Fairy Big 4 : La légende des quatre saisons
[ L’Autre-Monde ]
Place à Juin et à son soleil au zénith. La nature était désormais éclatante dans la plupart du monde, toutes les feuilles, les pousses et les fleurs Printanières étaient sorties. Les insectes bourdonnaient tout autour, tandis que la chaleur devenait de plus en plus lourde. Les cerises, framboises et fraises rougissaient, le ciel chantait d’oiseaux multicolores. L’été n’était plus très loin et Raiponce repensa à ses deux derniers mois.
Son voyage avait été pour elle un véritable rêve éveillé. Elle s’était émerveillée à chaque instant, dévorant avec délice tout ce qu’elle avait pût apprendre telle une insatiable encyclopédie. Elle était maintenant rôdée dans son travail, Flora ayant laissé le groupe se débrouiller seul depuis des semaines, effectuant à la perfection sa mission d’illumination et de réchauffement terrestre. De jour en jour, la blonde avait acquis de l’assurance et prenait désormais la tête du groupe aux côtés d’Esmeralda, guidant ses amies avec son orbe de plus en plus intense. Elle était sur son petit nuage, comprenant sans équivoque qu’elle était faite pour cette vie. Que ce monde, la nature, était magnifique tant dans sa beauté que son imperfection.
Une euphorie qui restait aussi forte qu’au premier jour tandis que les fées se rendaient vers leur dernière étape : les contrées nordiques. L’hiver avait duré plus longtemps là-bas, attendant avec impatience l’arrivée des beaux jours grâce aux envoyées de Dame-Nature.
Les dernières neiges disparurent pendant leur progression, réveillant une flore tardive d’une grande vivacité. Sur la route, entourées de conifères, les fées profitèrent d’un paysage plus brut et résistant que ce qu’elles avaient pu voir dans les régions sud et centrales.
- J’ai l’impression de vivre mon plus grand rêve ! S’extasia Raiponce, posée sur un rocher.
L’aube caressait sa peau avec délice. Esmeralda, assise à côté d’elle, souriait à pleines dents.
- On a bien fait d’insister pour que tu viennes ! Imagine si tu avais raté tout ça pendant un an ?!
- Ciel, j’aurais été tellement déprimée ! Là, je suis aux anges !
- Pourtant, tu m’as toujours l’air songeuse de bon matin. Qu’est-ce qui te tracasse?
La Lumineuse fit la grimace. Elle refusait de montrer à ses amies ses inquiétudes, surtout qu’elle ne voulait pas gâcher ce grand moment de joie par des futilités... Mais Esmeralda voyait toujours tout. Sa perspicacité légendaire était infaillible.
- Rien de bien important. Je pensais à plusieurs choses…
- Comme ?
La Voltigeuse la fixant longuement. Raiponce soupira, lâchant du lest.
- Et bien, par exemple, si je suis en train de vivre mon rêve… Alors qu’est-ce qu’il y aura après ? Est-ce que je pourrai continuer à ressentir autant d’émotion en ayant tout découvert ? Ne vais-je pas perdre ma flamme… ?
- Tu sais ce qu’il y a, après un rêve assouvi ?
- Non … ?
- Un autre rêve ! D’autres désirs, passions et envies. Tout ne va pas s’arrêter là, après ton voyage. Tu vas vivre encore PLEINS, PLEINS de choses. Je te connais assez pour savoir que tu es insatiable !
D’un sourire lumineux, Raiponce la remercia du regard. Elle se mit aussitôt à réfléchir à son « après » mais Esmeralda ne la lâchait toujours pas des yeux. Elle reprit :
- J’aurais aussi aimé que mes amis de naissance soient avec moi. Je me sens… incomplète, sans eux. Ils me manquent chaque jour.
- C’est une bonne chose, le manque. Ça veut dire que tu les aimes et que, quand tu les retrouveras, tu seras encore plus heureuse ! Je ressens pareil avec Quasimodo et mes camarades d’autres saisons.
- Je dois avouer que j’ai hâte de rentrer juste pour revoir Merida et Harold. Mais aussi… pour rencontrer mon ami de l’Hiver. Je… Je ne peux pas m’empêcher de rêver de lui. Il est toujours à la frontière, on se regarde et il m’attends. Cette-fois, j’irais lui parler, coûte que coûte !
- Au moins, pour une fois, ce ne sont pas des cauchemars.
Raiponce opina. Souvent, elle faisait d’horribles cauchemars, et ce, depuis sa naissance. Du même acabit pour la plupart. Esmeralda la réveillait à chaque fois quand ce n’était pas Anna, Ariel, Aurore ou Ella. Elle grommelait, suait et pleurait… Après un réveil en panique, Raiponce était toujours terrifiée et mal à l’aise. Elle assurait qu’une présence malveillante la dérangeait. Qu’elle se sentait en danger. Mais aussitôt le jour venu, tout allait bien et le rêve s’évanouissait sous les rayons du soleil.
En outre, elle avait bien dormi cette nuit-là et se sentait d’attaque pour sa journée. Après le petit-déjeuner et le départ, Raiponce et son groupe prirent la direction d’une forêt entourant un village de montagne plus rustique que les grands royaumes habituels.
Non loin de là, Flora et les chefs de talents discutaient de leurs missions journalières. L’avènement du Printemps se passait particulièrement bien et aucune fée n’avait péris. Un miracle depuis quelques années.
Malheureusement, les accidents se succédaient à un rythme effréné… Les Chefs ne savaient plus quoi faire pour empêcher cela. Chaque semaine, des fées disparaissaient mystérieusement avant de réapparaître sales et fatiguées, le lendemain, ou retrouvés quelques jours plus tard par d’autres fées. C’est Raiponce et son orbe qui tombait dessus le plus fréquemment, ce qui inquiétait d’avantage Flora.
Malgré tout, aucunes n’étaient véritablement blessées. Juste un peu secouées. La ministre du Printemps avait beau réfléchir, elle ne savait pas quoi faire de plus à part renforcer la surveillance et forcer les fées à être plus prudentes. Tout avait commencé avec Attina, Aquata et deux autres de ses ouvrières… Comme si un mauvais sort s’acharnait sur ses petites, les rendant maladroites et confuses.
La seule chose qui confortait les chefs c’était que les fées noires n’avaient pas montrés le bout de leur nez. Et rien que pour ça, ils étaient vraiment contents.
**
La Lumineuse était justement en train de penser à ça. Elle s’occupait souvent de retrouver les disparues et de les soigner avec Anna, en tant qu’aide. Elle avait l’impression que les accidentées étaient de plus en plus maussades et déprimées. C’est ce qui la rendait véritablement songeuse au réveil. A chaque nouvelle disparue c’était le choc, puis le soulagement à leurs retours. C’était devenue une habitude… Mais cela la tracassait.
La blonde refit surface quand elle arriva dans le village des humains. Les yeux brillants elle vit des bergers s’occuper de leurs moutons et de leurs vaches tandis que des chiens aboyaient sur elles. Discrètement, le groupe de Raiponce se rendit dans les fourrées pour jouer avec les canidés qui semblaient enchantés d’avoir de l’animation. Cendrillon était celle qui les occupait le plus, entourée de ses animaux adorés.
Amusée, la blonde repartie apporter sa lumière aux grands jardins des cultivateurs humains, accompagnée d’Aurore. Du blé, de l’orge, du seigle à droite, expliqua la fée des jardins, tandis qu’à gauche elle désigna des légumes tels que des pommes de terre, de la betterave, des poireaux, des choux, des échalotes, de l’ails et des oignons. Raiponce apprit comment les grains pouvaient aussi se changer en farine une fois moulues pour en faire des pâtes délicieuses comme du pain ou des gâteaux. Elle admira dans un même temps un grand moulin à vent.
Son soleil fit beaucoup de bien aux champs dont les pousses sortaient de terre grâce à l’aide d’Aurore. Vint alors une fine pluie amenée par Ariel qui tournoyait joyeusement dans la brise fraîche d’Esmeralda et son pollen printanier. Une fois terminé, elles pénétrèrent dans le cœur du village qui s’harmonisait parfaitement avec son environnement. Les chaumières étaient en pierres, en chaux et en bois, le toit en paille ou en briquette. Raiponce préférait largement cette ambiance aux grandes villes ! C’est cette harmonie Homme-Nature qu’elle recherchait tant.
- Raip’ ! Viens voir !!
La blonde leva les yeux vers Ariel qui examinait, avec Anna, l’intérieur d’une grande bâtisse. Elle les rejoignit, ses mains posées sur les carreaux en jumelles.
- Ouah, quelle jolie maison humaine !
- Toutes ces belles choses !! S’excita Ariel. On y va ?!
- Je ne sais pas si…. Commença Anna.
- Allez, on ne diras rien aux autres !
- On va encore se faire taper sur les ailes, grimaça Raiponce, hésitante.
- Moi, j’y vais !
Ariel se glissa sous la fenêtre entre-ouverte et pénétra dans la maison interdite. Anna et Raiponce soupirèrent de connivence.
- Elle et les humains… Une grande histoire d’amour, rit Anna.
- Je dois avouer que j’ai bien envie d’en voir plus.
Les deux se fixèrent, regardèrent au loin Esmeralda, Ella et Aurore qui travaillaient avant de suivre leur amie d’un ricanement malicieux.
À chaque fois, Raiponce se sentait toute chose en entrant chez les humains. C’était comme leur maison, à eux, mais en bien plus gigantesque et sophistiqué. Il y avait tant de chose qu’elle ne connaissait pas. Des étranges outils, des meubles biscornus, des appareils inconnus. Ariel leur ouvrit la voie dans le salon. Elle dénicha un jolie bouton bleu-vert qu’elle rangea dans son sac en toile avec des yeux plus brillants encore que Raiponce ! Les babioles c’était son dada !
À côté, la blonde trouva une étrange aiguille pointue avec une boule sur une extrémité qu’elle reposa sur la commode. Anna quant à elle se saisit d’un dé à coudre dont elle ne comprenait pas l’intérêt. Elle le secoua, le retourna et finit par se dire que ce devait être une tasse à insecte !
Elles s’amusèrent comme des folles, volant des objets dans leur sac -quand la taille le leur permettait- malgré l’interdiction. Raiponce se posa ensuite devant un cadre, admirant quatre humains peins dessus. Un homme en salopette, moustachu et souriant qui tenait une femme dans ses bras, une jolie dame aux traits simples aux cheveux attachés en chignon et affublée d’un tablier. A leur côté, dans chaque bras, un petit humain et une plus petite humaine, souriants. Ils avaient des nounours contre eux.
Soudain, quelque chose attrapa Raiponce qui voulut hurler ! Mais une main se posa sur sa bouche. La blonde paniqua, son cœur partant dans les tours, les jambes tremblantes tandis que deux yeux verts en colère se posèrent sur les siens.
- Je peux savoir ce que vous faites ici ?!
La blonde se fit relâcher et reprit sa respiration avec rapidité.
- Tu m’as fichue la frousse ! Esme’… !
- Je vous ai interdit d’entrer chez les hommes !
- Ariel…, expliqua simplement Raiponce.
- Je m’en serais doutée !
- Mais elle nous a assuré qu’il n’y avait pas d’humain. Elle a bien vérifié.
- Vous êtes vraiment incorrigible.
- … Désolée… C’est que… Ce monde est si fascinant.
- Je sais. Mais on a des ordres pour notre sécurité. Et puis, au moins, prévenez-moi. J’ai dû laisser Aurore et Ella en plan, les pauvres.
D’un air coupable, Raiponce lui fit les yeux de chiens battus. Esmeralda essaya de résister… avant de craquer, la serrant dans ses bras.
- Rah tu m’énerves d’être trop mignonne ! Je te croquerai !!
- Hi, hi, hi.
Raiponce souriait tendrement pendant le câlin avant de désigner la peinture. Elle demanda plus de précisions à sa grande amie. Esmeralda lui raconta comment les humains, tout comme les animaux, se reproduisaient et vivaient ensemble, en famille. Raiponce écouta avec fascination ce mode de vie qui lui était inconnu : Mari, femme, père, mère, enfants, frère et sœur…
- Donc, ils sont ensemble pour toute la vie ? Demanda-t-elle en caressant l’homme et la femme enlacés.
- Oui. Ils sont Amoureux. Ils sont… comment dire ? Lié par ce lien d’affection pour toujours. Enfin, en théorie. J’ai déjà vu plusieurs humains se séparer et choisir un autre Amoureux.
- Ils se choisissent un partenaire, se lient, passent leur vie ensemble et font des petits qui leur ressemble. J’ai bon ?
- C’est tout à fait ça ! Et ça peut aussi se faire avec deux personnes de même genre. Mais c’est plus rare et ils semblent se cacher de leur congénères. Je me demande bien pourquoi ? Nous, nous sommes libre de choisir notre partenaire sans critère.
- Ça marche aussi pour les Fées ?!
- Bien sûr! On a tous « une âme-sœur » qui nous attends dans la vallée !
- Ah bon ?! Moi aussi ?
- Toutes les fées trouvent l’Amour un jour ! C’est comme notre moitié manquante. Nous vivons à deux, en symbiose, et ce, jusqu’à nos derniers jours. Mais comparé aux humains nous ne nous séparons jamais. Une fois liée, nos âmes sont éternellement ensemble. D’après la reine, cela renforce notre essence, notre magie et nos sentiments. Comme deux mains d’un même être.
- Tu as une moitié ?!
- Non, pas encore. Personne ne m’a donné le déclic.
- Même pas moi ? Taquina la blonde.
- Ah, si, mais en amitié !! L’enlaça-t-elle. C’est encore différent !
- Tu me perds…
- Tu le sauras, le moment venue.
- Hmmm…
Raiponce cogita sur ses mots. Esmeralda l’enjoignit à rejoindre les autres, s’envolant vers la cuisine. Il n’y avait plus personne dans la pièce, mais la blonde s’arrêta là pour admirer des bibelots étincelants. Cuillères, couteaux, fourchettes… Elle s’amusa avec en faisant attention à ne pas se blesser sur les bouts pointus. Un objet retint son attention tandis qu’elle se regardait en miroir dans une marmite rutilante. C’était un crayon de papier qui roulait sur lui-même, tombé de son pot.
Elle le stoppa puis le caressa. Ça sentait le bois fraîchement coupé. La mine lui offrit une trace noire sur sa main avec surprise.
Qu’est-ce que c’est que ce truc ? Ah, à côté, on dirais… des gravures. Comme c’est beau !
Obnubilée, elle attrapa la feuille de papier où des lettres étaient inscrites dessus. Une écriture inconnue car celle des fées était totalement différente. Un langage nouveau qui fascina Raiponce. Elle eut envie d’essayer sa trouvaille en soulevant le crayon pour le poser droit sur la feuille. Elle voleta pour tracer des lignes à côté de l’écriture en formant un cercle. Bien que tremblant, elle y ajouta des traits, consciencieusement. Un joli soleil apparut sur le papier. C’était comme une révélation pour elle. La blonde enchaina en crayonnant une tulipe, réjouie.
« AHHHHHHHHHHHHHHHH !!! »
Le crayon retomba lourdement sur le plan de travail. Raiponce pivota de cent quatre-vingts degrés, le cœur en émoi. Le cri provenait d’en haut ! Inquiète, elle s’envola en trombe vers un escalier qui menait à l’étage. Elle hésita à appeler ses amies mais se ravisa, de peur qu’un humain ou autre chose ne la trouve. Le cœur tambourinant, la respiration courte, elle fonça à tire-d’aile. Elle scruta à droite, à gauche, il n’y avait personne et s’enfila dans le couloir. La première porte ouverte mena à une chambre d’enfant, des jouets étalés partout, deux lits défaits. Personne.
- Esme’ ! Anna ! Ariel ! Appela-t-elle sans hausser le ton.
Elle repartie dans le couloir et fonça vers une autre porte ouverte. Une salle à manger, avec une grande table, des chaises, une vitrine pleine de bibelots et des fauteuils. Une lumière déclinante se posait sur la scène tandis qu’elle pénétra avec prudence. Elle repéra rapidement ses amies sur les tables. Elles n’étaient pas seules !
- Va chercher de l’aide ! Hurla Esmeralda en croquant la main de celui qui la plaquait au sol.
- Sale garce !!
Raiponce sentit ses poils se dresser, elle se raidit, tétanisée, quand un coup arriva par derrière avec violence. Elle sombra tel un poids mort. On la rattrapa par ses cheveux d’où elle hurla de douleur avant d’être balancée sans ménagement auprès des deux autres sur la table. Tout c’était si vite enchaînée qu’elle avait du mal de réaliser ce qu’il se passait ! L’instant d’avant elle était au Paradis, maintenant en Enfer, entourée de …fées aux couleurs sombres!!
- Enfin ! Enfin, je te met la main dessus, petite fleur, s’exprima une profonde voix féminine.
Raiponce tremblait de la tête aux pieds, incapable de parler, les larmes aux bords des yeux. La fée qui la maintenait la retourna pour pouvoir l’admirer de face. Elle vit alors une fée aux cheveux noirs bouclés et bouffant, comme ceux de Mérida mais en plus soigné. Ses yeux de glace la parcoururent de l’intérieur, comme si l’enfer avait un visage. La fée noire ricanait délicieusement.
Juste à côté, une fée aux yeux sombres, aux court cheveux poivres et sel tiré en arrière, s’étalait sur Esmeralda de tout son poids par derrière. Il lui tenait la gorge avec délectation. Son ton mielleux lui donnait la nausée.
- Je t’avais dit que je t’attraperai un jour. Tu avais beau faire la maline, je suis une fée patiente.
Il se lécha les lèvres.
- Tu vas payer pour ce jour où tu m’as blessé et humilié devant les autres.
Il s’appuya d’avantage, étouffant Esmeralda qui avait un regard de défi.
- Je recommencerai… Autant de fois qu’il le faudra !
De colère il pressa sur sa gorge, empêchant la Voltigeuse de respirer. Elle s’étouffait sous les cris désespérés d’Anna, maintenue elle aussi par un ténébreux. C’était une fée aux cheveux courts brun-roux affublés de rouflaquettes pour des yeux verts clairs. Il humait Anna avec un étrange regard. Comme s’il réfléchissait intensément à quelque chose.
La dernière présente était une fée aux cheveux noirs corbeaux bouffant et aux yeux gris, assez semblable à celle qui maintenait Raiponce. Elle tenait dans sa main une aiguille qu’elle pointait comme une épée sur la blonde.
- Si tu tentes quoi que ce soit, je te transperce, asséna cette dernière d’un regard glacial.
La lumineuse avala difficilement sa salive, l’impression de sa mort imminente posée sur elle.
Je n’en réchapperai pas… je le sais… Je le sens…
- Tu sens aussi fort que le soleil, renifla la ténébreuse au-dessus de Raiponce. Pas de doute, tu es bien une de mes cibles ! Oui, cette aura, cette puissance…. Père va être heureux de te dévorer !
- P…Pourquoi vous faites ça ?!
- Oh, tiens, elle a une voix !
- Et elle pleurniche, comme toutes les autres, enchaîna celui aux rouflaquettes.
- Bien sûr, elles sont si faibles, répliqua le tortionnaire d’Esmeralda. Si fragile, superficiel et crédule ! * Il serra les joues de la Voltigeuse avec fermeté* Des petites fées inutiles et sans intérêt. Ce monde n’a aucunement besoin de vous et de votre pathétique magie de lumière. Celui que nous allons construire sera bien meilleur ! Bien plus grand, puissant et excitant !!
- Mère-Nature et les autres ne vous laisserons pas faire, cracha Esmeralda malgré sa gorge en feu.
- Ha, Ha, Ha. Naïve enfant. Tu n’imagines même pas à quel point tu te fourvoies. C’est déjà trop tard pour vous. Nous avons déjà gagné.
Il venait de parler dans son oreille, lui offrant un frisson de dégoût. Raiponce et Anna tentèrent de se débattre, en vain, elles étaient fermement maintenues par leur bourreau qui annulait leur magie avec leur aura magique violette. Elles se fixèrent de terreur, comprenant l’inévitable.
- Je me charge de celle-ci, se délecta le ténébreux poivre et sel. J’ai comme une envie de m’amuser longuement avec elle et de la salir au plus profond de son âme. Hans, occupe-toi de l’enflammée. Gothel, tu sais ce que tu as à faire avec notre Enfant du soleil. IL t’attends, avec Père. Quand à toi, Cassandra, fais le guet.
Les ténébreux se sourires de connivence avant de tirer les fées chacune dans leur coin.
Raiponce se fit traîner par sa natte fleurit, criant sa douleur devant une Cassandra impassible. La dénommée Gothel sortit un poignard en le maintenant sur la gorge de la blonde. Elle lui susurra à l’oreille.
- Regarde tes amies. Regarde-les bien se faire souiller et tuer juste devant tes yeux.
- Arrêtez !! Par pitié !! Pourquoi ?! Qu’est-ce qui vous rends comme ça ?!
- Ha, ha, ha, petite fleur n’est encore qu’un pauvre bourgeon. Elle ne connaît pas le vrai monde. Elle ne sait pas que c’est la loi du plus fort qui gagne. Avec vos beaux sentiments vous n’irez jamais bien loin. Il faut s’endurcir, s’imposer, dominer ! C’est ça, LA VIE.
Elle lui entailla le cou sur toute la longueur, appréciant entendre sa victime gémir.
- Ne t’en fais pas, bébé bourgeon, je vais rapidement abréger ta tourmente, s’exprima-t-elle d’un air faussement maternel. Je vais t’emmener loin d’ici et t’offrir comme nourriture à Père. Je serai celle qui a capturé l’une des quatre Fées-Prodiges. Tu n’imagines même pas à quel point ta mort est un délice pour nous ! Ta mère aurait mieux fait de te garder dans sa stupide vallée ! Elle vient de commettre une grave, grave erreur !!
La blonde écarquilla ses yeux en proie à la plus profonde panique. Elle héla ses amies qui hurlait de chaque côté de la table. Elle se mit à pleurer à chaudes larmes, voyant le calvaire qu’elles vivaient.
- Non !! NON !!! NOOON !!!
Raiponce tenta de se libérer de la poigne ferme de Gothel qui resserra sa prise tout en tirant avec force sur la chevelure.
- Très pratique cette grande touffe! Rit follement la ténébreuse. J’espère que tu regrettes déjà ta naissance et ton apparence ! MAIS CE N’EST QUE LE DÉBUT, AMUSONS-NOUS !
Raiponce tendit vainement le bras en avant, essayant d’utiliser son pouvoir de lumière que Gothel annulait de sa magie noire. De ses yeux émeraudes elle vit Cassandra détourner les sien pour s’éloigner de la scène. La blonde était désormais seule à la merci de son bourreau.
En face, Esmeralda se débattit comme une lionne, assénant des coups et des traces de griffures sur son assaillant qui la mit dans son plus simple appareil, arrachant sa pétale violette. Après un grand coup de pied au bas-ventre, point sensible d’une fée, elle réussit à se faufiler et invoqua un courant d’air pour repousser son bourreau de quelques centimètre. Elle hurla son nom, de rage : Frollo. Elle eut à peine le temps de recommencer son attaque qu’il se saisit de son aile droite dont il la tira vers le sol. La douleur, innommable, fit crier Esmeralda lorsqu’il la trancha d’un coup sec avec un éclat de métal combiné à sa magie noire. Le haut de son aile retomba plus loin devant ses yeux désespérées.
Couper les ailes d’une fée était un acte atrocement symbolique et traumatisant, qu’aucune fée ne pouvait supporter. C’était comme couper son âme… Parcourut de sanglots, Esmeralda perdit toutes ses forces, sentant Frollo la plaquer contre le sol, les yeux exorbités. S’il liait son âme à elle… Plus jamais elle ne pourrais revenir en arrière !
Anna n’était pas loin, au prise avec Hans qui la serrait contre lui.
- Tu sens comme la fée de l’Hiver… C’était quoi son nom déjà ?! Ah oui, Elsa ! Une vraie beauté.
L’Enflammée invoqua un feu ardent autour d’elle que son ennemi repoussa avec ses propres flammes noires qui dévorèrent la moindre braises rougeâtres.
- Pas de chance pour toi, on est du même élément !
- Qu’as-tu fais à ma jumelle ?! Qu’as-tu fais à ELSA ?! MONSTRE !!
Elle se tortilla dans ses bras. Hans en profita pour la planter dans le ventre avec d’une lame faite de cendres et de feu noir. Il la fixa dans les yeux.
- Rien, pour le moment, mais je l’attendrai au prochain Hiver. Enfin, si, d’ici là, les fées ne sont pas déjà tombées !
- Grrrrmmmbll…. Je t’interdis, de…, l’approcher !
Anna se retrouva à genoux avant de se plier en deux. Elle cracha une gerbe de sang et vit sa peau se couvrir d’une étrange teinte violacée. Hans posa son pied sur elle pour l’allonger et la dominer.
- J’ai peut-être oublié de te préciser que ma lame était empoisonnée. Oups !
Anna serra les mains sur son ventre, sentant la douleur irradié et lui faire perdre conscience. Elle fixa Ariel, plus bas sur une des chaises rembourrées, immobile et entourée de sang. C’est comme ça qu’elle l’avait retrouvé plus tôt avant de se faire attaquer à son tour par ce Hans, Gothel, Cassandra puis Frollo. Ensuite ce fut à Esmeralda d’être prise…
Une par une, isolées, les fées étaient tombées dans leur filet. Aurore et Ella aussi, au prise avec deux autres ténébreuses dehors. Tout avait été organisé, planifié, depuis des semaines. Depuis que Gothel était tombée sur Raiponce pendant son tour de surveillance. Depuis que Père et son allié le plus puissant lui avaient ordonné de la capturer, morte ou vivante, pour qu’il la dévore, gagne en puissance et empêche Dame-Nature de gagner !
Les hurlements étaient assourdissants.
Raiponce sentait sa tête vriller, le souffle lui manquait ! Elle gémissait, tant de douleur, de désespoir que de haine. Ce qu’elle voyait la rendait folle. Elle se débattit contre la poigne de cet horrible monstre qu’elle repoussa enfin, réussissant à sortir de son emprise avant de la voir s’envoler devant elle, lui barrant la route d’un air amusé. Elle ne pût rien faire et sentit la lame de la dague se planter dans son ventre avec une force inouïe. Raiponce cracha du sang noirci et s’effondra à son tour.
- Jeu, set et match, sourit Gothel devant le spectacle. Père sera fier de nous !
- P…ère…?
- Je te le présenterai, ne t’en fais pas. Enfin, si tu tiens pendant le voyage.
Elle ricana, s’admirant dans un reflet non loin de là, bouffant sa tignasse corbeau.
Raiponce serra les poings. Elle repensa à sa naissance, ses jours dans la vallée, son voyage. La joie, la découverte, les rires, le bonheur, ses amies… Ses Pairs… Ses rêves… L’avenir des fées… Son précieux et magnifique monde de lumière !
Gothel se retourna vers sa victime. Elle la vit se mettre sur ses coudes, tremblante de haut en bas, forçant sur ses maigres bras pour se relever. Serrant ses dents, allant au-delà de la douleur qui lui arrachait le ventre à chaque mouvement. Elle fût à quatre pattes, laissant le liquide rouge et chaud sortir lentement de son corps.
- Oh, oh, quelle résistance, quelle abnégation. Je retire ce que nous avons dit plus tôt, vous êtes plutôt coriaces. Votre groupe en particulier. Si seulement vous étiez nées de notre côté. Nous aurions pu former une grande famille.
Raiponce lui jeta un regard noir par-delà son épaule. Elle se mit à genoux puis se souleva. Gothel s’avança pour l’attraper par les cheveux et la tirer à elle, yeux dans les yeux.
- Ma petite fleur, pourquoi ne pas nous rejoindre ? Pourquoi ne pas devenir ma deuxième apprentie, ma deuxième enfant?!
La principale concernée, Cassandra, s’intéressa à la conversation. Elle se rapprocha, fixant Raiponce avec une forme de tourment. La blonde ne lâcha pas son bourreau du regard. Elle articula lentement.
- Jamais de la vie. Je préfère mourir ici que de vous suivre dans votre folie.
- Dans ce cas, tu as choisi ton camp.
Elle leva son poignard pour un deuxième coup quand Raiponce lui cracha du sang au visage. Tout en gardant prise sur les cheveux, la ténébreuse se recula, furieuse que son beau visage soit salie.
- Espèce de chardon ! Tu vas me le payer !!
La blonde se mit à hurler pour toute réponse, laissant déborder sa fureur. Elle puisa au fond de son âme pour utiliser sa magie de lumière. Un gigantesque faisceau recouvrit toute la maison en un flash aveuglant pendant de longues secondes. Des cris se firent entendre par toutes les fées présentes tandis que Gothel sentit sa main la brûler intensément. Elle relâcha la chevelure qui explosa pour laisser place à des cheveux mouvants.
Surprise par elle-même, Raiponce se recula tandis que la lumière diminuait. Elle fixa ses cheveux, sa magie, avant de réagir au quart de tour. Cassandra avait caché ses yeux d’un réflexe, s’élançant sur sa proie. Une lame bleutée s’abattit sur Raiponce qui la repoussa avec ses mèches, tel un coup de fouet. Son instinct avait parlé en premier ! Sans chercher à comprendre, la Lumineuse utilisa ses crins comme d’une arme et d’un bouclier indestructibles, repoussant la fée noire qui sentait la chaleur du soleil lui cuire la peau au moindre contact. Cassandra fut surprise et se protégea les yeux. Les cheveux, tels des serpents, luisaient par intermittence d’une puissante aura magique.
Ce soudain flash avait aidé Esmeralda et Anna à se sortir de là, activant à leur tour leur magie qui répondait à celle de leur amie. Pour se libérer, la Voltigeuse avait griffé le visage de son ennemi sur toute sa longueur, outré par la morsure des ongles sur sa peau, avant d’assener un puissant coup de vent digne d’une rafale. Frollo tourbillonna sur lui-même puis valsa loin de la table tandis qu’Hans, qui brûlait le bras d’Anna de son feu noir dévorant se prit un revers de flamme qui le renversa.
Les deux amies rampèrent vers la lumière, se rejoignant au centre de la table.
- Ta main, Anna !
Celle-ci le lui attrapa, invoquant une tornade de feu tout autour d’elles. Esmeralda combina sa magie à la sienne qu’elle dirigea vers tous les ténébreux hormis Cassandra qui s’élançait toujours sur Raiponce.
- Mes mains, mes mains !! Beuglait Gothel non loin de là, les doigts noircies ainsi qu’une partie de son visage.
Raiponce repoussa son ennemie une nouvelle fois en claquant ses crins sur la lame de l’épée quand elle comprit pourquoi sa magie s’amplifiait encore. Outre son propre pouvoir, la généreuse poussière de Fées offerte par Quasimodo entrait dans son corps sans qu’elle eut besoin de la prendre avec ses mains. La lumineuse décida donc de jeter le sac entier de poussière en l’air pour que ses amies puissent en bénéficier.
Le feu et le vent combinés s’engouffrèrent alors partout autour d’elles, les protégeant de la magie noire que Frollo et Hans utilisaient pour les atteindre. Le feu ébène tenta de dévorer le rouge sans succès. Anna en était stupéfaite tandis qu’elle invoquait de petites boules de feux protectrices faisant office de second bouclier.
La blonde profita de l’ouverture pour sauter sur Cassandra, prenant une mèche de ses cheveux pour lui retirer sa lame en pierre bleutée, l’aveugler et la pousser dans le vide d’un coup de pied. La ténébreuse chuta vers le parquet, contrôla son atterrissage grâce à ses ailes et leva son nez vers sa proie.
- Tu ne nous échapperas pas, Raiponce ! Mère Gothel te retrouveras quoiqu’il arrive ! Tu ferais mieux de nous rejoindre ! Ici, nous n’avons plus de chaines, plus de règles. Nous sommes libres !
- JAMAIS !
- N’en as-tu pas assez de Dame-nature ?! De ses caprices, ses lois, son règne ?!
- Tout cela existe pour une bonne raison et je suis fière d’être une enfant de Mère-Nature ! Tu devrais plutôt te demander si ce que tu fais à vraiment un sens, Fée Cassandra !
- Je… JE SUIS LIBRE ET PUISSANTE !
Raiponce sentit Anna la prendre par les épaules, la couleur violacée de son teint était inquiétant ! Après un dernier regard envers Cassandra, Raiponce se retourna et fonça vers Esmeralda. L’Adrénaline lui faisait oublier la morsure infâme au niveau de son ventre tout comme son amie. Anna en profita pour aller retrouver Ariel d’un coup d’aile, qui respirait encore, avant de la prendre sur son dos. La lumineuse en fit de même avec la Voltigeuse, s’envolant vers la première fenêtre ouverte.
Les ténébreux se mirent aussitôt en chasse pour les rattraper, le feu s’étant dissipé. Elles s’envolèrent aussi vite qu’elles le purent, utilisant l’orbe de lumière et celles de feux comme bouclier pour repousser les attaques de flammes noires, de pics sombre et un halo rougeâtre dirigé sur elles.
- ON EN A PAS FINI AVEC VOUS !! Hurla Frollo, devenu fou de rage.
Esmeralda se retourna et lui balança une rafale pour déstabiliser son vol tout en lui tirant la langue. Il enragea avant de perdre son équilibre et se cogna contre le volet de la bâtisse.
Une Gothel cramoisie fonça sur la blonde qui la repoussa à coup de cheveux et de lumière. La fée noire réussie malgré tout à lui attraper ses crins, faisant fi de la brûlure que ça lui provoqua.
- Tu es à moi ! Tu ne m’échapperas PAS !!
Anna lui fonça dessus d’un coup de tête dans le buste pour la dégager, grimaçant de douleur.
- Où que vous alliez, on vous retrouvera ! Et Elsa aussi!! Cria Hans qui leva la main pour sortir un puissant jet de flammes dévorant toute vie sur son passage.
Anna esquiva de justesse quand une bulle d’eau l’enveloppa d’une légère protection anti-flamme. Ariel souriait douloureusement à son amie qui planait de travers, ne sachant pas jusqu’où elle réussirait à aller dans cet état…
Raiponce ouvrit la voie, fonçant vers la forêt, quand la cavalerie débarqua en une bonne vingtaine de fées en colère. Flora était en tête du cortège, ayant aperçu, plus tôt, la lumière et sentit plusieurs magies s’entrechoquer. Elinor, Leah et Shang entrèrent aussitôt dans la bataille. Arianna, Triton et Iduna se précipitèrent vers les blessées. Anna ne tenait plus. Elle chuta avec Ariel, rattrapées par Iduna et Triton de justesse. Ils les prirent dans leur bras, inquiets et protecteurs.
Arianna s’occupa de prendre Raiponce -et Esmeralda- contre elle pour les ramener jusqu’au camp. La blonde sentit toutes ses forces la quitter une fois sûre d’être en sécurité.
Chamboulée et perdue, la nouvelle fée du Printemps scruta d’un dernier regard les combats faire rage au loin, repoussant les ténébreux enragés. Elle venait de basculer d’un monde à un autre en une fraction de seconde. Au fond d’elle, son innocence venait de voler en éclat.
Elle regrettait déjà le moment où, naïvement, elle dessinait un soleil sur une petite feuille de papier.