Fairy Big 4 : La légende des quatre saisons

Chapitre 23 : Espérances

5692 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 01/09/2024 15:45

Ils se regardaient tous les deux en chien de faïence, grognant et maugréant. Krokmou grattait la terre sèche de sa lourde patte, prêt à bondir, les dents sorties. Astrid resserra la prise sur sa hache, le défiant d’un regard. Harold chercha de l’aide du côté de Varian qui hésitait sur la marche à suivre, fasciné par la créature mais aussi terrifié par sa prestance.

 

- Je t’en prie, Astrid… Baisse ton arme.

- Non. Cette chose est trop dangereuse. Recule, que je puisse protéger les nôtres !

 

Elle avança d’un pas, Krokmou allait s’élancer. Harold se tourna vers l’animal, les yeux dans les yeux.

 

- S’il te plaît, ne leur fait pas de mal. Ce sont mes amis ! Je tiens à eux autant qu’à toi.

 

De ses mains il caressa doucement son visage emplit de nerfs et de colère. Krokmou semblait en pleine hésitation. Il fixa son ennemie quand l’autre fée se mit devant elle. Varian écarta ses bras tremblants pour empêcher la blonde de foncer.

- POURQUOI ?!

- J’ai confiance en Harold.

- Mais… C’est un Dragon-Salamandre ! Un des ennemis qui l’a brûlé vif !!

Harold dirigea son visage vers elle, d’un sourire triste. Confuse, elle scruta l’animal se calmer et rentrer ses griffes. Elle baissa son arme à son tour, d’une moue frustrée.

 

- Tu perds la tête ! Lâcha-t-elle.

- Ton arme, s’il te plaît. Ça le rend nerveux.

 

De colère elle balança sa hache au sol tout en leur tournant le dos, signe de confiance. Harold la remercia et Krokmou reprit une position neutre, attentif.

- Comment tu as fait ça ?! Demanda Varian avec avidité.

Harold lui conta son histoire avec le dragon noir et lui demanda de s’approcher. Le bricoleur à la mèche bleue hésita avant de tenter lentement une avancée. Krokmou grommela mais Harold continuait de le caresser et de le rassurer.

 

Le Prodige demanda à son ami d’être respectueux et amical. Varian effectua une révérence ce qu’apprécia le Dragon, qui le toisait toujours. Puis, tout doucement, il remonta à la hauteur d’Harold et lui demanda la permission de le toucher. Un souffle et un battement de queue lui répondit, ce qui fut assez encourageant. Il posa alors sa main sur les écailles brûlantes de la créature, ébahi.

 

Harold lui sourit et tous deux s’écartèrent pour le laisser souffler. Krokmou alla s’hydrater à la rivière, observant le ciel se charger d’électricité. Les trois bricoleurs se réunirent, dans la lourdeur atmosphérique qui pesait sur leurs frêles épaules.

 

- Je sais que je passe pour un fou, Astrid, mais je me suis attaché à lui. J’ai l’impression qu’il est comme moi. Perdu, blessé et seul.

- Tu n’es pas seul, sermonna-t-elle.

- J’ai perdu trois parties de moi et mes amis les plus chers de la vallée. Tant qu’ils ne seront pas là, je me sentirai mal.

- Sympa.

- Je vous adore aussi ! Ne mélange pas tout. Mais s’il te plaît, n’en parle pas à Geulfor ou Eret, ils ne comprendraient pas.

Varian opina gravement tout en scrutant l’animal faire les cents pas. Il semblait sur ses gardes. Les oreilles tendues vers le ciel grondant.

 

D’un long soupir, Astrid contempla la jambe factice de son ami, incapable de comprendre cette situation ubuesque.

- Nous avons décidé de partir dès demain matin, reprit-elle. On va cheminer le plus loin possible de la vallée, sans nous arrêter cette fois, avec l’aide de nos nouveaux chariots flambants neufs. Que compte tu faire de lui ? Comment vas-tu le cacher aux autres ? *soupir * Notre but c’est de trouver des survivants et un foyer sûr ! L’as-tu oublié ?!

Harold pinça ses lèvres en une ligne droite. Il secoua la tête : Non, bien sûr qu’il n’avait pas oublié… De survivants ne restaient à présent que quelques bricoleurs et… c’est tout. Pas l’ombre d’une fée élémentaire non transformée… 

- J’espérais qu’il me suivrait, déclara-t-il après un temps. Je ne sais pas trop comment le lui faire comprendre.

Elle roula des yeux.

- Pourquoi ne pas le laisser se débrouiller? Tu l’as soigné et nourris, ça lui suffira, non ?

- … Oui, je suppose.

- Alors viens, rentrons. Dis-lui au revoir. Sa place est parmi les siens.

 

Astrid se leva, suivit de Harold d’un geste lent et lourd. Il détestait les adieux… Ce déchirement de solitude qui vous happait. Il repensa à Jack, Raiponce et Mérida, la main sur sa poitrine. Il les sentait près de son cœur et cela le rassurait toujours.

 

- Arrrg !!! Glapit Varian.

 

Le Prodige fit volte-face. Krokmou s’agitait dans tous les sens, Varian ayant reçu un violent coup de tête de sa part. Il feulait. Les deux Fées se précipitèrent vers leur ami, l’aidant à se relever.

- Je t’avais prévenu ! Gronda Astrid. C'est un prédateur sauvage !

- Attends !

Elle repartait avec Varian sous le bras tandis que Krokmou se précipita sur lui pour le pousser à son tour vers la forêt. Il s’agitait , grognait, s’impatientait. 

- Qu’est-ce qu’il y a ?! Qu’est-ce que tu as ?!

Il prit sa tête dans ses mains et le fixa, yeux dans les yeux. L’animal l’implorait. Harold reçu le message. Trop tard...


Krokmou bondit par-dessus sa personne pour s’écraser sur les deux Fées qui hurlèrent. Au-dessus, un jet de flamme vint les cueillir, enveloppant le Dragon protecteur de flammes. Harold se précipita vers eux quand une ombre apparue en face de lui. Un énorme Dragon-Salamandre, qu’il reconnut aussitôt, le toisa de son air supérieur. Il était massif, la mâchoire aussi large que Krokmou à lui tout seul, les écailles bleus aux rayonnements rouges vifs avec des grandes ailes de chauve-souris, des cornes et des larges piques sur tout son dos. Sa queue en forme de masse tambourinait le sol.

 

C’était lui, son mangeur de jambe !

 

La peur le fit courir mais sa jambe en moins se rappela à lui, il chuta la tête la première un cri d’effroi perché sur ses lèvres. L’animal s’amusait de sa situation en faisant siffler sa gorge d’une fumée rougeâtre, prêt à en finir.

 

- Tu pensais pouvoir m’échapper ? Tout ça n’était qu’un doux mirage, Prodige. Je t’ai laisser partir, mûrir, et maintenant, je viens à la récolte. Ha ha ha.

 

Harold leva les yeux vers une branche où se tenait un Ténébreux qu’il avait déjà vu. Celui qui l'avait pourchassé dans la forêt. Grand, cheveux blonds en pique, teint pâle, un sifflet à la main. Il s’amusait avec un poignard qu’il faisait tourner en l’air, d’un air goguenard.

- Je me demande si tu vas finir rôti ou si je t’empoisonnerais avant ? Que préfères-tu ? Mort lente et douloureuse, ou rapide mais extrêmement douloureuse. Les deux se valent, ricana-t-il devant la terreur du brun. A moins que je commence par tes amis ?

- NOOON !!

 

Une multitude de dragons sortirent des buissons pour entourer la scène. Krokmou grognait avec force devant Astrid et Varian, autant surpris que morts de peurs. La blonde avait repris sa hache mais se sentait impuissante devant ses gueules ouvertes, prêtes à cracher leurs pouvoirs. Certains émettaient des grésillements électriques, d’autres du poison par leur narine voir une brume glacée quand ce n’était pas du feu ou des bruits aiguisés de dents grinçantes. Ils étaient pris au piège...

 

Un autre Ténébreux peaufinait ce tableau macabre : Imposant, massif, aux tresses noires épaisses retombant jusqu'à son buste accompagnée d'une barbe en braids similaire. Il tenait un bâton à clochettes et se présenta comme Drago Point Sanglant, le dompteur de dragons. C’était somme toute l’ami ou l’homme de main de celui qui ricanait en hauteur.

 

- Puisque nous sommes dans les présentations, je suis Grimmel le Grave, dompteur de dragons et sadique aux heures perdues. Je suis également le jumeau du Roi Noir.

 

L’effet attendu se produisit dans le regard de ses proies : Affolées !

 

- Je viens récolter les dernières Fées encore dans la lumière et mon petit Prodige, « échappé », Gloussa-t-il avec un réel et pur sadisme. Il faut bien faire un peu le ménage pour que tout soit propre. Il reste deux trois microbes mais on va vite rectifier le tir. Surtout que vous ne représentez pas la moindre menace. C’est même trop simple.

 

Il soupira, montrant sa déception. D’autres bricoleurs crièrent plus loin et des bruits de luttes, de magies dragoniques crépitèrent dans l’air. Harold vit de longues flammes s'étirer et s’élever, entourées de fumée d’un noir de suie.

 

Un hurlement de désespoir s’enfuit de ses lèvres, faisant frissonner Grimmel de plaisir. L’impuissance mêlée à la solitude lui firent perdre pied, il s’effondra, les larmes débordants de ses yeux couleurs sapins. Krokmou accourut pour le rejoindre, d’un jappement triste. Il s’enroula autour de lui, sa queue tout contre et tenta vainement de l’épauler.

 

Cette douce chaleur fut agréable malgré le froid polaire de son cœur. Grimmel siffla dans son appeau aux sons inaudibles à oreilles de Fées avant de se crisper d’une grimace surprise.

- Pourquoi ne m’écoute-t-il pas celui-là ?Hmmm… Drago !

Son collègue souffla à son tour dans une corne-sifflet mais Krokmou resta en position défensive devant Harold. Il ne semblait plus du tous les écouter.

- Impossible. Les dragons ne peuvent pas résister à notre magie !

 

Coupés dans leur élans, les Ténébreux se lancèrent un regard pantois. Grimmel ordonna à son sous-fifre d’utiliser leur deuxième carte. Drago leva alors son énorme bâton enchanté qu’il agita dans tous les sens en poussant des cris de bêtes. Des bruits de clochettes se mélangèrent à une danse devant un Harold anéantit de chagrin.

 

L’énorme dragon bleu aux reflets rougeoyant jusqu’à présent sagement immobile se mit en mouvement. Il souffla de colère et agita ses cornes dans tous les sens, tapant du pied et de sa queue. Krokmou se sentit mal, il secoua la tête, perdant sa conscience peu à peu. Un cri déchirant sorti de sa gorge, il luttait et souffrait atrocement. Cela permit à Harold de se ressaisir. Les yeux du gigantesque dragon fixait avec ardeur le petit Krokmou qui oscillait avant de se stopper, se tournant vers Harold, prêt à faire feu. Il avait les pupilles dilatés, comme un chat en chasse. Dans sa gueule, il emmagasina une étrange lumière bleue.

 

Le sourire amusé de Grimmel refit surface sur son visage.

- Personne ne peut résister à l’Alpha. Contrôler l’Alpha, c’est contrôler toute la colonie ! Les instincts sont inéluctables ! Il semble que tu aies choisi la mort par trahison, c’est encore plus délectable !

- Krokmou !! NON !! ECOUTE MOI !! KROKMOU !

 

L’animal tenta de résister, le feu aux bords des lèvres. Si il tirait à bout portant, Harold n’en réchapperait pas. Et pourtant… Même en sachant tout cela, le Bricoleur fonça sur lui. Une larme roula sur les joues de l’animal qui tira de toutes ses forces. Il pivota juste à temps pour que la boule de feu concentrée passe juste au-dessus de son ami, qui plongea sur lui. Le tir emplit la scène d’un bruit strident se perdant vers les cieux.

 

La confiance de cette petite fée l’emplie de détermination dont il ne se serait jamais cru capable. Mais le contrôle de son Alpha était si fort ! Il grogna de douleur pendant que les Ténébreux savouraient le spectacle. Harold le prit dans ses bras malgré les coups de queues et de crocs sur sa nuque.

 

- Fini le travail ! Je veux l’entendre hurler de désespoir pendant qu’il brûlera sous le feu de son… de son quoi d’ailleurs ? Ami ?

Drago ricana à la remarque de son lieutenant avant d’enchérir.

- Aucune chance, il devait se servir de lui tout au plus. Un marginal. Il fera un beau trophée dans nos rangs. C’est si rare d’avoir un Furie Nocturne encore en vie !

- La cerise sur le gâteau.

 

Krokmou se sentit toute chose. Le contact contre la Fée lui fit un bien fou. Une onde magique se répandit en lui, douce, posée. Il ferma les yeux avant de charger à nouveau une boule de feu concentrée. Harold sentit ses larmes lui dévorer les joues, agrippé à son « bourreau » pour le grand final. Pourtant, à sa grande surprise, le dragon noir se retourna d’un geste vif avant de tirer sur l’Alpha, lui arrachant une corne. L’énorme masse hurla, frappant à son tour d’un puissant jet de feu rougeâtre.

 

Un flash de la nuit sans lune revint au Prodige qui se figea, mort de peur. Krokmou le poussa et le couvrit pour le protéger de la chaleur. Lui-même étant ignifuge – jusqu’à un certain point. L’Alpha frappa de ses pattes sur le sol, furieux, imposant sa domination devant le petit qui, étrangement, garda totalement le contrôle.

 

Il intima Harold de monter sur lui ce qu’il fit par réflexe de survie. L’animal se mit à courir pour prendre son élan. Choqué, Harold s’agrippa de toutes ses force au cou de l’animal tout en regardant de tout côté pour chercher Varian et Astrid. Ils avaient disparu pendant l’inattention des Ténébreux, probablement cachés non loin, prêt à aider ou à fuir selon les circonstances. 

 

- Vers le brasier ! Hurla Harold qui reprit lentement la maitrise de sa terreur.

 

Krokmou s’exécuta en fonçant vers les attaques enflammées, gelées et électriques des dragons-salamandres. L’un deux leur barra la route pour les couvrir d’une brume huileuse tandis que la deuxième tête de l’animal alluma son feu pour une explosion démentielle. Krokmou fit son possible pour esquiver le plus gros de l’explosion, roulant sur lui-même avant de reprendre sa course. Harold tint bon, quelques peu entournés et éteignant les flammèches sur son habit.

 

Au loin, Grimmel, à la fois furieux et amusé, profita de cette nouvelle traque pour lancer toute la horde sur eux d’un coup de sifflet. Il s’envola avec les dragons, tandis que Drago était monté sur l’Alpha qui prit la tête de la course.

 

Arrivé au camp des bricoleurs, Harold chercha ses amis qui fuyaient dans tous les sens, luttant de toutes leurs forces en compagnie d’un Geulfor surmené.

- Il faut les aider !!

D’un coup de patte, Krokmou sauta le plus loin qu’il le put jusqu’à rejoindre les Bricoleurs. Ceux-ci allait l’attaquer mais Harold leur hurla de fuir tandis que des boules enflammées fusèrent de Krokmou jusqu’à ses compatriotes ailés.

 

Ce fut la débandade. Harold entendu Geulfor hurler auprès de son petit, qui lui-même lui cria de partir. Astrid déboula de nulle part pour frapper un dragon sur le point d’attaquer Eret qui peinait à se débarrasser de celui qui lui lançait des éclairs et des coups de dents. Deux de ses collègues réussirent à tirer des filets puis des leurres avant que tous se réfugient sous une nappe de couleur ocre, fuyant à toute jambe. Varian utilisa une de ses armes personnelles pour engluer des ennemis dans le miel, qui tombait du ciel comme des mouches.

 

Krokmou tira autant qu’il le put, bientôt épuisé de carburant interne. Drago sauta des cieux pour rejoindre Harold et le frapper à coup de bâton pointu. Il fut éjecté du dos du dragon, roula à plusieurs mètres tandis que Grimmel descendit en piqué pour le poignarder. 

 

A la dernière minute, Harold fit une roulade et se laissa glisser sous les fougères. Il injuria sa jambe de bois et se mit à courir comme il le put entre les fourrées. Esquiver les dragons et les Ténébreux fut un calvaire mais son esprit stratège lui permit de bondir entre les végétaux, usant des ombres des flammes, de la fumée ambiante, pour se cacher.

 

- Tu ne pourras pas nous fuir éternellement ! Hurla Grimmel qui s’éclatait. Mais je te remercie pour ta résistance ! Voilà là, la digne proie qui m’était destinée ! Tu ne me déçois pas, Prodige ! Résiste, lutte ! Ce sera encore meilleur de te cueillir ainsi !

 

Harold tenta de calmer les battements de son cœur et se couvrit de pollen pour enlever son odeur, privant les dragons de leur atout. La bataille continuait de faire rage dans le sous-bois, les bricoleurs n’avaient pas dit leur dernier mot mais leur vaine résistance ne tiendrait pas éternellement…

 

Un nouveau flashback s’insinua dans l’Estivale. Le jeu lors du festivales au départ des Printanières où il avait gagné le combat avec son équipe, grâce à son inventivité. Une force nouvelle le submergea, mélange de colère, de frustration et d’espoir. Jack, Mérida et Raiponce l’attendaient quelque part. Il en était persuadé, son Lien lui hurlait de les retrouver. La reine avait cru en eux, en lui !

 

Soudain, comme prit par un choc violent, Harold se releva contre le tronc d’un arbre, surprit lui-même par sa pensée.

 

Comment ai-je pu oublier… Le livre de la reine ! Ses indications ! Les présages étranges de Bruno ! Je ne peux pas abandonner si facilement ! Pas après les sacrifices de Krokmou. Pas sans me battre jusqu’au bout pour les fées ! Je suis… JE SUIS UN PRODIGE ! UN FIER BRICOLEUR de la vallée !! Hors de question de mourir ici ! On doit se réunir, à quatre !

 

Grimmel émergea à sa droite. Il frappa d’un coup sec, se plantant dans du bois. Un mannequin construit à la bas vite le regardait avec colère. Il en rit. Sa proie semblait encore tenir le choc, quel régal !

 

Sautant sur une racine, Harold se fit glisser et se coucha sous une souche enflammée, rampant comme un ver de terre. Il repéra Krokmou qui l’appelait de cris déchirants. Harold réussit à le rejoindre entre deux buissons meurtris avant de sauter vers lui. Drago lui bloqua le passage, le frappant de son bâton crochu. Harold sentit la déchirure lui piquer atrocement le long de son épaule gauche jusqu’à sa hanche, chancelant plus loin.

 

Grimmel n’était pas loin et revenait par les airs, carnassier. Drago frappa une seconde fois mais Harold lui envoya une gerbe de terre au visage avant de prendre une coque de noix qui trainait et de se protéger d’un Grimmel fou de bonheur.

 

Les Ténébreux s’amusèrent à le pousser dans ses retranchements, entourés d’un brasier ardent et puissant. Krokmou prépara une nouvelle décharge, probablement la dernière vu le mal qu’il eut à la former.

 

- Baisse toi !

 

Harold fixa Varian, s’exécuta et vit deux boules gluantes exploser devant lui. Drago grogna, englué sur le sol comme un insecte dans une toile d’araignée. Eret sortit de derrière pour forcer Grimmel à reculer à grand coup d’épée tandis que Geulfor envoya un harpon sur l’Alpha qui beugla, la patte blessée, la queue frappant dans tous les sens. La terre tremblait tout autour d’eux, leur faisant perdre l’équilibre.  

 

Krokmou tira sa dernière salve. Tout le monde se coucha vers la droite, tandis que le feu intense explosa en direction des ténébreux. Deux dragons couleurs noirs et rouges, filiformes et anguleux se mirent à protéger leurs maîtres avec une certaine douleur. Le feu bleu était infiniment plus chaud que le leur.

 

- Partons d’ici ! Hurla Geulfor.

 

Harold le fixa, lui sourit et s’approcha d’un Krokmou épuisé.

- Tenez ! Gardez bien ça avec vous.

Varian attrapa un étrange bout de bois entouré d’un morceau de… son aile ?!!

- Où vas-tu ? Hurla son supérieur, terrifié.

Le Prodige monta sur le Dragon-Salamandre sans la moindre hésitation. Celui-ci le regarda avec complicité et approbation.

- Je pars me battre ! Il est temps pour moi d’accomplir ce que Mère-Nature attendait de moi. Je l’ai enfin compris et vous serez bien plus en sécurité sans moi. Cachez-vous. Cherchez des lieux cachés, oubliés. Je vous retrouverais grâce à mon aile. Par pitié, faites attention !

 

Il fit signe à son ami de partir. Krokmou fila sans demander son reste ne laissant aucune opportunité à Astrid et aux autres de répondre, choqués. Une étrange fierté se posa sur Geulfor suivit d’Astrid et même Eret et Rustick.

- Croyons en lui, conclut Varian qui serra le morceau d’aile d’Harold dans sa main, probablement arraché lui-même dans la souffrance de son âme. Un acte qui allait au-delà de la raison et qui prouvait la détermination d’Harold.

 

Celui-ci inspira longuement, une grimace au visage à cause de sa longue blessure sanglante avant de sentir le sol s’éloigner. Krokmou tenta un envol maladroit. Les dragons les poursuivirent avec colère, désorganisés après l’attaque de leurs maîtres et l’Alpha. Le vol n’était pas stable du tout et l’animal n’arrivait pas à garder l’équilibre. Son aileron de fortune n’était pas assez performant, il se refermait dans les bourrasques. Ses ailes trouées aussi l’empêchait de monter haut et d’aller vite.

 

Réfléchissant à toute allure, Harold aida l’aileron à se stabiliser en se retourna d’un grognement et se couchant sur l’animal qui essaya de le maintenir sur lui. A l’aide d’un cordage improvisé, Harold reprit place et tira dessus pour garder l’aileron droit et l’aider à se diriger.

 

Krokmou réussi à semer ses poursuivants après une longue course poursuite entre les arbres et la frondaison. Il était agile et rapide. La troupe ne voulant pas s’éloigner plus loin de leurs maîtres, ils retournèrent auprès d’eux.

 

Soulagé et déterminé, le Prodige regarda vers l’Est, indiquant la route à son ami épuisé. Il en profita pour apposer de l’onguent sur sa déchirure, étouffants des cris de douleur.

La vallée n’était pas loin, il vit ses contours dévastés au loin, l’arbre gigantesque gisant, noircie. Il ne se dirigea pas droit vers la gueule du loup mais un peu plus loin. L’animal lui demanda, d’un regard, où ils allaient. Voler lui fit un bien fou, il revivait, tout comme son monteur.

 

Harold lui sourit.

- On va retrouver mes amis ! Tu vas les adorer.

 

Krokmou opina et reprit de la vitesse. Ils devaient vite fuir Grimmel et ses sbires.

 

***

 

La tête lourde, le cœur au bord des lèvres, Mérida s’éveilla lentement. Elle ne sut combien de temps elle avait dormi mais vu l’état d’engourdissement dans son corps cela devait être considérable.

 

Elle fixa Asha qui sommeillait paisiblement, enroulée contre un faon. Elle-même avait le sien et il la regardait avec tendresse, honneur.

« Bonjour, moi c’est Gurri. Et toi ? Il paraît que tu peux m’entendre ! »

- Oui je le peux. Je m’appelle Mérida, Fée des Animaux Automnale .

La petite femelle écarquilla ses yeux bleus cyans, surprise et émue. On lui avait dit de prendre soin de cette fée car c’était une fée spéciale, elle comprit tout de suite pourquoi. Elle le sentait, dans le moindre pore de sa peau, de son âme.

« Ton aura est immense !! »

- Merci… Rougit-elle en s’ébrouant les cheveux remplit de morceaux de feuille. Asha va bien ?

« Elle est avec mon frère, Geno. Elle va très bien. Elle s’est réveillée bien avant toi mais semble épuisée par ce qu’elle a vécue. »

- Pas étonnant… Se rappela la rousse avec un frisson d’angoisse. Où sommes-nous ?

« Chez moi. Dans une grotte magique offerte par la reine des Fées voilà un millénaire. Ici, on est indétectable. Maman m’a dit que les Fées auraient dut se cacher ici en cas de danger mais que personne n’est jamais arrivée ce soir-là… »

- Nous n’en avons pas eu le temps…

 

Mérida soupira avant de s’étirer, de faire quelques exercices pour se remettre d’aplomb et se lever. Elle inspecta la magnifique grotte entourée de cristaux magiques et d’une aura apaisante. Elle était haute, large et s’enfonçait encore sous la terre. Une cascade magique en cachait l’entrée, d’autres petites chutes d’eaux glissaient également sous la rocher, formant des mares pures où Mérida s’y abreuva. Si elle y restait pour toujours, elle sentait qu’elle y serait en sécurité. Mais elle ne pouvait s’y résoudre… Ses amis l’attendaient toujours.

 

La cascade se fendit en deux, laissant passer une large silhouette élancée. La biche chaloupa jusqu’à ses enfants, les léchant avant de s’intéresser à Mérida.

« Si tu veux manger, des baies t’attendent juste derrière. Repose toi mon enfant, tu en a bien besoin ».

- Merci beaucoup.

Elle lui fit la révérence avant de se restaurer. Féline la contempla avec maternalisme, comme la reine le faisait autrefois. Cela détendit Mérida. Elles parlèrent d’ailleurs d’elle, évoquant des anecdotes à ce sujet. Sa mort peinait toute la forêt… Son Roi, Bambi, le premier.

 

Celui-ci arriva un peu plus tard avec Freya, la reine. La lynx agita sa petite queue touffu et ses vibrisses pour sentir l’état de Mérida. Elle sembla satisfaite malgré la peau coloré de la rousse, rongé par un poison retors.

« Pour guérir, avale ceci, c’est un remède puissant transmis de génération en génération, expliqua Freya, ses pinceaux s’agitants avec intérêt. »

 

Mérida regarda la noix de coco fendue en deux, remplit d’un breuvage prémâché par la Lynx. Cela la rebuta mais elle fit confiance à sa sauveuse et avala d’une traite la mixture. Une nausée la prit qu’elle reflua, laissant à la mixture sa chance de la guérir.

 

Bambi s’avança, sa magnifique ramure brillait dans la pénombre d’une magie chaleureuse. Mérida s’inclina, lui aussi devant la Prodige. Ils échangèrent sur ce qu’il s’était passé dans la vallée et quand la buse les avait emmené ici. Elle parla de son pouvoir, de la reine, de la fin de la poussière… Il était accablé.

« Je ne pensais pas que c’était si grave… Avoua Bambi. Je ne peux même plus m’aventurer dans ma forêt sans croiser une fée noire et des plantes mortes. La magie a changé, le vent est chargé de mauvaises choses. Est-ce là, la fin de notre Mère ? »

- Je ne laisserai jamais cela se produire ! Tonna la rousse. On va se battre.

Il la fixa intensément.

« Vous me donnez un peu d’espoir, cela me fait du bien à entendre. J’aimerai que mes petits grandissent dans un monde lumineux. Retrouver nos forêts, nos amis, notre paix. » Il lécha ses faons avec amour. Féline se blottissant contre eux.

- On va tout faire pour.

« On ? »

 

Mérida parla du Big Four, de ce Lien, du cadeau de Mère-Nature. Cela raviva ses yeux d’une flamme d’espérance. D’autant plus si la reine leur avait accordé leur confiance. Elle était d’une grande sagesse et d’une intuition sans faille.

« Elle va me manquer. Je la voyais presque tous les jours inspecter la vallée, protéger ses petits, venir me demander des nouvelles… C’était une grande reine. Une bonne amie. Toujours à l’écoute, toujours prête à aider et apporter son amour sur le monde. ».

- Vous l’avez bien connu ? Je me rappelle qu’autrefois elle m’avait parlé d’avoir fait des erreurs, mais je n’en sais pas plus. Je suis curieuse de cette reine du passé que je n’ai pas connu.

« Je ne l’ai pas connu non plus, rit Bambi. Je suis jeune. Mon père et mes ancêtres ont tous connu la reine. Chacun à leur manière. Ses débuts, personnes aujourd’hui n’est encore là pour s’en souvenir. L’aube du monde est un lointain devenu flou. Encore plus aujourd’hui avec son départ… »

« Que va devenir la vallée sans elle ? S’exprima Freya, inquiète. J’entends bien votre motivation à la sauver et à prendre le relai. Mais comment ? Le Mal est déjà installé, plus rien ne peux lui faire obstacle »

 

Mérida fit la moue, ne sachant pas vraiment quoi lui répondre. Elle haussa les épaules et sourit malgré tout aux majestés.

- Je veux croire en mes amis et en Mère-Nature. C’est ce qui me portera en avant.

 

Bambi, Freya, Féline et leurs enfants se regardèrent, avant de sourire. Ils opinèrent.

« Et nous aiderons autant que faire ce peux, confirma Bambi »

« As-tu une idée en tête pour la suite ? Demanda la Lynx en prenant une pose déterminée et fière. »

- Oui. Si vous pouviez m’y conduire, je gagnerai du temps.

« Nous le ferons. »

 

L’Automnale sourit et sentit une vague de soulagement l’envahir. Après une longue discussion sur la destination prévue et la magie en Mérida, magie héritée de la Terre même, d’après la Lynx qui la humait, Asha les rejoignit. Ils partagèrent un bon repas tous ensemble.

 

Par la suite, la rousse sortie de la grotte pour prendre un peu l’air, quelques minutes, accompagnée d’Asha. Son amie la Buse lui souriait, son nid tout proche avec les petits d’Angus. Elle les cajola puis retourna dans la grotte pour protéger les lieux de sa présence.

 

- Alors comme ça, ta magie vient de la Terre en personne ? De Mère-Nature ?

- Il faut croire ! J’ai l’essence de la Terre. Raiponce celle du Soleil et Jack de la Lune.

Elle cogita, se remémorant les paroles de ses amis et de la reine sur les quatre essences primaires.

- Si je me rappelle bien… Harold à forcément la dernière, celle des étoiles de la voie lactée. Ensemble de corps célestes lointains réunis sous la bannière de l’étoile bleue. Il est l’héritier de la reine, en quelque sorte, songea-t-elle à voix haute.

- Dans ce cas, il va être temps de réunir les quatre essences. Je sens que cela va créer un miracle ! Celui qu’on attend tous pour se sortir de là. Mon vœu le plus cher actuellement.

 

Mérida lui sourit et opina vivement. Son cœur pensait la même chose.

 

**

 

Après quelques heures passées à se reposer, les deux Fées montèrent sur Bambi et se laissèrent porter vers leur destination. L’espoir en elles.

 

Non loin de là, un gros corbeau croassa méchamment, fonçant droit sur sa proie. Il frappa de toutes ses forces contre Krokmou qui poussa un cri, déstabilisé par la surprise.

 

Harold hurla à son tour et ils chutèrent tous vers le sol.

 

Mérida sentit son poil se hérisser, les yeux intriguées vers le ciel. 


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NDA : Les personnages de Geno et Gurri sont bels et bien les noms officiels des jumeaux de Bambi et Féline sortis dans un livre!

Freya est une invention de ma part car j'adoooore les Lynx! 

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