Fairy Big 4 : La légende des quatre saisons

Chapitre 22 : Premiers émois et Entêtement

5497 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 25/08/2024 13:16

A l’abris du moindre rai de lumière, entouré de poussières aussi sombre que lui, Pitch observait le monde changer. Une énorme sphère magique représentait l’état de la Terre et sa perte de lumière. Il savourait chaque point blanc disparut, remplacé par une brume violacée.

 

- Tout ce passe-t-il comme prévu ?

 

Le nouvel arrivant opina largement, prenant place en face du Roi sur un rocher de suie, les jambes en équilibre sur un autre roc. Il se servit un jus qu’il but avec délectation.

- Tout est sous contrôle. Chaque fée de pacotille est à son poste, notre Père est repu et comme tu le vois, nous progressons de minute en minute sur chaque parcelle de cette terre. Rien ne peut plus nous arrêter. Ahhhh, je savoure enfin la victoire. Depuis tant de siècles… Tant de lutte contre ses insectes de malheurs. Qui aurait cru, qu’enfin, nous aurions fini par obtenir notre plus profond désir. Nous avons tout ! Tout entre nos mains !

Il se mit à sourire sadiquement. Son Roi lui répondit de la même manière avant de fixer l’antre de Drûun avec profondeur.

- Notre victoire est totale, irréversible et implacable. Cependant, Père est encore chagriné par le pouvoir infini qu’il désir. Où en est la quête des Prodiges, mon cher jumeau ? Je vous ai donné des emplacements pourtant.

L’air sombre, Grimmel balança sa tête en arrière. Il continua de laper son breuvage, pensif.

- J’ai envoyé des volontaires pour ramasser leurs carcasses miteuses. Ils ne devraient pas tarder à revenir avec trois d’entre eux.

- Trois ?

- Je m’en suis gardé un sous le coude, saliva Grimmel. J’allais justement me mettre en route.

- Pourquoi en doutais-je ? Ton sadisme est encore plus prononcé que le mien.

- C’est mon pêché mignon, ricana-t-il. La traque, le désespoir, faire croire à la cible qu’elle avait ne serait-ce qu’une chance de s’en sortir avant de revenir à la charge.

- Tu as donc bien fait exprès d’en laisser fuir un, cette nuit-là, grimaça le Roi.

 

Grimmel ne répondit pas, un sourire énigmatique aux lèvres, jouant avec son verre. Grâce aux puissants pouvoirs de son jumeau et lui-même, il savait pertinemment où trouver les Prodiges. Il suffisait de suivre l’empreinte de magie noire qu’ils avaient collés sur eux. Le blond c’était arrangé pour en marquer un et le laisser croire à sa bonne étoile, il n’attendait ainsi qu’une chose : Aller le débusquer et le voir sombrer encore plus bas dans le désespoir.

Pitch avait quant à lui marqué un autre ce soir-là et Raiponce l’était par sa transformation. Ne restait que le dernier Prodige que Mordu avait retrouvé en la marquant à son tour de ses griffes couvertes de poussières Noires.

 

Le glas allait tomber. L’acte final que Grimmel savourait.

 

- Je pensais que tu irais sur place, reprit le jumeau avec reproche. Pourquoi ne pas en avoir fini avec ceux que tu as marqué ?

- Je suis en train d’organiser toute notre armée et de veiller sur Père. Je ne peux pas tout faire. C’est d’ailleurs pour ça que je suis Roi. Et que tu as préféré rester sur le terrain.

- Rien ne t’empêche de faire les deux. Et puis, tu es roi car j’ai perdu contre toi pendant notre duel. Rien de plus.

- Des regrets ? Se vanta Pitch avec orgueil.

Grimmel montra les dents mais finit par hausser les épaules tout en finissant son jus.

- Si ça me permet d’être plus libre, alors non. Reste terré dans ta grotte. Moi, je vais aller m’amuser.

 

Il avala d’une traite la fin de son jus avant de balancer sa coque de noix plus loin nonchalamment. Pitch le fixa s’en aller, grognant entre ses fines lèvres grises. Son frère n’avait peut-être pas tort…

 

***

 

La Lune grossissait de nuit en nuit, voilée par l’épaisse chappe de plomb sombre et violette. Jack arrivait de plus en plus à contrôler son pouvoir glacé, surtout avec l’approche de sa Mère-Lune, semi-pleine, au-dessus de lui. Voilà des jours durant que les deux Fées avançaient la nuit avec leur chariote, se reposaient les jours de fortes canicules où se cachaient lors des orages et tempêtes interminables.

 

La petite orbe leur indiquait la route, se rapprochant inexorablement des restes de la vallée. Grâce à certains humains sélectionnés par Mère-Nature, Raiponce et Jack avaient pu recevoir de l’aide, de la nourriture plus rassasiantes et aussi une idée précise d’où ils se trouvaient sur la Terre. La blonde étudiait avec attention une carte fournie par l’un d’eux : Lors de la nuit sans lune, ils avaient d’abord été téléporté dans le centre d’un large continent aux royaumes fournis et variés. Maintenant, ils se dirigeaient au sud dans des régions équatoriales humides, où la vallée était tombée. Celle-ci se trouvait à cet emplacement précis car le départ des estivales s’étaient faites dans ses régions là en premier.

 

Parfois, Raiponce regrettait de ne pas avoir prit le sens inverse, vers les tribus du Nord où se trouvaient d’ailleurs les Northuldra, peuple de la nature qui aurait pu les aider. Jack souffrait atrocement par période. Mais il assurait qu’ils avaient fait le bon choix et ne démordait pas du chemin. Aussi, Raiponce gardait pour elle ses inquiétudes.

 

- Tu en fais une tête, est-ce que ça va ?

Jack rejoignit son amie qui se reposait dans le chariot, tiré en cet instant par un furet tout blanc. Elle faisait rouler la baguette magique de la Reine dans ses mains.

- Ça va, ne t’en fais pas. Je pensais juste à la Grande Fée Bleue que j’ai tué…

- C’est le Roi Noir qui l’a tué ! Sermonna aussitôt Jack avec colère. Ne recommence pas avec ça !!

- Sans mon obsession puérile pour le monde humain, ma transformation qui en a résulté, rien de tout ceci ne se serait passé.

Il soupira avant de lui envoyer une vague de froid sur la nuque. Elle frissonna en le regardant. Il fit la mou.

- Arrête… Les seuls responsables ce sont les Ténébreux. Ne cherches pas à te blâmer. Ils ont été plus malins que nous, c’est tout. Et surtout plus que la reine. Que pouvions nous faire de plus ? On est encore si jeune. Et comment deviner pour les traîtres * Raiponce grimaça* ou la maladie de cette magie de manipulation ? C’est comme ça, c’est arrivée, maintenant il faut réparer tout ça. C’est notre rôle, de surcroît.

- Tu as raison… J’ai juste du mal à oublier le regard de notre Reine qui croyait tant en notre potentiel… Je repense aussi aux paroles de Bruno. À la vie d’avant… À la douleur de ma transformation. Cette chanson de destruction me hante!

 

Jack la sentit fébrile, elle était si brave mais aussi si sensible. D’un geste tendre il la prit contre lui et lui posa un baisé sur le front, lui caressant doucement son dos. Il parla tout bas dans son oreille, lui offrant un nouveau panel de frisson.

- Je suis là et je resterai toujours à tes côtés. Tu verras, nous trouverons un moyen de restaurer la vallée, d’honorer notre reine. Ensemble, à quatre, n’oublie pas que rien ne nous arrêtera. Ce sont nos valeurs contre les leurs. Toutes les fées de la vallée attendent après nous pour se venger. Offrons-leur cette porte de sortie.

 

Prise d’un large frisson remontant dans sa nuque, la blonde se serra s’avantage contre Jack. Elle pivota la tête vers lui et leur nez se frôlèrent. Un instant suspendu se dilata. Etrange sensation remontant dans le bas du ventre, serrant la poitrine et finissant au fond de la gorge. Jack n’arrivait presque plus à respirer, comme s’il avait oublié comment faire. D’un geste il prit la main de la blonde et lui caressa doucement avant de mêler ses doigts aux siens.

 

Raiponce avait chaud, si chaud. Pourtant, la température de l’eau était toujours froide. Etrange… Elle sentie son pouls s’accélérer, son cœur partir dans les tours. Impossible de lâcher les perles bleues du regard. Elle s’y plongeait sans limite.

 

Dans l’air, de la magie crépitait bien que les fées ne s’en rendirent pas compte. Le furet et ses amis de la forêt eux l’avait bien remarqué. Une conversation lointaine ressurgie en Raiponce, la voix d’Esmeralda entra en elle .

 

« - Donc, ils sont ensemble pour toute la vie ?

- Oui. Ils sont Amoureux. Ils sont… comment dire ? Lié par ce lien d’affection pour toujours… »

 

« - Bien sûr! On a tous « une âme-sœur » qui nous attends dans la vallée !

- Ah bon ?! Moi aussi ?

- Toutes les fées trouvent l’Amour un jour ! C’est comme notre moitié manquante. Nous vivons à deux, en symbiose, et ce, jusqu’à nos derniers jours. Mais comparé aux humains nous ne nous séparons jamais. Une fois liée, nos âmes sont éternellement ensemble. D’après la reine, cela renforce notre essence, notre magie et nos sentiments. Comme deux mains d’un même être. »

 

- Jack… J’aimerai que tu sois ma moitié manquante.

 

Il la fixa, sans comprendre. Raiponce attrapa son visage dans ses mains, émue par toutes ses sensations qui la parcourait et la révélation qu’elle venait de saisir.

- Au fond, je crois que je l’ai toujours su, c’est toi que j’ai choisi… C’est toi… mon âme sœur.

Il ne sut que répondre, commençant lentement à assimiler le concept derrière ses mots. Il se rappela que Blanche lui avait déjà évoqué cette histoire de Lien à deux. Comme elle même était liée à une fée appelé Florian mais qui était coincé dans une autre saison… Le Lien entre deux fées était-il différent de celui qu’il partageait déjà avec les autres Prodiges?

 

Tout ce bouscula dans sa tête, des tonnes de questions puis… le néant. Il revint sur Terre et sentit les lèvres brûlantes de Raiponce se coller sur les siennes glacées. Un instinct surgit et il répondit à son baiser, faisant crépiter de magie l’air saturé d’humidité. Il ne respirait que part à coup, les joues rouges, le cœur dansant le tango dans sa poitrine. Quand Raiponce se détacha il ne put s’empêcher de l’embrasser à son tour. C’était presque viscéral. Après tout ce qu’ils avaient vécus c’était comme se coucher sur un lit moelleux et s’endormir en paix.

 

Après un long baiser, Jack reprit son souffle. Il observait la profondeur des émeraudes de Raiponce.

- Je… Je veux être ta moitié !

Les yeux verts s’illuminèrent, s’empourprant d’avantage de larmes chaudes. Raiponce se blottit automatiquement contre lui et il la serra du plus fort qu’il le put.

- Je ne comprends pas tout, avoua-t-il, mais je vois que c’est différent de ce Lien à quatre… C’est autre chose. Et je veux rester avec toi pour toujours.

- Je voudrais tant qu’on se lie…

 

Il releva son visage et lui sourit, prêt à fondre à nouveau sur elle pour embrasser son joli petit nez rose quand le chariot se renversa. Les deux fées poussèrent un cri en retombant sur le sol. Les animaux qui les accompagnaient se mirent devant eux pour les protéger avant que des éclats de magie ne retentissent tout autour, les effrayants, blessés.

 

Soudain, des rochers noirs et bleus sortirent de terre juste devant les Amoureux qui se repoussèrent chacun d’un côté pour les esquiver. Un rictus mauvais leur parvint tandis qu’ils se redressaient pour fuir la scène.

- Merci pour la puissante trace magique que vous venez d’invoquer, je commençais à perdre patience à vous chercher partout. Je sentais que j’étais proche, grâce aux indications du Roi, mais celles-ci étaient assez peu précises.

- TOI !

 

Raiponce fixa Cassandra avec haine qui, d’une épée faites de la même roche qu’invoquée, les visait avec défiance.

- La traque à fini par porter ses fruits. Je vous tiens enfin ! Il est l’heure de rendre des comptes. Je t’avais dit, Raiponce, que tu ne pourrais jamais nous fuir. Une fois marquée, nous te retrouverons toujours ! Tu aurais dû nous rejoindre tant que tu le pouvais encore. Mais ta naïveté a pris le dessus. Et te voilà tombée bien bas. Sans magie, sans ailes, sans personne pour te cacher derrière. 

Les dents serrées, la blonde délivra ses cheveux, prête à se battre.

- Je ne suis pas aussi faible que tu le crois ! Et où est donc ta maîtresse, petit toutou ?!

- Ça tu vas me le payer !

 

Cassandra sauta du chariot renversé pour fondre sur la blonde. Aussitôt, celle-ci invoqua un bouclier pour se protéger qui, bien que faible, fit admirablement son travail en bloquant les rochers noirs. Jack se préparait à rejoindre l’assaut mais une attaque le fit sauter encore plus loin de sa moitié.

 

On essayait de les séparer !

 

Une autre figure émergea de l’ombre. Gothel… La femme qui avait tourmenté sa Raiponce. De colère, Jack invoqua une gerbe de pics glacées sur la Ténébreuse. Avec agilité, celle-ci s’envola dans les cieux en ricanant.

- Ridicule ton attaque, petit insecte. Oh, mais j’avais oublié, tu ne peux plus voler ! Hi hi hi hi ! Dommage que tu n’as pas accepté le marché de notre Roi. Il t’aurait offert sa poussière, sa magie ! Sa puissance !!

- Je n’en ai rien à faire de tout ça. Ce n’est que de la poudre aux yeux !

- On va voir ça !

 

La Ténébreuse fit un piqué vers Jack en le frappant avec sa dague empoisonnée. Jack sortie une lame de glace pour parer ses coups. Acculé, il ne pouvait que se défendre alors que son ennemie attaquait depuis les cieux avec virulence à grand coup de dague et de pieux remplit de poisons. Il dut admettre que sans aile il était une cible facile mais ne se laissa pas abattre pour autant. Lors d’une descente rapide de la Ténébreuse, il esquiva au lieu de parer puis invoqua une plaque de glace sur le sol. Emportée par son élan, Gothel tomba la tête la première sur le sol gelée, se faisant emporter dans des ronces.

 

Son regard noir accompagné des profondes cicatrices craquelées sur sa peau fondue – ses anciennes brûlures- la rendait encore plus laide. Et c’est pour cela qu’elle désirait tant le pouvoir de la blonde. Pour retrouver sa beauté éternelle !

 

Pleine de hargne, Gothel invoqua un puissant feu noir qui rongea les alentours avant de fondre sur sa proie. Jack du s’enfuir, donnant des coup de lame de glace qui se brisa sur la dague de son ennemie. D’un geste véloce, Gothel apposa sur son visage une malédiction qui se propagea sur toute sa peau. Jack la chassa d’une gerbe de glace et sentit son corps se flétrir. Il tituba, vieillissant -comme un humain- à vue d’œil. Elle ricana, appréciant le spectacle. Il tenta d’utiliser sa magie mais plus rien ne sortit de sa main. Désespéré, il attrapa une pierre pointue et se rua sur elle. Sa lenteur la fit redoubler de rire.

 

Les flammes s’emportèrent tout autour dans une danse macabre.

 

A côté, Cassandra et Raiponce se livraient un combat titanesque dans une plaine rongée par le feu et les rochers noirs bleutée. La Ténébreuse avait facilement le dessus mais Raiponce réussissait à se protéger avec son bouclier de lumière.

- Abandonne ! Tu n’es pas de taille, surtout lors des soirées lunaires !! C’est là que je suis la plus puissante ! Alors que toi, c’est au soleil !

- Dans…. Tes … rêves !!!

Quelques flash lumineux lui permirent de faire dévier Cassandra de ses coups qui devaient fermer, à chaque fois, les yeux. Si le combat durait, elle savait que Raiponce ne tiendrait pas. Elle n’avait plus de poussière : C’était comme se battre au minimum de sa puissance, sans réserve d’énergie ! Autant dire presque à nue.

 

Sa condition de Prodige lui permit malgré tout de tenir bon encore un temps, des rochers en cascade déchirant sa tunique jaune et la repoussant vers une zone encerclée de pierre qu’elle ne pouvait escalader. Prise aux pièges. Cassandra s’envola en hauteur avant d’emprisonner sa captive dans une cage de pierres tranchantes aux reflets céruléens. Elles pulsaient de magie noires bleutées qui affaiblissait d’avantage sa cible.

 

Raiponce se retrouva à genoux, essoufflée, la main sur sa poitrine.

- Plus tu résistes, plus tu te fais du mal. Mais c’est toi qui l’a voulu. Au lieu d’accepter de nous rejoindre.

- Comme si j’avais eu la moindre chance de survivre avec vous, ricana la blonde d’un regard provoquant.

- Tu ne lâches jamais, hein. On se ressemble sur ce point.

Cassandra posa ses mains sur ses hanches.

- Je peux te laisser encore UNE chance. Si tu avales cette orbe de poussière noire, et que tu me suis sans faire d’histoire, tu pourras rester en vie. Gothel le désire aussi. Une grande partie de ton pouvoir ira à Père Drûun. Mais le reste tu pourras le garder et vivre avec nous.

L’orbe glissa jusqu’à la blonde qui ne put résister à la regarder avec envie. L’hésitation se dissipa rapidement, préférant la souffrance de cette vie de traquée à l’horreur de l’autre.

- Promis, tu garderas ta conscience, comme moi, ajouta Cassandra en la voyant repousser l’orbe. L’ancien monde est fini. Si tu veux un avenir tu devras nous rejoindre. C’est ta dernière et ultime chance.

 

Raiponce grimaça puis se releva, chancelante.

- Pourquoi tu tiens tant à ce que je te rejoigne ? Tu répugnes donc à me tuer ? Tu serais si faible ?

- FAIS GAFFE À CE QUE TU DIS !!

- Je le vois dans tes yeux, comme ce jour-là dans « l’Autre-monde » et cette nuit sans lune. Tu n’aimes pas ce que tu es. Tu n’aimes pas tuer. Je crois comprendre… Tu ne fais pas partie des ténébreux ! Tu as été transformée !

 

Cassandra recula d’un pas, prise aux dépourvues. Elle reprit contenance peu après.

- Oui, j’ai choisi de fuir la vallée et de devenir l’une d’entre elle. De mon PLEIN GRÉ !

- … Comment as-tu pu faire ça ?! En ayant connaissance de la lumière…

- Je n’y étais pas à ma place ! J’étais faible, la risée de mes pairs ! Une givrée voltigeuse médiocre et isolée de tous de surcroit ! À QUOI BON ?! Cette vallée refuse autre chose que la perfection. Elle refuse l’erreur, la différence ! Et même la faiblesse ! Mais avec vos talents, vous avez mis vos œillères. Ah, elle est belle, la magie des fées !

 

Interdite, Raiponce repensa aux sans-talents et aux fées plus faible de son groupe qui restaient toujours en retrait. Aux propos entendues à la volée des Ministres ou d’Alma Abuela sur les fées incompétentes. Elle serra les poings.

- C’est vrai, la vallée est encore inégale. Mais au lieu de choisir la facilité, tu aurais dut changer les choses de l’intérieur. La vallée peut encore évoluer, elle est jeune et malléable. JE changerais tout ça, lorsque j’aurais restauré notre maison. C’est toi qui devrait te poser les bonnes questions et nous rejoindre.

Cassandra rit et secoua la tête.

- Il n’y a plus rien ! Tu ne comprends pas ? C’est fini pour les fées de lumières ! Ton seul espoir c’est avec Gothel et moi !

- Encore et toujours la facilité. Tu es bien lâche, Cassandra. Bien faible !

- J’en ai assez entendu !

 

Les mains sur le visage, le regard fou de rage, Cassandra reprit son arme et se jeta sur la blonde.

- Meurt dans ta stupidité !

La cage s’ouvrit par en haut et l’épée s’abattit sur la Prodige. Celle-ci se planta dans la chaire de Raiponce, faisant ruisseler du sang frais sur la terre mourante. Cassandra fixa, de ses yeux ronds, Raiponce tenir l’épée dans la paume de sa main droite, plantée en son centre. De son autre main elle l’attrapa par le col de sa chemise noire.

 

- C’est toi, la plus stupide ! TRAITRESSE !!

 

Raiponce souleva ses cheveux pour les enrouler autour de son ennemie et invoqua une fraction de sa lumière divine. Cassandra se sentie légèrement brûlée, perdant la vue au même moment. Elle hurla tandis que Raiponce en profita pour grimper sur elle et sauter en l’air. Avec ses cheveux comme lasso elle se hissa hors de la cage, se retournant une fois sur Cassandra qui se roulait par terre de douleur.

 

- Réfléchis à ce que je t’ai dit. Au sens même de cette vie à laquelle tu aspires réellement !

 

D’un bond, la blonde fonça vers les bruits de luttes un peu plus loin. Elle vit Jack, ratatiné, se défendre contre une Gothel enragée qui lui envoyait des coups de dague et des pieux sur la tête. Son agilité lui sauvait la mise mais sa vieillesse apparente le ralentissait considérablement. Sans parler du feu tout autour qui crépitait dangereusement vers lui.

- Pourquoi tu es toujours en vie ?! Mon maléfice aurait du te réduire en cendre ! Rah, arrête de gesticuler partout !

- Je suis plein de surprise ! Dit-il d’une voix âgée.

 

Jack la fit à nouveau glisser sur le sol, réussissant à éviter la lame empoisonnée bien qu’elle eut déjà réussi à le toucher peu avant à trois reprises. Son visage se couvrait de tâches oranges vifs. Raiponce lança aussitôt sa chevelure dorée. Bien qu’elle ne réussissait plus à utiliser son don depuis cette nuit noire, elle chanta de tout son cœur en espérant que cela fonctionnerait. Ses cheveux s’illuminèrent doucement tandis que Jack s’agrippait aux mèches.

 

- Ma fleur !! Te voilà enfin !

 

La Ténébreuse exultait. D’un coup d’aile, elle attrapa une mèche de cheveux et se fit soignée elle aussi. Son visage retrouva sa jeunesse et sa beauté ainsi que ses mains. C’était comme une renaissance bienvenue où toutes les cicatrices disparurent.

- Me voilà de retour ! Ah que c’est bon !!

Elle s’admira aussitôt dans un miroir de poche. La lumière divine s’éteignit alors et Raiponce sombra, épuisée, vidée. Jack la prit contre lui, guérit de la plupart de ses maux hormis les plaies toujours là sur son torse. Il avait retrouvé sa jeunesse. Mais le poison était toujours présent, tant la lumière divine était affaiblie.

 

- Jack… Il faut, que je te soigne encore…

- T’inquiète pas pour moi, j’ai trouvé un moyen de…

 

Il se tut, le souffle coupé. Une flèche noire venait de se planter en plein cœur. Un ricanement qu’il n’oublierait jamais enfla à ses oreilles.

- LE ROI NOIR !

Pitch émergea des ombres, admirant la scène. Il observa Gothel qui avait presque oublié de se battre pour s’admirer, et Cassandra, plus loin, qui semblait ne plus rien voir. D’un soupir il se massa le front.

- Je ne suis entouré que d’incapable. Mon jumeau avait raison, finalement, autant faire soi même son travail. Ce qui est d’autant plus plaisant.

 

Jack le défia de sa main, prêt à frapper sa glace.

- Comment peux-tu être encore en vie avec cette fournaise ? Là, je suis dépassé de surprise. Emerveillé même ! Tu as tellement de potentiel. Il faut absolument que tu rejoigne mon armé.

Il lui tendit la main. Jack attaqua sans préambule d’un puissant jet de glace. Pitch invoqua sa poussière noire qui fusionna avec la glace pour former une magnifique sculpture de glace noire et bleue.

- Regarde ce que nos pouvoirs peuvent former. N’est-ce pas là la quintessence de la puissance et de la beauté ? Jack, écoute, il n’y a plus rien dans ce monde pour les fées de lumière. Mais en tant que Fée Noire, tu aurais tout. Absolument tout !

- Inutile d’essayer de me recruter, je ne vous rejoindrais jamais.

 

Il grogna, se sachant impuissant face au Roi. Celui-ci n’avait par ailleurs aucune crainte face à eux et s’avança nonchalamment.

- Dommage. C’est du gâchis, vraiment.

- Du pur gâchis, approuva Gothel en fixant Raiponce, presque inconsciente. Autant les tuer et prendre leur pouvoir, ça ira plus vite. Une bonne partie pour Père et le reste pour nous deux.

- Ma foi, je crois qu’il ne reste que ça.

Pitch secoua la tête, faussement dépité avant de ricaner. Il se prépara à massacrer son vis-à-vis tout comme Gothel qui empoigna sa dague avant qu’il ne s’arrête. Quelque chose le turlupinait.

- Pourquoi la flèche ne te transforme pas ?

 

Jack lui sourit avec une pointe de malice. La réponse intervint peu de temps après quand Gothel sauta sur l’Hivernal. Il lui abattit sa main sur le visage en faisant fi de la dague sur son torse. Elle se sentit ralentir avant de lentement se figer. Il retira la flèche noire de son corps, qui, très lentement, rongeait sa peau. Pitch écarquilla les yeux de surprise.

- Comment fais-tu… ç…a

 

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase, Jack lui avait lancé quelque chose de mou au visage. Une boule de neige ? Surprit, il cogita sur ce qu’il venait de se passer avant de revenir à lui. En sursaut il fixa le ciel qui se teinter d’orange. Le soleil se levait. Perdu, il regarda de droite à gauche, personne hormis Gothel, immobile et Cassandra qui attendait plus loin, aveugle.

 

- Impossible… Il a… Il a réussi à jouer avec le temps !

 

En colère mais aussi choqué, Pitch serra les dents. Il poussa un cri bestial, désirant maintenant plus que tout le retrouver. C’était désormais sa cible numéro un !

 

Finalement, il commençait à comprendre pourquoi les Prodiges étaient affublés d’un tel surnom ! Leur dangerosité était réelle.

 

***

 

- Tu as arrêté le temps ?!

 

Raiponce se réveillait à peine de son comas, reprenant des forces en mangeant. Jack opina, assis dans une grotte à l’abris de la canicule.

- Figé dans la glace pour quelques temps oui. C’est là même chose que ce que j’applique sur moi, mais je le fais à autrui. Le Zéro absolu ! Ça m’a permis de fuir avec toi et de trouver une cachette. Mais ils sont sûrement déjà à notre poursuite. On doit se dépêcher, on a plus le droit de traîner maintenant. Sinon, on est mort. Ça ne marchera pas deux fois.

- Attends !

La noirceur et le poison gagnait du terrain, sans compter les plaies qui suintaient. Raiponce recommença son sortilège de guérison avec toute la force qu’elle put.

- Merci, j’ai ralenti le temps sur moi mais je commençais à peiner.

- Jack, tu dois être épuisé et…. Moi aussi… Comment peut-on faire…

 

Jack s’appuya longuement contre Raiponce, illuminant leur cachette du Prisme arc-en-ciel. La poussière noire s’évapora lentement de leurs deux corps.

- Avec notre Prisme, on peut tenir un peu plus, ils ne nous sentiront plus pendant un moment. Ensuite… On devra trouver un nouveau moyen de transport et courir plus vite qu’eux.

Raiponce sentit la force l’envahir. Leur Lien Prodige mais aussi la force de son cœur qui battait la chamade. Elle opina vivement en se couchant contre Jack.

- Ensemble.

- Toujours, lui répondit-il.

 

Fier de s’en être sortis face au Roi et ses sbires, le duo s’endormit sans demander leur reste, incapable de tenir plus longtemps. Imbriqués l’un sur l’autre, une toute nouvelle magie leur offrit de nouvelles forces. Celle du Lien Eternel d’Amour.

 

***

 

Le ciel grondait fort sur la vallée endeuillée. Une tempête s’annonçait virulente et Harold était inquiet. Après avoir écouté les récits héroïques de Rustick et Eret, les deux bricoleurs charismatiques, Harold s’éclipsa en douceur. Geulfor n’y vu que du feu, comme à chaque fois. Il bossait sur une nouvelle hache pour ses Fées.

 

Lentement, l’Estivale, rejoignit son filet de pêche, en sortit un gros poisson, le tua en remerciant son sacrifice et le fourra dans son sac. Il fonça auprès de Krokmou, devenu désormais son ami, lui offrit son repas et le caressa en soupirant.

- Il faut absolument que tu te mettes à l’abris pendant la tempête. Ça risque de se déchaîner dehors.

L’animal opina dans un gargarisme pendant qu’Harold reprenait son travail sur sa queue arrachée. Il lui avait construit un aileron improvisé tout comme sa jambe factice l’aidais à marcher, cela devait l’aider à retrouver la voie des airs. Krokmou avait comprit qu’il l’aidait et ne disait plus rien quant aux essais du Bricoleur aux mains habiles.

 

- Il faudra refaire un essai mais je le sens bien cette fois-ci. Oui, tu vas pouvoir de nouveau fendre les cieux!

L’animal émit des bruits de contentement tout en câlinant Harold de sa tête. Il était tout content de cette attention avant qu’il ne se mette à grogner lourdement. Le Bricoleur ne comprit pas et le fixa. Il prit alors la même direction visuel que le Dragon-Salamandre, tombant sur deux paires d’yeux choquées.

 

Déjà, des armes se soulevèrent, prêts au combat. Harold agita ses mains pour empêcher Astrid et Varian de frapper le Dragon qui semblait lui aussi prêt à les déchiqueter.

 

- Pousse toi ! On doit vite tuer cette chose !! Hurla Astrid.

- Non ! Stop !! C’est… C’est mon ami !!

Varian lâcha son poignard, la bouche grande ouverte. Ses yeux s’illuminèrent étrangement.

- TON … AMI ?!

 

Astrid resserra la prise sur son arme.

 

Un silence s’étala sur la scène où Harold fut prit en tenaille. Son secret n’en était plus un désormais.

 


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