Become Human : L'aube bleue

Chapitre 2 : Une collaboration forcée

3777 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 28/03/2023 15:33

Chapitre 2

Une collaboration forcée



La maison avait été entièrement fouillée avant la venue du détective, mais mettre en doute la parole d'un androïde aux sens très affuté n'était pas envisageable. Une partie des experts furent évacués, dans l'attente d'un retour après la vérification des combles. Collins ainsi que quelques agents restèrent sur place, Gavin insista pour se rendre à l'étage, seul. L'escalier qui se tirait par une trappe au plafond n'avait pas été remonté.


— Tu restes derrière moi, ok ? lança Gavin au RK900 qui l'accompagnait.

— Avec tout mon respect, Détective, il me semblerait plus approprié d'être devant.


Gavin persifla, agacé par l'audace de l'androïde, mais il ne fit pas d'objection. Ils montèrent lentement les marches, prudents, leurs sens en éveil.


La zone formait une large pièce basse de plafond entièrement aménagée, c'était une chambre, difficile de dire à qui elle était destinée, étant donné que les androïdes ne dorment pas... les placards étaient ouverts, les tiroirs renversés. 


Gavin et le RK900 firent un tour et regardèrent l'ensemble des cachettes possibles.


Plus le temps passait, plus le doute s'installait dans leur esprit. En bas, l'impatience se faisait sentir, l'horloge tournait et il était déjà tard. Tout le monde souhaitait rentrer chez soi, l'affaire impliquait que des robots après tout et tous les prélèvements avaient été effectués. 

L'androïde n'en démord pas.

« Détective Reed, je suis sûr et certain que le son venait d'ici. Et vous l'avez entendu aussi », insista-t-il, le doigt pointé vers le mur.

Gavin jeta un coup d'œil au robot, qui resta silencieux. La zone avait déjà été explorée plusieurs heures auparavant par l'équipe scientifique, mais il avait confiance en son ouïe. Il s'approcha d'une plaque en bois et tapota dessus. « Ça donne dans le toit ça non ? », demanda-t-il à voix basse. Il semblait farfelu que quelqu'un se cache dans les interstices de la laine de verre, mais même s'il s'agissait d'un animal, il fallait vérifier maintenant.

Soudain, un autre bruit, plus faible, proche d'un raclement de gorge. Les deux partenaires échangèrent un regard coopératif et le RK900 tira la trappe d'un coup sec alors que le détective pointait son arme. Un faible nuage de particules se dégagea.


« Police ! », s'écria Gavin.


Il y eut alors un cri aigu, suivi d'un bruit de mouvement. Ils virent une forme bouger dans la pénombre, cette forme croisa les bras au-dessus de sa tête, comme pour se protéger. C'était une jeune fille d'environ douze ou quatorze ans, en pyjama, ses cheveux roux couvrant en partie son visage pâle. Reed baissa immédiatement son arme alors que l'androïde s'empressait de la rassurer.


« Ne t'inquiètes pas, tout va bien, personne ne te fera du mal », dit-il en approchant doucement la jeune fille. Il lui tendit sa veste, la cavité crachait un froid glacial. Elle passa un court instant les yeux rougis de poussière, un air hagard, dans un état second puis elle s'appuya courbé par l'étroitesse des lieux vers l'extérieur. Le RK900 l'accompagne jusqu'au lit.

Gavin n'en revenait pas.


« Est-elle humaine » demanda-t-il.

« Détective, elle est humaine » , répondit le L'androïde d'un ton calme.

Il rangea son arme et se précipita dans les escaliers. « Il y avait une fillette dans le toit, appelez une ambulance ! »


La jeune femme présentait des blessures dû aux échardes. Malgré les griffures, elle était en bonne santé, à l'exception de quelques douleurs au dos causées par sa position. Elle était sous le choc, fixant le sol sans un mot. Les policiers l'enveloppent dans une couverture avant de la guider jusqu'à leur véhicule. Personne ne savait quel lien elle entretenait avec les androïdes, mais la violence de la scène ne permettait pas de l'accuser au vu de sa physionomie frêle.

Gavin Reed était dehors, appuyé contre le mur, perdu dans ses pensées. Il n'avait jamais imaginé qu'il aurait un jour a pointer son arme sur un enfant, c'était une sensation très déplaisante comme passer à côté de son travail. Un frisson de honte le traversa, cependant il chassa sa culpabilité : la chambre n'avait aucunement l'aspect d'une pièce adaptée pour un ado.

Il y avait quand même peu de doute : la petite fille sur la photo était certainement la jeune femme du toit.


Le RK900, se glissa à côté de lui en silence.

— Détective Reed, l'adolescente n'est pas répertoriée dans ma base de données. Cependant, selon mes reconstitutions faciales, la ressemblance avec l'enfant de la photo est de près de quatre-vingt-dix pourcent. C'est un bon début.

Gavin se redressa, il répondit avec détachement.

— Merci de m'avoir dit quelque chose que je savais déjà...

Il se dirigea vers sa voiture de service, prêt à quitter les lieux, mais l'androïde l'interpella. 

— ...Sinon, d'après les vêtements présents sur la photo, il pourrait s'agir d'uniformes d'androïdes de soin. Comme les modèles désactivés dans la maison, il est possible que l'adolescente et les androïdes aient eu un lien étroit.

Le détective soupira, il était fatigué et réfléchir semblait relever d'un supplice.

— Ramène-toi, petit malin. On rentre au DPD. Et ne crois pas que c'est un acte de charité. On m'a juste demandé de te raccompagner au bureau de police et... en silence.


Une fois au poste, la jeune femme fut placée dans une salle d'interrogatoire en attendant que les services sociaux soient contactés. La pièce était plus chaleureuse que les cellules habituelles pour les adultes. Malgré tout, l'adolescente restait insondable et silencieuse. Après leur arrivée, Gavin se réfugia dans la salle de pause pour prendre un café et consulter son téléphone. 

Dans l'encadrement de la porte Chris Miller fit son apparition, l'agent resta immobile et interpella Reed le plus cordialement possible. Il ne semblait pas du tout d'humeur mais il fallait lui apporter les renseignements nécessaires et que ce soir on ne pouvait rien faire de plus. Il expliqua alors les mesures qui avaient été prises pour protéger l'enfant. Le détective l'écouta attentivement avec une tête inexpressive au possible, sa main serrant le café qu'il s'était servi surtout pour se réchauffer.

Pendant que l'agent parlait, Gavin jeta un coup d'œil par la porte et observa l'androïde qui se tenait là assis au bureau d'un terminal, les yeux vides. Il ne put s'empêcher de faire le parallèle avec un ''castor empaillé''. La solitude qui émanait de cette créature artificielle, dénuée de toute émotion humaine était déprimante.


— Bonne nuit Détective Reed, à demain. Fit l'agent Miller.

— Ouais Chris à demain.


Gavin sortit son téléphone et hésita un instant avant d'envoyer un message à Tina. Cependant, il réalisa que l'heure tardive risquait de la déranger, de réveiller probablement sa compagne et son bébé alors il le rangea dans sa poche. Il aura d'autres occasions de lui parler.

****

Il était habitué à être seul, mais ce soir, il aurait eu besoin de compagnie. 

Durant le trajet il avait du mal à rester concentré, les images de la petite fille retrouvée le hantait.


Une fois installé sur son lit, main posé sur ton torse, il fixa le plafond. Il savait que pour lui il était bien tard pour trouver le sommeil. Il l'éteignit brusquement et se leva pour regarder par la fenêtre, le jour commençait à peine à se lever. Au vu de son niveau de fatigue, la journée qui l'attendait allait être longue et difficile.

****


Arrivé au poste et après avoir salué Tina, plus matinal que d'habitude et s'apprêtant à dégainer une petite blague, son regard fut attiré par l'uniforme immaculé de l'androïde qui semblait discuter avec le capitaine Fowler. Non seulement c'était une mauvaise surprise de voir cette méprisante copie de Connor mais en plus sa présence auprès du capitaine n'était pas une bonne nouvelle. Il respira un grand coup quand Jeffrey tourna la tête et lui fit signe de venir. La porte était ouverte et il y faisait un peu trop chaud, Gavin salua son supérieur et toisa du regard le RK900 qui se tenait dans un coin de la pièce, bras dans le dos.


Le capitaine ne semblait pas en colère, mais plutôt préoccupé. Il l'invita à s'asseoir dans le fauteuil, calmement. Le même dans lequel il avait été convié l'avant-veille.


— Assieds-toi, Gavin. Je ne vais plus te présenter Nines, dit-il en désignant le RK900, qui fit humblement un signe de la tête au détective un petit sourire au coin des lèvres.

— Heu... oui lui, Reed le désigna de son pouce sans prendre la peine de se retourner. Je l'ai vu hier soir sur la scène de crime, mais il n'avait pas de prénom, si on peut considérer que ça en soit un. D'ailleurs personne ne m'avait prévenu de sa présence. marmonna-t-il.

Fowler se contenta d'ignorer la remarque.

— Je tenais d'abord à te féliciter pour avoir découvert cette jeune fille. Qui sait si nous l'aurions trouvé ? La plaque en bois semblait avoir été emboîtée de l'extérieur, il est peu probable qu'elle aurait réussi à sortir d'elle-même, déclara Jeffrey.

Gavin releva le compliment avec une pointe de fierté.

— ...Mais il ne faut pas oublier que tout cela à eu lieu grâce à votre partenariat, d'ailleurs je veux que tu travailles sur cette affaire. C'est bon pour notre image de s'intéresser aux androïdes mais aussi très éthique de découvrir qui est cette mineure.

— Excusez-moi de vous couper capitaine, mais ''cette affaire'' ? Enfin, ce n'est pas à la brigade des mineurs de prendre le relais ? Reed était perplexe. 

— Je n'ai jamais dit que pour la partie qui concernerait l'adolescente tu serais seule sur le coup. D'ailleurs ton partenariat avec Nines commence dès aujourd'hui. Nul besoin de préciser que tu n'as pas le choix.

Gavin blêmit, se cramponnant au fauteuil. « Je... pardon ? Travailler avec... quoi ? » 

« Tu es policier non ? Tu t'adaptes, ça sera très bien perçu par le DSP entre autres. Maintenant, tu peux y aller » , conclut Fowler, qui se disait probablement que plus la conversation serait courte, plus Gavin aurait moins de temps pour grogner.


Le détective resta silencieux, estomaqué par la nouvelle, sans un regard envers l'androïde, il se leva furieux, poing serré. Non. C'était probablement une blague. Il l'avait toléré hier mais c'était à peine s'il supportait sa voix. 

« Bonne journée C.A.P.I.T.A.I.N.E'' ajouta Reed avant de fermer brutalement la porte.

****

Emma Clark fit son entrée. C'était une femme forte et déterminée, dotée d'un talent exceptionnel, elle avait passé brillamment son concours de policier. Spécialisée dans les droits et la juridiction des enfants, elle était particulièrement douée pour parler aux adolescents. Cette capacité à comprendre les autres au-delà des apparences l'avait, un temps, rapproché de Gavin. Emma avait de l'empathie pour ce personnage contrasté que beaucoup trouvaient antipathique. Elle avait pris le temps de le cerner, peut-être un peu trop, ce qui leur avait valu quelques aventures. Mais elle avait finalement réalisé que cette passion n'avait pas d'avenir et avait fait le choix d'une vie privée simple pour contrebalancer avec son travail éprouvant. 


Elle entra dans une petite pièce aux couleurs chaudes et s'assit en face de la jeune femme. Des vêtements propres lui avaient été mis à sa disposition, ainsi qu'une avocate pour mineurs. Emma lui dicta ses droits et lui expliqua que si elle ne comprenait pas quelque chose, l'avocate prendrait le relais.


« Nous pourrions simplement commencer par nous présenter ? », proposa la policière.


C'était une des rares pièces de ce type à avoir une fenêtre, une ouverture sur le monde extérieur et une lumière naturelle qui réchauffait l'ambiance. De l'autre côté, derrière la vitre sans tain, peu d'agents de police. Même si l'affaire de l'adolescente rousse avait fait grand bruit, il s'agissait plutôt d'une recherche d'identité que d'une enquête criminelle. L'identité des humains responsable devait être découverte, non seulement ils avaient forcés une maison mais auraient pu nuire à l'enfant. Reed, Nines et Chris étaient sur place, ce dernier gérant tout l'enregistrement et la communication. 


Ils espéraient que l'adolescente finisse par parler, mais au bout d'une petite heure, quand la jeune femme montra clairement des signes d'angoisse, Emma la rassura et quitta la pièce avant de rejoindre l'équipe. 

« Elle refuse de parler. Elle se protège de quelque chose qui l'effraie », dit-elle.


Le détective commenta avec une voix légèrement railleuse : 

— On le savait déjà, non ?

Emma tourna la tête et sourit avec dédain. 

— Ah Gavin, je suis contente de te voir enfin physiquement. C'est mieux qu'un simple compte-rendu non ? Qu'as-tu à proposer pour cette jeune femme ? L'interroger toi-même ? Je suis sûr qu'avec ta méthode douce et empathique on obtiendra des résultats concluants.

Même si les deux personnages semblent difficilement se supporter, le détective sait qu'ils partageaient une chose avec Emma : un manque cruel d'acceptation des androïdes. Elle lui avait avoué à demi-mot dans sa salle de bain un soir, passant un large peigne dans ses cheveux crépus. Elle avait peur que leur profession finisse par disparaître. Cette conversation c'était bien avant la révolution et avant qu'ils ne cessent de se fréquenter.

— Je propose que Nines ici présent se rende auprès de l'adolescente et essaie de lui parler, suggéra Gavin.

Elle se raidit.

— Pourquoi ? Il va lui faire peur, il n'est pas adapté pour ce genre de situation.

— Oh mais il apprend très vite, je suis sûr qu'il sait s'y prendre et il connaît les droits sur le bout de doigt. Pas vrai ?

Le RK900 qui sentait que l'ambiance était électrique répondit avec le plus de retenue possible.

— Il est vrai que je serai en mesure de lui parler… mais il y a un risque que je l'effraie.

Reed repris le plus calmement du monde.

— ET.. d'après ses analyses, la fille a vécu avec des androïdes.. donc elle serait sans doute plus en mesure de lui parler.

Emma protesta, rien ne permettait officiellement d'assurer cela, mais il semblait que la proposition un temps soit peu discutable, faisait l'unanimité. Emma accepta très amer jetant un regard assassin à Gavin.

Nines, quant à lui, avait retiré sa veste et ne portait plus que sa chemise, sa diode bleu présentait un calme évident. Il toqua à la porte et entra dans la pièce. Il s'assit à la table et resta un long moment silencieux, sondant la jeune femme. Elle fronça les sourcils sans quitter son regard.


« Alors, toi c'est Nines, c'est ça ? dit-elle. Moi c'est Mila. Ça vous évitera de me désigner avec un pronom.»

Le détective, qui était appuyé contre le mur, se redressa stupéfait. Il n'avait rien envisagé de tel. Il regarda par réflexe Emma avec des yeux légèrement coupables, mais se contenta d'un simple « Bah quoi ? Tout le monde s'y attendait non ? » Clark, quant à elle, resta aussi calme que possible.

Lentement, l'adolescente se mit à parler. Elle avait quatorze ans depuis une semaine, cela semblait important pour elle.

« Dit moi Mila, qui étaient ces deux androïdes avec toi ? » demanda le RK900. Elle se pinça les lèvres et tourna légèrement la tête, mais ses yeux se brouillèrent. « Julia et Romie », répondit-elle en essuyant une larme. « C'était mes mères. » 


L'agent Reed était choqué et perplexe. Comment une adolescente pouvait-elle avoir été élevée par des androïdes ? C'était illégal et surtout inhumain. Il ne pouvait s'empêcher de se demander si Mila avait été enlevée et si elle appartenait à quelqu'un. Il se pencha au dessus de la console, sans demander à Chris et pressa le bouton du microphone. Il demanda à l'androïde de la questionner sur son nom de famille, immédiatement.

Emma lui attrapa le bras.

— Tu vas trop vite là, elle est bouleversée, tu risques juste de l'enfoncer dans le silence.

Il dégagea son bras.

— Je veux surtout que ça soit vite clos, pour être débarrassé de cette boîte de conserve.

Emma recula, dégoûtée.

— Cette gamine c'est un dossier pour toi à boucler hun, rien de plus j'imagine. Il te faut de l'action et c'est tout. J'espère sincèrement que tu vas en chier.

Elle appuya de nouveau sur le bouton « Ne fait pas ça, dites-lui qu'on lui posera d'autres questions quand elle se sentira prête. » sans même regarder derrière elle, l'agent de police sorti en claquant la porte. Le policier Miller immobile sur sa chaise, ne savait pas ce qu'il devait dire ou faire. 

Quelques heures après et sous demande de l'avocate, Mila fut placée en foyer d'accueil pour adolescente mais pour autant elle pouvait continuer de parler dès qu'elle s'en sentait capable. L'enquête avait beau avoir fait un bond en avant, Gavin n'en était pas plus avancé, son altercation avec Emma l'avait un peu secoué. Cela faisait un moment qu'il ne l'avait pas vu et les retrouvailles n'avaient pas été très qualitatives. Il n'était cependant pas question de s'épancher mentalement là dessus.

Quelques éléments intéressants avaient été mis sous scellés, notamment une vieille caméra.

Deux bras solides s'appuyèrent brutalement sur le bureau.

— Bonsoir Gavin !

Il sursauta.

— Tu peux pas prévenir avant de débarquer comme ça et pour toi c'est "Détective Reed" on est pas pote.

Le RK900 lui tendit un petit sachet de plastique.

— Je pense que vous allez apprécier cela.

Reed leva un sourcil.

— Ils ont fait une copie des donnés sur le Cédérom du caméscope, le sachet contient uniquement le code pour accéder aux fichiers qu'ils ont stockés en ligne.

Gavin roula des yeux en soupirant.

— Le mot CD et le mot caméra dans une seule et même phrase c'est juste...

— De votre génération non ?

— Donne-moi ça petit malin. 

Il lui arracha le bout de plastique des doigts. Le RK900 restait derrière lui scrutant l'écran.

— Tu fais quoi là au juste ?.. Je te ferai un bilan après, pour l'instant tu dégages ou tu vas me chercher un café.

— Très bien alors, un café fit-il sur un ton monocorde. Et je reviens pour l'enquête ensuite, ajouta l'androïde sur la même intonation que le détective. Il était déjà bien trop loin pour que celui-ci puisse répliquer.

Peut-être qu'il finira enfin par avoir des informations faisant avancer cette enquête.

****

A peine le code fut-il tapé que des images et des vidéos défilèrent sur l'écran de l'ordinateur. Il ne savait pas trop à quoi s'attendre, mais il décida d'ouvrir au hasard la quatrième vignette en partant de la gauche, qui était une vidéo.

« Ça c'est une pyrite du chou ! » entendit-il dans les hauts parleurs. La voix d'une enfant commentait les fleurs et les arbres tandis que la caméra zoomait et dézoomait. Soudain, la voix d'une femme retentit : « Peux-tu rester près de nous, Mila ? On va partir. » La caméra tourna alors brusquement et montra le parc Lafayette Greens durant une probable belle journée printanière. Deux femmes se tenaient la main. C'était Julia et Romie, les deux androïdes, aucun doute possible. Elles avaient les mêmes cheveux et les mêmes yeux.

Gavin fut sorti de ses pensées par le gobelet de café fumant posé à côté de lui. 

« Avez-vous trouvé quelque chose d'intéressant, Détective ? » demanda Nines. Il se frotta le menton et répondit : 

« Mmmmh, ouais, il semblerait que ce soit des vidéos de famille. »

Le RK900 était perplexe par l'association des mots "vidéos" et "famille" dans la bouche de Gavin, d'ailleurs celui-ci se corrigea :

« A aucun moment j'ai dit que c'était une famille, mais le contenu y ressemble ». L'androïde lui proposa de tout analyser rapidement, de combiner les informations et de lui faire un compte rendu précis. Reed lui tendit le code et Nines lui expliqua qu'il pouvait accéder au programme sans l'avoir. Ce qui évidemment, provoqua un soupir chez Reed.

« Mais j'apprécie le geste. » Ajouta humblement Nines qui s'éloignait.

Le détective pivota son siège, il ouvrit par hasard la vidéo "anniversaire Mila huit ans". Le salon comportait des ballons et une petite banderole "happy birthday". La caméra était posée sur un trépied et filmait Mila trépignant devant son gâteau en forme de chat. Les deux androïdes s'approchèrent de la jeune fille, la serrant dans leurs bras et lui embrassant les joues. « Tu peux souffler maintenant ! » dit l'une d'elle.

Puis il ouvrit une autre vidéo intitulée "Vacances". Dans l'herbe, Julia arrosait Mila avec un pistolet à eau, et la jeune fille criait en rigolant. La mère et la fille couraient ensemble. C'était probablement Romie derrière la caméra.

Gavin se surprit en train de sourire. Puis il ferma la page, sentant son pouls s'accélérer. Personne en regardant ces vidéos n'aurait pu savoir qu'il s'agissait d'androïdes. Même pas lui. Et ça, il n'aimait pas. Il se redressa sur son siège, un peu sonné.


Nines leva la tête. 

— Vous allez où, détective ? demanda-t-il. 

— Il se fait tard, je rentre. Tu me fais un bilan demain, répondit Gavin froidement. 

— Aucun problème, bonne nuit, agent Reed, conclut Nines. 

— Ouais, c'est ça, rétorqua Gavin, puis avant de traverser le couloir il se tourna. Pense à te recharger cette nuit je t'es trouvé un peu mou aujourd'hui.



Cette pointe d'humour surprend Nines. Peut-être que finalement, une collaboration serait possible.



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