Fairy Big 4 : La légende des quatre saisons

Chapitre 14 : La lumière divine

5139 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 15/06/2024 20:02

[ Automne ]

 

 

Assis à califourchon sur le cou d’Angus, Harold s’amusait comme un fou à faire des pirouettes, haut dans le ciel. Il dirigeait le volatile comme bon lui semblait avec une extrême précision. Mérida en était impressionnée, voir même jalouse. Bien qu’elle fût elle aussi adroite, son propre talent semblait ne pas suffire pour égaler le bricoleur ! Il avait trouvé là un de ses dons uniques.

 

Le chevaucheur redescendit après une bonne session de vol, retrouvant la rousse qui s’amusait à lancer des noisettes dans son panier plus loin. Elle ne rata pas un seul tir.

- Ouah, tu as le compas dans l’œil !

- Hé, hé , merci. Mais je suis toujours aussi enragée que tu chevauche mieux que moi.

- Oh, allez, tu es tellement douée en tout, laisse en aux autres !

- Ne soit pas ridicule, j’ai plein de domaine où je suis une vraie quiche !

Elle pouffa tout en lançant sa dernière coque précisément dans le centre du panier remplit. Harold en sourit, caressant tendrement Angus à la patte.

 

Un craquement les fit sursauter, proche d’eux. Mérida prit aussitôt une écharde de l’arbre où ils étaient et pointa les feuillages en face. Harold se rapprocha d’elle pour l’épauler mais l’ombre s’évapora aussitôt.

- Je n’ai pas rêvé, j’ai bien vu quelqu’un ?! S’envola Mérida qui chercha partout autour d’eux.

- Je crois…

- Encore cette fichue présence ! Ça fais des semaines que je me sens épiée, ça m’agace fortement !!

- Le pire, c’est la nuit… J’ai toujours l’impression qu’on me fixe… Ça me donne des frissons.

- Si j’attrape celui ou celle qui me suit, je lui donnerais une bonne raison de ne plus recommencer, grogna la rousse en revenant sur ses pas. Je ne supporte pas ça !!

Harold rangea ses affaires dans son sac avant d’inviter Mérida à retourner auprès des leurs. Cette présence l’inquiétait au plus haut point, le rendant nerveux. Il se sentait bien trop vulnérable hormis le fait qu’Angus pourrait les protéger. Angus qui, par ailleurs, n’avait pas bougé de son perchoir, les yeux rétrécis vers le lointain…

 

Les deux amis repartirent à l’Arbre-Monde où Harold alla saluer Mirabelle et Milo qui discutaient sur la grande place les bras chargés de sacs de poussières de Fées. Merida les avaient rencontré quelques semaines plus tôt et avaient sympathisés avec eux assez naturellement, comme si aucune barrière ne pouvait la gêner. Le fait que ce soit des sans-talents ne l’avait même pas fait sourciller ce qu’apprécia grandement les principaux concernés. Ils discutèrent livres, fées noires et monde caché quand la reine vint les saluer.

 

La Grande Fée bleue était souvent venue voir les progrès de Mérida et Harold dans leurs saisons et talents respectifs. Elle leur demandait toujours si ça allait, si leur magie s’était bien développé, si ils se sentaient heureux dans la vallée… Des nouvelles anodines. Étant nouveaux, Merida et Harold ne se formalisèrent pas de son attention poussé malgré les étonnements de Pocahontas, Nakoma, Raya, Milo, Varian, Giselle et Mirabelle qui en avaient fait part à leurs amis.

 

- Puis-je vous parlez un peu seuls à seule ?

- Bien sûr ma reine, répondit Mérida avec aplomb.

 

Elle les emmena en haut de l’Arbre-Monde, pour ce poser sur une branche qui dominait toute la vallée. La vue était à couper le souffle.

- Vous vouliez nous demander quelque chose ? Demanda Harold, nerveux.

- Détendez-vous, je viens simplement aux nouvelles et discuter avec mes nouveaux enfants chéris.

Mérida en prit note et se posa assise en tailleur, attendant la suite. Harold hésita mais s’assit à son tour sur ses jambes. La reine resta debout, toujours pleine de charisme et de volupté.

- Est-ce que l’étrange présence qui vous suit s’est encore manifestée ?

- Oui, il y a peine quelques heures, commenta la fée des Animaux d’un soupir. Mais soit je suis paranoïaque soit la fée est douée parce que je ne l’ai pas aperçue.

- Vous pensez que ce pourrait être une présence maléfique ? Un esprit ? Ou… un fantôme ?

Harold frissonna malgré lui.

- Cela m’étonnerais puisque dans la vallée aucune menace ne peut franchir la barrière. Peut-être est-ce simplement une impression lointaine. Comme vos cauchemars. En avez-vous encore fait ?

Les deux hochèrent simplement la tête pour toute réponse. La reine cogita longuement.

 

Mérida s’étira tout en fixant la grande fée bleue.

- Que signifie nos cauchemars exactement ? C’est toujours les même. Ce serait une prémonition ou un truc du genre ? C’est ce que Pocahontas m’a dit en tout cas. Surtout que ça répète sans cesse : « On arrive, on arrive » !

- Leurs répétitions et leurs intensités suggère que vos rêves tentent de vous transmettre un message ou de vous mettre en garde, répliqua la reine en pesant ses mots pour ne pas les paniquer. C’est pour cela que je vous demande de rester prudent, même dans la vallée, et de bien étudier votre pouvoir. Nous ne savons pas ce qui provoque ses horribles songes, ni ce qui en est vraiment à l’origine mais je soupçonne que ce n’est pas de bonne augure.

- Serait-ce… lié à notre naissance ? Demanda Harold avec franchise.

 

Lentement, la reine se déplaça vers eux, gardant un calme olympien. Elle s’assit à son tour, de la poudre bleutée d’étalant tout autour de la branche comme si de la pluie bleue tombait vers le sol.

- Oui. Il semble que votre extraordinaire venue à quatre ne soit pas anodine et que quelque chose vous attende à l’avenir. Un destin hors du commun. Vous avez dût comprendre que vous n’étiez pas comme les autres ? Vous êtes différents, puissants. La bénédiction qui vous a été accordée cache quelque chose. Et seul l’avenir nous permettras de comprendre quoi. En attendant, le mieux est d’apprivoiser vos capacités aux maximums et d’apporter votre aide aux autres.

- Vous aviez parlé de talents et dons secondaires la dernière fois que nous nous sommes vues, reprit le Bricoleur avec attention. Nous aussi nous en aurons malgré notre différence ? Car je ne me sens pas spécialement doué pour quoi que ce soit… En dehors du bricolage. – et du vol sur rapace, songea-t-il.

- De même, je ne me sens pas si différente que ça ! À part mon lien avec les animaux dont certains sont… dangereux.

Harold lui fit les gros yeux. La reine en sourit.

- Vous voulez parler de votre amie la buse et des oursons que vous êtes allée revoir ?

Mérida resta sans voix. La reine savait vraiment tout… Elle n’en rajouta pas plus et opina simplement.

- Vous aussi vous développerez vos propres talents et vos passions. Cela viendra avec le temps, je ne m’en fais pas. Je compte sur vous pour toujours garder en tête que le bonheur de la vallée fait celui du monde entier.

 

Elle leur prit les mains tout en continuant de sourire avec maternalisme. Merida et Harold hochèrent la tête. Puis elle fit apparaitre un étrange livre ancien, conservé par une puissante magie avant de le leur tendre. Harold s’en saisit avec précaution.

- Qu’est-ce que c’est, ma reine ?

- Mon journal personnel. J’y ai noté, quasiment depuis la création de la vallée, tout ce qui était important. Je voudrais vous le confier.

- On ne peut pas accepter ça !!

- Je vous l’offre de bon cœur. Si jamais, un jour, vous vous sentez perdus et avez besoin d’aide, il vous sera très utile.

Mérida se saisit du livre, avide de l’ouvrir, mais celui-ci resta scellé.

- Pourquoi je ne peux pas l’ouvrir ?!

- Parce que ce n’est pas le bon moment. Lorsque vous serez prêt et que le temps sera venu, vous arriverez à l’ouvrir. Pas avant.

- Pourquoi ?!

- C’est mieux ainsi. Faites-moi confiance.

 

Mérida fit la moue, redonnant le carnet à Harold qui le rangea tel un trésor dans une poche de son sac.

- Gardez le précieusement. D’accord ?

- Promis.

- Bien… Y a-t-il autre chose dont vous voudriez me parler ? Demanda la Grande fée bleue. D’autres choses anodines peut-être ?

Les deux se regardèrent. Il y a un sujet qu’ils n’avaient encore jamais abordé. C’était leur petit jardin secret après tout… Ils décidèrent malgré tout, d’un mouvement de tête, qu’ils pouvaient le lui partager.

 

Ils contèrent l’histoire de leur ailes illuminées lorsque l’un des quatre pairs se rapprochait d’un autre. Ils en firent la démonstration sous les yeux surprit de la reine.

- C’est sublime, souffla la reine.

- C’est quelque chose qui n’arrive qu’entre nous, conclut Mérida. Pourquoi ça fait ça ?!

La reine sentit l’aura multicolore la réchauffer de l’intérieur. Elle ferma les yeux et profita de l’instant avant de revenir vers eux.

- Une magie pure et puissante… J’ai déjà vu ce phénomène entre jumeaux. Mais jamais rien de si fort. C’est tout bonnement splendide. Je ne saurais vous dire précisément ce que ce phénomène est, mais une chose est certaine, c’est unique en ce monde. Cette aura doit faire de grande chose, si vous pouviez la comprendre…

- Comme les étranges cheveux de Raiponce qu’on ne peut pas couper ? Répliqua Mérida.

- Exactement. C’est à vous d’en découvrir le sens et le pouvoir qui vous a été offert par notre Mère. Cette bénédiction a un sens, et je crois en celui-ci de tout mon cœur.

 

Elle joignit ses mains pour offrir une prière de remerciement envers les esprits ce que Mérida et Harold firent à leur tour. Bien qu’ils n’en avaient pas appris d’avantage, ils furent ravis de se comprendre un peu mieux et de savoir que cela leur appartenait rien qu’à eux.

 

Le soir, sous l’étoile la plus brillante du ciel, ils ne firent que de parler de tout cela, curieux par ces mystères et ce destin qui les liaient vers quelque chose d’inconnu. Harold en profita pour tenter d’ouvrir le livre de la reine à plusieurs reprise.

 

Mais celui-ci resta définitivement clos.

 

 

**

 

[Hiver]

 

- Bonjour, Jack.

 

La Fée Givrée sursauta tout en se retournant sur la reine des fées. Il l’avait déjà vue auparavant, mais ce fut la première fois qu’elle l’approchait tout en étant du côté de l’hiver ! Sa puissante magie lui permettait de ne pas ressentir le froid, il le savait, mais cela le surprenait toujours de la voir venir ici !

 

- Je suis désolée de ne pas être venue te voir plus tôt, j’avais fort à faire, mais j’ai bien vue tes progrès en magie. Je te félicite pour ton adaptation et ta rigueur. Tu es très puissant.

- M…Merci. Je suis honoré de votre présence.

Il fit une légère révérence. Elle le remercia d’un sourire puis s’avança vers lui.

- Puis je te parler une minute ?

- Bien sûr ! Je ne faisais rien de spécial. Simplement des sculptures de glace pour décorer le village.

- Et elles sont splendides.

 

Il en rougit. La reine les inspecta joyeusement avant de retourner vers son protégé.

- Il est étonnant de te voir sans ton amie Elsa. Vous êtes toujours collés l’un à l’autre.

- Elle est fatiguée en ce moment, avoua Jack avec tristesse. Elle se repose.

Il fixa malgré lui la frontière du Printemps qui l’obnubilait. La reine le remarqua d’un soupir peiné.

- Oui je comprends. L’isolement des fées de l’Hiver est un bien triste fardeau que moi-même je ne peux résoudre. Je suis sincèrement désolée.

- Ne vous excusez pas !! C’est comme ça que la nature a décidé de nous faire. C’est tout.

- Et pourtant, cela me fend le cœur.

 

Après un silence douloureux, la reine reprit, d’un ton toujours posé.

- J’aimerais te demander quelque chose. Est-ce que tout va bien pour toi, Jack ? Fais-tu des cauchemars parfois ou te sens-tu suivit ?

Surprit par les questions, l’argenté prit un petit temps avant de répondre.

- Eh bien, oui, je fais des cauchemars… Depuis longtemps. Mais je n’ai aucun autre problème, tout va bien !

 

Enfin, il y a bien une impression qu’on me fixe par moment… Mais inutile de me ridiculiser devant la reine. Je suis sûr que je délire.

 

Jack garda pour lui ses pensées et la reine opina doucement. Elle expliqua, comme aux deux autres, ce que pouvaient signifier les cauchemars et ce destin spécial qui l’attendait.

- Blanche-Neige en est venue à une conclusion similaire, répliqua-t-il. J’ai bien compris le danger qui nous guettait dehors et le don que j’ai reçu de ma naissance. Je ferai tout pour honorer et protéger Mère-Nature. Je suis persuadé que mes pairs pensent comme moi.

- Je confirme, ils sont très motivés. Cela me rassure. Je sens que la vallée est entre de bonne main.

- Bien sûr puisqu’elle est entre les vôtres !

- Tu me flattes.

 

Elle lui offrit un petit rire mélodieux que Jack apprécia. Il sourit.

- Dans ce cas, n’oublie pas qu’au moindre problème tu es le bienvenue pour venir me parler, à moi et Verna qui me transmettra ton appel. D’accord ?

- Oui, sans faute ! J’ai hâte de découvrir de quoi je suis capable avec ma magie. Si ce que je vois en rêve sont les fées noires, je les attends de pieds ferme.

Son regarde confiant fit un pincement au cœur de la reine qui n’en dit pas plus. Elle allait reprendre la parole quand Verna arriva en trombe, l’air affolée et désorientée.

 

- MA REINE ! MA REINE !!

- Verna ? Que se passe-t-il mon amie ?!

Elle la réceptionna dans ses bras. Elle tremblait.

- C’est le Printemps… J’ai reçu un message de Flora par mésange !! Un groupe de Fées rentre plus tôt en compagnie d’Arianna, Iduna et Triton !

- Comment ? Pour qu’elle raison ?!

- … C’est horrible…

 

Verna raconta ce qu’il venait de se passer dans l’Autre-Monde. Jack écarquilla les yeux tout le long du récit. Ses poils se hérissèrent. Il voulut foncer au Printemps avant de se rappeler sa condition. La Grande fée bleue et sa supérieure lui demandèrent de rester là tandis qu’elles s’envolèrent d’une traite vers l’autre saison.

 

Le cœur de Jack n’arrivait pas à se calmer. Il n’arrivait pas à assimiler la nouvelle ! Le cauchemar d’Elsa reprenait vie mais cette fois, c’était sa pair et ses amies qui étaient touchées !

 

Il sentit ses jambes le lâcher et l’impuissance le ronger.

 

***

 

Une toux rauque la réveilla.

 

D’une grimace, Raiponce papillonna, voyant flou. Elle était perdue et embrumée. Quelques sons de toux lui parvinrent ainsi que des bruits de respirations rauques. La tête lourde elle réussit malgré tout à se relever, la main sur le visage, pétri de courbatures cinglantes.

 

Où suis-je ?

 

Regardant à droite et à gauche, elle observa la pièce où elle se trouvait, à savoir à l’intérieur d’un arbre, dans un creux semblait-il ? Elle sentit l’aura qui émanait autour d’elle… L’Arbre-Monde ! Elle était de retour dans la vallée ?!! Déphasée elle mit un moment avant de se rappeler du guet-apens, de la torture et du combat. Tout lui revenait d’une traite, pétrifiée par ses souvenirs.

 

Des larmes aux bords des yeux, elle observa les autres lits. Ses amies alitées en face et à côté d’elle. Toutes endormies et, heureusement, vivantes ! Ce fut pour elle un soulagement. Elle laissa ses perles salées rouler sur ses joues, accusant le choc. Des pas se firent entendre tout près.

- Mère-Nature soit louée, tu es réveillée ! Bienvenue à la maison, Raiponce !

- Dame Arianna…

- Ça va aller. Tu es en sécurité maintenant, je te le promets.

- Le Printemps… Les autres ? Que s’est-il passé …?

- Rassure toi, il n’y a pas eu de perte. Nous avons repoussés les ténébreux d’une traite. Il n’y a eu que quelques blessées. Flora, Shang, Elinor et Leah s’occupent de finir la saison. Il ne reste que deux semaines, ça devrait aller. Ils vont renforcer la sécurité.

 

Deuxième soulagement, Raiponce reprit son souffle. Elle regarda ensuite ses amies. Arianna lui sourit tristement.

- Elles ne sont pas encore revenue à elles… Tu es la première.

- Elles vont bien ?

- … C’est… Compliqué. Elles sont encore dans un état critique.

 

Raiponce voulut se lever mais Arianna l’en empêcha. La blonde se crispa de douleur et s’agrippa à sa mentor. Elle laissa sortir d’autres larmes dans les bras de la Cheffe lumineuse qui la câlina.

- Cela a dû être terrible, je suis terriblement désolée de n’avoir pût être là...

- C’est de notre faute…, grimaça Raiponce. On s’est séparées et avons ignoré les règles… Tous est de notre faute !

- Allons, allons… Les seuls fautifs ce sont les malfaiteurs, pas les victimes.

- Je regrette tellement…

 

Arianna lui caressa longuement ses cheveux. Raiponce se laissa aller puis se releva en essuyant ses deux émeraudes. Elle renifla avant de sentir son ventre. Elle ne l’avait pas vu avant mais ses cheveux entouraient son corps et sa blessure ne semblait plus la faire souffrir. Cela lui rappela le combat et la lumière émisse par sa chevelure dorée.

 

- La reine va arriver, tu lui poseras toutes les questions que tu veux, d’accord ?

 

La blonde opina, observant Iduna, Triton et des Fées-Infirmières s’occuper de ses amies ainsi que d’autres fées alitées de l’Été et de l’Automne, probablement malade. Elle se trouvait dans l’infirmerie générale, au centre de l’Arbre-Monde. Un lieu qu’elle aurait voulu ne jamais connaître… Ou tout du moins pas de cette manière.

 

À l’arrivée de la Grande Fée Bleue, Raiponce s’était déjà levée en cachette pour se poser à côté d’Esmeralda, dont elle tenait une main.

- Est-ce qu’elle va récupérer son aile droite ? Demanda aussitôt la blonde.

La reine s’assit en face, les yeux bas.

- Non. Il est impossible pour une fée de retrouver une aile brisée. Cela fait partie de l’âme d’une fée. Personne, pas même moi, ne peut recréer une aile.

De nouveaux sanglots parcoururent la blonde qui serra la main de son amie avec tristesse et colère.

- Ce qui vous est arrivé est affreux… Malheureusement, les fées noires sont un fléaux impossible à endiguer. C’est pour cela que je suis toujours réticente à envoyer mes fées dans l’Autre-Monde.

 

La blonde ne répondit rien, amère. Elle observa Anna, à côté, qui gémissait de douleur, la peau encore violacée. Iduna avait réussi à arrêter la propagation du poison mais elle ne trouvait aucune décoction pour le neutraliser. Sans compter sa plaie au ventre, bandée, qui rougissait encore.

Plus loin, Ariel avait perdu l’usage de ses jambes, tranchées en profondeur et paralysée. Elle semblait souffrir atrocement dans son coma.

En face, Aurore avait la peau recouverte de piqûres elle aussi violacées, qui formaient d’étranges symboles tous le long de son corps. Et enfin Cendrillon, des plaies partout sur sa peau comme si elle avait sauté dans du verre pilé…

 

La lumineuse revint sur Esmeralda, couvertes de bleues et de plaies. Elle mordit sa lèvre inférieur.

 

- Vous vous en êtes sorties, c’est déjà une grande prouesse, Raiponce. Soit fière de ce que tu as accomplie.

- Je ne sais même pas ce que j’ai réussi à faire…

Elle raconta l’histoire de ses cheveux, de leur autonomie, leur pouvoir immense qui absorbait la poussière de fée et aveuglait la scène.

- Hum… Tu as réussi à activer un pouvoir unique. TON pouvoir. C’est probablement une bénédiction de naissance. Et tu as réussi à l’utiliser, je t’en félicite. Voilà qui résout le mystère de tes cheveux qu’on ne peut trancher. Ils sont là pour une bonne raison !

- Mais je ne sais même pas comment j’ai fait ! C’était… sous le coup de l’émotion….

- C’est ton instinct qui a parlé. Tu as fait tout ton possible pour sauver tes amies, ce pouvoir y a répondu. C’est en toi.

- Je ne sais pas si j’arriverai encore à l’activer. Je ne le comprends pas.

- Il va falloir essayer, t’entraîner, le ressentir. C’est normal que tu sois perdue, mais fais toi confiance, c’est un grand pouvoir.

 

La reine lui avait pris les mains qu’elle caressait doucement. Raiponce se calma tout en regardant ses cheveux. Ils s’enroulaient toujours autour de son ventre sans vouloir lâcher prise. Elle n’avait pas le contrôle, tout du moins, pas consciemment. Une fois calme, la blonde reprit.

- Un des ennemis parlait de faire Esmeralda sienne. De se lier à elle… S’il a réussi… Est-ce que ça veut dire qu’ils seront liés pour toujours ? Qu’elle ne pourra plus jamais se lier à quelqu’un d’autre ni sortir de son emprise ?

Les yeux de la Grande Fée s’obscurcirent. Elle hocha simplement de la tête, effarée par la nouvelle. Que pouvait-il y avoir de pire que de perdre son Lien Unique et ses Ailes, le même jour ?! Pire que la mort pour une fée…

 

Les poings serrés, Raiponce se sentit impuissante. Elle caressa ses cheveux tout en continuant de cogiter.

- Gothel… Celle qui m’a attrapé. C’est moi qu’elle cherchait. Tout ça c’est parce que j’étais là. Je suis la seule responsable.

- Ne dis pas de sottises, je t’interdis de penser de la sorte ! Sermonna la reine.

- Mais c’est vrai ! Ils me cherchaient. Gothel m’a appelé « Enfant du soleil ». Elle a dit que j’étais une des quatre « Fées prodiges » !! Elle savait qui j’étais et connaissait ma naissance !

Cette fois, la reine se recula franchement, choquée. Elle ne pensait pas que ses ennemis connaissaient leur atout, ni même, comment… ? Elle déglutit. Chercha ses mots qui se perdirent dans sa gorge.

- Et ce n’est pas tout ! Ils ont parlé d’un « Père » et d’un « IL ». Ils semblaient tout deux très importants, comme s’ils les dirigeaient ! Ce qui voudrait dire qu’ils ont aussi un créateur, comme nous et Mère-Nature !

 

- Ces informations sont capitales, répliqua la reine après un moment. Merci de m’en avoir parlé ! Plus on en apprendra sur eux plus nous les comprendrons et pourrons leur faire face. Je me demande bien comment ils ont appris pour toi et tes pairs. Ils ne t’ont pas visé au hasard. Ils savaient. Y aurait-il un espion parmi nous ?... Et qui les dirige ? Quel être pourrait être aussi puissant que notre Mère et les esprits célestes ? Si seulement je pouvais le découvrir…

- Je me le demande aussi…

Les deux fées se regardèrent, émettant quelques hypothèses. La reine se décida par la suite à lui révéler un fait important de sa nature :

- Est-ce que ce que tu sais ce que signifie le terme « Enfant du soleil » ?

- Non… ?

- Il existe, depuis la création, quatre esprits fondateurs de notre monde : La Terre avec Mère-Nature, Le Père-Soleil, La Mère-lune et les étoiles dont leur doyenne, à savoir, la grande étoile bleue. Ils sont le pilier de notre monde. Ces esprits possèdent une puissante essence, celle la même à l’origine de la vie et de la magie. Une essence qu’ils seraient capable de partager avec des êtres qu’ils ont choisi comme messager. Tout cela me vient de ma Mère-Étoile qui me conte souvent cette légende bien que je n’eus jamais assisté à pareil phénomène. Tout du moins jusqu’à aujourd’hui. Je pense, sans trop m’avancer, que les quatre plus grand esprits ont partagé leurs essences avec vous. Si tu es bien l’enfant du Soleil alors tu as du recevoir la Larme du Soleil. Son pouvoir. Ce qui expliquerait ta puissance, ton lien avec la nature et ton appellation de Fées-Prodige.

- Je serai… L’enfant de notre Soleil ?

- C’est cela.

 

Après un petit moment à discuter de cette révélation, Raiponce se sentit mieux et vit ses cheveux se détendre. Ils retombèrent au sol, délivrant un ventre quasiment guérit au passage. Ne restait qu’une cicatrice en voie de guérison ce qui choqua la reine, les chefs présents et la principale intéressée.

- Comment Ténébreuses est-ce possible ?!

Tous les yeux se tournèrent sur la blonde qui haussa les épaules.

- Je n’en ai aucune idée ! Je sentais bien que mes cheveux me réchauffaient mais je… Je ne pensais pas qu’ils étaient en train de me soigner !

- Tes cheveux ? Questionna Triton, surprit.

- Un autre des pouvoirs de lumière comme pendant le combat ? Interrogea Iduna.

- Je… Je crois.

 

La reine se leva et posa une main sur la tête d’une Raiponce totalement confuse. Elle lui sourit.

- Tout est en toi, Enfant du soleil. Essaye de te laisser porter par ta magie. Concentre toi et peut-être que tu y verras plus clair.

Raiponce hésita puis ferma les yeux pour essayer d’y voir plus clair. C’était SON pouvoir, personne ne pourrais l’aider à le comprendre. C’était à elle de le saisir… De comprendre le cadeau de son Père-Soleil.

 

On la laissa respirer et elle plongea dans sa magie intérieure. Elle sentit l’onde que provoquait ses cheveux, d’une puissance inouïe. Elle s’en approcha et s’en saisit, comme si elle était entrée dans son âme. Une chaleur, la même que celle de son Père, la parcourut de l’intérieur. Sous les hoquets de surprise de son entourage, ses cheveux s’illuminèrent et se soulevèrent un peu.

 

Raiponce revint à elle et toucha ses crins encore imbibés de poussière de fée. Elle les prit et les posa sur une plaie d’Esmeralda, au visage. Celle-ci commençait à se soigner d’elle-même. Arianna et Iduna se prirent dans les bras, de joie mais aussi de stupeur. Triton dût s’asseoir, choqué. La reine écarquilla les yeux en touchant la lumière émise par son enfant prodige.

- La lumière divine. Soin, protection, chaleur et aveuglement… L’Essence du Soleil…C’est splendide.

La blonde se laissa porter par l’afflux de magie dans ses cheveux. Elle souleva ses mèches par la pensée pour recouvrir son amie. Puis, elle se mit à chanter. Comme si le Soleil le lui soufflait dans l’oreille.

 

« Fleur aux pétales d'or,

Répands ta magie.

Inverse le temps,

Rend moi ce qu'il m'a pris.

 

Guéris les blessures,

Éloigne la pluie.

Ce destin impur,

Rend moi ce qu'il m'a pris.

Ce qu'il m'a pris… »

 

La lumière fut vive avant de lentement s’éteindre.

 

Esmeralda se réveilla, doucement. Les courbatures la firent grimacer mais son corps n’eut aucun mal à se soulever. Dans le brouillard elle sentit Raiponce l’enlacer et les autres la fixer avec une grande joie dans leurs yeux. Sans comprendre, Esmeralda serra son amie contre elle, comme réchauffée de l’intérieur.

 

Mais elle sentit, dans son dos, que son aile était toujours brisée. Que ce cauchemar n’en était pas un. Que Frollo avait gagné…. Tout du moins sur ce point-là, car, grâce à Raiponce et son acharnement, il n’avait pas réussi à prendre son Lien. Ce simple souvenir l’apaisa tandis qu’elle sanglotait dans le cou de sa sauveuse.


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