Fairy Big 4 : La légende des quatre saisons

Chapitre 10 : Le grand départ!

4919 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 12/05/2024 15:48

[Arbre-Monde]

 

Avant l’aube, le jour J, toutes les fées de ce royaume se préparaient en volant dans tous les sens, affairées à leur devoir. Les fées de l’Été et de l’Automne vinrent prêter main forte à leurs consœurs tandis que les cheffes des saisons chaudes et les chefs de talents supervisaient le tout avec attention et une nervosité ambiante pesante. Ça criait, ça volait dans tous les sens, excitées et nerveuses à la fois.

 

C’était LE grand jour pour le Printemps.

 

Raiponce bâilla à s’en décrocher la mâchoire. Elle n’avait pas dormi depuis deux nuits…

 

L’avant-veille en compagnie d’Harold et la veille à cause de sa fébrilité et de ses questionnements. Elle ressassait sans cesse le phénomène de ses ailes -et celui de son confrère- briller de mille feux. Elle avait bien eu du mal de le quitter ce soir-là, le saluant chaleureusement d’une accolade et lui promettant de faire attention après moult recommandations de prudences de l’estivale. Il avait vraiment semblé inquiet, ce qui avait touché la blonde, une main sur le cœur, l’ayant regardé partir pour la tanière des bricoleurs.

 

Malgré son travail intensif d’hier, Raiponce n’avait guère trouvé le sommeil. Tournant et se retournant dans son lit, les yeux grands ouverts. Submergée par ses émotions elle était sortie se balader dans le royaume silencieux. Elle avait cherché des fleurs de raiponce pour s’occuper l’esprit. Aurore, fée des jardins, lui en avait fait une description précise la seconde fois qu’elle lui en avait parlé : 

« La raiponce est une magnifique plante à fleurs bleues-violettes que l’on trouve dans les prés ou à la lisière des bois. Selon les espèces elles sont soit en formes d’étoiles soit en boule avec de petites tiges de couleurs. Ce sont des fleurs médicinales mais aussi très bonne à manger. Mais ce qui est surprenant c’est qu’elle supporte autant la puissante chaleur du soleil que les gelées hivernales. Une plante des plus fascinantes par sa robustesse et ses qualités ! »

 

La Lumineuse s’était donc mise en tête d’en trouver avant le départ. Flânant dans tous les recoins de son royaume. C’est aux abords de la frontière avec l’Été qu’elle en dénicha des pans entiers fleuris ! Abreuvées par le soleil qui se réchauffait dans cette partie du royaume, qu’elles semblaient adorées. Elle s’était posée dans ce champ de campanules pendant le reste de la nuit, à humer l’odeur de sa fleur patronyme et à cogiter sur elle-même.

 

Résultat : Elle n’avait toujours pas dormi et ne tenait que par l’adrénaline provoquée par le départ. Tandis que le soleil préparait son levé, qu’elle avait mangé des fleurs de raiponce pour petit-déjeuner, elle s’était rendue à son travail et organisait maintenant le transport de ses orbes jusqu’à l’Arbre-Monde grouillant de vie.

 

- Besoin d’un remontant ?

Elle se retourna sur une fée à lunette, celle-là même qu’elle reconnut pour l’avoir arrosé de poussière à sa naissance. La Sans-Talent lui offrit une tasse de café torréfiée par ses soins. Au vu de leur minuscule taille, une graine de café leur tenait six mois dans la vallée.

- Volontiers. Je suis trop impatiente, je n’ai pas pu dormir.

- Je vois ça, bois du café et ça ira mieux. Tu devrais quand même faire attention, c’est dangereux dehors.

- Je sais…

Mirabelle la fixa avec jalousie mais aussi une pointe de compassion. Elle sortie de sa poche un énorme sac bourré à craquer de poussière de fée qu’elle lui tendit. Raiponce goûta pour la première fois au breuvage noir inconnu et fit la grimace tant c’était amer… Elle reposa sa tasse pour s’emparer de la besace.

- Tout ça ?! Tu es sûre que j’en ai besoin d’autant ? On a des stocks entiers dans notre roulotte…

- C’est un cadeau de Quasimodo. Je ne sais pas pourquoi il y tenait mais voilà, j’ai fais ce que j’avais à faire. Fait bon voyage.

Et elle tourna les talons, refusant de rester d’avantage dans cette oppression de jalousie.

- Remercie-le pour moi! Ah, c’est quoi ton nom ?! Lui cria-t-elle.

- Mirabelle.

Un signe de la main et elle disparut derrière une charrette remplit de bulbes, attelée par un gros pigeon ramier -voyageur- impatient.

 

Raiponce fut triste que Quasimodo n’eut pas eu le courage de venir en personne lui dire au revoir mais elle comprit ses motivations. Elle le remercia de tout cœur, une main sur sa poitrine, pour le cadeau qu’il lui avait fait. Elle se doutait que la poussière devait être rationnée et qu’il enfreignait discrètement les règles pour elle. C’était là une grande preuve d’amitié à ses yeux.

 

Par la suite, elle se força à boire son infecte breuvage nommé café puis se retroussa les manches pour aider ses amies. Sous les yeux attentifs de Flora et en compagnie d’Eilonwy ainsi qu’Arianna, elle porta toutes les orbes de lumières - rangées par ordre de puissance- dans un chariot à leur nom. De temps à autre elle apportait aussi son appui aux autres talents en aidant les bulbes à monter dans leur caisson, en parlant aux animaux pour les calmer ou en poussant des carrioles réparées par des bricoleurs. Elle fut d’ailleurs triste de ne pas repérer Harold dans le tas alors que Varian se démenait non loin de là.

 

Des rayons de couleurs apparurent dans le ciel bleu foncé, signe que le départ était imminent. On redoubla d’ardeur dans cette dernière heure. La blonde ne vit pas le temps passer et sentit le café faire son effet. C’était une vraie pile électrique !

 

« Ouhhhahaaa !!! »

 

Raiponce s’envola en trombe pour aider une fée en difficulté qui portait une caisse trois fois plus grosse qu’elle.

- Attention !

- Ahh, merci !!

À deux, elles transportèrent leur colis jusqu’à destination, essoufflées au moment de la poser. Raiponce était impressionnée par la force de sa collègue tant elle avait peiné à supporter le poids de son côté…

 

Je devrai me faire un peu de muscle, songea-t-elle quand elle remarqua qui elle venait d’aider.

 

Un instant de flottement passa…

 

Raiponce se sentit toute chose. Celle d’en face se mit à sourire et lui sauta au cou. Elle rit de bon cœur tandis que Raiponce resta bouche bée.

- La fée aux long cheveux !! Je suis tellement contente de te voir, ENFIN !! C’est pas faute d’avoir cherché le premier jour mais ensuite j’ai été punie, mais comme j’étais au Printemps je me suis dis que peut-être je pourrai te rencontrer !!! Mais j’ai pas eu une minute à moi !! J’ai bien cru te rater avant le départ !!

 

Quelle excitation ! Je n’aurai jamais cru rencontrer une fée encore plus folle que moi !

 

Flora pressa le pas derrière elles. Elle tapait des mains et donnait des ordres à tout va. Tout ce chamboulait autour de la blonde qui se sentie relâchée par l’étreinte. Elle sourit malgré tout en lui prenant ses mains.

- Moi aussi je pensais que je ne pourrais pas te rencontrer avant trois mois ! Je n’ai pas eu une seconde à moi avec tous ses préparatifs.

- Ouais, j’ai vu ça aussi en aidant. C’est fou comme ça part en vrille pendant les départs !

- Oh oui !

Elles se sourirent de bon cœur, comme apaisées par leur rencontre.

- Dommage que cela arrive maintenant, je pars dans quelques minutes à peine…

- Pas grave on aura tout le temps de papoter à ton retour. En Automne je n’ai rien à faire avant un moment.

 

- Au travail les filles !!! Allez ! Sermonna Elinor, Cheffe des Animalières, qui passait dans le coin pour surveiller sa rebelle.

- Oui…

 

Les deux fées firent mine de se séparer avant de se retrouver plus loin, derrière un bosquet. Elles ne voulaient pas perdre une seconde de plus.

- Comment tu t’appelles ?!

- Mérida et toi ?

- Raiponce ! Tu es de l’Automne alors ?

- Yep, je suis attribuée aux fées des animaux. Et vu ta tenue tu es avec les fées du soleil.

- Les Lumineuses, approuva-t-elle en sautillant.

- Si tu savais comme je t’envie ! J’ai envie de partir dans l’autre monde !! Je ne peux pas me cacher dans un bagage ? Du genre, discrètement ?!

- Je ne suis pas sûre qu’après tes déboires avec les ours se soit très pertinents, sermonna faussement Raiponce.

- Arg, tu es au courant !

- J’étais présente en effet, rit-elle malgré elle.

Mérida se gratta la joue, désolée.

- Ce n’est pas grave, on a fini par arriver à terme, lui répondit sa consœur de naissance.

- Je me suis prise une sacrée soufflante malgré tout. Mais je ne regrette rien. Enfin, si, pour les blessées quand même…

- C’est vrai que des amies des eaux de chez moi ont été bien amochés selon ma copine Ariel. Attina, Andrina et Aquata de souvenir.

- Que des A ? Pouffa Mérida.

- Trop bizarre hein !

Elles rirent de bon cœurs.

- Si je pouvais t’emmener je le ferai mais… avec les fées noires…

- Ouais c’est vrai. Puis la reine m’a dit de me calmer, je devrai peut-être l’écouter.

- Ce sera vite ta saison, t’en fais pas.

- Chanceuse va, bougonna faussement Mérida.

- Un jour on ira ensemble. Je te le promet !

- Cool !! Je retiens la promesse !

 

La blonde opina avant de se rapprocher de la rousse.

- Au fait, tu veux voir un truc extra ?!

- Montre !

Elle se retourna et posa ses ailes sur celle de son amie de naissance. Elle espérait que cela fasse comme Harold et… ce fut le cas ! Après quelques secondes leurs ailes s’illuminèrent de centaines de couleurs, leur aura en fusion l’une contre l’autre. Merida poussa un puissant cri de surprise avant que Raiponce ne l’invite à se taire, doigt sur la bouche. Si elles se faisaient repérer elles devraient se séparer… Merida s’excusa d’un regard et parla plus bas.

- Ouah mais c’est incroyable ! Comment ça se fait ?!

- Je n’en ai aucun idée ! C’est arrivée uniquement avec Harold et je me suis dit qu’avec toi aussi ça le ferai.

- Qui c’est Harold ?

 

- C’est moi.

 

Les filles se retournèrent en sursaut. Il se tenait dans l’embrasure du bosquet, soulevant une lourde feuille de la main.

- Le troisième !! Sautilla la rousse les yeux émerveillées. À croire que ce jour nous était dédié !

- Si on enlève celui de l’Hiver, oui, grimaça Raiponce.

- Faudra l’inviter à venir à la frontière, haussa la rousse des épaules.

- Ca serait bien, approuva Harold qui s’avança timidement.

- Comment tu nous as trouvé ? Demanda la lumineuse.

 

Harold salua Mérida d’une main mais celle-ci sauta à son cou pour lui exprimer sa joie de le rencontrer. Il rougit malgré lui, ne sachant pas quoi faire. Elle le relâcha assez vite pour le fixer sous toutes les coutures.

- Ahem… J’ai vu la lumière de vos ailes, expliqua-t-il en reculant d’un pas. Je l’ai reconnu… C’était la même que la nôtre. Je crois que je suis le seul à y avoir vraiment fait attention.

Raiponce opina vivement.

- C’est le même phénomène ! C’est bizarre, non ?!

- Je trouve ça beau personnellement, répliqua l’Automnal.

- Ça le fait que entre nous ou aussi avec d’autres ?

- Qu’entre nous, confirma la blonde.

- Choquée ! Je me demande si ça à rapport avec notre naissance.

- C’est même certain, répondit Harold. Mais je ne comprends pas bien pourquoi ça fait ça.

 

Les filles haussèrent les épaules en symbiose ce qui fit sourire Harold. Il était déjà impressionnée par l’attitude solaire de Raiponce mais Mérida le rendait encore plus nerveux. Elle était tellement… contraire à lui ! Si vive, si forte, si charismatique. Il se sentit mal à l’aise mais ne put détacher son regard de la boule d’énergie qui dansait sur place pour illuminer ses ailes contre la blonde, un regard enfantin posée dans ses yeux bleus ciels.

 

- Il faudrait que j’en parle à Flora, conclut la blonde. J’ai déjà des problèmes de cheveux, et voilà que maintenant ce sont mes ailes…

Elle raconta ses péripéties à ses deux amis qui restèrent sans voix à son histoire. Mérida tenta même de les couper avec un couteau affûté, fait par Harold, mais celui-ci résista sans se briser.

- Je suis tellement bizarre…

- Mais non, au contraire, c’est trop cool. Moi j’adore tes cheveux ! Et nos ailes. Pas toi, Harold ?

- Si, si, beaucoup.

 

Raiponce rougit de bonheur quand elle sentit soudain le soleil effleurer sa peau. Elle fixa l’horizon et comprit que l’aube était là. Elle poussa un soupir.

- Je dois partir. J’espère… qu’on pourra se reparler tranquillement à mon retour.

- T’inquiète, on bougera pas, lui sourit Mérida. Amuse toi bien dans l’autre monde ! Pense aux copains qui restent coincés ici !

- Promis, je penserai à vous deux. Je… Je suis ravie d’avoir pu vous rencontrer. Je me sens plus… complète ?

- Je vois ce que tu veux dire, opina Harold. Je vais essayer de découvrir pour nos ailes pendant ce temps. Et pour tes cheveux. Et nos naissances... Je lis beaucoup à la bibliothèque magique !

- On compte sur toi, approuva Mérida en levant le pouce. Moi les livres c’est pas trop mon domaine… Je vais plutôt aller explorer toute la vallée et me faire pleins d’amis animaux !

- Bonnes idées, répondit Raiponce, soudain émue de partir.

 

Mérida vit son état fébrile et s’approcha pour lui prendre la main. Elles se fixèrent d’un sourire complice. La rousse appela Harold qui entra dans le cercle. Tous trois ne dirent mots, appréciant l’instant où leurs mains liées leurs offrit un sentiment de bien-être inexprimable. La blonde fut la première à rompre le lien.

- Retrouvons-nous, à mon retour, à l’Arbre-Monde. Je vous y attendrai !

- Et nous y serons, confirma la rousse.

Harold opina vivement tandis que sonnèrent les trompettes du départ.

 

La préparation était terminée depuis un moment et ils avaient raté le discours de cérémonie de la reine. Ils se glissèrent parmi la foule en faisant mine de rien mais les Cheffes de saisons et la reine les avaient bien remarqué. Pâquerette fixait Merida avec reproche.

 

- …Que le voyage vous soit agréable et vos travaux se passent sans encombres. J’officialise désormais l’ouverture du Printemps et son nouveau cycle annuel !

 

La grand fée bleue ouvrit ses mains sur une envolée de papillons multicolores et pétales de fleurs sous les tonnerres d’applaudissements et de joies de ses fées. Raiponce en profita pour rejoindre les Printanières, saluant d’un geste de la main ses deux compères qui retournèrent eux aussi avec leurs saisons respectives car tous ceux des saisons chaudes étaient réunis par royaume pour fêter le départ. Ils avaient hâte de passer la journée à s’amuser à l’Arbre-Monde une fois les Printanières parties ! C’était journée de fête ! Hors de question de travailler !

 

- Tu étais où ? Souffla Anna à son amie. Je t’ai cherché partout ce matin !

- Désolé, j’ai rencontré deux de mes amis de naissance pendant les préparatifs, j’avais besoin de les voir avant le départ !

- Tu nous raconteras ? S’excita Ariel en se posant à la droite de Raiponce.

- On veut tout savoir, approuva Esmeralda sur son autre épaule.

- Promis ! J’en ai des choses à dire !

Complices, les quatre amies prirent rapidement place sur un chariot appartenant aux jardinières dont Aurore les accueillit chaleureusement.

 

Flora était en tête du cortège, à tout compter. Les Cheffes de Talents étaient tous là aussi, ce qui surprit Esmeralda. Habituellement ils se scindaient en deux groupes : Une moitié partait, l’autre restait pour veiller sur les saisons restantes. Mais cette fois-ci ils étaient tous présent -hormis le bricoleur. Elle les observa un par un : Ils étaient tendus et concentré.

- Tu pourrais me les présenter ? Chuchota Raiponce à son aînée.

- La belle femme blonde sur le pigeon devant nous c’est Leah, Cheffe des fées des Jardins. À gauche là-bas avec les cheveux noirs et l’air concentré c’est Shang, mon Chef, celui des Voltigeuses. Et celui qui a l’air grincheux avec ses cheveux blanc c’est Triton, Chef des Eaux.

- Celle-là c’est Iduna, ma supérieure, commenta Anna, fée Enflammée. Elle est super gentille !

- La mienne aussi, approuva Raiponce en regardant Arianna, ses cheveux bruns moyens attaché en une queue retombant sur ses cheveux arrières, qui enfourchait un pigeon.

- Et la dernière c’est Elinor, Cheffe des Animalières. Je crois que c’est la seule fée à avoir les cheveux aussi long que les tiens, sauf qu’ils sont noirs, intervint Ariel. Mais je vous conseille surtout de vous méfiez de Triton. Il est… un peu trop sévère à mon goût.

- Elinor n’est pas en reste non plus, ajouta Anna qui avait déjà été sermonné.

- Mais ils sont tous très compétents, conclut Esmeralda. Avec eux, on est tranquille.

 

Toutes les filles approuvèrent tandis que s’envolèrent les premiers convois. Raiponce aperçut Geulfor plus loin, seul chef qui restait. Elle comprit que c’était celui des bricoleurs car il parlait avec Harold qu’elle observait avec tristesse.

 

Soudain, la reine apparut dans une onde bleutée près d’elles. Elle leur souhaita bon voyage, sourire aux lèvres avant de s’intéresser à Raiponce.

- Fais bien attention à toi, jeune pousse. Je n’ai malheureusement rien trouvé concernant le problème de tes cheveux mais je continuerai à chercher. Fais bon voyage.

- Merci ma reine ! Pour mes cheveux je commence à m’y faire, ne vous en faites pas.

- Tant mieux. * Même si je pense qu’il cache un secret qui n’attend qu’à être découvert !*. Lorsque tu reviendras j’aimerai qu’on prennent le temps de discuter toutes les deux. J’ai des chose à te dire. En attendant, prend bien soin de toi et de tes amies.

 

Elle eut tout juste le temps d’opiner que le chariot s’envola à son tour, Leah assisse sur le pigeon ramier qui les emporta vers les cieux. La grande fée bleue leur fit un signe de la main, le regard perdue vers le lointain.

 

***

 

Tout ce qui obstruait l’esprit de Raiponce disparut en un instant ! Elle oublia tout.

 

Aux anges, les yeux écarquillés à vouloir tout regarder, elle exultait. Esmeralda posa sur elle un regard maternelle tandis qu’Anna et Ariel parlaient avec ferveur du monde des hommes pendant le trajet. Aurore répondait aux multitudes questions de la nouvelle tout en la voyant pointer des choses du doigts à intervalle régulier. Elle ne tenait pas en place !

 

C’était un voyage enchanteur sous l’excitation de toutes les printanières, les rires et les discussions animées. Certaines fées restaient dans les chariots, d’autres partaient se dégourdir les ailes en volant à côté des convois sous la surveillance des Chefs et de Flora, la grande maîtresse de ce voyage.

 

Ils quittèrent tout d’abord la vallée en fonçant vers l’étoile bleue avant d’entamer un long périple jusqu’à ressortir dans l’autre monde. Les cris d’excitations de Raiponce s’entendirent loin dans l’écho des cieux faisant pouffer de rire ses amies. Dès qu’ils furent dans le monde terrestre, les Chefs se tendirent, à l’affût du moindre mouvement suspect même si jamais les fées noires, et autres ennemis, n’étaient apparus en début de cortège. Mais dans le doute…

 

- Vers où nous dirigeons-nous ? Interrogea la nouvelle.

- Vers le point où le soleil est le plus proche de notre Terre avant de nous rendre, petit à petit, dans les régions les plus froides, où l’Hiver durent donc plus longtemps, répondit Esmeralda. Nous suivons les rythmes de Père Soleil sur Mère-Nature pour nous orienter.

 

Une bonne matinée leur suffit pour atteindre leur destination, par la voie des airs, et trouver un coin tranquille où poser leurs camps. La blonde se demanda comment ils avaient pu arriver si vite ce à quoi Anna lui expliqua que la vallée des fées était mouvante et se déplaçait autour de la terre en fonction des saisons dans un monde parallèle créer par l’Arbre-Monde. C’était pour protéger la vallée et qu’elle soit introuvable et incartable, aussi, seule une fée liée à l’Arbre pouvait retrouver son chemin par l’odeur de la poussière en se dirigeant vers l’étoile polaire. Le lieu où se trouvait la vallée était souvent en rapport avec la saison qui allait accueillir les fées en premier.

La jeunette était fascinée par l’inventivité de la grande fée bleue, qui avait tout mit en place à l’époque où elle était seule avec les Cheffes de saisons, par pur esprit de protection.

 

- Les Lumineuses, par ici !

Arianna interpella ses fées avec de grand signe. Raiponce retourna avec ses collègues pour préparer leur camp, choisir un endroit où poser sa tente, se restaurer et se préparer à travailler.

 

C’est après le déjeuner remplit de provision pleins de vitamines qu’elle put enfin aller découvrir le monde ! Excitée comme une puce, elle rejoignit l’équipe d’Anna, Esmeralda, Aurore et Cendrillon pour son premier périple à travers le monde « réel ».

 

Après avoir formé des groupes et reçus les consignes de sécurités, une envolée de fées, telle une danse de papillon, s’épanouie dans la nature environnante. Un spectacle des plus enchanteurs, entouré de magie de toutes les couleurs et de toutes les essences.

 

C’était comme un rêve éveillé.

 

Raiponce put aller où bon lui semblait, accompagnée de ses amies et de Flora en surveillance. De sa magie elle attrapa les rayons printaniers du soleil, d’une douceur inégalée, pour les diriger vers les fleurs endormies. Elles se réveillèrent, s’étirant et ouvrant leurs pétales de bonheur, après une bonne nuit réparatrice hivernale. C’était grisant. La nature reprenait vie sous ses yeux !

Non loin, Anna était en train de dégeler les recoins encore glacés tandis qu’au-dessus Esmeralda fit souffler une brise fraiche remplit de pollen. Elle tournoyait avec grâce telle une danseuse hypnotique. Les cheveux de la blonde suivait le courant et elle se laissa porter avec la Voltigeuse en allant revigorer arbres et buissons dont les feuilles sortirent de leur bourgeons lorsqu’Aurore passait ses mains dessus. Ariel arrivait ensuite pour arroser le tout d’une bruine nourricière. Tandis que Cendrillon fermait la marche en réveillant la faune locale d’une caresse pleine de magie.

 

Le tout était bien rôdé, telle une danse harmonieuse. Les bulbes s’inséraient dans la terre en grandissant sous la pluie fine, le vent chargé de nutriment et le soleil doux. Les oiseaux ressortirent de leur nid en piaillant de chant d’amour accompagné des hiberneurs embrumés. Entouré de vie et de lumière, ils parcoururent un long trajet sur cette région du monde avant de retourner au camp dès la venue du crépuscule.

 

Ce premier jour fut une réussite. Il n’y eut que trois blessées, deux fées ayant été attaquées par un faucon – sauvées par Shang- et une autre s’étant accrochée les ailes en fonçant sans le voir dans un buisson épineux.

Raiponce put ainsi voir les Infirmières à l’œuvre, talent secondaire de certaines dont Anna faisait partie, à sa plus grande joie. Elle la vit s’occuper d’une blessée en lui appliquant un baume de sa fabrication sur un bras griffé par les serres de l’oiseau. Puis la brunette auburn lui enroula un bandage, saupoudré de poussière de Fées, avant de lui donner à boire un bon thé réparateur. Ses gestes étaient étonnamment délicat et posée.

 

L’instant resta gravé dans la mémoire de Raiponce qui assista Anna avec la seconde fée blessée en apprenant quelques gestes de soin. Elle trouvait ce « métier » secondaire magnifique. Elle ne savait pas qu’il existait d’autres « Talents ». Aussi, Esmeralda lui expliqua, comme Jack l’eut appris plus tôt en Hiver, qu’il existait une multitude de voies à suivre au-delà du talent de naissance. Que chaque fée était unique et décidait elle-même de ce qu’elle voulait réellement devenir dans sa vie.

 

- Moi, par exemple, je suis une éclaireuse, expliqua la Voltigeuse en sirotant un bon thé aux baies qui reposait après l’effort. Dans chaque groupe il faut au minimum une éclaireuse, une protectrice, une nourricière et une infirmière. Moi je suis celle qui part devant et qui inspecte les lieux comme tu l’as vue. La plupart sont issues des Voltigeuses d’ailleurs. Anna remplit le rôle de l’infirmière et la protectrice c’est Ariel. Quand à celles qui s’occupent de la nourriture et du stock d’eau c’est Aurore et Ella.

La surnommée Cendrillon, qui entendit son vraie nom, opina joyeusement. Raiponce se demandait déjà quel rôle elle allait tenir dans l’avenir ! Que voulait-elle devenir ?!

 

- Mes enfants, il est l’heure d’aller se coucher. Le premier jour était une réussite, félicitation à toutes ! Continuons sur cette voie ! Sourit Flora à ses Printanières. Nous partons tous les matins à l’aube alors soyez prête avec le soleil. Et bien entendue, nous rentrons toujours au crépuscule. Ne rentrez jamais plus tard !!

 

Les fées du Printemps approuvèrent, épuisées par leur longue journée. Il ne fallut que peu de temps à toutes pour s’affaler dans des fleurs et s’endormir sans demander leur reste.

 

Après deux jours sans fermer l’œil, Raiponce ne tenait plus debout. Elle trouva une tulipe rouge avec ses amies et se roulèrent en boule les unes contre les autres dedans en refermant les pétales au-dessus d’elles. La nouvelle fée souriait de bonheur en s’enfonçant dans les cheveux d’Esmeralda qui la caressait du bout des doigts avec tendresse. Anna qui grelottait un peu décida d’invoquer une boule de feu pour se réchauffer tandis qu’Ariel prit les cheveux de Raiponce- décoiffée- comme couverture bientôt suivit par Aurore qui se colla sous la touffe. Cendrillon attrapa la fée des jardins par la taille et se lova contre son cou.

 

Bientôt il n’y eu plus un seul bruit hormis celle de la nature.

 

Tandis que patrouillait Shang et Iduna en duo, le regard tendre poser sur les ouvrières, Raiponce se sentit rassurée et se laissa plonger dans les abysses du sommeil.

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