Become Human : L'aube bleue

Chapitre 1 : Pas de vague

3560 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 24/03/2023 13:12


Chapitre 1

Pas de vague



Gavin était assis dans la salle de pause, un gobelet fumant à la main. Il l'avait rempli de café sans sucre, grimaçant à chaque gorgée. La réserve était vide depuis des semaines et personne ne semblait s'en préoccuper. Pourquoi investir dans une simple boîte de sucre, après tout ? Peut-être faut-il faire appel au syndicat pour résoudre ce problème. Gavin secoua la tête, agacé, et se mit à scroller sur son portable. C'est alors que l'agent Miller fit irruption dans la pièce, tenant une boîte de donuts à la main. Gavin fut surpris, mais il accepta, il choisit celui avec un nappage rose en remerciant l'agent. Il ne put s'empêcher de plaisanter :

— Qu'est-ce qui s'est passé cette nuit, Chris ? Une soudaine envie de nourrir l'équipe ?

L'agent lâcha un rire, mais il semblait mal à l'aise. Le détective comprit qu'il devait y avoir une raison derrière cette soudaine générosité...


Reed était perplexe. Il avait lu un article sur le site "Detroit Today" qui interviewait la DSP, une organisation de défense des robots. Cette dernière assurait faire tout son possible pour favoriser la cordialité entre les androïdes et les humains, mais critiquait l'absence de contrôle sur les désactivations. L'article précisait que même si les cas de déviance étaient minoritaires, ils ne représentaient pas un problème majeur, concluant avec un chiffre en faveur des androïdes : soixante pour cent. Reed se demandait d'où provenaient ces chiffres, n'ayant aucun souvenir d'avoir participé à cette enquête. Il soupira.


C'est alors que Tina fit son apparition toujours aussi dynamique, elle le taquina :

— T'en fais une tête, tu devrais arrêter de garder cette mauvaise habitude.

Elle en profita pour lui donner une petite tape derrière la tête.

— Moi au moins je ne suis pas en retard ! Renchérit-t-il.

— On en reparlera quand tu auras des responsabilités d'ordre personnel. Mets-toi au boulot la salle de pause c'es pas un bureau, lui rappela Tina ironiquement.


Leur conversation fut interrompue par un tintement sonore.


"Le capitaine Fowler souhaite voir le Détective Reed immédiatement."


Gavin maugréa. Il savait déjà ce qui l'attendait en franchissant la porte du bureau du capitaine Fowler. Il se redressa, faisant mine de ne pas être affecté par la situation. Derrière lui, Chris se dissimula derrière l'écran de son ordinateur, sans grand succès. Reed s'avança d'un pas mal assuré jusqu'à la porte du bureau du capitaine. Il frappa deux fois et attendit.


La voix grave de Fowler lui répondit, tranchante comme un couteau.


— Entrez.


Le détective obéit. Fowler était assit, fixant intensément son écran d'ordinateur. Il ne daigna même pas relever la tête lorsque Reed entra.

Il écrivit quelques mots avec une lenteur exaspérante avant de finalement pointer du doigt la chaise vide en face de lui sans même lui demander de s'assoir. Gavin s'installa dans le fauteuil en cuir face au capitaine et s'efforça de se concentrer sur les mots de Fowler plutôt que sur l'aura de mécontentement qu'il dégageait.


— Tu sais pourquoi je te fais venir ?

Reed fit mine d'hésiter un moment.

— J'imagine que.. c'est à cause du robot d'hier ?

Le capitaine soupira, exaspéré.

— D'après le rapport, tu aurais "coursé", c'est le mot "coursé" qui est bien noté, un androïde qui n'avait pas de papier, qui accompagnait un vendeur à un stand de hot-dog.

Gavin eut un peu de mal à cacher un sourire, mais il savait qu'il devait garder son sérieux.

— Il n'était pas en règle et s'est enfui. C'était très suspect.

Fowler croisa les bras et le fixa intensément.

— On nous demande de ne pas faire de vague et tu cours après un androïde sur près de deux kilomètres ? C'était ta pause en plus. Et tu n'as rien trouvé de mieux que de faire paniquer les gens du parc Murphy en poursuivant un WB200 ?

Le détective posa son doigt sur le bureau pour mimer la scène.

— J'étais là, avec l'agent Miller, j'ai simplement fait un contrôle de routine. La situation était adapté car le comportement du robot était suspect. Il ne répondait pas. Il s'est mis à courir, donc bon, instinct de flic j'imagine, j'ai couru.

Le capitaine monta d'un ton.

— Cela semble t'amuser. Tu l'as menacé, de plus son employé t'as dit qu'il n'y avait aucun problème. C'est ce qui est noté noir sur blanc. Tu sais parfaitement bien qui a écrit ce rapport, Gavin.

Reed garda son calme et répondit, avec une pointe d'insolence :

— Je ne vais pas être suspendu pour ça quand même !

Fowler ne se laissa pas démonter.

— Non, mais ça n'est pas la première fois depuis le onze novembre que tu prends un malin plaisir à harceler des androïdes. Il faut absolument que cela cesse. Je ne veux plus entendre ton nom associé à une quelconque histoire de robot. On c'est tous adapté, tu dois faire pareil.

Gavin sentit la colère bouillonner en lui. Comment pouvait-on le traiter ainsi alors qu'il était en train de faire son travail ? Il chercha ses mots pour répondre, mais Fowler le coupa sèchement.

— Bien. Tu peux y aller en faisant un signe de la main. Et ferme la porte en sortant.


Reed se leva, fulminant intérieurement, et claqua la porte derrière lui.


"Putain de merde."


****



Ce soir-là, Tina avait proposé à Gavin de se rendre au Hopcat pour boire un verre et discuter tranquillement, une occasion rare depuis qu'elle avait emménagé avec sa conjointe.

Une fois attablés, Tina passa commande :

— Je prendrais un fish and chips, tu prends quoi Gavin ?

— Juste une Martin's IPA pour moi.

— Alors supplément de fritte, ajouta-t-elle.

Reed afficha un air surpris.

— Alors tu n'as pas mangé depuis ce midi, tu prends une bière et tu sais pertinemment que tu vas te servir dans mon assiette. Bon, fit-elle, ça fait un moment qu'on a pas discuté seul à seul. Alors je vais faire un truc que tu détestes. Elle le fixa avec un sourire amusé.

— Comment vas-tu ? 


Reed sourit en coin. Tina Chen avait toujours eu un talent pour allier l'humour et la franchise, même dans les moments les plus tendus. C'était l'une des rares personnes en qui il avait confiance, avec qui il pouvait parler sans crainte d'être jugé ou critiqué.


Il trempa une frite dans le ketchup avant de répondre à la question de Tina.

— Je vais bien, ne t'en fais pas. Et pour mes "petits débordements", comme tu dis, ce n'est rien de grave. Juste quelques erreurs de jugement. Gavin haussa les épaules en avalant une gorgée de bière.

— Des erreurs de jugement ? C'est plutôt un euphémisme, non ? Tu as couru après un androïde pendant deux kilomètres, tout ça parce qu'il n'avait pas les bons papiers.

Reed soupira. 

— Je sais, j'ai merdé. C'est compliqué avec les androïdes. Ils sont partout, et parfois j'ai l'impression qu'ils nous prennent pour des débiles.

Tina leva un sourcil interrogateur.

— Comment ça ?

— Eh bien, ils sont tellement perfectionnés qu'on dirait des humains. Mais en même temps, ils sont programmés pour obéir à des règles strictes, ils n'ont pas de libre arbitre. C'est difficile de savoir comment les traiter, comment considérer ces boîtes de conserve.

Elle hocha la tête en souriant.

— Écoute, je vois ce que tu veux dire. Mais tu dois te rappeler que ce sont des machines, pas des êtres humains. Ils sont là pour nous aider, pour nous simplifier la vie pas pour nous remplacer. Enfin j'espère, donc ils n'ont pas de "mauvaises intentions" tu vois. Ils sont juste conçus pour... les humains.

Il soupira.

— Je sais tout ça, mais parfois j'ai l'impression qu'on ne fait plus la différence, surtout quand ils sont habillés comme des humains. Et ça me fout les jetons.

Tina lui lança un regard amusé.

— Tu as peur des robots, Gavin ? Tu devrais peut-être songer à changer de métier.

Il leva les yeux au ciel, avant de se mettre à rire.

— Non, merci. Je préfère encore courir après des androïdes toute ma vie que de devenir comptable.


"Drrr Drrr"


Tina jeta un regard noir à l'appareil qui vibrait sur la table. Elle avait mis tant d'efforts pour passer un moment agréable avec son ami, et voilà que le travail venait tout gâcher mais bon c'était les revers du métier.

— Tu ne vas pas partir maintenant ? Supplia-t-elle.

Gavin haussa les épaules.

— Crime dans le quartier de Greenbriar. Je dois y aller. Ne sois pas jalouse, ton tour viendra, plaisanta-t-il avant de se lever du tabouret. Il posa quelques billets sur la table, puis s'éloigna vers la sortie.

Chen le rattrapa au vol :

— Et si c'était "TON" affaire cette fois-ci ?

Gavin sourit :

— Que veux-tu que certains mangent des frites d'autres sauvent le monde. Chacun son domaine !

Tina roula les yeux et répondit avec un doigt d'honneur discret, dissimulé sous la table. Elle se retrouva seule, abandonnée avec son verre à moitié plein.


****


La ville semblait assoupie, les rues désertes et silencieuses. Les lumières artificielles de la nuit effaçaient le scintillement des étoiles dans le ciel. Le clignotement des gyrophares, qui dansaient au loin, attirait l'attention de Gavin. Il se gara sur le bas-côté, à proximité de la maisonnette cernée par une rubalise holographique rouge, formant une zone de sécurité restreinte. Il descendit de sa voiture et s'approcha, prêtant attention à chaque détail. Le terrain autour avait l'air négligé et mal entretenu. Des mauvaises herbes s'échappaient de terre sous les volets coulissants. Des traces bleutées, sous forme de goutte de rosée, perlaient sur des brins d'herbe écrasés, indiquant un passage récent. Gavin présenta son badge à l'agent de police qui gardait l'entrée de la scène de crime, jetant un coup d'œil méfiant autour de lui.


Collins sortit de la maison.

— Bonsoir Gavin.

— Bonsoir Ben, alors qu'est ce qu'on a ?

— C'est tout frais, maximum deux heures. Des voisins ont contacté la police en raison de nombreux bruits de lutte. A l'intérieur il y a deux androïdes, habillés comme des humains, sous fausses identités.. et tous deux désactivés.


Reed avait le sentiment que cette enquête n'allait pas lui plaire, des androïdes, sérieusement ? Mais il garda ses pensées pour lui-même, conscient que tout commentaire négatif pourrait nuire un peu plus à sa réputation.


"Ah oui" ajouta Williams. "Il y a aussi du sang humain".


Gavin sentit une vague de malaise monter en lui. La présence de sang humain indiquait que cette affaire était plus sérieuse qu'il ne le pensait.


Voici une version réécrite du texte, inspirée d'un roman policier :


Ils entrèrent dans la maison, chaussés de surchaussures et en prenant soin de ne pas toucher le moindre indice. Chaque détail était marqué au sol, scrupuleusement étiqueté pour la suite de l'enquête. Dans le salon, la scène était digne d'un film d'horreur. Tout avait été saccagé, renversé, comme lors d'une lutte acharnée. Une lampe brisée jonchait le sol, éparpillant des éclats d'ampoules à travers un tapis de mouton usé d'un bleu profond. Une odeur étrange flottait dans l'air, une odeur de métal et d'encre, qui glaçait le sang. Au centre du salon, une androïde d'aspect féminin, aux cheveux argentés, était repliée en position fœtale, les bras tendus, agrippée au rebord du bar de la cuisine. Ses yeux étaient grands ouverts, comme si elle avait vu la mort venir à elle. Plus loin, gisait une autre androïde, les cheveux brun carré et les yeux fermés, allongée sur le dos, comme endormie. Mais un amas de liquide avait remplacé son t-shirt, et au centre de sa poitrine, un trou béant révélait la violence du choc.


Gavin était stupéfait. C'était une scène inhabituelle et troublante, surtout quand on prenait en compte que les victimes étaient des androïdes. Collins, son partenaire, l'interrompit en lui montrant quelque chose derrière lui.


"Ah ! Le voilà."


Reed se retourna, curieux, et l'aperçut traversant le faisceau d'un spot lumineux. Il triturait sa manche pour la remonter, et sur les doigts de sa main gauche, une trace écarlate. Son long col blanc renforçait son apparence massive, tandis que son attitude dégageait une confiance presque menaçante.


Reed ne put s'empêcher de ricaner nerveusement.

— C'est une blague c'est ça ? dit-il en le pointant du doigt, furieux.

L'androïde esquissa un sourire flou.

— Bonjour détective Reed, dit-il poliment. "La blague" est ravie de faire votre connaissance. Comme vous le voyez, nous sommes tous occupés à comprendre et résoudre cette affaire. Vos compétences seront les bienvenues.

Son détachement face à la situation, bien que prévisible, était quelque peu dérangeant. Face à lui Gavin reste abasourdit.

— Je pense que l'on a besoin de moi là-bas. Detective Reed, des présentations en bon éduforme seront faites le moment venu. Conclut-il, avant de se diriger vers le salon, comme s'il s'apprêtait à régler une simple formalité.


Gavin, figé sur place, était livide. Il se frottait le visage, comme pour tenter d'effacer ce qu'il venait de ce passer. L'androïde venait-t-il vraiment de mal lui parler ? Qui était ce crétin ? Ce n'était pas Connor, mais ça y ressemblait étrangement. Le dernier avait infiltré des informations confidentielles du DPD, il n'était donc pas fiable. Pourquoi un autre Connor avait-t-il été mis sur cette affaire ? Il se promenait dans la pièce, cherchant à dissiper ses pensées sombres. Il observa la porte d'entrée qui avait été enfoncée, les gonds détruits. Étant donné la proximité des maisons, il n'était pas étonnant qu'un bruit se soit fait entendre.


— Tu m'étonnes que les voisins aient été alertés. Tous les gonds ont été défoncés. Soit ils ne connaissaient pas les agresseurs, soit ils avaient des comptes à régler, surtout si c'était bien la maison des robots.

Reed sursauta, l'androïde était juste derrière lui, scannant la porte.

— Oui, ils sont en location depuis juillet. Pour la porte il s'agissait d'une petite charge explosive, mais pas une simple bombe artisanale. .

Le détective se déplaça rapidement pour se mettre hors de portée de l'androïde et retrouver son calme.

— Ok petit malin, tu n'avais pas dit que tu te présenterais ?

Il toisa l'androïde.

— Tu es une sorte de Connor 2.0, n'est-ce pas ?

— Désolé de vous décevoir, Détective. Je ne connais pas mes prédécesseurs, mais je connais bien leurs actes malheureux. Je ne suis plus un prototype, mais une version plus aboutie : le RK900.

— Ouais Connor 2.0 quoi... peux-tu me dire quoi sur ces deux machines au sol là-bas ?

Il pointa avec mépris les deux corps mutilés d'androïdes, mais le RK900 ne réagit pas. Il se pencha au-dessus du corps de la femme à terre avant de se rapprocher de l'autre corps recroquevillée.

— C'est un MC500, un modèle assez ancien de 2026, et un AF200, sorti en 2025.

Gavin leva un sourcil perplexe.

— Et ça veut dire quoi ?

— C'est un androïde aide-soignant et un androïde paramédical.

Reed comprit alors que les victimes étaient des machines destinées à aider les humains.


Le RK900 fit signe de la tête, révélant enfin les résultats des ADN humains retrouvés sur place. Une agente de police scientifique et Collins s'approchèrent de lui, leurs regards inquiets témoignant de l'importance de cette découverte.

Il expliqua la présence de deux ADN humains masculins, groupe 0- et AB+, mais aucune trace dans l'ensemble des fichiers du département de police. Cependant, il expliqua que si un accès à un terminal médical lui été autorisé, il aurait peut-être d'autres résultats. Il précisa qu'au vu de la quantité et de sa composition, il ne s'agit que de sang provenant de muqueuses. D'un coup probablement suite au conflit. Mais ses interlocuteurs ne semblaient pas du même avis, la révolution avait pris fin mais des échantillons avaient déjà été envoyé en laboratoire. Pas question de stopper du travail pointilleux de la police scientifique pour une seule machine.

Reed, qui écoutait d'une oreille distraite pensant qu'a ce stade autant que ce RK900 demande la scène de crime pour lui tout seul. Il s'éloigna et se mit à inspecter les étagères les plus hautes, qui comportaient des objets de décoration d'un goût discutable. C'est alors qu'il remarqua quelque chose d'inhabituel , il prit un gant pour attraper un petit cadre qui se trouvait derrière une commode renversée. À l'intérieur, une photo de format carte d'identité montrait une fillette, tout sourire. Il y avait deux épaules, une de chaque côté, mais pas de visage. Les vêtements des deux inconnus étaient typiquement androïde.

— J'ai trouvé quelque chose ! annonça Reed, utilisant le gant comme mouchoir.

Le RK900 s'approcha.

— C'est intéressant, puis-je voir ?

Gavin lui tendit le cadre avec antipathie. Le RK900 se concentra et fronça les sourcils.

— C'est étrange, je ne suis pas en mesure de l'identifier.

— Peut-être que c'est une photo témoin, suggéra Reed.

— Une photo quoi ?

— Témoin, tu sais, les trucs tout faits dans les cadres à l'achat. La famille qui rigole, les deux enfants dans le jardin.

— Merci, détective, je pense avoir compris.

Reed eu du mal à cacher son amusement.

— ...Mais justement, elle ne mène nulle part. Si cette photo était sur un site de microstock payant ou si cette personne existait, elle serait répertoriée, mais je ne trouve rien. Je vais la donner pour que cela soit mis sous scellé.

Le RK900 s'adressa directement à Gavin, qui croisa les bras. Il accueillit les informations avec une pointe de dédain, mais sans montrer d'opposition. L'androïde expliqua alors qu'il y avait quatre personnes impliquées, six avec le MC500 et le AF200. L'androïde brune avait été plaquée au sol, le couteau sur la droite avait servi à déchirer son t-shirt, sa pompe de régulation avait été arrachée.

Le silence qui s'ensuivit était oppressant. L'androïde prit une pause, le regard fixé sur le sol comme s'il cherchait à rassembler ses pensées. Reed se demanda s'il était en train de calculer quelque chose ou s'il éprouvait des émotions que les androïdes étaient supposés ne pas avoir.

— Il y a eu un mouvement pour défendre le MC500, commença-t-il finalement. Mais ils étaient probablement très organisés, ils savaient ce qu'ils devaient faire. Le sort pour le AF200 a été similaire, sans utilisation d'arme, ce qui n'a pas enclenché d'hémorragie de thirium. Et donc lui a permis de se déplacer de quelques mètres.

Reed ne pouvait s'empêcher de ressentir un frisson d'effroi en entendant les détails, le mot arraché et pompe de régulation en était la cause : pour autant sa compassion pour les robots n'avaient pas bougé d'un poil.

— J'imagine que c'est une sorte de cœur la pompe de régulation. C'est ça ? demanda Reed, curieux.

L'androïde marqua un temps, comme s'il réfléchissait à la réponse.

— Oui, finit-il par répondre. Sauf que l'on a environ deux minutes pour s'en procurer une autre. Avant que notre système ne se brouille.

— Et ensuite ? Fit Gavin, bien décidé à tester la résistance au stress du RK900.


Le RK900 marqua une pause, comme s'il hésitait à continuer.

"Notre système de vue grésille" commença-t-il. « Les fonctions non vitales se désactivent partiellement, tel que le son ou l'ouïe, le sens du touché. Pour finir, lorsque notre système n'est même plus en mesure d'alimenter les composants essentiels, plus de possibilité pour se déplacer. À la toute fin, une sauvegarde d'urgence est faite pour des modèles très avancés, permettant un transfert de données essentielles, mais avec tout de même une carence face aux apprentissages plus subtils. Pour les autres, il s'agit d'une extinction définitive, c'est ce qu'on appelle être désactivé. C'est le cas ici. Vous êtes satisfait ? »


Le détective se contenta de bredouiller un « bien » d'un ton satisfait. Il savait que les androïdes n'étaient pas censés avoir de conscience, mais la manière dont le RK900 avait décrit sa propre destruction était assez troublant.


Et puis, au milieu de ce brouhaha, au milieu de cette enquête, alors même que Reed et le RK900 se trouvaient à proximité, quelque chose, un choc, un bruit à peine perceptible, une simple vibration traversa le plafond. Ils levèrent la tête et se regardèrent, Gavin s'exclama alors :

« Tu as entendu la même chose que moi là ? »




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