The cheater
Matt se dirigea nonchalamment vers le fameux placard de cuisine. Oui, fameux car ce placard est connu de tous ceux qui connaissent Mello, comme un coffre au trésor à n’ouvrir en aucun cas, sauf permission de celui-ci, permission dont Matt se fichait bien sur le moment. Mello venait de le vexer, très profondément, oui, Matt est vexé. Il savait ce qu’il trouverait dans le placard, la nourriture préférée de Mello. Nourriture dont il ne pouvait se passer plus d’une journée, et qui lui servait de calmant lorsqu’il piquait une crise. En effet lorsque le garçon tira la porte, il découvrit sur l’étagère trois plaquettes de chocolat.
« Seulement trois ? »
On peut dire que Matt avait de la chance dans son malheur, son plan machiavélique n’en serait que plus facilement réalisable. Après avoir soigneusement caché ses multiples consoles, il se mit à faire le tour du petit studio à la recherche d’une autre planque, mais pas pour du matériel informatique cette fois-ci, non, il était à la recherche d’un endroit où il pourrait glisser les plaquettes de chocolat.
Arrivé dans ce que l’on pouvait difficilement appeler un salon, vu la taille de la pièce et l’état dans laquelle elle était, son regard bascula sur le canapé. Oui, entre les paquets de chips et les canettes vides, les tablettes de chocolat seraient parfaitement camouflées, de plus vu l’état dans lequel sera Mello, autrement dit hors de lui, il ne pensera surement pas à fouiller le dessous du canapé. Décision prise, le garçon se retourna et avança jusqu’à la cuisine tout en regardant autour de lui afin de repérer tous les risques de danger lorsque Mello rentrerait, que ce soit ce qui pourrait lui servir d’arme, les endroits à éviter sous risque de se retrouver piégé, ou encore les meubles comportant des coins sur lesquels son crane pourrait éventuellement se fracasser.
Après avoir caché le précieux met, selon Mello en tout cas, sous le canapé et pris toutes les précautions nécessaires pour éviter le mieux possible de se faire tuer, il s’affala sur ledit canapé et porta ses écouteurs à ses oreilles, en attendant l’heure ou sa victime, même si au final ce serait surement lui la victime dans cette histoire, daigne pousser, ou défoncer, la porte d’entrée.
Même porte d’entrée qui ne tarda pas à faire entendre le son de son fracas contre le mur, Mello était déjà d’une humeur massacrante. Non, en fait, à en juger par la force de son coup de pied, il était en pleine crise, son assassinat avait dû sacrément foirer.
Matt augmenta le volume, un peu par réflexe, lui-même ne savait pas précisément pourquoi, peut-être pour ne pas entendre la réaction de Mello face au placard vide, ou bien dans l’espoir de disparaitre aux yeux de celui-ci, tout ce qu’il savait sur le moment, c’est qu’il venait de commettre une erreur.
Deux…Trois…Cinq minutes. Le jeune homme aux cheveux roses retira un écouteur. Pas de cris, pas de coups dans les murs. Il retira le second, c’était bien trop calme, il aurait préféré entendre un fracas pas possible et voir les pièces sans-dessus-dessous, mais rien, ce qui l’inquiétait le plus, c’était qu’il ignorait ou se trouvait Mello dans l’instant.
Il passa le pas de la porte, et eut juste le temps de décaler son visage.
« Hum…Magnifique et délicat visage, s’il te plait. »
Ouais ok, bref, beau réflexe qui lui évita de recevoir le petit Albert, qui en réalité est loin d’être petit, en pleine face. Il l’entendit s’encastrer avec force dans le mur au fond de la pièce. Mello était en effet hors de lui.
« Bonjour Mello… »
Un sourire angoissé étira les lèvres du garçon.
" Matt…
-Ou…Oui ? Tu as l’air…Comment dire…Un peu énervé ?
-Tu vas passer par la fenêtre.
-..Pardon ?"
Merde. La fenêtre. Matt avait oublié la fenêtre, mais comment avait-il pu oublier ça ?! Il était déjà passé par la fenêtre du premier étage, d’ailleurs il se rappelle encore du regard de la petite fille qui jouait à quelques centimètres de l’endroit ou il s’était écrasé ce jour-là, il lui semble qu’elle avait même crié, mais il n’en était pas sur car il avait perdu connaissance quelques secondes après l’impact. Bref, il avait eu très mal, sauf que là ils étaient au troisième.
Les yeux du blond se voulaient meurtriers, Matt devait réagir, et vite, s’il ne voulait pas que cette histoire se termine vingt mètres plus bas. Mello se mit à avancer, et Matt, reculant un peu plus chaque pas, regrettait déjà son accès de folie une heure auparavant, foutue vexation ! Il finit par heurter le mur, et sentit dans son dos le décalage qu’avait causé le dictionnaire quelques secondes plus tôt, il préféra fermer les yeux. Il savait que ça ne le sauverait pas, il savait que sa force de mouche ne le sauverait pas, et que dans ces moment-là, tenter de stopper Mello était comme tenter de discuter avec Near, c’était terriblement ennuyant et ça ne servait strictement à rien.
Il senti qu’on l’attrapait, qu’on le tirait, qu’on l’emmenait quelque part, hors de l’appartement, mais il refusait d’ouvrir les yeux, il espérait pertinemment que lorsqu’il le ferait, ce ne serait le vide qu’il verrait. Il sentit qu’ils montaient des marches, qu’on lui attachait les mains, puis tout s’arrêta, Mello l’avait lâché. Il se décida enfin à ouvrir les yeux, et essaya de situer l’endroit où ils se trouvaient…Oh non…Le toit de l’immeuble, très mauvaise nouvelle.