À Cœurs Ouverts

Chapitre 1 : Le Rêve

5510 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 14/01/2024 17:47

Monde des Ténèbres, Château du Roi…

— Kris... Susie...? Vous partez ?

Demande le prince Ralsei, regardant ses deux amis.


— Ouais, en quelque sorte.

Répond Susie.


— Euh, et bien… Je voulais juste dire que…

Commence le prince parlant, le visage dans son chapeau de sorcier vert entre ses deux mains tremblantes.


— Tu peux retirer ton chapeau de ta tête ? Je n'entends que dalle !


— Oh ! Euh oui désolé…


Le prince retira son chapeau, le vent soufflant du paysage noir sur sa fourrure de chèvre blanc. Les yeux ouverts derrière le verre de ses lunettes dans une sensation de chaleur à ses joues roses. Le prince des ténèbres tourne son visage lumineux vers ses amis Héros de la Lumière.


— J’ai vraiment apprécié de vous rencontrer tous les deux, et j'espère qu'on se reverra bientôt. L- La prochaine fois, je vous ferai plein de bons gâteaux, d'accord ?


— Euh… Ouais. Ouais c'est d'accord !


Répond Susie d'un œil largement plus grand que l'autre, ses petites pupilles dans le blanc de ses yeux observes l'apparence claire de Ralsei, jusqu'à là masqué d'une fourrure sombre avec les traits de son visage dessinés en des contours blancs. Susie se secoue la tête et reprend une expression plus neutre sur Kris.


— Rien a dire Kris ?


L'humain à la peau bleue et l'armure de chevalier fait non de la tête.


— Bien… Au-revoir.


Termine Susie, un dernier œil jeté derrière le prince chèvre. Des mains par milliers les saluaient, des sourires et des remerciements leur parvenant. La reptile fit un clin d'œil le pouce levé à un bien drôle de personnage rond avec une visière en forme de pique. Kris posa deux pas à distance symétrique de Ralsei et l'entoura entre ses deux bras. Ralsei ne cachant pas son étonnement et le rendant une dernière fois avant que nos deux héros rebroussent chemin…


. . .


Les semelles en acier du chevalier humain s'appuient en rythme vers l'avant sur une plateforme rocheuse. Une cascade de ténèbres aux couleurs changeantes s'écoulent du ciel jusqu'à la terre. La “Fontaine des Ténèbres” de la prophétie. Nos deux héros de la lumière sont plongés en contre-jour dans une nuit sans lune entourant la cascade.


Toute cette fantaisie n'était que le fruit de leur imagination, n'est-il pas ? Un rêve qu'ils avaient conscience d'être dedans ? Pourtant, leurs paumes éclipsant l’intensité de lumières devant leurs yeux, ils pouvaient compter la silhouette de cinq doigts… Puis, une atmosphère chaude souffle sur le devant de leurs mains tremblantes. Les contours de leurs silhouettes à contre-jour contrastent d'une intensité les enveloppant. Kris et Susie ferme leurs paupières en voyant blanc à la place de noir… puis leurs yeux finalements ouverts : Le noir complet.


— Hé ?? Qu'est-ce qui se passe ??


La voix de Susie se mêlent à un fracas d'objets invisibles dans l'obscurité. Après avoir marché sur des legos ; des tapis ; le pied de Kris et finalement contre le mur, Susie glisse ses paumes le long des surfaces jusqu'à appuyer sur un interrupteur. Des poussières brûlés flottant par-dessous un verre chaud de l'intérieur au plafond. Des cartes en rouge et noires disposées sur un tapis aux mêmes couleurs ; un as de pique dans les cheveux du reptile et un roi sous sa chaussure de lycéenne et non plus d’héroïne.


— La salle de classe condamnée ?


S'interroge Susie, les bras croisés sous les manches de sa veste violette contre son t-shirt blanc, ses chaussures noires contre le tapis. Ses yeux jaunes posés sur Kris, sa peau redevenue jaune sous son pull vert et jaune et son pantalon marron. Plus de doute : Ils étaient de retour à “Hometown”, le “monde réel”. Le bord des lèvres de Susie se tirant en bas.


— Bon. On dira à Alphys qu'on a pas trouvé les craies.


Il était maintenant temps de sortir…


Les rayons de soleil orangés réchauffent la poignée de main violette poussant vers l'avant. Susie et Kris sortent dans le couloir de l'école. Les fenêtres trop grandes pour eux donnent paysage d'un soleil éclipsé par les branches et les buissons de la cour d'école.


— C'est déjà le soir ?? On est resté combien de temps endormis ?!


Une ombre sur les dédales de l'école attirent l'attention de Susie. La reptile repose ses yeux sur un imposant placard au ton contrastant avec la chaleur et la lumière de l'école. Susie marcha devant. De connexion en connexion, sa mémoire réactiva pourquoi elle était dans ce placard…



C'était ce matin même, le soleil d'octobre brillant sur le blanc des feuilles de révision fournis par Alphys, professeure de l'école. C'était une matinée d'école où Kris et Susie sont envoyés chercher des craies dans le placard du couloir principal. Mais plus que des craies à l'intérieur : Ce fut des ténèbres semblant aspirer la lumière sur ses rebords que Kris et Susie découvrirent. Entrant, le placard se referma derrière eux et le sol noir se mit à trembler jusqu'à se briser sous leurs pieds.


Nos deux héros se sont réveillés sur des terres sombres, mais leur offrant des capacités magiques : Le Dark World, en opposition au Light World, leur monde d'origine. Plus tard, ils firent la connaissance de “Ralsei”, le prince “chèvre” des ténèbres et du Dark World, habillé dans une robe de sorcier vert, un cœur noir par-dessus, une écharpe autour du cou et des lunettes rondes sur son visage. Ralsei leur expliqua qu'ils étaient tous les trois les héros d'une prophétie annonçant le retour de trois héros de la lumière : Un humain ; un monstre ; un prince des ténèbres. Ensemble, ils avaient pour objectif d'équilibrer la Lumière et les Ténèbres. Deux forces dont aucune n'était plus mauvaise que l'autre. Seulement, l'équilibre des mondes s'est vu menacé par la création d'une “Fontaine des Ténèbres”, créant un autre monde des ténèbres. Les trois héros de la prophétie devaient la sceller pour rétablir l'équilibre. C'est ainsi que Kris, Susie partirent dans une aventure surnaturelle, jusqu'à maintenant : De retour à l'école. À la maison.


Les semelles noires de Susie se collent et se décollent des dédales plates du hall de l'école, les oiseaux chantant sur les branches d'arbre en face de l'entrée principale. Ses doigts repliés contre ses paumes se réchauffent à l'intérieur de ses poches, Susie arrête son pas et se tourne vers Kris.


— …T'as eu le même rêve que moi Kris ? Ralsei, Lancer, le château… C'était qu'un rêve, hein ?


Son attention se porta jusqu'aux ombres au fond du couloir principal. Ce placard… le goût des Darks Candy encore présent dans sa bouche ne pouvait être onirique… ni même Kris ne pourrait partager le même rêve qu'elle… Et si…


— …


Elle tourne le pas vers Kris, une main hésitante serrant son épaule, loin de sa violence habituelle. Son souffle partant entre ses lèvres élargies par-dessous le jaune de ses yeux plissés.


— Demain, on y retourne. D'accord ?


Kris hoche la tête.

Oui, nous y retournerons.


Ses doigts violets s'écartent en avant au-dessus de l'épaule de Kris. Susie garde son sourire se dessinant bien rarement sur son visage. Le vent d'octobre parvenant entre les ouvertures de la porte d'entrée sur les doigts de Susie poussant la porte vers l'avant. Des rayons réchauffent sa peau malgré les souffles du lac à côté de la ville. Susie se retrouve désormais dehors, devant l'école…


. . .


Ses mains protégés par ce qui souffle sur ses cheveux, Susie circule devant un grand portail noir, un chemin aménant à un manoir. C'était la résidence de la famille des Holiday, prestigieuse et surtout redoutée. La mère de famille était ni plus ni moins que la maire de Hometown. Le père n'en avait pas moins un certain caractère, bien que largement plus appréciable. Et leur fille… soupirant comme une prisonnière tenant un barreau en main ? Mais- Mais que faisait-elle dehors ??


— Noëlle ??


— S- SUSIE ?!


La jeune renne anthropomorphique faisait face au reptile violet. Une jeune "Monstre" comme Susie et les habitants composant Hometown, la fourrure brune légèrement foncée ; de longs cheveux blonds atterrissant sur ses épaules ; un nez rouge au-dessus de ses grandes dents dépassant sa bouche, avec des tâches de rousseurs sur les côtés de son visage ovale ; de longues oreilles pointues dépassant de ses cheveux avec deux bois à la forme de trèfle à trois feuilles à l'arrière de sa tête. Elle porte un pull à carreaux rouges et verts avec une jupe noire, les contours de sa silhouette en piques comme si elle eut un choc électrique. Ses lèvres courbées dessinées en des vagues par-dessous un horizon aux couleurs chaudes sur ses joues.


— Ç- Ça me fait plaisir d’t’voir Susie tu as besoin de quelque chose ??


— Wow relax. Je me demandais juste pourquoi tu attends devant ton portail comme si t'étais jetée dehors.


Répond Susie les mains dans les poches.


— Ah, ça ! Et bien…


Ses yeux se reposèrent sur les barreaux du portail avant de revenir sur Susie… enfin, plutôt le lampadaire juste à côté. C'est moins intimidant.


— J'ai juste oubliée de prendre les clés chez moi avant de partir, ahah…


— Et pourquoi tu ne demandes pas à ta mère de l'ouvrir ?


Noëlle sursaute. Ses traits du visage reculent sur eux-mêmes comme si même son corps se resserrait d'effroi.


— Oh ! Euh, tu sais… Voilà… Maman n'aime pas que je la dérange.


— Mh.


Susie met ses bras en croix devant elle.

Les derniers rayons de soleil arrivant avec peine jusqu’aux branches de bois laissant que des miettes de température au sol. Pourquoi reste-elle avec Noëlle, au fait ?


— …


— …Bon. Bah je vais y aller. Tu n'as… besoin de rien ?


Ses dents derrière ses lèvres se stoppèrent comme un bug à sa demande faite. Quelle question peu naturelle pour Susie, surprise d'elle-même. Plus étonnant encore : Noëlle lui répondit sur l'affirmatif.


— O- O- Oui ! J'ai… Enfin, j'voulais… te… t'offrir quelque chose.


Susie hausse un sourcil. Elle range ses bras le long de sa veste, observant Noëlle sortir de son cartable une… brique enveloppée dans du papier cadeau ?


— C'est quoi ?


Noëlle rougissait de plus belle. Sa fourrure grimpe en température au niveau de ses doigts serrant la “brique” entre ses paumes, les bras tendus vers Susie.


— S- Surpriiiise !


Susie resserra ses doigts sur la “brique”, une douce chaleur sur les surfaces précédemment tenues par la renne les mains derrière son dos… et visiblement stressée avec un sourire bête. Susie arrache le papier cadeau au-dessus. En un clignement, ses chaussures bondit une demi-seconde du sol ; les cercles de ses yeux jaunes s'étirent en des ovales cartoonesques par-dessus sa bouche bée ; ses doigts étranglent férocement les rebords de la couverture collée au museau du reptile. Susie foudroie un très large sourire sur Noëlle.


— VERUM REX ???


Elle recula d'un sabot en arrière. Ses doigts moites serrés entre eux derrière son dos. Ses lèvres reproduisant la même ligne courbée que son interlocutrice avec des yeux fermés.


— O- Oui ! Je sais que tu voulais y jouer, comme ça on pourra jouer ensemble toi et moi !…



— …Ah euh avec Berdly aussi.

Rajoute Noëlle.


— MAIS C'EST TROP COOL !! Vraiment, c’est… C'est la première fois qu'on m'fait un cadeau aussi cool… même la première fois qu'on me fait un cadeau, tout court.


Elle rangea la jaquette à l’intérieur d’une de ses grandes poches, une force lui étirant ses joues en haut et une autre tirant en bas. Son amygdale était neutre de sentiments ; son hippocampe vide de souvenirs et ses membres hésitants de gestes sur comment la remercier elle, Noëlle. Peut-être que… Non, ça serait ridicule, pense-t-elle, ses ongles grattant un côté de son museau drôlement chaud. Ses pupilles noires attirées par les yeux émeraudes de sa camarade de classe, un regard insistant sur ses… joues ?


— Mh ?


— N- Non non rien ! Je- Juste je voulais voir si ça te plaisait.


— Bien-sûr que ça me plait ! Je ne sais juste pas comment réagir, pour… euh, te remercier.


— Ahahah. Si ça te plait, ça me suffit bien. C'est l'essentiel…


Ses joues étirées vers le haut, la ligne formant son sourire redevient droit quand elle peine à voir l'heure sur son poignet. Ça voulait dire une chose : Il était tard. Sa mère n'est toujours pas revenue, et Susie devrait l'être chez elle. Ses joues se dégonflent avec ses bras tombants comme son énergie.


— Bon, il commence à faire nuit, je pense que tu devrais rentrer. Merci quand même d'être venu me voir Susie. Ç- Ça me fait plaisir…


— Hein ? Rentrer chez moi ?

Répond franchement Susie.


— Tu… ne veux pas essayer Verum Rex ?


Les chaussures noires de Susie écrasèrent les feuilles tombées entre elle et Noëlle. Susie posa une main sur l’épaule de Noëlle. La fourrure devenant rouge de Noëlle se démarque presque dans l'obscurité.


— Et te laisser dehors le soleil couché ? Pf ! Ça m'fout le cafard de te voir seule devant ce portail… J'aurais aimée t'inviter chez moi mais crois moi, ça craint grave…


— Mais tes parents-


— On s'en fout non ? Maintenant ou plus tard, je sais ce qui va m'attendre chez moi. Même pas sûr d'avoir le droit de jouer.


— …


— Allez, je prends de quoi grignoter pas loin. Suis-moi.


— Merci Susie.


. . .


Le soleil brille au travers des bois du jeune monstre replié sous sa couverture comme une coquille. Des oiseaux viennent en chorale sur sa tête chevelue tandis que le vent souffle et retire la couverture de son lit, la fenêtre ouverte.


Ses paupières s’ouvrent, éblouies par la lumière entrant. Ses sabots posés sur le paquet, penchant son corps vers deux directions, ne réalisant pas le nid installé sur ses bois, elle s'avança à la fenêtre soufflant l'air froid d'octobre. La vue donnait sur une magnifique montagne : Le Mont Ebolt. Elle pouvait apercevoir la maison de ses voisins "Dreemurs” et une rivière reflétant les étoiles visibles de l'aube. Ses yeux commencent juste à s'habituer à la lumière quand elle aperçoit une mère oiseau partir de sa chambre.


Les yeux ouverts mais à moitié fermés, elle resserre ses doigts autour de la poignée de sa fenêtre. Tout juste fermée, un spectacle des plus inattendues tombait juste devant ses yeux.


— …Oh ! Une étoile filante !


Personne n'avait pourtant prévu une quelconque tombée d'étoile filante en cette matinée. L'étoile était orpheline parmi le ciel et chutait simplement. Elle semblait même sur le point d'atterrir dans le lac. Peut-être que c'était les yeux de Noëlle qui lui jouait un tour. Qu'importe ! C'était l'occasion alors de verbaliser son souhait ! Ses pupilles se concentrent derrière ses paupières ; ses lèvres parlants entre des joues rouges dans un micro imaginaire coincé avec ses doigts joints, paume contre paume. Ses sabots reculant. Noëlle se laissant tomber en arrière dans les bras du marchand de sable…


Mais, ses oreilles identifient trois grognements à l'extérieur… Noëlle rouvre ses paupières, ses doigts écartés devant ses yeux par réflexe, mais éclipsant qu'un paysage déjà sombre. C'était pourtant un bleu dominant il y a trente secondes… Ou elle s’était endormie ? Ses doigts se resserrent en cercle sur la poignée brûlante de froid de la fenêtre. Noëlle tire en arrière son corps tremblant quelques secondes les oreilles inclinées vers un son de souffle grave se formant au-dessus de son toit. Deux petits points noirs à la place de ses pupilles en-dessous des gouttes se formant sur son front. Rien de ce paysage ne semblait naturel… C'était comme une annonce de quelque chose de plus… apocalyptique. Comme elle en voyait dans les films de fin du monde. Elle referma sa fenêtre et recula de cinq sabots en arrière. Le bois sous ses pas transformé en une surface vide de couleurs et de lumières. Les doigts de sa main gauche tenant un bout de pyjama situé face à son cœur. Son souffle entrecoupé par le son du tonnerre.


Ses oreilles bondissent. Ses longs cheveux d’un coup dos à la fenêtre. Noëlle regarde dans l'obscurité la poignée de porte tournant vers la gauche puis la droite. Ses doigts glissent le long de son lit avant de se resserrer sur la poignée. Ses sabots face à la porte.


— Maman ??


Ses doigts tournent et déverrouillent la porte. Noëlle n'eut le temps de la tirer que son bras face à ses yeux blanc fermés s'interposa en bouclier contre les feuilles noire la frôlanr comme des lames jetées. Ses cheveux tirés vers sa fenêtre fermée. Sa fourrure en piques sentant frôler ses livres, son cartable, sa couverture et sa boîte de craies autour d'elle.


Noëlle rouvre ses yeux face non plus à des tableaux accrochés mais à une plaine herbeuse aux arbres arrachés. Ses oreilles tremblantes, un craquement audible lui parvient au-dessus de ses bois à elle. Noëlle relève son visage blanc et froid sur le ciel visible donnant sur l’ombre d’un gros oiseau se décomposant en plusieurs tuiles et planches dans la volée.


Ses doigts serrés sur la poignée sentent cette dernière moins résistante, dans un bruit aigu les ouvrants tendus et écartés. La jeune renne vole au-dessus du sol vers sa fenêtre subitement ouverte. Noëlle ferme ses yeux se laissant emporter elle ne sait où…


. . .


Quelques secondes à peine, ses deux paumes s'écrasent, la fourrure sur une surface rocheuse, ses cheveux retombant sur ses épaules. Sa peau sursautant dans une différence de texture au niveau de ses vêtements.


Noëlle s'appuya paumes contre sol. Le blanc autour de ses pupilles réfléchissent l'éclat du lampadaire, autour de la brume noire encerclant elle et le carrefour routier. Les tonnerre soudains flashent le décor de maisons sans murs ni toits ; des routes fissurées jusqu'aux gouffres bloquants chemins ; des voitures toit contre sol et des morceaux de routes s'élevant comme des collines. Noëlle posa un premier puis un second sabot au sol, tendant son bras enveloppé avec son corps dans une robe blanche de mage avec capuche. Les jambes pendantes en avant et arrière.


Visible par-dessus la brume les séparant : Le Mont Ebolt, un cercle noir lévitant au-dessus avec des orages le recouvrant, attirant les nuages noirs comme un tourbillon autour. Noëlle, le regard fixe, tombe à genoux. Ses mèches de cheveux devant ses yeux, ses lèvres articulent des sons ne sortant pas. Puis désespérée, elle prend une grande bouffée d'air.


— QU'EST-CE QUI SE PASSE ??!! Y A QUELQU'UN ??!!


La respiration prise par Noëlle s'accélère en rythme par des bouffés aussitôt relâchés. Aux contours de ses sabots, le pourtant réconfortant lampadaire projetait une ombre grandissante à contre-jour d'elle. Sa silhouette noire mute en un tout rampant sous ses semelles et arrivant entre elle et le lampadaire. Noëlle se remit debout, les sabots s'appuyant contre le sol avant de bondir un mètre plus loin. Les pupilles en des points noirs fixant la tâche sombre qu'elle prit pour un rat.


La tâche sombre se rétrécit en un centre composant une matière sortante du sol. L'amas d'ombre mute deux antennes sur un oval raccroché à un torse avec deux bras aux longues griffes acérées à la place de doigts. Le reste d'ombre compose finalement ses jambes et deux lumières jaunes faisant offices de yeux s'illuminant sur son visage sans bouche ni nez. Noëlle recule de plusieurs sabots. Les paumes en avant ; doigts levés et écartés ; les dents visibles ; le regard en ligne droite ne lâchant pas la petite bête.


Soudain, son oreille s'incline vers le haut. Noëlle fit dos à l'ombre le menton relevé sur le ciel, les nuages tournants en cercle.



— Q- Qui me parle ?! Où êtes-vous ?!



— “Connecté” ?! Connecté de quoi ?!



— Dis moi ce qui s'passe déjà si tu veux m'aider !!



Malgré le froid tremblant ses oreilles, Noëlle entend parfaitement la voix lui parvenant. Ces mots ne rentrant pas dans ses oreilles, mais sortant directement de l'intérieur. Elle se retourne le sabot droit, une ligne de largeur séparant Noëlle de la bête aux yeux jaune. Son oreille s'incline encore…



— “Sans-Cœur” ?



— L'affronter ?? Comment ??


Et alors : Des secousses vibrent sous la manche blanche enveloppant la peau de son bras droit. Son attention se porte sur ses doigts refusant de se fermer. D'un coup, ses doigts s'écartent, son bras tiré de force, sa paume vers le ciel.


Des éclats grésillent du haut des trottoirs ; des fenêtres de maisons et de la lune au-dessus d'elle. De timides particules de chaleurs se contrastent du noir environnant. Ses doigts s'écartent plus largement et laissent entre-passer des étoiles dansantes se regroupant en une lumière explosant entre sa main et son visage détourné, les yeux fermés. Ses doigts brûlent resserrés en cercle avec sa paume autour d’une forme cylindrique. Un poids pesant dans sa poignée de main. Noëlle retrouve vue sur le décor perdant de ses lumières, tournant son visage les sourcils écarquillés sur ses doigts sans aucune flamme.


Une poignée cylindrique grise, insérée à l'intérieur d'un cercle bleu ciel métallique, avec une minuscule chaîne rattachée. Une lame cylindrique aux motifs rouges et blancs en spirale comme un bâton de sucre. Un rectangle bleu clair avec quatres piques à taille inégale sur le même sommet, rappelant l'image d'un iceberg.


L'oreille de Noëlle s'incline encore…




— Une… ‘Keyblade” ?



— Pour me défendre ?


Soudain, le blanc de ses yeux se resserrent autour de ses pupilles vertes. Son visage se tourne sur la bête où…


— Huh ?! O- Où est-il ??!!


…!


Noëlle sursaute en roulant sur elle-même le corps à l'horizontal, braquant du regard les griffes noires à deux mètres de sa joue. Elle plia genou les dents serrés par la roche frottant contre sa jambe et se releva la Keyblade droit avec elle. Le Sans-Cœur s'avance le bras tendu arrière. L'oreille de Noëlle s'inclina et elle fit un sabot en avant la Keyblade à l'horizontal. Ses mains entre celles de la créature, Noëlle le repousse appuyant son poids en avant et en faisant, elle tend sa lame les bras pliés à droite de sa nuque et assena un, deux, trois, quatre coups sauvages hachant par la pointe son adversaire au sol sans relâche.


Noëlle respire bruyamment jusqu'à ralentir. Ses mèches de cheveux en bataille. La bête noire se décompose en des morceaux disparaissant dans l'air, un sourire tremblant mais satisfait sur le visage de Noëlle s'effondrant assis, la douleur parcourant ses jambes sur la roche, ne remarquant le cœur rose s'envolant du corps noir disparu.


— Alors… C'est… comme ça que… Susie fait ?


Noëlle leva son museau vers le ciel.


— Alors la voix ?? J'ai réussie !


Soudain, elle enfonce ses paumes contre ses oreilles, les dents serrées comme ses paupières. Son corps tremble à faire claquer ses dents. Les genoux pliés face contre sol.



Noëlle rouvrit ses paupières. Elle posa un premier et un second sabot, ses cheveux volants derrière ses épaules, son visage se tourne et voit ses mèches jaunes cacher ses pupilles vertes et rétrécits. Un cercle de nuages noirs enveloppent les plus larges piques de roches du Mont Ebolt, entouré par des cascades noires coulant du ciel. Des lignes irrégulières grossissent jusqu'à s'écarter en des gouffres sur la route. Une autre cascade noire grandit dans le paysage avec une seconde autre puis une troisième…


Et derrière la figure devenue noire du Mont Ebolt, une silhouette large et déformée pose des doigts griffus sur les pointes du sommet. Les contours d'une tête aux yeux jaunes et aux lèvres masquées par une écharpe de branches noires se montrèrent. Des cheveux noirs hérissons et un trou prenant la silhouette d'un cœur sur son torse. Le géant se rapproche en craquant la Terre à chaque pied, fermant ses doigts griffus sur un morceau du mont cédant entre sa paume.


Noëlle entendit la voix lui revenir. Essayant de s'accrocher aux dernières roches formant ce qu'était une route, elle releva la tête droit devant.



— …


Elle tend ses doigts écartés vers la poignée grise de sa Keyblade à l'envers. Elle lève ses deux mains serrées avant de planter la lame dégageant et détruisant des morceaux de roches dans le sol, posant enfin un puis deux sabots sur terre. Sa poignée désormais tirée vers le haut voit son sommet pointé sur le ciel. Ses paupières se battant pour rester ouvertes par le vent.


Elle satura ses pensées et fixa le gigantesque monstre aux yeux jaunes se rapprochant, avant de laisser ses paupières se fermer. Sa cage se remplit par l’intermédiaire de son nez rouge le menton relevé. D'un coup, son visage passe du brun au blanc s'illuminant d’une lumière au sommet de sa keyblade avec des sons aigus et féeriques. Une chaleur glaciale émane sous ses doigts serrés recevant des pics de température par minuscules endroits comme des flocons se posant dessus. Noèlle tire un faisceau de lumière dans le ciel jusqu'entre les nuages…


Et là, l'atmosphère devient plus bleue. Des amas de gouttes gelées tombent et se reposent sur ses épaules par dizaine, centaine, millier… Des secousses viennent faire trembler ses doigts jusqu'à son épaule puis son corps entier. La pluie de flocons se change en un blizzard couvrant la brume devenant blanche, étouffant le jaune du lampadaire se fondant dans le paysage.


La couverture blanche cacha le monstre devant Noëlle, jusqu’à qu’une tâche noire prend forme à cinq mètres devant elle. Des yeux jaunes se démarquent et des doigts griffues s'écartent. La paume du monstre sans cœur s'approche devant le nez rouge de Noëlle jusqu'à qu'un tremblement crée un gouffre séparant elle de lui.


Et alors que le corps tremblant du titan noir se dévoile devant elle, la brume bleue se rétrécit avec la neige tombant par tonnes autour. Et d’un coup sur le monstre, un cataclysme de glace et de neige déchiquète la peau noire de ses doigts tendus s’arrachant en des fragments de glace blancs, s'amputant de sa paume puis elle-même de son poignet. Son bras tremble et ralentit par le froid le dévorant en des cristaux de glace jusqu'à son épaule et son torse. La chute de glace devenant de plus en plus horrible à voir mais également à supporter, son cœur vide en son torse se remplit de liquide gelée avant que ses membres entiers ne cessent de bouger. Sa peau passant de sombre à clair se fondant dans la neige croulant sur lui…


Mais la tempête ne rendait pas Noëlle différente. Saisissant toujours sa poignée, elle retourna et enfonça sa lame sur la neige fraîche autour de ses sabots. Les yeux blancs, vides et sans pupilles, elle resta parfaitement immobile devant ce spectacle prenant forme dans ce théâtre de neige autour d'elle. Puis, les poils de sa fourrure brune se redressent en piques. Le cataclysme de glace grossit et se rapproche vers elle. Ses doigts serrés, elle posa son autre main sur le dessus de la poignée. Des cristaux piégeant ses doigts puis sa main tenue près de son arme. Son nez passe de rouge à blanc ; sa fourrure de brune jusqu'à grise ; ses doigts puis ses avant-bras couverts de cristaux ; le paysage plus qu'un néant vide de couleur enneigée, jusqu'à noir complet. Noëlle essaye de bouger en vain, des tremblements se répètent à l'intérieur de sa tête au crâne chaud…


. . .


— AAAAAAAH !!


C'est avec les joues trempées et les cheveux en bataille que la petite renne rouvre ses yeux, non pas prisonnière d'un cristal, mais… d’une couverture. La bouche pâteuse, la gorge raclée, les paupières dysfonctionnelles se refermant, des gouttes chaudes glissant de ses joues jusqu'à sa couverture.. Elle avait encore cinq doigts, la fenêtre était toujours fermée, aucune mère oiseau sur sa tête et surtout elle n'avait aucune "Clé géante glacée", même les doigts tendus et écartés devant elle. Elle tombe de son lit en roulant avec sa couverture formant une coquille. Les pupilles minuscules face à sa fenêtre, l'accueillant pourtant de la lumière du soleil, se rétrécissent avant qu'elle ne secoue son visage. Elle regarda ses sabots et bondit, criant les yeux grands, assise dans un angle droit à l'autre bout de sa chambre. Ses vêtements ainsi que son cartable tombant de son placard sur ses bois. Noëlle les enfile et tire sa poignée de porte se claquant contre le papier peint de sa chambre. Sa porte restant ouverte et faisant parvenir le rythme de ses sabots claquant chaque marche de son escalier. Puis un dernier claquement de porte avant qu'elle ne retrouve le soleil réconfortant la tenant loin des ténèbres. Clé de son portail en main.



Ce qu'elle avait vu à l'instant ?

Sa simple et habituelle ombre.


. . .


Heures des révisions.


Noëlle s'avance de maison en maison jusqu'à voir son reflet portant son cartable dans une vitre séparant elle des livres et ordinateurs de la librairie. Son partenaire de travail n'est toujours pas arrivé. Sa "autre partenaire" non plus d'ailleurs. C'était le calme après la tempête imaginaire. Elle laissa tomber ses pupilles en soupirant avant d'enlacer ses doigts sur la poignée de porte de la librairie, n'osant se voir seule au milieu de ses camarades groupés.


Sauf qu'il n'y avait strictement personne. Pas même le personnel.


Noëlle arque un sourcil et ralenti le pas. Ses oreilles ne remontent aucune vibration ; sa fourrure aucun souffle. Juste elle et ses échos. Le petit renne continue de marcher jusqu'à la salle des ordinateurs et attrape la poignée. La porte claque le mur sur sa gauche, envoyant valser la jeune renne sur le côté. La lumière sur les contours de la porte ouverte semblait être aspirée comme un trou noir ; une large ombre se tapis sur le sol devant. Noëlle appuie ses doigts contre sol avant de se relever debout. Elle s'approcha des ténèbres, des papillons lui chatouillant le ventre, le pas devenant plus lent que le précédent. Son museau dépassent le cadre de porte avec des pupilles minuscules et ses muscles peinant à garder son cartable sur son dos par le vertige du vide l'envahissant. Des images floues de son cauchemar lui reviennent. Hors de question de s'aventurer dedans. Noëlle tourne le talon puis, ses yeux s'élargissent ; ses bras s'écartent en arrière ; ses sabots s'inclinent avant que ses talons et son cartable glissent et chutent derrière le cadre de porte. Ne voyant plus que ses membres et ses couleurs contrastant avec le vide, l’impression que son corps se retrouve la tête vers le bas, Noëlle resserre ses bras en X et tient fermement sa clé jaune devenant noir comme les paumes et doigts de ses mains. les yeux fermés ou peut-être ouverts, elle ne le sait plus.



Noëlle continue de tomber avant que quelques lumières clignotantes se reflètent sur ses vêtements de nouveaux blancs. Une silhouette encapuchonnée sous un manteau noir regardant depuis le cadre de porte, le visage caché d'une ombre ne laissant voir qu'un unique œil rouge…

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