Bart et Hugo, une histoire d'amour
Chapitre 3
Anna se prépare tranquillement un café quand quelqu’un frappe à la porte. Elle regarde sa montre. A peine 8h30. Qui peut bien venir la voir de si bonne heure.
Anna : Maman ? Bonjour...
Marianne : Bonjour. Je peux entrer ?
Anna : Oui bien sûr.
Marianne : Tu es toute seule ?
Anna : Oui, Karim est parti super tôt.
Marianne : Très bien, ajoute-t-elle en posant son sac à main sur la table. Je voulais te parler de quelque chose et je préfère qu’on soit toutes les deux.
Anna : Tu m’intrigues. Répond Anna d’un air dubitatif.
Marianne : Cela concerne Bart.
Au moment où la jeune femme entend le prénom de son fils, elle ressent un stress. Si sa mère vient la voir, c’est qu’il y a quelque chose d’important car elle a peu de relation avec son petit-fils.
Anna : Qu’est-ce qu’il a ? Il est malade ? Demande-t-elle d’une voix inquiète.
Marianne : Non mais... J’ai l’impression qu’il est sur une mauvaise pente.
Anna : C’est-à-dire ? Sois plus claire.
Marianne : Je l’ai vu hier. Il est venu à l’hôpital avec un... ami... qui s’était blessé.
Anna : Pourquoi tu dis ami de cette façon ? On dirait que tu parles d’un cafard qui serait rentré dans ton oreille. Répond la jeune femme avec sa répartie habituelle face à sa mère.
Marianne est clairement gênée d’aborder le sujet mais elle pense qu’il faut qu’Anna soit au courant de l’évolution de son fils.
Marianne : Je crois que c’était plus qu’un ami pour Bart. La façon dont ils se regardaient, dont ils se... touchaient...
Anna : Tu veux dire que Bart sort avec un garçon ? Ajoute Anna, visiblement surprise mais pas choquée. Sa mère ne répond pas mais son visage parle de lui-même. Et donc ?
Marianne : Bah enfin Anna ! Tu te rends compte ? Il était avec cette petite jeune là, Sara, depuis quelques mois et là soudainement, il se présente devant moi avec un garçon...
Anna : Et c’est ça que tu appelles être sur la mauvaise pente ? Dans quel siècle tu vis, toi ? Répond la jeune femme, agacée par la réaction stupide de sa mère. Bart sort avec qui il veut, ça le regarde !
Marianne : Tu prends ça avec un calme qui ne te ressemble pas. Ton fils se laisse entraîner dans une relation comme ça, et tu ne dis rien.
Anna : Je te pensais bien plus ouverte d’esprit que ça. Et surtout, plus éduquée. Marianne semble piquée au vif par la réflexion de sa fille mais Anna ne lui laisse pas le temps de répondre. Il ne s’est pas laissé entraîner comme tu dis. Je ne sais pas si tu es au courant, mais les sentiments ça ne se commande pas. S’il est avec ce garçon, c’est parce qu’il en a envie. Ça ne me regarde pas, et toi non plus. J’aurais préféré que ça soit lui qui m’en parle, plutôt que tu viennes jouer les rapporteuses.
Marianne : Je m’inquiète pour lui ! Et tu devrais toi aussi. Il y avait un truc bizarre hier. Ils m’ont dit que ce garçon, Hugo, s’était blessé en faisant du footing mais je crois qu’ils ont menti. La plaie ne correspondait pas à ce qu’ils me racontaient.
Anna : Tu vois vraiment le mal partout ! Répond la jeune femme d’un ton de plus en plus agacé. Arrête un peu de jouer les apprentis détectives et fout la paix à Bart. Quoi qu’il se soit passé, il est venu te voir. Il a eu confiance en toi et regarde comment tu le traites...
Marianne : Tu devrais quand même lui parler. On ne sait rien de ce Hugo.
Anna : Oh mais c’est pas vrai ça ! Tu es en boucle, tu me fatigues ! S’il était venu te voir avec une Marie au lieu d’un Hugo, tu ne serais même pas là ce matin. Tu te serais seulement dit qu’il avait changé de copine. Laisse le vivre sa vie. Quand il sera prêt, il me parlera de son copain, et je l’écouterai. Allez, va travailler !
Marianne : Tu me jettes dehors ?
Anna : Non. Je te conseille juste d’aller aider des gens qui ont vraiment besoin de toi.
Marianne : Très bien... Répond-elle d’un ton amer. On en reparlera.
Anna : Oui c’est ça. Allez, bonne journée maman.
Pendant ce temps-là au van, les deux amoureux prennent leurs petits-déjeuners dehors sur la petite table de camping à l’ombre du parasol.
Hugo : Ça va être difficile de ne pas faire de kite pendant 10 jours !
Bart : C’est la dure loi du métier de cambrioleur. Répond le jeune homme d’un ton taquin.
Hugo : Haha très malin... Rétorque son compagnon en faisant une petite grimace amusée.
Bart : Je me disais que justement, puisque tu ne peux pas kiter pour l’instant, on pourrait peut-être s’éloigner de Sète quelques jours ?
Hugo : Qu’est-ce que tu as en tête ? S’interroge Hugo, curieux.
Bart : On pourrait faire un petit road-trip jusqu’à Nice ? Peut-être même l’Italie ? Juste toi et moi, libres comme l’air.
Hugo : Intéressante idée monsieur Vallorta. Commente Hugo avec un petit sourire complice.
Bart : C’est vrai ? Ça te plairait ?
Hugo : Évidemment !
Le visage de Bart s’illumine d’un immense sourire et ses yeux pétillent de joie. Il se penche vers son homme pour l’embrasser mais ils sont vite interrompus par des pneus de voitures qui freinent sur le sol. Ils constatent, ahuris, que deux voitures de police viennent de se garer sur le terrain vague, près d’eux.
Bart : Putain c’est quoi ça ?
Hugo ne répond rien mais un mauvais pressentiment l’envahit et il se lève de son siège de jardin, l’estomac serré. Karim, Lucie et quatre autres policiers sortent des voitures et se dirigent vers les jeunes garçons.
Karim : Hugo Quéméré, vous allez venir avec nous. Dit-il d’une voix glaciale, en constatant que Bart est là, à une heure aussi matinale...
Hugo : Et pourquoi ? Demande le jeune homme, d’un ton aussi naturel que possible.
Karim : Vous êtes soupçonné d’être responsable de plusieurs cambriolages à Sète ces dernières semaines.
Bart : T’es sérieux là Karim ??
Karim : Ne te mêle pas de ça, Bart.
Bart : Donc déjà toi, tu me donnes pas d’ordre ! T’es pas mon père ! Répond le jeune homme, très énervé.
Hugo : Calme-toi Bart, ça va aller... Ajoute Hugo en posant tendrement sa main sur le bras de son petit ami. Les yeux dans les yeux, ils se comprennent en silence. Je vais aller avec eux, ça va bien se passer.
Pendant ce temps-là, deux des policiers sont entrés dans le van et fouillent. L’un deux ressort avec la liasse de billets volés la veille.
Le policier : Capitaine, regardez ce que je viens de trouver.
Karim : Intéressant ! Ça fait beaucoup d’argent pour un jeune homme sans emploi comme vous.
Bart : C’est mon fric ! Bart monte au créneau pour défendre son compagnon.
Lucie : Depuis quand tu te balades avec autant d’argent sur toi, Bart ?
Bart : Je suis riche ! Je peux me permettre.
La réplique de son petit ami fait pouffer Hugo de rire.
Karim : Hey ça va toi, fais pas le malin. On t’embarque de toutes façons. Et sur ce, il passe les menottes à Hugo et commence à le faire marcher rapidement vers les voitures. Sa jambe étant encore douloureuse, le jeune homme boitille.
Bart : Putain mais c’est pas un chien ! Crie à moitié Bart, en les suivant. Faites attention là, il est blessé !
Karim : Je te le répète Bart, ne te mêle pas de ça !
Bart : T’es vraiment un connard toi !
Cette réflexion fait stopper Karim sur le champ. Il se retourne, tout en tenant toujours Hugo par les menottes.
Karim : Tu me parles encore une fois comme ça, et je t’embarque aussi Bart. T’as compris ?!
Bart : Tu crois que tu me fais peur ?
Hugo : Bart, s’te plaît... Répond Hugo d’un ton suppliant. Il ne veut pas que Bart se foute dans la merde. Ça va aller je te dis.
Bart n’est pas sûr que ça aille... mais pour Hugo, il se calme.
Bart : Ok...
Karim : Écoute ton pote, Bart.
Bart : Tais-toi toi. Tu sais même pas de quoi tu parles.
Karim fait monter Hugo à l’arrière de la voiture et claque la porte.
Karim : Je serais toi, je l’attendrais pas de si tôt. Il est dans la merde, ton pote.
Bart : Il n’a rien fait !
Karim : C’est pas ce que dit notre témoin.
Quoi ? Un témoin ? Qui ça ? se demande Bart. Sur ces mots, Karim remonte en voiture et ils partent.
Bart reste sans bouger pendant un long moment. Il arrive à peine à réaliser ce qu’il vient de se passer. Hugo et lui déjeunaient tranquillement en amoureux et soudain, une tornade s’était abattue sur eux. Il tourne et retourne ce « témoin » dans sa tête. C’est impossible, ils avaient vérifié. Il n’y avait personne aux alentours. Et puis surtout, qui aurait pu reconnaître Hugo ? Il était à Sète depuis un mois et traînait toujours avec les mêmes personnes. Puis soudain... un flash ! Bart comprend que la seule personne qui a pu faire ça, c’est Sara... Il n’y a qu’elle qui était au courant des cambriolages. Son sang ne fait qu’un tour. La rage le prend. Il attrape son téléphone et court à toute vitesse à l’arrêt de bus. Pendant tout le trajet, il bouillonne sur son siège. Quand enfin il arrive chez lui, il entre en trombes. Sa mère est en train de finir son petit-déjeuner, aux côtés de Sara.
Flore : Bart ! Mais tu étais où chéri ? Je me suis inquiétée ! Tu n’as répondu à aucun de mes messages.
Mais Bart ne prête même pas attention à sa mère. Il se plante devant Sara et la fixe d’un regard si noir que la jeune femme en frémit.
Bart : C’est toi ?? Demande-t-il d’une voix grave.
Flore : Elle quoi ? Interroge la quadra d’un air déboussolé. Elle n’a jamais vu son fils aussi énervé.
Bart : Répond putain ! Réplique le jeune homme, enragé.
Sara : Je l’ai fait pour toi... Bredouille-t-elle, apeurée par l’expression du visage de son ex.
Bart : Non tu l’as fait pour toi, espèce de garce !
Flore : Bart ! Mais ça va pas ? Pourquoi tu parles à Sara comme ça ??
Bart : Reste en dehors de ça, mams ! Répond Bart sans même la regarder.
Sara : Hugo est un délinquant ! Il bousille ta vie. Je ne pouvais pas rester sans rien faire.
Bart : Non mais je REVE ! Pour qui tu te prends toi ? D’où tu décides de ma vie ?
Flore : Quelqu’un peut m’expliquer ce qui se passe ? Demande-t-elle, stressée.
Sara : Tu mérites mieux Bart ! Mieux qu’un petit brigand qui cambriole des baraques.
Bart : Je mérite quelqu’un comme toi c’est ça ? Une petite balance égoïste et jalouse ? Tu me mets en danger aussi, tu le sais et tu t’en fous ! Toi, tu es complètement innocente dans l’histoire, bien sûr... C’est pas comme si tu avais piqué dans une baraque avec lui aussi...
Flore : Quoi ?? Flore tombe des nues. Elle ne comprend rien à ce qui se passe. C’est quoi cette histoire là ?
Sara : Mais ouvre les yeux Bart ! C’est fini pour lui, il va aller en taule !
Bart : Tu prends tes affaires et tu te casses ! Il l’attrape par le bras et la force à marcher jusqu’à leur chambre. Flore les suit, complètement paniquée par la situation. Bart prend la valise de Sara sous leur lit, ouvre l’armoire avec pertes et fracas, et prend une pile de linge appartenant à la jeune femme puis la balance dans la valise.
Sara : Bart... Supplie-t-elle, en larmes. Bart, arrête. On peut se réconcilier, je te jure. Je t’en veux pas pour Hugo. Je te pardonne de m’avoir trompée.
C’est une tornade qui s’abat sur Flore, qui vient de comprendre que son fils sort avec un garçon. Elle reste muette de surprise.
Bart : Moi je ne te pardonne rien ! Crie-t-il comme un animal enragé. T’es qu’une sale garce et je déteste ! Les pleurs de la jeune femme redoublent d’intensité. Tu as dix minutes pour dégager de chez moi !! CASSE-TOI !
Puis il sort en trombes de sa chambre, laissant Sara dévastée. Flore, qui ne comprend rien à ce qui vient de se passer, le suit dans le salon.
Flore : Mais enfin, Bart tu vas m’expliquer ce qui se passe ou quoi ?? Tu découches sans donner de nouvelles et là tu débarques pour jeter ta copine dehors. C’est qui ce Hugo ?
Bart : C’est mon mec ! Balance-t-il du tac au tac.
Flore : Ton... mec... ? Répète-t-elle d’un ton mal assuré comme si elle avait mal compris. Depuis quand tu... ? Elle ne peut finir sa phrase.
Bart : Tu sais quoi ? Je suis pas d’humeur pour tes leçons de morale à deux balles là ! Je vais prendre une douche !
Flore : Bart, attends !
Mais Bart n’écoute rien et s’enfuit vers la salle de bain où il s’enferme. Il se déshabille et saute dans la douche. Lorsque l’eau commence à couler sur son visage, quelques larmes s’échappent de ses yeux. Comment la situation a-t-elle pu lui échapper à ce point ? Hugo est vraiment dans la merde, là. Et si Bart veut avoir une chance de vivre son amour pour lui, il va devoir trouver une solution pour le sortir de ce bourbier.