Fairy Big 4 : La légende des quatre saisons

Chapitre 11 : La Fête et L'Humanité

5387 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 25/05/2024 15:38

 

[Arbre-Monde]

 

La fête du Printemps battait son plein dans la vallée des fées. Toutes les Estivales et Automnales, accompagnées de Pâquerette et Pimprenelle, s’amusaient partout autour de l’Arbre-Monde. On se lançait des pétales de fleurs, on voletait autour des branchages couverts de bourgeons en pleines floraisons, on câlinait les animaux, on dansait de joie sous le soleil doux.

 

La Grande fée bleue les observait d’en haut, sur une branche-terrasse à côté de son antre. Elle souriait d’un air maternel. Les voir ainsi était pour elle la source de tout son bonheur.

 

- Elle est partie ?

 

La reine détourna ses yeux clairs de la scène, le visage légèrement surprit.

- Oui. La Printanière est dans le « vrai » monde.

Bruno se posa à côté d’elle, regardant la foule d’un air envieux et aigris.

- S’ils savaient, tous…

- Laisse les profiter, ils n’ont pas besoin de souffrir inutilement. Je les protégerai, quoiqu’il arrive, je reste optimiste et confiante. Je sais que ça ira.

- … Hum. Vous voilez la face ni changera rien, ma reine.

- Ruminer non plus.

Elle le fixa avec sérénité, il soupira las.

- Ça fait combien de temps que tu n’étais pas sortie à la lumière du jour ?

- Je ne sais plus, avoua ce dernier, mal à l’aise d’être dehors.

- Ça te ferais du bien de prendre l’air dans la vallée. De retrouver la nature sous son plus beau jour.

La main droite tenant son bras gauche, Bruno secoua la tête. Il fixait les fées avec douleur.

- Non… je ne peux pas… C’est trop pour moi. Je me sent plus en sécurité dans l’Arbre.

 

Sincèrement terrifié, le devin recula de plusieurs pas avant de saluer la reine et de rentrer à l’intérieur. La grande fée bleue soupira, attristée par la réclusion de son « enfant ». Elle reporta son attention sur la fête tout en songeant à Raiponce. Elle priait pour sa sécurité, une main sur le cœur. Son regard dériva alors sur deux fées, qui se retrouvèrent ensemble, qu’elle tenait également à l’œil.

 

Le destin était peut-être irrévocable ?

 

**

 

- Je te présente Pocahontas et Nakoma, fées des Jardins et Raya , fée enflammée ! Ce sont mes amies ! Et ma grande camarade de talent ici présente, Jane !

Harold salua tout le monde, le cœur battant à cent à l’heure par la panique que lui provoqua cette soudaine sociabilisation de masse. Une des fées vint lui broyer la main dont Jane s’excusa à sa place.

- Voici Tarzan, c’est mon… ahem, mon compagnon. Il vit dans la jungle habituellement, du côté de l’Eté justement.

Le dénommé Tarzan prit l’épaule de Jane avec une étrange tendresse tout en souriant.

- Venez quand voulez, moi être heureux, déclara-t-il d’une élocution saccadée.

Jane expliqua rapidement qu’il avait des soucis de communication après s’est renfermé dans la jungle, seul, pendant des années avant qu’elle ne le trouve et ne lui réapprenne à communiquer. Harold était fasciné par son récit.

- C’est quoi un compagnon ? Demanda-t-il à Jane quand elle eut terminée.

- C’est une personne avec qui… on partage notre vie. Avec qui on se lie pour toujours.

- Se lier ?

- C’est ça. Partager un lien d’Amour. Un lien juste entre nous deux…

 

Elle rougissait à ses mots. Harold repensa aux paroles de Varian, songeur. Mérida intervint en présentant Harold à son tour à ses amis. Ils semblaient ravis de rencontrer un deuxième « Miracles » des quatre naissances. Assaillit de question, Harold eut assez peu le temps de souffler. Mérida l’avait tiré auprès des siens sans crier garde et depuis il se sentait entourné. Malgré tout il prit plaisir à connaître d’autres fées du royaume avec chacune leur spécificité. Il apprit pour les talents secondaires et les passions qui existaient dans leur vallée avec intérêt. Mérida également qui écoutait en posant plein de question, excitée.

 

Lorsque sonna les trompettes du grand déjeuner de la place, Mérida prit Harold par le bras pour l’emmener avec elle. Il se laissa entraîner, amusé par cette fée désinvolte.

- Tu me présenteras tes amis aussi ? Répliqua la rousse en prenant place devant une assiette en terre cuite aux gravures représentants la nature et ses esprits.

- Je n’ai pas grand monde… Mais oui bien sûr.

- Ne fais pas le modeste. Tiens, goûte le potimarron c’est trop bon !!

Elle le servit sans attendre son accord. Harold fut surprit par la sucrosité du légume. Mérida en sourit tout en attrapant du raisin et des morceaux de melons dans son assiette. Elle souriait à pleine dent, battant des jambes sur sa chaise en chantonnant. Il ne cessait de la regarder en biais, impressionné par sa prestance et sa bonne humeur contagieuse.

 

- Et donc… Il parait que tu as fait de gros dégâts au printemps ? Avec des ours ?

Mérida opina en lui racontant sa première journée et ses bêtises. Choqué mais impressionné, Harold resta sans voix. Il se demandait vraiment s’ils étaient bien nés ensemble…

- Et toi, qu’à tu as me raconter de beau sur cette première semaine ?

Il lui conta maladroitement son aventure dans l’Arbre-Monde jusqu’à la bibliothèque magique. Sa rencontre avec les sans-talent dont Mirabelle et Milo. Son travail et son amitié avec Varian du Printemps. Sa rencontre avec Raiponce.

- Je ne savais pas qu’il existait des fées « abandonnées », commenta la rousse. Il faudra que tu me les présentes. Ils ont l’air super sympa !

- Avec grand plaisir ! Sourit Harold. Ils le sont !

La rousse remarqua que c’était le premier vrai sourire qu’elle voyait de lui. Son propre sourire s’élargit. Puis un silence vint se poser entre eux avant que la rousse ne reprenne, le regard tourné vers son assiette.

- Tu me montreras ton métier ? Demanda-t-elle après un temps. Moi j’ai un ami à te présenter, il va te plaire… Ou pas.

Elle pouffa malgré elle. Il la questionna du regard mais elle n’en dit pas plus.

- Pas de soucis, passe à l’atelier du Printemps ou de l’Automne quand tu veux. Je travaille avec Varian ou mon maitre Geulfor. Peu importe la saison j’ai toujours de quoi faire apparemment. Et ça me plait.

- Cool !

 

Ils discutèrent longuement de leur magie et de Raiponce dans l’autre monde tandis qu’il se restaurait goulûment des mets de Mère-Nature. Les amies de la rousse s’incrustèrent en cours de route et ils passèrent un agréable moment à chanter, rire et raconter des anecdotes sur la vallée.

 

Après le dessert : gâteaux aux chocolats et aux baies, Harold emmena Merida rencontrer Giselle, sa tendre amie de l’Automne. La fée des Jardins et la rousse s’entendirent aussitôt comme larron en foire ! Harold se doutait bien que leur caractère était compatible mais il en sourit malgré lui.  Elle rencontra ensuite Moana, la fée de l’océan, Mulan la Voltigeuse et Belle, La lumineuse avec qui elle s’entendit un peu moins bien côté « passion ».

 

Tout l’après-midi, des jeux furent organisés par Pâquerette et Pimprenelle pour animer la fête du Printemps. Les nouveaux participèrent, avec leurs amis, pour tenter de gagner de la poussière de fée en plus, de la nourriture rare et des instruments uniques. Mais surtout, ils s’amusèrent beaucoup !

 

Harold se découvrit une passion pour le vol sur coccinelle bien que Mérida l’eu battu à plate couture ! Il promit de se venger plus tard avant de participer au tournoi de lancer de noisette. Encore une fois, la rousse fut imbattable mais il mit une raclée à ses deux amies, Giselle et Belle, bonnes dernières. Au concours suivant, Merida se mit avec Pocahontas et Harold avec Mulan en duo pour la course de vol à quatre ailes. Attaché l’un à l’autre par les bras, les groupes tentaient de rejoindre l’arrivée, chutant assez souvent sur des mousses prévues pour les atterrissages en urgence. Ce fut cette fois Harold et Mulan qui remportèrent la course à la grand joie de ce dernier.

Il y eut ensuite un tournoi de magie où la rousse participa, malheureusement sans son ami, et réussi à bien se classer en écrasant ses adversaires avec une horde de chenilles urticantes. Juste après, Harold participa au concours des Bricoleurs et finit premier avec sa construction en modèle réduit de l’Arbre-Monde. Varian vint le féliciter chaleureusement malgré sa seconde place qui le fit rager.

 

Le dernier jeu était prévu pour les défouler. Par équipe de six dont Merida, Harold, Pocahontas, Nakoma ainsi que Giselle et Moana, ils avaient pour but d’éliminer leurs adversaires à grand coup de pistolet à fruits jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’une équipe debout ! Merida prit les commande de leur groupe en se faufilant parmi les broussailles. Elle ne put cependant rester bien longtemps silencieuse avant de donner l’assaut sur une autre équipe en hurlant. Harold secoua la tête de dépit tirant sur tout ce qui bougeait. Il loupa tous ses tirs, dépité. Giselle sortie du jeu après avoir reçue de la gelée de mûre sur ses ailes, riant avec amusement.

 

Mérida faillit se faire toucher mais réussi à fuir laissant Pocahontas et Nakoma la défendre de justesse. Nakoma se prit un tir en pleine face, elle dut sortir du jeu. Harold observa ensuite la scène et parti se cacher plus loin avec Moana. Il se mit à réfléchir à une manière différente d’attaquer en récupérant la rousse derrière une racine. Merida était essoufflée mais insistait pour continuer l’assaut. Harold proposa plutôt une idée qui lui traversa la tête, après que Pocahontas l’ai rejoint et enjoint à dire ce qui le tracassait. Hésitant il avait posé son plan à plat avant que toutes ne s’exécutent.

 

Merida fit l’appât et plusieurs équipes vinrent la chasser en hauteur. Cela amusa beaucoup la rousse qui esquiva de justesse les gelées multicolores. Pocahontas et Moana prirent les autres de revers, par en dessous, avant de les peinturlurer de la tête aux pieds. Quelques résistants réussirent à passer dans les mailles du filet avant de les canarder à leur tour. Moana fut éliminée, Pocahontas en déroute qui s’enfuit sous des feuilles. C’est à ce moment qu’Harold balança des feuilles au-dessus de ses ennemis qui perdirent totalement la vue vers les cieux. Merida et lui purent attaquer ensemble les trois derniers candidats en lices sous les hurlements de la foule qu’Harold avait complètement oublié.

 

Il toucha ses cibles, Mérida aussi, puis se foncèrent dedans dans les airs. Ils se rattrapèrent l’un l’autre pour ne pas tomber, riant de leur victoire.

- C’était magnifique ! Bravo aux gagnants ! Hurla Pimprenelle avec ravissement.

- Félicitation ! Magnifique tactique ! Ajouta Pâquerette avec un clin d’œil pour sa rebelle.

La rousse et ses amis reçurent des éloges, Harold plus en retrait, heureux avec son nouveau sac gagné.

 

Quand le calme revint, après le dîner, Harold s’éclipsa pour se poser. Il était totalement vidé ! Mérida remarqua son absence et vint le rejoindre, sur une branche de l’Arbre-Monde, en face des étoiles qui arrivaient. Elle aussi commençait à bailler et s’étira de tous ses muscles après autant d’efforts.

- Quelle journée ! Je me suis éclatée.

- Moi aussi. Je ne pensais pas que ça pouvait être aussi amusant de faire des concours. Ça change un peu de ses derniers jours.

Il fixa le ciel, étirant ses jambes endoloris.

- Je me demande ce qu’elle fait, commenta la rousse.

- Raiponce ?

Elle opina.

- Bonne question. Bien que cela me terrifierai de quitter la vallée… Je l’envie un peu de découvrir l’Autre-Monde.

- Il ne faut pas avoir peur. Avec tes tactiques, tu es un vrai champion. Les fées noires n’auront aucunes chances ! Sourit-elle en se penchant vers lui.

Il rougit du compliment.

- Arrête c’était juste une idée comme ça. J’ai eu de la chance.

- Tu plaisantes ? Si on avait continué à foncer dans le tas comme je le voulais on aurait largement perdu. Ton idée avec les feuilles et l’attaque du dessous était excellente. Je n’y aurai pas pensé.

- Mais tu étais la plus forte de l’équipe. Tu as réussi tout tes tirs.

- C’est vrai mais ça ne changeai rien si au final je me faisais toucher. Tu devrais avoir plus confiance en toi, Harold.

- …

 

Il ne sut que répondre, les yeux fixés vers l’infini. Mérida soupira et se posa sur son épaule droite. Il sursauta de surprise. Elle lui sourit, fermant les yeux de fatigue.

- J’espère que tous les jours seront comme celui-ci. Et qu’avec Raiponce on pourra s’amuser pour toujours tous les trois.

Harold sourit à son tour, les mains recroquevillées sur ses jambes, appréciant la brise nocturne.

- Ça serait génial, approuva-t-il. Dommage que notre ami de l’Hiver ne puisse nous rejoindre. À chaque fois que j’y pense j’ai mal au cœur.

- Moi aussi… Je trouve ça dommage que les Hivernales soient exclues de tout.

- C’est injuste.

 

Des bruits de grillons et de cigales parvinrent au duo depuis le royaume de l’Eté. Harold ferma les yeux à son tour pour profiter de ce moment apaisant. Leurs ailes se frôlèrent puis s’illuminèrent. Il le ressenti comme une profonde chaleur en lui.

- Je suis vraiment content d’avoir fait ta connaissance, Mérida. Je me sent bizarrement plus confiant.

 

Celle-ci dormait déjà à poing fermé. Harold retint un rire amusé tout en posant sa main sur ses cheveux en bataille. Il attrapa délicatement la tête de la rousse pour la mettre sur ses genoux, histoire qu’elle soit plus confortablement installée. Puis il resta là à fixer le ciel. Serein.

 

**

[Royaume de L’Hiver]

 

- Jack… Je t’ai cherché partout…

Elsa vola jusqu’à son ami, assis sous la neige devant la frontière avec le Printemps. Il était couvert d’une cape fait main bleutée qui cachait son visage incliné vers le bas.

- Les jeux sont terminées. J’aurais aimé qu’on en fasse un peu plus ensemble. Mais tu as soudainement disparut après les sculptures…

- J’étais un peu fatigué, désolé.

 

Menteur.

 

La jeune fée s’assit à ses côtés, attristée. Elle avait participé à la fête organisée par Verna dans leur royaume, avec patin à glace, lancées de boules de neige, concours de sculptures de glaces ( que Jack avait largement gagné!), glissades sur planche de bois, vol entre stalactites et le grand final avec le tournoi magique. Ce dernier avait été remporté par une fée appelée Honeymaren qui avait beaucoup impressionnée Elsa !

 

- Tu penses aux Printanières dans l’Autre-Monde?

- Je suis inquiet après ce que tu m’as raconté.

- Et moi dont…

Jack se souvint subitement qu’Anna, la jumelle de son amie, était au Printemps. Il se tourna vers Elsa en s’excusant du regard. Elle secoua la tête pour toute réponse. Elle ne lui en voulait pas de l’avoir oublié.

- Ça ne te frustre pas qu’on soit bloqué ici ? Reprit Jack en enlevant sa capuche, dévoilant son air de chien battu. Je les aient entendu faire la fête, ils avaient tous l’air de bien s’amuser. En plus ils ont pu dire au revoir aux Printanières. Mais nous non, on est reclus ici comme des parias. On dirait qu’on est invisible pour la vallée. A part en Hiver dans le Autre-Monde on ne sert à rien.

- … C’est comme ça. À quoi bon ressasser la même chose tous les jours ? Que veux-tu faire de plus ?

- Je ne sais pas… Tenter d’aller là-bas, peut-être…

- NON ! C’est trop dangereux et tu le sais !

 

Elle avait haussé le ton si fort qu’il avait sursauté.

- Je t’en prie, Jack, n’essaye jamais de passer la barrière !

- D’accord… Promis.

D’un soupir de soulagement, Elsa se blottit contre son ami qui ne cessait de fixer le Printemps avec amertume. Ce sentiment d’exclusion et de solitude le torturait de l’intérieur. Qu’il le veuilles ou non, c’était impossible à réprimer.

 

Après un temps, Jack émit un profond soupir avant de reprendre ses esprits.

- La nuit est déjà tombée, allons terminer la fête avec les autres. J’ai cru comprendre qu’on allait danser et chanter sous la lune.

L’argenté se tourna vers la blonde qui ne dit mot. Son visage était caché par ses cheveux blonds platines qu’il releva.

- Elsa ?... ELSA ?!

Elle était rouge de fièvre et se mit à tousser.

- Qu’est-ce qu’il t’arrive ?!

La blonde reprit conscience, les yeux embrumés. Elle se leva puis chancela d’où Jack la rattrapa.

- Hé !! Attend, je t’emmène auprès de…

- Blanche. Amène moi voir Blanche…, elle me soignera. C’est une fée-infirmière.

- Ok !

 

Jack prit son amie sur son dos et s’envola d’une traite jusqu’à la grande fête au centre du village des glaces. Il trouva Blanche avec Verna, assisses à discuter du Printemps. En voyant l’état d’Elsa, elles se mirent en alerte, aussitôt transportée dans l’infirmerie.

 

Le nouveau patienta quelques minutes puis eut le droit de rejoindre son amie. Elle était alitée, une tisane chaude dans les mains. Elle tremblait.

- Que s’est-il passé ? Demanda-t-il à Blanche.

- Rien de grave. Une faiblesse dut à sa condition.

- C’est-à-dire ?

- Son voyage dans les saisons chaudes.

- Oh… Justement on en parlait un peu plus tôt.

- Vois par toi-même le résultat, déplora Verna. Elsa est souvent souffrante depuis sa mésaventure. Mais je dois avouer que c’est la première fois que c’est aussi violent. Il va falloir te reposer, d’accord ?

Elsa opina, fiévreuse et crispée.

- Je peux rester un peu avec elle ?

- Bien sûr, répondit la Cheffe de saison d’un air tendre. Tu peux rester dormir ici, si tu veux.

- Merci !

 

Une fois seul à seule, Jack prit un lit à ses côtés et la rassura. Il resterait là le temps qu’elle guérisse. Elle se mit à avoir une grosse quinte de toux et se reposa au fond de son lit.

- Désolée de me montrer aussi pitoyable.

- Arrête de raconter des bêtises, sermonna-t-il. Ce n’est pas grave. C’est moi qui aurait dut arrêter de fantasmer sur les autres royaumes.

- Je te comprends, ne t’en fais pas. Mais tu vois, la nature peut-être impitoyable. Garde le bien en tête.

- Promis.

 

Ils se sourirent un peu puis s’endormirent peu après. Mais Jack se réveilla dans la nuit. Il entendit Elsa gémir, brûlante de fièvre. Délicatement il refroidit son front tout en prenant garde à ne pas la réveiller. Il attendit qu’elle se calme pour arrêter d’utiliser son pouvoir. C’est à ce moment qu’il repéra une étrange tâche sombre dans son cou. Derrière sa nuque, cachée par sa tresse habituelle. Sûrement le résultat de son expédition au Printemps…

 

Le nouveau déglutit, priant Mère-Nature pour que son amie se remette vite !

 

***

 

[ L’Autre-Monde]

 

Une semaine était passée. Raiponce ne voyait pas le temps défiler ! Rythmée par l’aube et le crépuscule, entourée de ses amies, elle travaillait sans relâche à l’arrivée du Printemps sur la Terre-Mère.

 

En ce jour, ce fut la première fois qu’elle découvrit le « Monde » des hommes. Un village s’étendait à perte de vue devant elle, ainsi qu’un royaume bien plus loin accompagné d’un grand château, tellement immense que de là où elle était, elle l’apercevait.

 

Esmeralda se posta aussitôt devant son amie qui allait avancer vers la première maison. Flora, qui allait justement expliquer les règles, laissa la Voltigeuse le faire. Elle expliqua le danger que représentait l’espèce humaines et le fait qu’elle ne devait JAMAIS être vue par eux. C’était la règle la plus importante à la fois pour leur sécurité et celle de Dame-Nature.

- Compris. Je serais invisible.

- Parfait. Mère-Nature seule sait ce qui pourrait t’arriver si un humain t’attrapait.

- Ils sont méchants ?

- Le terme n’est pas forcément approprié, intervint Flora. Mais nos mondes ne doivent pas se rencontrer. Nous sommes incompatibles. Autrefois, nous vivions en harmonie avec eux mais depuis leurs développements ils ont changé. Les hommes ont beaucoup de noirceur en eux et se sentent supérieur à toutes les créatures vivantes. Par le passé, des fées ont été capturé et torturé sous le nom de ce qu’ils appellent « la science ». Pour satisfaire une curiosité malsaine ou utiliser notre magie à mauvais escient. Ce pourquoi, La Grande-Fée bleue, Mère-Nature, ses esprits et autres créatures magiques ont fui l’humanité. C’est une espèce bien trop dangereuse et versatile… Très cupide.

 

Un frisson parcourut la nuque de Raiponce. Elle repéra, au loin, un humain pour la première fois… Il était gigantesque ! Terrifiant ! Le pas lourd, la respiration lente, les gestes puissants. Elle comprit rapidement le danger qu’ils pouvaient représenter.

- Mais ils ne sont pas tous mauvais, reprit Flora en prenant Raiponce par les épaules. Certains vivent en harmonie avec Dame-Nature, d’autres sont bons et altruistes et vivent en paix. Ils ne nous voudraient que du bien. Seulement, le mieux est encore de nous éloigner de tous les humains, au cas où. Tu comprends ?

- Oui, beaucoup mieux. C’est triste que nos mondes se soient séparés. Mais c’était nécessaire.

- Exact. Il y a cependant de rares exceptions, comme le peuple des Northuldra qui nous vénèrent et ne nous veulent aucun mal. Avec qui nous montrer ne présente aucun danger. Au contraire, ils sont très gentils et nous aident.

 

La nouvelle opina, parée à partir. Flora sembla rassurée et laissa Esmeralda partir en éclaireuse, suivit du groupe peu après. Lorsque tout fut bon, Raiponce commença son périple à travers le village, telle une ombre fugace. Elle esquiva les humains en allant offrir ses orbes pleines de nutriments aux fleurs alentours qui se raréfièrent une fois approchée de la grande ville.

 

Le stress monta d’un cran autour du gigantesque château et des maisons de nobles. Raiponce dénichait çà et là des fleurs en pots ou des arbustes dans les jardins qu’elle nourrissait rapidement. Elle dut esquiver une tripoter de petits humain qui la prirent, apparemment, pour une libellule. Ouf !

- Ça va aller, on est là, sourit Anna avec sa bonne humeur.

- Tu ne risques rien, approuva Esmeralda, même si on t’aperçoit, les humains ont tendance à ne pas croire en nous. Ils nous prennent donc pour autres choses mais refusent de croire que les fées existent. Ce qui nous arrange bien !

- Fais quand même attention aux jeunes, ajouta Ariel en arrosant un rosier. Eux sont innocents avant l’âge de raison, ils nous voient bien. Ils peuvent tenter de nous attraper où nous désigner du doigt.

- C’est quoi l’âge de raison ?

 

Raiponce passa par-dessus une barrière pour aller illuminer un parterre de Lys et de Lupins qui sortaient de terre grâce à Aurore.

- L’âge où les humains atteignent la «conscience », expliqua Flora. Nous naissons avec donc nous n’avons pas ce problème mais les animaux de cette planète grandisse en apprenant la vie avant d’atteindre leur pleine maturité.

- Mais nous aussi on apprend ?

Flora bouscula Raiponce pour éviter un chat, que Cendrillon vint calmer avec de la Cataire. La blonde ne put s’empêcher de regarder la boule de poil ronronner au sol et la caresser une fois le feu vert de l’Animalière.

- Oui on apprends mais c’est différent, nous acquérons expérience et sagesse. Nous grandissons notre âme et notre esprit. Pas notre corps et notre conscience d’être.

 

Les paroles de Flora entournèrent un peu Raiponce qui opina simplement, pas certaine d’avoir tout comprit. Elle se retrouva tout proche du château, évitant de justesse un jet d’eau sortie tout droit de la haute muraille en pierre.

- Le plus dur et ensuite nous retournerons dans la forêt, expliqua Esmeralda en s’envolant vers l’imposante demeure ornée de drapée de couleurs.

 

Dix minutes pour monter la muraille, dix autres pour descendre, Raiponce était essoufflée à l’arrivée. Elle prit une pause derrière des plates-bandes de tulipes, grignotant un morceau de gâteau avec ses amies.

 

Elle partit ensuite pour les jardins sans fin du domaine, surprise de voir que les humains vivaient malgré tout en osmose avec Dame-Nature même si ce ne fut que pour l’ornement. Elle s’éloigna un peu du groupe quand elle aperçut une grande dame, magnifique et gracieuse, affublée d’une tenue étincelante, qui se reposait sous un arbre. Les yeux brillants de curiosité elle s’approcha, admirant ses parures et sentant son parfum de rose.

 

Certains humains sont magnifiques ! Je suis sûre que celle-ci est gentille ! Elle dégage une si belle aura.

 

Anna et Ariel la rejoignirent, impressionnées à leur tour par la reine de ce domaine qui somnolait tranquillement. Raiponce en profita pour apporter un peu de soleil doux sur l’humaine couronnée qui sourit de bien-être dans son sommeil. La blonde se sentit toute chose et resta un petit moment à la regarder avant de retourner à son travail. L’humanité était vraiment fascinante. Dangereuse et pourtant si captivante. À la fois bonne d’un côté et mauvaise de l’autre !

 

Quelle étrange et fascinante espèce !

 

Ariel semblait particulièrement les apprécier. Raiponce la vit admirer chaque humain croisé tout en leur dérobant des objets, discrètement, quand Flora ne regardait pas. La rousse lui demanda de se taire tout en gloussant. La nouvelle lui promit de ne rien dire tout en l’accompagnant admirer les créations humaines. Tellement de choses incroyables !

 

Une fois la zone terminée, Flora les rappela à l’ordre. Le groupe quitta alors la ville pour la compagne. Raiponce, Ella et Anna s’amusèrent un moment avec les vaches et les moutons rangés dans de grands espaces clôturés avant de rentrer au camp.

 

Chaque jour était, pour Raiponce, une nouvelle découverte et un plein de nouveauté fascinante. Elle en avait des choses à dire et à demander à ses amies. Toutes excitées qu’elles étaient en rentrant au camp quand elles furent agressées par un groupe de fées en paniquent.

 

- Flora !! Flora !!! Nos amies ont disparu !!!

- Comment ?! Où ça ?!

- Nous étions dans les champs quand, au détour d’un bosquet, nos compagnons se sont évaporés! On les a cherché partout… !

- On les a appelé en vain !! Renchérit une autre. On s’est dit que peut-être elles étaient rentrées au camp en s’étant perdues mais elles ne sont pas là. Et le crépuscule arrive !

- Je vais prévenir de ce pas les chefs de talents, en attendant, restez ici au cas où vos amies reviendraient.

- Et nous ? On peut aider ?! Sollicita Anna.

- Non, reposez-vous avec les autres. Ne quittez surtout pas le camp !

 

Surprise de la tournure des événements, le cœur de Raiponce se serra. Elle vit Flora et tous les Chefs se réunirent dans un coin. Puis une corne sonna, indiquant qu’il ne fallait surtout pas quitter le camp sécurisé et qu’un danger les guettait. Esmeralda rassura la nouvelle, le regard inquiet malgré tout.

 

Leah et Arianna restèrent pour veiller sur les Printanières en les forçant à dîner puis à aller se coucher. Les autres disparurent dans la nuit à la recherche des disparues.

 

Le groupe d’amies se posa dans une tulipe mais aucune d’elles ne s’endormit. Elles parlèrent à voix basses, murmurant leur inquiétude. L’aube allait déjà bientôt se lever et toujours aucun signe de retour.

- Des fées disparues c’est toujours mauvais signe, développa Esmeralda. Soit elles sont blessées et inconscientes, soient coincées quelque part voir tombées dans la rivière et emmenées plus loin. Ou alors… tombées sur des fées noires. Ce n’est pas forcément rare mais… C’est bizarre qu’on ne les ai toujours pas retrouvé.

 

Un frisson couvrit toute la nuque de Raiponce. Elle pria de tout son cœur pour que ses collègues aillent bien. Mais une présence, autour d’elle, ne la rassura guère.

 

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Bonus de l'auteur: Une amie lectrice m'a demandé pourquoi Tarzan s'était isolé en jungle. Je ne vais pas spécialement le développer dans l'histoire donc je vous laisse ici son passif : Il était une toute jeune fée quant il s'est perdu dans la jungle entre la Vallée et l'Autre-Monde, après avoir suivit des animaux. Il n'a pas réussi à retrouver le chemin du retour et a été blessé par un tigre. Les singes du coin l'ont recueillit et il a décidé de rester avec eux. Sans poussière de fée il a apprit à vivre sans voler ni magie mais a toujours su se débrouiller et vivre avec ses amis poilus. On l'a cherché, bien sûr, mais personne ne l'avait retrouvé puis fini par l'oublier. Jane est celle qui le retrouva un jour après avoir suivit des magnifiques Ara de couleurs. Elle l'a ramené dans la vallée et ses amis singes ont suivit dans le royaume de l'Automne.

 

 


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