Fairy Big 4 : La légende des quatre saisons

Chapitre 20 : Zéro Absolu et Prisme

5558 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 11/08/2024 10:35

Se retrouver à nouveau dans une habitation humaine rendait Raiponce nerveuse. Des images glaçantes se succédaient dans sa tête. Les ailes d’Esmeralda arrachées, le regard vicieux de Gothel, le rire pervers de Frollo, les cris d’Anna, la lueur dorée de ses cheveux, le feu ardent tout autour… Le coup de poignard dans son ventre, douleur inoubliable imprimée dans sa chair.

 

- Respire… Respire.

 

Main sur sa poitrine, la blonde s’exhortait au calme. Dans un même temps, elle pénétrait à l’intérieur des tiroirs, des commodes et des placards par les trous des serrures pour chercher de quoi sauver Jack de la liquéfaction. Heureusement, tous les habitants dormaient et le chat de la famille la fixait sans intervenir. Il semblait âgé et amical.

 

Mais rien… Rien de ce qu’elle dénichait n’avait la moindre utilité dans sa situation. Aucune trace de glace, de neige ou de quoique ce soit de rafraîchissant. Les ustensiles ne semblaient pas plus intéressant. Elle testa plusieurs maisons, en vain.

 

Elle se faisait plus petite en se faufilant dans les chambres où des bassines d’eaux tièdes étaient posées à côté des lits avec des linges humides. Les humains n’avaient trouvé que cette méthode pour se tenir au frais… La fée sentit son courage descendre en flèche. Si même eux ne savaient pas comment se protéger de la chaleur, alors elle n’aurait pas plus de chance à son niveau !

 

Une idée lui vint, tout à coup. Elle avait encore sa magie. C’était la seule chose qui la différenciait des habitants de cette planète. Posée sur une fenêtre elle invoqua son orbe de lumière avec toute la force qu’elle put obtenir, priant à s’en arracher la paume des mains. Elle tentait de communiquer avec leur Mère. Ses cheveux se mirent à luire doucement, puis de plus en plus vivement. Elle se gonfla d’énergie et fixa son orbe.

 

Pendant un temps, la sphère solaire resta là, suspendue dans le vide devant elle. Puis, d’un coup , elle se mit à bouger toute seule. Raiponce sentit ses larmes monter. Sans une once d’hésitation, elle la poursuivit à travers la masure où elle se trouvait. La lumière se reflétait sur son passage par des flash sur les objets métalliques ou les miroirs. Elle pénétra ensuite dans la chambre d’un enfant qui dormait d’un sommeil agité, semblant en plein cauchemar. De la poudre sombre sortait de son visage. L’orbe tournoyait au-dessus.

 

Surprise, Raiponce s’arrêta à son niveau et ne put s’empêcher de s’approcher. Cette poussière ne lui était pas inconnue… C’était la même qu’utilisait les Fées Noires et surtout le Roi. Le pauvre petit semblait atrocement souffrir. Elle invoqua sa magie en posant sa main sur le front de l’enfant, et utilisa silencieusement sa lumière divine à petite échelle.

 

Un rayon doux se posa sur le petit et, lentement, il reprit une respiration plus lente, plus calme. Quand Raiponce retira ses mains, il semblait apaisé. Ce qui venait de se passer la préoccupa, elle observa la poussière noire prendre une forme animale avant de fuir par la fenêtre. Elle resta quelques minutes à cogiter avant de se sentir faiblir. Sa magie était vide. Dans son sac, encore un peu de poussière de Fées… Mais elle voulait en garder pour Jack !

 

Pourrait-elle rentrer ainsi ? Elle commençait à douter et la panique s’empara d’elle. Son orbe avait disparue sans qu’elle ne comprenne ce qu’elle voulait lui montrer plus tôt ! La Lumineuse retourna toute la chambre, du mieux qu’elle le put. Des jouets, des dessins, des habits, beaucoup de peluches faites mains, des livres…

 

Ses ailes faiblirent. Elle se retrouva sur le sol, impuissante. Elle aurait pu rentrer bredouille mais à quoi bon ? Elle rouvrit son sac pour utiliser de la poussière quand elle sentit l’humain bouger. Elle voulut s’enfuir mais resta là. Une idée lui vint quand elle fixa la grande main de l’enfant s’étirer.

 

- AIDE MOI ! Je t’en supplie ! Humain, aide moi !!

 

Il ne sembla pas l’entendre… Elle recommanda plusieurs fois en s’agitant. Des yeux immenses la fixèrent, incrédules. Le petit, mille fois plus grand qu’elle, se pinça la joue avant de se lever. La différence de taille fit perdre ses jambes à Raiponce qui se retrouva à genoux. Elle tremblait de peur mais, pour Jack, elle était prête à tout ! Elle redemanda son aide à l’enfant aux cheveux bruns en bataille et aux yeux marrons. Il s’essuyait les yeux pour être sûr d’être sortit de son rêve.

 

- Une fée ! Les fées existent pour de vrais !! J’avais raison ! JE LE SAVAIS ! Mes copains ne voulaient pas me croire !! Je suis sûr que les dragons, les sorciers et les sirènes existent aussi !!

 

Le petit s’excita mais Raiponce le perçu avec une étrange lenteur. Il semblait comme au ralentit à cause de la différence de perception. Au moins, elle comprenait ce qu’il disait ! Le contraire n’était pas réciproque. Elle avait beau tenter de communiquer, l’enfant secouait la tête en assurant qu’il ne comprenait rien. Apparemment, sa voix ressemblait à un tintement de clochette.

 

Les ailes basses, Raiponce fit la moue. Le petit se mit à genou et approcha son visage de la fée.

- Tu es trop belle petite fée ! Mais tu as l’air si triste… Je peux t’aider ?

Raiponce opina vivement. Elle mima sa demande, sans grand succès, avant de claquer des doigts et de se relever pour prendre un gigantesque crayon. Elle dessina plus précisément sa demande sur une large feuille de papier.

 

- Jamie ! Le petit-déjeuner est prêt. Dépêche-toi avant que le soleil ne soit trop haut !

- J’arrive maman !

 

La fée termina son œuvre, pas peu fière du résultat précis qu’elle avait reproduit. Le dénommé Jamie se saisit de la feuille et réfléchit un moment avant d’opiner du chef.

- Si je comprends bien : Tu as une amie fée qui fond au soleil, comme une glace… et, heum, tu veux que je l’aide à ne plus fondre ? Et que je t’emmène là-bas car tu ne peux plus voler ?

Raiponce sautilla trois fois en approuvant. Jamie lui sourit.

- Compte sur moi ! Je mange, je me prépare pour l’école et je t’aiderai !!

Elle le remercia en câlinant son pied. Il lui sourit et se dépêcha de rejoindre sa mère en promettant de ne rien dire à ses parents, comme suppliée par la petite créature apeurée. C’était son secret ! Lui qui avait toujours crues en elles, en toutes les créatures fantastiques de ce monde dont Mère-Nature, était aux anges de savoir qu’il avait raison !

 

Raiponce en profita pour se reposer, épuisée de sa nuit et de la magie qu’elle avait utilisé. Elle se sentait de plus en plus faible, si fragile sans la poussière dorée de l’Arbre… Comment allaient-ils survivre sans ? Y avait-il même encore des fées en vie hormis eux deux ? Dans son cœur, elle sut que la réponse était oui. Car elle sentait le Lien. Celui qui s’était déclenché à quatre. Elle percevait, là, couchée sur le sol en chêne, les battements de cœur de Mérida et Harold. Elle sentait leur flamme de vie brûler au fond de la sienne. Ils étaient là, souffrants, quelques parts. Mais si loin qu’elle ne pouvait dire où.

 

Ses yeux se rouvrirent, grands comme des billes. Elle se releva en trombe. Le cœur de Jack… ELLE NE LE SENTAIT PLUS !! Comme si…. NON, c’était donc trop tard ?! Elle ne pouvait tromper ses sens. Il n’était plus là. La lumineuse fondit en larme, criant de douleur, les mains sur son visage défait.

 

Quand Jamie revint, il se précipita sur elle pour la prendre dans ses gigantesques mains et la consoler.

- Je vais t’aider, j’ai trouvé un moyen !! Ne pleure pas petite fée !

Elle secoua la tête, désabusée. Il avait les larmes aux yeux.

- Montre-moi où c’est ! Ne perds pas espoir !!

Dans un vain effort, Raiponce lui dessina le plan du chemin qu’elle avait mémorisé. Jamie s’en saisit, enfila son sac d’école en peau et la posa dans une poche de sa chemise. La fée se laissa faire sans la moindre réaction. Elle vit Jamie filer dans le jardin pour courir vers les bois. Pendant la course, son corps se fit ballotter dans tous les sens d’où elle s’accrocha au vêtement pour ne pas glisser. Elle avait imprimé le chemin dans sa rétine et reconnue par où elle était passée cette nuit, indiquant quand Jamie se trompait.

 

La chaleur matinale était déjà bien vive mais l’air de la forêt fut apaisant pour Jamie et sa petite fée. L’enfant connaissait bien les bois, il y jouait tous le temps avec ses amis. Quand ils atteignirent la destination, proche d’une rivière qui courait jusqu’à son village, Jamie aida Raiponce à descendre vers une flaque d’eau.

 

Il vit la deuxième fée… Elle flottait sur l’eau, visage en l’air, inconsciente, tel un insecte mort. Dans son dos, une étrange bouillie semblait être le reste de ses ailes. Il déglutit, la main sur sa bouche, les yeux larmoyants.

 

- Oh non, pauvre petite fée…

 

Raiponce se précipita vainement vers Jack, le tirant vers la terre pour le prendre dans ses bras. Elle balança le reste de sa poussière magique sur lui et chanta la chanson de la guérison qui ne s’activa que faiblement. Jamie assista à la scène, accroupi, priant pour que la fée argentée soit encore en vie mais émerveillé par la lumière.

 

Elle écouta son cœur. Le néant absolu. D’un hurlement qui sonna comme des clochettes qui s’entrechoques, Raiponce se laissa aller. Jamie posa son doigt sur la mini créature pour lui caresser la tête et lui présenter ses maladroites condoléances. La blonde le remercia malgré tout. Elle savait que les humains pouvaient aussi être bon, que tous n’étaient pas à mettre dans le même panier. Elle sortit son propre carnet à dessin. C’était la seule des Prodiges à avoir gardé son sac sur elle pendant la nuit sans lune… Elle dessina un cœur pour lui dire merci.

 

Jamie plissa les yeux pour réussir à voir le minuscule carnet avant d’essuyer ses larmes.

- J’aurai voulu t’aider… Je suis désolé.

Elle baissa la tête et se posa ensuite aux côtés de l’Hivernale, tenant sa main dans la sienne. Elle avait appris qu’à la mort d’une fée, celle-ci se transformait en graine pour redevenir la plante dont elle était originaire. Une Edelweiss pour Jack. Elle resterait là jusqu’à sa floraison magique, qui était très rapide.

 

Ses ailes basses et sa mine triste dévorèrent le cœur du bon Jamie. Il allait sortir de son sac un instrument étrange quand la blonde sursauta. Ses doigts semblaient avoir bougé… Elle avait rêvé ? Non, ça recommença !

- ! J…Jack ?!

Elle posa son oreille sur sa poitrine, écoutant son cœur. Plongeant dans leur Lien, elle le sentit. De plus en plus fortement… et ce, jusqu’à ce qu’il reprenne conscience. Les yeux rougies et humides, Raiponce enlaça Jack avec force. Sous les sons de clochettes, Jamie cria aussi son bonheur, choqué et ému. Il ne comprenait pas bien ce qu’il venait de se passer mais il prit ça pour un miracle. Comme seules les fées pouvaient le faire !

 

- J’ai cru que tu étais parti pour toujours ! Mère-Nature merci !! Merci infiniment !!

 

Jack resta pantois, il avait du mal d’émerger. Il grossit ses yeux en voyant l’humain aux côtés de Raiponce. Elle lui expliqua rapidement pour Jamie et Jack lui sourit simplement en retour. Jamie lui offrit de l’eau à boire, fraîche grâce à une gourde en fer sortie tout droit du puit familial. Il but dans le bouchon de métal et de cuir avant de reprendre ses esprits. L’Hivernale se sentait beaucoup mieux, le tas de poussière magique que Raiponce lui avait saupoudré juste avant l’aidant à garder ses forces.

 

- Bon, je dois vraiment aller à l’école maintenant… Vous voulez venir avec moi ?

Raiponce déclina devant l’état de Jack.

- Dommage j’aurais aimé vous présenter à mes amis… Ils ne me croiront jamais. On peut vous rejoindre après l’école ? Je vous donnerais de quoi résister à la chaleur !!

La blonde opina vivement et observa l’enfant s’en aller en sautant de joie. Il semblait heureux de sa bonne action.

 

Au calme, Raiponce aida Jack à s’asseoir dans la rivière, dans un coin bas sans courant.

- Que s’est-il passé ?! Quand je suis revenue… Tu n’étais plus. Je l’ai sentie au fond de moi. Je ne comprends pas ! Tu aurais dût devenir une fleur. Comment es-tu encore en vie ?

Jack cogita un petit instant, perdu quelque part en lui avant de revenir. Il prit la main de Raiponce et celle-ci sentit le contact froid la surprendre.

- Je ne suis pas certain… Mais je crois avoir réussi à mieux me comprendre.

- ??

- Mes capacités, mon don, ma magie… Hier soir, quand tu es partie, je me suis connecté à ma magie intérieure, comme tu le fais souvent. Plus tu t’éloignais, plus je me sentais mourir car c’est toi qui me gardait en vie jusqu’à présent. Notre Lien… J’ai désespérément lutté jusqu’à ton retour. Et pendant ce combat, je me suis sentis plus en harmonie avec Mère-Lune qui me regardait là-haut. J’ai compris que j’étais son enfant, elle m’a parlé, je crois… Son essence coule en moi à travers la Larme de la Lune !  Je me suis alors concentré pour essayer de survivre, utilisant ma magie au maximum. Et puis… Je me suis sentis tellement mieux. Je n’avais plus chaud, plus mal, j’étais dans un état de silence et de repos total. C’était incroyable !

- Alors… Tu es bien mort pendant un moment ?

- Non, ce n’était pas ça. C’était un effet de ma magie sur mon corps. J’étais bien là. Je t’entendais ! Mais mon corps était…gelé.

- Gelé ? Du genre… pétrifié de froid ?

- C’est ça ! Je me suis congelé moi-même ! Le temps à ralentit puis s’est figé. J’étais suspendu dans ce vide temporel.

 

Atterrée par les révélations, Raiponce se mit à sourire. Elle retrouva ses couleurs.

- C’est ton pouvoir unique qui s’est manifesté ! Tu as réussi Jack !!

Elle l’enlaça, appréciant la fraîcheur de son corps cependant pas encore au même niveau de gel qu’autrefois

- Il faut croire ! Dit-il, ému. Je commence à mieux cerner ma magie !

- Tu vas pouvoir le refaire ? Tu crois pouvoir résister à l’été ?

- Sans poussière de Fées… Je ne sais pas… Il ne nous restera bientôt plus qu’un fond de magie très faible. Et puis, je ne sais même pas comment j’ai fait pour atteindre cet état. Alors le reproduire…

Elle baissa ses ailes. Il posa sa main sous son menton pour relever sa tête en moue. Il souriait sincèrement, d’une lueur brillante dans le regard qui transperça les émeraudes de Raiponce.

- Je vais tout faire pour survivre. Ne perd pas espoir, je ne lâcherai rien. Et puis, tant que tu seras là, je n’ai aucune raison d’avoir peur. Tu es ma bouée de sauvetage.

Elle rougit malgré elle tout en souriant doucement, frottant son visage dans sa main. Sa fraîcheur était l’une des choses qui lui faisait le plus de bien en ce monde.

 

- Je resterai toujours près de toi, je te le promet, déclara L’Enfant du Soleil.

- Moi aussi, lui promit l’Enfant de la Lune.

 

Pendant un temps ils restèrent là, l’un contre l’autre. La lumière arc-en-ciel des ailes de Raiponce se mirent à briller et celle de Jack commencèrent à se reformer comme un bourgeon de feuille qui pousse. Les Prodiges ne dirent mot pendant ce phénomène. Ils se rapprochèrent et laissèrent leurs ailes se toucher jusqu’à ce que Jack retrouve totalement les siennes comme avant. Ils ne se lâchèrent pas du regard, comprenant enfin l’un des pouvoirs de cette lueur unique.

Leur Lien… Il pouvait faire des miracles ! Voilà pourquoi ils étaient nés à quatre. Leurs essences, leurs naissances, tout était fait pour que cette aura et leurs puissants pouvoirs originels soient mis au service de Mère-Nature et de ses enfants. De la vallée et de la lumière. Mère Nature les avait fait venir ensemble pour sauver la vallée. Pour contrer cette catastrophe de la nuit sans lune. Ils avaient échoué ce soir-là, mais cela ne voulait pas dire qu’ils ne pouvaient plus rien faire et que tout était perdu. Que la guerre était finie, bien au contraire, elle débutait seulement !

 

C’est ce que pensèrent Jack et Raiponce, en harmonie avec leurs ailes, barbotant dans la rivière rafraîchissante. Tant qu’ils seraient tous les quatre en vie, ils pouvaient gagner. Ils devaient gagner ! Ils changeraient le cours du destin et sauveraient leur amis. C’était leur nouveau rêve, leur décision commune.

 

Ils partagèrent leur pensée à hautes voix en observant les ailes de Jack qui restèrent haute grâce aux derniers grains de poussière de Fées en lui.

- C’est cette lumière multicolore qui a ramené tes ailes ce soir-là, expliqua Raiponce. Cette partie de ton âme qui avait fondu a été reconstruite par notre magie du Lien. Et encore là. Du coup… Elle doit pouvoir aider Esmeralda aussi, tu ne penses pas ?!

Il opina vivement.

- Je crois qu’on va pouvoir sauver toutes les fées de la vallée ! Leurs ailes et leurs transformations. On doit pouvoir faire quelque chose avec ce pouvoir. Ce ... Prisme arc-en-ciel. On tiens là un atout de taille, notre revanche !


Raiponce lui sourit en dodelinant de droite à gauche, soulagée d’un lourd fardeau. Jack fixa sa main.

- Ce pouvoir qui est mien, je vais l’apprivoiser. Mais surtout nous devons retrouver impérativement nos deux compères.

- Oui, c’est essentiel pour la suite. D’ailleurs, il faudra lui donner un nom, à ton pouvoir !

L’argenté testa des idées avant de s’arrêter sur ce qui lui plaisait le plus.

- Je vais l’appeler : Le Zéro absolu. Comme la température la plus basse qu’il est possible d’atteindre.

- J’adore !

- Il faut vite que je m’entraîne. On doit retrouver Mérida et Harold au plus tôt vite, avant que les Fées Noires ne les retrouvent !!

- Ou nous retrouvent.

 

Il opina vivement et elle se blottit d’avantage contre lui. Ils restèrent ainsi toute la journée, se décidant désormais à ne sortir que la nuit, l’aube et le crépuscule pour évité les pics de chaleur.

 

Ils étaient désormais brûlant d’une toute nouvelle flamme !

 

***

 

Il la fixa sous toutes les coutures. Puis il se leva et s’effondra la tête la première sur la terre sèche. Son mentor rit.

 

- T’en fais pas, petiot, tu vas vite apprendre à t’en servir comme une nouvelle guibolle. Tu oublieras vite ton handicap.

- Hum…

 

L’air renfrogné, Harold se releva avec l’aide de Geulfor en tanguant dangereusement de droite à gauche. Il venait d’enfiler sa prothèse… Et cela lui semblait déjà être un enfer. Surtout en sachant qu’il ne pouvait plus voler désormais, c’était la pire des tortures que de se retrouver coincé au sol, lent comme un escargot, alors que des milliers de proies avaient envie de vous dévorer… Il se sentait encore plus impuissant et faible qu’avant.

 

Astrid et Varian voulurent lui remonter le moral mais Harold se renferma. Il parlait peu et s’entraînait seul dans son coin à garder l’équilibre et à clopiner. Il grognait, déprimait… Mais il n’eut pas trop le temps de rester sans rien faire car les Fées Noires flairaient leur piste à l’aide des Dragons-Salamandres, aussi, ils durent se déplacer régulièrement pour essayer de quitter ce qui restait de la vallée. Mais ce ne fut pas chose aisée. Des fées aux ailes incapables, un handicapé, du matériel et les prédateurs rendait leur route affreusement lente et périlleuse.

 

Ils pensaient avoir beaucoup bougé en quelques jours. Que Nenni, Astrid s’était hissée haut dans un arbre… Ils n’étaient qu’à quelques mètres de leur point de départ. Et les Ténébreux rôdaient de plus en plus près… Ils devaient alors se rouler quotidiennement dans la boue et la cendre pour cacher leur odeur.

 

Harold était mentalement et physiquement épuisé par tout ça. Le soir, il dîna et se coucha tôt, épuisé par ses efforts et sa dépression. Son seul réconfort se trouva dans le Lien. Il sentait Mérida, Jack et Raiponce se battre pour survivre. Il avait pourtant cru perdre Jack à un moment donné mais son aura était revenue subitement ! Un grand soulagement pour l’Estivale qui se demandait comment son ami de l’Hiver survivait par ce temps caniculaire…

 

Toutes à ses pensées, Harold se réveilla, attiré par des bruissements. Posté comme sentinelle, Varian dormait à poings fermés … Le plus jeune secoua la tête de dépit, compatissant malgré tout avec son aîné. Il voulut le réveiller mais son regard se perdit dans les broussailles. Un sac avec des victuailles se faisait traîner dans la forêt. La fée hésita… Puis, repositionnant sa nouvelle jambe correctement, il clopina vers le lieu du crime. Il trébucha et tomba dans des traces de pattes gigantesques…

 

Se pourrait-il que ce soit lui ? Est-il toujours là ?

 

Intrigué, Harold défia sa peur pour s’enfoncer parmi les buissons noirs sous cette nuit éternellement voilée par les nuages des Ténébreux. Il se surprit lui-même par son inconscience mais sa curiosité prit le relais. Il ne résista pas à l’envie de savoir. Sa dague en main, il trottina prudemment en suivant les énormes trous devant lui.

 

Son cœur battait fort dans sa poitrine, tel un aventurier sur des terres inconnues hostiles. Il déglutit et écouta des bruissements tout autour, serrant encore plus fort sur son arme. Il songea fugacement à ce que Milo lui avait dit de son rêve d’exploration. Il comprenait bizarrement son excitation à ce sujet. Partagé entre peur et envie. C’était un sentiment grisant ! Il regrettait vraiment que son ami ne soit pas là avec lui… D’ailleurs, était-il encore en vie ? Où était-il ? Et les autres ? Qui avait survécu à tous ça hormis ses amis bricoleurs et le trio de Prodiges… ?

 

Bousculé par ses questionnements, il se stoppa net quand l’immense masse noire émergea juste devant lui. Ses yeux verts luisaient, lui donnant des airs de monstres terrifiants. Harold retint son cri, bascula en arrière et rampa vers un abris de feuille. La chose l’avait vu. Il rétrécissait ses yeux pour le fixer avant de souffler du nez. Il délaissa le sac vide avant de s’en aller en tournant le dos à la fée.

 

La surprise et l’incompréhension se mélangèrent avant qu’Harold ne se décide à le suivre, récupérant le sac vide au passage. Il tomba sur un bosquet circulaire où la créature y avait fait son nid. Des traces de défécations et de reste de repas montrait qu’il était là depuis un petit moment. Pourquoi était-il resté là au lieu de retourner avec les Ténébreux ? Et pourquoi ne le mangeait-il pas si il avait si faim ?!

 

Une des réponses lui apparut pendant que la lune transperça, de toutes ses forces, les nuages noires pour éclairer la zone. Un de ses ailerons de queue était complétement déchiré, du sang séché le recouvrait qu’il léchait. Ses ailes étaient également légèrement trouées par endroit.

 

- C’est moi qui t’ai fait ça… Murmura-t-il malgré lui.

 

La chose grogna en se recroquevillant dans un coin. Il le menaçait de ne pas s’aventurer plus près. Harold reçut le message et se posa en tailleur. Il n’avait pas envie de finir à nouveau en barbecue ! Ses bandages attestaient encore des brûlures dévorant son corps.

- Je suis désolé. Je ne voulais pas te blesser à ce point… Moi aussi je ne peux plus voler. Je sais ce que ça fait. C’est horrible.

La chose lui montra le dos, toujours grommelant. Harold le trouva bizarrement attachant dans sa manière de réagir. Il était moins terrifiant qu’il ne le pensait.

- Tu sais… Tes copains m’ont brûlé et mangé une jambe. C’est donnant-donnant.

L’animal bougea sa queue. Harold l’interpréta comme un signe de colère.

- Je vais te laisser tranquille. Si Mérida était là… Elle aurait su quoi faire. Pour sûr elle sera déjà en train de faire ami-ami avec toi, peu importe si tu es un danger publique.

 

Il rit malgré lui avec nostalgie. Un sourire doux s’étala sur son visage. Il regrettait déjà ses sessions de vol avec Angus et elle sur les pourtours de la vallée. Le Dragon-Salamandre le fixa. Il se retourna et l’observa partir, la tête penchée sur le côté.

 

Harold rentra se coucher dans un silence absolu. Astrid fit mine de dormir mais elle l’avait bien vu partir, trop longtemps pour un simple besoin à assouvir à son goût. Elle n’en redit rien.

 

L’Estivale cogita le reste de la nuit. Mérida aurait tout fait pour s’en faire un ami allant au-delà de leurs différences. Il se remit en question et décida à son tour de la rendre fière en assumant sa philosophie. Il allait essayer de comprendre ce Dragon-Salamandre et de devenir, peut-être… son ami !

 

***

- A quoi penses-tu ?

 

Asha se posa aux côtés de la rousse qui fixait le ciel d’un air triste.

- A mes amis. Trois en particulier. J’ai envie de les rejoindre, tu n’imagines même pas comme ils me manquent. Avec eux je me sentirai beaucoup mieux. Et on pourra trouver un moyen de sauver la situation. C’est notre destin, il paraît.

- Tu les retrouveras, j’en suis sûre. Et je t’aiderai. Mais il sera bien dur de les dénicher à notre niveau…

- Je ne sais pas où ils sont c’est vrai, commenta Mérida. Mais je ressentirai quand ils seront proche et j’ai une vague idée d’où ils sont. Bien que ce soit très vague.

- Comment tu le sais ?

 

Mérida lui expliqua sa naissance, leur Lien, leur don, leur magie commune…

 

La Sans-talent resta un temps interdite puis s’extasia.

- Quel phénomène incroyable ! Je regrette presque d’avoir quitté la vallée et loupé tout ça !

- Tu devrais revenir, quand on reprendra nos terres. Je t’aiderai à trouver ta place, cette fois !

- … Pourquoi pas ? Après tout, il est peut-être temps que j’arrête de fuir mes propres démons. Et puis, je veux aussi sauver la vallée ! Je l’aimais bien malgré tout.

Mérida lui sourit tout en pointant une étoile dans le ciel.

- Est-ce que tu l’as voit, l’étoile la plus brillante, là-bas ?

- L’étoile polaire ?

- Non, l’autre, plus loin.

 

Asha secoua la tête. Mérida se demanda comment c’était possible que seul le Big Four pouvait la voir mais pas ses autres amis. Earendel semblait bien mystérieux. Elle replongea dans ses pensées, observant de temps en temps si ses amis étaient toujours là, ayant bien cru que Jack avait disparu quelques nuits plus tôt. Son air triste rendit Asha morose à son tour. En plus de ce qu’elle avait apprit pour la chute de la vallée et la fin de la poussière de Fée. Elle comprit que cela devait être encore plus dur à encaisser pour Mérida qui avait un rôle à jouer dans tout ça.

 

- Tu sais, on est tous sous ce même ciel. Sous cette même lune.

L’Automnale fixa Asha avant de lever son nez vers l’astre à demi voilée. Asha serra ses mains l’une dans l’autre.

- Depuis que j’ai quitté la vallée, j’ai appris à lutter contre la solitude. Pour ça, je regarde toujours le ciel car tous le monde peut l’apercevoir où qu’il soit. Tes amis aussi, en ce moment même, le regarde probablement. Vous êtes sur cette même terre, dans ce même monde et vous vous retrouverez aussi sous cette même lune éternelle. Ou peut-être le soleil ? Qui sait.

- On se retrouvera tous comme avant…, c’est ce que je désir le plus.

- Alors fais un vœu. J’en fais tous le temps. Surtout quand ça va mal.

 

Asha se mit à chanter d’une voix mélodieuse.

 

Je suis toute chancelante et encore hésitante

Je ne sais par où commencer

Je veux bien m'aventurer

Mais j'attends d'avoir vraiment décidé

 

Si seulement quelqu'un pouvait me montrer la bonne direction

Et la meilleure des solutions

Je me sens fébrile, mais je lève la tête vers

Le ciel, comme nous le faisions

 

Où est l’étoile qui saura me guider?

Je ferme les yeux pour conjurer la peur

J'aurai de nombreux défis à relever

Jour après jour, je serai à la hauteur

 

Moi, je fais le vœu

De revoir un jour le monde heureux

Moi, je fais le vœu

De revoir un jour le monde heureux !

 

Mérida reprit en canon, apaisée :

 

- Moi, je fais le vœu, de revoir un jour le monde heureux. Moi, je fais le vœu, de revoir un jour mes pairs, mes amis ainsi que ma vallée chérie !

 

Elles se sourirent et chantonnèrent encore un peu, sous cette lune ascendante qui les berçait du peu de lumière qu’elle pouvait donner. Asha crut apercevoir l’étoile que montrait Mérida et en sourit.

 

Tandis que la rousse fixait Earendel, à des lieux et des lieux de là, Raiponce et Jack la fixaient aussi pendant leur marche, sentant la présence de leurs amies à leurs côtés. Ils fermèrent les yeux, heureux. Harold en fit de même ce même soir, tandis qu’il s’aventurait pour aller revoir le Dragon-Salamandre blessé.

 

Sous ce même ciel, ils se firent la promesse de vite se retrouver et de redonner sa lumière à leur monde.  


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