Relight-S's Life Note
Cela faisait six moi que j'étais arrivée à la Wammy's House et j'avais maintenant sept ans.
Je m'étais maintenant parfaitement habituée à cet étrange orphelinat.
En effet, sachez-le (ou souvenez-vous, tout dépend de qui vous êtes), les enfants d'ici, les Wammy's childrens, comme certains se plaisent à nous appeler, sont différents des enfants lambda.
Outre le fait que la grande majorité de ces orphelins possèdent d'étranges manies ainsi qu'un caractère qui est bien propre à chacun d'eux, ils sont aussi intelligents, très intelligents.
Des génies.
Pour tout ceux qui ne connaîtraient pas, la Wammy's est un orphelinat pour enfants surdoués.
Un orphelinat fondé pour une seule et unique personne, L.
Le Ô vénérable L.
Enfin pour être plus précise, pour trouver un successeur digne de ce nom à L, le meilleur détective du siècle.
Et de ce fait, nous avions, chaque semaine, en plus des cours « standards », des cours de criminologie et des simulations d'enquête.
Bien sûr, à l'issue de ces cours, nous étions évalués et du résultat de ces examens se formait un classement.
Naturellement, plus nous étions haut placés, plus nous avions de chances de devenir un jour L.
Ce classement était très important pour tous les orphelins de la Wammy's House.
Être en tête de ce classement était pour eux un objectif, un but à atteindre ou plutôt LE but a atteindre.
En ce qui me concerne, le miens n'est absolument pas d'être en tête de ce fichu classement et encore moins de succéder à L.
D'une part parce que si, un jour, je parviens à faire des choses fantastiques avec mon cerveau et ma logique, autant que ce soit en mon nom et d'autre part, je ne me vois pas du tout porter « le nom » de quelqu'un de mort, de prendre sa place, de faire comme s'il n'avait jamais existé.
Depuis mon arrivée ici, j'avais trouvé ce que je voulais faire, mon objectif.
Certes, j'allais, tout comme L, enquêter.
Mais pas en tant que future L.
En tant que Moi.
En tant que S.
c'est ce que je voulais.
Ainsi, avec tout les moyens dont je disposerai, je serais enfin en mesure de le retrouver.
Mais revenons en à mon histoire.
Comme je l'ai dit plus tôt, cela faisait six mois que j'étais entrée à la Wammy's.
J'avais exactement sept ans et huit jours.
Je m'étais depuis ces six mois habituée à la nouvelle vie qui est devenue la mienne.
En dehors des cours, je passais le plus clair de mon temps dans "mon" grenier.
Une grande partie de ce temps, je lisais ou j'écrivais.
J'adore écrire.
C'est une des raisons pour lesquelles j'écris ce carnet et le tiens à jour.
Mais surtout, je jouais aux échecs.
En plus d'adorer ce jeu, il m'était très utile pour mes enquêtes, bien que je n'en faisais pas des vraies, car enfin, je n'avais que sept ans à ce moment là.
Ce jeu m'aidait à structurer et à élaborer ma stratégie.
En fait, je jouais les pièces en fonction des actions des criminels sur lesquels j'enquêtais..
En plus de plus de pouvoir anticiper les actes desdits criminels, je pouvais les manipuler et dresser un profil psychologique.
Mais là je m'égare encore, désolée.
Et m'étant habituée à une certaine routine, je ne me doutais pas du tout à ce moment là que cette journée serait loin d'être banale.
Comment aurais-je pu m'en douter, après tout, elle avait commencé normalement.
Comme d'habitude, je suis allée en cours les quatre premières heures de la matinée où j'avais encore entendu ces rumeurs comme quoi il y avait un fantôme dans le grenier, ce qui m'amusait, d'autre disaient qu'il y avait une âme errante qui hantait le grenier et que c'était probablement une victime de Backup.
Je me demandais de plus en plus qui pouvait être ce garçon.
En plus d'avoir la réputation d'un parfait rebelle, on le traitait comme un meurtrier, ce qui n'est tout de même pas rien.
Et puis il y a ce que Fire m'avait dit il y a quelques mois, sur le fait que je ressemble errai à ce Backup.
Bon, il ne l'avait pas vraiment dit mais il m'avait quand même confondue avec lui, ce qui revient au même.
Perdue dans mes réflexions, je mis quelques secondes à comprendre que la sonnerie avait retenti.
Je me dirigeais vers le réfectoire pour prendre le pot de confiture que Roger m'avait mit de côté.
Je l'aimais bien.
Malgré le fait qu'il donnait l'impression de ne pas vraiment apprécier les enfants, il était très gentil avec moi depuis mon arrivée à l'orphelinat.
Ce qui était plutôt étonnant car d'ordinaire, les gens ne m'aimaient pas.
Mon repas je main, je retournais "chez moi" pour terminer les six romans que j'avais à lire et a résumer pour le cours de français.
Au bout de quatre heures et mes résumés rédigés, je décidais de jouer un peu aux échecs.
Seule, comme toujours mais je n'en aimais pas moins ce jeu.
Je m'arrêtai au bout de cinq parties et je décidai de me rendre à la bibliothèque afin de rendre les livres que j'avais emprunté.
En sortant, je vis Roger qui avait l'air contrarié.
-Bonjour Roger, dis-je poliment de ma voix implacablement neutre.
-Tiens ! Bonjour Sha...
-Spirit. Maintenant c'est Spirit, coupais-je.
-Oh ! Tu t'es trouvé un pseudonyme qui te plaît, c'est bien. Spirit, c'est joli.
- Merci.
Oh et merci aussi pour les pots de confiture.
-Mais de rien. Je ne te vois pas beaucoup ces temps-ci, tout va bien ?
-Oui.
-Bien.
Il afficha un sourire crispé avant de tourner les talons.
-Roger ?
-Hm ?
-Quelque chose ne va pas ?
-Ah ! Non tout va bien, juste un élève qui est particulièrement éreintant, il me fatigue.
-Vous devriez vous reposer.
-Merci de ta sollicitude.
Il me sourit encore une fois mais son visage s'était adouci.
Il était vraiment gentil avec moi.
En continuant mon chemin, je m'arrêtais devant la salle de musique dans laquelle je décidai d'entrer.
Un magnifique piano à queue noir ouvert se dressait fièrement au centre de la pièce.
Je ne pus résister à l'envie de m'y asseoir et d'y pianoter une mélodie.
Ma mère avait commencé à m'apprendre le piano quand j'étais petite.
J'avais certes, seulement quatre ans mais je me souvenais exactement de ce qu'elle m'avait apprit, placer mes doigts, les notes, lire des partions...
De tout, d'absolument tout.
Ma mémoire, des fois, je la maudissais.
Je "souffrais" d'hypermnésie.
Ce n'est pas une maladie, je le sais, mais des fois, pour moi, c'est tout comme.
Cette capacité à ce souvenir de tout, ne rien oublier, c'est éprouvant parfois.
On a tous des choses que l'on veut oublier.
Des moments difficiles par exemple.
Les miens me hantent et me hanteront toujours.
Je ne peux pas les oublier, j'essaye pourtant.
Mais c'est impossible, je n'y arrive pas.
Soudainement, une servante entra dans la pièce et me tira de mes pensées.
-S ?
Je tournais nonchalamment la tête.
-Il est tard, il faudrait aller te coucher.
Viens, je vais te raccompagner jusqu'à ta chambre.
-Non, je peux très bien y aller seule, merci, dis-je doucement mais fermement pour faire comprendre à cette surveillante de me laisser tranquille.
Je suis très bien capable de trouver ma chambre seule bien que je n'y aille jamais.
De plus, je ne voulais pas qu'on s'aperçoive que je logeais dans le grenier.
Je regagnais ma "chambre" et m'asseyais sur le rebord matelassé et confortable de ma fenêtre pour regarder l'immense parc de la Wammy's et la ville situés en contrebas.
Les heures passaient petit à petit et les dernières lueurs du jours s'estompaient afin de laisser place à la douce obscurité de la nuit.
Plus tard dans la nuit, j'entendis du bruit.
Des pas plus précisément.
Des pas traînants mais très souples.
Un son qui, je ne savais pas pourquoi, m'étais familier.
D'ailleurs, ça faisait plusieurs fois qu'à la tombée de la nuit quelqu'un venait rôder près de mon grenier sans pour autant y entrer.
Qu'espérait-il y trouver?
Car de toute façon personne ne savait qu'il était occupé.
"Officiellement" ce grenier est et a toujours été vide.
Il y avait juste cette rumeur ridicule selon laquelle un fantôme hanterait les lieux.
Stupide, tellement stupide.
Ah ce que ces enfants pouvaient être puérils parfois !
Naturellement, loin de moi de démentir cette rumeur et faire état de mon existence au sein de cet orphelinat.
J'avais ma précieuse solitude à préserver.
Et je remerciais vraiment Roger de ne pas m'obliger à en sortir inutilement
Soudain, un son m'interpella.
Ou plutôt une absence m'interpella
Les bruits de pas s'étaient arrêtés.
Peut être que le rôdeur s'était décidé à partir.
Non, je l'aurais entendu s'éloigner.
Donc, il était toujours derrière la porte.
Peut être essayait-il d'écouter pour savoir si oui ou non il y avait quelqu'un dans le grenier.
Il pouvait attendre longtemps dans ce cas.
Je ne comptais me trahir ainsi.
Soudainement, la porte s'ouvrit.
Je ne cillai pas.
Je restai là, sans bouger, à contempler le ciel nocturne.
Je réfléchissais à l'identité de l'envahisseur.
Qui, à part Roger, avait la certitude de ma présence ici au point d'entrer?
-Tss ! J'entendais de plus en plus de rumeurs qui disaient qu'il y avait un fantôme ici alors, histoire de me marrer, je suis venu voir mais si j'avais su que c'était toi...
D'un coup, je me pétrifiai.
Cette voix...
Cette vois que je brûlais de pouvoir réécouter...
Non... C'est impossible, ça ne pouvait pas être lui...
Lentement, je me retournai.
Et là ce que je vis me cloua sur place.
J'avais l'impression de me retrouver devant un miroir.
Ces cheveux corbeau, ces perles de sang à la place des yeux.
C'était bien lui..
-Beyond...murmurai-je doucement.
C'était bien mon frère.
-Bonsoir Shadow, répondit-il en souriant.
Je frissonnais.
Cela faisait des mois que l'on ne m'avait pas appelé par mon vrai prénom.
Mais l'entendre dans la bouche de la personne la plus chère à mon cœur m'emplissait de bonheur.
Enfin...Enfin je l'avait retrouvé.
Et dans un élan de joie intense, je me jetais dans les bras qu'il me tendait, étreinte qu'il me rendit tendrement.