Fairy Big 4 : La légende des quatre saisons
[Royaume de l’Automne]
Des coccinelles affamées s’arrimaient aux feuilles de l’érable pour se délecter des pucerons sous les yeux fascinés de la rouquine tandis que des moineaux, des mésanges et des rouges-gorges nichaient autour du quartier des Animalières. Merida vint aussitôt saluer toutes les créatures avec tendresse. En cette période les oisillons étaient déjà grands et prêts à affronter l’hiver, nés plus tôt dans les deux saisons chaudes.
Comme personne ne sembla venir l’accueillir, la rousse s’envola plus loin pour aller saluer un magnifique pic épeiche de couleurs noirs, blancs et rouge. L’oiseau apprécia l’attention de la fée et lui montra sa femelle où tout deux roucoulaient proche de leur nid. La rouquine gagatisa soudain attirée par l’envol d’un magnifique geai des chênes à qui elle fit la conversation. Ses ailes noires et bleutées lui allait à ravir.
C’est alors qu’une ombre l’enveloppa dans les airs. Surprise, Merida leva le nez et vit fondre sur elle un énorme rapace aux ailes gigantesques. Le geai fila rapidement et Merida esquiva de justesse grâce à sa maîtrise de vol. Le volatile remonta aussitôt en piqué, prêt à rattaquer. Sans une once de peur en elle, Merida s’envola vers lui dans les hauteurs du ciel cristallin pour l’admirer de plus près. L’animal poussa un cri de victoire en sortant ses serres acérées.
- Oh la grosse bêbête affamée que voilà ! Que tu es beau ! Que tu es noble !!
Le volatile bomba d’avantage son plumage châtain avant de plonger. Surprise par sa vitesse, elle eut à peine le temps de bouger pour éviter le coup de griffes.
- Du calme mon gros ! Je ne suis pas bonne à manger !
S’en suivie une course poursuite dans les airs où Merida commençait à fatiguer, se rendant compte de sa position délicate. Le volatile attaquait sans répit avec aisance. Mais elle ne put s’empêcher de l’admirer et d’avoir envie de l’approcher d’avantage. Elle se réfréna et chercha un moyen de fuite en fonçant vers la forêt quand il l’attrapa dans sa patte droite , piaillant de malice. Elle ne put se dégager de la poigne de fer, une de ses ailes recourbant sur elle-même avec douleur.
- Hé ! Je suis là pour toi mais pas en tant que nourriture ! Grimaça la rousse tandis que l’animal battait des ailes fièrement. Je suis une fée des Animaux ! Une amie !!
Le regard du rapace se rétrécit de plaisir tandis qu’il approchait son bec de son repas.
- Je sais que tu dois manger pour vivre, comme moi, comme d’autres, mais ne te trompe pas de cible ! Sans fées des animaux, la nature et ton espèce se retrouveraient en danger !
Il ne sembla pas l’écouter, ouvrit grand sa bouche dont elle esquiva le claquement de justesse tout en attrapant le bec dans ses mains.
- Ecoute moi ! Les fées sont tes alliées !! Je suis ton amie et celle de Mère-Nature !!
Contrariée la buse reprit son bec et caqueta de frustration. Merida en profita pour lui caresser la patte avec son pouvoir magique actif en le fixant droit dans les yeux. L’animal y lu de la peur mais aussi beaucoup de détermination et de sincérité. Il se mit à hésiter. Il n’avait jamais mangé ce genre de créature malgré d’anciennes tentatives infructueuses, ce n’était peut-être pas une bonne idée ? Il souleva sa prisonnière vers son regard pour la scruter sous toutes les coutures.
Merida lui sourit, cachant le tremblement de ses mains.
- Aie confiance en moi, je désire plus que tout que tu sois heureux. Mais en me mangeant tu feras une erreur grave envers toute la faune. Je ne fais pas partie de tes proies…
La tête penchée sur le côté il plongea son gigantesque œil orangé sur elle avant de lentement relâcher sa prise.
- Oui, c’est bien.
Merida se retrouva libre sur la branche d’un arbre. Une de ses ailes tordues lui fit mal et l’animal la fixa avec regret. Merida se mit à dégager une intense aura de magie naturelle qui rappelait à l’animal l’essence présente parmi les éléments autour de lui. Elle se leva malgré tout et toucha sa patte.
- Ne t’en fais pas, ce n’est pas grave, je comprends. Tu as faim et tu te prépares pour l’Hiver de la vallée ou peut-être même ton départ pour le Printemps dans le monde des hommes ? Je ne sait pas encore bien de quoi tu te nourris mais je t’assures que je ne suis pas au menu.
Elle le caressa et il s’adoucit.
Soudain, la rouquine se sentit emportée et la buse affolée s’envola. Elle disparue dans un dernier regard tandis que Merida sombra vers le sol, sous un buisson. Une fée la tenait dans ses bras avant de la relâcher lentement.
- Sainte Mère-Nature !! Est-ce que ça va ?! Ton aile… C’est de ma faute !
- Ça va…
- Je devais venir t’accueillir mais j’ai complétement oublié ! J’étais absorbée par mes amis … Vraiment, désolée.
- Ce n’est pas grave, je me faisais seulement un nouvel ami.
- Tu faisais surtout le repas d’une buse ! Une seconde plus tard et tu n’étais plus là… ! Je devais justement t’apprendre les dangers de notre talent et de faire très attention à ne jamais voler au-dessus des arbres…
La sauveuse sembla réellement peinée et en alerte. Heureusement, avec un peu de poussière de fée sortie de son sac, l’aile courbée retrouva lentement sa forme d’origine au grand soulagement de la rouquine.
- Je crois qu’elle avait abandonné l’idée de me croquer. On était en train de faire ami-ami avant que tu viennes m’attraper.
- Ne sois pas ridicule ! Aucunes fées ne devient ami avec des rapaces !
Merida fit la moue, elle assura qu’elle avait réussi à communiquer avec l’animal mais Jane, de son prénom, ne put le concevoir.
- Tu devrais aller te faire examiner par notre supérieure. On ne sait jamais… Je t’en pris ne t’approche jamais plus des buses et de tout prédateurs carnivores.
- Ils ne sont pas censés nous manger pourtant, nous sommes leurs amis !
- Nous ressemblons à des proies, ils ne font pas la différence, tu l’as bien vu. On ne peux pas communiquer avec eux. Allez, viens.
Jane la prit par la main pour l’emmener.
- Où allons-nous?
- Voir notre Cheffe. Elle aide les Printanières avant le départ.
- Attends, je voulais explorer un peu avant ! Je t’assure que je vais bien !
La fée des Animaux contempla la nouvelle avec doute puis se radoucit.
- D’accord, d’accord, j’espère que tu n’auras pas de séquelle… Des fées ont déjà eut beaucoup de soucis avec les buses, les pygargues et les aigles du coin, tu sais… Certaines se sont fait dévorer. La nuit aussi il faut redoubler de vigilance avec les hiboux et les chauves-souris !
- T’inquiète, je suis solide.
- Je vois ça !
Jane sourit enfin.
- Montre-moi plutôt tes amis ! Dansa Merida dans le ciel.
La plus âgée approuva tout en la dirigeant vers le royaume du Printemps. La rouquine ne tenait pas en place tout en écoutant d’une oreille la leçon de Jane sur leur talent, leur devoir et les dangers à éviter. Elles passèrent tout d’abord par la frontière de l’été pour se rendre dans une jungle où singes, éléphants, hippopotames et autres créatures faisaient leur petite vie. Jane la présenta à des gorilles ainsi qu’à des chimpanzés et des éléphants qui avaient acceptés de sympathiser avec elle. Merida se montra des plus amicale et reçue un bon accueil à la surprise de Jane qui avait mis des mois à les convaincre de devenir amis. Même son ami fée appelé Tarzan, ermite de la vallée estivale, avait mit des années à apprivoiser la faune locale.
Quelque chose clochait.
Jane se posa sur une brindille et regarda Merida aller saluer, enlacer et parler avec tous les herbivores comme si elle était l’amie de l’univers. Aucune peur, aucune hésitation et un don sincère pour se lier avec eux. Une de ses amis chimpanzé appelée Cheeta forma ses mains en forme de cœur à l’intention de Jane. Celle-ci la questionna du regard. L’animal lui sourit tout en montrant Merida puis posant ses mains sur sa poitrine.
- Comment est-ce possible… ? Murmura Jane. Elle vous à tous convaincue de l’accepter… Comme ça ?
Cheeta opina. Jane la remercia avant de lui gratouiller la nuque car la chimpanzé adorait cela.
Après un petit moment passé dans la jungle, elles reprirent leur route entourés de Aras multicolores, autres amis de Jane qui régala Merida. Ils volèrent jusqu’à la frontière du Printemps où les volatiles se stoppèrent.
- Il fait trop frais là-bas pour eux, expliqua Jane.
Merida opina, sentant en été une chaleur lourde et moite qu’elle ne connaissait pas en Automne. C’était encore une découverte fascinante avant qu’elle n’entre au printemps. Elle s’y sentit à l’aise, l’air y était comme chez elle. La différence venait de la nature en elle-même. Au lieu de mourir et de se déplumer, les végétaux faisaient l’inverse. La sève montait et les bourgeons s’ouvraient lentement sous des couleurs clairs. Des jeunes plants de partout, Merida se laissa porter par la brise printanière.
Jane la dirigea vers le terrier des Animalières Printanières en passant par un sous-bois dont les feuilles s’ouvraient quand Merida se stoppa. Elle alla saluer des lapins et des hérissons fatigués qui s’enfuirent soudainement en courant quand un renard émergea d’un bosquet. Jane voulut retenir la rousse mais celle-ci vint à sa rencontre. Le carnivore hésita en l’observant s’avancer. Elle le salua naturellement en gardant cette fois une bonne distance avec le prédateur des bois. Le roux sembla intrigué par la fée qui ne le fuyait pas.
Il joua avec elle, avec ses crocs et ses pattes mais ne sembla pas vouloir la dévorer. Merida prit ses précautions et discuta un peu avec lui. Il finit par se détendre et la laissa s’approcher pour toucher sa toison qu’elle complimenta. Il en poussa des petits cris de fiertés avant de repartir en couinant vers son terrier. Jane la rejoignit.
- Tu as un don incroyable… ! S’exclama-t-elle avec émotion.
- Un don ?
- Ce n’est pas simple de lier un lien de confiance avec ce genre d’animal. Seul Tarzan, mon ami, arrive à le faire.
- Alors tu me crois pour la buse !?
- Je commence oui...
Merida lui sourit.
- J’aime tout de ce monde, ses habitants comprit ! Il suffit juste de réussir à se comprendre !
- Si c’était si simple…
La rousse haussa des épaules avant de remarquer une masse plus loin, le regard brillant d’intérêt. Jane, perdue dans ses pensées, ne remarqua que trop tard vers quoi elle se dirigeait.
- Arrête ! Mérida! MERIDA !!
La nouvelle fée s’approcha d’une grotte où une famille de trois ours noirs mangeaient du poisson. Merida vint leur parler le plus naturellement du monde. L’un d’eux la chassa de sa grosse patte velue. Elle revint pour regarder la taille de leurs crocs, aussi hauts qu’elle. L’ours la fixa et souffla pour la dégager. Merida ne put réprimer son envie d’en apprendre d’avantage sur cet énorme animal poilu. L’un des trois ours sembla intéressé par l’insecte qui s’approchait. Il la renifla et elle lui caressa le bout de la truffe. Surprit l’ours se recula tandis que le troisième présent se demanda quel goût elle avait. Il ouvrit sa gueule et claqua sa mâchoire.
Jane hurla, cachée derrière un chêne. Merida avait disparu dans sa gueule. L’animal déglutit mais recracha bien rapidement la fée avec dégoût. Elle sentait bizarre. Engluée, la fée se nettoya les ailes quand l’autre la poussa de sa truffe. Puis une patte et une autre tentèrent de l’attraper. Ils voulaient jouer. Merida peina à s’envoler, sentant le danger, avant de s’agripper à la premier touffe de poil venu. C’était la mère des deux autres ours qui venait de terminer son poisson. Surprise elle se gratta puis commença a à s’agacer.
- Désolée ! Je ne voulais pas être impolie ,répliqua la rousse agrippée à sa fourrure qui rampait vers ses oreilles. Je voulais juste vous connaître un peu mieux ! Je suis une fée des Animaux et jeeeeee…
La mère se mit à courir en furie. Merida se retint avec force tandis que les deux adolescents la suivirent en s’amusant. La rousse comprit alors deux choses essentielles : Déranger un animal pendant son repas était une mauvaise idée ! Et parler dans son oreille d’avantage !
- Ouahhhhhahahahahahah !
Un cri et elle chevaucha l’ours en se sentant incroyablement vivante. Jane l’observa partir, les mains sur le visage, complétement dépassée par l’audace de la nouvelle. Elle décida d’aller trouver leur Cheffe avant que cela ne dégénère.
Et c’est bien ce qu’il se passa. Amusée par la course, les ailes séchées par le vent, la rousse se retrouva à voir piétiner le travail des fées Printanières sur leur passage. Elle s’en rendit compte quand des bulbes écrasés firent hurler de colère des Fées des Jardins. Les ours adolescents s’amusaient comme des fous à suivre leur maman qui se défoulait et en profitait pour se venger de Merida en la secouant dans tous les sens.
La rousse reprit son envole et suivit les ours pour les calmer et s’excuser. Elle passa par les Lumineuses en voyant un énorme bouclier de lumière émaner plus bas puis par les fées des eaux et celles du feux qui s’enfuirent à tire d’ailes. La course se termina à la rivière où la maman, épuisée mais remise de son hibernation alla se désaltérer. Ses enfants l’imitèrent.
Merida soupira de soulagement sur un rocher, les jambes tremblantes d’émotion. Par chance, les trois ours étaient déjà passés à autres chose et décidèrent d’aller se reposer plus loin dans une clairière.
Seul l’un d’eux, le plus audacieux, vint donner un petit coup de truffe à la fée. Elle en sourit, émue.
**
Mais les ennuis qui suivirent vinrent gâcher sa bonne humeur…
Le soir, Merida fut entourée par tous les chefs de Talents ainsi que la reine et les ministres de saisons. Elle se fit toute petite, les mains regroupées sur sa tunique, le regard bas. Jane était aussi présente. Ils étaient groupés dans une partie haute de l’Arbre-Monde.
- Elle a fait de gros dégâts dans nos plantations… Commenta Leah, supérieur des Fées des Jardins. On va prendre un retard monstrueux sur les jeunes plants… Cette année, la végétation va s’éveiller en retard.
- Nous avons aussi vu nos orbes de lumière piétinés, ajouta Arianna. Heureusement, une de mes nouvelles recrues va compenser mais il va manquer de lumière en avril pour tous. C’est regrettable…
- C’est intolérable ! Il y a eu des blessées parmi mes fées, sermonna Triton, supérieur des fées des Eaux. Cette fée doit être sévèrement punie pour son inconscience ! On manque déjà de main d’œuvre et le Printemps va totalement être chamboulé !
- Elle est nouvelle, il faut tout de même prendre cela en compte, temporisa Iduna, supérieure des enflammées. Elle a apprit à ses dépends mais nous ne pouvons pas être sévère alors qu’elle est encore immature.
- Je suis d’accord, elle doit être punie mais pas à ce point, Triton ! Soyez un peu compréhensif, s’exprima Geulfor, chef des Bricoleurs. C’est qu’une petiote un peu trop énergique.
- Energie qu’elle va devoir canaliser rapidement, sermonna Shang, Chef des Voltigeurs. Mes fées aussi sont un peu survoltée mais elles connaissent les risques et les conséquences. Il va falloir qu’elle se mette au pas.
- Qu’en pensez-vous, Elinor ? C’est à vous de trancher, répliqua la reine d’un calme olympien.
La supérieure des fées Animalières s’avança d’un pas et montra un air sévère.
- Je ne laisserai pas cet indicent sans conséquence, bien entendu qu’elle sera lourdement sanctionnée et je m’assurerai que plus jamais elle ne vous cause du soucis. Vous savez que j’aime l’ordre et ceci ne se reproduira plus jamais ! N’est-ce pas, jeune fée?
- Oui… Je suis sincèrement désolée… Je ne recommencerai plus….
- J’espère que tu as compris la leçon, sermonna Pimprenelle les mains sur les hanches en voletant. En tant que tutrice de l’Automne je ne laissera pas une de mes fées se déchaîner dans les autres royaumes.
- Oui…
Elinor soupira en se massant les tempes.
- Dans ce cas, à partir de demain tu aideras les Printanières dans leurs travaux quel qu’ils soit. Tu aideras aux réparations et à l’approvisionnement en matériaux également. Est-ce bien clair ?
Merida hocha la tête, n’osant pas contester le fait qu’elle voulait en connaître d’avantage sur les Animaux et continuer d’explorer… Elle attendrait le départ des Printanières pour cela.
- Parfait, je ne vois pas l’intérêt d’accablée d’avantage notre nouvelle recrue, s’exprima la reine. Vous pouvez retourner à vos obligations.
Triton se mit à grommeler que la punition était trop légère tandis que Geulfor vint le tempérer avec Leah. Shang, Iduna et Arianna en profitèrent pour s’organiser urgemment tandis que les trois ministres des saisons chaudes partirent avec un regard appuyé de Pimprenelle sur sa fée problématique. Elles en discutèrent tous le long du trajet.
Merida allait rejoindre Jane quand la Grande fée bleue l’interpella.
- J’aimerai te poser une question avant que tu ne rentres chez toi.
Merida la contempla et Jane lui intima de faire une révérence ce que la rousse fit maladroitement. La Grande fée bleue ne put réprimer un petit rire avant de se reprendre.
- Est-ce vrai que tu as réussi à communiquer avec une buse et un renard?
- Euh… Oui, hésita Merida. C’est un problème je l’ai bien comprise…
- Le problème c’est surtout pour ta sécurité et celles de tes amies, tu le comprends bien ?
- Oui, je vais me calmer…, promit la rousse.
- Je t’en remercie, mais je suis assez surprise par l’acte en lui-même. N’as-tu pas eu peur ? Comment as-tu réussi à les approcher ?
- Euh, si un peu… mais j’avais envie de les connaître. Je voulais être leur amie… C’est tout.
Elle se gratta la tête.
La reine opina tout en se retournant vers Jane.
- Merci pour ton rapport et ton aide, prend soin de notre nouvelle recrue, d’accord ?
- Bien sûr ma reine !
- Merida… Tu as toute la vie devant toi pour apprendre de ce monde et de ce qu’il a à t’offrir. Inutile de te précipiter mon enfant. Je comprends ton envie, crois-moi, j’étais pareille autrefois. Mais il faut savoir aussi utiliser sa tête et comprendre quand et où s’arrêter. D’accord ?
- J’ai bien retenu la leçon, opina la rousse. Je vous promets de réparer mes bêtises.
- Me voilà rassurée. Nous ne sommes pas ici pour te punir mais pour assurer ton bien-être et celui de tous. Et, si tu as besoin d’une oreille attentive ou de l’aide, tu seras toujours la bienvenue.
Elle lui caressa les joues, une image de sa jeune elle se superposant sur Merida dans ses yeux. La reine avait été du même tempérament… Elle se rappelait de sa jeunesse, des erreurs et du danger qu’elle avait fait courir à Mère-Nature. Maintenant elle avait acquis la sagesse des années. Elle ne doutait pas que Merida suivrait le même chemin.
D’un regard profond posé sur la rousse, la reine disparût en une poussière bleutée laissant Merida et Jane seules. La nuit était bien tombée désormais. Les deux fées rentrèrent dans leur royaume en discutant de ce qu’il venait de se passer. Jane était toujours choquée par le don de Merida mais celle-ci semblait surtout cogiter sur ses actes.
La rousse fixait le ciel nocturne, admirant l’étoile la plus brillante de la voie lactée. Elle ne décrocha ensuite plus un mot de la soirée.
***
[Royaume de L’Hiver]
Aux premières lueurs de l’aube du premier jour, un soleil pâle vint caresser la peau de la nouvelle fée Givrée. Jack se réveilla le cœur tambourinant d’un horrible rêve qui le maintint dans le brouillard. Se massant le visage il se dérouilla les ailes et s’étira tout en contemplant la neige qui s’étendait sur tout le royaume.
Lentement, les paroles échangées la veille revinrent en sa mémoire. L’interdiction de quitter le royaume, l’isolement des fées de l’Hiver… Il se rappela ensuite qu’Elsa devait venir le chercher. Il se prépara avec un brin de toilette et quelques petits exercices de vol au-dessus de sa tour.
Lorsque la jeune fée arriva, âgée seulement d’un an, il l’accueillit chaleureusement sur la terrasse de son antre gelé. Elle semblait ravit de retrouver Jack et lui apporta de quoi se restaurer.
- Parle moi un peu de notre royaume ! Demanda-t-il d’emblée.
Elsa fut ravie d’étaler ses connaissances sur l’Hiver, sur leurs devoirs et leurs différents talents. Attentif, Jack se régala avec un demi-quartier de clémentine savourant l’acidité et les vitamines du fruit frais.
- Donc, on dépends beaucoup des autres ? Demanda-t-il après les explications.
- C’est ça, notre nourriture, notre poussière de fée, nos matériaux... On a peu de ressources ici. Mais, contrairement aux autres, nous sommes plus libres et on ne se regroupent pas par « Talent », nous sommes toutes égales chez les Givrées. Ensemble et unies par le Givre.
- J’ai hâte d’explorer la vallée ! On y va ?
Il ne fallut pas le dire deux fois, Elsa s’envola au côté de son nouvel ami et l’emmena faire le tour du propriétaire. La fraîcheur vivifiante de l’air leur fit un bien fou tandis qu’ils parcoururent le village glacé, saluèrent les fées qui étaient toutes au repos après leurs durs labeurs dans le monde des hommes puis découvrirent la nature endormie sous la neige et la glace.
Jack et Elsa s’amusèrent avec les stalactites en se regardant dedans ce qui les déformaient. Ils rirent, complices, tout en plongeant ensemble dans la neige, proche d’un ruisseau.
- Attention à tes ailes, expliqua aussitôt Elsa, l’eau et autres éléments liquides nous empêchent de voler. Et si la glace se fige, bien que tu le supporteras, tu auras un poids douloureux t’empêchant de correctement te diriger ou t’envoler.
- Ah…, merci du conseil !
Elle lui sourit chaleureusement tout en lui montrant ce qu’elle pouvait faire avec son pouvoir : Des sculptures de glaces, des bonhommes de neiges de toutes tailles, des ponts gelés. Jack l’imita et ils s’amusèrent ainsi toute la matinée.
Elsa lui montra son don de Givrée Voltigeuse en effectuant un superbe balai aérien entre les flocons de neige. Son ami l’applaudit tout en réussissant à suivre ses mouvements. Elle fut impressionnée par sa capacité d’apprentissage et son aisance dans le vol ! Et plus encore lorsqu’il réussit à créer une énorme sculpture glacée à l’effigie de l’Arbre-Monde.
Elle resta bouche-bée tandis qu’il frimait. Jalouse, elle entreprit de construire elle aussi un tel chef-d’œuvre quand elle reçut une boule de neige qui l’envoya au sol.
- Hé !!
Se relevant elle vit Jack former une autre boule de sa magie avec malice. Ce coup-ci Elsa esquiva d’un rire et envoya une gerbe de neige sur le joueur. Il en rit de plus bel tout en attaquant de nouveau. Le jeu prit de plus en plus d’ampleur tandis qu’ils se visaient avec la neige tout en voltigeant dans tous les sens. Ils rirent de bon cœur quand Jack sentit soudain une présence non loin de lui.
Il tourna ses yeux cristallins vers la frontière qu’il n’avait pas remarqué plus tôt. Enlisant Elsa d’une énorme avalanche de neige, il observa le Printemps, les fleurs, l’odeur sucrée qui en émanait… Avant de voir deux Emeraudes le fixer. Il la reconnu aussitôt et sentit son cœur s’emballer. Elle semblait aussi le fixer mais une autre fée prit son attention pour l’attirer plus loin.
Il s’avança vers la frontière, avide de parler avec son amie de naissance malgré leur distance. Les deux fées ne surent dire mot en s’observant quand un amas de glace s’abattit sur lui. Il vit Elsa rire de bon cœur, victorieuse.
- Je capitule !! Plaisanta-t-il à son tour, coincé dans un parpaing de glace.
Heureuse de son effet elle le délivra mais constata qu’il semblait soudain absent.
Jack s’approcha de la frontière interdite et regarda au loin les Printanières jouer avec une belette. Il sourit de tristesse et sentit Elsa lui poser une main dans le dos.
Ils ne pouvaient malheureusement que regarder.