The cheater
« Imaginez-vous précisément ce que je vais vous décrire.
Un jeune homme gracieusement affalé sur son canapé, dont les cheveux roses et les yeux verts cachés par des googles sont uniquement éclairés par l’écran à quelques mètres de lui. Il est grand, à peu près un mètre quatre-vingt à vue d'oeil. Lui-même il ne sait pas, ce garçon ne se soucie ni de sa taille, ni de comment s’habiller pour sortir, et encore moins de ce qu’il pourrait se produire demain. Mais cela ne l’empêche pas d’avoir un corps d’Apollon.
Ce garçon, c’est moi, Matt. Enfin Mail Jeevas en réalité, mais appelez-moi Matt.
J’ai dix-huit ans, très prochainement dix-neuf. Oui, je ne me préoccupe pas de grand-chose, mais je connais ma date de naissance. Je peux me vanter d’être ce que l’on appelle un pro en informatique. J’habite un appartement à Singapour en ce moment, en collocation avec un « chocovore » du nom de Mello.
-Eh, je peux savoir pourquoi tu parles tout seul le geek ? »
Le concerné tourne la tête afin d’entrevoir son interlocuteur. Un tout aussi grand blond, dont les yeux noisette paraissaient…Tout aussi blasé qu’à l’habitude.
« Je ne parle pas tout seul, j’imagine de quelle façon je pourrais être présenté si j’étais le personnage principal d’un jeux vidéo ou d’un manga.
-T’es ridicule, on dirait un schizo tu fais flipper.
-Je ne permets pas à un criminel de me dire ça. »
Le dénommé Mello lâche un juron, visiblement vexé, tout en enfilant son manteau, avant de sortir en claquant la porte. S’il a claqué la porte, c’est qu’il ne rentrera pas avant demain, il doit encore s’agir d’un assassinat, Matt se lève spontanément, et enfile à son tour sa veste, avant de se diriger vers la porte, sur laquelle il trouve un post-it :
« Tu me suis, tu es un homme mort. Tu vas t’ennuyer, je sais, et j’en ai strictement rien à foutre, ça va pas te tuer. »
Matt reste devant le papier une vingtaine de secondes, avant de se diriger vers la cuisine. Matt déteste s’ennuyer, il en a peur, peur car l’ennui le rend fou. Et si Matt se dirige dans la cuisine, c’est qu’il sait comment contrer son ennui.