Harold avait écouté le récit en silence tout en prenant soin de panser Krokmou et Mérida avec ses onguents. Il avait ensuite conté sa propre aventure sous les oreilles attentives d’Eclair. Celle-ci s’approcha d’Harold avec curiosité. Krokmou fut sur la défensive mais il le rassura et se présenta à la noble créature en faisant une révérence.

 

- Je ne t’en veux pas, sourit l’Estivale avec tendresse. Après ce que Mérida vient de me raconter et ce que j’ai vu au Nid… Je ne peux que me résoudre d’avantage à vous protéger. Il faut que l’on trouve une solution pour vous libérer des Noires.

Eclair opina simplement tout en ne cessant de le fixer. Lui et Krokmou était collé comme des siamois, se câlinant, plaisantant et se reposant.

 

La queue basse elle vint s’excuser auprès du dragon noir qu’elle avait trompé avec ses charmes et envoyé ici pour se faire torturer. D’abord Krokmou grogna mais il finit par s’adoucir devant ses yeux bleus de biches. Il était touché par sa détresse lui aussi et il comprenait. Avant sa rencontre avec Harold, il était son miroir tout craché. Il finit par se soulever et lui offrit une petite léchouille sur la joue. Surprise, la dragonne se recula et tourna la tête.

 

Mérida en rit discrètement avec Harold, content qu’ils se soient pardonnés.

 

- Bien, si on veut avoir une chance de sauver les prisonniers… Il va falloir retrouver Raiponce.

- Thaddeus et Valka vont nous guider. Ne traînons pas. Le temps joue contre nous.

Il opina tandis qu’Eclair poussa un appel en se plaçant devant eux. Mérida déchiffra ses mots et se retourna vers Harold.

- Elle veut qu’on sauve les dragons d’abord.

- Si on tue Grimmel, ça devrait résoudre une partie du problème. Mais comment faire alors qu’il est gelé… commenta Harold. A moins que…

Son regard lorgna sur Krokmou.

- Hum… J’ai peut-être une autre idée. En fait…. Oui, il n’y a pas trente-six solutions.

 

Tous le regardait tandis qu’il se mit à sourire. Il avait enfin comprit comme les sortir de là !

 

***

 

- NOOON !!

 

Milo, défiguré et sanglant, regarda son ami l’Alpha se faire massacrer par une vingtaine de Noires et s’étaler de tout son long en plein milieu du champ de bataille dans un dernier râle d’agonie. Le noble animal était transpercé de tout côté par des pics acérés de roches volcaniques au feu noir qui dévorait sa carcasse sans vie et les alentours.

Kristoff retint le Purificateur de faire une bêtise tandis qu’ils se repliaient de plus en plus dans la grotte, leur dernier rempart. Autour, les Créatures Fantastiques fatiguaient mais continuaient leur lutte acharnée. Les Ténébreux s’approchaient dangereusement de leur position, vicieuses et cruelles. Certaines étaient tombées mais le plus gros des troupes restaient en large surnombre par rapport à eux.

 

La magie s’était épuisée…

 

La bataille prit un mauvais tournant après la mort du protecteur glacé du Monde-Caché. Le grondement de la guerre s’amplifia à travers la grotte fissurée tandis qu’Esmeralda, Mulan, Astrid, Raya et Eret prirent le commandement de l’avant-poste suivit de Geulfor, Éric, Ariel, Elsa, Blanche, Jane, Tarzan et les autres qui tinrent leurs positions grâce aux armes astucieuses des Bricoleurs, tous là en vaillant soldats pour la dernière et ultime barrière devant le successeur de l’Arbre-Monde.

 

A l’arrière, Anna, Kristoff, Giselle et Cendrillon s’occupaient des blessés et des mourants en priant pour leur voyage vers le « Monde-d’Après » – si t’en est qu’il existait toujours… Phebus s’occupait de garantir leur sécurité en bloquant les projectiles, toujours blessé mais incapable de resté inactif, en les protégeant d’un large bouclier recouvert de pointes de hérisson. Il scrutait Esmeralda se battre comme une lionne, la fierté au visage et l’espoir en son cœur.

 

- On ne tiendra pas… !! Beugla Anna pour couvrir le vacarme tout en fixant Milo qui tirait partout avec sa lance magique quasiment épuisée. On doit trouver un moyen de fuir !!

- Impossible de déraciner le nouvel Arbre !! On doit tenir nos positions ici !!

- On ne peut donc rien faire ?! Jura Kristoff, amer.

- Tenir. Espérer que les Prodiges fassent quelque chose ! Déplora Cendrillon. Ayons confiance en eux ! On est loin d’être faible !

Anna observa le champ de bataille et finit par opiner.

 

Elle vit Mulan, fière, agile et vaillante se battre contre un Shang Transformé et un Shan Yu puissants. Le sang qui perlait de sa joue et de son ventre ne semblait pas la retenir de combattre. Elle avait déjà vaincue quelques Noires et Transformées depuis le début des hostilités. Les autres suivaient un schéma similaire dont un puissant duel entre Raya et Namaari qui fit trembler les eaux alentours. Sur sa monture, Esmeralda menait la charge en compagnie d’Elsa et Blanche qui en avaient encore sous le coude.

 

Toutes les Fées semblaient danser dans les airs -avec leur insectes- et sur la Terre. Les coups, les blessures, la hargne. Jamais une telle bataille avait eu lieu de mémoire de Fée, songea Geulfor, fier de son peuple.

 

Soudain, une explosion vint faire vriller le Monde-Caché tout entier qui commença à s’effondrer lui-même. La cohue devint une débandade incontrôlable tandis qu’une grande lumière explosa alentour, multicolore et vive.

 

 - HOURRAAAAAAAAAA ! HOURRRRRRRA !!! J’ai réussi !!!! ON A REUSSI !!

 

La fée la plus proche fit les yeux ronds. Kida, agonisante, observa Varian danser sur place tout en hélant tout le monde avec un mégaphone en feuille de palmier. Personne ne comprit rien hormis le fait que cette lumière semblait bienveillante.

 

- Il y a toujours plusieurs solutions à un même problème ! Se rengorgea le Bricoleur talentueux. Que tout le monde entoure l’Arbre !! On va faire un long voyage !!!

 

Geulfor fut abasourdi puis sourit franchement en allant chercher toutes les fées qui traînaient à l’arrière. Les Animalières : Cendrillon, Jane, Tarzan et Giselle, appelèrent les Créatures Fantastiques à les suivre tandis qu’ils se massèrent autour d’un étrange cristal bleu.

 

Puis, au moment où tout le monde fut entassé dans les reste de la Grotte Miraculeuse, un flash dérouta les Noires qui, les secondes suivantes, se figèrent sur place…

 

Un trou béant, un vide… Plus rien n’était devant eux.

 

***

 

Elle savait où aller. Elle entendit l’appelle.

 

Déambulant entre les restes de glace et de vapeur chaude du Volcan, la brunette se mit à courir, boitillant toujours de son pied droit endoloris, la main sur sa plaie ventrale qu’elle avait recousue et apaisée provisoirement avec de la neige.

 

Elle n’écoutait plus que son instinct, distinguant les sons uniquement perceptibles par elle. Son pouvoir lui chantait comme une berceuse à l’oreille. Elle ressentait ses vibrations, ses murmures à travers le Volcan. Il était ici et l’attendait. Il voulait retrouver son hôte d’origine.

 

Malgré son état, Raiponce était déterminée. Avec sa masse et son courage elle se perdit à nouveau dans le dédale. Mais cette fois-ci, elle invoqua sa petite orbe pour la guider en la laissant rejoindre sa magie-sœur. Elle vogua avec lui à travers des couloirs de nouveau remplit de poussière et de chaleur étouffante.

 

La sueur collée sur son front, elle traversa plusieurs grandes salles de repos ou d’amusement des Fées noires sans s’y attarder. Parfois elle vit des lacs d’acides, et plus elle descendit, plus la fournaise lui retourna les tripes. Après le froid intense, la chaleur excessive. Sa vie ne tenait plus qu’à un fil mais elle s’y accrochait avec ardeur.

 

Arrivée devant une embouchure elle glissa sur une mélasse de poussière ramolli puis se retint de justesse. Plus bas… un lac de lave bouillonnant. Elle se dit que sans la bénédiction de Mère-Nature à sa naissance, jamais elle n’aurait survécu ici. Ses poumons auraient pris feu en une seconde…

 

Puis, elle se raidit. Au centre du lac, un oiseau de la taille de Drûun barbottait. Elle se rappela de qui il s’agissait… L’Oiseau de feu. Le protecteur des lieux qui attendait probablement les ordres de son Maître pour se déchaîner. Par chance, celui-ci était figé dans le temps… Mais L’Oiseau s’impatientait.  Il était fait de lave et prenait la forme d’un gigantesque Phoenix.

 

Raiponce déglutit tout en s’éloignant à pas feutré. Elle fut si faible que la chose ne sembla pas la repérer.

 

C’est de l’autre côté de la chambre magmatique, dans une grande alcôve cachée qu’elle la vit. Gothel se pavanait dans une large pièce d’aspect royale et confortable, cachée par SA magie de Lumière-Divine. Un lieu qu’aucun Ténébreux n’aurait pu trouver, mais pour elle, c’était comme un panneau d’indication tout tracée. Elle s’était fait son petit nid, son repaire rien qu’à elle tandis qu’elle chantonnait en se brossant les cheveux devant un miroir et en chantant.

 

Prenant une très grande inspiration. La brune se prépara physiquement et mentalement. Elle s’avança comme un chat, prête à prendre son ultime revanche. 


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