Bart et Hugo, une histoire d'amour
Chapitre 2
Au bout d’un temps qui lui semble interminable, Bart finit par s’arrêter de courir en voyant ce qui ressemble à une impasse avec un porche isolé. Un abri de fortune pour reprendre son souffle, et vérifier que Hugo ne perd pas la moitié de son sang. Il le dépose au sol. Hugo s’assoit par terre et Bart lui fait face, accroupi.
Bart : Ça va ? dit-il essoufflé.
Hugo : Tu m’as pas laissé... répond-il en regardant Bart dans les yeux, l’émotion au bord des lèvres.
Bart : Quoi ? Rétorque le jeune homme, ne comprenant pas où veut en venir Hugo.
Hugo : On était à deux doigts de se faire choper et de passer des années en taule, mais tu ne m’as pas laissé derrière toi...
Leurs regards s’émeuvent, leurs coeurs battent la chamade, le moment est très fort entre eux. Bart prend le visage de son petit ami au creux de ses mains avant de répondre.
Bart : On est ensemble. Répond le jeune homme d’une voix grave et sincère. Il pèse chacun de ses mots. Ça veut dire beaucoup pour moi. On merde ensemble, on assume ensemble, c’est tout. Je serais quel genre de mec si je me barrais comme un lâche en te laissant sur le bord de la route ?
Hugo : Le genre de mecs que j’ai pu connaître avant toi... Ajoute Hugo, la voix émue par la déclaration de son petit ami. Personne ne s’est jamais soucié de moi avant. C’est pas moi l’ange tombé du ciel, c’est toi.
Malgré le stress et l’urgence de la situation, le temps s’arrête entre les deux amoureux et ils ne peuvent s’empêcher de s’embrasser passionnément, se dévorant les lèvres pendant quelques secondes.
Bart : Laisse-moi voir ta jambe. Commente Bart, après leur petit moment intime. Putain tu t’es pas loupé !
Hugo : Faut qu’ils renvoient leur jardinier ! On ne laisse pas traîner des outils en plein milieu du jardin. Répond-il en tentant de plaisanter.
Bart : Non mais sérieux, c’est profond. Tu ne peux pas rester comme ça, faut qu’on aille à l’hosto.
Hugo : Bah bien sûr ! Et on leur dit quoi ? Je te rappelle qu’on a rien sur nous, même pas de pièce d’identité. On n’est pas vraiment habillés comme pour l’été. Ça ne va pas sembler suspect du tout...
Bart : Hugo, tu pisses le sang. Ça ne va pas s’arrêter tout seul.
Hugo : Mais si, on va trouver une solution.
Bart : Je suis intelligent mais pas magicien. Faut aller à l’hosto, je te dis. Je demanderai ma grand-mère, elle est chef de service. Elle ne posera pas de questions, crois-moi. Hugo le regarde d’un air hésitant. Fais-moi confiance...
Hugo : Bon ok.
Bart : On n’est plus si loin que ça. Tu pourras marcher tu penses ?
Hugo : Ouais. Je vais jongler mais ça sera toujours moins chelou que de me faire trimbaler sur ton dos.
Bart : Allez, viens. Dit Bart en se relevant et en tendant les mains vers Hugo, que le jeune homme attrape pour s’aider à se remettre debout.
Hugo : Argh... Tain ça fait mal ! Jure Hugo en grinçant des dents.
Bart : Je vais te remettre sur mon dos.
Hugo : Non, non ça va aller. On va attirer tous les regards sur nous sinon. D’ailleurs, faut qu’on se débarrasse de tout ce qui pourrait paraître suspect. On jette tout sauf le pognon.
Bart : L’ordi, la tablette, on jette alors ?
Hugo : Avec les flics sur nos traces, ça serait trop dangereux de revendre l’informatique, on pourrait se faire choper.
Bart : Ouais t’as raison.
Le jeune homme ouvre alors le sac à dos contenant le butin et ne prend que la liasse de billets.
Bart : Y’a quand même huit cent balles. Dit-il après avoir compté. On s’en sort pas si mal.
Hugo : Ça nous paiera les deux billets pour San Diego. Mais pas plus.
Bart : Je t’ai déjà dit que ma grand-mère m’a laissé de l’argent. On peut en prendre une partie.
Hugo : Et moi je t’ai déjà dit non. Je veux pas que tu claques ton héritage pour moi.
Bart : C’est pour nous... répond Bart en insistant sur le «nous».
Hugo : Mais...
Bart : Bon on en reparlera plus tard. Coupe Bart. On va à l’hosto là. Tu continues de saigner, ça commence à m’inquiéter. Faut pas trop traîner.
Hugo ne répond rien. Il regarde simplement son ange blond d’un air amoureux et lui sourit. C’est bien la première fois que quelqu’un prend soin de lui. D’un pas boitillant, il le suit et les deux jeunes hommes se dirigent vers l’hôpital. Sur le chemin, ils trouvent un container à poubelles et jettent les sacs à dos dedans.
En arrivant à l’entrée de l’hôpital, Bart prend la parole.
Bart : On va dire à ma grand-mère qu’on faisait un footing et que tu t’es blessé.
Hugo : Ok. Par contre fais gaffe à l’argent, il dépasse de ta poche.
Bart : Ah merde ! Constate Bart.
Faisant attention que personne ne le voit, il prend la liasse de billets de sa poche et la place sous la bande élastique de son boxer puis remet son T-shirt déchiré par dessus.
Bart : Voila. Là, personne ne le verra.
Hugo : Mmhh c’est sexy ça ! Commente Hugo d’une voix suave, le regard pétillant. J’aime bien tes petits abdos là... Ajoute-t-il en passant la main sous son T-shirt, laissant ses doigts effleurer la peau de son partenaire.
Bart : Arrête... Dit Bart d’un ton amusé, un petit sourire aux coins des lèvres. C’est pas le moment. Viens.
Prenant la main de Hugo dans la sienne, ils rentrent dans l’hôpital. Ils se dirigent vers le bureau de Marianne et Bart vérifie qu’elle est bien là. Puis il frappe à la porte.
Marianne : Entrez !
Bart : Bonsoir...
Marianne : Bart... Bonsoir. Qu’est-ce que tu fais là ? Tu es malade ?
Bart : Non je vais bien mais... Il se retourne vers Hugo qui attend à l’extérieur du bureau. J’ai un ami qui s’est blessé. Vous pourriez regarder ça ?
Marianne : Oui bien sûr. Tu sais Bart, tu peux me tutoyer, je te l’ai déjà dit.
Bart : Euh oui... répond-il un peu gêné. Même si biologiquement, Marianne est sa grand-mère, il a toujours un peu de mal à être proche d’elle.
Marianne : Bon, je ne vais pas ausculter ton ami dans mon bureau, allons en salle de soins.
Ils sortent tous les deux du bureau et Marianne serre la main de Hugo en guise de bonsoir puis ils se dirigent tous les trois vers la salle de soins la plus proche.
Marianne : Installez-vous. Dit-elle à Hugo en indiquant le lit d’auscultation. Alors, qu’est-ce-qui vous est arrivé jeune homme ?
Hugo : Bart et moi, on faisait un footing. J’ai trébuché et je me suis blessé sur un truc en ferraille.
Marianne : Hum je vois que tu as tenté d’arrêter le saignement en sacrifiant ton T-shirt. Répond Marianne en direction de Bart, qui se tient debout à côté de Hugo. Bon réflexe.
Les deux amoureux échangent un regard complice. Hugo est tellement reconnaissant envers son petit ami.
Marianne : Alors voyons ça. Elle enlève le pansement de fortune et met la plaie à jour. Et bien, c’est une sacrée entaille que vous avez là. Elle inspecte consciencieusement la plaie. Elle a une forme bizarre, un peu dentelée on dirait. Avec quoi vous êtes vous coupé ?
Hugo : Euh... je sais pas trop. Un truc en ferraille. Répond Hugo, embarrassé.
Bart : Ouais c’était un morceau de fer un peu chelou. On aurait dit que ça venait d’un outil de bricolage cassé. Ajoute Bart, essayant de trouver une explication qui tienne la route pour ne pas éveiller les soupçons de sa grand-mère.
Marianne : Je vois... Répond Marianne, se demandant si les deux garçons ne cachent pas quelque chose. Bon, il va falloir que je vous recouse, jeune homme. Êtes-vous allergique à quelque chose ?
Hugo : Non madame.
Marianne : Bien. J’en ai pour quelques instants.
Elle se lève et se dirige vers l’étagère où sont rangés les produits et instruments dont elle va avoir besoin. Elle prépare une seringue avec de l’anesthésiant et pose tout sur un petit chariot prévu à cet effet. Pendant ce temps-là, Bart cajole son petit ami. Il ne peut s’empêcher de tendrement caresser ses cheveux. Il se fiche que Marianne le voit ou pas. Quand elle se retourne, elle constate avec surprise que son petit-fils et son ami semblent plus proches qu’ils ne le disent. Mais n’étant elle-même pas très proche de Bart, pas suffisamment à son goût, elle ne fait aucune réflexion et se rassoit simplement sur son tabouret roulant pour soigner le jeune homme.
Marianne : Il va falloir que je découpe le bas de votre survêtement pour que je puisse correctement vous recoudre.
Hugo : Pas de soucis. Il était déjà foutu de toutes façons.
Marianne : Je vais d’abord désinfecter la plaie. Ajoute le médecin après avoir coupé la jambe de pantalon gauche de la cheville jusqu’au genou. Puis je vais vous injecter un anesthésiant. Et ensuite je vous ferai des points de suture. A vue d’oeil, je dirais neuf ou dix.
Hugo : Merci madame.
Marianne : De rien. C’est mon métier. Répond-elle en fixant Hugo du regard. Elle essaie de jauger un peu ce jeune homme qu’elle ne connaît pas mais dont son petit-fils a l’air très proche. En tout cas, il est poli, pense-t-elle. Ça va piquer un peu. Prévient-elle avant d’appliquer le désinfectant.
Hugo : Sssss... Hugo serre les dents et plisse un peu les yeux.
Bart fronce les sourcils et ses mâchoires se crispent. Il n’aime pas voir souffrir son homme. Comme un réflexe, sa main droite attrape celle de Hugo et la serre, son pouce faisant de tendres petits cercles sur le dos de sa main. Cette fois, Marianne n’a plus de doutes. Ces deux-là sont ensemble. Elle se dit qu’elle a dû rater un épisode car la dernière fois qu’elle l’a vu, Bart sortait avec Sara. Mais elle lui posera des questions plus tard. Pour l’instant, il faut qu’elle agisse en médecin et qu’elle suture cette vilaine plaie.
Marianne : Vous n’allez plus rien sentir maintenant que j’ai injecté l’anesthésiant.
Bart : Ça va ?
Hugo : Ouais t’inquiète. Mais je crois qu’il va falloir que je délaisse le kite quelques jours.
Bart : C’est pas grave. On a tout le temps. Par contre... plus de footing, hein ?!
Les deux amoureux se regardent avec complicité. Hugo comprend très bien le message caché sous le mot footing.
Hugo : Promis.
Après quelques minutes, Marianne a terminé de recoudre la plaie de Hugo. Elle lui pose ensuite un large pansement pour la protéger et écrit l’ordonnance pour les antidouleurs et autres produits dont il va avoir besoin.
Marianne : Voilà. Il faut laisser la plaie bien au sec. Si des petits croûtes se forment, vous les enlever à l’aide d’une compresse et de sérum physiologique. Et vous revenez dans dix jours pour faire enlever les fils.
Hugo : D’accord, merci beaucoup.
Bart : Merci Marianne.
Marianne : J’ai terminé mon service. Vous voulez que je vous ramène ?
Bart : Euh... Oui pourquoi pas. J’avoue qu’on est un peu crevés là.
Hugo indique à Marianne où se trouve son van. Dans la voiture, l’ambiance est assez silencieuse. Marianne a plein de questions à poser à son petit-fils mais elle ne sait pas comment aborder le sujet. Et Bart n’est pas vraiment d’humeur à répondre. La soirée a été rude et il est épuisé. Alors elle dépose les deux amoureux sur le terrain vague où Hugo a élu domicile et leur dit simplement bonsoir. Ils montent dans le van, se déshabillent et s’allongent côte à côte.
Hugo : Quelle journée ! J’en peux plus. Dit Hugo d’une voix fatiguée
Bart : On a eu vraiment chaud sur ce coup-là.
Hugo : C’était le dernier coup. Je te l’ai promis. Je tiens mes promesses.
Bart : C’est clair. Je veux plus qu’on prenne des risques comme ça. Je veux qu’on profite ensemble, qu’on s’éclate, qu’on voyage, qu’on soit heureux.
Hugo tourne la tête vers son ange blond et lui sourit tendrement.
Hugo : Quel romantique tu fais.
Bart : Je suis sérieux. Je suis bien avec toi et je veux pas qu’on soit séparés.
Hugo : Moi aussi je suis bien avec toi. Très bien même. Il lui caresse tendrement le visage du bout des doigts, profitant de la douceur de sa peau. Je te mérite pas...
Bart : Hey arrête, ne dis pas ça. Il l’embrasse avec délicatesse pour le rassurer. Il faut que tu te reposes. Allez viens.
Sur ces mots, Bart ouvre ses bras pour accueillir son petit ami convalescent. Le jeune homme se tourne sur son côté droit pour ne pas s’appuyer sur sa jambe blessée et se niche au creux des bras de Bart, qui lui, se place dans le dos de Hugo et le serre tendrement. C’est ainsi, dans les bras l’un de l’autre comme deux pièces de puzzle, que les amoureux s’endorment.