Relight-S's Life Note
Je vais en toute logique commencer par le début de mon histoire, notre histoire, car elle ne concerne pas que moi bien que ce carnet m'appartienne.
Je vais donc commencer par le début de ma vie, enfin de ma nouvelle vie, celle qui a commencé a mon arrivée à la Wammy's House.
C'était en décembre, il y a de cela douze ans.
J'avais alors six ans.
Cela faisait deux ans que mes parents étaient morts.
Deux ans que nous avions été séparés.
Deux ans que j'étais seule.
Je n'ai jamais été quelqu'un de sociable mais sa présence m'a toujours été indispensable.
Sachez aussi que je ne suis pas très émotive.
Et de ce fait j'ai toujours été comme une sorte de monstre aux yeux des gens.
Par exemple, je n'ai pas pleuré lorsque mes parents sont morts.
Et il en était de même à leur enterrement.
Tout le monde doit mourir un jour, eux ne font pas exception.
Dans ce cas, pourquoi pleurer sur quelque chose comme la mort, qui un phénomène inéluctable auquel personne ne peut rien.
C'est inutile et parfaitement futile.
Mais revenons-en au sujet principal.
Ce matin-là, un homme qui se faisait appeler Watari était venu me chercher à mon orphelinat.
Il était peu loquace, cependant, il m'avait dit être intéressé par mon potentiel. Et aussi qu'il m'emmenait dans un endroit pour les enfants « comme moi ».
Que voulait-il dire ?
Sur l'instant, je n'eus pas compris.
Des enfants « comme moi », des orphelins ?
Mais dans ce cas, pourquoi me sortir de mon orphelinat ?
J'ai réfléchi à ce problème tout le long de la route qui me conduisait à Winchester sans pour autant trouver de réponse.
Nous voilà arrivés devant l'immense portail de fer forgé à côté duquel était inscrit sur une plaque de bronze « Wammy's House ».
Le parc qui entourait qui entourait le gigantesque manoir n'étendait à perte de vue.
Nous entrâmes alors dans la bâtisse et nous nous dirigeâmes vers le bureau d'un homme que Watari avait appelé Roger.
Simple, tout était simple ici.
Et c'est avec cette simplicité que Roger me demanda mon nom.
J'hésitais à lui répondre, après tout, je ne le connaissais pas.
-Ne t'inquiète pas, ici, tu te sentiras bien et personne ne te jugera.
Cette douceur dans sa voix me mit un peu plus en confiance.
-Shadow, dis-je d'une voix dénuée de sentiments et presque inaudible, je m'appelle Shadow.
-Shadow ? C'est joli, murmura-t-il en souriant.
Quant à moi, fidèle à moi même, je n'ai pas esquissé l'ombre d'un sourire.
-Bien, tu porteras donc la lettre S.
Il te faut un pseudonyme, en aurais-tu un qui te plairait ? Me demanda Roger.
-Je ne sais pas.
-Bien, ce n'est pas grave, le numéro de ta chambre est le 22.
Tu veux que je t'y emmène ? Ainsi je pourrai te faire visiter l'orphelinat.
-Non, merci, ne vous dérangez pas pour moi, dis-je avant de m'en aller.
En sortant, je vis Watari qui attendait sûrement la fin de mon entretien avec Roger.
L'homme entra dans le bureau et j'eus entendu un bout de leur discussion :
-Tu as l'air de l'apprécier cette enfant.
-Oui, c'est vrai, je crois que je vais beaucoup l'apprécier.
Je me remis à marcher silencieusement.
Ce que j'entendis me mit du baume au cœur.
C'était la première fois depuis la mort de mes parents que l'on m'appréciait pour ce que j'étais et que l'on ne me faisait pas passer pour une demeurée.
Je continuai ma marche silencieuse et je m'arrêtai devant une porte.
Numéro 22, ma chambre.
Doucement, je tournai la poignée et découvris une grande pièce à la décoration simple mais spacieuse.
On se serait cru dans un de ces vieux manoirs anglais.
Je rangeais mes maigres possessions et partis à la découverte de l'orphelinat.
Au bout d'un certain temps, je m'arrêtai devant une porte que j'ouvris.
Un grenier.
Un immense grenier vide.
Comme moi.
J'entrai et refermai la porte derrière moi.
J'ai toujours aimé l'ambiance des greniers et je sentais que j'allais m'y plaire.
Le reste de l'après-midi passa sans que j'aie eu une quelconque notion du temps qui s'était écoulé.
Quelqu'un frappa à la porte.
Qui cela pouvait être ?
Ce grenier était désert de tout meuble et de la poussière s'était formée dans tout les coins, signe que personne n'y avait pas mis les pieds depuis un bon bout de temps.
Conclusion, quelqu'un savait que j'étais ici et cette personne voulait me voir.
Étonnant.
Je ne connaissais personne ici et personne ne me connaissais.
Alors qui ?
À ce moment, je vis le visage de Roger.
-Ah te voilà Shadow, dit-il d'un ton soulagé.
Il s'était inquiété ?
Cela me surpris, d'habitude, les gens se fichent éperdument de moi et de ce qui peut m'arriver.
-Vous vouliez me parler ?
-Je voulais simplement te prévenir qu'il était l'heure de dîner.
-Merci, dis-je avant de passer la porte.
-Shadow !
Je me retournai pour lui faire face.
-Que faisais-tu dans le grenier ?
-Je m'y sens bien, fut ma seule réponse.
Je me rendis alors au réfectoire indiqué par Roger.
Comme je le pensais, plusieurs enfants bruyants étaient rassemblés ici.
Je n'aimais pas cet endroit et je ne l'aime toujours pas aujourd'hui.
Je me contentai d'un pot de confiture de fraise (qui est d'ailleurs ce que je préfère, culinairement parlant) posé seul sur une table.
Une fois revenue à « mon » grenier, ce commençai à manger.
J'adore l'arôme sucré de la fraise sur mes lèvres.
Je me délectai de ce goût jusqu'à ce qui ne reste plus rien dans le pot.
Je ne savais toujours pas l'heure qu'il était mais je pense qu'il devais faire nuit.
Je me dirigeai vers les grands rideaux que j'ouvris.
En effet, il faisait bien nuit.
La pleine lune semblait, de son immensité pure et lumineuse, veiller sur le monde endormi, en bonne reine des songes.
J'allai m’asseoir sur le rebord matelassé de la fenêtre pour continuer ma contemplation de ce magnifique ciel nocturne.
Le lendemain, c'était mon premier jour de cours à la Wammy's House.
Arrivée à la salle de classe, je me mis directement tout au fond, sur la dernière table.
Le début du cours se passa plutôt bien, personne ne semblait avoir remarqué ma présence.
Parfait.
C'était aussi pour moi une parfaite occasion de pouvoir cerner les autres enfants en observant leur comportement, leurs mimiques et, le tout, dans le silence religieux de la classe.
D'ailleurs, j'avais remarqué que le professeur avait l'aire contrarié, et en particulier lorsqu'il posait les yeux sur une place vide du premier rang.
-Où est passé Backup ?
-Il doit encore sécher cet abruti ! Commenta un élève, le sourire en coin.
-Fire ! Surveille ton langage !
Fire... Un garçon aux cheveux rougeâtres, comme des flammes.
Un garçon prétentieux et désagréable.
Mais ce n'était pas ma principale préoccupation pour le moment.
Je me demandais qui pouvait bien être ce « Backup ».
L'heure de cours de termina et je quittai discrètement la salle.
-Hé, B ! Attends deux secondes ! Cria une personne ne me tirant le bras pour que je lui fasse face.
-Mais t'es une fille toi ! Fit Fire, interloqué.
-Bravo Sherlock ! Quelle déduction ! Dis-je d'une voix totalement neutre.
-Et où est Backup dans ce cas ?
-Et comment le saurais-je ?
Ma voix totalement dénuée de sentiments et mes yeux vides avaient fait leur effet.
Maintenant, il devait me prendre pour une folle ou quelque chose du genre.
-T'es comme lui, tu fais flipper, dit-il avant de me tourner le dos et de s'en aller.
« Comme lui » ?
Comme qui ? Me suis-je demandée à ce moment-là.
Les jours passèrent et les orphelins commençaient à « remarquer » ma présence.
À vrai dire, en cours, on n’y faisait pas vraiment attention, par contre les autres enfants semblaient avoir remarqué que le grenier de l'orphelinat n'était plus vide de présence.
J'avais, un jour, surprit une discussion entre quelques enfants et voici ce que j'ai entendu :
-Au fait, est ce que le grenier est occupé maintenant ?
-Non pourquoi ? Tu sais bien qu'il a toujours été désert.
-J'ai entendu du bruit. Et des pas aussi...
-Ah bon ? Tu as peut être rêvé.
-Et si c'était un fantôme ?
J'étais partie à ce moment-là.
Un micro sourire vin animer mes lèvres.
Parfait.
Je ne pouvais pas rêver mieux.
Je ne voulais pas que l'on remarque ma présence.
Je désirais exister sous la forme d'une ombre ou d'un écho.
Mais un fantôme...C'est bien aussi.
Et puis d'ordinaire, les gens ont peur de ces entités.
Ainsi, j'étais sûre que personne ne viendrai dans « mon » grenier pour me déranger.
Ma précieuse solitude ne sera donc pas troublée.
Parfait.
Vraiment parfait.
Bien, dans ce cas, je serai un fantôme.
Un fantôme.
Un esprit.
Spirit.
Maintenant, je m'appellerai Spirit.