Fairy Big 4 : La légende des quatre saisons

Une matinée lourde accueillit Mérida, Harold et Asha au creux de la forêt tropicale. Des aras et des toucans caquetaient, chantant des mélodies tristes et mélancoliques. L’humidité ambiante avait atteint son paroxysme et dévorée le reste de l’atmosphère de la vallée des Fées non loin de là. L’Estivale s’y sentait particulièrement bien, humant l’air avec apaisement. L’Automnale et son amie beaucoup moins… Chaque geste leur coûtait un effort incommensurable. 

- Je comprends mieux Jack maintenant…

Le Bricoleur pivota vers la rousse d’un sourire amusé et nerveux. Des capucins passèrent juste devant eux, criants leur inquiétude avant de partir. L’air était chargé de particules sombres, alourdissant d’avantage leurs cœurs.

- Les animaux n'ont de cesse de fuir, de se cacher, reprit la rousse avec peine. Ils me disent tous qu’ils ont peur et que le monde est morcelé. Des instincts sauvages, primaire, les contrôle au-delà de la raison… Tout n’est plus que folie et ténèbres. Déjà une partie d’entre eux se sont attaqués aux hommes, aux autres espèces ou même entre eux…

Harold soupira. 

- On le ressent aussi et on doit y remédier coûte que coûte. Mais dis-moi, depuis quand tu les comprends aussi bien ? 

Mérida lui offrit un sourire malicieux avant d’expliquer l’évolution de son pouvoir qu’elle appelait ‘ La voix de la forêt ‘. Surprit, son ami dut s’asseoir.

- Tu peux même parler aux défunts ?! Tu as essayé de contacter la reine ?!

- …

La rousse prit place à son tour, hébétée. Elle n’y avait même pas pensé… 

- Je ne contrôle pas encore ce pouvoir, répondit-elle après un temps de réflexion. Je ne saurais pas du tout comment faire. Mais je suis heureuse d’avoir au moins revue Angus. Et de savoir qu’il va bien là où il est.

- Je vois… C’est un pouvoir exceptionnel, tout comme La lumière Divine. Je me sens tout petit. 

Il se rembrunit, son complexe d’infériorité toujours près de lui pour lui susurrer des mots durs. Mérida lui prit sa main ce qui chassa aussitôt ses sombres pensées. Elle sourit avec tendresse.

- Toi aussi ton pouvoir t’attends. On a tous notre unicité. Et tu es déjà puissant ! 

- Tu le penses vraiment ?

- Mais oui, gros bêta ! Regarde ce que tu es capable de construire en un temps record * Elle désigna les armes, l'aileron de Krokmou et les boucliers*. Sans oublier ton amitié avec un Dragon ! UN DRAGON ! Tu te rends compte du truc au moins ?! 

Il rougit et serra plus fortement sur sa main. 

- Merci Mérida, ça me fais du bien de l’entendre. 

- Tu n’as pas à rougir de tes capacités. Je sais que tu es incroyable et un stratège hors-pair. Je te confirai ma vie sans hésiter. 

Les deux se fixèrent, troublés. Mérida relâcha sa prise en constatant l’ambiance tendue. Elle toussota.

- Et donc, heum, de ton côté, tu peux m’en dire plus ?

Harold se reprit, mal à l’aise. Il réfléchit et se rappela de la lettre de Milo. Il lui en fit part tout en lui parlant de la traîtrise de ce dernier. 

- Comment est-ce possible ?! Comment a-t-il put pactiser avec l’ennemi ?! A cause de lui … Nous avons TOUT PERDU !

- Je n’en sais fichtrement rien… Cela me rend fou de haine mais dans un même temps… Je connais Milo et je le vois mal pactiser de son plein gré. Peut-être y a-t-il une raison derrière ? Le seul moyen de le savoir serais de le rejoindre.

- Tu n’y penses pas sérieusement ? C’est sûrement un piège ! 

- Si c’était le cas il ne m’aurait pas avoué sa faute. Et il a parlé des Northuldra. C’est le seul peuple humain que la reine avait en confiance, on ne craint rien à y aller. 

- … Pourquoi pas. Tu veux t’y rendre tout de suite… ? Cela fais loin.

- Non, on doit d’abord retrouver nos compères. Et je veux retourner à la vallée.

- Sérieux ?! Pourquoi ?!

L’Estivale se releva, contemplant l’horizon avec force.

- Je veux voir à quoi elle ressemble aujourd'hui. Voir ce que nous pourrions réparer. Et aussi, retrouver le livre de la reine qui est perdu dans mon sac, à notre bosquet. Comme un idiot je l’ai oublié là-bas ce soir-là. 

- Le livre… Oui, c’est une excellente idée ! On en a besoin plus que jamais ! Si seulement je pouvais directement contacter la Grande Fée Bleue, ça irait plus vite.

- Une chose à la fois. Pour le moment, je désir plus que tout me rendre là-bas. Et je sens que nous ne serons pas les seuls. C’est comme un lieu de rendez-vous qu’on a pas besoin de formuler, sourit Harold. 

Mérida lui sourit à son tour en le rejoignant.

- Dans ce cas, allons-y ?

- Laisse-moi juste écrire une lettre aux Bricoleurs en fuites. La grotte protégée de la reine sera un lieu idéal pour les survivants. Parle-en à Bambi et Freya. Je vais aussi écrire à Milo…

- J’y vais de ce pas. Rejoins-moi quand tu auras fini tes lettres. 

Asha profita de leurs occupations pour terminer les paquetages avec des ressources, de l’eau et des remèdes. Elle força Mérida, Krokmou, le corbeau et Harold à en prendre pour se soigner correctement tout en recousant la plaie du Bricoleur, un peu suintante. Une fois tout le monde prêt, Harold monta sur Krokmou, proposant à Asha de venir. Elle refusa en sentant le regard noir de la rousse, qui, elle, monta derrière Harold. Asha préféra chevaucher Bambi qui les accompagnait. Freya était retournée à la grotte pour préparer la potentielle arrivée des survivants. Le Corbeau, lui, était reparti avec les lettres après avoir attentivement écouté les instructions des Prodiges, saluant les fées avec tendresse et Krokmou d'un croassement hargneux. En retour, le Dragon l’avait feulé tout en lui tournant le dos. Cela avait amusé la galerie. 

- Retournons chez nous, susurra Mérida en se lovant tout contre Harold. 

Le cœur tambourinant, il approuva et se laissa porter par son dragon, les yeux rivés vers les restes de la vallée. 

***

Petit à petit, les fées survivantes firent connaissances avec La Cour des Miracles, créant des liens et des amitiés naissantes. 

Les vagabonds étaient comme une grande famille unie et ils apprécièrent de côtoyer chacun d'eux. Cela semblait ravir Phebus qui regardait la scène avec paternalisme. Esmeralda le rejoignit, prenant place sur une chaise en bois. Bientôt, tous se rendirent autour du petit déjeuner concocté par Raiponce, Kristoff et John, se réunissant autour d'une grande tablée faite main. 

Ce simple moment de convivialité mit du baume au cœur des Prodiges et d'Esmeralda qui semblaient revivre. C'était comme un fragment de la vallée qui ressurgissait en eux. 

Quasimodo, lui, était mal à l'aise, il se tassait et se faisait oublier. Quelqu'un lui tendit alors une assiette remplit de victuailles, un grand sourire aux lèvres.

- Merci… 

Le bossu admira le regard solaire de son vis-à-vis qui dodelinait sur sa chaise joyeusement. Le blondinet le questionna sur son humeur avec un point d'interrogation en forme de sable. Quasimodo soupira en expliquant qu'il avait toujours vécu seul et enfermé dans l'Arbre-Monde, loin des autres. Que la sociabilisation lui était extrêmement difficile. Sable mima une larme et lui prit la main. Il lui fit comprendre qu'il était là si besoin et que lui aussi avait un passé difficile avec la vallée. 

Le blond expliqua, en mimant, qu'il avait toujours voulu s'intégrer mais que son pouvoir étrange et son mutisme lui avait valu d'être mit à l'écart. Il n'avait pas trouvé son utilité ni sa place malgré toutes ses tentatives. Il n'était pas un Sans-Talent mais pas non plus une fée de saison… On n'avait jamais su que faire de lui. On avait bien tenté de le rapprocher d'un unique autre utilisateur de sable, mais ce n'était pas les même pouvoir. Lui ne pouvait pas voir l'avenir comme ce Bruno. Il pouvait juste endormir les gens avec sa magie, son seul don bizarre et sans grand intérêt à la vallée. La reine avait été très gentille avec lui, compréhensive, mais cela n'avait pas suffi, alors il était parti chercher sa voie ailleurs. Et il avait trouvé sa famille à la Cour. Il aimait aider les humains ou les animaux à s'endormir plus facilement et à utiliser son pouvoir dans les déserts pour aider à former des lieux plus propices à la vie.

Après ses longues explications, Quasimodo avait su en saisir une bonne partie. Il était surprit par son attitude positive malgré sa vie compliqué.

- Tu penses vraiment que Mère-Nature t'a offert un don merveilleux? Demanda le Sans-Talent avec surprise. Moi je pense plus que c'est une erreur, une malédiction.

Sable opina vivement. Il aimait son unicité et savait qu'il était utile. Que TOUS LE MONDE l'était, Quasimodo comprit. Que chaque "erreur" existait pour sublimer le reste.

" Tu dégages beaucoup de lumière", " Je le vois autour de toi, je suis sensible aux auras. Je n'avais jamais rien vu de tel" Comprit le Bossu.

- Tu trouves que je dégage une forte aura? Mais je n'ai même pas de magie! C'est plutôt Raiponce et Jack qui en ont une. Ce sont les Prodiges!

Le muet inclina la tête sur le côté. Il réfléchit en fixant les deux Fées citées. Oui ils étaient hors normes mais c'était différent. Celle de Quasimodo était plus petite mais très lumineuse, bien plus encore que celle de toutes les fées réunis- hors Prodiges-. Le bossu pensa qu'il n'avait pas bien saisi son interlocuteur et fini par simplement opiner. 

Il se sentit plutôt joyeux à ses "dires" et resta avec Sable pour "discuter" de tout et de rien. A ses côtés, Namaari s'impatientait. Elle finit par se racler la gorge où les têtes se tournèrent vers elle.

- Il serait peut-être temps de discuter de ce qu'on va faire. Ok, on a des pistes, mais concrètement, on fait quoi? On va sauver les fées transformées? On reprend la vallée? On se cache comme des rats?

Phébus observa tout le monde, hésitant. Il proposa à Jack de prendre la parole. 

- L'urgence est de retrouver nos deux amis, expliqua-t-il. Seuls les Quatre prodiges réunit pourront aider le monde à changer. C'est une chose dont on est maintenant certains. 

- Où sont-ils? Demanda Éric. Je connais la Terre comme ma poche. Je peux vous y conduire. 

- On ne sait pas trop, avoua Raiponce. 

- Ca nous avance bien, soupira John. Mais encore?

- On pense qu'ils ne sont pas loin mais on a pas la localisation précise. Désolé. 

Un silence plomba l'assemblée. Vaneloppé monta sur la table.

- EH EH EH! On va pas commencer à déprimer là! Faut qu'on se bouge et vite! Pourquoi ne pas commencer à aller voir ce qu'il reste de la vallée?!

- Bonne idée, approuva Namaari. 

- Avec les Ténébreux qui ont pris leur quartier là-bas, c'est du suicide, réfuta Kristoff. Autant se jeter dans la gueule du loup.

- C'est vrai que c'est risqué, enchaîna Phebus. Peut-être juste partir en éclaireur?

- Je serai ravi d'y aller , se proposa John. 

" Moi aussi!" Mima Sable.

- Où alors on y va tous et on avisera sur place? Proposa Esmeralda.

Jack fixa sa chérie et ils se concertèrent d'un regard. La blonde sourit à l'Hivernale qui opina. Nul besoin de mot pour se comprendre désormais. 

- Allons-y, parla fortement la blonde. Il faut qu'on voit de nos propres yeux les dégâts. Et… Je sens que c'est le bon chemin pour retrouver nos amis.

- On doit s'y rendre, assura Jack. Le Big Four n'a qu'un lieu pour se réunir. 

Ils se sourirent, complices. Sans trop comprendre Phebus opina gravement.

- Dans ce cas, préparez-vous, on part pour la vallée dans une heure. Prévoyez de quoi attaquer et défendre, des remèdes, des potions, TOUT. Ça risque d'être le moment le plus dangereux de nos vies, chère Cour des Miracles, mais c'est le moment de ce remuer. Nous avons toujours tout fais pour aider dans l'ombre. Maintenant, avançons dans la lumière et accomplissons notre devoir fièrement. On doit aider les Prodiges, sauver la vallée et toutes créatures, fées qui sera sur notre chemin.

- OUI !!

La Cour se leva, la main sur le cœur. Surprit, Raiponce, Jack, Esmeralda et Quasimodo les imitèrent. Leurs amis apprécièrent le geste puis chacun s'activa. 

Raiponce fut nerveuse à l'idée de retourner là-bas… La nuit sans lune l'avait traumatisé, tout comme Jack. Il la prit contre lui dans son dos. Elle se retourna et se lova, appréciant sa fraîcheur de plus en plus maîtrisé. 

- Tu es prête? On peut encore choisir un autre chemin…

- Ne dis pas de bêtise, on DOIT y aller. Et oui, je suis prête. Si tu restes avec moi, je le serai toujours. J'espère surtout que la chaleur ne vas pas te faire trop de mal…

Il sourit amoureusement à sa moitié, la rassurant sur son état et se rapprocha. Leurs lèvres se retrouvèrent dans l'air crépitant et ils prolongèrent leur baiser jusqu'à plus soif. Comme si c'était leur dernier, ils s'agrippèrent et se laissèrent porter par l'émotion. Leurs oreilles arrondies et leurs ailes frétillèrent de bonheur. Quand le contact se rompit, ils avaient peine à retrouver leur souffle. Derrière, Sable mima un point d'exclamation avant de s'éclipser, accompagné de Quasimodo et Phebus qui riaient. 

- Esmeralda m'a parlé d'un rituel, susurra la blonde, nez contre nez qui se frottait tendrement. Pour que l'union de nos âmes soit complète. J'aimerai tellement le faire, si on avait du temps et de la poussière de Fée. Malheureusement, nous n'avons ni l'un ni l'autre…

- Peut-être, un jour. J'aimerai beaucoup l'accomplir avec toi.

Elle sourit, rouge d'amour et lui posa un baiser sur le nez avant de se détacher. Il resta encore un peu à humer ses cheveux puis retourna à son paquetage. Kristoff et John l'aidèrent de même que Namaari et Éric pour Raiponce. 

Quand tout le monde fut prêt, sac sur le dos, ils prirent la route en direction du Sud-Ouest. Raiponce utilisa son orbe pour lui indiquer la route et celle-ci sembla bien suivre le trajet prévu. Mère-Nature désirait donc la même chose qu'eux. Jack utilisa son pouvoir en grande quantité, tant la chaleur fut lourde. Bien que faible, il se sentait apte à continuer sans flancher. 

Phebus, Éric et John prirent la tête de la marche, Quasimodo, Sable et Vaneloppé la fermant. Namaari était partie en éclaireuse avec Esmeralda, laissant Jack, Raiponce et Kristoff au centre. 

Sur le trajet, ils rencontrèrent des Dryades, des petits êtres mi-humain mi-végétaux qui leur apportèrent une bénédiction : Une protection ainsi qu'un sortilège de soin naturel. Ces êtres ne pouvaient se battre mais étaient toujours prêt à aider en cas de besoin et restaient présents dans les forêts pour les protéger des miasmes noires. Il en restait peu mais ils tenaient bons. 

Requinquée, la troupe reprit la route en faisant attention à l'ennemi. Pendant les pauses, Raiponce sortait son carnet à dessin pour laisser libre court à son imagination, mettant ses émotions sur papier. Elle dessinait des visages, des lieux, des impressions, le tout sous le regard protecteur de Jack.

***

L'Arbre-Monde n'était plus qu'une souche noire émiettée qui se paraît de milliers de ronces violettes aux épices acérées entrelacées comme un habit funeste. Tout autour, un lieu de désolation, à la végétation morte, aiguisée, dangereuse. Nulle vie n'y fleurissait, nuls animaux ni chantaient, nulle lumière n'y filtrait. Une terre stérile, sans âme; accueillit Harold, Asha et Mérida, cachés dans un roncier. Krokmou se sentit mal à l'aise, se reculant, les oreilles basses. 

A perte de vue, des miasmes noirs et violets recouvraient la scène, parfois sous forme de boules lumineuses qui dévoraient la moindre parcelle de vie essayant de percer le sol. Tout n'était qu'un désert mortuaire où des Fées sombres parcouraient les lieux machinalement. D'autres, plus vives, riaient et s'amusaient entre eux dans ce décor macabre. 

- Notre si belle vallée…, sanglota Asha. Comment cela a-t-il put arriver…?

- Les ténèbres sont voraces, répliqua Harold avec analyse. Il ne leur a fallu que peu de temps pour tout transformer. Ils ont pris un contrôle total sur la vallée et la Terre doit aussi subir le même sort.

- Drûun, songea Mérida. J'aimerai en apprendre d'avantage sur ce fléau. Sur son lien avec Mère-Nature car il y en a forcément un, étant donné qu'ils ont la même… Fonction.

Le Bricoleur approuva, prit sa longue vue et chercha des zones sécurisées. Mérida colla Asha contre elle pour l'apaiser tout en cherchant des têtes connues du regard. Il y en eu et cela lui mordit les entrailles. 

- Pocahontas… Susurra-t-elle. Raya… Je pensais qu'elles seraient toutes parties avec les Ténébreux pour dominer le monde.

- Certaines sont restées avec des gardiens pour protéger ce lieu symbolique, constata Harold. Et puis, ils savent que des Survivantes seront tentées de revenir, ils ne sont pas fous. J'espère que le Roi et son jumeau ne sont pas là…

- Ni Mordu. 

D'un soupir de concert, ils observèrent encore un peu les dégâts. Puis, Harold prit la tête de leur expédition, laissant Bambi les attendre à l'orée des bois. Il ne pouvait se faire petit… Krokmou refusa d'attendre et participa à l''infiltration. 

Couvrant leurs odeurs, les trois fées et le Dragon-Salamandre se mirent à glisser sous les végétaux à nus, à ramper sous les racines et à passer par des trous de souris. Des Dragons postés comme gardes relevèrent la tête, les narines en alertes. Les Fées se figèrent, respirant le plus doucement et lentement possible. Krokmou dut plonger dans une fourrée pour éviter le regard de ses congénères qui se mirent à chercher, fouiner.

Le Bricoleur s'empara rapidement d'une feuille brunâtre qu'il leva au-dessus d'eux avant de courir à travers les fougères. Krokmou alluma un petit feu pour distraire les deux dragons couleurs olives qui s'y précipitèrent, laissant les Fées s'enfuir vers la souche noire. 

- Je ne vois pas en quoi les "Prodiges" sont une menaces, persiffla Maléfique.

Les infiltrés se stoppèrent, prit au piège sous leur feuille, le souffle court. Ils virent ses chaussures hautes passer à côté d'eux.

- Pitch et son jumeau sont incapables de les attraper, tu parles d'un roi, ricana une dénommée Ursula. Ils sont pourtant affaiblis et isolés. Je n'en ferais qu'une bouchée à leur place.

Mérida risqua un coup d'œil, remarqua Ariel marcher derrière les deux Noires, le regard vide, des sacs sur le dos. Elle rongea son frein pour ne pas lui porter secours. Harold la retint tandis que Asha se crispa. Deux Salamandres reniflaient tout près d'eux. Harold leur envoya un morceau de poisson où ils se précipitèrent dessus. 

- Flotsam, Jetsam! Au pied!

Une fois engloutit leur butin, les deux Salamandres bleues filiformes aux yeux vairons se lovèrent contre leur maîtresse qui les caressa avec un amour surprenant. Ils en profitèrent pour s'amuser à mordre Ariel qui ne réagissait que par des gémissements étouffées. 

- On doit l'aider… Murmura tout bas la rousse.

- Ce n'est pas le bon moment, sermonna Harold.

Krokmou, posté un peu plus loin, leur fit signe avec la queue. Ils se mirent à courir aussi vite que possible sous un chêne mort, se cachant dans un trou entre deux racines. 

- On a eu chaud, susurra Asha le cœur presque hors de sa poitrine. 

- J'aimerais voir l'intérieur de la souche, commenta Mérida. Mais il y a trop de gardes… 

Pocahontas, Nakoma, Anna, Tiana, Blanche et Raya se tenaient devant le trou béant qui servait autrefois d'entrée à l'Arbre-Monde. A leurs côtés, trois Ténébreux ( Grimhilde, Hans et Facilier) jouaient à un jeu de carte en buvant et mangeant comme des rois. Plus bas, Ursula et Maléfique faisaient des rondes avec Ariel. Une dernière Ténébreuse (Tremaine), se tenait en hauteur, fixant du regard la vallée en entier accompagnée de Cendrillon. 

- Impossible, souffla Harold avec impuissance. Ils ne nous laisseront jamais nous approcher de leur trophée.

- Mais si il y a autant de garde… C'est peut-être parce qu'il cache quelque chose à l'intérieur, non? 

Harold opina gravement.

- On était pas venus pour un livre, à la base? Murmura Asha, anxieuse.

- Si. Allons-y.

Ils se détournèrent amèrement de leur défunt Père avant de marcher plus loin dans la vallée. Ils ne croisèrent que quelques Dragons, un ténébreux en vadrouille et quelques Fées Transformées qu'ils esquivèrent de justesse en rasant les végétaux secs. Krokmou se mit en alerte alors qu'ils approchaient du but et se stoppa. Les trois fées s'aplatirent aussitôt sous une feuille. 

Des bruits de magie leurs parvinrent, derrière eux. Mérida sortie de sa cachette pour monter sur un arbuste et regarder le lointain avec la longue-vue d'Harold. 

- Qu'est-ce que tu vois?! Questionna Asha.

- Il y a des combats! Je n'arrive pas à voir de quoi ou de qui il s'agit.

- Profitons-en pour atteindre notre but! Insista Harold. 

Le Trio se retrouva à courir dans les fourrées, Krokmou en retrait pour chercher le moindre ennemi en vue. Ils atteignirent des lieux connus, le cœur lourd devant l'état dans lesquels ils étaient.

Puis, au détour du chêne centenaire nu, habillant autrefois de ses feuilles vertes clairs l'entrée vers l'Hiver et la fin du Printemps, le Bosquet apparu. Mérida ne put s'empêcher de lâcher une larme nostalgique en reprenant son souffle. Harold se précipita rapidement sous son Forsythia préféré pour retrouver son sac, enroulé dans du lierre sombre. Il l'arracha d'un coup sec, le serra contre lui, l'ouvrit et vit le livre intact. Un grand soupir s'échappa de ses lèvres, tombant à genou. 

- Il est là! Mère-Nature merci.

- Tu peux l'ouvrir?

Le Bricoleur caressa l'ouvrage et tenta de tirer la couverture. Celle-ci résista comme autrefois.

- Pourquoi?! Grogna Mérida de colère. On est pourtant dans l'urgence là!! 

- Le livre brille comparé à avant. Il doit être prêt à s'ouvrir. Il manque sûrement quelque chose… 

- Une idée?

Harold en avait bien une mais il préféra ranger le livre et attacher son sac à sa ceinture de bricoleur.

Krokmou grogna tout en se plaçant devant Harold, Asha et Mérida. Le Trio se planqua aussitôt sous l'arbuste autrefois fleurit de jaune, leurs armes en main. Quand deux fées déboulèrent des buis desséchés, Krokmou bondit devant eux pour les attaquer, préparant sa boule de feu bleutée. Criant, le duo invoqua un bouclier de lumière glacée avant de reculer près du chêne centenaire. 

Le dragon tira sa salve enflammée qui s'écrasa sur le bouclier magique sans le briser. Une légère fissure apparue qui se reforma aussitôt. Mérida agrippa sa dague, décontenancée par la chaleur qui l'envahit, Harold aussi avec son épée et Asha prit un bouclier, se déplaçant vers le Dragon pour lui porter assistance. 

Tandis que la magie crépitait dans l'air au-dessus des arrivants et du dragon, un cri de surprise stoppa net le combat. La rousse lâcha son arme et se précipita en avant. Krokmou voulut l'en empêcher mais elle l'esquiva et sauta sur une des deux fées en la faisant tomber à la renverse. 

Un temps suspendu, des regards surpris échangés, Harold imita la rousse et attrapa la deuxième fée contre lui avec chaleur.

- Vous m'avez tellement manqué!!! Hurla Mérida malgré elle. 

*

Plus tôt.

La Cour des Miracles avait atteint son but, constatant les restes d'une vallée méconnaissables. Ils hésitèrent entre continuer et rester à espionner, décidant qu'il valait mieux entrer pour se faire une meilleur idée. Jack et Raiponce ne dirent rien, soudain envahit d'une chaleur douce qui les fit se regarder avec force.

Dégoutés par l'état de la vallée, les Fées s'étaient avancées sous les ordres de Phebus et Namaari dans la jungle morte. Des Ténébreux, Dragons et Fées Transformées vagabondaient, proches d'eux. Chacun resta sur ses gardes, suivant le chemin le plus sûr, sinuant à travers les végétaux. 

Vaneloppé se téléporta à divers endroit pour s'assurer du danger, revenant vers eux pour leur transmettre ses indications. La position des ennemis connues, ils bifurquèrent au plus proche de la souche noire qui intéressait tout le monde. Bien gardée, cela leur sembla louche. 

- On doit s'assurer qu'il ne reste pas de poussière de Fées ou n'importe quoi qui puisse en produire, répliqua Phebus.

- Je sais où chercher, commenta Quasimodo. Je peux me faufiler à l'intérieur mais il va me falloir une diversion. 

- Ça je sais faire, rit Vaneloppé. 

- Si on se montre, on s'expose à révéler notre existence, répliqua Éric sagement. Êtes-vous bien sûr que ce soit pertinent? Il n'y aura pas de retour en arrière. 

La Cour et ses amis se réunirent plus loin, dans une maison vide, pour discuter du projet tout en montant la garde. Le résultat fut sans appel : Ils allaient révéler leur existence pour le bien de la vallée. Leur temps était venu. Après avoir fait les comptes des ennemis et répartit les tâches, tous le monde se mit en position. 

La lourdeur étouffait Jack qui resta en retrait avec Quasimodo, Sable et Raiponce. Celle-ci vit son orbe s'enfuir dans la forêt et elle-même ferma les yeux. Quand elle les rouvrit, elle tira le bras de Jack. Il comprit, lui aussi prit par ce sentiment chaud et persistant.

Le plan se mit en route en une fraction de seconde. Vaneloppé apparue sur la souche en se moquant des Noires, devant des regards figés de stupeur. Elle fit quelques téléportations et cela activa le début de la bataille. Une fée blanche inconnue qui se téléporte par magie? Les ténébreux ne comprenaient pas! Et encore moins avec l'arrivée d'autres Fées inconnues qui les firent se disperser.

Namaari fit signe que c'était le moment et se lança sur la souche où la dernière présente, Raya, également fée Enflammée, l'intercepta. Un duel se mit en place suivit d'Anna et Hans contre Kristoff un peu plus loin. Facilier, Tremaine, Cendrillon et Tiana essayèrent d'intercepter Vaneloppé sans grand succès. Pocahontas et Nakoma se heurtèrent à un John amusé qui joua avec elles tandis que Maléfique tomba sur Phébus et Esmeralda, un duo qui fit mouche malgré la puissance de leur vis-à-vis. En bas, Éric intercepta Ursula tout en essayant d'éviter de faire du mal à Ariel. Eau contre eau, il fit en sorte de la protéger tout en attaquant la Ténébreuse. Blanche et Grimhilde furent celles qui penchèrent la balance en faveur des Noires par leurs puissances et leurs intelligences. Elles réussirent à leur porter des coups blessants tout en empêchant Namaari, John et Kristoff de s'approcher de l'entrée.

Dans le chaos ambiant, comme prévu, Quasimodo et Sable pénétrèrent ensemble dans la souche. Jack et Raiponce avaient choisi un autre chemin, leur demandant de patienter. Ils n'eurent guère besoin de chercher leur route, ils la connaissaient par cœur! C'est emplit d'euphorie et d'impatience qu'ils se rendirent à leur Bosquet. Le lieu du Big Four. Leur précieux foyer. 

*

Après avoir subit les attaques d'un Dragon furieux appelé Krokmou, Jack et Raiponce furent enlacés avec force par Harold et Mérida, le cœur en fête. Ils se mirent tous à sangloter et à retenir leurs cris de joie. Il y eut, en cet instant, comme une explosion magique dans les airs qui crépitait sous les yeux surprit d'Asha.

- Nous savions que vous viendriez! Répliqua Harold, ému.

- Nous aussi, on la sentit, et nous savions que c'était ICI que nous nous retrouvions, approuva Jack. 

- Où d'autre? Rit Mérida avec tendresse.

- Impossible que ce soit autrement! Nous nous étions quitter ici, nous nous retrouvons ici, c'est notre maison, approuva Raiponce en câlinant Mérida.

Émus, ils se regardèrent de haut en bas. Jack et Raiponce furent outrés de l'état de leur amis dont la jambe en moins d'Harold qui les horrifia. 

- On aura beaucoup de chose à se raconter mais nous n'en avons guère le temps, déplora Jack. 

Harold regarda sa jambe et son corps brûlé, Mérida caressa ses joues barrées de longues griffures.

- Oui, on a de quoi tenir une semaine avec nos épopées respectives, plaisanta-t-elle. Mais pour le moment, nous ne le pouvons. 

Elle prit les mains de Jack et Raiponce dans les siennes.

- Je suis soulagée que vous soyez enfin à nos côtés. C'est tout ce qui compte. 

- Nous aussi, approuvèrent-ils.

Harold rejoignit le cercle et, ensemble, ils activèrent le Prisme arc-en-ciel pour reprendre des forces. Ils se requinquèrent comme jamais depuis la nuit sans lune. Régénérés par la lumière, la magie et la vie elle-même. Ils se sourirent avec tendresse.

- Le Big Four est de retour et ça va saigner, rit l'Automnale. 

- Vengeance pour notre reine et notre patrie, opina la Printanière.

- Pour nos frères et sœurs, pour nos amis, approuva l'Estivale.

- Pour la lumière et le retour de nos précieuses saisons, conclut L'Hivernale.

Asha les observa, muette, toute petite dans son coin avec Krokmou lui aussi impressionné. Une aura jamais vu dans ce monde entourait les quatre Prodiges, liés par l'Amour de diverses façons. 

Quand ils se séparèrent, une force qu'ils ne pensaient pas posséder les submergea et ils se sentirent plus confiants. Les ailes autrefois brisées furent définitivement réparée et leurs âmes en symbiose complète. 

- Hâtons nous de rejoindre nos amis! De prendre part à la résistance, à la revanche des Fées, Déclara Jack en serrant le poing. Ils sont à l'Arbre-Monde pour nous ouvrir la voie. 

- Vos amis? Questionna Mérida.

- Nous vous expliquerons en route, suivez-nous! On va entrer dans l'Arbre-Monde pour en percer ses secrets! Répondit la blonde.