Bart et Hugo, une histoire d'amour
Chapitre 4
Quelques minutes sous l’eau tiède de la douche n’ont pas crée de miracle. Lorsque Bart en ressort, la situation est toujours aussi compliquée mais au moins, il est prêt à affronter la journée. Il prend des vêtements dans le panier à linge propre que sa mère a laissé sur le sèche-linge et s’habille. Un bermuda bleu clair et un polo saumon. Puis il quitte la salle de bain. Sara est prostrée en pleurs sur le canapé avec Flore qui essaie de la réconforter.
Bart : Elle est encore là, elle ? Dit-il d’un ton froid.
Flore : Bart ça suffit ! Tu vas te calmer maintenant. Qu’est-ce que c’est que ces façons de parler à Sara ? Des disputes ça arrive dans tous les couples mais là tu dépasses les bornes. Tu vas t’asseoir et Sara et toi, vous allez parlez.
Bart : Non mais en fait, tu comprends rien quoi ! Répond le jeune homme à cran. Sa mère est complètement à côté de la plaque et ce n’est pas à elle qu’il va pouvoir se confier. Je veux pas m’asseoir, je veux pas parler avec cette meuf. Je veux plus rien à voir à faire avec elle.
Flore : Qu’est-ce qu’il t’arrive ? Où est passé mon fils ?
Bart : Il est là devant toi mais tu le comprends pas.
Flore : J’essaie. Bart, quoi qu’il se soit passé entre Sara et toi, tu ne peux pas la mettre dehors manu militari. Où est-ce qu’elle va aller ?
Bart : Chez Jess ou n’importe où ailleurs. Je veux plus la voir. De deux choses l’une. Soit elle se barre, soit c’est moi.
La voix de Bart est si déterminée, son visage si fermé, que Flore comprend qu’il ne plaisante pas.
Sara : Bart, s’il te plaît... Supplie la jeune femme, sanglotant.
Bart ne lui adresse même pas un regard.
Bart : Je suis sérieux mams. C’est elle ou moi.
Et sur ces mots, il quitte sa maison. Il n’a plus de temps à perdre avec Sara. Il s’en fiche totalement. Tout ce qu’il veut, c’est trouver une solution pour sortir Hugo du pétrin dans lequel il est. La seule chose qu’il voit à faire pour l’instant, c’est de se rendre au commissariat pour en savoir plus. Lorsqu’il arrive, il se dirige vers le bureau de Karim mais il est vide alors il s’adresse à Lucie.
Bart : Lucie, il faut que je te parle.
Lucie : De quoi Bart ?
Bart : De Hugo. Il n’a rien fait, c’est des conneries tout ça.
Lucie : Écoute, on a un témoin qu’il l’a reconnu. On parle de cambriolage, c’est grave Bart.
Bart : Votre témoin c’est Sara. Je le sais, elle me l’a dit elle-même.
Lucie : Et même si c’était le cas, qu’est-ce que ça peut faire que ça soit elle ou quelqu’un d’autre ?
Bart : Ça fait que votre témoin n’est pas fiable. Elle ment.
Lucie : Pourquoi elle ferait ça ? Elle n’a aucun intérêt à inventer un truc pareil, Bart.
Bart : Bien sûr que si. Elle est jalouse.
Lucie : Jalouse ? Demande la jeune femme, perplexe.
Bart : Hier je lui ai dit que Hugo et moi, on était amoureux. J’ai rompu avec elle. Et comme par hasard, juste après elle vous appelle pour le dénoncer pour des cambriolages imaginaires. Tu ne trouves pas ça bizarre ?
La révélation de Bart a pour effet de faire douter l’officier de police. Effectivement, la coïncidence est troublante entre les deux événements. Et puis Sara n’est pas connue pour être quelqu’un de très fiable. Elle a déjà menti par le passé.
Lucie : Toi et Hugo, vous êtes en couple ? C’est la vérité ou tu me dis ça pour essayer de sortir ton ami de là ?
Bart : Tu crois que j’irai inventer une histoire pareille ?
Lucie : Non, tu as l’air sincère... Répond la jeune femme en observant l’expression du visage de Bart.
Bart : Alors relâche Hugo ! Sara a menti, elle dit n’importe quoi pour essayer de nous séparer.
Lucie : Bart, c’est pas si simple.
Bart : Bien sûr que si. Je te dis qu’il n’a rien fait.
Lucie : Et je dois te croire sur parole ? Il y a bien eu un cambriolage hier dans la villa indiquée par Sara. Le ou les voleurs sont partis juste au moment où on arrivait. On a passé la maison au crible, on a des indices.
Ces mots font frémir le jeune homme. Il se demande de quels indices parle Lucie. Est-ce que lui ou Hugo ont laissé une empreinte ? Non impossible, ils avaient des gants. Tout à coup, il pense à quelque chose. Hugo a saigné... S’ils ont relevé son ADN, c’est foutu. Il essaie tout de même de ne pas montrer son stress et continue de répondre au lieutenant Salducci.
Bart : Bah peut-être mais c’est pas Hugo ! Hier, lui et moi on a fait du kite et ensuite un footing. On était ensemble toute la journée.
Lucie : Je vois bien que tu tiens à lui, Bart. Mais Karim est en train de l’interroger. On va fouiller son portable. La scientifique analyse ce qu’on a trouvé sur la scène de crime. Si ce n’est pas lui, on le prouvera. Mais si c’est lui... Elle ne finit pas sa phrase.
Le stress envahit de plus en plus Bart. Ça part vraiment mal tout ça. Putain le portable... Hugo lui a envoyé une photo de la maison en disant que c’était son dernier coup. Là il va falloir être sacrément intelligent pour trouver une explication.
Bart : Je veux le voir. Je veux voir Hugo !
Lucie : Impossible. Je viens de te dire que Karim l’interroge. C’est pas la fête foraine ici, c’est un commissariat.
Bart : Bon, alors je vais l’attendre. Puisqu’il est innocent, il va sortir. Alors je l’attends. Réplique le jeune homme avec une assurance bien feinte. Au fond de lui, il est en panique. Mais il ne veut rien montrer.
Lucie : Très bien, fais ce que tu veux. Si tu as du temps à perdre, je t’en prie fais toi plaisir. Je vais te laisser, moi j’ai du travail.
Le lieutenant s’éloigne en laissant Bart seul. Il s’assoit sur un fauteuil dans le hall. Il est dévasté. Comment va-t-il pouvoir sortir son amoureux de là ? Les flics vont trouver leurs échanges de sms. Et pour un peu qu’ils aient relevé son sang dans les graviers du jardin de la villa...
Bart : Réfléchis Bart, réfléchis ! Murmure-t-il à moitié pour lui-même.
Pendant ce temps-là en salle d’interrogatoire.
Karim : Qu’est-ce que vous faisiez hier dans la soirée ?
Hugo : Un footing avec mon mec. Bart Vallorta, vous le connaissez je crois.
Karim : Bart est le petit ami de Sara.
Hugo : Plus maintenant, capitaine.
Karim n’en croit pas ses oreilles. En interpellant Hugo ce matin, il avait bien eu un doute car Bart était là de bonne heure. Mais maintenant, la chose était sûre. Il devient encore plus froid avec Hugo.
Karim : Vous avez fait du footing toute la soirée ? Vous êtes marathoniens ? Rétorque-t-il avec sarcasme.
Hugo : Non pas toute la soirée, capitaine. Je me suis blessé en trébuchant. On est allés aux urgences. La grand-mère de Bart m’a recousu.
Karim : Tiens donc. Donc si je l’interroge, elle me confirmera ça ?
Hugo : Avec certitude.
Karim : Parle-moi de la somme d’argent qu’on a retrouvé dans ton van. Huit cent euros, c’est pas rien.
Hugo : Vous êtes amnésique capitaine ? Bart vous a dit que c’était son argent.
Karim : Fais attention à comment tu me parles... Et qu’est ce qu’il foutrait avec autant d’argent sur lui, hum ?
Hugo : Je sais pas, demandez-lui.
Karim : Tu as réponse à tout, petit malin. Mais tu sais qu’en ce moment, on analyse ton portable ? A ton avis, on va y trouver quelque chose ?
Un souffle de peur traverse l’esprit du jeune homme. Il sait que les policiers vont trouver quelque chose dans son téléphone...
Karim : Ah c’est marrant. D’un coup, tu n’as plus l’air aussi sûr de toi.
Hugo reste silencieux. Son cerveau bouillonne. Avant, il s’en foutait de se faire prendre. Ça faisait partie du jeu et il le savait. Mais maintenant qu’il y a Bart dans sa vie, c’est une autre histoire. Il l’aime et l’idée d’être séparé de lui pendant des mois lui est insupportable. Alors il reste impassible face au capitaine Said et décide de ne plus dire un mot.
Pelotonné sur son fauteuil en plastique, Bart cherche une solution. Ça tourne et retourne dans sa tête. Le téléphone c’est un problème. Le sang perdu dans le jardin, c’est un deuxième problème. S’il ne lui vient pas une illumination très rapidement, Bart sait que son petit ami va tomber pour les cambriolages. Et ça, c’est hors de question pour lui. Si seulement il pouvait parler à Hugo, juste une minute... Soudain, il entend Karim et Lucie discuter. Il tend une oreille.
Lucie : Bart dit qu’ils étaient ensemble toute la soirée.
Karim : Hugo dit à peu près pareil. Il a ajouté qu’ils avaient été aux urgences pour qu’il se fasse recoudre une plaie et que c’est Marianne Delcourt qui l’a fait.
Lucie : D’où le pansement qu’il a sur la jambe droite.
Karim : Il dit qu’il a trébuché en faisant du footing. Moi je suis persuadé qu’il ment et qu’il s’est blessé en s’enfuyant de la villa.
Le sang de Bart ne fait qu’un tour. Karim pense Hugo coupable et le connaissant, il fera tout pour le prouver. Ça urge. Il faut trouver une idée.
George : Lieutenant, il y a des textos très intéressants dans le portable de Hugo Quéméré, venez voir.
Et merde ! Là ça devient grave. Bart doit absolument voir Hugo, peu importe comment. Mais il faut qu’il lui dise qu’ils ont trouvé les messages échangés entre eux et qu’ils se mettent d’accord sur une version à raconter. Il connaît assez bien le commissariat et sait où sont les salles d’interrogatoire mais y pénétrer sans se faire voir, c’est une autre affaire. Mais il faut qu’il essaie ! Raser les murs et se faufiler dans la salle, trop risqué. Il y a des caméras partout. Passer par l’extérieur, voilà la solution.
Essayant de rester discret, il ressort du bâtiment et fait le tour par la pelouse. Les salles d’interrogatoire sont au premier étage. Il faut faire un peu d’escalade mais ça n’arrête pas le jeune homme. Il prend appui sur la fenêtre du rez- de-chaussé et agrippe le rebord de celle du premier étage puis s’y hisse. Un coup d’oeil à l’intérieur lui permet de voir que son amoureux est là, assis à une table, tout seul. La porte doit être gardée par un agent. Il frappe au carreau. Hugo tourne la tête et constate, ahuri, que son amoureux se tient dehors, à moitié dans le vide. Il se lève et ouvre la fenêtre.
Hugo : T’es fou ! Qu’est-ce que tu fais ? dit-il à la fois impressionné et inquiet.
Bart : Il fallait que je te parle !
Hugo : Si tu te fais prendre, tu vas avoir des emmerdes, Bart !
Bart : Je m’en fous !
Hugo : Bart...
Bart : Écoute moi ! Ils ont trouvé nos textos. Ils savent pour celui où tu m’as envoyé la photo de la villa.
Hugo : Je sais... le flic m’a dit qu’ils avaient mon téléphone.
Bart : Il faut qu’on invente un truc.
Hugo : Mais quoi ?
Bart : Euh... Il réfléchit. On peut dire que... euh... que c’était juste un défi ?
Hugo : Un défi ?
Bart : Oui, un défi. Disons que je t’ai lancé le défi de trouver une villa avec piscine dans laquelle on pourrait se baigner.
Hugo : Ah oui super idée. Violation de domicile, c’est pas vraiment autorisé par la loi non plus Bart.
Bart : C’est quand même moins pire que cambriolage ! On peut toujours dire que tu avais repéré cette villa mais qu’au final, on n’y est pas allés. J’ai dit qu’on avait passé toute la journée ensemble.
Hugo : Sauf que les flics savent très bien que la baraque a été cambriolé.
Bart : Hasard ? Mensonge des propriétaires ?
Hugo : Il vaudrait peut-être mieux que j’avoue...
Bart : Non ! Crie à moitié le jeune homme, désespéré. S’te plaît, fais pas ça Hugo. Tu risques gros dans cette histoire et je pourrais pas supporter de te perdre.
Le temps s’arrête un instant et les deux amoureux se noient dans le regard de l’autre.
Hugo : T’es fou... répond Hugo, secouant la tête d’un petit air amusé en voyant son homme accroché au rebord de la fenêtre comme Roméo au balcon de Juliette.
Bart : Fou de toi, oui. Alors tu me promets, tu n’avoues rien, d’accord ? Je vais te sortir de là.
Hugo : Promis.
La voix de Karim résonne au loin. Les amoureux savent qu’il va revenir d’un instant à l’autre. Alors ils s’embrassent dans l’urgence. Mais Bart glisse et tombe, heureusement dans un buisson de fleurs juste en dessous. Il se relève et fais signe à Hugo que tout va bien puis il s’en va. Hugo referme précipitamment la fenêtre et se rassoit sur son siège juste avant que le capitaine n’entre à nouveau. Bart sait qu’il a besoin d’aide. Et il ne voit qu’une personne pour le tirer de ce mauvais pas. Il appelle alors un Uber et se rend au mas Vallorta.