Fairy Big 4 : La légende des quatre saisons
Une gigantesque vague de froid s’abattit sur toute la planète. Les températures chutèrent drastiquement ne laissant plus le thermomètre atteindre le positif. Ce climat était provoqué par le Roi Noir et son Père pour en finir avec les Survivantes -hors Hivernales- qui, bientôt, se figeraient dans la glace avant de craqueler et de disparaître en miette.
Les premiers à subir le gel furent Harold et Raiponce. Sur la route qui les mena au Volcan, les température glaciales les tétanisaient chaque jour un peu plus, désormais transis de froid et de chagrin. La mort de Jack avait levé son sortilège de protection, laissant désormais les fées de saisons chaudes s’éteindre à petit feu…
Du feu, Harold et Raiponce en faisaient à toutes les pauses. Emmitouflés dans des couvertures et dans des tenues chaudes, ils essayaient tant bien que mal de rejoindre leur destination. Ils avaient créé, à deux, de quoi survivre grâce aux dons généreux des animaux, en fabriquant des doudounes duveteuses, des polaires ainsi que des pulls en laine, des pantalons et des bottes fourrés. Par chance, ils étaient les plus créatifs de leur groupe et les plus habiles de leur main. Mais cela n’était que temporaire. S’ils n’agissaient pas assez vite… Ils finiraient par ne plus pouvoir bouger.
Les Prodiges se firent violence. A chaque nouveau départ, ils se préparaient physiquement et moralement pour la suite, enfourchant des mésanges, des moineaux et d’autres petits passereaux, les seuls à supporter le climat. Aucun insecte ne pouvait plus les aider désormais.
Bientôt, un nouveau problème se profila devant eux : ils leur fallut traverser le gigantesque Océan-Central. Sauf qu’aucun animal ne pouvait les aider, n’étant pas taillé pour le vol à longue distance. L’impasse dans laquelle se trouva soudainement le duo brisa un peu plus leur motivation…
Si seulement… ils avaient pu voler à nouveau. Fendre les cieux leur était devenu vitale, ils étaient en manque et si déprimés qu’ils n’arrivaient plus à penser. Aucun être vivant à l’horizon à qui demander de l’aide… Ils avaient pourtant appelé, en vain. Ils avaient essayé d’attirer des dragons-salamandres avec un appeau -création d’Harold-… Ou un Phoenix… Un Esprit…N’importe quelle créature ayant le pouvoir de les sortir de là… Mais rien…
L’un contre l’autre, devant leur feu de camp, les Fées commençaient à s’endormir. Non pas de sommeil mais plutôt d’une fatigue lasse. Leurs corps s’engourdissaient, ils ne tremblaient plus. Harold pensait à Mérida qui l’attendait car sa flamme de vie était toujours là bien que faiblarde ! Il se fit violence pour rester éveillé. Raiponce regrettait le manque de ses cheveux qui aurait fait une couverture magique de survie sans pareille. Elle sentait Jack l’appeler de l’au-delà. Lui dire de venir le rejoindre et de déposer enfin les armes. Cela ne lui ressemblait guère, elle papillonna pour garder conscience. Son esprit perdait la tête !
Elle crut rêver quand elle rouvrit les yeux. Une main chaude et humide venait de la saisir et de la tirer vers l’eau. Elle se mit à hurler et appela Harold. Il lui répondit de la même manière. Désormais bien réveillée, la Printanière s’agitait tout en fixant deux grands yeux bleus Saphir. Un humain ?!! Non… c’était… autre chose.
« Pauvres petites. Vous êtes congelées. Laissez-moi vous réchauffer.»
Raiponce entendit une langue chantée inconnue à l’oreille mais son esprit put la traduire grâce à ses pouvoirs issus de Dame-Nature. Elle déglutit et laissa la créature la couver contre sa peau humide. Elle put l’admirer plus en détail. Ses longs cheveux blonds nattés pourtant mouillés étaient impeccablement gonflés comme si l’eau ne les ramollissaient pas. Ses oreilles étaient pointus avec de la peau transparente comme une nageoire et son cou recouverts de branchies. Sa peau était lisse tandis que le reste de son corps et une partie de ses avants bras étaient composés d’écailles brillantes de couleurs carmin et or. Elle portait également un élégant haut de perle et algues colorés recouvrant sa poitrine et son buste.
- Une… sirène… Je n’en crois pas mes yeux… Souffla Raiponce. C’est la première fois que j’en vois une !
La sirène se mit à rire d’une voix mélodieuse. Elle faisait partie de l’espèce dominante des océans, affiliée à Mère-Nature par leur pouvoir inné de l’Eau. Elle comprenait parfaitement la Fée, elle aussi dans sa tête. Harold n’en revenait pas. Un triton d’une grande pâleur le tenait aussi et lui souriait. Ils firent ainsi connaissances tout en expliquant leur quête.
« Vous souhaitez vous rendre dans l’antre du Malin ? Nous connaissons la route, nous pouvons vous y conduire, Répondit la sirène avec sa couronne en or, en perles et en corail sur la tête. »
- Merci ! Infiniment ! Nous étions dans une impasse…
« L’Eau et les Abysses sont notre domaine, s’exprima le Triton d’un chant harmonieux et envoûtant, probablement un Prince vu son accoutrement et son trident doré aux pierres précieuses. L’entraide est ce qui fait notre force, il est normal que nous soyons là pour vous, Êtres de la Terre et de l’Air. Vous êtes les petites mains de Mère-Nature après tout. »
« Nous luttons également comme nous le pouvons, sous la surface, pour protéger notre Monde et notre peuple, expliqua la Sirène tout en appelant des amis avec un coquillage. Nos Coraux-de-Vies sous-marins ont été détruit par des créatures sombres envoyées du Malin … La faune et la flore se meurent et nos peuples souffrent du froid et de faim. Mais nous continuons à nous battre et à survivre. Il faut que quelqu’un en finisse avec le Malin… Malheureusement, ils nous est impossible de l’approcher. La magie qui l’entoure a tué les plus forts de nos guerriers. Et nous ne pouvons-nous permettre de perdre nos protecteurs. »
« C’est pire depuis le grand froid. Nous vivons autour des cheminées aquatiques, ayant quittés nos royaumes. Si vous pouvez y remédier, en tant qu’envoyées de Mère-Nature, nous serons ravis d’y apporter notre soutien. »
Les Sirènes semblaient abattues elles aussi. Raiponce reprit courage et leur sourit autant qu’elle le put.
- Nous sommes ici pour ça. Et nous ferons notre maximum pour accomplir notre devoir.
- Comment nous avez-vous entendu ? Questionna Harold, toujours curieux de comprendre.
Autour d’eux des dauphins, des pingouins et même des baleines sortirent de l’eau pour les saluer. Les Sirènes emmenaient leurs amis ailés loin vers le large en les posant sur leur tête et en commençant leur voyage à la nage. Une sirène à la robe améthyste et aux cheveux de feu sortie de l’eau pour lui répondre.
« Nous avons l’ouïe fine et les ondes envoyées par l’Esprit de l’Eau, Nokk, nous ont dirigé vers vous. Il y a des appels que seul le cœur et nos Liens peuvent sentir ».
Les Fées opinèrent, reprenant enfin la route bien accompagné. Les Sirènes les réchauffèrent avec des pierres volcaniques venues des bas-fonds, entouré d’une magie du chant bien à eux. Cela fut un peu plus supportable tandis qu’ils firent connaissances pendant le voyage.
Ils apprirent ainsi que leur « moyen de transport » étaient les Roi et Reine actuels des Sept Mers, ayant perdus leurs familles respectives pendant les violents tsunamis et houles des fonds-marins de ses dernières semaines. Drûun leur avait tout prit. Malgré leur jeune âge et entouré d’un amour évident, ils avaient pris place sur le trône des Sept Mers et tentaient de sauver ce qu’ils pouvaient.
De même, les Sirènes et Tritons présents qui s’agrandissaient au cours du voyage à leur côté, apprirent qui étaient les Prodiges et leur rôle à jouer. Ils étaient nés des Quatre Essences Primaires pour protéger le monde de Drûun et apporté la lumière sur les ténèbres. Pour être le bras armé de Mère-Nature et de la catastrophe en cours.
C’est d’autant plus motivé que le peuple des Océans accompagnèrent les minuscules Fées vers la Terre du Malin.
***
Bientôt, les contours hachés, tranchants et sombres du Volcan apparurent. Harold déglutit en voyant la taille de l’Antre de Drûun, entouré d’autres volcans plus petits ( bien que gigantesque eux aussi) dans une ceinture de feu terrifiante. Raiponce fronça les sourcils en regardant l’énorme colonne de fumée crachant des éclairs violacés d’une lourdeur qu’elle ressentit jusqu’à sa position.
- Nous y voilà…
« Nous ne pourrons pas approcher plus près…, avoua la Reine des Sirènes. La Magie Noire est trop épaisse. Nous ne la supportons plus. »
- Ça ira, vous nous avez déjà sauvé la mise. Laissez-nous le reste. Merci infiniment.
« Puissiez-vous réussir dans votre entreprise, répliqua le Roi. Le peuple et le Cœur des Océans seront avec vous ».
Après des aurevoirs remplis de douceur et d’espoir, les aquatiques retournèrent sous l’océan, faisant claquer leur queue pendant la plongée. Admiratifs, les Prodiges les regardèrent disparaître puis furent emmenés par un dauphin jusqu’à la terre la plus proche. L’animal se sentit très mal, lutta, puis repartit en faisant une cabriole devant eux.
Une fois seuls, les Fées se tournèrent vers le Volcan, ayant l’impression d’étouffer sur place. Au-dessus d’eux, une pluie de suie mélangée à de la neige les accabla d’avantage. Mais le froid devint de plus en plus supportable à mesure qu’ils approchèrent du massif cracheur. Cela permit à l’Estivale, le plus touché, de reprendre des couleurs.
- J’espère que Krokmou et Mérida vont bien…
- L’Une est encore là… Je me demande bien pourquoi Jack est… parti, mais pas elle.
- Nous le découvrirons une fois entrée.
Harold sortit ses jumelles et se plaça en hauteur pour inspecter les environs. A sa grande surprise, il n’y avait aucune Fées Noires en vue. Il en fit part à Raiponce qui réfléchit un petit moment avant de prendre la parole.
- Ils se pensent probablement intouchables, formula-t-elle en faisant les cent pas. Pour eux nous sommes déjà morts. Nous avons bien fait de parier sur leur fierté. Jamais ils ne nous penseraient assez fou pour venir ici.
- C’est vrai que même moi j’ai du mal à y croire, rit Harold avec angoisse. Je suppose que le gros des troupes est parti comme prévu à l’attaque des Résistants de la Lumière. Jack et Mérida ont dut finir par lâcher des informations, si on en croit la douleur qu’on a ressenti… Ou alors nos ennemis nous attendent à l’intérieur.
- Essayons de trouver l’issue la plus discrète, approuva Raiponce. Même si Thaddeus évoquait un labyrinthe… On devrait bien finir par trouver Mérida grâce au Lien.
- Ce qui m’inquiète, reprit Harold. Ce sont les Dragons. Si on tombe sur une nuée de Salamandres, on ne pourra rien faire. Et il faut aussi qu’on retrouve Gothel pour lui reprendre ton pouvoir d’une manière ou d’une autre.
- Si tant est qu’elle se trouve là… A mon avis elle est partie se battre.
Ils soupirèrent de concert. Leur plan était aussi hasardeux que fous mais c’était le seul qu’il avait. Les autres faisaient diversions et protégeait le bébé Arbre-Monde. Et eux… Ils s’infiltraient discrètement pour retrouver leurs amis. Un pari fou qu’ils étaient prêt à prendre sans hésiter.
- Qu’est-ce que c’est ?
Raiponce fixa Harold avec interrogation. Il venait de sortir un étrange cristal en forme de losange. Il lui sourit avec un air énigmatique avant de continuer à vider son sac. Un socle en pierre couvert de runes, des pierres précieuses tout autour, du fil d’araignée, des bâtons ornés de symboles …
- On dirait une pierre de communication comme on en avait dans la Vallée. Mais qui sont devenues inutiles depuis que nous n’avons plus de Poussière de Fées… Constata la brunette.
- Ce n’est pas la même chose mais le procédé s’y rapproche. Ceci est un transporteur que nous avons mis au point avec Varian. On y a travaillé d’arraches-ailes.
Songeuse, elle observa son meilleur ami creuser un trou pour installer le socle avec les pierres puis y plaça les bâtons en croix, les liants avec un fil de soie, avant de poser la roche bleutée au centre. Il l’enchanta ensuite avec sa Main de Diamant et se recula.
- Voilà. J’espère que ça va fonctionner… Mais, sans Poussière de Fées je suis plutôt pessimiste. Je garde un maigre espoir car j’ai utilisé des branches de l’ancien Arbre-Monde… Dans le doute…
- Où as-tu eu ses branches ?!
- Varian les gardait précieusement. Il est malin !
- Et ce truc pourra transporter quoi ?
- Des Fées, pardi ! Enfin, je l’espère. A vrai dire j’ai peur que ça ne soit pas au point… Mais avec Varian on s’est dit que ça pourrait servir… Qui ne tente rien n’a rien.
- Ça me fait repenser au portail des Ministres de Saisons. Celui qu’elles avaient invoqués pour me sauver la vie ce soir-là, répliqua Raiponce, nostalgique.
Harold se gratta le menton. Les explications techniques seraient trop compliquées pour une non-initiée.
- Là où Varian le pourra, il installera le même procédé. Cela devrait créer une passerelle entre les deux endroits, comme un pont, une sorte de… fenêtre magique. C’est le même système ou plutôt pouvoir qu’utilisait effectivement les Ministres ainsi que la Reine pour nous envoyer dans le « Monde-Humain ». Enfin, d’après Geulfor.
- Je vois ! Sauf que sans Poussière de Fées ça me semble compromis. C’est la base de toute notre magie après tout.
- Oui. Je vais juste essayer pour voir si je peux l’activer…
Harold infusa à nouveau sa magie et chercha à trouver la pierre jumelle pour s’y connecter. Mais rien ne lui répondit. Il essaya plusieurs fois, déçu.
- Bon… On aura essayé.
Raiponce opina, chagrinée à son tour.
Ils prirent alors le chemin vers le Volcan, choisissant l’itinéraire le plus sûr. La lourdeur de l’atmosphère plomba leur parcours et les fatigua rapidement. C’était étouffant. Invivable. Harold y résistait mieux grâce à l’Essence des Étoiles. Mais Raiponce, sans celle du Soleil, ne pouvait que subir et essayer de garder la face.
Une ouverture dans la roche, dans un contrefort. Une parmi d’autres d’où sortait de la fumée et de la suie. Tandis qu’ils approchaient prudemment, un cri strident les stoppa net. Celui-ci fit trembler la Terre qui semblait se déchirer de l’intérieur. Ils déglutirent en sentant la présence d’un danger mortel plus loin.
Un grondement de flamme leur parvint comme un avertissement. Malgré tout… Les fées se rendirent vers l’entrée avant de disparaître dans les limbes.
***
- C’est pas vrai !!! On arrive trop tard !
Cassandra soupira en se massant le visage de dépit. Asha se précipita vers la montagne de pierre où l’eau coulait désormais à côté en plusieurs rus éparpillés. La cascade avait complétement disparue, engloutie par l’éboulement. Des traces de combats et de magies fraîches jonchaient encore les environs.
- NON ! Que leur est-il arrivé ?! Où sont Raiponce, Harold et les autres ?!!
Elle fixa Cassandra avec désespoir. Celle-ci haussa les épaules, n’en sachant pas plus depuis qu’elle avait quitté Raiponce quelques nuits plus tôt.
- Je les ai vu camper ici avec des Bricoleurs et deux trois autres élémentaires. Je suis ensuite partie à ta recherche car je savais que c’était important pour Raiponce. Mais depuis je ne sais pas ce qu’il a pu advenir de cet endroit. Enfin, connaissant Raiponce, elle a dut s’en sortir…
Sa voix trahissait une émotion palpable qu’Asha ne releva pas. Earendel vient câliner sa joue pour lui remonter le moral. Elle le sera contre elle, émue.
Bien que Star ne parlait pas, elle arrivait à le comprendre et appréciait de plus en plus sa présence.
- Je ne vois pas de sang ou de cadavres transformés en graines, commenta la sombre Fée. Ils ont peut-être réussi à fuir. A moins qu’ils se soient fait enlever. Ou qu’ils gisent sous la roche.
- Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?!
- Je n’en ai aucune idée. C’est pas moi la Fée Prodige. Je ne suis que ton chevalier. A toi de décider.
- Je ne…
Asha sentit sa tête tourner. Elle se posa au sol et fit le vide dans son esprit. Les pitreries de Star la détendit et elle se revit, une fraction de seconde, dans ce rêve étrange sous la cape magique.
- On doit retrouver Raiponce et les autres, claqua Asha avec fermeté. N’importe quel survivant. Je veux apporter mon aide !
- Ok, mais on les trouve où ?
Star se mit à changer de forme à la surprise des deux fées. Elle sursautèrent devant sa nouvelle apparence pointue et conique. Une colonne de poussière dorée s’envola dans l’air au-dessus de lui.
- Qu’est-ce que c’est que ça ?! On dirait…
- Un Volcan ! S’écria Cassandra. Et pas n’importe lequel. C’est… l’Antre des Fées Noires.
Star reprit sa forme d’origine avant de se changer en oiseau crachant du feu puis en Drûun.
- Depuis quand il peut faire ça… ? Questionna Cassandra.
- Euh… Depuis une minute…
Elles se regardèrent, incrédules mais amusées. Star se changea ensuite en Fées semblable aux Prodiges, l’une après l’autre, avant de reprendre son apparence, essoufflé.
- Ouah Star tu es incroyable ! Tu évolues ! Félicitations !!
Asha le prit contre elle pour le câliner et danser sur place. Il riait joyeusement pendant que Cassandra se rembrunit.
Une fois leur moment d’euphorie passé, Asha et Star se reprirent.
- Je ne veux pas briser votre petite danse, soupira Cassandra, mais ton ami étoilé nous indique la route du plus dangereux endroit possible sur cette planète. Tu t’en rends bien compte ?
- Oui. Et c’est là qu’on doit aller. Si Star le dis, c’est que c’est là-bas qu’on nous attends.
- Mais dans quoi je me suis embraquée moi…
Asha lui prit les mains, tout sourire, avec une confiance posée sur son regard.
- T’inquiète pas ! On va y arriver, ensembles ! On va retrouver les Prodiges là-bas, j’en suis certaine !! Et tu vas me prêter main forte, n’est-ce pas ?
Elle lui fit une moue triste et un regard profond. Star se mit dans la même position, juste devant les yeux de Cassandra.
Celle-ci soupira à nouveau, longuement, en râlant.
- Mais oui , mais oui , je viens !! Je ne suis plus à ça près ! Enfin, tu as de la chance, je connais tous les raccourcis pour y aller sans se faire voir. Tu pourras pas avoir meilleure éclaireuse.
- OUIIIII ! En avant alors. Notre destin nous appelle.
Star et elle se tapèrent dans les mains avant de se placer devant Cassandra, comme des soldats dociles. Celle-ci essaya de cacher un sourire amusée sans succès. Elle finit par se détourner en grognant faussement puis accompagna le duo vers une entrée souterraine. Un passage caché sous terre par une pierre runique qu’elle ouvrit.
- Suivez-moi.
Elle fit apparaître une lumière bleue lunaire pour éclairer les torches du passage puis y pénétra pour s’assurer de la sécurité du lieu.
Une fois Asha à l’intérieur avec un Star nerveux qu’elle rassura d’un clin d’œil, Cassandra referma l’entrée avant de parcourir les galeries avec sa nouvelle amie. Son cœur tambourinait fort dans sa poitrine car elle avait peur de retourner là-bas… Revoir Drûun et les Fées Noires c’était du suicide pour eux trois. Mais elle avait décidé de croire en Raiponce et en Asha.
Elle avait d’ailleurs hâte de la revoir pour la protéger à son tour. C’était devenue sa nouvelle motivation.
***
A l’intérieur du Volcan, les chemins se ressemblaient tous… : De la pierre sombre, de la suie étouffante, une chaleur à crever et des lueurs rougeoyantes un peu partout autour d’eux.
Les deux Prodiges se dévêtir pour ne garder que leur tenue d’origine, tout en serrant fermement leur reliques entre leurs doigts. Jusqu’à présent, l’infiltration se passait bien. Ils n’avaient croisé personne et avançait à tâtons dans les couloirs, suant à grosse goulée sans réussir à respirer correctement. Parfois, Raiponce devait se retenir contre la roche tant la pression et l’atmosphère lourde l’écrasait.
- Ça va ? Chuchota l’Estivale en s’essuyant le front. Tu tiens le coup ?
-… T’inquiète pas pour moi. Je te suis.
Harold admira son regard dur et opina sans plus de mot. Ils continuèrent leur chemin un long moment tout en entendant, parfois, des murmures de flammes, de pas, de paroles et de ricanements en un écho lointain.
Après des heures de marches, les pieds noirs et brûlés, ils se rendirent compte qu’ils tournaient en rond dans le dédale de pierre. Leur trace était visible sur certain chemin… Ils soupirèrent de concert.
- C’est quoi cet endroit ?! Murmura Harold avec colère. Je sens Mérida dans les parages mais impossible de m’en approcher.
- C’est le principe d’un labyrinthe.
Un grognement les figea. Ils durent se cacher contre une paroi renfoncée. Juste à côté, deux dragons-salamandres émergèrent d’une artère en reniflant de tout côté. Le duo s’était aspergé de suie pour ne pas se faire sentir et se plaquèrent d’avantage contre l’alcôve, les mains sur leurs bouches.
Les créatures grondèrent avant de reprendre leur route. Echangeant un regard, les Prodiges suivirent leurs traces, discrètement. Avec un peu de chance ils les emmèneraient là où ils voulaient…
Ils parcoururent ainsi plusieurs mètres, faisant attention à ce que les Dragons ne les repèrent pas en se roulant toujours plus dans la cendre écœurante. Enfin, après des tours et des détours infinis, Raiponce se figea et stoppa Harold. Elle pointa du doigt une immense caverne sur leur droite. Harold en eut un hoquet de stupeur. Les Fées s’avancèrent lentement pour y jeter un œil, allongées sur le sol.
La Caverne était infestée de Dragons-Salamandres et de Salamandres normales, tous crachant du feu, entassés les uns sur les autres et se battant pour avoir la meilleure place où dormir.
- C’est leur nid, souffla Harold le plus bas possible. Les pauvres…
Il chercha aussitôt Krokmou du regard mais ne le trouva pas. Ni même la dragonne blanche. L’Alpha blessé, au centre, leva son nez vers eux. Ils durent se faire encore plus petit et éviter son regard. Il finit par retourner à son dodo en soufflant de la fumée, contrarié.
- Ne restons pas là…
Raiponce tira sur son ami qui se contraint à partir. Les voir tous enchevêtrés là sans qu’ils ne voient l’extérieur lui brisa le cœur. Ils semblaient se nourrir de carcasses et attendre les ordres. Comme une immense cage brûlante duquel ils ne pouvaient partir sauf pour patrouiller. Ça sentait d’ici les urines et les excréments, preuves d’un enfermement prolongé contraint. Probablement parce qu’ils n’étaient plus libres d’eux même. L’Alpha les commandait… et Grimmel commandait l’Alpha par magie!
- Il faut qu’on les aides, asséna Harold en serrant les poings. On doit trouver un moyen de leur rendre leur liberté !
- Comment ?! Ils vont nous manger à la première occasion !
- Je ne sais pas encore… Mais je vais tout faire pour vaincre Grimmel et les sortir de là. Ils ne méritent pas de souffrir ainsi. A croire que toute leur vie n’a été qu’être chassé ou contrôlé. On doit leur offrir une vie de liberté !
- Tu as raison.
Des bruits de pas stoppèrent leur conversation. Harold prit la main de la brunette pour la tirer derrière une grosse pierre tandis que s’approchait une silhouette gigantesque sur les murs. Celle-ci s’immobilisa aussitôt en reniflant avec sa truffe. Raiponce eu le temps de voir deux billes jaunes la transpercer et un sourire carnassier s’agrandirent.
« Ce n’est pas celle que je cherche mais je crois que j’ai déniché le gros lot »
- Cours !!
Raiponce partie en trombe en tirant sur Harold. Il lui emboîta le pas tout en regardant par derrière. Mordu était là, sous sa forme d’Ours, leur collant au train avec des Créatures Noires en chasses.
Bien qu’ils ne surent où aller, les deux Fées, main dans la main, se mirent à fuir dans le dédale, la panique collée à leur peau. Par chance, l’Ours n’était pas très rapide, comme s’il trainait la fatigue avec lui. Ils réussirent avec leurs reliques à frapper les créatures qui les rattrapaient tout en cherchant un moyen de sortir de là. Un grand coup de poêle assomma un Lion puis l’épée d’Harold trancha une hyène avant qu’ils ne chutent dans un trou qu’ils n’avaient pas vu. En hurlant ils se firent embarquer plus profondément dans l’antre Noir, étouffants leurs poumons comme dans un étau.
A cause de la poussière qui explosa à leur chute, ils se perdirent de vus tandis que les créatures arrivèrent sur eux. Raiponce n’eut pas le temps de crier ou de chercher Harold. Elle s’enfuit instinctivement dans le premier tunnel venu tout en aplatissant des renards noirs qui tentaient de lui voler son arme. Elle se fit mordre à la cheville puis aux avant-bras avant d’utiliser sa faible magie pour les aveugler. L’un d’eux réussi malgré tout à la plaquer au sol et essaya de la dévorer. Elle lutta avec la manche de son arme contre les crocs acérés et les griffes qui la martelaient.
Derrière elle un éboulement fit vibrer les parois de sa grotte, la condamnant à être enterrée vivante. Mordu sourit après avoir frappé sur les murs tout en se retournant pour achever sa seconda proie. Raiponce invoqua son bouclier de lumière qui repoussa la créature sur elle tout en supportant le poids de l’éboulement. La Printanière serra fort sur la crosse de sa masse avant de frapper deux renards et deux loups qui lui barraient le chemin. Elle se mit ensuite à courir à toute vitesse entre les éboulis avec son bouclier de lumière qui finit par s’éteindre.
A bout de force, la brunette se faufila dans un interstice qui la fit chuter vers une maigre cavité remplit d’eau acide. Elle se retint de justesse. En haut, l’ouverture se boucha définitivement. Coincée dans sa fosse, elle appela à l’aide, sans réponse. Elle déglutit avant de sentir sa blessure passée se rouvrir… Elle invoqua à nouveau son orbe. Celui-ci faisant la taille d’un tout petit poids et menaçait de s’éteindre. Ces lieux la privait de sa dernière source d’énergie…
Désespérée elle scruta chaque recoin de sa prison avant de voir une légère fente sur sa droite. Elle entreprit de la rejoindre, glissant à cause de la sueur, de la suie et du sang. En se voyant dans le reflet de l’acide elle ne se reconnue pas. Elle était sale, blessée, hideuse… Avec ses cheveux court et sa petite orbe ridicule…
Pour autant, la brune fronça les sourcils, banda tous ses muscles et fit un dernier effort pour atteindre la paroi. Son pied buta contre une roche et s’enfonça dans l’eau où elle poussa un cri bestial. L’acide lui rongea la peau, la faisant hurler.
Elle se glissa dans la fente après avoir retrouvé son appui puis poussa pour atteindre l’autre côté dans une nouvelle caverne. Celle-ci était immense et remplit d’eaux acides du volcan en ébullition. Elle boitilla et fit bien attention de ne pas approcher des lacs avant de reprendre son chemin, faiblement. Elle savait que s’arrêter signerait sa mort avant même qu’elle eut fait quoi que ce soit…
Des lueurs rougeâtres et l’odeur de brûlé sur ses pieds nues lui annonça que la lave du Volcan ne devait pas être très loin…
Pourtant, quelque chose attira son attention. Une bouche sombre dans un recoin lui offrit un courant d’air plus frais et plus respirable. Était-ce l’extérieur ? Dans le doute, elle choisit ce chemin, ne pouvant plus faire marche arrière.
*
Dans l’opposé de sa position, Harold combattit les monstres avec vaillance de son épée et son bouclier incassable. Il reçut nombres de coups tout en parvenant à détruire l’armée ennemie. Le feu dans son épée repoussa Mordu qui, en voulant la mordre, se brûla ardemment la langue en beuglant.
- Où est Mérida ?!!
« Si je le sabais… je l’aurais déjà… déboré !!! »
La Fée Noire transformée était essoufflée, suintante et pissant le sang de partout. Les anciennes blessures infligées par la rousse se rouvraient, le contraignant à reculer dans l’ombre. Harold comprit sa faiblesse et se rengorgea. Il saisit également que l’Automnale avait probablement réussi à s’enfuir ou à se cacher ? En tout cas, Mordu la cherchait et ne la trouvait pas. C’était un bon point.
Hésitant sur la marche à suivre, Harold rengaina son épée et partit en trombe vers une nouvelle galerie. Mordu fut bien trop faible pour le poursuivre. Il l’entendit grogner et le menacer mais Harold fut loin quand cela lui parvint. Il appela Raiponce, sans succès, effrayé par leur séparation et la douleur qu’il ressentait à sa cheville pourtant intact.
Il fut vite épuisé par sa course et dû se résigner à s’arrêter. La panique l’envahit qu’il du maîtriser en reprenant son calme. Il décida de faire le vide dans sa tête et de chercher où son Lien le conduisait.
Mérida était proche ! Mais Raiponce s’éloignait… Il se mordit la lèvre de colère. La séparation fut le pire scénario possible pour eux ! Tout en buvant à sa gourde il se mit à chercher une nouvelle idée quand quelque chose attira son attention. Il se rendit sur une paroi pour y voir une marque qu’il connaissait bien.
« BF »
Big Four… C’était leur façon de signer les lettres qu’ils s’envoyaient autrefois dans la vallée. Il reconnut le style de Mérida et sentit son cœur s’emballer. Une flèche l’accompagnait. Remotivée, l’Estivale se mit à suivre le jeu de piste dans le labyrinthe infernal quand des Dévoreurs apparurent. Les Minis-Drûun se mirent à la courser aussitôt qu’ils le sentirent.
Demi-tour, la fée solitaire dût reprendre sa course dans les boyaux sombres et sales du Volcan. Il maudit cet endroit et comprit pourquoi personne, autres que les Ténébreux, n’en était jamais ressortit vivant. Il crachait ses poumons pour accélérer, sachant pertinemment que les Petits-Drûun le dévorerait sans en laisser une miette si il s’arrêtait.
Un nid empoisonné, voilà ce que représentait le Labyrinthe du Volcan ! Y entrer était facile, mais s’y guider ou en sortir était impossible. C’était un piège à lui tout seul où Harold prit enfin conscience du bourbier et de la folie dans lequel ils s’étaient engagés…
Ils suivit quelques marques à toute vitesse, tentant de se repérer… Vainement… Quand tout à coup, un jet enflammé vint lui passer au-dessus de la tête. Il plongea pour l’éviter tout en s’écrasant contre les rochers noirs. Ils se protégea le haut du crâne en attendant la fin du brasier.
- Imbécile ! Utilise le collier !!!
Cette voix… Ce ton… Harold se releva, prit le collier de Milo dans sa main et le pointa sur un Dévoreur affamé et fumant. Il invoqua la magie contenue à l’intérieur pour projeter une onde Purificatrice qui fit exploser la créature. Quelques morceaux de lui se reformèrent plus loin, hésitants.
Tous les dévoreurs fusionnèrent pour prendre l’apparence d’une énorme boule Dévoreuse en colère. Harold se releva tout en plaçant le collier autour de son épée puis fondit sur la chose pour la détruire. Derrière lui, des flèches entourées d’un halo de Purification vinrent se planter dans la créature qui se débattit avant d’exploser définitivement lorsque les coups de lames le déchiquetèrent en morceaux.
Epuisé, Harold posa une main sur son cœur, un gros point de côté venant de le saisir. Puis, il tourna les yeux vers le couloir et sentit ses larmes monter.
Il eut a peine le temps de voir des cheveux de feu lui fondre sur le visage.