JE SUIS VIVANT
Huis clos
« Je meurs de faim. » S'exclama Hank en étirant ses bras au dessus de sa tête. « Tu prends ta pause avec moi, Connor ? »
Le détective regarda son partenaire déviant concentré sur son terminal. Ses doigts agiles et rapides tapotaient sans aucun temps mort sur le clavier, rédigeant des lignes entières de rapports laissés de côté pendant sa mise à pied. Hank restait toujours impressionné par la vitesse de frappe du déviant et à dire vrai, il l'enviait un peu.
« Non, pas tout de suite. J'aimerais finir ceci avant. » Répondit Connor en s'arrêtant un instant pour se concentrer sur l'homme affamé.
« Tu es sûr ? »
« Oui, allez vous chercher à manger. J'en ai encore pour au moins une heure. »
« Ok. Comme tu veux. » Le Lieutenant enfila son lourd manteau noir sur ses épaules.
« Et rappelez-vous, Hank... »
« Ouais, ouais. Je sais. » Grommela le lieutenant en se dirigeant vers les portes du commissariat. « Rien de gras et de sucré. Ne t'en fais pas gamin, je vais m'y tenir. »
Connor ne put s'empêcher de sourire. Depuis cette fameuse partie de basket, Hank s'était motivé à se remettre en forme. Pendant ses deux semaines de retrait, le jeune homme l'avait remis au footing et s'était chargé de rééquilibrer son alimentation. Ainsi encouragé par le déviant, le quinquagénaire perdit assez rapidement du poids et ne comptait pas s'arrêter en si bon chemin.
Environ dix minutes après le départ de son partenaire, Connor vit s'approcher le Capitaine vers son bureau.
« Tiens, voici six autres dossiers qui viennent de tomber. » Annonça Fowler en lui glissant une clé USB sécurisée. « Enregistre-les avec le reste. »
« Je le ferai, Capitaine. »
« Tu sais Connor, je ne t'ai pas demandé de tout finir aujourd'hui alors n'hésites pas à ralentir un peu le rythme. » Déclara l'homme avant de retourner à son bureau pour s'occuper de ses propres tâches.
Le déviant récupéra la clé USB et la plaça dans son terminal pour commencer à télécharger les nouvelles données. Rien qu'il ne pouvait gérer et trier seul.
À l'extérieur, la réception était redevenue calme après une matinée plutôt agitée. Une accalmie grandement appréciée par l'ensemble des officiers chargés d'enregistrer les diverses plaintes pour vols et agressions.
Cependant, un élément curieux perturba l’ambiance calme des bureaux : Un sac de sport noir usé et taché de magnésie laissé à l'abandon sur une chaise, dans la zone d'enregistrement près de l'entrée.
Gavin, plus têtu que sage, fut le premier à le remarquer. D'une prise ferme, Il l'embarqua par sa poignée et le transporta jusqu'à son bureau, à proximité de Connor. Intrigué, le sergent commença à le vérifier, recherchant une étiquette nominative ou un tout autre moyen d'identifier le propriétaire d'origine.
« Hé, quelqu'un a vu qui a laissé ce sac de sport ? » Cria assez fort l'officier pour attirer l'attention de tout le monde. « Je viens de le trouver à la réception. »
Connor tourna la tête pour regarder l'objet, ses iris bruns se concentrant sur celui-ci alors qu'il le scannait rapidement.
Instantanément, le déviant détecta une signature électronique, ainsi que des traces d'un composé explosif. Il repéra également une minuterie et une gâchette à pression fixées à une cartouche métallique conçue spécifiquement pour libérer le contenu en cas d'ouverture.
« Gavin, éloigne-toi tout de suite ! » prévint Connor en se levant précipitamment de sa chaise. « N'y touche surtout plus. »
« Putain, mais c'est quoi ton problème à toi ? » Défia amèrement sergent en tirant la fermeture éclair d'un coup sec. « Ne me dis pas quoi... »
Soudain, un sifflement audible se fit entendre, suivi rapidement d'un inquiétant panache de fumée qui s'éleva à travers l'ouverture.
« Oh, merde... » Gavin recula sagement et son visage pâlit immédiatement de regret.
Il s'éloigna du sac pendant que le déviant enlevait à la hâte son blazer gris et le jetait dessus pour essayer d'étouffer la fumée.
« SORTEZ ! » Cria t'il en activant cybernétiquement l'alarme du commissariat pour avertir le potentiel risque biologique et obliger tout le monde à évacuer en un temps opportun. « VITE ! »
La sonnerie retentit alors dans tout le bâtiment, ce qui poussa le capitaine Fowler à regarder autour de lui avec confusion. La vue du nuage blanc grandissant au milieu de la pièce fit immédiatement réagir l'homme.
Il pressa son interphone et alerta tous les agents du danger via les haut-parleurs disséminés dans le bâtiment. Il exigea l'évacuation immédiate, précisant qu'il ne s'agissait pas d'un exercice.
Alors que l'enceinte était rapidement vidée de son personnel, le capitaine Fowler ouvrit la porte de son bureau et cria à Connor et Gavin, restés au plus près du danger et incapables d'emprunter les sorties de secours déjà obstruées, de le rejoindre à l'intérieur.
« Reed ! Connor ! Venez ici, maintenant ! »
En réponse à l'ordre, l'androïde attrapa immédiatement Gavin par le haut de son bras gauche et le tira sans ménagement vers le bureau du capitaine, comme indiqué. Il essaya bien sûr de résister, mais le deviant ne lui laissa pas la moindre chance de se libérer de son emprise. Pressant sa main droite contre le milieu de son dos, Connor le poussa à l'intérieur tandis que le Capitaine Fowler fermait rapidement la porte derrière eux.
« Ne me touche pas ! » Râla t'il en arrachant son bras de la main de l'androïde avec dégoût. « Ne me touche plus JAMAIS ! »
« Tais-toi, Reed. » Le capitaine Fowler regarda ses deux officiers à la recherche de tout signe immédiat de détresse physique après avoir été si près de la fumée. « Est-ce que vous allez bien tous les deux ? »
« Ça va... » Maugréa Gavin en défroissant sa manche malmenée.
« Je vais bien, Capitaine. » Rassura à son tour le déviant qui observait à travers le mur transparent, la fumée blanche remplir rapidement toute l'enceinte. « Possibilité d'un risque biologique aéroporté. J'ai déjà contacté le Centre de Contrôle des Maladies. Il est informé de la contamination et nous envoie des secours. » En regardant le battant du bureau, Connor remarqua le petit espace entre le sol et le bas de la porte.
« Gavin, donne-moi ta veste. »
« Va te faire foutre ! »
« Bordel Reed, mais donne lui ! » Ordonna le Capitaine Fowler avec irritation.
Tout en grommelant dans sa barbe, Gavin enleva sa veste en cuir et la tendit à contrecœur à Connor.
« Si tu l'abimes, je te fous au recyclage ! »
le déviant se mit à genoux et replia le vêtement contre le bas de la porte pour empêcher la fumée de rentrer alors qu'elle continuait à se répandre dans l'air et à contaminer l'espace d'un nuage blanc opaque qui obstruait toute vue.
« Cela devrait empêcher le contaminant de pénétrer ici. » Connor essaya de lancer une analyse de l'air depuis le bureau, mais sans contact immédiat avec la source, il ne put isoler et identifier les composants. Sa LED clignota en jaune puis passa au rouge face à l'échec du scan. « J'ai besoin d'obtenir un échantillon pour pouvoir identifier la substance toxique. »
Fowler croisa les bras sur sa poitrine et s'approcha de Connor avec sévérité.
« Pas question. »
« Capitaine, c'est le seul moyen d'évaluer la dangerosité. »
« Non, Connor. Nous attendons que le CDC arrive et nettoie le bâtiment. C'est leur travail, pas le tien. »
« Mais je... »
« NON. Fin de la discussion. » Répéta le capitaine avec autorité.
« À vos ordres... »
« Vous allez tous les deux vous asseoir et attendre tranquillement ici. Je dois passer un appel pour m'assurer que tout le monde est sorti du bâtiment. »
Le capitaine Fowler attrapa son téléphone et appela le portable personnel de Chris, sachant qu'il serait dehors à attendre.
Se sentant comme un enfant grondé, Connor baissa légèrement la tête tout en se dirigeant vers l'une des deux chaises vides situées en face du bureau de Fowler. Assis bien droit, dans une posture parfaite, Connor posa les mains sur ses genoux et resta silencieux tandis que Gavin se laissait tomber sans cérémonie à côté de lui, les bras croisés sur sa poitrine, de manière renfrognée.
« Crever à cause cette merde ou rester coincé ici avec toi. Je ne sais pas ce qui est le pire en fait. »
« Je t'ai dit de ne plus toucher au sac. » Rétorqua Connor en fronçant les sourcils. « Évidemment, tu ne m'as pas écouté. »
« Je n'ai pas à recevoir d'ordre d'une foutue machine ! »
Au commentaire, La LED du déviant vira directement au rouge.
« Eh ! Je ne suis pas une 'machine', Gavin. » Gronda t'il en se penchant vers lui. « Alors ne m'appelle pas comme ça. »
« Je t'emmerde ! Je t'appelle bien comme je veux. »
« Eh ! vous deux, ça suffit ! Fermez la maintenant. » Intervint fermement Fowler avec un agacement visible sur son visage.
« Con - nard. » Articula silencieusement Gavin en pivotant son siège pour ne plus se retrouver face à l'androïde.
Pendant son appel, Fowler se positionna près de la vitre. « Chris, nous avons un possible risque biologique ici. C'est comment de votre côté ? »
La LED de Connor clignota en jaune alors qu'il écoutait cybernétiquement la conversation téléphonique.
L'ensemble du bâtiment a pu être évacuer avec succès, sauf pour vous, Gavin et Connor. Ils sont là ?
« Ouais, tout le monde va bien. Nous sommes tous dans mon bureau, hors de danger. » Il secoua la tête avec appréhension en jetant un coup d’œil à l’air brumeux qui envahissait l’enceinte. « Enfin, pour l'instant... »
Le CDC est en route, où est le contaminant ?
« Sur le bureau de Gavin. Cherchez un sac de sport noir. » Le capitaine regarda en direction de celui-ci et vit que le panache de fumée avait finalement cessé de se répandre, ne laissant qu'une légère couverture stagnante sur le sol. « On dirait que la dispersion s'est enfin arrêtée. »
Avez-vous des idées de ce que ça pourrait être ?
« Négatif. Les capteurs de Connor ne peuvent pas obtenir un scan précis sans un échantillon direct. »
Ok, je le ferai savoir. De mon côté je vais enquêter sur ce sac et analyser les caméras de sécurité. En attendant, accrochez-vous.
« Parfait, tiens moi au courant. »
Mettant fin à l'appel, le capitaine Fowler regarda Connor et attira l'attention du déviant.
« Où est Hank ? Je ne l'ai pas aperçu avec toi tout à l'heure. »
« Il était déjà parti dehors se chercher à manger quand l'incident est survenu. »
« Bien. Au moins un qui va passer sa pause repas tranquille. Ça va lui faire drôle quand il va revenir au poste. » Soulagé de savoir tout le monde sain et sauf, Fowler s'assit lourdement derrière son bureau en poussant un profond soupir. « Maintenant Essayons de comprendre ce qu'il s'est passé, d'accord ? »
La LED jaune de Connor redevint bleue alors qu'il décidait de manière coopérative d'expliquer la situation.
« Le sac a été amené dans l'enceinte par Gavin après l'avoir localisé. Il était dans la zone de réception devant l'entrée. La toxine inconnue a été libérée grâce à un déclencheur fixé à la fermeture éclair. »
« D'accord. » Le capitaine Fowler se tourna vers son sergent. « Reed, y avait-il quelqu'un autour du sac quand tu l'as trouvé ? »
« Non, la zone de réception était complètement vide. » S'affalant sur son siège, Gavin parut plus mal à l'aise qu'ennuyé. « C'est pourquoi je l'ai ramené. »
Le Capitaine Fowler s'appuya légèrement en arrière, faisant grincer sa chaise sous son poids.
« Chris va récupérer les images et rechercher la personne qui a apporté le sac, en espérant que son visage ne sera pas dissimulé... Que pouvez-vous me dire d'autre sur l'incident en question ? »
Réfléchissant à la question, le front de Connor se plissa à une théorie intéressante.
« J'ai analysé les passages de ces dernières semaines. Un nombre important d'humains est venu au commissariat pour signaler des crimes commis envers les androïdes... » Connor marqua une pause, assimilant cette étonnante information qui révélait un début de changement plutôt positif entre les humains et les déviants. « Cela coïncide avec la recrudescence des actes de violence perpétrés par le groupe HUMANITY FIRST. Peut-être qu'un de ces fanatiques anti-androïdes a déposé cette bombe pour se venger de la police. »
« Parce qu'elle a accepté de prendre les dépositions ? »
« Exact. »
« C'est une possibilité. Mais si ce type déteste autant les androïdes, ne serait-il pas plus logique de libérer une toxine qui leur nuit, plutôt qu'aux humains ? »
« Oui, mais malheureusement, comme nous ne pouvons pas l'identifier. Impossible de confirmer ou d'infirmer cette théorie. » En faisant valoir son point de vue de manière logique, Connor réussit à rester totalement impartial. « Cela pourrait aussi être dangereux pour les deux parties. »
Le Capitaine Fowler décida de se fier à l'évaluation de Connor.
« Une fois que le CDC aura commencé son enquête, nous le saurons avec certitude. Tout ce que nous pouvons faire à notre niveau, c'est de patienter. »
Aux paroles de son supérieur, Gavin eut l'air soudain plus tendu et commença même à transpirer.
« Vous... Vous voulez dire que nous devons rester ici et attendre ? »
« Ouais, Reed. C'est bien ce que nous allons faire. »
Le trentenaire devint inhabituellement silencieux alors que son visage pâlissait un peu plus.
« Gavin ? » Le capitaine Fowler remarqua que son détective avait l'air malade. En abandonnant le nom de famille en faveur du prénom, il indiqua clairement son attention de s'adresser à lui en tant que collègue et non plus en tant qu'officier supérieur. « Ça va ? »
« Ouais... » Répondit-il d'un regard fuyant. « Je vais bien... Très bien... »
Immédiatement, Connor comprit que l'homme mentait. Une analyse rapide de ses signes vitaux indiqua une augmentation de sa fréquence cardiaque, avec une tension artérielle inhabituellement élevée.
« Gavin, dis moi, as-tu respiré du contaminant ? »
« Putain de merde, mais comment je pourrais le savoir ? » L'hostilité mordante dans la voix de Gavin était sans aucun doute causé par son stress. « Et d’abord, pourquoi tu t'en préoccupes ? »
« Si tu as été exposé, tu pourrais être malade. »
« Comme je l'ai dit, je ne sais pas. Maintenant, arrête de me passer aux rayons X ou ça va vraiment mal finir pour toi. »
Le capitaine Fowler n'apprécia pas la mauvaise attitude de son officier et le lui fit savoir.
« Écoute Gavin, j'en ai assez de tes conneries. Tu as peut-être été exposé à une toxine mortelle et il essaie de t'aider. Le moins que tu puisses faire c'est d'arrêter de lui prendre la tête et de coopérer. »
« Je n'ai pas besoin de l'aide d'un morceau de plastique ! » Cria amèrement le sergent en campant dans son attitude hostile. « Je verrai un foutu médecin quand cette merde sera finie. Qu'il reste loin de moi ! »
Déterminé à savoir si Gavin courait un danger immédiat, Connor se leva de son siège et s'approcha de la porte du bureau. La fumée blanche s'était presque entièrement dissipée et l'air commençait à s'éclaircir. Le brouillard qui planait désormais sur le sol était comme une brume au-dessus d'un étang. S'il n'agissait pas rapidement, Connor raterait son unique chance d'effectuer une analyse d'échantillon avant l'arrivée du CDC.
« Gavin, tu as besoin d'aide. Alors pourquoi ne pas... » Du coin de l'œil, le Capitaine Fowler aperçut le déviant en train de repousser la veste et d'ouvrir rapidement la porte vitrée. « Connor ? Qu'est ce que tu fous bordel ?! »
En seulement deux secondes, l'androïde sortit du bureau et passa sa main droite dans la fumée résiduelle. Rapidement, il porta le bout de ses doigts contre sa langue puis revint immédiatement dans le bureau.
La LED bleue de Connor devint jaune alors qu'il terminait son analyse et pouvait maintenant identifier avec précision la toxine dans l'air.
« Connor, je t'ai dit de t'asseoir là et de ne pas sortir ! » Cria le capitaine Fowler en pointant son doigt vers la chaise vide tandis que le déviant replaçait soigneusement la veste sous la porte. « À quoi pensais-tu ? »
« Je suis désolé Capitaine, mais si Gavin a été infecté, alors le temps presse. »
« Putain. » Le capitaine Fowler passa sa main droite sur son visage tout en prenant une profonde inspiration. Il n'avait pas seulement un, mais deux détectives très têtus enfermés dans son bureau. C'était un enfer à gérer. « Très bien, ce qui est fait est fait. Tu as ton échantillon maintenant. Alors, qu'as-tu trouvé ? »
« Le contaminant n'est PAS une toxine biologique et les humains ne seront pas affectés. » Expliqua Connor d'un ton confiant alors qu'il regardait Gavin pour s'assurer qu'il avait bien entendu. « Cependant, la toxine est toujours active et je peux confirmer que l'attaque visait bien les androïdes et non les policiers humains. »
« Attends, donc Gavin et moi n'allons pas être affectés par ce truc ? »
« Correct. »
« Et toi ? »
« C'est possible. » Confirma Connor alors qu'il entrait dans une explication plus longue. « La bombe contenait une abondance de particules de magnésium qui peuvent provoquer une corrosion galvanique sur les surfaces métalliques affectés dans un environnement fortement oxygéné. Cela se produit en présence d'un électrolyte provoquant une réaction électrochimique qui... »
« Putain... J'ai rien compris. » Coupa Gavin en le regardant d'un air vide.
Le capitaine Fowler semblait tout aussi perdu que son officier.
« Connor, la chimie au lycée, c'était il y a plus de vingt-cinq ans. Peux-tu, s'il te plaît, me simplifier ça ? »
« Oui capitaine. » Pendant qu'il parlait, la LED de Connor commença à fluctuer entre le jaune et le rouge tandis qu'une douleur sourde s'installait dans sa poitrine « Le contaminant en suspension n'endommagera pas les matières organiques, seulement les métaux. »
« Tels que ? »
Avant que Connor ne puisse répondre, il toussa soudainement et sa LED resta rouge.
« ...C-ceux qui composent les biocomposants internes des androïdes. »
« Merde. » Le Capitaine Fowler remarqua immédiatement la réaction de Connor et sut que le déviant était en difficulté. « Tu as été contaminé, n'est-ce pas ? ».
Connor hocha faiblement la tête alors qu'il effectuait un autodiagnostic sur son système.
« C'est exact. Je... je m'excuse, Capitaine, p-pour mon mépris antérieur de votre ordre. »
Gavin se moqua du déviant d'un air suffisant en l'entendant bégayer et s'excuser.
« Oh... Tu ressens des regrets, la merveille en plastique ? »
« Gavin ! » Grogna le capitaine Fowler tel un père grondant un enfant. « Je vais rappeler Chris et lui faire savoir ce qu'il se passe. »
Incapable de se contenir, Connor toussa grassement et sentit la douleur dans sa poitrine commencer à le brûler avec une douleur aiguë. Debout près de la porte du bureau, il termina son autodiagnostic qui confirmait que les biocomposants de sa ventilation étaient bien touchés par l'attaque aéroportée. La fonctionnalité de ses poumons était réduite à quatre-vingt-sept pour cent et déclinait rapidement.
« Chris » Le capitaine Fowler réussit à renouer avec l'officier à l'extérieur du commissariat. « Connor a pu prélever un échantillon. Ce n'est pas mortel pour les humains. » Il y eut une brève pause pendant que le capitaine Fowler écoutait Chris à l'autre bout du fil. « Ils font chier ! Alors même si le CDC sait que l'attaque ne peut blesser personne à l'intérieur du bâtiment, ils ne lèveront toujours pas le verrouillage ? Bon sang, mais j'ai un officier qui... »
Malgré tous ses efforts pour s'empêcher de montrer des signes de détresse, Connor laissa soudainement échapper une toux profonde et douloureuse qui fit éclabousser du sang bleu sur le sol et sur ses mains maintenant tremblantes.
« Dégueulasse... » Commenta Reed avec une grimace visible sur son visage blafard.
Alors que le déviant tentait difficilement de reprendre son souffle, le capitaine Fowler prit un instant pour considérer Gavin qui, étrangement, devenait de plus en plus blême. Ne comprenant pas trop ce qu'il se passait avec lui, il corrigea rapidement sa déclaration. « J'ai DEUX officiers en détresse ici ! Nous avons besoin d'un médecin et d'un technicien ici, dès que possible ! »
Après avoir donné ses ordres, le capitaine Fowler raccrocha le téléphone puis s'approcha de Connor afin de le guider vers le sol et de s'assurer qu'il ne s'effondre pas. Posé sur ses mains et ses genoux, le déviant continua d'haleter avec difficulté alors que ses biocomposants de ventilation continuaient de lui faire défaut.
« Doucement. » Posant sa main droite sur le dos de Connor qui toussait et crachait, le Capitaine Fowler sentit la pompe au Thirium marteler dans sa poitrine tandis qu'il luttait contre la toxine. « Merde... je ne savais pas que les androïdes pouvaient tomber malades et réagir de manière aussi... humaine. »
Le sergent rit cruellement avec un sourire suffisant sur le visage.
« Ouais, comme si un tas de ferraille pouvait tomber malade... »
« Gavin, encore un mot et je te suspends pour le reste de l'année ! »
Le capitaine Fowler posa sa main gauche contre le centre de la poitrine de Connor et le tourna doucement pour qu'il repose sur sa hanche droite au lieu de ses mains et ses genoux. « Allonge toi sur le côté. »
En réponse, Connor hocha faiblement la tête alors que des gouttes de sang bleu coulaient de sa lèvre inférieure.
« ...Merci, Capitaine. » Susurra Connor d'une respiration difficile et sifflante. « Je vais bien.... occupez vous d'abord de Gavin... »
« Je ne suis pas malade ! » rétorqua le détective vexé. « Aux dernières nouvelles, je ne suis pas fait de plastique. »
« Alors pourquoi tu as cette gueule de merde ? » Insista le capitaine Fowler en voyant les signes révélateurs de détresse sur le visage pâle de Gavin. « Parle ! »
« Je... ce n'est rien. »
« Gavin, je suis ton supérieur. Ne me mens pas. »
« Je... Très bien, très bien ! Je suis claustrophobe ! Voilà ! » Admit Gavin avec une légère rougeur sur le visage. « Je ne suis pas très à l'aise dans les petits espaces clos. »
« Putain ! Mais pourquoi tu ne l'as pas dit avant ? »
« Parce que c'est stupide ! Je sais que je ne suis pas coincé ici pour toujours et que je peux partir, mais pour le moment, j'ai l'impression d'être piégé même si je... Oh et puis merde ! Laissez tomber... » Embarrassé comme jamais, Gavin détourna brusquement le regard du capitaine Fowler. « Je vous avais dit que c'était vraiment stupide... »
De sa voix faible, Connor le rassura.
« Gavin, ce... ce n'est absolument pas s...stupide d'avoir peur... »
« Qu'est ce que tu en sais d'abord ? » cracha le Sergent en resserrant ses bras contre sa poitrine comme un enfant boudeur.
« Je... Je le sais, c'est tout. »
Gavin considéra silencieusement le déviant malade avant de se tourner vers le brouillard oppressant.
« Je comprends Gavin. » Rajouta Fowler d'une voix basse. « Essaie de ne pas y penser. »
Le téléphone sur le bureau du capitaine Fowler recommença à sonner et il n'eut d'autre choix que de détourner son attention de ses détectives pour prendre l'appel.
Le sergent regarda autour de lui avec nervosité en essayant d'inspirer et d'expirer lentement afin de garder le contrôle sur sa phobie. Du coin de l'oeil, il observa Connor en faire autant et lutter en toussant. Il essayait de cette manière, d'expulser la toxine de son système.
« Pourquoi tu essaies toujours de m'aider ? » Demanda Gavin d'une moue crispée.
« P...Peut-être parce que je... je suis un crétin en plastique. » répondit Connor avec sarcasme avant de s'étouffer dans une nouvelle quinte de toux « Et T...toi ? P... pourquoi continues-tu de penser que tu... ne... ne le mérites pas ? »
Les mots de l'androïde laissèrent sans voix l'officier qui se contenta de baisser les yeux sur le sol.
Fowler termina enfin son appel et revint vers ses deux collègues.
« Il leur faudra encore dix minutes pour entrer. Les bouches d'aération ont eu du mal à éliminer ce qu'il restait de la toxine. De son côté, Chris a pu regarder les images de surveillance mais la personne qui a déposé le sac était dissimulée sous une casquette et un foulard. Elle portait aussi des gants. »
« Ce salaud a attaqué un commissariat de police en plein jour. Il était sûr de sa capacité à s'en sortir. » Intervint Reed. « Le sac utilisé pour transporter son petit jouet était taché de magnésie. Je propose d'aller vérifier toutes les salles de sport du coin. Rappelez vous du gars que Connor a massacré... »
« Gavin, où veux tu en venir exactement ? » Le pressa Folwer.
« Ces fanatiques sont tous de beaux bébés, pour la plupart accros à la musculation. » Déplaçant sa chaise, Gavin regarda son capitaine agenouillé à côté du déviant. « Je vous parie que notre suspect a été vu à la sortie d'une de ces salles. Si nous analysons toutes les caméras à proximité... »
« ...Nous pourrons l'identifier lui et le lieu où il se cache... » Conclut le Capitaine. « Pas mal Gavin. Pas mal du tout. Dès que nous serons autorisés à sortir, tu mèneras les recherches. »
« Moi ? Mais ça va me prendre des heures. »
« Ouais, mais c'est toi qui a trouvé le sac, qui l'a ramené dans l'enceinte et qui a surtout émit cette brillante idée pour les salles de sport. Donc c'est ton cas maintenant. »
« Bordel. » Maugréa l'officier en se renfrognant sur sa chaise. « Je devrais apprendre à fermer ma grande gueule. »
Un faible sourire narquois apparut sur le visage de Connor.
« Quand Hank va apprendre que tu t'es blessé le premier jour de ton retour au travail, il va vraiment péter un plomb. » Déclara Fowler en regardant le déviant mal en point.
« Empoisonné. » Corrigea faiblement Connor. « ...J'ai été empoisonné. »
Le capitaine ne put s'empêcher de glousser.
« Si tu crois qu'il va trouver ça mieux. »
Gavin regarda le déviant sur le sol avec un dédain tacite. Néanmoins, il montra pour la première fois, un petit signe d'intérêt pour son état.
« On dirait que ta toux semble se calmer. »
« M-Mon programme d'auto-guérison a commencé à expulser la toxine de mon système. C'est désagréable, mais assez e-efficace. »
« Est-ce que je peux faire quelque chose pour aider ? » Demanda Fowler.
Connor secoua la tête pour dire non.
« Je... J'ai juste besoin de... de temps. »
« Et d'un inhalateur. » Se moqua Gavin.
Soudain, une équipe portant des combinaisons de protection couleur jaune envahit l'enceinte avec divers capteurs pour scanner l'air. Elle se dirigea immédiatement vers le bureau de Gavin et se concentra sur le sac noir. Quelques minutes s'écoulèrent avant que le chef de l'unité ne lève enfin le pouce en l'air pour signifier aux autres membres que la zone était sous contrôle. En réponse, tous otèrent leurs casques.
« Plus de danger. » Annonça-t-il haut et fort aux détectives abrités dans le bureau.
Le Capitaine Fowler fit signe au sergent d'ouvrir la porte de son bureau pendant qu'il restait avec Connor sur le sol.
« Putain, il était temps ! » Grommela grossièrement Gavin en récupérant sa veste et en se précipitant rapidement vers la zone de réception, manquant au passage, de percuter le technicien venu apporter son aide au déviant. « J'ai besoin de prendre l'air avant de commencer à suffoquer comme votre prototype asthmatique. »
En voyant l'officier claustrophobe se hâter à grandes foulées vers l'extérieur, Fowler ne put s'empêcher soupirer d'agacement mais aussi de soulagement.
« Ce que tu as fait pour ce crétin est incroyable, Connor. » Déclara le Capitaine d'un doux sourire approbateur. « J'espère qu'un jour il s'en rendra compte. »
« S...Si vous voulez mon avis... C'est aussi improbable que de voir Hank bien se tenir dans un salon de thé pour vieilles dames... »
Amusé, Fowler assena deux tapes sur l'épaule du déviant.
« Ouais. Ça tu l'as dit, fiston. »
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